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 A l'intérieur de la Rose Noire

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Clyde Anderson
F1323 - L'homme à la Rose Noire
Clyde Anderson

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MessageSujet: A l'intérieur de la Rose Noire   A l'intérieur de la Rose Noire Icon_minitimeMar 4 Fév - 23:23

Déjà quelques jours que je suis, ici. Je ne sais pas exactement depuis combien de temps, cela ne m'intéresse pas. Du moins plus maintenant. Je ne cherche qu'à me sortir du quotidien, ce qui au final en revient au même. Chaque jours j'essaye de faire quelque chose de différent. Je varie mon programme de musculation, lis un livre pour en reprendre un autre.
Si on m'avait dit il y a quelques mois que j'irais à la bibliothèque d'une prison, j'aurai traité cette personne de folle.
Je me promène dans la prison très souvent, mes pensées me guident petit à petit. Des pensées, c'est la seule chose qui m'accompagne depuis quelques temps. Assis sur une des couchettes de ma cellule, je réfléchis comme d'habitude. Deardeath est devenue, pour moi, presque un temple de méditation au fil du temps. Réfléchir... Mais à quoi ? J'ai dû éplucher tous mes souvenirs, tous mon passé.
Bizarrement je m'arrête toujours à une période de ma vie. Incapable de la surmonté. Étonnant pour un homme qui cherchent à se montrer au-dessus des autres. Surement pour cacher une douleur qui m'épuise au quotidien. J'ai du mal à comprendre pourquoi je suis ainsi ? Pourquoi je cherche à tout prix à être fort, robuste ou courageux ? Il n'y a rien à protéger pourtant. Non, plus rien...

Un gardien arrive, j'entends le bruit des clés qui tintent, surement accrochées à sa ceinture. Ses pas sont décisifs. Il sait où il va. Une ombre apparaît dans mon champ de vision et je tourne la tête apercevant le gardien poster devant la porte de ma cellule. Sa casquette sur la tête cache la moitié de son visage. Il passe sa main aux travers des barreaux et me tend quelque chose. Un papier, un peu froissé, un timbre est collé en haut à droite.

''C'est arrivé aujourd'hui. Il y a écrit ton nom. Vous avez de la chance Mr Anderson, peu de détenu ont des nouvelles de l'extérieur.''

Je saisis l'enveloppe et cherche une adresse. Étrange, aucune adresse de provenance ni au recto ni au verso. Seulement un timbre et la destination.
Le gardien repart.
J'ouvre la lettre délicatement, pour ne pas trop déchirer l'enveloppe et en sors le papier blanc à l'intérieur.
Instinctivement je baisse les yeux pour y voir une signature quelconque. Il y en a une.
Je pose la lettre, un peu tremblant. Priant pour que ce soit un canular. Bien évidemment ce n'est pas le cas. Encore un tour que j'essaye de jouer à mon esprit.
Je regarde de nouveau la signature. Pas de doute c'est bien lui. J. A. Autrement dit, Jack Anderson. Mon frère m'a écrit alors que je suis en prison et qu'il est lui-même rechercher. Ça paraît trop irréaliste à mon goût. Il ne serai quand même pas aussi stupide.
Je commence à lire la lettre, mimant ma lecture du bout des lèvres. Laissant par moment échapper quelques mots à haute voix.

''Clarisse...Retrouver...Assassin...A bientôt.''

Je repose la lettre, prend mon visage entre mes mains et repense à tous les mots que j'ai pu déchiffrer.

''Clyde, j'espère que tu vas bien. À mon avis, tu as dû trouver un moyen de survivre dans un tel endroit. Tu dois certainement avoir pris tes aises, tes habitudes de maniaque. Si je t'écris en connaissance de cause, c'est pour t'informer. 
Je vais bien, ne t'en fais pas pour moi. J'ai rencontrer une femme, Carolina. Nous fuyons ensemble depuis deux mois, une semaine après ton arrestation. Elle est formidable. Tu vas trouver bizarre mais elle ressemble à Clarisse. Je sais tu ne veux plus en parler. 
Ceci dit j'ai découvert quelque chose d'intéressant. Je crois avoir retrouver l'Assassin, un ancien tueur à gage du nom d' Albert Mirttle. Connu aussi sous l'immatricule ''The Eye''. Il a était arrêter, il n'y a pas très longtemps. Il devrait être transférer dans une prison de cette état. Surement DearDeath, ou une autre. Ne t'inquiète pas je t'écrirais si j'ai du nouveau.

A bientôt.

PS : Tu m'excuseras de la brièveté de ce message, mais tu comprend bien que notre conversation en sens unique ne peut pas s'éterniser.''


Cette nouvelle me redonne le sourire. Savoir que l'Assassin va arriver certainement ici, à DearDeath. Cela me réjoui. Un grand sourire s'affiche sur mon visage. J'en suis presque exciter à l'idée de lui aplatir la tête sur le sol et encore ce n'est rien à côté de ce qu'il mérite.
Je cache la lettre dans ma combinaison, en espérant qu'aucun gardien n'est l'idée saugrenue de me fouiller.

En parlant de gardien, j'entends de nouveau des clés qui tintent dans le couloir. Cette fois je m'approche des barreaux de ma cellule pour tenter d'apercevoir la personne qui arrive. Le même gardien précédemment venu me voir, toujours sa casquette cachant son visage. Tout souriant je lui demande :
''Oui ? Du courrier ?''
- Non cette fois, c'est toi qui viens.''
- Et on va où ?''
- Tu as rendez-vous chez la psychologue.''
- Bon et bien je vous suis.''

En même temps je n'avais pas tellement le choix. J'avais oublié que je devais passer voir la psychologue. Cela m'était sorti de la tête. J'avais autre chose à penser.
Et maintenant, j'ai une nouvelle chose en tête et je ne risque pas de l'oublier. Je continue de sourire, l'air presque niais ou peut être un sourire sadique, tout dépend de l'interprétation qu'on lui apporte.
Le gardien reste silencieux et marche en rythme, le dos bien droit. On descend les escaliers pour atteindre le rez-de-chaussé. La bibliothèque est à ma gauche et le bureau de la psychologue est au fond. En marchant je me tourne vers mon accompagnateur.

''Pourquoi cette casquette ?''

Je suis curieux, je n'y peux rien. Il s'arrête un temps, se tourne et soulève sa casquette, laissant entrevoir une énorme balafre qui coupe son visage en deux, dont un œil. Il rabaisse sa casquette et se retourne pour continuer de marcher. Je n'avais aucun commentaire à faire, je n'en voyais pas l'intérêt. Sans mot, on arrive devant la porte.
Il me regarde et commence à me tâter pour voir si je n'ai aucun objet contondant sur moi. Il se baisse tâte mes jambes et remonte jusque mes côtes.
Je reste, du mieux que je peux, insensible à sa fouille, malgré un léger frémissement de mes narines quand il arrive à la poche où j'ai caché la lettre.
Il se poste devant moi, toque à la porte et l'ouvre. Il entre et discute un moment avec la psychologue dont j'ai du mal à entendre la conversation. La voix du gardien se fait entendre tout à coups plus audible.

''Entre !''

Je décide de lui obéir et entre dans le bureau de la psychologue.


Dernière édition par Clyde Anderson le Mer 12 Fév - 14:44, édité 1 fois
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Ayame Shizuka
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MessageSujet: Re: A l'intérieur de la Rose Noire   A l'intérieur de la Rose Noire Icon_minitimeMer 5 Fév - 22:12


Pourquoi Clyde Anderson ? Ne riez pas, mais la raison était la plus simple du monde ... McDaven attendait un transfert plutôt particulier. Et elle craignait que la situation dégénère, par rapport au passif de Clyde. Et comme d'ordinaire, moi, j'obéissais aux ordres sans broncher.

D'ailleurs, pour une fois, je n'en étais pas si gênée ; Autant le reconnaître, cet homme m'intéressait. Pourquoi ? Bizarrement, parce que je n'avais jamais entendu parler de lui. Ce qui signifiait, concrètement, qu'il devait être un détenu modèle. Ça changeait plutôt. Je crois qu'on pouvait dire que le cas d'Anderson était intéressant, simplement parce que quelqu'un qui se tienne aussi calme, ici ... Ça me semblait être ... impossible, en fait.
Ah oui, et puis il y avait une autre raison, aussi ! Je m'ennuyais, tout simplement. S'ennuyer le jour de son anniversaire, c'est bête, non ? Autant y remédier en faisant quelque chose d'utile, donc.

Finalement, il entra. Isaac, un gardien avec qui j'avais commencé par être en froid. Mais je crois que je l'appréciais de plus en plus. Il était l'un des seuls à avoir réellement remarqué que je n'allais vraiment, vraiment pas bien. Je me demandais ce qui avait changé ... Pauvre idiote, c'est toi qui as changé d'attitude envers lui. Ou plutôt, envers tout le monde ... Alors, il a logiquement changé d'attitude envers toi.
Il avait même fini par me proposer son aide. Je me demandais encore pourquoi j'avais accepté. D'ordinaire, je préférais faire ma cuisine toute seule, comme une grande. Comme me l'avais appris mon père ... Mais peut-être avais-je accepté justement parce que j'en avais assez de tout faire selon la convenance de l'ambassadeur. Je n'approuvais pas la façon dont il m'avait éduquée ... En m'ignorant, en me laissant poser mes limites moi-même. Jusqu'à ce que je dépasse trop les convenances à son goût, moment à partir duquel chacun de mes gestes était devenu un sujet de conflit. Si c'était à refaire, je pense que j'aurais eu besoin de moins d'inattention, et de plus de discipline.
Alors, peut-être était-ce pour ça. Peut-être que j'acceptais d'être aidée, de baisser la garde avec ce gardien ... Parce qu'il était totalement à l'opposée de mon premier lien affectif. Ce qui, paradoxalement, en faisait aussi mon opposé. Un homme qui ne mâche pas ses mots, ne s'excuse jamais, ne fais pas de courbettes pour un oui ou un non ...
Et voilà, déformation professionnelle ... Tu t'analyses toi-même, tu te rends compte ? Tu as peut-être besoin de vacances. Oui, c'est ce qu'il me faudrait. Des vacances.
Le gardien referma la porte derrière lui, vint jusqu'à mon bureau ... et me fit signe de me rasseoir quand j'allais me lever pour le saluer.

"Joues pas à ça avec moi, doc."

Ah ? Bien alors effectivement, autant rester sur ma chaise. Je réussis même à sourire. Comme le grand sans-gêne qu'il était, il s'assit en face de moi et croisa ses bottes sur le bureau. J'eus un mouvement de recul, fis la grimace ... Mais vous voulez savoir, ce qui était le plus étrange ? Sincèrement, ça me faisait le plus grand bien. Enfin quelqu'un qui ne prenait pas de gants ...

"Je te l'ai amené. L'a reçu une lettre, ce matin. J'ai vérifié son courrier, rien d'interdit dedans. Ni sur lui, je l'ai fouillé. Il se tient trop à carreau, c'est louche."

Je haussais légèrement les épaules, refermant le dossier du détenu concerné, lissant la chemise par habitude.

"Contrairement à la plupart des détenus ici, c'est un voleur ... Pas un meurtrier. Cela fait déjà une énorme différence ...
-Pas un meurtrier ? Pourquoi l'est ici, alors ?"

Je laissais échapper un éclat de rire. D'accord, je m'étais mal exprimée. Disons que je pensais, au vu de sa ... carrière, dirons-nous, qu'il n'était pas forcément dans les mêmes dispositions psychologiques que la plupart des prisonniers. C'était difficile à expliquer ... Mais en fait, Anderson ne m'inquiétait pas.
Remarquez, c'était peut-être parce que la présence du gardien m'apaisait. Peut-être parce que je savais que ce dernier en avait vu de toutes les couleurs, et que je ne courrais aucun danger auprès de lui. Peut-être aussi parce qu'il n'était pas aussi froid et insensible que j'avais pu le croire.
Il tira une cigarette de sa poche, la coinçant entre ses lèvres ... Ce qui me valut de froncer les sourcils. Je refusais que l'on fume dans mon bureau. Il faisait ce qu'il voulait en salle des gardiens, mais ici, c'était chez moi. Et à mon grand soulagement, il n'alla pas chercher son briquet.

"Ça va, doc ?"

La question me prit de cours. Si bien que pendant un moment, je ne sus pas quoi répondre ... Oui. Oui, je suppose. J'avais encore fait des cauchemars, mais j'avais tout de même réussi à me reposer. Ce n'était pas l'un de ces jours où je m'en voulais à mourir. On pouvait donc logiquement conclure que ça allait.

"Très bien, merci. J'aimerais juste éviter de faire attendre monsieur Anderson, si possible ..."

Façon plus polie de lui demander ...

"Tu sais, c'est plus vite fait si tu dis 'dégages'."

Euh ... Oui, très juste, mais ce n'est pas dans mes cordes ...
Il fit alors un grand sourire, et je poussais un soupir en comprenant qu'il cherchait seulement à me taquiner. Je secouais lentement la tête, sans réellement savoir si je devais être amusée ou vexée ...
Il se leva, réajustant sa casquette.

"Entre !"

Euh ... Ah ? Il ne voulait pas sortir ? C'est que ... je préférais généralement être seule avec mes patients. Disons qu'ici ... En y réfléchissant bien, je crois que je faisais une sorte de rupture avec les gardiens. De même que les couleurs franches de mon bureau tranchaient avec le gris des cellules.

Mais effectivement, pour se tenir à carreau ... Anderson obéis, sans la moindre difficulté. Quand il franchis la porte, je me levais, contournant la barrière de mon bureau. Et bien ... personne ne m'avait encore dépassée à ce point : Même avec mes talons, je faisais bien dix centimètres de moins que lui.
Malgré cela ... il était plutôt séduisant ... Concentre-toi, Aya. Tu sais très bien que tu ne peux plus te permettre de penser à ça.

"Monsieur Anderson ? Shizuka Ayame, je suis la psychologue. Je suis navrée de vous faire venir aussi brusquement."

Bon, 'navrée' était plus une formule ... Je n'avais pas vraiment choisi de le faire appeler. Et Isaac le savait visiblement, puisqu'il tenta d'étouffer un gloussement en se raclant la gorge. Aussitôt, je croisais les bras, lançant un regard qui voulait tout dire au gardien. Aller, on sort maintenant ! C'est très gentil de veiller sur moi, mais là, je risque rien ...
Et le surveillant me rendit mon regard, haussant les sourcils comme pour me mettre au défi de le jeter dehors. Je savais que tout ce qu'il faisait avait pour but de me faire sourire, de me changer les idées. Mais là, ça en devenait embrassant ... Si bien que je me sentis soulagée quand il finit par franchir la porte, la poussant derrière lui sans la fermer.

Tant mieux. Je ne voulais plus jamais voir cette porte close, sinon, j'allais devenir claustrophobe. Je pris place dans l'un des deux fauteuils, récupérant mon carnet et un stylo sur le bureau. Au passage, je me fis la réflexion que je détestais décidément écrire de la main gauche.
Croisant les jambes, je désignais l'autre siège d'un léger signe de tête. Une invitation muette à s'asseoir.

Au moins, il y avait du progrès en comparaison de mon dernier rendez-vous. Ma voix ne tremblait pas, elle était redevenue aussi douce que s'il ne s'était rien passé. J'avais même retrouvé le sourire, réussi à me maquiller et à m'habiller convenablement ... Du moins pour aujourd'hui.
Il ne me restait plus qu'à prier pour que cette fois, tout se passe bien. Prions pour qu'on ne m'étrangle pas, que personne ne crie, et que je ne me mette pas à avoir peur sans raison. Et ... espérant dénouer la situation et l'angoisse que je sentais poindre, je posais une question. Une simple question.

"Pourquoi ?"

Oui, cette question toute bête, qui pourrait prendre n'importe qui au dépourvu. Je ne précisais pas tout de suite ma pensée, pour le laisser réfléchir aux différents domaines que pourrait toucher cette simple question si compliquée. Mais après plusieurs secondes de silence, je finis par préciser...

"Que faites-vous ici, Anderson ?"

Bien sûr, je savais qu'il avait fait beaucoup de morts ... plusieurs braquages ...
Mais en lisant le contenu de son dossier, j'avais eu la sinistre impression que rien ne s'était passé comme prévu, que tout ceci n'était que le résultat d'un enchaînement tragiques d'évènements. Des évènements que pour être honnête, j'aurais aimé entendre de sa bouche ...  
On pourrait sans doute me donner beaucoup de qualificatifs. Lâche, naïve, peureuse même. Mais j'avais toujours été ainsi. J'étais persuadée de mon incapacité à tuer, à me venger, et même à faire preuve de la moindre violence. Je n'avais pas l'âme pour cela. Pourtant, Dieu savait que j'avais rêvé de hurler sur mon père, que je rêvais encore de faire souffrir Allesbury ...
Mais c'était au-dessus de mes forces. Alors si comme je le supposais, Anderson n'était pas né avec le naturel d'un meurtrier ... dans quel état d'esprit avait-il pu se trouver pour basculer ?
A quel point fallait-il haïr quelqu'un pour commettre l'irréparable ?
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Clyde Anderson
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MessageSujet: Re: A l'intérieur de la Rose Noire   A l'intérieur de la Rose Noire Icon_minitimeDim 9 Fév - 17:00

Le gardien me surveille et me regarde entrer. Je tourne la tête pour apercevoir la psychologue.
En la voyant je ne sais pas si c'est le fait que ses yeux soient d'un violet pétillant ou qu'elle soit une jeune femme, qui m'intrigue le plus. Je m'attendais plus à une vieille un peu aigri et assez portée sur le protocole. Au lieu de cela c'est tout l'opposé.
Elle semble tout de même assez méticuleuse, son bureau est propre, aucun papier n'est mal rangé tout est classé dans de gros classeurs. Surement des dossiers de détenus. J'aimerais savoir quel secret ils renferment, cela doit être tellement exaltant d'avoir l'intérieur du crâne de tous ces détenus archivé sur des morceaux de papiers. Même si je doute que tous les détenus ce soient complètement confessés à elle, qui le ferait ? On cache tous quelque chose au fond de soi. Sa voix douce et modulée me parvient, effaçant mes pensées.

