Le reste de ma journée avait été morne. Rien, seulement la routine qui reprenait son cours. Et puis, au vu de cette blessure, je ne pouvais plus vraiment faire tout ce que j'aurais souhaité. Finalement bien avant la fin de ma journée, je m'accordais une pause. J'étais lassé de se boulot, et surtout au vu de ce que je savais sur moi maintenant.... Devrais-je continué dans cette voie ? Je ne pense pas. Je ne sais plus. Je suis perdue. Plus qu'avant ? Non, ce n'est pas la même démence. Appelons cela de la démence. Je suis folle d'avoir oublié tous cela. Mais c'est encore flou. Pourquoi ai-je fait tout cela ?

Je rentre dans ma chambre. Personne. Ayame doit travailler à son bureau. Devrais-je lui parler de tout cela ? Peut-être, du moins, je lui en ai fait la promesse. Lui parler que je suis une meurtrière ? Que je vais redevenir comme ça ? Un rire nerveux, discret, s'échappe de mes lèvres. Tu es pathétique Ombrage. Tellement Pathétique. Tu n'es pas la même face au gens et face à toi-même. Assume ce que tu es, mais c'est tellement facile de mentir, de tromper. Je soupire. Idiote. Et cette fille...ou cet homme. It ne m'a pas répondu au final. Kei. Viendra t'it? Possible. Mais surement pour me dire que ce n'est pas possible pour moi de sortir. Je ne me fais plus d'illusion. Qui suis-je ? À part, une pauvre fille à la mémoire qui égale une passoire. Oui, je n'ai que des brides, des images floues du passé. Je ne sais pas ou je vais. Sans passé, il n'y a pas de futur possible. Je ne pourrais pas avancer tant que je connaitrais rien. Rien de moi, de ce que je suis, et de ce que je pense vraiment.

Un bruit me réveilles en sursaut. Par réflexe, je saisis mon arme de service et la pointe devant moi, complètement à l'affut de la moindre attaque. Je suis complètement parano, ma parole. C'est juste quelqu'un qui frappe à ma porte. Je mets un peu de temps à réaliser que je dois aller ouvrir. Si cela avait été Ayame, elle serait rentrée. Pourquoi demander l'autorisation de rentrer dans sa propre chambre ? C'est surement un gardien qui vient me rappelais que je suis en service, et que je n'ai pas à roupiller pendant le boulot. Ou alors, simplement Kei. Mais pourquoi serait-elle venue ? Il est quelle heure en faite ?

J'ouvre donc la porte, et me retrouve face à Kei qui arbore un large sourire. J'ai dormi si longtemps ? Je l'observe le temps de ses paroles. Elle tient un sac d'une main et de l'autre me tend un papier. Une autorisation. Congé payé ? Tu veux dire que j'ai le droit de sortir ? Enfin, cela va peut-être me changer les idées. Je réfléchis trop. Je sais pas si j'ai été gentille, enfin, si je peux sortir, c'est le plus important. Mes yeux retournent sur son visage, avant de revenir au sac qu'elle me tend. Pour moi ? Effectivement, je n'ai pas grand-chose me mettre. C'est gentil d'avoir pensée à moi. Elle ? Pourquoi depuis tout à l'heure, je ne pose la question que je me posai sur elle et son identité ? Car cela me parait plus clair ? Possible. Elle donc. Je saisis le sac et la remercie.

"Rentre si tu veux. Je me dépêche. Il faut dire que je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'il accepte que je sorte de l'enceinte de cette maudite prison"

Je m'éloigne de la porte et déballe les affaires se trouvant dans le sac. Assez sombre, c'est bien. Je n'aime pas vraiment qu'on m'impose un style. Et puis, je n'ai pas vraiment pour habitude d'emprunter les affaires des autres. Mais bon, elle ne les pas amener pour rien. Autant lui faire plaisir. Je file dans la petite pièce contenant un simple lavabo et un miroir. Je m'habille rapidement avec les affaires qu'elle m'a passées, puis passe quelques secondes à observer ma tête sans bouger. Je ressemble vraiment à rien, surtout à côté d'elle. Je me passe de l'eau sur le visage, tenter d'effacer les traces de fatigue et déprime qui marque les traits de ma figure. Je coiffe légérement mes cheveux et les attaches par deux couettes lâches en arrière. Je prends quand même soin, de laisser cette mèche qui couvre ma cicatrice oculaire. Je me maquille légèrement et assez vite. Je n'ai pas vraiment envie de la faire attendre plus longtemps. Je ressors et range vite fait mes affaires.

