La vie était un long fleuve tranquille depuis la disparition de Monsieur Gantley. Par moments, je me demandais s'il n'avait pas organisé cette révolte pour s'enfuir. Il nous aurait alors utilisés, Eden et moi. Je ne pouvais pas lui en vouloir, mais j'en étais triste. Que faire sans même savoir si le Guide était encore apte à me donner des ordres. Combien de temps attendre si c'était ce qu'il attendait de moi ? J'étais perdu sans instruction. Et Rose ne m'en donnait pas non plus, forcément. Elle ne pensait pas plus que moi.

Assis en tailleur au milieu de ma couchette, j'essayais de m'empêcher de lorgner sur celle de Monsieur Gantley. Les jumeaux qui étaient ordinairement avec nous étaient dehors. Comme tous les autres détenus. J'étais complètement seul à cet étage, si on faisait exception des gardiens. J'avais juste refusé d'y aller, alors que d'habitude il s'agissait de mon moment préféré de la journée. Mais depuis la révolte, l'envie de courir partout et d'escalader la cage à poule avait disparu. Je me demandais bien pourquoi. C'était peut être à cause de toutes ces blessures que m'avait valu un combat acharné avec un gardien finalement trop costaud pour moi.
J'avais des cicatrices sur le visage et la peau autour de mon œil gauche était encore bleue. Ma main droite était enserrée dans un bandage avec une attelle. J'avais plusieurs petits os cassés.

J'étais en train de m'amuser avec un énorme et increvable cafard récupéré ce matin dans les douches, quand du bruit inhabituel me fit redresser la tête. Ca ne pouvait pas déjà être l'heure...
Un détenu passa l'angle du couloir sur lequel j'avais vue, il avait des cheveux blancs. Oh... Déception. Je baissai de nouveau la tête en direction du cafard, qui tentait de s'échapper de mes mains.
Une ombre à mes côtés attira mon attention et je me redressai une seconde fois, pour voir le détenu de tout à l'heure se jeter sur la couchette de mon Guide. Je laissai le cafard s'échapper, s'activant sur mes jambes avant de tomber dans la couverture rêche de mon lit. Là, je l'abandonnai à son sort pour me concentrer sur celui qui osait prendre la place de Monsieur Gantley !
Un grondement monta dans ma gorge, mais je l'arrêtai avant qu'il ne résonne. Monsieur Gantley ? Mais oui, c'était bien lui ! Je reconnaissais bien visage, même s'il était plus maigre et semblait beaucoup plus faible que d'habitude. Et en plus il avait les cheveux blancs ! Oh ! Mais il était horrible, beaucoup moins beau que la fois où on avait joué dans la chambre de l'étage des gardiens.

Je restai interdit un petit temps, à le fixer la bouche ouverte, hésitant. Les changements étaient seulement physiques ? Est ce qu'il allait reprendre de l'épaisseur avec le temps ? Pourquoi était il comme ça ? Est ce qu'il était toujours fiable ? Toujours mon Guide ?
Sa voix lança un frisson d'excitation le long de mon échine. C'était bien lui. Je bondis de mon lit et vins m'écraser sur Monsieur Gantley, le serrant autant que je pouvais contre moi. Ce n'était pas pratique avec une muselière, mais je posai mon oreille à l'emplacement de son cœur, pour l'écouter battre. Le mien était complètement fou d'excitation.

« Monsieur Gantley ! Je savais pas quoi faire ! »

Oui, j'avais été perdu tout ce temps alors qu'il m'attendait peut être. Et s'il m'avait donné une instruction mais que je n'avais pas compris ? Oh, ça m'avait bien turlupiné tout ce temps !