« Monsieur Anderson ? Shizuka Ayame, je suis la psychologue. Je suis navrée de vous faire venir aussi brusquement. »

Ce n'est rien, j'ai l'habitude à vrai dire. Elle regarde le gardien et lui fait signe de partir. Simplement du regard ? Autoritaire ? Ou simplement un respect mutuel ? Il n'empêche que le gardien s'exécute. Il sort et laisse la porte légèrement ouverte. Il doit se trouver juste derrière, prêt à intervenir si je dérape.
Elle s'assoit sur un des deux fauteuils présent devant moi et me fait un signe de tête me demandant de m'asseoir. Assez intrigué par cette jeune femme, je m'assois. Un fauteuil plutôt confortable.
Elle regarde son calepin, puis lève les yeux vers moi. J'ai toujours eu pour habitude, lorsque je rencontre une personne, de regarder les yeux en premier lieu. On dit que les yeux sont le reflet de l'âme. Et c'est avec cette idée que j'arrive à avoir une première opinion de la personne qui est en face de moi. Là, c'était une jolie jeune femme, dont ses yeux violets reflètent quelque chose de triste, presque mélancolique. Un contraste avec son sourire.
C'est compréhensible étant donné qu'elle travaille dans une prison, cela ne doit pas être très joyeux. Mais il y avait autre chose. Un passé lourd peut être ?
Mais alors que mes pensées se demandent ce qui a pu lui arriver, je remarque qu'elle non plus ne m'a pas quitté des yeux. Serait-elle en train de me juger, d'avoir sa propre opinion ? Certainement après tout c'est son métier que de me juger ou me diagnostiquer. Peu importe.
De nouveau sa voix me parvient, un peu plus ferme.

« Pourquoi ? »

Sa question est sortie tout à coup du silence de la pièce, mon cerveau eu du mal à la retranscrire et fournir une réponse. Je comprends pas trop sa question, pourquoi ? Il y aurait mille et une réponse à fournir à cette question. Mais qu'attend-elle en particulier ? Après un silence plutôt pesant elle précise sa question.

« Que faites-vous ici, Anderson ? »

Très bonne question. Je me mets à sourire, un réflexe lorsque mes pensées me retransmettent le message de mon frère et du même coup les raisons qui m'ont amené ici.
Tout se bouscule dans ma tête tout à coup. Des événements du passé. Les braquages, les meurtres, les tortures, la mort... sa mort...son visage avant que la balle passe au travers. Le sourire de son assassin. Mon frère blessé, fuyant. Et moi, seul devant un corps inerte que j'ai aimé de toute mon âme. Si les yeux sont le reflet de l'âme, les miens sont imprégnés de son sang.
Je n'avais pas remarqué que mon poing s'était serré.
Erreur, elle va certainement le remarquer. J'aurais beau affiché mon plus beau sourire, elle aura remarqué ma véritable réaction par ce simple geste anodin, qui au final ne l'est pas.
Je la regarde. Et avec ce même sourire je lui réponds.

« Je me promène, lis des livres, pratique la musculation, puisque c'est obligatoire, en clair je m'occupe, une seconde passe, Ah ! Pardonnez-moi vous voulez dire pourquoi je suis en prison ? C'est une bonne question. Vous avez dû lire mon CV. Cela résume assez bien les raisons pour lesquelles je suis ici, face à vous. »

Un résumé... Plutôt un sommaire ou une table des matières, montrant les titres de différents chapitres de ma vie. Chaque braquage, chaque meurtre avaient une raison. Chaque acte en a une, à vrai dire. Mais quelles raisons données lorsqu'on a commis l'irréparable, l'acte ultime. Lorsqu'on a un désir de vengeance si puissant qu'il nous garde en vie, nous permet de survivre. Même dans le pire milieu qu'il soit.
Une vengeance sur le point de s'assouvir, de déchaîner sa fureur contre l'homme qui lui a ôté la vie.

Quelques secondes se sont écoulée, elle semble insatisfaite de ma réponse.
Je n'aime pas les psychologues, même lorsqu'ils sont plutôt agréables à regarder. Ils m'exaspèrent. Je n'ai pas vraiment envie qu'elle sache tout sur moi. Mais si je veux que cet entretien me soit un minimum favorable, j'ai plutôt intérêt à contrôler la situation et à bien réfléchir à chacune de mes réponses. Certaines pourraient être mal interprétées ou incompréhensibles.

« Mais que voulez-vous savoir exactement ? »

C'est drôle, c'est moi qui pose les questions maintenant. Mais c'est nécessaire, enfin pas vraiment, mais je suis curieux de savoir ce qu'elle cache derrière son ''pourquoi''.Ce qu'elle veut vraiment savoir sur moi pour me poser une question dont la réponse est écrite sur mon dossier, sous ses yeux. Elle a quelque chose derrière la tête et je veux le découvrir.
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Ayame Shizuka
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MessageSujet: Re: A l'intérieur de la Rose Noire   A l'intérieur de la Rose Noire Icon_minitimeLun 10 Fév - 19:39

Hautain et sarcastique, d'après l'expert psychiatrique qu'il avait déjà vu. Et bien, sa première réponse me conforta plus ou moins dans cette idée. Mais une chose trahissait ce qui était probablement un masque. Son poing, serré. De l'agacement ?
Décidément, j'allais vraiment finir par me dire que mon métier n'était pas simple. La plupart du temps, ceux avec qui je discutais me faisait l'effet ... de murs, en fait. J'avais l'impression que mes efforts étaient inutiles. Pourtant, je décidais d'entrer dans son jeu. Je penchais légèrement la tête, relisant en diagonale les quelques notes que j'avais déjà prises.

"Un nombre plutôt impressionnant de vols à main armés, dix homicides involontaires et deux volontaires. Vraiment, ce qui me saute aux yeux en parcourant votre dossier, c'est ..."

Comment formuler cette idée ? Il me demandait d'être précise. Je l'aurais volontiers été, si je n'avais pas pour habitude de prendre continuellement des gants. En l'occurrence, je me voyais mal lui demander de but en blanc s'il avait des envies de vengeance.
Pourquoi m'obstinais-je à faire ça ? Pourquoi m'obstinais-je à vouloir nouer un lien avec ceux que je recevais dans mon bureau ? La plupart du temps, je n'y parvenais pas. Pourquoi tentais-je obstinément de ménager des personnes qui refusaient mon aide ? Aucune idée. Une sorte de pseudo-naïveté, je suppose.

"... que je pense que vous appréciez le danger. Vraiment, ça me semble évident. Et croyez-moi, je comprends parfaitement ce sentiment."

Peut-être que si je parlais de moi, je parviendrais à lui faire desserrer les mâchoires. Qui sait? L'espoir fait vivre. De toute façon, je n'avais pas grand-chose à perdre à essayer. Je rangeais une mèche rebelle, avec un soupir silencieux. De quelle façon est-ce que je pourrais aborder un sujet si délicat ? En réalité, quand on y réfléchissait, Anderson avait tout perdu lors de ce dernier braquage. Sa femme, son frère, sa liberté. Il ne lui restait que sa vie ... Et encore.
Peut-être était-ce également ce qui me poussait à en savoir plus, sur ce coup. J'avais expérimenté cela ... perdre ce que l'on avait de plus cher, la chair de sa chair, le sang de son sang. Voir basculer tout ce qui faisait notre univers, à cause d'un détail, un simple détail qui avait tout bouleversé. La situation n'était pas tout à fait comparable, mais le résultat était le même : voir son monde s'écrouler, sans comprendre comment, sans rien pouvoir faire pour l'en empêcher.

"En réalité, je me pose de beaucoup de questions sur vous. Je rencontre bien plus de meurtriers que de voleurs."

Pourquoi avait-il choisi cette voie ? L'attirance du danger, d'accord. Je ne la comprenais que trop bien, c'était en grande partie pour elle que j'avais appréciée d'être ici. 'Avais', car depuis que le Lord était dans les parages ... La situation était justement devenue un peu trop dangereuse à mon goût.
Mais cette attirance malsaine ne pouvait pas tout faire, si ? Comment la carrière de 'l'homme à la Rose Noire' avait-elle pu commencer ? Est-ce qu'il avait simplement eu besoin d'argent ? Je pensais qu'il y avait tout de même peu de chance que ce soit son unique motivation. Il y aurait eu d'autres façons tout à fait légales de se couvrir d'or – soyons honnête, au vu de son apparence, il aurait facilement pu se trouver une riche épouse et vivre dans le luxe le restant de ses jours. Alors avait-il suivit des amis ? Ou bien l'idée de voler l'avait-elle simplement effleurée un jour, sans raison aucune ?

Pour simplifier, l'une de mes croyances était que rien n'arrive sans raison ... Chaque façon d'agir trouve sa signification. C'était plus que de la philosophie. En fait, c'était pratiquement Newtonien : chaque action entraîne une réaction équivalente. Et dans tout cela, il y avait aussi quelque chose de pervers. Le destin. Cette notion discutable, imprévisible. Celle qui pouvait s'amuser à détruire tout ce qui avait été construit.

"Vous m'intéressez, Anderson. Sincèrement. Votre dossier n'est qu'une liste de faits, de constatations derrière lesquelles disparaît votre personne, vos ... ressentis. Pour moi, des mots imprimés sur du papier n'ont pas vraiment de signification."

Le plus drôle, dans toute cette histoire ? Je le pensais réellement. D'accord, son dossier était un support. Il me donnait quelques pistes de réflexion, me permettait de me faire une vague idée du personnage. Mais pour autant, il ne reflétait pas la personne à qui je m'adressais en cet instant. D'ailleurs... j'avais le plus grand mal à détacher mes yeux des siens. Pourquoi ? Et ... une légère cicatrice, un peu à gauche. D'où pouvait-elle provenir ?
Pourquoi est-ce que je m'intéressais à ça ?
Pourquoi je m'intéressais encore mes patients, d'abord ? Je me surprenais presque. J'étais seulement en train de réaliser qu'Allesbury n'avait pas réussi à entamer ma croyance en l'être humain. Cette pensée accentua même mon léger sourire. Je m'impressionnais, sur ce coup. Vraiment. Franchement, il n'y avait que deux explications possibles à ma persévérance : ou bien j'adorais ce métier, ou bien j'étais stupide et masochiste. Peut-être même un peu des deux.

"Je ne suis pas ici pour vous juger, j'en serais incapable. Je souhaite seulement ... Tenter de vous comprendre. Et vous aider d'une quelconque manière, si je le peux."

Curieux ... Tu parles beaucoup, Aya. Ce n'est pas dans tes habitudes. Tu te souviens de ce que disait ton père ? La parole et d'argent, mais le silence est d'or. Tu devrais te taire ... En plus, tu sais très bien que ça te fatigue, de parler autant. Sinon, pourquoi tu te masserais la tempe ?
Parce que tu ne sais plus comment procéder, tout simplement. Tu finis toujours par dire des sottises.
Alors viens-en directement au but. Au moins, de cette façon, tu aurais tout tenté pour le faire parler : tourner autour du pot, parler de toi, et même aborder le sujet directement.

"En réalité, l'établissement pourrait bientôt accueillir un détenu. Il risque de revêtir une importance ... particulière pour vous. De fait, je voulais discuter de vos sentiments. Par rapport à cet homme, à ces actes."
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MessageSujet: Re: A l'intérieur de la Rose Noire   A l'intérieur de la Rose Noire Icon_minitimeLun 10 Fév - 22:12

Elle mit un certain temps pour répondre à ma question, lisant mon dossier. Elle doit trier toutes les informations qu'elle voudrait savoir sur moi, pour ne prendre que l'essentiel. À mon moins qu'elle soit désarçonné, ce qui m'étonnerait, c'est son métier de contrôler nos moindres paroles et de savoir les analysées. Alors, pourquoi mettre autant de temps ? Dis-moi ce que tu caches, ce que tu veux vraiment savoir.

« Un nombre plutôt impressionnant de vols à main armés, dix homicides involontaires et deux volontaires. Vraiment, ce qui me saute aux yeux en parcourant votre dossier, c'est ... »

Oui, exactement. J'écoutais attentivement ce qu'elle me disait. Où veut-elle en venir en m'énumérant mon casier judiciaire ? À moins que ce ne soit qu'une réflexion à voix haute.

« ... que je pense que vous appréciez le danger. Vraiment, ça me semble évident. Et croyez-moi, je comprends parfaitement ce sentiment. »

Elle est forte vraiment très forte.
Je comprends mieux pourquoi elle a choisi ce métier et surtout de l'exercer dans un tel lieu. Elle aussi, elle adore le danger, autant que moi. C'est intéressant, il se pourrait qu'on est des points communs. Mais je reste sur mes gardes belle psychologue, je ne dirais pas grand-chose ou le strict nécessaire.

Entre chacune de ses paroles elle prend le temps de réfléchir. C'est une femme assez intelligente je dois dire, mais on dirait qu'elle débute, qu'elle tâte d'abord le terrain pour voir s'il est praticable pour entrer dans le vif du sujet. C'est une approche plutôt douce, peu banale pour une psychologue. Ceci dit cela se reflète sur son physique, un visage fin, une tenue très droite, respectueuse, un peu trop d'ailleurs. Elle a dû en baver pour en arriver là. Non pas que ce soit un emplacement de choix pour pratiquer son métier, mais si elle est là, affrontant des cas plus difficile les uns des autres c'est qu'il y a une raison, je ne pense pas que ce soit simplement le danger qui l'attire. Elle a une autre motivation.

« En réalité, je me pose beaucoup de questions sur vous. Je rencontre bien plus de meurtriers que de voleurs. »

Oui c'est un fait, les voleurs sont peu reconnus dans la profession. Mais c'est ainsi, il y a certaines choses que l'on ne choisit pas, qui s'impose à nous. Et puis j'aime cette vie. Enfin j'aimais cette vie...

Son affirmation me rappelle Neil, qui disait avoir commis un ou des homicides. Son dossier est peut-être ici. Cacher parmi les autres. Mais pour le moment j'étais préoccupé par les paroles de la psychologue...Ayame de son prénom, si je me souviens bien. Ayame ? Un prénom japonais ? Elle serait japonaise ? Maintenant que j'y pense, ses yeux semble typique de cette région du monde. Et la culture qui s'exerce là-bas est assez stricte, de ce que j'en sais, serait-ce la raison d'un tel respect, d'une telle posture ? C'est fort probable. Voilà. Le mystère s'éclaircis, j'aurais pu le remarquer avant. Mais je dois avouer que ses yeux m'ont un peu...hypnotisé ?... C'est un terme plutôt convenable. 
Mais passons, sa bouche s'entre-ouvre, elle réfléchis, continuant de scruter mon dossier.

« Vous m'intéressez, Anderson. Sincèrement. Votre dossier n'est qu'une liste de faits, de constatations derrière lesquelles disparaît votre personne, vos ... ressentis. Pour moi, des mots imprimés sur du papier n'ont pas vraiment de signification. »

Je l'intéresse ? J'en rougirais presque.
Enfin elle sort le grand jeu, la fine analyse du psychologue que j'aime tant. Elle veut connaître mon ressentis sur mes actes. Ce qui m'a poussé à les commettre, ce que j'ai ressentis en les commettant.
Intéressant. Je voudrais bien lui dire les véritables raisons, mais ce serait trop me dévoiler et je n'aimerais pas trop cela. Non pas que je veuille garder un côté mystérieux quelconque, c'est de la simple intimité. Mes raisons me sont propres. De toutes manières il n'y a que moi qui peut les comprendre. Ce serait bien trop compliqué pour une personne aussi intègre, même pour une psychologue.

« Je ne suis pas ici pour vous juger, j'en serais incapable. Je souhaite seulement ... Tenter de vous comprendre. Et vous aider d'une quelconque manière, si je le peux. »

Elle dit cela comme pour répondre à mes pensées.
C'est bien aimable à vous de vouloir aider un pauvre détenu.
Elle essaye vraiment toutes les techniques probables pour arriver à son but. Un peu trop rapidement je trouve. Cependant la moindre piste est bonne. Sa réflexion se base sur ses sentiments, sur l'empathie qu'elle a pour celui ou celle qu'elle analyse. C'est vraiment peu commun, d'habitude les psychologues restent insensible, éloigné de leurs patients. De manière à ne pas s'attacher et être le plus objectif possible. Sa méthode me plait, au moins elle traite son patient comme un être humain et non un dégénéré. Mais elle ne m'a pas encore tout dis, elle n'a pas déballé tout son potentiel. J'en suis certains, tout ce qu'elle m'a dit sonne comme une réflexion intense, comme des réponses à ses pensées. Elle cherche encore à répondre à ma question de départ.

