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 Un dimanche chez GI Joe

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Georges I. Joe
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Georges I. Joe

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MessageSujet: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeVen 16 Mai - 22:29

Un dimanche chez G.I. Joe


Le jour que j'avais attendu toute la semaine était enfin arrivé. Nous étions dimanche, il était sept heures cinq. Mon réveil venait de sonner et j'étais déjà hors du lit, en train de faire mes cinquante pompes matinales. Le week end, j'y allais doucement. Après ce petit rituel, je me ruai sous la douche, qui fut rapide, bien que parfaitement efficace. Quand je commençai à me sécher, j'entendis que les enfants étaient en train de se lever. Parfaitement à l'heure, comme d'habitude.

Vêtu d'un t-shirt en coton à manches longues, rouge légèrement sombre et d'un jean classique, je rejoignis le rez-de-chaussée. Mes trois rejetons de dix huit, seize et treize ans étaient déjà en train de s'affairer dans la cuisine, en jogging, sortant les jus de fruits et les barres de céréales. Je les interrompis en claquant des mains.

« Pas de sport ce matin ! »

Junior et Tommy me lancèrent un regard outré, tandis que Karen laissait tomber sa barre de céréales au sol. Bien sûr, ça n'était jamais arrivé qu'ils n'aillent pas faire leur jogging matinal. Même Rex, le petit beauceron tacheté aux oreilles tombantes, me regarda de travers. Je m'empressai de tout leur expliquer, plus excité que je ne l'aurai voulu.

« Nous recevons un collègue de travail, ce midi. Il est Français, alors on va lui en mettre plein la vue. Junior, tu t'occupes de préparer le barbecue pour tout à l'heure, Tommy tu vas acheter des saucisses chez le boucher et toi Karen... Tu vas devoir ranger la maison. »

Ce n'était pas une mince affaire qu'avait la plus jeune de la famille. Je travaillai beaucoup, Junior devait beaucoup travailler pour espérer entrer dans l'université que je souhaitais lui assigner et Tommy n'avait pas franchement envie de ranger régulièrement. Je comptais un peu sur leur nounou, mais ce n'était pas son job de nettoyer. Il y avait pas mal de magasines qui traînaient un peu partout, des toiles d'araignées, de la poussière et la vaisselle sale de la veille. Mais j'allais l'aider et nous nous en sortirions comme des chefs. Comme de vrais Américain.


A onze heures quarante cinq, toute la petite famille était prête à recevoir Basile. Les garçons avaient revêtu leurs plus beaux t-shirts (même si Junior persistait dans son style gothique) et Karen une robe printanière qui lui arrivait aux genoux, par dessus des leggins noirs. Rex jouait dans le jardin avec sa balle en essayant d'esquiver les jets de l'arrosage automatique. Le ciel était encore légèrement couvert, mais le bleu lointain annonçait d'excellentes températures pour l'après midi.
A présent, nous étions rassemblés dans le salon impeccable, même la table basse avait été cirée. La position de mon grand fauteuil en cuir noir me permettait d'avoir vue sur la rue, par la fenêtre. Un silence complet régnait dans la maison. Nous guettions l'arrivée de Basile.

>>Rex<<
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeSam 17 Mai - 18:06

Mon réveil sonne à sept heures du matin et je baille comme jamais. J'ai très bien dormi et je voudrais bien rester encore un peu au lit. Il faut chaud dans cette chambre, cette chaleur moite que je ne supporte pas habituellement mais qui, au réveil, me plaît bien. J'aime me rouler dans mes draps chauds et doux, c'est mon petit luxe du matin. Et puis de toute façon, je ne suis pas pressé si ? On est dimanche après tout.
Et puis je me souviens que si, je suis pressé. Pourquoi monde cruel ? Pourquoi est-ce que j'ai accepté d'aller chez Georges ce week-end ? Demain est un jour férié et il m'a gentiment proposé de venir passer le dimanche et le lundi chez lui et sa famille. L'occasion pour moi de rencontrer ses enfants. J'ai apprit récemment que sa femme était morte et je dois avouer que ça explique pas mal de choses sur son comportement exagéré.
Je me tire finalement des mes draps et baille à nouveau. Doucement, je sors de la chambre pour ne pas réveiller Aaron qui dort encore. Enfin, si le son aigu de mon réveil ne l'a pas tiré de son sommeil, je ne pense pas que ce soit mes pas sur le sol qui le fassent. Mais sais-t-on jamais, je préfère être prudent. Je me dirige donc vers la salle d'eau, vide à cette heure. Je suis le seul à avoir eu le courage de me lever si tôt un dimanche.
En sortant de la douche, je recouvre mes tâches d'un fond de teint bien couvrant et souligne mes yeux d'un trait fin et noir. Après ça, j'attache mes cheveux en chignon négligé et je revêts mes lentilles. Ce sera la première fois que mon ami me verra sans lunettes mais bon, c'est un week end chez un ami alors je suis moins formel qu'au travail.
Je croise Rourke dans le hall et le hèle de loin. Il semble fatigué, il devait être du service de nuit. Quoique ... non ... il sent l'alcool à plein nez. Je lui donne une accolade amicale pour lui donner du courage et il me fait la réflexion que je suis très beau sans mes lunettes. Automatiquement, je pense à cette fois où je me suis réveillé dans son lit et le rouge me prend aux joues. Je me sens bête.


« Où est-ce que tu vas de si bon matin avec un si gros sac ? Tu fugues ? »

Oh il exagère, j'ai juste un sac de sport qui contient des rechanges et ma trousse à maquillage ainsi que mon ordinateur portable.