Même si Monsieur Gantley a une apparence frêle, comme si une vague pouvait le briser en mille morceaux, il a toujours autant de force. Oui. C'est bien mon Guide adoré qui me sert tout fort contre lui. Je sens les os de son bras à la limite de meurtrir mes côtes et grimace, mais ne bouge pas. J'ai confiance en Monsieur Gantley.
Et puis il me raconte. Des gens plus faibles que mon Guide s'étaient réunis pour l'arrêter, utilisant leur nombre et des pièges vilains ! Ce Caciope, j'avais confiance en lui. Je pensais qu'il était comme moi, comme Rose. Dévoué à Monsieur Gantley, ce qui était normal. Il brille par son intelligence et sa supériorité. Mais peu importe. Je vengerai le Guide. J'écharperai Caciope. J'écharperai ce Luckas. J'écharperai Ulrick aussi. Et j'apporterai leurs têtes détachées de leurs corps à Monsieur Gantley, comme une offrande. Pensant à cela, je serre le poing qui repose sur l'épaule de mon Guide. Je suis déterminé.
Monsieur Gantley m'ordonne de l'aider pendant qu'il se rétablit et j'ai un nouveau frisson quand il m'assure que si je ne lui obéis pas, il me le fera payer cher. Mon entrejambe se dresse d'excitation, tout contre la cuisse de mon Guide.
Quand il m'ordonne de lever la tête, je m'exécute aussitôt, le fixant. Ses yeux ? Est ce que ses yeux sont différents ? Peut être, mais ce n'est pas ce qui me choque le plus. Pourtant j'obéis sagement. Ses yeux sont toujours de ce vert un peu brillant, très beau. Mais c'est vrai qu'ils me semblent différents. Un peu. Je met du temps avant de mettre le doigt sur cette différence, mais quand j'y viens, je pousse une exclamation et me redresse brusquement, pour m'agenouiller entre les jambes de Monsieur Gantley.

« Ils sont de la même couleur ! … Je veux dire, ils ont une couleur unique, avant il y avait des nuances mais plus maintenant. »

Qu'est ce que ces sauvages avaient fait à mon Guide ? C'était honteux d'attaquer un homme aussi fabuleux. Heureusement, Monsieur Gantley était tellement fort qu'il s'en était très bien sorti. Qu'est ce que c'étaient, des changements de couleur, alors qu'il aurait pu mourir tout bêtement ?
Je tends ensuite le bras et attrape une de ses mèches du bout des doigts. Leur texture est plus fine qu'avant.

« Pourquoi c'est devenu blanc ? »

Est ce que Monsieur Gantley a soudainement vieilli ?

Le Guide se redresse alors que je m'intéresse à ses cheveux et sa main se presse dans mon dos. Je suis content, je me sens protégé. Je n'ai plus à réfléchir, Monsieur Gantley prend tout en main. Pas de doute, pas d'erreur possible.
La couleur de ses cheveux est donc due aux produits qu'on lui mis dans les veines. C'est terrible ! Mais au moins, ils repousseront normalement. Ce n'est pas comme si j'en ai vraiment quelque chose à faire, ça m'intrigue juste, mais Monsieur Gantley me demanda quand même confirmation. C'est vrai que je suis bête, je pourrai penser que la couleur de sa tignasse ait un effet sur sa puissance. Je le penserai si elle était due à un vieillissement accéléré, mais ce n'est visiblement pas le cas. Quand sa main me caresse le ventre, elle ne tremble pas. Quand ses lèvres touchent mon cou, elles sont assurées. Suite à ces contacts, je ferme les yeux et lève légèrement la tête. Je me sens durcir un peu plus. Ca me chatouille et ça me fait du bien. Et puis, le Guide est tellement... érotique. Même quand il ne me montre pas sa puissance. Je me souviens parfaitement de ses cris quand j'étais en lui l'autre fois, que je le malmenais. Et je me souviens aussi très bien du plaisir. Ce seul souvenir fait fleurir un frisson agréable dans mon bas ventre, qui va se perdre au bout de ma verge tendue. Mes doigts enserrent les draps en bouchon et mes bras se tendent. Je commence à haleter.