"J'arrive, désoler de te faire attendre"

J'attrape un cache-oeil et le pose sur ma vilaine marque. C'est mieux d'avoir quelque chose, si jamais ma mèche disparait quelques instants. D'accord, ce n'est pas le top de la féminité, mais je ne suis pas la plus féminine de ce bâtiment, ni même de ce pays. J'attrape ensuite une paire de chaussures toute simple. Enfin prête, je sors suivi de Kei. Arrivé à la porte de sortie, je montre mon autorisation délivrée précédemment par kei. Les gardes semblent surpris et me fusillent du regard. Je ne dis rien, et me contente de signer le registre de sortie. Une fois dehors, j'observe le chemin et les quelques voitures garées. Liberté...je suis enfin sortie de cet endroit, même pour une soirée.

"Où veux-tu aller et comment ?"

Je fixe Kei. Elle est vraiment gentille cette fille, malgré qu'elle soit mon médecin, et que, je sens, elle va me poser un tas de questions sur mon état de santé ou sur cette fracture qu'elle a commencé à soigner ce matin.

Je me vide la tête. Un de mes rêves d'amnésique perdue se réalise enfin. Je sors de l'étreinte de ce bâtiment, enfin. Une sorte de liberté, de courte durée, mais je ne peux m'empêcher de la savourer, de l'admirer...mais en même temps de la craindre. Le monde était-il à l'image des gardiens ? Pervers, triste, morne et bientôt sur sa fin ? Ou alors avait-il différente facette ? Des choses que je ne comprends pas, des émotions qui me sont inconnues. La joie de vivre. Un monde coloré, heureux aux différents mystères qui n'attendent qu'à être résolu. Ou alors le monde couvert de crime, de cadavres et de rivière de sang ? Mais peut-être a-t-il ses deux visages ? L'ombre et la lumière. L'un caché dans l'autre. Mais lequel des deux est le plus dominant ? Lequel des deux m'entrainera ?

Le vent est froid, il m'attrape et me gèle la peau malgré la veste que je porte. Je ne suis plus vraiment habitué à ressentir l'air de l'extérieur. Le véritable air. Pas cette humidité ambiante. Merci Kei, merci beaucoup. Je te dois beaucoup pour cette sortie. Courte, mais immense et heureuse dans mon cœur. Mon faible cœur. Alors que Kei sort des clés, j'observe le ciel. Il est sombre, le soleil à disparu, mais diffuse encore une faible lueur à l'horizon. La lune et les étoiles commencent à s'illuminer à travers la fine couche de nuage grisâtre. Quelle heure était-il? Mes yeux fixèrent ensuite les lumières du village que nous pouvions apercevoir. C'est ça la ville ? Ou du moins, une communauté regroupant différents hommes d'ethnies différentes, mais regrouper autour d'une culture commune ? L'alcool pour la plupart. Ce sont les seules choses que je connais. Des rumeurs, des récits et quelques images. Rien d'autre. Aucun souvenir. Qu'est-ce qu'était ma vie avant ? Avant que mes souvenirs disparaissent... Pourquoi ai-je tué ? Mais pour l'instant, je dois oublié un instant tout cela. Oui, oublie, n'y pense pas. Savoure l'instant présent.