« En réalité, l'établissement pourrait bientôt accueillir un détenu. Il risque de revêtir une importance ... particulière pour vous. De fait, je voulais discuter de vos sentiments. Par rapport à cet homme, à ces actes. »

Les nouvelles vont vite par ici. Comment le sait-elle ? Elle a lu la lettre ? Impossible c'est moi qui l'ai ouverte. Alors, comment l'a-t-elle su ? Comment ?... Cette question résonne un moment dans mon esprit. Voilà ce qu'elle voulait savoir depuis le début. Mon corps essaye tant bien que mal de ne pas trahir mes pensées, de rester de marbre, mais c'est difficile. Il est impressionnant de voir à quel point la simple pensée de cet homme me met hors de moi, m'empêche de réfléchir convenablement. Je languis de le voir, de le détruire comme il m'a détruit. Mes pensées prennent une couleur rouge sang, un peu comme si mon cerveau en était inondé.
Je reprends mon calme petit à petit, difficilement, inspirant un grand coup avant de répondre.

« Et bien tout d'abord, mon métier de voleur, je le dois à mon père. Mais là n'est pas la question.
Oui, je sais qu'un homme va arriver. Mais ne vous inquiétez pas, il ne posera aucun problème.
Je pense que cela suffit ? Vous avez dû deviner mes véritables pensées, depuis un moment déjà. Pourquoi ne pas me l'avoir demandé plus tôt ? »


Je me lève et me dirige vers une table où une théière y est posée avec deux tasses. Je me retourne et regarde la psychologue qui ne m'a pas quitté des yeux et qui doit certainement réfléchir.

« Je peux ? »

Elle me fait un signe de tête approbateur, je décide donc de me servir une tasse de thé. Et me rassois face à elle.

« Vous savez. Les bases de mon métier m'incite à analyser les personnes que je rencontre, en peu de temps je connais les habitudes de celles-ci. Vous buvez souvent du thé, je me trompe ? Je sirote une gorgée, je peux comprendre, il est plutôt délicieux. Vous voyez on a beaucoup de points communs, mademoiselle Shizuka, le danger et le thé. »

Je me mets à rire, pas un rire jaune, non, un véritable rire. Cela faisait longtemps que je n'avais pas ris comme ça. Elle esquissa un léger sourire également, comme interpellé par ce que je viens de lui dire ou peut être flattée que j'apprécie son thé. Qu'est-ce que j'en sais. Dans tous les cas j'attends sa réponse avec impatience. Va-t-on parler de thé ? Ou va-t-elle campé sur ses positions et me rappeler que l'Assassin va bientôt être là ? En clair je la défie. Pratique pour juger une personne. Mon regard reste plongé dans le sien. Je reste patient. Gardant la tasse près de ma bouche.
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MessageSujet: Re: A l'intérieur de la Rose Noire   A l'intérieur de la Rose Noire Icon_minitimeMar 11 Fév - 18:49


Je n'aurais pas dû, vraiment. C'est officiel, ma grande, la méthode directe ne te réussit pas.
En tout cas, c'était ce que je pouvais déduire de sa nouvelle attitude. Il essayait vraiment de rester impassible, mais je sentis son changement d'humeur. Comme si ses muscles se tendaient, que son visage se fermait sur le coup d'une rage sourde. Ma réaction ne se fit pas attendre non plus. J'eus le réflexe de détourner le regard, et mes doigts se crispèrent sur mon carnet. Le vieux réflexe qu'était celui de mordre ma lèvre inférieure refit surface, comme souvent lorsque je me sentais mal à l'aise.
J'avais horreur de le constater, mais ... Un changement notable avait eu lieu dans mon attitude, depuis ... depuis. J'avais du mal à soutenir une colère, même renflouée. Peu importait de qui elle pouvait émaner. Cette émotion m'effrayait. Parce que j'avais le sentiment qu'elle m'accablait. Parce qu'elle me renvoyait aux colères effrayantes d'Allesbury, et indirectement ... à ses coups. Je m'étais même découvert des réactions violemment défensives au moindre geste brusque.

Quand il reprit le contrôle de lui-même, j'osais à peine recroiser le regard d'Anderson. Autant le reconnaître, j'avais peur d'y voir de la haine. Je ne tenais pas à me mettre à dos plus de monde que je le faisais déjà. Pourtant, il semblait s'être calmé. Comme si rien ne s'était rien passé.
Impressionnant ... vraiment. Comment pouvait-on faire ça ? Passer d'une rage sourde et dévorante à un calme plat et décidé, en quelques minutes à peine ?

"Et bien tout d'abord, mon métier de voleur, je le dois à mon père. Mais là n'est pas la question.
Oui, je sais qu'un homme va arriver. Mais ne vous inquiétez pas, il ne posera aucun problème.
Je pense que cela suffit ? Vous avez dû deviner mes véritables pensées, depuis un moment déjà. Pourquoi ne pas me l'avoir demandé plus tôt ?"


Pourquoi ne pas l'avoir demandé plus tôt ? Parce que je craignais la colère que provoquait de telles questions. Mais au moins, j'avais une réponse ; Il faudrait surveiller de près leur relation. Parce que sa phrase : 'il ne posera aucun problème', avait deux interprétations possibles. Et étant donné sa colère, j'avais le pressentiment que ... l'un des deux hommes finirait par mourir. Et à mon humble avis, ce ne serait pas Anderson. Je savais que le désespoir, autant que la haine, pouvaient donner une force incroyable. Que le chagrin pouvait rendre fou.
Je ne le quittait du regard, tandis qu'il se levait. Allait-il mettre fin à notre entretien ? Si c'était le cas, je ne pourrais pas l'en empêcher. Mais à la place, il désigna la table basse.

"Je peux ?"

Moi qui m'attendais à ce qu'il parte, tout simplement ... En même temps, qu'est-ce que je m'imaginais ? Un voleur prévisible n'aurait pas le moindre talent, bien sûr. J'aurais mis ma main au feu que Clyde devait être un comédien redoutable.

J'approuvais sa demande, d'un signe de tête à peine perceptible. Mais l'idée de me lever pour le servir ne m'effleura pas l'esprit, alors que je l'aurais fait avec n'importe qui d'autre. Pourquoi ? En fait, cet homme me ... désarçonnait, oui. C'était un terme assez approprié. Je ne savais plus vraiment comment me comporter, maintenant. Mais il revint s'asseoir, calmement. Entamant la conversation comme si de rien n'était.

"Vous savez. Les bases de mon métier m'incitent à analyser les personnes que je rencontre, en peu de temps je connais les habitudes de celles-ci. Vous buvez souvent du thé, je me trompe ? Je peux comprendre, il est plutôt délicieux. Vous voyez on a beaucoup de points communs, mademoiselle Shizuka, le danger et le thé.

Et il rit. Ce qui évidemment, me fit sourire. En même temps, autant être honnête. Difficile de résister à un visage comme le sien. Touché-coulé, cher voleur. ce début d'analyse est plutôt bon.
Visiblement, j'avais affaire à quelqu'un qui contrôlait très bien ses faits et gestes. Je décidais donc de refermer son dossier, me levant pour déposer le tout sur mon bureau. De toute manière, j'avais perdu l'habitude de prendre des notes en discutant. Mon ambidextrie m'était d'un grand secours en ce moment, mais j'avais toujours eu plus de mal à écrire de la main gauche que de la droite.

J'hésitais un instant à m'asseoir. Et finalement, je m'inclinais. Très peu, baissant les yeux comme à mon habitude.

"Je ne voulais pas vous offenser. Je vous demande d'accepter mes excuses."

J'avais touché un point sensible en parlant d'un sujet qu'apparemment, il valait mieux éviter. Cette idée me mettais mal à l'aise, et le fait de m'excuser était une façon efficace d'y remédier.

Je retrouvais ma place sur le fauteuil, les jambes croisées comme toujours. Mais j'avais le sentiment qu'il y avait ... comme une lueur de défi, dans ce regard noisette. Je me serais sans doute fait un plaisir de le relever, d'ailleurs, si j'avais su de quel défi il s'agissait. Est-ce que "L'homme à la Rose Noire" souhaitait aborder un autre sujet ? Ou au contraire, voulait-il me pousser à continuer sur ma lancée ?

Il m'avait parlé du fait que sa 'profession' nécessitait de juger une personne rapidement. En devinant au passage ma faiblesse pour le thé. Mais en même temps, je connaissais peu de confrères qui avaient de quoi se préparer du thé au milieu même de leur bureau. D'autres choses auraient pu être tout aussi flagrantes chez moi : mes origines, par exemple. Malgré le fait que je ressemble bien plus à ma mère qu'à mon père, mon nom ne laissait planer aucun doute.
Cette pensée provoqua même une certain envie de défier Anderson, à mon tour. Que pourrait-il affirmer que tout le monde ici ne savait pas déjà ? Ce n'était pourtant pas le choix qui manquait. Entre l'obsession du contrôle, le statut de mon père. Mon enfance aussi luxueuse que tumultueuse, ma manière exacerbée de ressentir les choses ... Serait-il observateur au point de me surprendre ?

"Thé Fortnum & Mason, l'un des meilleurs à mes yeux. Vous pourrez revenir en prendre, si vous en ressentez l'envie."


Ce thé était d'ailleurs le seul bon souvenir que j'avais ramené d'Angleterre. Mais finalement, ce n'était pas ce qui m'occupait. J'avais eu la réponse qu'avait exigée McDaven.
Mais si cette femme ne s'intéressait à l'ordre, pour ma part, je ne m’intéressais qu'aux personnes. Et Anderson soulevait plus de questions que de réponses. Il m'avait dit devoir sa profession à son père. C'était plutôt étonnant, autant qu'amusant. Il se pourrait vraiment que j'aie quelques points communs avec un prisonnier, en définitive. Cette pensée aurait même pu me faire rire ... c'était bien la première fois qu'elle me traversait l'esprit.

"J'aimerais vous demander ... Est-ce que je dois comprendre que votre père vous élevé comme un redoutable voleur ? Ce serait plutôt inhabituel."


Pourquoi redoutable ? Simplement parce que braquer un casino n'était pas donné à tout le monde ... Alors plusieurs, encore moins. Mais il avait été poussé vers sa 'carrière' par son père ...
Je n'étais pas étrangère à cette idée, même si personnellement, j'avais choisis ma vocation dans le but de contredire le mien. Le père, le danger, le thé. Des points communs, j'acceptais de le reconnaître. Toutefois, je pouvais donner au moins deux différences majeures entre cet homme et moi : Il contrôlait ses émotions à un point qui forçait le respect. Et il savait probablement jouer la comédie. Deux qualités que je ne possédais pas.
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MessageSujet: Re: A l'intérieur de la Rose Noire   A l'intérieur de la Rose Noire Icon_minitimeMer 12 Fév - 14:21

Je continue de la regarder, décidément ses yeux sont vraiment intriguant. Charmant certes, mais intriguant. C'est la première fois que je vois des yeux ayant une teinte violette, ce n'est pas commun. De toute manière cette femme en elle-même n'est pas commune. Qu'est-ce qui a bien pu lui arriver pour qu'elle se retrouve ici ?
Elle referma mon dossier et alla le poser sur le bureau pour finalement se poster devant moi et se baisser légèrement. Je ne comprends pas trop, que fait-elle ?

« Je ne voulais pas vous offenser. Je vous demande d'accepter mes excuses. »

En tout cas cela confirme mon hypothèse de la nationalité japonaise. Là-bas le respect est primé, les valeurs sont strictes. Si on blesse quelqu'un même si on ne l'apprécie guère, des excuses sont formulées. Mais il n'y avait pas de raison de s'excuser, je ne me sentais pas offenser.
À moins que cette manie de l'excuse, ne soit pas typiquement japonaise, mais vient de son éducation. Dans ce cas son éducation est plus que parfaite. Traiter des détenus comme des personnes normales, si on peut dire, je trouve cela admirable. La plupart ne sont pas des cœurs tendres, je ne les connais pas tous, mais elle a dû subir plusieurs tentatives d'agression déjà. Une aussi jolie jeune femme au milieu de babouin qui ne pensent qu'avec leur instinct de survie, c'est quasiment certain. Vraiment, je me demande ce qu'elle fait ici. Son attitude, sa prestance et ses goûts ne concordent pas du tout au cadre de vie que cette prison nous offre.
Serait-elle déchue, elle aussi ? Un humain déchu de la société comme nous le sommes tous. Peut être en tout cas cela ne se voit pas au premier abord.
Elle se rassoit en face de moi, calme et sereine. Reprenant sa posture précédente, droite, les jambes croisées, attentive, recoiffant fréquemment des mèches de cheveux qui ont l'air de la gêner.
Elle réfléchit un temps. Je la regarde patiemment, attendant une quelconque parole.

« Thé Fortnum & Mason, l'un des meilleurs à mes yeux. Vous pourrez revenir en prendre, si vous en ressentez l'envie. »

Du thé anglais, c'est peut-être la raison pour laquelle je l'apprécie autant. Cela fait bien longtemps que je n'avais pas bu du thé provenant de mon cher pays. Je repris une gorgée.
Oui, il se pourrait que je revienne. Pourquoi ? Simplement pour le goût de la civilisation. Le thé est quelque chose de distingué, de délicat, je serais loin de l'eau bouillante et chlorée qu'on nous sert au réfectoire et loin de cette vie de détenu. En prenant de petits plaisirs civilisés on oublie qu'on est enfermer même pour quelques secondes.
En entrant ici, je m'étais forcé de garder à l'esprit qu'il y avait un semblant de liberté, qu'on pouvait aller où on veut à l'intérieur de la prison, qu'on pouvait vivre tout simplement, tranquillement dans son coin. Mais au fur et à mesure que les jours et les semaines avancent, l'illusion se dissipe. On se raccroche aux petits plaisirs de la vie, une cigarette, une boisson alcoolisée et à l'occurrence du thé.
Puis il est préférable de déguster du thé en bonne compagnie, plutôt que seul.
Je la regarde elle esquisse un sourire comme si elle avait une pensée heureuse tout à coup, puis se mord la lèvre inférieure.

"J'aimerais vous demander ... Est-ce que je dois comprendre que votre père vous a élevé comme un redoutable voleur ? Ce serait plutôt inhabituel."


On dirait que mon petit stratagème du thé à échouer. Qu'est-ce que je croyais, on ne se débarrasse pas aussi facilement d'un psychologue. Une petite analyse comportementale évidente et un petit jeu de ressemblance ne suffit pas. Elle a relevé mon défi que je lui ai lancé indirectement. C'est plutôt appréciable, cela veut dire qu'elle tient à jouer mon jeu tout en gardant un certain contrôle de la situation. En clair on était tous les deux en train d'embrouiller l'autre ou de vouloir contrôler ses moindres gestes et paroles. Plutôt intéressant et assez drôle, je trouve cet entretien de plus en plus attrayant.
Elle m'a demandé de lui expliquer comment mon père nous avait élevé mon frère et moi. Que lui dire. Je prends une gorgée de thé et inspire.

« Et bien tout d'abord je suis flatté que vous me voyez comme un redoutable voleur. Même si je suis actuellement en prison. Mais oui, j'ai était élevé dans l'optique que le luxe n'appartient pas qu'au riche et mon père était très fervent de ce genre de discours. C'est vrai que c'est inhabituel mais c'est ainsi, on ne choisit pas sa famille. »

Voilà, j'ai répondu à sa question, tout en ne délivrant que quelques informations supplémentaires. Juste assez pour qu'elle fasse un pronostic de la situation dans laquelle j'étais durant mon enfance. Je me débarrasse vite des quelques souvenirs qui reviennent dans ma tête, pour me recentrer sur mon objectif. Je voulais vraiment savoir ce qu'elle faisait ici. Si elle était déchue ou si c'était un simple choix, ce qui m'étonnerait beaucoup.

« Mais dites-moi mademoiselle Shizuka, que faites-vous ici ? Sans vouloir être importun, comment une jeune femme comme vous peut-elle choisir de travailler dans un tel endroit ? »

Je la regarde plutôt souriant et calme. Comme si nous étions que deux protagoniste lambda qui discutent de choses et d'autres.
Ma patience est récompensée. Je suis tombé sur une psychologue plutôt douée, mais aussi très difficile à cerné, une sorte de défi pour moi. D'habitude ce sont des gardiens assez rustre et assez limité cérébralement, pour ne pas dire complètement stupide.
Pour une fois j'étais tombé sur un bon adversaire, qui me rend la tâche difficile.
Cela m'excite presque de jouer au chat et à la souris avec elle.
Mais je sais qu'arrivé un moment cette entretien prendra une tournure plutôt ennuyante autant pour elle que pour moi. Tâchons de rester tranquille d'ici là et de continuer tant bien que mal de contrôler la situation.
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Ayame Shizuka
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MessageSujet: Re: A l'intérieur de la Rose Noire   A l'intérieur de la Rose Noire Icon_minitimeJeu 13 Fév - 18:30


Il prit une gorgée de thé, inspirant comme si ma question nécessitait une réponse délicate.