« Non. Je m'en fiche. »

Je me souviens aussi d'autre chose. Que la dernière fois, Monsieur Gantley n'avait pas aimé. Je me demande comment il crie quand il aime. Ca doit être fabuleux...
Mais ça ne doit pas être le but du Guide de refaire ça. Il me caresse juste comme il le ferait avec son animal préféré. Ca veut dire que je suis son préféré... C'est grisant.
Quant à la tension que j'ai entre les cuisses, ça ne devrait pas l'inquiéter. Je suis très souvent excité. Par le sang, les morsures, les meurtres, par Rose, par sa voix menaçante...

Je déglutis et rouvre les yeux, les posant sur mon Guide. Il semble avoir besoin de se reposer. Et ensuite, il pourra de nouveau montrer sa toute puissance à tout le monde. Je le garderai soigneusement pendant ce temps, défendant quiconque de l'approcher.

« Personne ne viendra faire de mal à Monsieur Gantley. Personne. »

Je prends un regard que j'espère menaçant et fixe ainsi mon Guide. Il doit comprendre que je suis prêt à tout pour lui. Même à tuer son frère. De toute façon, ce Ulrick ne ressemble en rien à Monsieur Gantley. Ce ne serait pas une grosse perte pour ce monde. Encore un qui mérite juste de mourir. Je me souviens très de son air assuré et déterminé quand il a traversé la cour devant moi, pendant la révolte. Il aurait dû se terrer dans un coin, effrayé. Ou se battre, plein de cette puissance dont regorge mon Guide. Mais non, encore un illusionné de la vie, même au milieu d'un tel carnage, d'une telle preuve de la réalité humaine.
Il n'a pas le droit d'exister dans le monde de Monsieur Gantley.

Les caresses du Guide se poursuivent et je lâche un léger gémissement, rauque, qui pourrait facilement se transformer en grondement si je le voulais. Monsieur Gantley me mort le cou et grogne. Je suis d'autant plus excité et mes doigts non blessés serrent sa combinaison. Elle est tâchée de sang. Il s'est battu, sûrement. Ou plutôt, il a facilement éliminé ses ennemis. Bien fait pour eux ! S'attaquer à Monsieur Gantley c'est comme s'en prendre à un dieu !
Il cesse soudain ses caresses pour prendre une poupée que je l'ai déjà vue regarder plusieurs fois. La représentation de son frère. Une pulsion soudaine de vengeance me pousse à vouloir la lui arracher des mains et l'étêter, mais je ne le fais pas. J'ai trop de respect pour Monsieur Gantley, et puis il ne veut pas s'apitoyer dessus. Il regarde à l'intérieur et ne trouve que du vide, ce qui semble assez le contrarier.
Il finit par soupirer et je sens son souffle tiède sur ma peau. Il me demande des nouvelles de Rose. Qu'est ce qu'elle pense de tout ça ? Je hausse les épaules en guise de début de réponse.

« Elle n'obéit à personne d'autre, mais elle ne m'a rien dit. »

Quand j'étais avec elle, parfois, ce n'était pas ce qui me souciait. Est ce que ça fait de moi un mauvais fidèle du Guide ? Je baisse la tête, honteux de ne pas pouvoir lui répondre convenablement. Pourtant, il me caresse les cheveux. Je relève les yeux sur lui, il semble content de moi. Mon visage s'éclaire et je redresse tout à fait l'échine. S'il est content de moi, alors je suis content aussi. Et tout va bien. Notre petite famille n'était pas déchirée. Caciope serait puni. De toute façon, il n'était pas vraiment avec nous.
Le Guide renforce encore ma fierté en m'assurant de sa pleine confiance en moi. Je lève le menton pour me montrer digne de lui. Je sais très bien que malgré sa confiance, il ne se laisserait pas avoir si je décidais de me retourner contre lui. C'est donc un grand honneur qu'il me fait. Il sait que j'accomplirai toute besogne qu'il jugera bon de me donner. Je sens que je vais bientôt avoir du travail, mais je ne dois surtout pas le décevoir. A la réflexion, je ne devrai peut être pas me lancer en guerre contre Caciope, Luckas et Ulrick. Pas sans consulter Monsieur Gantley et qu'il m'en donne l'ordre. Je veux garder sa confiance.
Un détail me choque. Il m'a appelé par mon nom. Abel Bone. Mais entre les deux ? Théodore ? Je suis circonspect. Qu'est ce que je dois en penser ? Qu'est ce que je dois en penser ? Alors je le regarde sans faillir et lance d'une petite voix, hésitante :