Kei me parle et je la suis. On arrive devant une belle voiture de couleur rouge flamboyante. Une merveille... Elle a dû dépenser beaucoup pour un tel bijou. Enfin.. Elle va beaucoup avec le style du médecin. Déjanté, voyant, remarquable. En montant dans le véhicule, je ne pus m'empêcher de sourire. Je connaissais rien et pourtant comme une habitude j'avais posé la question, où allons-nous ? Oui, quel imbécile. Je ne connais que la théorie. Enfin, va ou tu veux aller Kei. Je lui sourire discrètement, acquiesçant positivement à sa question. Si je trouve un piano, je suis heureuse. Cela fait un moment que je n'ai pas joué... Quoique avec mon bras blesser...

Le chemin pour se rendre au village était assez court, mais tortueux. Virage, virage et route mauvaise. Cette prison a vraiment tout pour plaire, ceux qui arrivent n'y sont même pas qu'il ressente déjà le caractère de l'endroit. Enfin, le village n'était pas vraiment très grand. Et comme je m'y attendais, la folie de Kei fait vraiment tache parmi les autres sur le parking, mais cela ne semble pas la dérangé. Elle est amusante, pas très différente de celle qu'elle est au travail, mais il y a une différence. Je retrouve le sol et fait quelque pas et me retrouve à côté de Kei. Je ne dois pas ressembler à grand chose à côté d'elle, mais tant pis. Oublie tes chagrins Ombrage. Lâche toi, un peu. Neil t'a fait mal, ta rejeté. Oublie-le pour une soirée.

"Merci Kei de m'éloigner de mes problèmes, on y va ?"

Je lui souris. Un sourire sincère, un sourire qui se fait rare chez moi, vraiment. Et puis une simple envie, je l'embrasse. Oui, je n'ai rien à craindre. Je ne suis pas au travail et le regard de la grand-mère du quartier ne me dérange pas, elle pense ce qu'elle veut. Je ne suis pas ici pour me lamentait sur mon sort, mais retrouvé un peu d'éclat dans ma vie terne. Je prends Kei par la main et l'entraine à ma suite vers le but de notre sortie. Boire un coup non ?

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[voilaaaaa, Neil si tu lis ceci ne rage pas <3 si tu veux reconquérir le cœur d'Ombrage, tu peux encore. Rien n'est perdu, tout ce gagne :3
Keila, ce post est surement rempli de fautes, si jamais quelques chose ne te convient pas, dit le]

Lorsqu'elle m'attire vers elle et m'embrasse à son tour, je sens mes joues légèrement rougir. Oui, je viens de l'embrasser. Mais ce n'est pas pour cela que je m'attendais forcement à ce qu'elle réagisse comme cela. En même temps, je ne la repousse pas. J'ai beau fuir le moindre contact physique, je me sens bien là, sur le moment actuel. Je suis libre, pour une soirée. Elle prononce mon nom...C'est étrange, je n'ai pas vraiment pour habitude qu'un membre du personnel me nomme par mon prénom. En faite, les rares personnes à le prononcer sont Ayame et Neil et je n'ai pas vraiment pour habitude de l'entendre. Enfin si, dans ma tête. Mais pas à l'oral. Sa voix est grave, masculine. Vraiment, on dirait un homme. J'ai longuement hésité d'ailleurs, mais quand elle m'a donné des habits une heure plutôt ma réponse était évidente. C'était une fille. Mais elle aurait très bien pu être un homme, cela ne m'aurait pas vraiment dérangé.

Nous rentrâmes dans le bar et l'ambiance me semble aussi morte quand dans les cellules de la prison la nuit. Les gens nous observent rentrer, puis se détournent et retournent à leur occupation futile. Quoique..boire est aussi une action futile en quelque sorte? L'homme derrière le comptoir nous fixe. Je tente d'ignorer ses yeux, mal à l'aise. Je n'ai pas franchement pas l'habitude de ce genre d'endroit. Alors c'est cela l'extérieur ? Ou du moins, une partie de l'extérieur ? Lorsque que Kei s'approche d'un pas assuré vers le bar et l'homme en souriant, je me rapproche légèrement d'elle et essaye d'avoir l'air aussi à l'aise que ma collègue pouvait l'être.