"Et bien tout d'abord je suis flatté que vous me voyez comme un redoutable voleur. Même si je suis actuellement en prison. Mais oui, j'ai été élevé dans l'optique que le luxe n'appartient pas qu'aux riches et mon père était très fervent de ce genre de discours. C'est vrai que c'est inhabituel mais c'est ainsi, on ne choisit pas sa famille."

Oui, il se trouvait bel et bien en prison. Ce qui signifiait concrètement qu'il s'était fait prendre. Il n'en restait pas moins que sa 'carrière' avait été plutôt brillante ... En même temps, mon point de vue était purement subjectif. Je n'avais pas rencontré un nombre astronomique de voleurs.
Ou plutôt, si. Des meurtriers qui avaient commis quelques larcins dans leur enfance. Mais aucun qui ne ressorte du lot, dans cette catégorie.

"Intéressant. Mon propre père tenait plus de discours traditionalistes que de discours révolutionnaires. Je suis curieuse de savoir ce que le vôtre penserait. Je veux dire, de vos braquages. Si c'est lui qui vous a enseigné, il doit être fier de la carrière que vous avez menée ..."

Ou pas. Je me pris à froncer les sourcils à ma propre attention. Je fis même un signe négatif à peine perceptible, d'un mouvement de tête. Aya, tu dis vraiment n'importe quoi ... Tu n'as aucune garantie que son père soit encore en vie, pas plus que d'informations prouvant qu'il ait appris son 'art' à ses fils.
Alors pourquoi cette question si irréfléchie, sans même tenter d'analyser sa réponse ? Ce n'était pas pour être moralisatrice, ni même pour blesser Anderson. Seulement, l'information qu'il m'avait donnée ... m'amusait. Vraiment, j'avais le sentiment d'être une petite fille qui découvrirait Santa Claus ! Simplement parce que j'avais l'impression de rencontrer un monde différent du mien, mais étrangement similaire. Et soyons honnête, cette occasion ne m'était pas donnée souvent : j'avais rarement le loisir de recevoir autant de réponses de la part d'un détenu.
Finalement, je n'étais même pas difficile à rendre heureuse, et encore moins à déstabiliser.

Mais, cela révélait une troisième grande différence entre 'l'Homme à la Rose Noire' et moi. De mon côté, entre les cours de langue, de piano, les voyages, et les études ... Il n'y avait pas eu de place pour les discours altruistes. Je n'avais pas du tout été encouragée à me rebeller contre la société, bien au contraire. Père avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour que je colle à l'idéal qu'il se faisait de sa fille. Sans se soucier des sentiments de quiconque, évidemment, ni même des miens.
Mais comme Anderson le disait si bien ... On ne choisit pas sa famille.

J'avais établi depuis longtemps que c'était l'une des raisons à mon adolescence difficilement gérable. Mon enfance avait été plutôt chaotique, puisque seule ma mère me posait des limites ... Et encore, lorsque j'étais dans son champ de vision. Vivre sa mort sans le moindre soutien, avec un père absent et moralisateur ... Au fond, tous mes excès avaient eu pour unique but de me faire oublier.
Et puis, père avait tout balayé avant de m'emmener avec lui, façon à peine voilée de me garder sous surveillance. De toute façon, lui passait le plus clair de son temps aux Etats-Unis. Alors que de son propre aveu, il n'aimait pas cette contrée. Il avait toujours tenu le même discours dévalorisant, la concernant.

"Mais dites-moi mademoiselle Shizuka, que faites-vous ici ? Sans vouloir être importun, comment une jeune femme comme vous peut-elle choisir de travailler dans un tel endroit ?"

'Comme moi' ? Que voulait-il dire ... ?
Au fond, peu importait. Même si j'avais l'impression de souvent entendre cette question, je n'y donnais jamais de réponse complète. Mes raisons d'être ici étaient multiples, et si j'avais dû toutes les énoncer, il m'aurait fallu un roman. Il me faudrait donc faire le tri dans ma réponse ...
Ou pas. Après tout, j'appréciais cette discussion. Je n'avais pas l'impression qu'Anderson cherchait à me mentir, alors autant être honnête jusqu'au bout. Je haussais les épaules, décidant de poursuivre un peu le thème de la famille ...

"En partie pour contrarier mon père, je dois bien l'admettre. Mais aussi parce que l'une de mes amies à été ... assassinée quand j'étais plus jeune. D'une façon plutôt malsaine, son meurtrier m'a fascinée."

Oui. Le raisonnement de cet homme m'avait totalement échappé. J'avais voulu essayer de comprendre comment, pourquoi. Qu'est-ce qui lui permettait de faire abstraction de la qualité humaine de ses victimes, de la culpabilité qu'il aurait dû ressentir ? Et le fait qu'Allesbury ait tenté de m'empoisonner alors que je n'avais que dix-sept ans ... Leur raisonnement, à tout ces tueurs, m'échappait. Et je voulais essayer de comprendre. Vraiment.

"J'ai toujours eu des conduites plutôt dangereuses. Comme vous l'avez déjà deviné, le danger m'attire. Ou du moins, m'attirait."

Je m'en méfiais bien plus à présent que le Lord était dans les parages. Ce dernier me mettait bien trop en danger pour que je me permette de ressentir de l'attirance, pour quoi ou qui que ce soit.

"Et enfin, parce que j'aime l'être humain."

Je me fis soudain la réflexion que mes réponses devaient ressembler à celles d'une ado. Pourtant, elles étaient on ne peut plus sincères ... Peut-être étais-je réellement naïve, finalement. Ou plutôt, non. C'était le propre de cette conversation, de me mettre dans cet état. Tu ne t'arranges pas, ma grande.
Oui, j'avais confiance en notre espèce, au point de vouloir aider ceux qui avaient pris le mauvais chemin. C'était peut-être même pour cette raison que je ne parvenais pas à en vouloir à Allesbury. Parce que je m'en voulais d'abord à moi-même, évidemment. Mais aussi parce que ... J'ignorais ce qui l'avait conduit à cet état, mais son délire n'était qu'une preuve de folie. Et la folie était une maladie.
Je soupirais silencieusement, repensant à ... tout ça. Il allait falloir que je trouve le courage d'y réfléchir, un jour. Trouver le moyen de lui expliquer, sans le mettre en colère. Lui dire qu'il n'est pas un Dieu. Que ce n'est pas normal, pas logique de vouloir posséder une personne, de la pousser dans ses derniers retranchements tout en prétendant l'aimer. Ce n'est pas ... normal. Il est ... malade.
Bien sûr. Tu rêves, Aya. Tu ne pourras jamais rien lui dire de tel sans te prendre plus de coups que tu ne l'as déjà fait.

Et d'un seul coup, je réalisais que mon visage s'était fermé, que je fixais le sol sans le voir. Que je glissais les doigts dans mes cheveux, nerveusement, comme pour les démêler. Un tic qui ne m'avait pas pris depuis une éternité ... Parce que j'angoissais toute seule, sans raison.
Respire. C'est pas le moment. Tu as tout ton temps pour réfléchir à ça. Détends-toi.
C'est ça.


Je relâchais mes cheveux, croisant les mains sur mes genoux. Et sourit à nouveau en posant les yeux sur le voleur. C'était étrange, tout de même. Depuis mon arrivée, je ne m'étais rarement fait la réflexion que j'aimais discuter avec quelqu'un, sans avoir d'idée derrière la tête.

"Sans vouloir être indiscrète ... Est-ce que je peux vous demander de parler de votre famille ?"
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MessageSujet: Re: A l'intérieur de la Rose Noire   A l'intérieur de la Rose Noire Icon_minitimeLun 17 Fév - 22:11

"En partie pour contrarier mon père, je dois bien l'admettre. Mais aussi parce que l'une de mes amies à été ... assassinée quand j'étais plus jeune. D'une façon plutôt malsaine, son meurtrier m'a fascinée."

Voilà pourquoi elle travaille ici ? Par fascination ? C'est plutôt suicidaire et téméraire... Je l'aime bien cette psychologue, son goût du risque est admirable.
Et en effet rien de tel que de travailler dans une prison pour contrarier son papa. Elle a beaucoup de courage en tout cas.
Mais tout cela n'est que futilité. Comment peut-elle être fascinée par le meurtrier de son amie ? On n'est pas fasciné en temps normal, on est effrayé peut être même traumatisé. Serait-elle vraiment suicidaire au fond ? Ce n'est pas la première fois que je rencontre une personne dont la vie lui paraît tellement morose qu'elle commet des actes dangereux et même parfois irréversible. Mais sa situation n'est pas irréversible, elle est ici de son plein gré.
Son portrait psychologique se construit de plus en plus facilement dans ma tête. J'allais peut-être comprendre la psychologue avant qu'elle ne m'aie comprise. C'était drôle, j'en tirais presque une certaine satisfaction voire même de l'excitation.

"J'ai toujours eu des conduites plutôt dangereuses. Comme vous l'avez déjà deviné, le danger m'attire. Ou du moins, m'attirait."

Cela me coupe dans ma pensée. Elle me parle comme si elle réfléchissait à haute voix. C'est vraiment la première fois que je rencontre une psychologue aussi honnête et intègre. Elle doit se sentir bien seule, enfermée entre ces quatre murs. Toujours en danger. Cela ne doit pas être facile à vivre au quotidien. Déjà que pour nous, prisonnier, ce n'est pas simple, je n'imagine même pas pour le personnel. À part les gardiens, même si quelques-uns ne sont pas là que pour tabasser des détenus.
''M'attirait'' a-t-elle dit, serait-elle déçue ? Ou en overdose de danger ? Ou tout simplement en danger ?

"Et enfin, parce que j'aime l'être humain."

Ceci répond parfaitement à ma question. Son propos sonne assez faux. Pourquoi n'a-t-elle pas dit cela dès le départ ? Ce que tous les autres psy disent toujours pour expliquer leur ''amour'' du métier. Ce n'est peut-être pas dans l'ordre de ses priorités. À moins que ce ne soit qu'un mensonge.
Je doute qu'elle soit assez naïve pour croire qu'à elle seule, elle pourra changer la mentalité de ces détenus. Qui pour la plupart sont dans un cas similaire au mien, lorsqu'on a été élevé dans une famille où les valeurs morales sont assez floue, on ne peut que dérivé.
Cette pensée m'effraie un peu, me dire que j'ai des points communs avec tous les autres détenus. Je ne pense pas être unique en mon genre, mais je n'ai pas croisé beaucoup de voleur, plus souvent des meurtriers ou des psychopathes. C'est monnaie courante par ici. En parlant de monnaie, je tâte ma poche avant à droite et sent ma pièce porte-bonheur. Puis comme pris d'une envie soudaine, je la sors de ma poche et joue avec entre mes doigts, gardant d'une main la tasse de thé et laissant mes pensées dériver vers ce que je fais.

Elle réfléchit depuis un moment déjà. Serait-elle en train de juger ce qu'elle vient de dire. Peut être s'est elle rendu compte qu'elle parle beaucoup. Étrangement beaucoup d'ailleurs.
Je me demande si cet entretien n'est pas en réalité une entre aide. Elle se sent seule, surement en danger d'après ces dires. Je comprends que rencontrer quelqu'un assez pacifiste, comparer à mes camarades, doit lui changer son quotidien. Elle doit se dire que je suis une personne normale comparer aux autres. Pourtant, je ne suis guère meilleur qu'eux, nous sommes tous des marginaux de la société, ceux qu'on enferme parce qu'ils sont ''dangereux'' ou ''fous'', incompris serait plus juste. C'est aussi pour cela qu'elle est, ici. Pour nous comprendre. Ce ne doit pas être une tâche de tout repos. Essayer de comprendre des personnes aussi atteinte que nous.
Je continue de jouer avec ma pièce. Je la regarde, elle a le visage fermé et fixe le sol. Ces pensées doivent être très intenses. Ses doigts glissent dans ses cheveux machinalement, un tic nerveux ou quelque chose qui doit la détendre, tout comme je le fais avec ma pièce. Un silence pèse dans le bureau. Je continue de la regarder, elle semble perdue dans ses pensées.
Après un instant, comme réveiller en sursaut par un cauchemar, elle détache ses cheveux, les laissant retombés sur son épaule, des cheveux châtains très long et ébouriffés à cause de son tic nerveux.
Elle croise les mains sur ses genoux et se remet à sourire en me regardant. Toujours dans ses pensées.
Sa bouche s'entrouvre délicatement et sa voix légère retenti de nouveau à mes oreilles.

"Sans vouloir être indiscrète ... Est-ce que je peux vous demander de parler de votre famille ?"

Je lui souris. Revoilà la psychologue ? Ou une simple question de courtoisie ?
Au fond je m'en fiche. Ce n'est plus de mon ressort et étant donné qu'elle s'est confiée à moi, j'estime normal de lui rendre l'appareil. Je n'ai pas besoin de tout lui dire, pas besoin de préciser que mon frère est en cavale, que ma mère est certainement morte, pas besoin de parler de Clarisse...Clarisse...de nouveau son prénom résonnait dans ma tête...Voilà la cavalerie, les souvenirs qui reviennent...toujours aussi durs et froids...comme une balle...
Ce n'est pas le lieu ni le moment de craquer. Pas devant elle. Il faut que je pense à autre chose. Et vite. Mon poing se serre enfermant ma pièce à l'intérieur. Quelle était sa question ? Ah ! Oui ! Ma famille.

''Vous voulez que je parle de ma famille ? Et bien j'ai un frère. Que j'aime beaucoup. Je ne sais pas ce qu'il est devenu depuis. Je n'ai plus eu de nouvelle et de ma mère non plus. Elle pourrait m'envoyer une lettre, si elle savait où j'étais. Quant à mon père, il repose dans un cimetière à Barbican, une petite ville près de Londres. Vous auriez vus cette ville lorsque j'étais jeune, elle était superbe, tous les jours nous allions voir les spectacles de rues, les cinémas en plein air. C'était magnifique. Je vous conseille de voir cela au moins une fois dans votre vie, ça vaut le coup d’œil. Croyez-moi...''

Ma voix avait pris un ton mélancolique, presque triste.

''Je n'ai pas vécu une enfance difficile, en fin de compte. Seulement différente.''

Oui je me suis laissé prendre au jeu. Après tout il n'y a rien de mal à parler normalement, sans arrières pensées. C'est même plutôt reposant et plaisant. Cela fait un moment que cela ne m'est pas arrivé. En réalité la seule personne avec qui j'avais cette "alchimie" c'était...
Un silence se pose dans mon esprit.
Mes pensées me reprennent à la gorge. Je déglutis essayant de ne pas craquer et prends une dernière gorgée de thé avant de poser la tasse vide sur le bureau et de reposer mon regard sur Ayame.
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Ayame Shizuka
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MessageSujet: Re: A l'intérieur de la Rose Noire   A l'intérieur de la Rose Noire Icon_minitimeMar 18 Fév - 19:54


L'expression du voleur faillit me faire rire. Comme s'il se demandait si je n'étais pas suicidaire. Et au fond, c'était même une très bonne question. L'étais-je ? Peut-être, oui. Parce que ma vie me semblait ennuyeuse, et parce qu'il m'arrivait parfois de me dire que je n'avais plus rien à perdre. Après tout, j'avais été jusqu'à défier Clay William Allesbury, un homme en proie à des pulsions sadiques et meurtrières, de me tuer. Peut-être même étais-je encore plus folle que les plus fous de mes patients.
Enfin ... de toute manière, et comme j'avais coutume de le répéter à l'ambassadeur ... C'est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde fou. En partant de cette idée, on pourrait même penser qu'en réalité, je m'adaptais. Simplement. En même temps, il n'y avait qu'une personne que j'avais renoncée à comprendre et à changer, définitivement. Un échec, que je tentais encore d'assimiler : mon père. Mais ce dernier n'avait absolument aucune intention de me laisser fouiller sa tête, bien évidemment. Ç’aurait été bien trop simple.

Anderson avait sorti ... une pièce ? Il a réussi à la garder jusqu'ici ?! Sans se la faire voler ...
Chapeau bas, mon cher. Mais pourquoi est-ce que cela m'étonnait, finalement ? Aux yeux des autres détenus, il ne s'agissait probablement de rien de particulier. Si, juste une chose qui pourrait servir à se procurer un café. Et encore. Alors que pour leurs propriétaires, certains objets se chargeaient de ressentis et d'espérances, d'une valeur émotionnelle. Au point qu'il paraissait impossible de les quitter. Quand tout s'effrite, il ne reste qu'une seule chose qui tient le monde : les convictions. Les croyances. Tout ce qu'un porte-bonheur pouvait finalement symboliser.

Mais ma question sembla le ... frustrer ? Non, ce n'était pas ça. Le déranger, ou l'attrister. Son poing se resserra autour de la pièce, comme s'il essayait de se raccrocher à quelque chose de palpable, de réel, de présent ... Est-ce que je faisais encore une erreur ? Est-ce que je ne devrais pas poser cette question ?