« Non je vais passer le week-end chez Georges. Grand comme ça, tête d'américain, cheveux blancs. »

Le sourire de Rourke s'efface et il se mord la lèvre en marmonnant un ''Je vois...'' peu convaincu. Quand je lui demande ce qui ne va pas, il  prend mes mains dans les siennes et soupire.

« C'est ton petit ami ?
-Quoi ?! Non ! C'est juste un ami ! »

Son sourire revient et un silence s'installe. Ses yeux dans les miens, je me sens tout gêné. Et puis, il reprend la parole.

« Basile, je veux sortir avec toi. Je suis amoureux de toi, tu comprends ce que je dis ?
-Mais James … Je …
-Penses y juste, d'accord. Penses y ce week-end et donne moi ta réponse mardi. »

Il m'embrasse sur la joue comme il le fait toujours et tourne les talons avant de prendre l'escalier, me laissant sur le cul. Il veut sortir avec moi ? C'est totalement fou …
Lentement, je marche vers ma voiture et monte dedans, jetant le sac à l'arrière. Merde alors, c'est une révélation ça. Et il attend une réponse mardi …
Je conduis jusqu'au village et soupire, secouant la tête, quand je suis dans la rue de Georges. Je ne dois pas penser à ça tout de suite ! Je suis venu passer un bon week end !
Une fois devant sa porte, après avoir vérifié trois fois le nom sur la boite aux lettres en forme d'aigle américain et le numéro de la maison, je sonne.
Les enfants sont bien habillés et je me sens soulagé de ne pas les trouver en tenue stricte, j'aurais eu l'air bête. Junior, le plus grand, a les cheveux aussi blancs que son père, sûrement par décoloration. Son style très sombre tranche avec ses frères et sœurs. Tommy semble être le stéréotype de l'ado américain avec ses cheveux blonds et son attitude droite. La fille, Karen, arbore un blond caramel qui se rapproche énormément du mien, on pourrait nous croire frère et sœur. Elle me rappelle Emilie. Avec un tout autre visage.
Je serre la main du père et de ses fils et me penche pour dire bonjour à Karen, qui a une robe parfaitement assortie à l'image que son père se fait de la femme.


« Je suis enchanté de vous rencontrer ! »

Il est midi et je sens que je vais passer une bonne après-midi.
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Georges I. Joe
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeDim 18 Mai - 10:42


Midi moins une. La sonnette retentissait et nous étions déjà tous debout. J'avais reconnus la petite voiture française dans la rue. Junior et Tommy avaient fait une grimace en la voyant et cette grimace s'était encore accentuée quand ils avaient compris que le conducteur était bel et bien notre invité. Je ne pouvais pas leur en vouloir, moi aussi, à notre première rencontre, je n'avais pas été très sympathique envers Basile. Je m'étais laissé porté par mes préjugés. Et même si ces derniers se vérifiaient plutôt bien dans l'ensemble, il restait que ça n'empêchait pas Basile d'être un type bien. Un type à qui je voulais démontrer par a plus b que la pensée américaine valait bien quelque chose. A travers la bouffe. Vu que Basile était cuisinier. Ca pouvait paraître tordu, mais je trouvais cette pensée très logiquement organisée, pour ma part.
Conformément à ce que nous avions décidé avant que Basile arrive, ce fut Karen, la plus jeune, qui alla ouvrir à mon collègue. Elle marmonna un timide « bonjour monsieur Basile » et s'effaça pour le laisser entrer. Je me précipitai à la rencontre du cuisinier et lui serrai vigoureusement la main, imité par mes deux fils. Une fois que Basile eut fait la bise à Karen, je m'occupai des présentations.

« Les enfants, voici Basile, il est cuisinier dans la prison où je travaille. Basile, voici Junior, Tommy et Karen. Oh et, Rex est dans le jardin. »

Je doutais que ça l'intéresse vraiment de savoir que nous avions un chien, mais ma phrase eut le mérite de faire pouffer Tommy et Karen. Ouais, j'étais un bon père. Célibataire, certes, mais bon. Le fait de penser à Caroline fit dévier, pendant quelques secondes, mon regard sur la photo encadrée qui trônait au milieu d'autres babioles sur le manteau de la cheminée design. C'était un cliché de feu ma femme, peu de temps après que nous nous étions rencontrés suite à mon service militaire. Elle était vraiment resplendissante.

Nous allions bientôt passer dans le jardin pour les réjouissances à proprement parler, mais avant, je devais faire quelque chose. Sous les yeux ébahis des enfants, je pris Basile par le dos et les cuisses, pour le soulever au dessus de ma tête. La dernière fois, j'avais perdu mon pari. Mais aujourd'hui, je comptais bien réussir. J'avais déjà tout acheté pour les American burgers !
Huit secondes. Je faiblissais. Neuf secondes. Mes bras commencèrent à trembler. Pourtant, à la dixième seconde, j'avais toujours les bras tendus. Victoire ! Je reposai Basile en mettant un genou à terre et me redressai, fier de moi et le visage en sueur. Les poings sur les hanches, je lançai un regard rempli de fierté personnelle à mon collègue.

« J'ai gagné le pari ! On va manger des burgers ! »


Je conduisis ensuite Basile à la chambre d'ami pour qu'il dépose ses affaires. La pièce était sobre, meublée d'un petit lit, d'une table de chevet et d'une lampe. Un miroir était accroché à un mur et les rideaux étaient beiges, neutres. Les murs étaient simplement peints en blanc et le sol recouvert d'une moquette gris souris pelucheuse. J'avais déjà fait le lit à l'intention de Basile, les draps étaient noir et blanc et la taie d'oreiller ressemblait à un ravioli avec ses froufrous sur les bords.