« Théodore ? »

Il bouge et nous sommes encore plus proches l'un de l'autre. Mon excitation est à son comble. Les images de notre union sauvages me reviennent avec force et j'ai une envie brûlante de m'enfoncer en Monsieur Gantley. Son sourire est différent, il me donne de la force intérieure. C'est le sourire d'un prédateur. Est ce que je suis sa proie ? Ou est ce qu'il pense à tous ceux qu'il va punir ? Quelle que soit la réponse, j'en serai heureux. Mourir de la main de Monsieur Gantley serait jouissif.

Je me décale un peu vers l'arrière et passe mes mains sous ses cuisses pour les soulever un peu. Juste assez pour pouvoir y placer mes genoux. Nos deux entrejambes sont encore plus collées l'une à l'autre, bien cachées derrière le tissu de nos vêtements. Je commence des assauts lents et courts, prononcés. Ca me fait un peu de bien, mais ça me frustre énormément. Ce faisant, je descend la fermeture Eclair de la combinaison de mon Guide.

« Je ferai tout pour mon Guide. Absolument tout. »

Arrivé en bas de la fermeture, je plonge la main sous les vêtements et en sort le sexe tendu de Monsieur Gantley. Je le masse, rapidement, brûlant qu'il fasse la même chose avec moi. Et surtout, j'espère qu'il ne va pas me rejeter. Ou pire : qu'il ne va pas trouver ça nul.

Théodore est mon deuxième prénom ? Je reste un instant circonspect. Des souvenirs semblent vouloir revenir dans ma tête, mais je les repousse d'un mur solide et épais. Non. Pas maintenant. Monsieur Gantley n'a pas à voir la faiblesse de mon autre moi. Ce serait une insulte à sa grandeur magnifique.
Alors je me plonge dans le désir sexuel, tâchant de me concentrer sur le plaisir que je peux donner à mon Guide. Il ne faut pas que je laisse ces pensées m'envahir. C'est mauvais. C'est insultant. Et ça me donne toujours des impressions bizarres.

Monsieur Gantley ne fait pas de bruit quand je masse son sexe. Il n'aime pas, je suis nul. Alors j'essaye de renforcer ma prise sur sa verge, de mieux la tenir, mais il finit par me rejeter, même s'il a poussé un gémissement qui m'arrache un sourire victorieux. Je lève les mains en l'air et le laisse me secouer dans tous les sens pendant qu'il me retire ma combinaison. Je suis en débardeur et en slip, ce dernier extrêmement tendu sous la force de mon excitation.
Et puis Monsieur Gantley vient tout contre moi. Il se frotte et mon bassin bouge avec lui. Son sexe à nu bat contre mon ventre découvert. Nos deux verges semblent mener un duel langoureux, comme deux épées qui cherchent plus à s'embrasser qu'à se repousser. Je gémis aussi, me tortillant sous mon Guide. Je sens son souffle à travers les orifices de ma toute nouvelle muselière. Plus forte, avec un système de fermeture à cadenas. La clef est plutôt spéciale, elle n'a pas une forme normale. Le gardien qui me l'a installée semblait plutôt content. Mais je ne doute pas que si Monsieur Gantley veut en venir à bout, il y parviendra.
Le Guide me dit alors qu'on ne peut pas. Non, on ne doit pas. Parce qu'il a Ulrick ? Mais Ulrick est un traître ! Qui mérite juste la mort ! Qu'est ce qu'il a à voir là dedans ? Ca me met en colère, mais ce sentiment passe dès que Monsieur Gantley parle de Rose. Rose. Eden. Rose Eden. C'est du pareil au même, la même personne. Et mon cœur se gonfle quand je pense à elle. Mais je ne vois toujours pas le rapport. Il répète qu'on ne doit pas.
Mes mains sont toujours posées de chaque côté de ma tête. Je le regarde, cherchant la raison de ce « on ne doit pas » dans ses yeux. Mais je n'y vois qu'une raison de continuer. Je suis nul pour comprendre le Guide. Je me désespère.