Pourtant, il se reprit, en détournant à peine le regard. Toujours cette impressionnante maîtrise ... qui me faisait vraiment envie, je devais le reconnaître. L'idée de lui demander comment il s'y prenait me traversa même l'esprit. Pour ma part, quand j'étais sur le point de craquer, j'avais le plus grand mal à le dissimuler aux yeux de tous.
En même temps ... sa 'profession' devait exiger un contrôle absolu. Alors que pour ma part, j'avais toujours tout fait pour exprimer clairement ma joie, ou mon embarras, ou ma tristesse ... Je devrais peut-être même me sentir flattée d'avoir accès, juste un minimum, à ses ressentis.

''Vous voulez que je parle de ma famille ? Et bien j'ai un frère. Que j'aime beaucoup. Je ne sais pas ce qu'il est devenu depuis."

J'hésitais un moment à lui signaler ce qu'il semblait ignorer. Tout le courrier qui circulait était ouvert, lu et soigneusement refermé par les gardiens. À la base, cette précaution devait être destinée à intercepter tout ce qui tentait d'entrer ou de sortir du bâtiment. Mais certaines lettres finissaient entre les mains de la police, après examen, ou déchirées. Afin que rien de ... compromettant, ne soit révélé. 'A huis clos', décrirait parfaitement la situation.

"Je n'ai plus eu de nouvelle et de ma mère non plus. Elle pourrait m'envoyer une lettre, si elle savait où j'étais."

'Si' elle savait ? Avaient-ils perdu contact ?
Au fond, cette idée m'attristait pour Anderson. Personne ne savait que j'écrivais encore à ma mère. Des lettres que j'enfermais dans une boîte décorée qu'elle m'avait offerte, et que je rangeais soigneusement dans ma table de chevet. Comme si elle pouvait les lire par cet intermédiaire. Cette idée pouvait sembler stupide, mais elle me soulageait. Son deuil m'avait été difficile ... vraiment. D'une certaine façon, je me persuadais qu'elle était encore là. Près de moi.
Et puis, autant être honnête avec moi-même. Envisager une mère séparée de ses enfants, ou vis-versa, me ... blessais. J'avais déjà un mal fou à comprendre comment certains parents pouvaient abandonner leur progéniture. Alors s'ils savaient qu'elle était là, quelque part, sans chercher à la contacter ... C'était tout simplement inimaginable, pour moi.

"Quant à mon père, il repose dans un cimetière à Barbican, une petite ville près de Londres. Vous auriez vu cette ville lorsque j'étais jeune, elle était superbe, tous les jours nous allions voir les spectacles de rues, les cinémas en plein air. C'était magnifique. Je vous conseille de voir cela au moins une fois dans votre vie, ça vaut le coup d'œil. Croyez-moi...''

Sa voix avait perdu en intensité. Comme si, quelque part ... cette ville lui manquait. Le mal du pays. Une sensation que j'éprouvais rarement, mais quand elle se rappelait à mon souvenir ... je l'estimais suffisamment douloureuse pour provoquer des larmes. Avec toujours ce sentiment que quoi que l'on fasse, on ne sera jamais l'enfant d'un unique pays. Toujours ... entre deux.
Et pourtant, cette sensation était sans doute moins douloureuse pour moi que pour lui. Il avait été forcé à cet exil. Alors que pour ma part, je pouvais repartir quand bon me semblerait.

''Je n'ai pas vécu une enfance difficile, en fin de compte. Seulement différente.''

Sa voix ... Est-ce qu'il regretterait la façon dont les évènements avaient tournés ? Question stupide, Ayame. Qui ne regretterait pas de perdre sa famille et sa liberté, en moins d'une journée ?
Pourtant, je me contentais de hocher la tête. Un mouvement à peine visible, parce que je voyais ce qu'il tentait de dire. Je ne m'autorisais jamais à me plaindre de mon enfance, du moins pas à voix haute. Parce qu'elle avait tout eu de ce que certains considéreraient comme l'idéal ... J'avais reçu une bonne éducation, dans une région que j'aimais, j'étais suffisamment entourée, j'avais une mère aimante, un bon niveau scolaire, l'argent n'avait jamais fait défaut ... J'avais juste manqué de limites, et de père.
Plus pour moi-même que pour le voleur, je murmurais, baissant les yeux sur mes mains :

"Ce qui entraîne forcément des déviances, qu'on le veuille ou non."


C'était ridicule, mais je ne pouvais pas m'empêcher de sourire. Cela faisait des jours, peut-être même des mois que je ne m'étais pas sentie ... aussi calme, détendue. Cette conversation me faisait un bien fou. Mais lorsque je voulus regarder le voleur, une nouvelle fois ... J'eus l'impression d'avoir dit, ou fait, quelque chose d'interdit. J'avais l'impression qu'il s'était renfermé, reposant la tasse vide sur mon bureau. Et cette constatation ... m'angoissa ?
Non, Aya. Il en faut plus que ça. C'est quoi ces réactions ?
Je soupirais silencieusement, tâchant de retrouver mes moyens ... Et m'humidifiais les lèvres, en essayant de faire abstraction du fait que ... c'était aussi par égoïsme, et pas seulement par intérêt, que je souhaitais poursuivre cette conversation. Parce que je détestais l'idée de passer une autre journée cloîtrée ici, seule, à fignoler et relire des dossiers.

Alors analyse ... Il t'a parlé de son frère, de ses parents. Pas de sa femme ... Trop douloureux, sans doute.
Je savais qu'il était difficile de perdre une personne à laquelle on tenait. Mais j'aurai beau essayer ... Je ne croyais plus en l'amour depuis trop longtemps pour me souvenir de ce que ce sentiment pouvait provoquer, vraiment. Je ne pourrais qu'imaginer à quel point Anderson était ébranlé.
Finalement, la vie était ironique. Les deux hommes qui tenaient le plus de place dans ma vie étaient mon père et Allesbury. Et je n'appréciais ni l'un ni l'autre.

"Vous savez, Anderson ... le courrier des détenus est sévèrement contrôlé. Votre frère devrait faire attention. Mettre un code au point."

Tu es folle, Aya. Complètement folle. Tu te rends complice d'un détenu, là, tu es au courant ?
Bien sûr. Et je le faisais quand même. Pourquoi ? Très bonne question. D'une part, parce que je n'avais pas envie de mettre fin à cette conversation. Et puis aussi parce que le voleur m'intéressait. D'une certaine manière, sa présence m'était agréable. Et finalement, je n'allais pas laisser passer la seule occasion que j'avais d'être utile ...

"Voudriez-vous que je fasse quelques recherches ? Sur votre mère. Au moins pour l'informer du lieu de votre détention ?"

Après tout, ça ne me coûterait rien. Alors pourquoi est-ce que je tremblais ...? Je fronçais légèrement les sourcils, me reprochant silencieusement ma réaction. Je décidais de fermais les yeux un moment, décroisais lentement les jambes pour poser les pieds à plat, au sol. Inspirait longuement, expirant tout aussi calmement. Du calme. J'aurais été incapable de définir la cause de cet état soudain. Je n'étais pas énervée, ni apeurée, ni angoissée, alors ... ?

Et m ... c'est mauvais. La fatigue. Il fallait bien qu'elle me rattrape à un moment où un autre. Cinq nuit que je ne dormais pas, ou alors à moitié. Sois je ne me reposais pas, sois je me réveillais en sueur et en larmes. Évidemment, mon corps finissait par s'épuiser. A quoi est-ce que je m'étais attendu ?
Je me levais en m'appuyant sur le dossier de mon fauteuil, ignorant le fait que la pièce me semblait tanguer. Et désignais sa tasse vide, d'un vague signe de main.

"Encore un peu de thé ?"

A moins qu'il souhaite s'en aller, simplement. Après tout, il avait peut-être d'autres projets pour la journée.
Mais pour ma part, je ressentais sérieusement le besoin de prendre une tasse. Histoire de tenir. Vraiment. Et avant de faire un malaise, de préférence.
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MessageSujet: Re: A l'intérieur de la Rose Noire   A l'intérieur de la Rose Noire Icon_minitimeJeu 20 Fév - 20:21

"Ce qui entraîne forcément des déviances, qu'on le veuille ou non." Dit-elle en murmurant.

En effet. C'est peut-être quelque chose d'innée, qui est à l'intérieur de nous et qui ne demande qu'à se manifester. C'était son cas apparemment. Elle a ressenti ce besoin de déviance au plus profond d'elle et au lieu de le refouler, a préféré le laisser prendre de l'ampleur pour la mener jusqu'ici.
Pourquoi le danger nous attire autant ? Je ne me suis jamais poser la question.
Quand l'adrénaline se présentait je la savourait, me délecté de son arôme et de ses effets, comme une drogue. Mais jamais je m'étais demandé pourquoi, au fond, j'étais ''soumis'' à cette pulsion ?
Et je vois que je ne suis pas le seul. Elle a autant souffert de ses choix que moi des miens face à cette pulsion.
Mais après tout je connaissais les risques et les conséquences que mon métier pourrait avoir... Si je ne t'avais pas désobéis papa... Où serais-je ? Avec Jack ? Avec toi et maman ? Je ne sais pas, je ne regrette pas mes choix, je regrette simplement ne pas avoir agis au bon moment.

Ayame soupire silencieuse. Mises à part son murmure à peine audible qui a engendré un flot de pensée, tout comme ses paroles le font depuis le début de cet entretien.
Entretien...quel mot formel...C'est plutôt une rencontre ou un échange j'ai l'impression.
Elle semble réfléchir, se demander quoi dire ou répondre à mes paroles sur mon enfance.
C'est frustrant, j'aimerais savoir ce qu'elle pense en ce moment même.

"Vous savez, Anderson ... le courrier des détenus est sévèrement contrôlé. Votre frère devrait faire attention. Mettre un code au point."

Oh ! C'était donc ça. On dirait que mon léger mensonge n'a pas réellement fonctionner. Donc les lettres sont lues puis refermer soigneusement. Intéressant. Mais le problème c'est que je ne peux pas prévenir Jack. Malgré toutes ses tentatives pour rester discret et effacer des autorités, cela ne suffira pas pour DearDeath, il faudra qu'il trouve autre chose. À moins qu'il avait déjà calculé son coup et qu'il se fiche d'être réellement discret. Après tous, les informations qu'il m'a fournit étaient à la fois essentielles et à la fois futile. J'aurais certainement aperçu tôt ou tard l'Assassin, sans savoir à l'avance qu'il serait là.
Non, ce que Jack à réellement fait c'est me donner du temps pour me préparer. Et c'est parfait.

''Voudriez-vous que je fasse quelques recherches ? Sur votre mère. Au moins pour l'informer du lieu de votre détention ?''

Sa proposition était bien aimable et plutôt intéressante. Mais dire à ma mère où je me trouve, ne ferais que l'inquiéter et l'épuisée plus que ce qu'elle doit l'être déjà.

''Non pas besoin, mademoiselle Shizuka. Cela l'inquiéterait pour pas grand-chose, elle a l'habitude de ne pas nous voir pendant un long moment. Ne vous inquiétez pas.''

Un long moment... franchement qu'est-ce qui me passe par la tête ? Bien sur qu'elle ne me verra pas avant longtemps, peut être même plus jamais. Mais cela doit faire déjà deux ans, si ce n'est plus, qu'elle n'a plus de nouvelles de mon frère et moi. Certes, elle doit s'inquiéter pour nous, mais elle doit avoir sa vie également. Ses petites habitudes, je n'ai pas envie de chambouler son quotidien par pur égoïsme. Je préfère qu'elle garde sa vie tranquille, plutôt que d'entrer dans la nôtre.
Et surtout je n'avais pas envie qu'on fasse des recherches et qu'au final on découvre qu'elle est morte. Apprendre une mauvaise nouvelle, surtout en ce moment, ne serais pas une bonne chose tant que je n'ai pas résolu ce problème de chagrin, qui m'épuise et dont je commence à de moins en moins supporter. Même si au fond, ce chagrin est chargé de bonnes choses, je n'arrive pas à passer outre. C'est impossible...pour le moment.

Je n'avais pas quitté des yeux Ayame, mais lorsque la pensée de l'éventuelle mort de ma mère m'avait traversé l'esprit, j'avais baissé les yeux. C'est en les relevant pour lui sourire que son léger tremblement me marqua. Qu'est-ce qui se passe ? Serait-ce à cause de mes propos ? Je ne vois pas pourquoi. Son teint est devenu pâle, elle fronce les sourcils et ferme les yeux. Elle essaye de se calmer. Mais de quoi ? Ses pensées lui auraient insufflé de mauvais souvenirs ? C'est fort probable, cela m'arrive fréquemment. Elle pose les pieds au sol, comme pour retrouver une stabilité. Comment réagir ? Elle semble mal-en-point.
Mais au moment où j'allais poser ma main sur elle, pour la raisonner ou lui apporter un quelconque soutient. Elle se lève, s'appuyant péniblement sur le dossier du fauteuil et montre ma tasse d'un geste de la main.

"Encore un peu de thé ?"

Malgré son état, elle pense encore aux bonnes manières. Assez impressionnant je dois dire et c'est une manière assez originale de se ressaisir. Elle titube un instant, fermant doucement les yeux.
Précipitamment je me lève et pose ma main sur son dos, elle avait de légères sueurs froide.
Elle est très fatiguée. Elle ne dort pas assez ou peut-être jamais. D'accord être dans une prison n'est pas rassurant, mais de là à ne pas dormir. Soit elle a des crises d'insomnies, soit elle a vraiment peur de cet endroit.

''Vous allez bien Mademoiselle Shizuka ? Vous devriez vous asseoir, je peux vous servir une tasse de thé, si cela vous fait plaisir.''

Je l'incite à s'asseoir d'une légère pression de ma main sur son épaule. Je lui prends la tasse vide de ses mains et la repose sur le bureau. Lorsqu'elle était enfin assise je me dirige vers la table où j'avais pris une tasse de thé précédemment. J'en remplis une et m'approche d'elle pour lui donner. Elle l'attrape, un peu affaiblis et prend une gorgée. Je me rassois sur mon fauteuil et me penche légèrement vers elle.

''Vous êtes très fatiguées, il faut dormir la nuit. Elles sont faites pour cela. Je ne suis pas docteur, mais une bonne nuit de sommeil s'impose.''

Je lui souris, elle semble de nouveau apaiser. Pour le moment.
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MessageSujet: Re: A l'intérieur de la Rose Noire   A l'intérieur de la Rose Noire Icon_minitimeSam 22 Fév - 13:18


Mon premier réflexe ? Me demander à qui appartenait la main posée sur mon dos, m'en dégager dans un élan de panique. Il me fallut même quelques secondes pour réaliser que je me trouvais avec Anderson. Du calme, Aya. Il n'a pas pu faire exprès de poser ses doigts sur le 'A' incrusté dans ta chair … Il ne sait même pas qu'il existe.
Mais pourquoi est-ce que je réagissait comme ça ?! Avant, les contacts humains, même étrangers, ne m'avaient jamais dérangée ! Encore moins quand ils venaient d'un homme séduisant ... Mais ...
Mais poser la main sur moi quand j'avais les yeux fermés … cela faisait désormais partie des actions à éviter. Surtout quand, comme maintenant, j'ai la tête qui tourne, je tremble et … Et peu importe, en fait. Depuis la dernière visite du Lord dans ce bureau, je me sentais très facilement menacée. Trop facilement. Un changement qui allait de pair avec mes insomnies, ma manie de regarder par-dessus mon épaule, mes efforts scrupuleux pour couvrir mon dos … Ridicule.

Au moins, si Anderson avait aperçu mon élan de frayeur, il eut l'amabilité de ne rien laisser paraître.

''Vous allez bien Mademoiselle Shizuka ? Vous devriez vous asseoir, je peux vous servir une tasse de thé, si cela vous fait plaisir.''

Plusieurs phrases de protestation me vinrent à l'esprit, mais aucune ne parvint à franchir mes lèvres entrouvertes. Sa main sur mon épaule m'incitait à m'asseoir. Dans mon état, je me voyais mal contredire quelqu'un qui me dépassait de dix bons centimètres. La pièce tanguait, et j'avais l'impression que si je parlais, je pourrais faire une crise de nerfs. Quand la fatigue et l'angoisse se mêlaient, elles créaient chez moi un mélange qui finissait par imploser en m'empêchant de réfléchir, parfois au point que je n'étais plus capable de prononcer un seul mot d'anglais. Autant éviter que cela arrive, et me contenter de me maudire en silence.

J'étais celle qui recevait, l'hôte. Ç’aurait du être mon rôle de déployer des trésors d'attention pour qu'Anderson n'ait pas à se fatiguer, c'était l'une des premières choses qui m'avait été enseignée. Et pourtant, j'étais assise, et c'était lui qui me tendait une tasse ... Ce n'est qu'en la saisissant, murmurant un remerciement, que je me rendis compte d'à quel point je tremblais. Tout compte fait, il valait mieux qu'il ne m'ait pas laissée me servir. J'aurais été capable de tout renverser ...
Pourquoi est-ce que je refusais de me remettre au speed ? Ça aurait eu le mérite de me tenir éveillée ...
Tu sais pourquoi, Aya. Ça commence à une dose par semaine, et puis ça passe à deux, et ça devient ingérable. Sans compter que tu dis n'importe quoi, quand tu es droguée.