Elle commande alors..un alcool au nom imprononçable et que je ne connais pas. À vrai dire, a part la bière que je vois et j'entends souvent...je ne connais aucun alcool. Je ne veux pas avoir l'air ridicule...Ah! Mémoire à la con!...du vin peut-être? Mais s'il faut choisir..je fais comment? Un instant de panique me gagne..J'observe la carte. Qu'est-ce que je peux bien choisir sans avoir l'air ridicule... Et puis est-ce que j'aime l'alcool ? Je regarde Kei, et je vois ses yeux sur moi. Je détourne la tête, gênée.

"... Une grenadine s'il vous plait"

Oui, c'est enfantin. Mais que voulez-vous ? Je suis très limité en boisson et je ne connais pas mes gouts. Au moins, je sais que j'aime bien la grenadine. Enfin... Pourquoi je dois m'expliquer ? Ma vie est compliquée, et cette mémoire n'arrange pas les choses. J'attends de recevoir mon breuvage et tourne la tête vers Kei, déjà servie. M'étais-je pas trompé en annonçant qu'elle était une femme ? Elle ressemblait vraiment à un homme aussi...Pas aussi virile que certain dans la prison, mais à un homme quand même. Enfin...je ne sais pas. Mais peut-être que ce n'est pas vraiment ça qui compte. L'homme me pose un verre devant moi et je le remercie. J'ai l'air idiote avec ma grenadine...

" Et sinon..Tu.. Vous venez souvent ici ?"

Le regard de Kei sur moi me rend mal à l'aise. Je ne sais pas vraiment comment me comporter avec elle. D'accord, je l'ai embrassé sur le parking, mais ce n'est pas vraiment une raison. Je ne sais pas, je n'arrive pas à savoir. Je fixe mon verre rempli. L'eau est d'une légère couleur rosée, due au colorant qui se trouve dans le sirop. Le barman s'éloigne du comptoir, et va dans une petite pièce à l'arrière de la salle. Pourquoi tu l'observes ? Il fait ce qu'il veut après tout. La voix de Kei brise finalement le silence, en réponse à ma dernière question. Pendant ce temps, mes lèvres goutent au gout sucré de ma boisson. Une boisson pour enfant me dirait-on...mais tant pis, il faut dire que je ne m'y connais pas vraiment en alcool.

Première fois ? Alors, elle doit être allée dans d'autre endroit similaire. Ce ne doit pas être la première fois, première fois comme pour moi. L'ambiance... C'est ironique ? C'est mort, froid, et pourtant, elle sourit. La joie de vivre. La tutoyer..oui, c'est vrai. Un vieux réflexe. Je ne sais jamais comment appeler les gens, par peur de l'impolitesse, même si ce n'est pas vraiment mon truc. Elle rit, qu'est-ce qu'il y a de drôle? Elle semble tellement à l'aise contrairement à moi. Je ne sais pas quoi dire, ni même comment la regarder. J'ai tellement peur d'être ridicule. Oui, ridicule. Je bois un coup, histoire de me rafraichir les idées. Oui, j'aime bien ce gout de sucre et de fruits rouges. Un mélange parfait, fraise ou framboise seule, ce n'est pas vraiment original. Je ne regrette pas vraiment mon choix, juste qu'il me met mal à l'aise face au regard des gens. Ils sont vraiment froids avec les étrangers. Comment voulez-vous que quelqu'un se sente bien dans cette petite ville ? Le monde est pareil ailleurs ? Froid, malsain, sans aucune couleur.