« Est ce que je dois faire ça avec Rose Eden, Monsieur Gantley ? »

Me frotter à elle, nue ? La prendre comme j'ai pris le Guide ? Jusque là, j'avais l'impression que ce n'était pas très bien, alors je m'étais retenu. Mais si Monsieur Gantley pensait que je devais, alors...

« Je dois aller la voir maintenant ? »

Monsieur Gantley s'éloigne alors de moi, qui deviens du coup encore plus interloqué. Je le regarde avec interrogation pendant qu'il se rhabille et se couche. Moi même j'attrape ma combinaison et saute à bas du lit. J'enfile mon uniforme orange vif et fais face au Guide. La fermeture Eclair de mon vêtement laisse encore s'échapper ma virilité en rut, car je n'ai pas envie de la comprimer. Ca fait mal.

« Oui, Monsieur Gantley. Je reste ici. »

Je m'assois en tailleur sur mon lit, dos au mur. Je regarde ma verge tendue dans mon slip kangourou, la mine dépitée. Est ce que ce serait vraiment mal vu que j'en finisse moi même. J'ai l'habitude de supporter mes érections jusqu'à ce qu'elles se calment d'elles mêmes, mais cette fois le Guide m'a vraiment beaucoup excité. Je brûle d'envie de calmer le jeu de façon radicale.
Mais Monsieur Gantley me coupe dans ma réflexion et je lève la tête pour le regarder lui, le véritable objet de toutes mes attentions. Du moins, ça devrait. Mais je ne suis pas infaillible, je ne suis que le serviteur du Guide.
Le mariage ? Je reste muet un moment, réfléchissant. Je n'ai jamais pensé au mariage, mais est ce que ça m'a un jour tenté ? Peut être. En fait, j'ai bien ce sentiment, oui. Ca me fait ressentir une espèce d'espoir nostalgique.

« Je pense... Que c'est bien. »

Je ne vois pas vraiment quoi dire d'autre. Déjà l'aspect divin m'échappe pas mal.
Après avoir donné ma réponse, je fixe le Guide avec anxiété. Est ce que ça lui plaît, ou pas ? J'ai peut être donné la mauvaise réponse ? Oh, ce serait vraiment malheureux si à cause de ça, sa confiance en moi diminue.

Avant que Monsieur Gantley n'ait le temps de réagir, un gardien se stoppe devant notre cellule et lorgne avec insistance sur moi. Ou plutôt sur mon entrejambe. Il me fait signe d'approcher.
J'obéis. Je ne vois pas pourquoi je ne le ferai pas, il veut sûrement juste me parler, même s'il peut largement le faire sans que je me bouge. Méfiant, je reste quand même à un pas de la grille, mais il me commande de me rapprocher encore, encore, encore. Je finis collé aux barreaux, les mains entourant le métal glacé. L'homme s'agenouille alors devant moi, un sourire bizarre étirant ses lèvres, et touche ma verge. Je frémis et grogne. Mais de son autre main, il retient ma jambe et m'empêche de m'enfuir. En fait, je pourrai lui en foutre une et me replier, mais je ne vois pas vraiment de raison de lui en vouloir. C'est plutôt agréable ce qu'il me fait.
Pourtant, je lance un regard suppliant à mon Guide. Est ce que c'est bien, ou pas ? J'aimerai qu'il me dise quoi faire.