« Ca te convient ? »

Ce n'était pas comme si Basile avait le choix, puisque je n'avais qu'une seule chambre d'amis. Mais la politesse m'obligeait à lui demander. Je voulais que ce week end fasse dire à Basile : « ils sont cool ces Américains ! »
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeLun 19 Mai - 18:08

Ma petite voiture française fait tâche à coté des énormes bolides américains du voisinage. Certes, tout le monde ne peut pas avoir une 2CV de collection mais je ne m'attendais pas à ce que tout le monde dans cette rue -et d'ailleurs dans ce village- ait le même 4x4 Cherokee que mon ami. Ce village est si … Il n'y a pas de qualificatif pour le décrire. Stéréotypé n'est pas encore asse poussé pour décrire le mode de vie des gens de Rince Cul les Nouilles.
Les noms des enfants de Georges étaient tout à fait ce que je m'attendais. Junior, pour commencer. Pourquoi, pourquoi, POURQUOI les américains avaient-ils l'habitude d’appeler leur premier fils par leur prénom. Jamais il ne me viendrait à l'idée d’appeler mon fils Basile. J'imagine avec peine m'être appelé Charles René. Eeew. Nan et puis Tommy, il n'aurait pas pu faire plus prénom d'enfant américain. Même le chien a un nom … de chien américain. Ou allemand mais je doute que telle ait été l'intention de Georges, lui qui a en horreur les 'nazis'.
Karen est la seule à avoir un nom normal mais j'imagine sans peine que c'est sa défunte mère qui lui a donné. Elle est vraiment très mignonne et elle ressemble à sa mère. Celle que je suppose être sa mère du moins et dont la photo repose dans un beau cadre sur la cheminée. Georges et elle devaient vraiment faire un beau couple. Très américain mais un beau couple.
Quand GI me saisit, je ne comprends pas ce qu'il fait pendant cinq bonnes secondes. Et puis je me souviens. Non mais vraiment, ce qu'il peut être bête ! A la dixième seconde, j'ai la tête qui tourne un peu mais je ne peux que féliciter mon ami qui me repose bravement à terre. Il a tenu son pari, en retard, mais il l'a tenu. Alors je ris et lui tape l'épaule. Ce qu'il peut être bête !


« Mais enfin on est chez toi, bien sur que tu pouvais cuisiner ce que tu voulais ! »

Quand il me présente ma chambre, je lui souris et lui donne une accolade.

« Oui c'est très très bien merci ! »

Je pose mon sac sur la moquette et pose ma veste sur le lit. Et puis je les rejoins dans le jardin. Le chien me saute dessus mais je ne suis pas effrayé, j'ai l'habitude des chiens aussi gros, même si je préfère les chats. Après lui avoir un peu gratté le ventre, je vais rejoindre la petite famille qui prépare déjà à manger. Le barbecue est énorme et semble être l'élément le plus hi-tech de la maison. Et ce n'est pas rien étant donné l'écran plasma du salon et le four électronique.
Je vois que Junior galère à ouvrir un bocal de pickles et je viens lui prends doucement des mains avec un sourire. Le pop qui suit quelques secondes après le laisse un peu sur le cul. Ah oui forcément on se dit que parce que je suis classe et que j'ai les cheveux longs je suis une tapette. Lourde erreur. J'ai des bras d'acier et maintenant je commence même à avoir des tablettes de chocolat. Je lui tend le bocal et vais voir Georges.


« Je peux aider ? »

Et sinon je ne serais pas contre me la couler douce au soleil et lancer sa balle au chien.
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeLun 19 Mai - 23:10

DIO ♪ Fuzai toiu genjitsu e

Basile m'assura qu'il serait bien dans la chambre et nous descendîmes dans le jardin, où nous attendaient déjà les enfants et mon magnifique barbecue. Il m'avait coûté une fortune, mais je ne le regrettais pas. Nous nous en servions tous les week ends, pourvu qu'il fasse assez beau. Il était équipé de pleins d'options, comme le truc qui évitait que la bouffe soit cancérigène. Tommy me tendit mon tablier « REAL AMERICAN » que j'enfilai fièrement par dessus ma masse musculaire. Il ne faisait pas encore assez chaud pour que j'enlève mon t-shirt, mais je ne me faisais pas d'illusion. Au cours de la cuisson, je tomberai le haut.
Tandis que le grill chauffait et que je préparais mon assiette de saucisses et de steaks hachés pur bœuf, je regardais du coin de l’œil Basile, en train de faire joujou avec Rex. Ha ! Ce séjour commençait super bien.
Basile me rejoignit et je lui souris. Il semblait très content. Surtout d'avoir aidé Junior a ouvrir le bocal de pickles. Et voilà qu'il voulait nous aider ! Oh bien, il s'intégrait. C'était vraiment un type bien.

« Ben, tu peux aider Karen à monter le parasol ? »

La pauvre galérait déjà à le porter depuis la petite cabane du fond du jardin, je l'imaginais mal le planter au centre de la table de jardin et le déplier. Alors que je me retrouvai une nouvelle fois seul, Tommy s'amusait à rouler dans l'herbe avec Rex, Junior vint me trouver. Je crus avec bienveillance qu'il voulait que je lui apprenne à utiliser le barbecue, mais sa requête était toute autre.

« J'peux monter jusqu'à ce que ce soit prêt ? »

Je fis la moue mais ne voyais pas de raison de lui opposer mon refus. En fait, si, j'en voyais des milliers, à commencer par la politesse dont on était censé faire preuve envers un invité. Mais Junior était tellement taciturne ces derniers mois que je ne pouvais tout simplement pas me résoudre à lui faire la morale. En plus, je l'avais déjà surpris plusieurs fois en train de regarder les vieilles photos de sa mère. Il devait traverser une sorte de crise.