Ma première sortie ? Ça se voit tant que ça...Je baisse les yeux, gênée. Oui, je n'ai jamais vraiment vu le monde avant. Mais je vais le découvrir. Bientôt ! Je la fixe, elle passe son bras de l'autre côté du comptoir et se sert toute seule, sans l'accord du monsieur, avant de reposer le tout au même endroit. Elle porte ensuite son verre à ses lèvres avant de le reposer et de le pousser vers moi. Je...pour moi? Et ce n'est pas interdit de prendre des affaires comme ça ? Elle sourit encore, elle est vraiment heureuse. Que fait-elle avec une fille morne et triste comme moi ? Lorsque je tends la main pour prendre le verre délicatement, ma main frôle la sienne. C'est étrange...

Alors que je m'apprêtais à boire, ses paroles me firent relever les yeux sur elle et rougir instantanément. De..Quoi? Moi ! Belle ? Mais..je..non! Je ne suis pas belle, je suis banale.. Ordinaire. Sauf si elle aime la normalité...Je.. Qu'est-ce que je dois dire ? Aaaah ! Pourquoi je suis toujours dans des situations aussi embarrassantes...

Je n'arrive qu'à balbutiner deux trois mots complètement incompréhensible, et finalement, je détourne les yeux et porte le verre doucement à mes lèvres pour gouter le cocktail qu'elle me propose. Plus fort que la mienne, évidemment, il y a beaucoup plus d'alcool. Est-ce que je tiens l'alcool moi en faite ? Bon.. Ce n'est pas avec si peu que je deviendrais saoul mais quand même...Un gout d'ananas et de noix de coco en fond..C'est assez bon en faite. J'aime bien. Je repose le verre et le repousse vers Kei.

"Merci...c'est assez bon...Mais je n'ai pas grand chose à te proposer.. Tu veux de la grenadine ?"

Je souris légèrement. C'est complètement idiot ce que je viens de dire. Et puis... Sa phrase tourne encore en boucle dans ma tête. Je ne suis pas belle...Je ne ressemble à rien, j'ai un œil en moins..Et puis, je ne suis pas aussi joyeuse qu'elle peut l'être. Cela fait toute la différence. Un visage souriant et beaucoup plus beau qu'un visage froid, sans aucune émotion ou alors une légère tristesse dans le seul œil disponible sur ce visage.

"Tu es beaucoup plus belle que moi en tout cas... Si jamais l'ambiance ne te convient pas, on peut toujours aller ailleurs"

Je l'avais vu faire un signe d'une élégance rare à l'une des vieilles dames du fond.

Elle sourit. Elle est tellement belle ainsi... Je suis vraiment terne comparé à elle. Sans un sourire, une expression de joie. Je m'attendais à ce que cette sortie soit le lieu d'un interrogatoire pour mon bras ou tout autre blessure. Sur moi-même, mon amnésie. Mais pour le moment, rien de tout cela. Juste une sortie, sans penser à ce qui me retenait là-bas. Un véritable moment de liberté, pas de prison, pas de gardiens. Rien, juste une collègue qui m'invite à boire un verre. Je ne sais pas encore sur quoi cette sortie va déboucher, mais malgré l'ambiance taciturne du bar, je pourrais dire que je passe un agréable moment en sa compagnie.

Le rouge me monte aux joues quand elle me répond avec malice, qu'elle veut bien de ma grenadine par l'intermédiaire de ma bouche. Mais c'est..Je...Je ne sais pas quoi répondre. Elle me met vraiment mal à l'aise. Je...Je..je ne sais pas. C'est si étrange. Je n'arrive pas à savoir ce que je ressens. Elle est belle, m'amuse. Je ne sais pas. Elle m'attire, il faut l'avouer, mais est-ce que ça pourrait marcher ? Une relation entre filles.. Quoique ce n'est pas vraiment ça qui compte. Et puis une partie de mon cœur est encore tournée vers lui. Neil. Je... Pourquoi est-ce que je m'accroche à lui ? Il ne m'aime pas non ! Il joue, encore et toujours. Je devrais l'abandonner, mais je n'y arrive pas. Je secoue doucement la tête, me sortant ses idées noires de l'esprit. Je ne sais pas ici pour penser à lui. Je verrais plus tard, à un autre moment. Sa phrase tourne encore en boucle dans ma tête. Je ne suis pas belle...Je ne ressemble à rien, j'ai un œil en moins.. Et puis, je ne suis pas aussi joyeuse qu'elle peut l'être. Cela fait toute la différence. Un visage souriant et beaucoup plus beau qu'un visage froid, sans aucune émotion ou alors une légère tristesse dans le seul œil disponible sur ce visage.