J'en viens à fermer les yeux tellement les doigts de ce gardien sont habiles à rendre tout ça agréable. Un petit gémissement s'échappe d'entre mes lèvres et mes doigts serrent les barres d'acier assez fort pour faire rougir la paume de mes mains. Je lève les yeux en sentant le parfum et la présence du Guide à mes côtés. Je vois sa main se glisser dans l'étui de l'arme à feu du gardien et écarquille les yeux. Cependant, je ne bouge pas, je ne dis rien. Je me contente d'admirer les actes de Monsieur Gantley. L'homme qui me masturbe ne remarque rien, il lèche mon slip, là où l'extrémité de ma verge le tend. Et meurt, d'une balle dans la tête. Je regarde à nouveau Monsieur Gantley, qui a l'arme dans les mains, et m'éloigne de la porte de la cellule. Son regard froid, meurtrier, me fait sourire sous ma muselière. Il est... sexy, en quelque sorte. En tout cas, je suis admiratif.
Un détenu passe par là et Monsieur Gantley lui dit qu'il a tué le gardien. Je fronce les sourcils d'incompréhension. Mais non, il... … Oh ! Mais oui, c'est génial ! Il l'a convaincu qu'il n'était pas l'auteur de ce crime ! Ainsi... L'avantage est que... Il ne sera pas puni ! Pas reconnu pour son geste qui devait être parfaitement justifié, mais ceux qui nous laissaient enfermés ne comprenaient rien à rien. Quand nous serions libres, enfin, ils paieraient pour leurs actes.

Après que d'autres gardiens aient emporté le corps de leur collègue, Monsieur Gantley m'ordonne de me glisser dans mon lit. Il attend que plus personne ne soit dans les parages et se glisse sous ma couverture. Sur le coup, je pense qu'il veut juste se réchauffer. Mais il reprend là où le gardien a été forcé d'arrêté, un peu plus tôt. Je me cambre légèrement sous l'effet du plaisir qui me surprend et gémis. Monsieur Gantley lèche mon sexe tendu. Mon sous vêtement est trempé de salive assez rapidement et le Guide le retire, avant de lécher à même la peau. Mes doigts se crispent sur la couverture, le Guide est infiniment plus doué que ce gardien. J'en frissonne de plaisir, d'excitation, d'impatience. J'entends à peine ce que Monsieur Gantley me dit quand il s'arrête momentanément et met du temps avant d'en comprendre les mots. Et puis, le souffle court, je réponds :

« Oui... »

C'est tout ce que j'arrive à sortir avant que ses lèvres n'enveloppent ma verge. Je pousse un gémissement plus sonore et me mords la lèvre. J'ai le sentiment qu'on ne doit pas m'entendre. J'ai de la chance, dans ce cas, que les jumeaux qui occupent notre cellule ne soient pas là.
Oui... Rose et Monsieur Gantley... Seuls eux peuvent me toucher... Sinon ils meurent, de la main de Monsieur Gantley. Mais j'ai tellement aimé le voir tuer, je me demande si je ne vais pas recommencer juste pour le revoir. … Non, je dois obéir à mon Guide. Seul lui et Rose... Oh oui, j'aimerai tellement que Rose me fasse des choses comme ça. Je suis sûr que ce sera très bon. Bien sûr, je ne la forcerai à rien. Comme l'a dit le Guide, il faut qu'elle soit d'accord. Et c'était bien l'idée que j'avais aussi avant, il n'a fait que confirmer ça.

Un frisson violent remonte mon échine et me fait renverser la tête en arrière, alors que je pousse un râle plus bruyant, suivit de halètements rapides. J'ai joui. J'ai joui dans la bouche du Guide.