Bien. A défaut de drogue, autant me rabattre sur les médicaments. Je tendis le bras vers mon bureau, récupérant une minuscule boîte d'allumette. Elle était recouverte de peinture bleue, portant simplement une étiquette qui indiquait "paperclip". Une façon de décourager les curieux ... En réalité, j'avais absolument dû ressortir ces cachets de ma valise. Rien de méchant, un médicament à base de méthylphénidate, de ginseng et de guarana pour me tenir éveillée. J'avais le sentiment qu'aujourd'hui, le thé ne suffirait pas. Je dus même attendre de voir mes tremblements se calmer pour en prendre une gorgée, craignant de renverser ma tasse.

''Vous êtes très fatiguée, il faut dormir la nuit. Elles sont faites pour cela. Je ne suis pas docteur, mais une bonne nuit de sommeil s'impose.''


Je ne pus même pas m'empêcher de sourire. Il avait raison, bien sûr ... Si seulement cela pouvait être aussi simple. J'adorerais faire une nuit complète, sincèrement ! Mais je n'y parvenais plus. Je me demandais sincèrement si je n'aurais pas besoin ... de vacances, tout simplement. Rentrer au pays quelques semaines, rendre visite à Rika. Et au lieu de me précipiter sur le téléphone, de réclamer mes congés à la directrice, je me contentais simplment de reposer la boîte de cachets sur mon bureau.

"Oh, mais les médecins sont généralement les derniers à suivre leurs conseils. Personnellement, j'applique ce précepte à la lettre."


Je ne me prenais pas souvent à utiliser l'auto-dérision dans une conversation. Encore moins lorsque j'étais sensée analyser la moindre phrase de mon interlocuteur ... Et c'était pourtant ce qui était en train de se produire. Ce qui ne peut vouloir dire qu'une chose, Ayame. Tu dois te recentrer ...
La réponse qu'il m'avait donnée à propos de sa mère me revint. J'avais du mal à imaginer qu'elle ne puisse pas s'inquiéter de savoir où se trouvait son fils. L'espace d'un instant, mon regard se fit lointain, je resserrais mon étreinte sur la tasse, rassurée par la chaleur de l'eau sous mes doigts. Je ne savais pas si ...
Est-ce que je devais vraiment ... ?
Non, ma grande. Personne ici n'est au courant, et c'est mieux comme ça. En plus, ça ne servirait qu'à réveiller de mauvais souvenirs.
Mais pourtant ...

"Vous savez ..."

Très mauvaise idée, Aya. Ferme-là. Ses problèmes ne sont pas les tiens, tu ne devrais pas les confondre.
-Je ne les confonds pas, je veux au moins lui dire ce que j'en pense ...
Je rivais les yeux au fond de ma tasse de thé. Autant ne pas ... m'égarer. N'en dire que le minimum. Ainsi, même si ma voix était enrouée, je ne pourrais pas craquer. Il était hors de question que je verse des larmes, pas aujourd'hui.

"J'ai ..."

Non, tu ne peux pas le dire.
-Si, je le peux ... Il faut juste que je trouve comment.
Mais il n'y a aucune façon de le dire … Si ? Si …

"J'ai été ... séparée de ma fille. Dieu sait que je l'aurais retrouvée depuis longtemps, si je le pouvais."

Et voilà … Tu t'avoues enfin ton incompétence, bravo ma grande. Tu sais très bien que si tu avais été plus vigilante … si tu t'étais méfiée … Sae aurait six ans, tu pourrais l'élever, veiller sur elle. Au lieu de quoi, tu te retrouve ici, et tu n'as aucune idée d'où elle peut être, de comment elle peut s'appeler, de si elle est heureuse … Tout ce que tu sais, c'est que tu hais ton père, que tu ne lui pardonneras jamais de ne pas t'avoir laissé la voix au chapitre.
Et tu sais très bien que cette blessure ne se refermera pas, que le mieux est de ne pas y penser ! D'ailleurs, tu t'étais presque convaincue que tu avais oublié ! Mais Allesbury était arrivé, et il avait décidé de … se servir de tout cela. Il avait tourné le couteau dans la plaie, en la laissant à nouveau béante et saignante … et toi, au lieu de te défendre, tu avais plongé tête baissé dans ce traquenard.

Cela fait deux ans que tu t'es définitivement installée dans ce pays, et la première personne à qui tu parles de ton passé, c'est un voleur. Tu dois avoir un sérieux problème. Tiens-toi correctement, bon Dieu ! Ce n'est ni le moment ni l'endroit pour pleurer ! Respire, retrouve ton calme. Rappelles-toi où tu voulais en venir ...
Je fermais les yeux, le temps d'assécher mon regard ... parce que je ne pouvais pas. Il était hors de question que je craque, pas aujourd'hui. Aujourd'hui, je voulais sourire ... Je laissais la chaleur du thé dénouer ma gorge, mais mes muscles attendirent la deuxième gorgée pour se détendre.

Pendant plusieurs secondes, je ne cherchais même pas à troubler le silence. Je voulais être certaine que ma voix aurait retrouvé son aplomb quand je parlerais à nouveau ...

"Je ne sais pas quels rapports vous entretenez avec votre mère, et je n'essaierais pas de remettre en doute vos paroles ou vos choix, monsieur Anderson. Sourire. Vous êtes suffisamment responsable pour savoir ce que vous voulez. Mais je tiens à vous dire que si vous changez d'avis dans quelques mois, ma proposition tiendra toujours."

Croisant de nouveau les jambes, je posais calmement la tasse sur mes genoux. La pièce avait presque cessé de tanguer. Au moins un bon point …
A votre tour, 'l'homme à la Rose Noire'. Vous disposez maintenant d'une information que personne d'autre ne possède. Je ne sais pas si l'on peut considérer ceci comme un marché, mais en retour … il y avait autre chose dont j'aurais aimé parler. Et le plus difficile serait de trouver les mots pour le faire sans provoquer de la colère, ou de la contrariété.
Suspense, donc ... Comment une ex-droguée en manque d'affection de la part de son père, qui possède une attirance malsaine pour le danger et qui n'est pas capable de protéger son propre enfant, peut-elle s'y prendre pour parler de sentiments ?
Je baissais les yeux un court instant, triturant ma tasse entre mes doigts.

"Je sais qu'il est difficile de perdre une personne à laquelle on tient vraiment. Une personne pour qui l'on pourrait donner sa vie, sacrifier tout ce que l'on possède. Mais j'aurais beau essayer, je ne peux … qu'imaginer ce que vous ressentez."

Je voulais tenter de lui parler de celle qu'il aimait sans le blesser. Pourquoi est-ce que j'y tenais à ce point ? Aucune idée. Peut-être parce que … il paraît que parler des disparus peu soulager, d'une certaine façon. Parce que demander à Clyde d'évoquer de bons souvenirs pourrait peut-être l'aider … ou au contraire, cela renforcerait son amertume. Mais d'une manière ou d'une autre, je me devais d'essayer.

"Je ne voudrais pas vous blesser. Je me demande juste ... Ce qui vous a attiré vers votre femme. La façon dont vous l'avez rencontrée."

J'avais aussi un intérêt personnel à poser cette question. Parce que je me demandais juste, vraiment, ce que cela pouvait faire ... aimer quelqu'un, corps et âme. Une question digne d'une collégienne, oui. Mais à ma décharge … je n'avais eu qu'un seul amour, et j'étais alors bien trop jeune. Trop pour me rapeller de ce que j'avais pu éprouver.

"Mais, vous n'êtes pas obligé de me répondre, ajoutais-je précipitamment. Je suis parfois un peu trop curieuse. La vérité, c'est que ... j'ai rarement l'occasion de discuter calmement avec quelqu'un."

Du moins, sans parler de vengeance ou de tuerie.
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Clyde Anderson
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MessageSujet: Re: A l'intérieur de la Rose Noire   A l'intérieur de la Rose Noire Icon_minitimeMar 25 Fév - 19:47

Ayame s'était assise sur son fauteuil, sa tasse de thé à la main. Plutôt souriante et apaisé après sa crise de fatigue. Elle avait pris un cachet afin de se soulager.

"Oh, mais les médecins sont généralement les derniers à suivre leurs conseils. Personnellement, j'applique ce précepte à la lettre."

Décidement elle est coriace, malgré sa fatigue elle a encore la force d'utiliser l'auto-dérision.
J'esquisse un sourire, elle semble aller de mieux en mieux. Elle plongea dans ses pensées de nouveau, sûrement pour réfléchir aux dernières secondes qui viennent de s'écouler.
Ça doit être étrange voire déroutant de se faire aider par un détenu qu'on est censé ausculter. J'ai dû la déranger. Du coup j'hésite à formuler des excuses, même si je trouve que cela n'est pas vraiment nécessaire, simplement par respect comme elle le fit à mon égard.
Elle me regarde, fixement depuis quelques secondes déjà. Qu'attend-elle ?

"Vous savez ..."

Elle hésite à parler, je dois m'attendre à une question gênante. À peine a-t-elle repris ses esprits que déjà elle se torture et reprend son travail. Elle baisse les yeux, dévisageant sa tasse de thé.
Sa voix était enrouée, moins claire et douce que tout à l'heure. Que veux-t-elle me dire ?

"J'ai ..."

Ses yeux cherchent à se poser sur un point fixe, elle tortille ses cheveux du bout des doigts. Elle semble nerveuse. J'ai presque envie de lui dire que je m'en vais, pour la soulager. Mais peut-être qu'au fond ce n'est pas une bonne idée. Les récents événements montrent qu'elle n'est pas en bonne santé et si elle reste seule, il pourrait arriver quelque chose de grave. Je ne suis pas sûr que le gardien balafré resterait sagement derrière la porte toute la journée pour la surveillée.

"J'ai été ... séparée de ma fille. Dieu sait que je l'aurais retrouvée depuis longtemps, si je le pouvais."

Mince, pourquoi elle me dit ça ? Je comprends pourquoi elle se torturait, c'est un terrible aveu. Pourquoi me le dire, je ne suis qu'un détenu. Un patient pour elle. Alors, voilà la raison pour laquelle elle ne dort pas ? Pourquoi elle est venue ici. N'importe quelle mère n'aimerait pas vivre cela. Même la mienne. Est-ce pour cela qu'elle m'avoue sa séparation ? Elle veut me faire comprendre qu'une mère est toujours inquiète pour ses enfants...C'est surement vrai. La mienne doit l'être aussi.
Peut être devrais-je accepter son offre. Ou peut être pas. Je suis partagé, je vois bien que cela lui ferait plaisir de m'aider, mais je sais que si ma mère savait où je me trouve elle ferait tout son possible pour me sortir de là. Mais je ne veux pas. Il faut d'abord que j'accomplisse mon objectif, ensuite j'aviserais. Et puis Jack est en cavale, comment je pourrais lui expliquer la situation ? Elle ne comprendrait pas. Elle avait déjà du mal à comprendre notre père, à comprendre pourquoi il nous apprenait ce métier.
Non, je ne peux pas la revoir, pas encore. Je suis dans un stade de ma vie trop compliquée et cela ne ferait qu'aggraver les choses.

Ayame a perdue sa fille. Elle en pleure. C'est bouleversant, si j'avais su que cet entretien tournerai ainsi je ne serais peut-être pas venu. Mais maintenant je suis face à face avec mes problèmes. Et elle s'est également mise dans cette position.
Elle a mis du temps à avouer sa séparation, je doit être la première personne a qui elle l'avoue. Elle est vraiment seule, je suis bien la dernière personne à qui on voudrait se confier. Quelque part je suis touché par sa confiance, ou sa négligence. Elle doit vivre un calvaire au quotidien et se confier ainsi à un inconnu est en général le dernier recours.
Je lui en veux maintenant. Elle vient de poser un poids sur mes épaules, si je suis le seul à savoir cela, je suis alors chargé d'une lourde tâche, d'un lourd secret. Pourquoi m'a-t-elle dit ça ?

"Je ne sais pas quels rapports vous entretenez avec votre mère et je n'essaierais pas de remettre en doute vos paroles ou vos choix, monsieur Anderson. Elle sourit. Vous êtes suffisamment responsable pour savoir ce que vous voulez. Mais je tiens à vous dire que si vous changez d'avis dans quelques mois, ma proposition tiendra toujours."

Donc c'était bien pour me faire changer d'avis sur le fait de contacter ma mère ou non. Et bien, non mademoiselle Shizuka, je ne veux pas la contacter. Pas encore. Ceci dit, j'ai encore le temps d'y réfléchir. Ce n'est pas ma priorité, pour l'instant je n'ai qu'une envie c'est retrouvé la paix intérieure. Pour moi comme pour Elle. Ensuite, je pourrais continuer ma vie de détenu calmement. Après tout j'aurais que 59 ans lorsque je sortirais, ce n'est pas tellement vieux. J'aurais le temps de retourner dans mon pays pour y habiter et finir ma vie paisiblement. Avec tout le butin que j'ai amassé, j'ai de quoi subvenir à mes besoins pour un moment.
Le seul qui ne vivra peut-être plus jamais normalement c'est mon frère. Où est-il ? Que fait-il ? Je ne sais pas. En tout cas, tant qu'il est en cavale il ne pourra plus avoir une seconde de répits. Et c'est ma faute. C'est moi qui lui ai dit de partir, s'il était resté, il serait ici. Mais je ne l'aurais pas accepté, il mérite de vivre libre. Pas enfermer comme un lion dans une cage.
Ayame se repositionne comme elle l'était avant, les jambes croisées, la tasse délicatement posée sur ses genoux. Prête à entendre tout et n'importe quoi, qui pourrait sortir de ma bouche. Elle me regarde. Cette fois j'ai ma petite idée sur ses attentes, après son aveu elle doit s'attendre à ce que je lui rende l'appareil. Après tout, il y avait comme une sorte de pacte entre nous, depuis le début de cet entretien chacun avouait quelque chose et l'autre surenchérissait avec un aveu également.
Et étant donné la gravité de son aveu, elle va surement vouloir parler...d'Elle...Est-ce que j'en saurais capable ? Je ne pense pas, même dans mon esprit c'est impossible, alors par la parole je n'imagine même pas. Impossible. Désolé, je ne peux plus jouer.
Moi qui voulais garder un contrôle total de cette rencontre, me voilà face à face avec mon plus gros problème, si on peut qualifier cela de problème.
Elle baisse les yeux sur sa tasse qu'elle triture entre ses doigts.

"Je sais qu'il est difficile de perdre une personne à laquelle on tient vraiment. Une personne pour qui l'on pourrait donner sa vie, sacrifier tout ce que l'on possède. Mais j'aurais beau essayer, je ne peux … qu'imaginer ce que vous ressentez."

La voilà, je l'attends sa fameuse question. Celle qui a l'air de lui brûler les lèvres. Allez-y, posez la moi. Qu'attendez-vous ?
Une sorte de colère monte de mon ventre jusqu'au cerveau. Un énervement soudain. Il faut que je garde mon calme, mes petites crises de tout à l'heure se sont faites remarquée et si je me mets en colère contre elle, cela ne serait pas juste. Elle m'a avouer son plus terrible secret, il serait normal que je lui dise le mien... Non, elle ne doit pas savoir. C'est peut-être écrit sur mon dossier, certes, mais je m'en fiche, je ne veux pas en parler. Pas maintenant, pas ici, pas avec elle. Non... Ce serait trop compliqué. Il faudrait que je recommence l'histoire depuis le début et je n'en ai pas envie.
Mon poing se serre de nouveau, je tente de me calmer.
Aller posez-moi votre question avant que mes nerfs lâchent.

"Je ne voudrais pas vous blesser. Je me demande juste ... Ce qui vous a attiré vers votre femme. La façon dont vous l'avez rencontrée."

Sa voix était redevenue douce à mes oreilles. Malgré la colère qui est en moi, j'arrive à ressentir la douceur et l'envie d'aider qui émane de sa voix et de ses paroles. Elle veut que je lui explique comment j'ai rencontré Clarisse...
La colère était toujours présente, mêlée à la joie de revoir certains bons souvenirs. Ma pièce n'avait jamais tournée aussi vite entre mes doigts. Je suis énerver. Mais pas au point de lui balancer à la figure toute ma rage contenue tout ce temps. Je dois reprendre mes esprits et vite. Retrouver mon engouement habituel et lui répondre avec nonchalance, ne pas montrer mon véritable visage. Pas encore. Réserve ta rage pour l'Assassin. Elle n'y est pour rien, c'est son travail de chercher à résoudre les problèmes des autres. C'est sa être une psychologue. Et maintenant que tu y es c'est peut- être le moment de te ressaisir et combattre ce chagrin qui te tourmente. Aller, dis-lui. Dis-lui comment tu l'as rencontré.

"Mais, vous n'êtes pas obligé de me répondre. Je suis parfois un peu trop curieuse."