Quand Basile fut à portée de ma voix à nouveau, je l'interpellai et lui fis signe de venir à côté de moi. J'avais conscience de lui en demander beaucoup, mais peut être que quelqu'un qui n'était pas de la famille aurait un plus grand impact.

« Junior est monté dans sa chambre. Je crois qu'il ne va pas bien. Je sais que je ne devrais pas te demander ça mais... Ca te dérangerais d'aller lui parler ? Si tu ne veux pas, je comprendrai. … Mais moi, je n'y arrive plus. »

J'avais quand même hésité avant de lui avouer ce dernier fait. Mais il en allait du bien être de mon fils. Il passait en premier, n'était il pas normal que je tente tout pour qu'il se sente mieux ?

« Sa chambre est à l'étage, à gauche de l'escalier. Tu ne peux pas la rater. Enfin, si tu veux bien y aller. »

Et pour cause, il avait décoré le panneau – contre mon avis – d'une façon typiquement gothique. Pour un adolescent de cet âge bien sûr.
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeJeu 22 Mai - 12:33

La chaleur du jardin est déjà étouffante. J'ai envie de manger une glace à l'eau là tout de suite mais Georges a déjà prévu un autre programme. Son tablier me fait sourire légèrement. Oui ça c'est sûr, Georges est un vrai américain. Personne ne sensé le pourrait le contredire. Tout en lui respire l'aigle américain. Et pourtant j'ai réussi à m'attacher à lui, surprenant. On ne peut pas dire que nos pays aient les rapports les plus cordiaux du monde.
Le chien n'a pas encore essayé de voler un steak ou deux et je dois avouer que je suis curieux de voir s'il va le faire. Avec un maître comme Georges ça ne doit pas rigoler au niveau du dressage mais un chien reste un chien. Jarnach, le chien de ma tante borgne avait été dressé au poil de cul près, il était super obéissant. Ça ne l’empêchait pas de se recevoir des coups de bâtons de temps à autre pour vol. Je n'ai jamais approuvé cette pratique et j'espère que mon ami préconise une autre méthode. Personnellement, avec mon chat, j'use du jet d'eau et ça marche bien : il fait les conneries dans mon dos au lieu de les faire devant moi.
Quand Georges me dit quoi faire, je souris largement. Je ne supporte pas de rester comme ça à rien faire. Je ne dirais pas non à rester allongé dans le transat à bronzer mais voir les autres s'agiter autour de moi me rend nerveux et/ou me fait me sentir coupable. Bref, je dois les aider. Parce que sinon je vais me sentir éternellement redevable et ça je ne le permettrai pas.
Je vais rejoindre l'adolescente et prend le parasol que j'emmène fièrement jusqu'à la table de jardin. Je le tiens pendant qu'elle le fixe dans l'emplacement prévu et elle me remercie après que je l'ai déplié. En fait le mécanisme est plutôt facile mais j'ai quand même eu les boules de la voir se coincer les doigts pendant tout le processus. Heureusement, elle s'en sort avec cinq doigts à chaque main.
Une fois que c'est fait, je l'aide à mettre la table en souriant pendant que nous faisons la discussion. Elle vise un garçon en ce moment mais il ne semble pas aimer les filles sportives comme elle. Je me dis qu'elle fera un super canon plus tard et que tous les mecs seront à ses pieds mais bon … il faudrait apporter un peu plus d'influence féminine à cette gosse. Comment elle saura assortir ses chaussures à ses pantalons plus tard sinon ?
Je vise du coin de l’œil l'échange entre le père et le fils et je me mords la lèvre quand je vois Junior monter dans sa chambre. Georges n'a pas l'air des plus ravis. Alors je laisse la tâche de mettre les verres à Karen et je retourne auprès de mon ami du coté du barbecue. Bon sang ce qu'il fait chaud quand on sort du rayon du parasol !

« Ça va, Georges ? »

Face à la requête de mon ami, je me sens un peu perplexe. Il me fait déjà si confiance que ça ? Mais son impuissance me touche et je me sens obligé d'accepter, même si je pense que ça ne changera pas grand chose.
Je hoche la tête en signe d'acceptation et monte les marches quatre à quatre. J'aimerais ramener Junior le plus vite possible pour en finir avec ça et manger. Bordel j'ai rien mangé ce matin maintenant j'ai faim ! J'aurais du m'enfiler un bol de porridge avant de venir, par mesure de sûreté. Quoique … je crois que je préfère crever la dalle pour apprécier les burgers de mon ami à leur juste valeur. Je dois être maso.
Le couloir est spacieux, bien arrangé. Par la fenêtre, je vois une Lexus au loin. Georges a des voisins friqués qui ne conduisent pas un 4x4, miracle. Je ne fais pas tellement tâche finalement. Une fois arrivé devant la chambre peinte en noire de l’aîné, je soupire. Il écoute un groupe de métal dont je ne me souviens plus du nom mais il me semble que mon cousin Pompon adore. Je frappe à la porte et quand il me dit d'entrer je la pousse doucement.

Quelques minutes plus tard, je redescends, suivi de l'aîné de Georges qui traîne les pieds mollement. Je lui ai joué le coup des violons, en lui disant que j'avais perdu quelqu'un de cher moi aussi et qu'il devrait profiter de son père qui ne serait pas éternel tout ça, tout ça. Ça l'a apparemment convaincu puisqu'il a décidé de me suivre quand j'ai dévalé les marches. Un bon point pour Basile. Je suis bien content de moi là dessus.
De retour auprès du barbecue, je bave presque sur les bons steaks qui cuisent sur le barbecue. Ça sent bon ! Inspirant les bonnes odeurs de cuisine tout autour de moi, je me lèche les lèvres et et je vois Junior détourner le regard vivement. Ben quoi ?! Je me penche par dessus l'épaule de Georges qui a retiré le haut -ce n'est pas bien difficile, il fait dix centimètres de moins que moi – et sourit.