Quelque part en moi, une voix me souffle que j'ai ruiné deux vies par simple jalousie, par simple péché d'envie. Mais je l'étouffe rapidement. Ce gardien était pourri jusqu'à la moelle pour s'en prendre à un détenu comme ça... et puis A3021 était un détenu. Sans doute pas le pire mais certainement pas le meilleur. Il a plongé et s'est retrouvé du mauvais coté de la barrière, point. Il a mérité ce que je lui ai fait.
Tous mes sens sont en alerte. Contrairement à d'habitude, ils ne cherchent pas concentrés sur l'approche d'un potentiel ennemi ou d'une victime. Non, en fait, tout mon corps n'est tourné que vers Abel, sa peau chaude et ses adorables gémissements. Oui, ses adorable gémissements, pleins de joie et de plaisir. Je suis parfaitement sûr de lui procurer le plus grand plaisir possible puisque je suis ce qu'on pourrait appeler un coureur de jupons. Et de pantalons. Je n'ai jamais craché sur l'un ou l'autre des deux sexes tant que je sentais l'admiration dans leurs regards. Bien sur, ils sont tous inférieur à moi donc pourquoi les différencier ? Aucun interêt.
Je le sens tendu sous mes doigts, complètement débauché au plaisir qu'il ressent. Abel, mon doux petit loup. Tu es si ignorant. Ignorant dans convenances, des sentiments, des relations sociales et autres obligations de couple, tu te laisse aller à n'importe qui. Mais cela doit être régulé. Tu ne devrais pas offrir ton corps si malsain et tentant à n'importe qui. Surtout pas à des gardiens laids comme des poux.
Quand il me donne son accord, je souris. Comment pourrait-il me refuser cela ? Bien sur, je suis son Guide, je trace son chemin, je lui dit comment agir et comment ne pas agir. Il sait que j'ai raison. Il sait que je suis le seul à pouvoir lui donner une bonne raison de vivre. Tout comme Rose sait que je suis le seul à pouvoir lui insuffler la vie.
Mes mains caressent ses cuisses, les griffent, les enserre. Elles s'occupent aussi de son entrecuisse brûlant. Comment est-ce que cela aurait pu évoluer si nous n'avions pas été seuls ? Je pense que je n'aurais eu aucun mal à être exhibitionniste. Mon manque sexuel couplé à ma faim me changent complètement.
Quand il se déverse dans ma bouche sans prévenir, j'avale tout ce que je peux sans dire un mot. Je ne veux pas le rabrouer et puis cela ne m'a jamais dégoûté. Oh c'est sur, le sperme n'est pas un mets de choix mais il y a pire. Comme les choux de Bruxelles. Et puis pour moi, la fellation n'a jamais été un acte rabaissant. Bien au contraire, j'ai tout contrôle sur l'appareil reproducteur d'un homme. Partie la plus importante de leur anatomie pour un bon nombre de mâles.
Et puis, je reviens à coté d'Abel, haletant d'épuisement. Je m'accroche à son uniforme et ferme les yeux.

« Protèges moi. »

Un ordre simple, concis, plein de fatigue et d'empressement. Là, sur son corps échaudé, je m'endors. Vidé de toutes forces, sans noter la moiteur entre mes cuisses. La douche, plus tard.

Je baisse les yeux alors que mon rythme cardiaque commence tout doucement à ralentir. Je vois Monsieur Gantley, qui avale clairement ma semence. J'en rougis d'une certaine satisfaction. J'aime l'idée que sur ce point, je peux avoir une forme de domination sur un être qui m'est complètement supérieur. Disons complètement sur tout le reste. Je le tente et j'aime ça, j'ai l'impression d'être vraiment spécial pour mon Guide. Je suis le seul Abel que peut avoir ce Guide. Et c'est mon seul véritable Guide. Comme une paire qui n'attendait que l'occasion d'être assemblée. Depuis tout ce temps. Oui, cette idée me plaît, parce que j'aime me sentir spécial. Autrement que par mon physique.