Je lui répondis et détournai les yeux, tout en continuant de siroter doucement le liquide frais. Quand j'eus fini, je reposais simplement le verre sur le comptoir, ne recommandant pas comme elle l'avait fait une deuxième dose. Je vais éviter d'être ridicule encore un peu. Une main dans mes cheveux me fait tourner légèrement la tête, c'est celle de Kei qui vient finalement caresser ma joue. Encore une situation où je ne sais pas comment réagir. Je ne bouge pas, les joues légèrement plus roses que d'habitude. Moi belle ? Mais...Non..je ne suis pas la plus belle..Et puis nous ne sommes pas dans un royaume.. Mais dans un pays. Enfin, c'est surement une expression que je ne connais pas. Mais je n'en reste pas moins joli, non, je ne suis pas la plus belle. Kei l'était plus que moi. Souriante..Je l'ai déjà dit.

Elle pose son verre et se lève. Je suppose que nous partons... Elle a donc accepté ma proposition. Elle glisse de l'argent sous le verre encore à moitié plein. Elle n'aime pas ça finalement ? Ca a pourtant bon goût...Au premier abord du moins. Le gout de l'alcool est peut-être un peu trop prononcé. Car malgré la grenadine que j'ai vue derrière, je sens encore le gout sur ma langue. Je la suis vers la sortie, contente de quitter cet endroit froid et asocial. Elle me devance et m'ouvre la portière du côté passager de sa voiture. Une belle carrosserie rouge flamboyante. Et si je puis me permettre, rouge ketchup. Elle sourit encore quand je m'assois sur le siège.

Quelques minutes plus tard, nous voici entrain de marcher dans la nuit au bord d'un champ de fleurs sauvages. Elle s'allonge au milieu de champs. Je reste quelques instants debout, respirant l'air nocturne. Elle me fixe et m'indique de m'allongeais aussi. Cela ne doit pas être si mal vu qu'elle y reste. Je m'allonge proche d'elle et observe le ciel étoilé. Le sol dégage encore la chaleur de la journée. C'est assez agréable en faite. J'ai l'impression de revivre des choses que j'ai déjà vécues. Ou du moins, des moments assez similaires. Je ferme les yeux quelques secondes et me vide la tête. Je suis calme, je ne pense à rien. Depuis quand n'ai-je pas était autant apaisé ? Longtemps... Tellement longtemps que je ne m'en souviens pas. Je redécouvre un monde que je connaissais et que j'ai totalement oublié. Un monde nouveau, une nouvelle liberté.

Une nouvelle fois, sa main vient caresser ma joue. Sourire ? Me voir sourire ? C'est vrai, je suis bien, apaisé de tout tourment et pourtant, je ne souris pas. Pourquoi ? Je suis heureuse pourtant... Ses lèvres qui se joignirent aux miennes, coupèrent toute ma pensée. Des larmes coulèrent de mon œil humide. Je suis ne suis pas triste. Non, je suis heureuse et c'est vraiment la première fois depuis des années. Je me relève légèrement et essuie les larmes qui continuaient de couler. Mon regard se posa sur Kei. Oui, elle était belle. Je ne la connaissais pas, mais elle m'avait fait sortir de là. Elle m'avait changé les idées et de plus, elle m'attire. Et pourtant, elle m'était totalement inconnue jusqu'à ce matin. Merci..

Cette fois, se fut moi qui l'attirais près de moi et qui l'embrassais. Mais avec plus de passions que quelques minutes, avant sur le parking. Suis-je amoureuse ?