« J'ai hâte que ça soit prêt. Besoin d'autre chose ? »

La table est mise, le parasol est en place, tout est presque prêt. Mais je préfère demander même si je suis sur de pouvoir m'asseoir dans ma chaise à l'ombre et attendre que la bectance soit servie.
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeJeu 22 Mai - 21:36


En regardant Basile disparaître dans la fraîcheur de la maison, je me sentais un peu coupable. Il était là pour se détendre, pas éduquer mes gosses à ma place. J'avais méchamment sauté sur l'occasion d'avoir quelqu'un à la maison, autre que la nounou, qui m'aurait sûrement pris la tête jusqu'à ce que j'aille moi même discuter, en toute inutilité, avec Junior. Basile accepta, malgré l'absurdité évidente de ma requête. J'étais soufflé par un tel aplomb. A sa place, j'aurai probablement tout fait pour me convaincre que j'étais le seul à pouvoir le raisonner. Sauf que Basile était un type gentil et serviable, comme j'avais déjà pu m'en rendre compte.

La boule au ventre d'inquiétude, je mis à cuire quatre steaks et cinq saucisses. Le tout jutais délicieusement sur la grille, dégageant une odeur qui me faisait saliver, avec un petit grésillement charmeur.
Au moment où Basile revint, suivit, à mon grand soulagement, d'un Junior un peu apathique, j'en étais à retourner la viande. Karen, enjouée, avait monté les burgers. Deux pour le moment.

« Tu peux aller t'asseoir. Oh, Basile... Merci. »

Les trois enfants étaient déjà installés. Je remarquai avec une grande joie que Junior ne croisait pas les bras et ne faisait pas la gueule. Il semblait juste un peu pensif et légèrement nerveux, comme le montrait le fait qu'il tripote le manche de sa fourchette.
J'amenai sur la table un burger à Basile et le second à Junior. Nous autres, avec Tommy et Karen, aurions des saucisses comme première assiette. Je remis des steaks sur le grill et m'installai, pressé de calmer la faim qui me tenaillait l'estomac. Mais avant, je regardai attentivement Basile. Je voulais voir sa tête quand il mordrait dans mon burger maison.
Ce dernier était composé de deux steaks, trois tranches de pain à burger au total, le chapeau était parsemé de graines de sésame, on trouvait à l'intérieur des pickles, du ketchup, du fromage en tranche, de la salade, des oignons rouges et un poil de piment en poudre. J'espérais vraiment qu'il apprécierait, je ne m'étais pas donné tout ce mal pour m'entendre dire que ça passait. Il était cuisinier de métier, c'était très important pour moi de l'impressionner. Surtout parce qu'il était français en fait et, qu'en général, je n'aimais pas les Français. Ils avaient tendance à nous prendre de haut.

« Alors ? » ne pus je m'empêcher de lancer quand Basile eut enfin mordu dans son repas.
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeDim 25 Mai - 17:00

L'ambiance de ce dimanche midi me donne fortement envie de dormir au soleil. Eh, c'est ma nature profond de faire la sieste ! Et puis ça me rappelle mon adolescence. Le soleil, ma famille heureuse, unie autour d'un bon repas préparé par mon père. Je suis heureux de retrouver ça dans un endroit où je n'aurais même pas pensé me sentir bien. Je m'attendais à une maison en bois type père pèlerins avec des croix et des images de Jésus partout sur fond de drapeau américain. Au contraire, je ne dirais pas non si Georges me proposait de vivre ici. C'est sobre, moderne et ça doit être très agréable à visiter.
La famille de Georges, bien que fragilisée par la perte de la mère de famille, reste soudée et c'est agréable de voir des enfants aussi volontaires et heureux. Même Junior n'est pas méchant, il est juste à une période difficile de sa vie comme l'indique son style vestimentaire douteux et sa musique à base de porcs égorgés. Il devrait aller voir un match de hockey avec son père, ça marche toujours dans les films.
Quand Georges me remercie rapidement, je secoue la tête et sourit. Il ne devrait pas me sourire, c'est normal de faire ce genre de choses pour un ami. Je suis sur qu'il aurait fait la même chose si j'avais un petit Basile en âge de me broyer les couilles et d'écouter du Slayer. Il faut dire que je n'ai pas l'âge pour ça mais bon …
L'odeur des steaks me donnent de plus en plus faim et je crois que je pourrais défaillir si je ne mange pas dans les cinq minutes. Heureusement, je fais partie des privilégiés qui ont eu la chance de commencer par un burger. Et quel burger ! Il est tellement plein qu'on croirait sans difficulté qu'il est enceint et qu'il va donner la vie à de plus petits burgers. Je sais même pas si j'ai une bouche assez grande pour y fourrer tout ça en hauteur. Me léchant les lèvres, je mords dedans généreusement et constate que c'est agréablement gras.
Je lèche la sauce qui a coulé le long de mon menton et me tourne vers Georges qui me demande des nouvelles de son burger. Avec satisfaction, j'avale ma bouchée et sourit.


« C'est vachement bon. Ça dégueule de partout mais c'est super bon ! Bravo »

Et je mange le reste de mon burger, discutant ça et là avec les membres de la famille. Quand vient le temps d'échanger les plats, j'aide Karen a préparer les trois autres hamburgers et je salive d'avance sur les saucisses qui me font l'effet d'être envoyées par Dieu. Elles sont toutes luisantes de graisse et elles semblent m’appeler comme des sirènes comestibles.
Et puis nous nous remettons à table et je complimente une nouvelle fois le chef. Pour faire la conversation, je demande à Junior ce qu'il veut faire plus tard. Avec un calme tout naturel, il me répond sur le ton de la conversation.