Elle s'est empressée de me dire cela. Elle a dû remarquer mon changement d'humeur soudain. Pas besoin de le nier, je ne suis peut-être pas assez doué pour dissimuler mes sentiments après tout. À moins que ce ne soit elle qui me rende ainsi... Non, c'est stupide. C'est son travail d'analyser les personnes qui sont face à elle, c'est une habitude à prendre. Comme je l'ai prise également.
Que lui dire. Dois-je lui parler du restaurant ? De ce fameux automne ? Certainement. Peut-être que cela me ferais du bien, ou peut être pas.

« Non ne vous inquiétez pas mademoiselle. J'ai...J'ai rencontré C... Ma voix s'efface petit à petit. Je n'arrive plus à parler. J'ai rencontré Clar..isse... dans un restaurant. C'était l'automne et les feuilles orangées tombaient déjà sur les routes. Une mélancolie s'installe au fond de ma gorge. Avec mon frère nous nous étions arrêtés pour dîner. C'est en voyant la serveuse, que j'ai eue un coup de foudre, c'était elle, ses yeux m'ont envoûtés, c'est la première chose que je regarde chez une femme. C'est le genre de choses qu'on n'oublie pas... Jamais... Elle s'est plainte de ses conditions de travail, de son patron qui l'exploitait et qui adorait employer de jeunes filles, pour sa satisfaction. Alors, on a décidé de s'enfuir ensemble. Et c'est à partir de ce moment-là que notre histoire à... »

Ma voix s'est effacée tout à coup. Je baisse la tête, cherchant à tout prix à échapper au regard d'Ayame. Une larme roule sur ma joue droite. Je la sens qui coule lentement et finit par tomber sur ma main.
De nouveau la colère me reprend et m'étouffe. Ma gorge se serre, mon poing également. J'ai du mal à contrôler mon esprit et tous les souvenirs qui s'entrecroisent. Les bons comme les mauvais.
Puis son visage revient, l'Assassin, son sourire sadique, ses yeux sombres. Tout me revient en tête. Une déferlante d’événement se bouscule dans mon crâne qui surchauffe. Je ne peux m'empêcher de m'énerver. Finalement, un seul mot résonne dans ma tête ''Vengeance''.

« Mademoiselle Shizuka, je vous jure que vous devriez surveiller votre nouvel arrivant. Il pourrait ne pas vivre bien longtemps parmi nous. C'est une promesse, croyez-moi. »

J'avais posé mon regard sur elle et avait prononcé ces mots avec colère. Ma rage était contenue, mais pas assez pour que je garde entièrement mon calme. Ce n'était pas de sa faute. Elle voulait faire son travail, se montrer courtoise et aimable à mon égard.
Non, la faute revient à cet homme. C'est lui qui doit payé pour ses crimes. C'est lui que je tuerais sans remords, sans crainte, simplement par rage de venger celle qu'il m'a pris.
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Ayame Shizuka
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MessageSujet: Re: A l'intérieur de la Rose Noire   A l'intérieur de la Rose Noire Icon_minitimeMer 26 Fév - 22:47


"Non ne vous inquiétez pas mademoiselle. J'ai...J'ai rencontré C... J'ai rencontré Clar..isse... dans un restaurant."

Malgré qu'il m'indique que je n'avais pas à m'inquiéter, j'avais un certain mal à garder tout mon calme. C'était en partie une histoire de conditionnement, bien sûr. Généralement, il valait mieux que j'évite de provoquer mes patients. Et, comme Anderson semblait l'avoir comprit, la colère des autres me faisait craindre le pire.
Pourtant, cette fois-ci, quelque chose me touchait plus que sa colère. Il semblait accablé. Au point de ne penser qu'à la mort de sa femme, à l'instant où on lui parlait de la vie de cette dernière. Au point même de peiner à prononcer son nom. Comme si sa simple évocation était bien trop douloureuse. Et après tout ... ça ne pouvait qu'être le cas ...

"C'était l'automne et les feuilles orangées tombaient déjà sur les routes. Avec mon frère nous nous étions arrêtés pour dîner. C'est en voyant la serveuse, que j'ai eu un coup de foudre, c'était elle, ses yeux m'ont envoûté, c'est la première chose que je regarde chez une femme. C'est le genre de choses qu'on n'oublie pas... Jamais..."

'Un coup de foudre' ... ? J'avais du mal à croire à ces choses-là. Aimer une personne, au premier regard, me semblait impossible. La trouver attirante pouvait bien sûr faciliter un rapprochement. Mais ... Dans mon esprit, 'attirance physique' ne signifiait pas 'amour'. Sans quoi, autant le dire clairement, j'aurais eu le cœur brisé plus d'une cinquantaine de fois.
Pourtant, le voleur parvint remarquablement à me faire oublier mon scepticisme. Pourquoi ? Peut-être parce qu'après tout, il semblait sincère. Et je n'avais pas la science infuse. Je ne pouvais pas juger de tels sentiments.

"Elle s'est plainte de ses conditions de travail, de son patron qui l'exploitait et qui adorait employer de jeunes filles, pour sa satisfaction. Alors, on a décidé de s'enfuir ensemble. Et c'est à partir de ce moment-là que notre histoire à..."

'Décidé de s'enfuir ensemble'. Une vision bien romantique des choses ... En même temps, ma vision était sans doute obscurcie par mes souvenirs. Était-ce ce qu'il ressentait ? Était-ce cela, aimer ? Croire aux contes de fées, aller jusqu'à pleurer pour quelqu'un d'autre ?
Pleurer ...
Il détourna le visage, comme si ... Comme si cette larme lui faisait honte, comme s'il devait la cacher. Est-ce qu'il faisait partie de ceux qui considéraient les pleurs comme des marques de faiblesse ? Là où moi, je ne voyais qu'une trace d'humanité ? Peut-être.
Je déposais ma tasse sur le bureau et me levais, contournant ce dernier. Je dus me pencher pour ouvrir le tiroir, duquel je tirais une boîte de mouchoirs. Je la déposais sur mon plan de travail, la fis glisser vers Anderson ... en prenant soin de ne pas croiser ses yeux, mordant ma lèvre d'un geste embarrassée. J'étais tentée de lui parler, d'effleurer son épaule, d'essayer de le réconforter. La tentation était forte. Mais pourtant ... pourtant, je n'en fis rien. Il risquerait de considérer ces actes comme une atteinte à sa fierté. Ou pire, une tentative de rapprochement inappropriée.

Sa voix s'était éteinte, comme s'il ne pouvait plus en parler. Je m'apprêtais à regagner ma place, mais ...
Son regard me figea. La couleur noisette de ses prunelles avait pris une teinte dangereusement haineuse. Il me fallut quelques secondes pour réaliser qu'elle ne m'était pas dirigée. Pourtant, par réflexe, mes mouvements se firent plus prudents.

"Mademoiselle Shizuka, je vous jure que vous devriez surveiller votre nouvel arrivant. Il pourrait ne pas vivre bien longtemps parmi nous. C'est une promesse, croyez-moi."

Je me contentais de me rasseoir, calmement, sans le quitter des yeux. Hochant à peine perceptiblement la tête. La haine ... Je connaissais ce sentiment, même si je ne la ressentais pas aussi souvent que je le devrais, ni aussi intensément. Sur ces cinq dernières années, je ne l'avais ressentie qu'une seule fois, en réalité. Quand Allesbury m'avait parlé, un sourire malsain aux lèvres, de l'assassinat de Wendy North. Mais c'était sa question, à elle seule, qui m'avait donné envie de le tuer. L'espace d'un instant, j'avais voulu le voir agoniser, mourir à petit feu, en proie à une douleur intense. Je voulais le voir souffrir, s'étouffer dans son propre sang. cette simple pensée me faisais frissonner de terreur. Je détestais l'idée de ressentir autant de ... de colère. Pourtant, est-ce que je souhaiterais encore sa mort, si le Lord n'avait pas totalement renversé la situation ? S'il ne m'avait pas étouffée dans ma propre peur ? Sans doute. Et pourtant, il n'avait fait que poser une question, une seule ...

Anderson, lui, avait perdu ce à quoi il tenait le plus au monde. Je ne pouvais pas juger sa colère. J'avais du mal à croire qu'elle n'était pas en partie dirigée contre moi, et je la craignais. Comme je craignais la colère de n'importe qui. Mais comme il le disait si bien, il s'était fait une promesse. Je ne voyais vraiment pas comment j'aurais pu le convaincre d'y renoncer ...
Je récupérais ma tasse, la déposant sur mes genoux. Fermant les doigts sur la porcelaine, pour rester en contact avec cette chaleur rassurante.

"Et je ne chercherais pas à vous en dissuader ... ce ne serait pas utile, n'est-ce pas ?"

Après tout, j'avais mes propres déficiences. Oui, je détestais la violence. Peut-être était-ce pour cela que je n'y répondais jamais. Je détestais la violence, et je n'aimais pas ressentir des émotions telles que la colère, le mépris, la haine. J'avais même ... je crois que l'on pouvait le dire, la plus grande difficulté à les ressentir. Le seul à avoir fait flancher ce trait de ma personnalité avait dû me pousser à bout, et il en avait fallut beaucoup pour cela. Il avait fallut qu'il combine l'angoisse que provoquait sa présence, l'indignation que provoquait ses mots, et le ton narquois de sa question. Et même comme ça, j'avais encore du mal à comprendre comment, pourquoi je m'étais emportée.
Je me souvenais même d'un psychiatre, quand j'étais plus jeune, qui avait cru voir dans mon comportement - de son point de vue trop doux, trop sensible, trop angoissé en société - un trouble de la personnalité schizotypique. Mais, entre nous, cet homme-là n'était pas doué et faisait preuve d'un certain narcissisme. Je ne souffrais d'aucun délire, je ne me voyais aucune pensées étranges de type mystique/magique, ou de comportements particulièrement étrange ...
Tu t'égares, Ayame, tu t'égares. Ce n'est pas correct de juger tes confrères, surtout quand il ne sont pas là pour répondre de leur erreurs.

"Dire que je comprends votre haine ... Serait peut-être exagéré. De par mes propres déficiences, je ne peux pas juger de son degré de justification."

En revanche, il y avait une chose que je pouvais lui demander. Ma voix s'était faite encore plus calme, douce. Je la voulais apaisante, et pas seulement pour calmer la colère qui le tiraillait. Bien que je n'apprécie pas cette constatation, il était clair que je me souciais de cet homme. Comme pour tous ceux qui constituaient mes patients. Est-ce que continuer cette discussion, malgré sa souffrance visible, n'était que pur égoïsme ? Bien sûr, il y avait de cela ... parce que je n'avais pas envie de m'isoler. Mais, je me souciais réellement de sa réaction, de ce qu'il pourrait vivre et subir ici ...
J'appréciais réellement de discuter avec lui. Pourquoi ? Peut-être parce qu'il était l'un des rares à ne pas chercher à m'effrayer, et à sembler se gérer. L'un des rares, aussi, à répondre réellement à mes questions. Et dans sa façon impressionnante de se contrôler, il y avait quelque chose d'apaisant.
Quelque chose qui m'échappait, là encore. Leur raisonnement, à tous, m'échappait. Je faisais pourtant mon possible pour le comprendre. Étais-je socialement inadaptée ? Ou simplement prisonnière des limites que je m'étais fixée ?

"Je me pose juste ... une question. Et après ?"

Que ferait-il, après ? Il avait perdu sa famille et sa liberté. Il ne lui restait que deux choses : sa vie et son corps. Et il risquait de devoir se battre pour les garder, ici. Et si cette motivation ne lui était pas suffisante ? Si sa haine l'aidait à surmonter son chagrin ? Comment réagirait-il quand il n'aurait plus personne contre qui la diriger ?
Et puis, il y avait autre chose ... Il avait tenu une conduite exemplaire, jusqu'ici. Il n'aurait sans doute pas la possibilité d'une liberté conditionnelle, mais ... avec quelques mots dirigés à la directrice, peut-être pourrait-il, dans quelques années, troquer son uniforme de détenu contre celui de gardien surveillé ? Il aurait peu de libertés supplémentaires, bien sûr. Mais son courrier ne serait plus contrôlé. Il pourrait quitter l'enceinte, pour peu qu'il soit accompagné. Une façon plus agréable de terminer sa peine.

En revanche, s'il tuait ici, entre ces murs, alors qu'il purgeait déjà une peine pour meurtre ... il risquait de perdre cette possibilité.

"Après vous être vengé, monsieur Anderson. Que ferez-vous ?"


Je ne pourrais pas vous dissuader de tuer cet homme. Il n'y avait pas besoin d'être douée pour le deviner. En revanche, je pouvais toujours me soucier de savoir ... m'assurer que votre haine ne soit pas votre seule raison de vivre. Un trop grand nombre de ceux que je pouvais voir finissaient déjà par mourir, ou par se laisser détruire par cet endroit.

"Comprenez bien que je ne veux pas vous dissuader, je ne tente pas de vous convaincre. J'essaie seulement ... de comprendre. De vous comprendre."
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MessageSujet: Re: A l'intérieur de la Rose Noire   A l'intérieur de la Rose Noire Icon_minitimeLun 3 Mar - 23:57

Après mes paroles un peu sèche, elle s'assoit calmement, sans quitter ses yeux des miens. Ma provocation ne semble pas l'atteindre au contraire, elle semble calme.
Elle était plongée dans ses pensées. Ma colère diminuait petit à petit au fur et à mesure que je me disais qu'elle n'y était pour rien et que je devais reprendre mes esprits. Ce n'est pas le moment de flanché, pas encore. Elle hoche la tête, comme pour approuver mon propos.
Je me demande si elle va véritablement le faire, si elle va prévenir les gardiens qu'un meurtre est en préparation. Son visage s'est renfermé. Depuis le début de l'entretien, ce visage est récurrent. Elle pense à chaque fois à la même chose ? Tout à l'heure c'était à cause de sa fatigue. Ce regard... elle ne le remarque pas, mais il est assez renfermé pour comprendre que ses pensées sont douloureuses et qu'elle ne souhaite qu'une chose. S'en débarrasser. De mauvais souvenirs mademoiselle ?

"Et je ne chercherais pas à vous en dissuader ... ce ne serait pas utile, n'est-ce pas ?"

Oui, cela serait peine perdue. Je suis bien déterminé à en finir avec Albert Mirttle. Quoi que vous fassiez, quoi qu'il se passe, je me vengerai. C'est irrévocable.
Mirttle... celui que j'appelle l'Assassin depuis ce fameux jour à enfin un nom. Mon frère est un bon informateur je dois dire. Malgré les risques qu'il a pris, il a réussi à me faire passer un message. Même si celui-ci est connu de l'administration, tant que je connais le nom de cet enfoiré, j'en suis satisfait. Quand est-ce qu'il sera a Deardeath, je n'en sais rien. Je resterai patient, après tout, la vengeance est un plat qui se mange froid. Un dicton plutôt bien choisi pour l'occasion.
Ayame est dans ses pensées, elle pose un regard sur moi.

"Dire que je comprends votre haine ... Serait peut-être exagéré. De par mes propres déficiences, je ne peux pas juger de son degré de justification."

Sa voix avait repris son timbre doux. Des déficiences ? Une psychologue ayant des déficiences n'est-ce pas là un comble ? Un peu plus le mystère de ce fameux regard s'éclaircis. Si elle me parle de déficience, c'est peut-être un problème traumatique. C'est la raison la plus plausible que je puisse trouver, cela expliquerai pourquoi elle ne dort pas et pourquoi elle ne cesse de penser à la chose qui lui est arrivée. Sa séparation avec sa fille est peut-être la cause, ce serait une raison valable. Est-ce la pensée de savoir que sa fille est loin, qui la rend aussi renfermée sur elle-même ? Je comprends sa solitude. Elle ne mérite pas ce genre de vie. À moins qu'il y ai autre chose. Mais j'en doute, je ne vois rien de plus traumatisant que la perte d'un proche.

Mes pensées sont réellement le seul refuge qu'il me reste, j'en oublie presque qu'il y a quelques minutes j'étais en colère et triste à la fois. Me revoilà en pleine forme, analysant les paroles d'Ayame, comme si rien ne s'était passé.

"Je me pose juste ... une question. Et après ?"

Elle essaye d'avoir une voix encore plus douce. Après ? Comment sa après ?

"Après vous être vengé, monsieur Anderson. Que ferez-vous ?... Comprenez bien que je ne veux pas vous dissuader, je ne tente pas de vous convaincre. J'essaie seulement ... de comprendre. De vous comprendre."

Après m'être venger, je vivrais tout simplement. Ma conscience serait soulagée d'un lourd fardeau, j'aurais obtenu gain de cause. Et l'esprit de Clarisse sera enfin en paix... Tout ça j'aurais aimé lui dire.
Mais je doute qu'elle comprenne, ou alors d'une autre manière que celle dont j'entends. Je ne veux plus vivre avec ce souvenir. Je veux enfin passer outre, me dire que c'est du passé. Pas continuer ma vie comme si de rien n'était, je ne pourrais pas, ce serait impossible.
Mais au moins, Clarisse ne seras pas morte pour rien.

''Et bien, je resterai ici. À déguster votre thé de temps en temps, à aller à la salle de musculation, à lire des livres. En clair, je vivrais. J'aurais racheter ma faute, mademoiselle Shizuka.''