Quand le Guide me rejoint sur l'oreiller, je grimace. La couverture frotte mes cuisses et ça me fait mal. Je la soulève et découvre des traces de griffures. Le Guide, c'est lui qui m'a fait ça, j'en suis sûr ! Je ne les avais pas avant. Bon, si c'est lui, ça va. C'est même bien. Je suis content qu'il m'ait marqué. Et puis, je crois bien que ça m'a aidé à jouir plus vite.
Alors qu'il est collé à moi, Monsieur Gantley m'ordonne de le protéger. Oh oui, comme ça il peut se reposer tranquillement et n'a pas besoin d'être sur le qui vive. En tout cas, moins que s'il ne m'avait pas moi. Je ne pense pas qu'il fasse l'erreur de me faire trop confiance. Je serai néanmoins digne du peu de confiance que je mérite de sa part. Personne ne l'approchera. Personne.

Quelques minutes plus tard, je me rends compte que le Guide dort. Comme un chat sûrement, il doit garder une oreille sur le monde extérieur. Trop fort, Monsieur Gantley. Au début, je suis bien alerte et puis, petit à petit, le sommeil me prend. Nous sommes serrés dans ce petit lit, qui me convient d'habitude tout à fait, mais à deux c'est beaucoup plus difficile. La chaleur grimpe au fur et à mesure et mes yeux ont tendance à se fermer malgré ma volonté de les garder ouverts.


Je me sens bousculé dans mon sommeil et grogne en bavant un peu. J'ouvre les yeux et voit un grand type Noir avec le haut de sa combinaison nouée autour de sa taille, histoire de mettre ses biceps bien apparent. Le type même d'Afro-américain qui fait bien flipper. Et quand en plus il est détenu à DearDeath, c'est encore moins rassurant. Bref, Monsieur Muscles me désigne le Guide d'un doigt musclé. Comment on peut avoir les doigts aussi musclés ?

« Il dort hein ? Vas-t'en doucement, sans le réveiller. Je vais le buter.
-Quoi ? Mais pourquoi ? »

Ouais, ça m'intéresse.

« A cause de cette raclure, mon frère s'est fait buté par des gardiens pendant sa révolte de merde. Je vais lui faire sa fête... »

Bon, il a une raison valable, dirons nous. Ca le rend dangereux, parce que sérieux. Il ne reculera pas. Alors je me redresse dans le lit et protège Monsieur Gantley de mon corps. Même si je ne peux pas mordre Monsieur Muscles à cause de ma muselière, je grogne, parce que ça suffit généralement à impressionner. Le type est interloqué et a un instant d'hésitation. Je poursuis ma démarche visant à l'impressionner et me met même debout sur le lit. Je le domine presque en hauteur maintenant. Mes bras et mes mains se crispent, je grogne plus fort. Un sifflement joyeux nous parvient, d'assez loin, accompagné de l'écho des chaussures des gardiens. Monsieur Muscles regarde en direction du couloir, nerveux, comme le montre le fait qu'il se mordille la lèvre. Quant à moi, je ne décolle pas mon regard de sa figure.
Encore quelques secondes d'hésitation, et Monsieur Muscles bat en retraite, sans refermer notre cellule. Qu'à cela ne tienne, je ne compte pas m'enfuir.

Quand le gardien arrive devant notre cellule, j'ai les yeux mi-clos. Je le vois s'attarder sur l'image que le Guide et moi offrons. Je suis en boule, contre son ventre, avec juste la tête qui dépasse de la couverture, à même le matelas. Monsieur Gantley dort, lui. Enfin je crois.
Le gardien nous renferme et s'en va. Je fais semblant de me rendormir, mais cette fois, reste tout à fait réveillé. Je ne compte pas me faire surprendre par un autre Monsieur Muscles.