« Dès que j'aurais mon diplôme, je vais m'engager comme gardien à DearDeath. »

J'entends une fourchette crisser sur une assiette mais je ne saurais pas dire si c'est moi ou un des trois autres Joe. Merde alors, j'ai foutu une ambiance de merde, c'est malin. Je me mords la lèvre et baisse les yeux sur mon repas.

« Oh … D'accord. »

J'attends la bombe Georges dans 3 … 2 … 1 …
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeDim 25 Mai - 21:40


Un compliment. Basile venait de faire un compliment au sujet de mon american burger maison. J'en aurai presque eu des étoiles dans les yeux, si j'aimais autant les mangas que Tommy. Satisfait de la réponse du Français, je souris en hochant la tête d'appréciation. Ouais. Ca c'était la vie, la vraie, en matière culinaire.
Suivirent des burgers et des saucisses et, une nouvelle fois, je constatai que Basile appréciait vraiment mon barbecue. Pas que j'eus douté ne serait ce qu'une seconde la qualité de mes plats, mais ça faisait toujours plaisir d'être apprécié par un cuisiner professionnel.

L'humeur était joyeuse, les enfants ne se disputaient pas, tout allait pour le mieux. Il faisait même plus beau et plus chaud que ne l'avait annoncé la météo hier soir. Basile demanda alors à Junior quels projets il avait, à faire une fois qu'il aurait son diplôme du lycée en poche. Je m'attendais à l'entendre parler de la faculté, comme nous en avions convenu. Il ferait des études de droit ou de sciences, à son choix.
Mais en entendant la réponse de Junior, ma fourchette dérapa et s'écrasa sur l'assiette, avant d'y glisser dans un bruit très désagréable. Mes doigts étaient crispés par un mélange de surprise, de peur et de fureur. Je relevai brusquement la tête dans un silence total, pour fixer Junior. Il ne pouvait pas être sérieux ? Et pourtant, son visage était on ne pouvait plus sérieux. Il ne semblait même pas dérangé par le malaise ambiant. Karen avait l'air inquiet et je la comprenais. Elle savait que mon travail était dangereux mais je l'avais rassuré en lui racontant tout ce que j'avais fait par le passé. Mais Junior ?! Il ne connaissait rien des dangers de la vie, absolument rien ! Et il buvait tranquillement son coca, comme si c'était un choix de carrière on ne pouvait plus banal. Si j'avais eu de la nourriture dans la bouche, je me serai certainement étouffé avec.

« Non, Junior. Tu vas aller à la fac. On en a soigneusement parlé, toi et moi, tu te souviens. On a décidé que tu entrerais bien plus tard dans les forces de l'ordre, par une voie douce et réglementée, par paliers.
-J'aurai bientôt dix huit ans, tu ne pourras pas m'empêcher de poser ma candidature à DearDeath.
-Mais pourquoi... ?
-C'est ce que je veux faire, papa. Pourquoi attendre ? »

Je mourrai d'envie de lui répondre à l'aide d'une démonstration ordonnée en trois parties, mais Basile était présent. Je me mordis la langue pour m'empêcher de gueuler et passai ma colère en serrant fort le manche de ma fourchette. Je sentis le métal plier légèrement sous la pression.

« Très bien. Nous aurons cette discussion plus tard.
-Pourquoi c'est toujours comme ça avec toi ?! Tu ne respectes jamais MES choix quand ce ne sont pas aussi les tiens ! Mais c'est tout l'intérêt de mes propres choix. Ils n'appartiennent qu'à moi ! »

Là dessus il se leva de table, renversant sa chaise dans le gazon, et s'enfuit au courant dans la maison. Nous n'allions certainement pas le revoir de la journée. Et cette fois, je n'enverrai pas Basile. C'était quelque chose que je devais régler avec mon autorité parentale, plus tard.

« Bon, je suppose que ça fera plus de dessert pour nous. »

Je sentais que Basile mourait d'envie de me parler. Ou peut être que je me faisais juste des idées. Mais autant crever l'abcès. Je me levai de table après avoir terminé mes frites.

« Finissez tranquillement les enfants. Basile, tu veux venir m'aider à porter les desserts ? »

Je me rendis ensuite dans la cuisine en passant par la porte fenêtre ouverte qui donnait sur la pièce. Pour terminer le repas, j'avais prévu des Mystères. Les enfants en raffolaient. Surtout Junior. … Tant pis, je lui gardais au frais de toute façon.
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeSam 31 Mai - 22:59