Je dois bien avouer que je ne joue pas les fières. En temps habituel, je me sens plutôt séductrice mais j'ai l'impression que quelque chose de plus importante que la séduction se joue entre elle et moi. Mes mains tremblent un peu, mon cœur bat beaucoup trop vite et je me sens comme dans une brume tranquillisante. Je me sens vraiment, vraiment bien avec elle. Merde alors, est-ce que j'aurais trouvé la femme de ma vie ? Nan, nan c'est beaucoup trop bizarre de penser ça comme ça. Et puis je ne peux pas décider de ça maintenant, je suis beaucoup trop jeune pour ça.
Plus elle me dit qu'elle ne se trouve pas belle, plus j'ai envie de lui prouver le contraire. Mais je sais que je m'emballe, que ce n'est pas bon pour mon petit cœur fatigué mais nom de Dieu ça ressemble bien à une super relation. Mais entendons nous bien, je veux dire une relation amoureuse, basée sur l'échange et la confiance mutuelle. Pas de minauderies, pas de jalousies mal placée comme tous les couples dont j'ai fait partie avant.
Je ferme les yeux, pensive. Est-ce que je suis en train de tomber amoureuse ? Parce que si c'est le cas, il faut arrêter le train tout de suite, sortir les freins et appuyer fort dessus. Je ne peux pas tomber amoureuse d'Ombrage pour plein de raisons diverses et variées. Déjà, je n'ai pas le temps de tomber amoureuse. Mon travail me prend trop de temps et je me vois mal m'excuser le louper des rendez-vous tous les quatre matins. Je ne peux pas non plus prendre le temps de la materner comme la plupart de mes petites amies le voulaient. Bon, Ombrage ne m'a pas l'air d'être du type de fille à protéger mais bon je n'ose même pas imaginer ce qui se cache sous ces couches de timidité et de dureté. Peut-être qu'elle est super chiante à vivre.
Ensuite, elle est beaucoup trop mignonne. Elle a sûrement déjà quelqu'un dans sa vie. Oh quoique … non puisqu'elle a prit l'initiative de m'embrasser. Mais de toute façon, je la connais depuis ce matin, je ne sais d'elle que ce que j'ai vu dans son dossier. Je sais qu'elle est amnésique, borgne, qu'elle est adorable, qu'elle ne se trouve pas belle, qu'elle aime la grenadine et pas trop la piña colada, qu'elle est gardienne et qu'elle est blessée au bras sans vouloir dire pourquoi. Ça ne fait pas grand chose. Pas assez.
Les yeux toujours clos, je profite de la chaleur du sol en plus de celle d'Ombrage. Heureusement, le sol n'est pas boueux sinon je n'aurais pas donné cher de ma paire de Bruno Magli. Elles m'ont coûté assez cher et elle sont assez jolies pour que j'y tienne. Et puis c'est quand même des chaussures de sortie nom de Dieu, je n'en ai pas beaucoup. Mon cœur bat à toute vitesse quand je me rends compte de la proximité d'Ombrage.
Je ne l'ai pas remarqué tout de suite mais elle est toute collée à moi, ou plutôt c'est moi qui suis collée à elle. Elle m'a attiré pour m'embrasser. Sous le choc, je ne bouge pas. Je ne voudrais pas fragiliser cette paroi si fine qui me sépare de l'espoir, de l'amour et de tout un tas de sentiments positifs que je ne veux pas éprouver. Pas encore. Tout va beaucoup trop vite ! J'aimerais tout arrêter mais je sais que je ne pourrais pas. C'est moi qui ai commencé, c'est moi qui l'ai invité. Et puis je n'aurais pas la force de la repousser. Je veux la voir sourire.
Mes mains passent instinctivement sur le dos de la chemise que je lui ai prêté. Elle est un peu rêche, lavée sans adoucissant. J'ai envie de sentir la peau de son dos sous mes doigts mais je ne veux pas précipiter les choses encore plus. Alors ma main remonte dans ses cheveux, ses cheveux si doux et soyeux. Je me rends soudainement compte que j'ai beaucoup de choses en elle. Et tout cela la rend plus belle que n'importe laquelle de mes copines.
Haletant, je me colle à elle désespérément avec la même passion que je ressens dans ses actes. Et puis nos langues, nos lèvres se séparent et je me sens vide, d'un coup. Comme si on m'avait arraché de l'énergie vitale d'un coup.