Oui, mes pensées avaient finalement pris le dessus sur ma raison. J'ai dit la vérité, la simple vérité. Ce que je ferais réellement. Mon acte ne sera pas anodin, je serais certainement envoyé en cellule d'isolement pour un temps indéterminé. Ma peine sera rallongée également. Mais c'est un risque à prendre pour être, en quelque sorte, libre.
Et puis un criminel qui en tue un autre, finalement quelle différence il y a ? C'est un prisonnier en moins à surveiller après tout.

''Puis, je vais rester ici encore trente et un an et cinq ou six mois. Même si ma peine est rallongée après cet acte, la moitié de ma vie se trouve ici. Ensuite, vous pourrez envoyer ce fameux message à ma mère, vu que cela vous tient à coeur.''

Je lui souris, j'étais très calme et apaisé contrairement à tout à l'heure. Serait-ce elle qui me rend ainsi ? Ou simplement le fait que je sente ma vengeance proche et ma ''délivrance'' avec. Peut-être les deux, allez savoir.
Elle me regarde, elle semble étonné de ma réponse. Elle ne s'attendait peut-être pas à ça.

''Vous pensiez que je ferais quoi ?''
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MessageSujet: Re: A l'intérieur de la Rose Noire   A l'intérieur de la Rose Noire Icon_minitimeMer 5 Mar - 14:13


''Et bien, je resterai ici. À déguster votre thé de temps en temps, à aller à la salle de musculation, à lire des livres. En clair, je vivrais. J'aurais racheté ma faute, mademoiselle Shizuka.''

Je baissais les yeux un instant, cherchant à saisir ce qu'impliquaient les mots du voleur. 'Racheter sa faute'. De quelle faute pouvait-il parler ? Aux yeux de la loi, il était coupable de nombreux délits. Entre les vols, les meurtres ... Pour autant, quelque chose me poussait à me dire qu'il ne regrettait pas sa carrière. J'avais l'impression qu'il ne regrettait qu'une chose : le fait que son dernier braquage ait mal tourné. Alors, quelle faute cherchait-il à racheter ?

''Puis, je vais rester ici encore trente et un an et cinq ou six mois. Même si ma peine est rallongée après cet acte, la moitié de ma vie se trouve ici. Ensuite, vous pourrez envoyer ce fameux message à ma mère, vu que cela vous tient à cœur.''

"Vu que cela vous tient à coeur". Je portais la tasse à mes lèvres. Il m'avait dit que son 'métier' le poussait à analyser et à cerner les gens rapidement. Je le croyais, bien sûr. Mais cette fois-ci, il faisait une erreur ...

J'utilisais mes émotions, bien plus que ma raison. Il ne fallait pas un sens aigu de l'observation pour le deviner. Mais,il était facile de se tromper sur la raison pour laquelle je le faisait. Ce n'était pas pour m'impliquer personnellement, mais pour tenter de comprendre la personne qui me faisait face. Je connaissais très bien mes angoisses, même si je peinais à les maîtriser. Je savais exactement ce qui posait problème dans mes attitudes, dans ma façon de ressentir les choses, et dans mon vécu. Alors, même si je me permettais parfois de faire des rapprochements, d'exprimer mon avis ... je savais faire en sorte de ne pas mélanger mes ressentis et ceux des autres.

En l'occurrence, ce que je ressentais pour Sae et ce que la mère de Clyde pouvait ressentir pour ce dernier ... n'avait rien à voir. Comme je l'avais dit : je ne cherchais pas à le faire changer d'avis. Il était suffisamment grand pour savoir que faire. J'avais simplement voulu exprimer mon point de vue sur la question. La proposition que je lui avais faite avait simplement trouvé sa place parce que ... Parce qu'il s'agissait d'une proposition que j'aurais faite à tous les détenus, si je le pouvais. Mais en me voyant agir, il était bien sûr facile de penser que je confondais mes problèmes, mes ressentis avec ceux des autres.

En y réfléchissant, à quoi aurais-je du m'attendre ? Ces derniers temps, je dévoilais bien trop facilement mes pensées. Ce n'était pas professionnel. Je devais me recentrer, le plus vite possible. Peut-être devrais-je faire une sortie, essayer de m'amuser ... comme autrefois. Cela me permettrait de me détendre, de fixer les compteurs à zéro. Ou presque. Et si je n'étais pas seule, je n'aurais aucun risque de déraper ... Je demanderais peut-être à Isaac de m'accompagner.
Je reposais la tasse sur mes genoux, rangeais une mèche sa juste place.

''Vous pensiez que je ferais quoi ?''


Avais-je l'air vraiment surprise ? Sans doute. 'L'homme àla Rose Noire' allait devoir se battre, se protéger pendant plus de trente ans. Il ne vivrait plus, il survivrait. Et ... et cela lui convenait. Ce n'était pas tant sa réponse qui me surprenait, que ce que je déduisais de ses paroles. Le reconnaître n'était pas professionnel, loin de là, mais ... j'admirais, autant que j'enviais son attitude. Le fait qu'il sache se contrôler, que malgré sa peine ... il lui reste suffisamment de courage, d'envie pour se battre. Je répondis à son sourire, mais ma voix n'était pas vraiment stable.

"En toute honnêteté ... ? Je ne sais pas."


Ou plutôt, je le savais. J'avais craint qu'il ne voie dans sa haine une échappatoire, quelque chose à quoi se raccrocher. Mais craindre qu'il ait cette réaction ne signifiait pas penser qu'il l'aurait. A l'inverse, c'était comme si ... Comme s'il avait hâte de se débarrasser de sa colère, ou plutôt de celui qu'il la provoquait.
Restait à savoir ...Ce que je ferais de cette information.

"Tout ce que je sais, c'est que certaines personnes ont besoin de haïr pour vivre. Je pense que ... le fait que ce ne soit pas votre cas devrait être une bonne chose."

Mais, cette constatation me mettait aussi dans une posture délicate. J'étais sensé évaluer les risques de récidives, notamment en termes de meurtre. Et en rendre compte à la directrice ... Anderson aurait du mal à se venger s'il devait être surveillé presque en permanence. Alors ... Devais-je signaler ses attention?
Je ne parvenais pas à considérer, à envisager qu'une mort puisse être justifiée. Même lorsque Ombrage m'avait demandé si elle pouvait tuer Allesbury, je n'avais pas su dire 'oui'. Clyde semblait avoir besoin de cette mort pour avancer, du peu que je comprenais. Son avancée justifiait-elle la mort d'un autre ?

Et pourquoi est-ce que je me posais la question ? Je n'étais pas payée pour juger de ce que j'allais dire ou non à ma hiérarchie ! J'étais payée pour obéir, un point c'est tout ... Je ne m'en étais pourtant pas fait un cas de conscience, lorsque j'avais rédigé mon rapport sur Cian ! Alors comment, pourquoi ? Étais-je désespérée au point de considérer que parce qu'il n'avait pas tenté de m'effrayer, je pouvais faire une exception pour Anderson ? Non.
J'étais soulagée, peut-être même ... heureuse de pouvoir parler avec quelqu'un, calmement. Mais je ne ressentais ni gratitude, ni pitié ... Alors quoi ?
Je me pris à détourner le regard, crispant ma main valide au point de planter mes ongles dans ma paume. Détournais les yeux, refusant l'idée que le voleur perçoive la colère qui devait paraître dans mon regard. Je devais respirer, m'apaiser. Réfléchir. Arrêter avec ces réactions dignes d'une ado en pleine crise identitaire ! Autant ... Autant être honnête, tout simplement.

"Je devrais ... signaler vos attentions à ma hiérarchie."

Je devrais, oui. Avais-je envie de la faire ... ? Non. Mais ce choix me serait facile, si j'oubliais que la personne qu'il voulait tuer ... Avait peut-être de la famille, lui aussi. Était une personne, tout simplement. Si je me basais uniquement sur mon ressenti, mes sentiments, mes pensées du moment ... Il me serait facile de faire abstraction. Mais par la suite, il y aurait des conséquences à assumer. Je savais que je détesterais être liée à un meurtre, sans rien avoir fait pour l'empêcher. Parce que ... Je détestais la violence, tout simplement.
Mais ...

Tant pis. Après tout, posséder un cas de conscience en plus ou en moins ... J'étais arrivé à un stade où je ne pouvais plus les compter. Oui, je me rendais complice d'un crime. Mais, de toute manière ... Quelle différence cela pouvait-il faire ? À ma façon, j'étais déjà condamnée.

Je me levais, reposais ma tasse sur le bureau. Me dirigeais vers l'armoire, récupérant un carton au bas de celle-ci. Ce carton ? Celui où je rangeais simplement toutes mes archives. Les dossiers de détenus décédés, où dont le profil ne présentait pas suffisamment de dangerosité pour que je juge ... utile, de les faire surveiller. Je saisis le dossier d'Anderson, le rangeant simplement à plat sur les autres. Reposais le carton derrière mes classeurs.
Et après avoir refermé les portes de bois poli, j'appuyais mon dos contre ces dernières. Dévisageait le voleur.

"Essayez de rester discret, Anderson ... la lettre que vous avez reçue passera pour une plaisanterie."


Ou du moins, elle se ferait oublier.
Tu es folle, Aya. Et ton professionnalisme, hein ?
La ferme. C'est parce que j'essaie de rester professionnelle que je suis marquée comme du bétail, et au bord de la crise de nerfs. J'en ai assez d'obéir ...
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MessageSujet: TAKE RISK   A l'intérieur de la Rose Noire Icon_minitimeLun 7 Avr - 23:01

Ma question était rhétorique, je n'attendais pas vraiment de réponse de sa part. Je me doute bien qu'elle s'attende à ce que je tue et me suicide comme le ferais n'importe quel détenu sans volonté de vivre et seulement de tuer. Ce n'est pas mon cas, si je pouvais passer outre la nécessité de tuer je le ferais. Mais ce ne serait pas une véritable vengeance, l'Assassin a blesser mon frère et tuer celle que j'aimais... Son geste ne pouvait rester impuni. Non pas que j'ai un quelconque sens de la justice, mais quand on prend une vie innocente ou non, on paye. C'est ce que mon père me disait toujours et ce que je ferais.

"En toute honnêteté ... ? Je ne sais pas."

Tiens donc. Son ''je ne sais pas'' sonne presque comme une allusion, un sous-entendu. Je ne me suiciderai pas Ayame, ayez confiance. Je ne fais pas partie de ce genre de détenu.

"Tout ce que je sais, c'est que certaine personne ont besoin de haïr pour vivre. Je pense que ... le fait que ce ne soit pas votre cas devrait être une bonne chose."

Elle semble parler tout en pensant, un exercice plutôt complexe à ce que je vois. Finalement, moi qui ne voulais rien lui dire. J'en ai beaucoup trop dit. À tel point que j'en ai oublié qu'elle était psychologue et que son métier était d'essayer de comprendre ce qu'il pouvait se passer dans ma tête. À vrai dire, avec tous mes aveux, il serait difficile de ne pas comprendre mes véritables intentions et la nécessité qui se heurte à moi.

Je lui ai parlé comme je l'aurais fait, avec Elle. Un besoin inconscient de parler peut-être. Cela fait un moment que je n'ai pas eu de discussion censé avec quelqu'un. Mis à part quelques menaces ou parfois quelques moqueries envers les gardiens.

Ayame semble perdue dans ses pensées, d'ailleurs son visage reste assez expressif malgré sa retenue. Si je pouvais lire dans ses pensées j'aurais peut-être le son en plus de l'image. Un silence s'installe dans le bureau. Un silence pesant. J'ai du mal à le supporter.
Que devrais-je faire ? Lui répondre ? Et risquer de dire trop de choses, encore ? Après tout, ''Take Risk'' comme on dis. Que serais la vie sans risque ?

« Je ne me suiciderai pas, si telle est votre question. Je n'en vois aucun intérêt puis, je n'aimerais pas finir mes jours en prison. »

Une réponse qui ne changea rien à sa réflexion. Elle leva simplement les yeux pour me regarder avant de replongé dans ses pensées. Que pouvait-il accaparé ses pensées à ce point ?

"Je devrais ... signaler vos attentions à ma hiérarchie."

Oh ! Voilà ce qui la dérange tant que cela. C'est vrai que maintenant qu'elle est au courant elle doit-être pris en plein dilemme moral. Je comprends pourquoi elle n'a pas daigné me répondre. Le choix doit être terrible, sa hiérarchie ou la vengeance d'un détenu au prix d'une quelconque accusation de complicité. La directrice de cet établissement est si effrayante que cela ? À moins qu'elle craigne d'être battue, encore plus que ce qu'elle l'est. Je l'ai mise dans une sale situation.

Va-t-elle choisir la sincérité ou le risque ? Honnêtement et non pas que cela pourrais jouer en ma faveur, j'aimerais qu'elle prenne le risque. Pour une fois qu'elle en a l'occasion, il serait bête de ne pas saisir l'occasion. Mais c'est une psychologue et je crains qu'elle prenne la décision de la sincérité, ce serait tellement logique. Ses origines comme son éducation m'indique cette hypothèse, mais après tout elle assez courageuse pour être venue ici.

« Faites-le si c'est nécessaire mademoiselle Shizuka. »

Et si je tue, qui aurait l'idée d'inculpé la psychologue ? Certes, ce serait une faute professionnelle de ne pas avoir deviné mes intentions, mais après tout, ce ne serait pas elle la plus châtier pour un tel acte. Elle n'a rien à se reprocher. C'est un choix qui m'appartient.

Elle se lève lentement, reposant sa tasse sur le bureau. Elle se dirige vers l'armoire. Je la suis du regard sans dire un mot. Que fait-elle avec ce carton ? ''Dossier...'' Je n'arrive pas à lire la suite.
Elle saisit mon dossier, alors posé sur le bureau pour le mettre dans ce carton. Et le reposa à son emplacement. Je n'ai pas lu ce qu'il y avait d'écris, toujours est-il qu'elle ne la pas ranger dans le carton ''Détenu dangereux'' c'est déjà ça. Elle s'appuie contre l'armoire, me fixant de ses yeux mauves.
Serait-ce un message subliminal pour me dire qu'elle a choisie la voie du risque ? Plutôt intelligent... Sauf qu'une pensée me viens à l'esprit... Et si depuis le départ nous étions sur écoute ? Et que tout cela n'était qu'une mise en scène pour vérifier mes aptitudes ?... J'en doute fortement, elle semblait véritablement fébrile, ceci dit cette pensée me triture l'esprit...

"Essayez de rester discret, Anderson ... la lettre que vous avez reçue passera pour une plaisanterie."

Rester discret, parfait. Au moins cela réfute l'hypothèse de la mise sur écoute, elle ne diraitpas ça, si c'était le cas. Elle a mis beaucoup trop de temps pour faire la part des choses entre son intégrité et son amour du risque, qui m'étonne beaucoup d'ailleurs, je ne pensais pas qu'il prennais une place aussi importante dans sa vie. Et ce serait imbécile de sa part de se vendre aussi facilement.
Quoi de mieux que de rester discret jusqu'à l'heure fatidique ? Au moins je serais tranquille personne ne me surveillera et ça je le dois à Ayame. Je la remercie amplement.
Je me lève à mon tour, fixant la psychologue des yeux. Rangeant mon fauteuil à l'emplacement dans lequel je l'avais trouvé en arrivant. J'esquisse un sourire.

« Mademoiselle Shizuka, ce fut un plaisir de vous avoir rencontré et discuter avec vous à était très...plaisant. Et votre thé est délicieux, vous ne m'en voudriez pas si je venais vous volé une tasse de temps en temps ? »

Elle se mit à sourire également. Un très beau sourire soi dit en passant.

« Ne vous inquiétez pas, je serais discret. »

Je tendis ma main vers elle, un ''au revoir'' assez formel pour deux personnes s'étant échangé tant de souvenirs presque intimes. Elle saisit ma main également. Me saluant à son tour, baissant la tête comme elle l'a fait à mon arrivée. Les traditions restent les traditions après tout.
Je tourne les talons, me dirigeant vers la sortie. Mais quelque chose me retint, comme si j'avais oublié quelque chose. Je vérifiais ma poche avant et ma pièce n'y était plus. Je me retourne dirigeant mon regard vers le sol. La voici. Avec toute cette agitation et ces pensées qui m'avaient assaillis dans cet entretien, j'en avais oublié que ma pièce porte-bonheur était entre mes doigts. Elle avait dû glisser. Je m'approche pour la ramasser mais est devancer par la main d'Ayame, qui me la tendit.
Je prends ma pièce et l'enfourna dans ma poche. Souriant de nouveau à la psychologue.

Je repars vers la sortie, où le gardien balafré ayant certainement entendu nos pas avait ouvert la porte. Je me retourne et regarde de nouveau Ayame.

« Ah oui ! Mademoiselle Shizuka, Take Risk. Retenez simplement ces deux mots. ''Take Risk'' Vous en aurez grand besoin je pense, vous avez l'air fatigué et un peu triste. La vie est courte pour avoir des problèmes qui nous rongent. Il faut savoir prendre des risques. »

Et c'est sur ces mots que je franchis le seuil de la porte et que le gardien la referme derrière moi.
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