Et le chaos éclate. Je sens bien que Georges essaye de me ménager mais rien n'y fait, Junior a choisi ce dimanche pour faire sa forte tête et contester l'autorité sans doute étouffante de son paternelle. Je conçois parfaitement que le fait qu'ils doivent régler leur compte mais pourquoi ça devait arriver à un moment mais pourquoi quand je suis là ? Ah oui, j'ai provoqué ça. Je suis un boulet. Je m'en veux énormément, même si je me sens pas mal agressé indirectement.
J'aimerais intervenir mais je vais encore empirer la situation. Alors je me tais et je fixe mon dernier petit bout de saucisse qui doit bien se sentir seul dans cette si grande surface. Déglutissant, je vois les enfants qui semblent catastrophés par la nouvelle de la volonté de leur frère de s'engager. Compréhensible. Je ne serais pas rassuré si j'apprenais qu'une personne à qui je tiens veut risquer sa vie là dedans. Un instant de silence m'aide à me plonger dans des souvenirs désagréables. La fois où j'ai annoncé à mes parents vouloir m'engager à DearDeath.
C'était un soir d'hiver assez rude, il y a de ça quatre mois. Papa et Maman avaient accepté de me rejoindre pour manger dans un restaurant concurrent. Papa trouvait ça complètement stupide d'aller manger chez quelqu'un d'autre mais j'avais fini par le persuader que ça nous ferait du bien de manger quelque chose que nous n'avions pas cuisiné. J'avais donc réservé une table pour quatre Chez Miguel. Je réservais toujours pour quatre, même si Emilie nous avait quitté depuis presque un an. Et quand j'avais annoncé la nouvelle, Maman avait éclaté en pleurs alors que Papa avait quitté le restaurant sans un mot. Je les avais déçu, comme d'habitude.
Alors je comprends Junior, je le comprends parfaitement. Je comprends qu'il ait fait ce choix de carrière. Oh je ne sais pas pourquoi mais il doit sans doute avoir quelque chose à prouver à son père. Et je ne fais pas une généralisation de mon histoire, il y a un froid entre eux. Rien que le fait que Georges m'ait demandé de ramener son fils l'indique clairement.
Une fois rendus dans la cuisine, je pose le plat qui contenait il y a quelques minutes la viande sur le plan de travail. En haut, Junior avait mit la musique à fond. La chanson de Def Leppard résonnait en sourdine dans la maison, jusqu'ici. Me mordant la lèvre, je regarde avec malaise le père de famille.


« Tu dois parler à ton fils. Il veut sans doute suivre ton exemple ou te prouver qu'il peut être aussi fort que toi. Ou alors il s'en veut pour la mort de Caroline. Tu dois lui parler. Maintenant, crever l'abcès. Sinon, tout cela ne risque que d'empirer. Je surveillerais les enfants, ne t'en fais pas. »

Avec un sourire bienveillant, je pose une main sur son épaule avant de prendre les desserts de sa main et de les remettre au congélateur. J'ignore s'il me suit mais si c'est le cas, il ferait une grave erreur. Je donne une caresse au chien qui halète à cause de la chaleur avant de rejoindre les enfants et de m'asseoir sous le parasol. Tommy a l'air repu tandis que Karen picore son burger.

« Si tu finis de manger, je te promets de t'acheter quelque chose de super la prochaine fois qu'on se verra. »

Son visage s'éclaire d'un sourire plein d'espoir.

« Comme un CD des One Direction ? »

Je déglutis et me force à sourire. J'ai peu entendu parler de ces jeunes aux cheveux étincelants mais ça m'a suffit.

« Oui par exemple. »

Dire que je vais mettre de l'argent là dedans ça me mine … Je pourrais jamais avoir de gosses pour ça : je suis faible. Au moins, elle finit rapidement son burger, tous soucis envolés.
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeDim 1 Juin - 17:49

« Tu dois parler à ton fils. Il veut sans doute suivre ton exemple ou te prouver qu'il peut être aussi fort que toi. Ou alors il s'en veut pour la mort de Caroline. Tu dois lui parler. Maintenant, crever l'abcès. Sinon, tout cela ne risque que d'empirer. Je surveillerais les enfants, ne t'en fais pas. »

Je me retournai lentement en entendant ça. Malgré toute l'affection que je pouvais éprouver pour Basile, il me fâchait. Je le combattis du regard, utilisant le plus déterminé et terrifiant que j'avais en réserve, mais ça ne suffit pas à faire plier le Français. Sans doute parce que je savais qu'il avait raison. Je détournai finalement la tête et lâchai un gros soupir, mes épaules s'affaissant.

« Très bien, je vais voir ce que je peux faire dans l'immédiat. Je suis désolé pour le dérangement, ça gâche un peu le week end. »

De toute façon, il savait bien que Junior et lui ne parviendraient pas à un accord, donc que le jeune homme resterait probablement à bouder pour le reste de la journée. Ils devaient avoir une discussion très sérieuse. Et longue.
Après avoir laissé Basile ranger les glaces, je me dirigeai vers l'escalier. Avec un peu de chance, Junior descendrait manger le dessert avec nous autres. Je l'espérais en tout cas.

Je frappai à la porte de sa chambre mais n'obtins aucune réponse. Je ne pris pas ça pour un refus, il pouvait très bien ne pas m'avoir entendu à cause de la musique. Beaucoup trop forte. Ce n'était pas dans ses habitudes. Sauf quand il me tenait tête.
Je poussai donc la porte et pénétrai dans l'atmosphère étouffante et sombre de la chambre de mon fils aîné. Il avait partiellement fermé les volets électriques, laissant la lumière filtrer par les persiennes. Une bonne attitude par ce temps. J'ignorais s'il faisait ça pour cette raison ou pour donner à son antre une ambiance plus gothique que d'habitude.
La musique s'abaissa à un volume tout juste audible dès que j'eus fait un pas dans la pièce. Junior tourna sa chaise de bureau dans ma direction, les bras croisés et l'air renfrogné. Je vis une grille noire et blanche sur son écran, en 3D, sur laquelle étaient disposées des modèles virtuels de pièces d'échec. Encore et toujours ce jeu en ligne. Je ne pouvais pas l'engueuler pour faire travailler sa tête, mais j'aurai préféré qu'il le fasse en compagnie de vraies personnes. Cela dit, je n'allai pas aborder ce sujet avec lui maintenant. Un autre, bien plus préoccupant, m'amenait ici.