« Ombrage … Tu veux bien sortir avec moi ?

Voilà c'est fait, j'ai fait ma demande. J'ai terriblement envie de rester avec elle. C'est effrayant, terriblement effrayant cette sensation de vide. J'ai tellement envie de combler le vide de mon cœur avec celui d'Ombrage. Parce qu'il faut être honnête. Je lui ai déjà donné le mien, sans vraiment m'en rendre compte.

Suis-je amoureuse ? Oui ? Non ? La réponse est si floue... Pourtant, elle est la devant moi, attendant une réponse claire. Tout se répète dans ma tête. Cette journée, notre rencontre. Trop vite, mes sentiments ne sont pas clairs... Et pourtant, je l'ai embrassé par deux fois. Mon cœur n'arrive pas à choisir. Neil est toujours en travers de mes pensées...Et si elle l'apprenait ? Non, il partira de mon âme bien avant. Mais si j'accepte, notre relation durera-t-elle ? Un jour, deux semaines, trois mois, quatre ans? Comment puis-je savoir?
Je me repasse encore notre étreinte. J'en ai encore la sensation. Je ne sais pas. Je réfléchis encore et encore. Mes yeux sont dans les siens. Bleu contre violet. Contre ou avec ? Mon cœur qui bat.. Je suis seule avec mes émotions, même si elle est la devant moi. L'immatérialité de la pensée... Envole-toi, laisse-moi-en paix que je puisse lui donner une réponse sans mentir à moi-même, ni même elle.
Elle est si belle...Je ne veux pas la blesser.. Je l'aime. Enfin, je ne sais pas. Comment puis-je savoir? Je la connais à peine et pourtant. La magie de l'amour ? Je ne pense pas. Je ne crois pas aux coups de foudres. Je ne suis pas censé y croire. Je ne suis même pas censé tomber amoureuse. Mais la raison était-elle raisonnable ? La folie était folle ? Et l'amour était-il amoureux ? Oui, mais amoureux de quoi ? De qui ?
Mes yeux toujours dans les siens. Un grand silence, il faudrait que je le comble. Que je la comble ou la déçoive. Que je fasse quelque chose. Mais aucun mot ne s'échappe. Je reste bloqué dans cette maudite réflexion qui pourrais durer encore des heures. Des années. Des siècles. J'arrive à balayer son corps du regard et articulé ma réponse en silence. Imperceptible. Plus fort Ombrage.

Non ! Je ne peux pas ! Et si elle n'était pas fière ? Et si...je mentais? Quels sont mes sentiments !? Reprenons ! Je l'ai embrassé, par deux fois ! Sans aucune hésitation. Et maintenant, j'hésite. Oui, j'hésite comme un gosse devant du chocolat blanc ou au lait. Suis-je vraiment sur de faire le bon choix ?

"Oui...Je veux bien... Mais peut-être que cela te dérange...Je ne suis peut-être pas vraiment, ce que tu penses"

Oui, plus sombre. Avec un passé douteux. Qui voudrais de moi telle que je le suis vraiment ? Le mensonge..La demi-vérité. Je me relève et lui tends la main.

"Rentrons...Sinon, ils ne voudrons plus jamais m'autoriser ce genre de sortie..."

Pas un mensonge, une simple demi-vérité. Elle ne sait pas tout, je n'ai rien dit. Quoique, elle a peut-être lu mon dossier. Mais est-ce que tout est marqué ? Je fixe un dernier instant les étoiles. Lui apporterais-je bonheur ou un sort funeste ? Je n'ai semé que le malheur derrière moi pour l'instant.

Suis-je amoureuse ?Oui? Non ? La réponse est si floue...