« Junior, il faut qu'on parle de ta décision.
-Je croyais que tu voulais attendre que ton... Ami... Soit parti. Vu que tu as honte de moi et de mes ambitions.
-Qu'est ce que tu veux dire ? Je n'ai pas honte de toi, mais il me semble que se disputer à table quand on a un invité n'est pas...
-Oh Papa ! Me la fais pas, hein ! Depuis la mort de Maman, pas une seule femme n'a foutu les pieds à la maison. Et là, à peine quelques semaines après ce nouveau travail, tu invites un mec aux penchants sacrément évidents, pour un repas de famille. Tu te le tapes, hein ? C'est notre nouvelle mère ?! »

Je faillis ne pas réussir à retenir ma gifle. Mes doigts s'accrochèrent à ma chemise et mon visage devait afficher une grimace pas très jolie, jolie. Junior ne sembla pas le remarquer, il continua à me défier du regard.

« Basile n'est pas de ce bord et moi non plus ! Tu connais parfaitement ma position à ce sujet.
-Oh, pitié. Tu as tout de l'attitude du gay refoulé. »

Cette fois, ma main partit... Pour s'écraser sur le bureau. Je sentis mon visage chauffer et devenir rouge. Junior allait beaucoup trop loin.

« Retire toi ça tout de suite du crâne ! Comme ta candidature à la prison ! Tu iras à la fac, dussé-je t'inscrire moi même !
-Parfait. Et bien tu dépenseras tout ce fric pour rien. Parce que je n'irai pas en cours. »

Je ne répondis rien et me contentai de partir en claquant la porte. J'étais furieux et allai me rafraîchir le visage dans la salle de bain avant de descendre. Quand j'arrivai dehors, le paquet de glaces dans les mains, je pus constater que les enfants avaient vidé leurs assiettes. Je forçais mon visage à afficher un air neutre, mais à l'intérieur, j'étais tout crispé et en colère. Il faudrait que je demande à Junior, plus tard, ce qui lui était vraiment passé par la tête, sans me faire avoir par cette diversion d'ordre homosexuel.

« Servez vous les enfants. »

Je mis moi même un pot devant Basile avant de m'asseoir à ma place. Comme j'étais à côté de mon invité, je pus glisser à son oreille quelques mots sans que les enfants n'y prêtent attention. Karen était trop occupé à retirer toutes les noisettes de sa glace pour les donner à Tommy.

« On n'a même pas abordé le problème. Il pense que toi et moi on sort ensemble... Ou alors il a dit ça juste pour me faire chier. »

Je baissai les yeux sur ma glace pour en prendre une cuillerée. J'étais un peu honteux de parler de ça. Basile et moi, on se connaissait à peine. Puis, je ne connaissais pas sa position sur le sujet. C'était vrai qu'il faisait gay. Et moi je n'étais pas trop d'accord avec ça, alors j'espérais qu'il n'allait pas se lancer dans un discours moralisateur. Parce que je ne sais pas si après, je pourrai encore avoir envie de l'inviter. Ca serait dommage, j'aimais bien sa compagnie.

« Dis Papa, lança Karen. On va aller dans les bois après manger ?
-Bien sûr ! Il faut montrer à Basile comment on digère, chez les Joe ! »

J'eus un petit sourire carnassier. J'allais le faire suer.
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeSam 7 Juin - 12:38


Le fait que Georges mette un peu de temps à revenir ne m'inquiète pas. Il est normal qu'il mette du temps à résonner son fils, à se réconcilier avec. Bien sûr, tout ne sera pas résolu en un tournemain mais quand même, il a de quoi faire pour le persuader de bien vouloir faire des études. A commencer par les nombreuses cicatrices sur son corps. Je ne l'ai vu qu'une fois torse nu, à la salle de musculation lors de notre première rencontre mais j'ai bien vu toutes ces marques de souffrance sur son corps, toutes ces entailles et ces cicatrices. Il ne fait pas un travail facile, je dois bien l'avouer. Bon, avec l'âge et l’expérience il doit bien avoir quelques avantages comme choisir ses horaires ou avoir plus de café à la salle de détente mais cela n'empêche pas que ses enfants seront toujours plus inquiets pour lui que s'il était comptable ou ouvrier du bâtiment.
Mes yeux papillonnent légèrement et je me sens somnolant. J'ai bien mangé, il fait chaud, il y a du soleil et de l'herbe, je me croirais presque chez moi. Je ne dirais pas non à une sieste bien méritée mais je ne pense pas que les Joe seront d'accord avec mes habitudes de français paresseux. J'ai bien peur de devoir rester actif toute la journée. Cette chaude journée va venir à bout de ma vitalité débordante. Baillant, je me demande bien ce que Georges a prévu pour le reste du week-end. Une ballade champêtre, un après-midi de farniente ou autre chose ? En tout cas j'espère ne pas trop avoir à me bouger la couenne.
Mes pensées vagabondent et se dirigent vers la demande de Rourke de ce matin. Je me sens tellement, tellement mal à l'aise par rapport à lui. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ? ''Je suis désolé mais ce n'est pas mon genre de sortir avec des gens de mon travail'' ? Oh je suis ridicule, je sais bien que j'ai envie de sortir avec lui. Je sais bien que j'ai envie d'être avec quelqu'un. Mais est-ce que c'est bien correct de faire ça alors que je n'éprouve rien pour lui ?
Est-ce que je n'éprouve rien pour lui d'ailleurs ? Je ne sais même pas ce que je dois faire, ce que je me sens de lui répondre. Je crois bien avoir une certaine complicité avec lui, une complicité que j'ai ressenti quand on est allés au restaurant mexicain ensemble. C'était agréable, festif, on a un peu trop bu mais je ne m'inquiétais de rien. Est-ce que c'est ça être bien avec quelqu'un ? Je suis tellement ignorant à ce sujet … Est-ce que je devrais demander à Ulrick, au risque de paraître complètement ridicule.
La présence de Georges me sort des affres de ma conscience torturée et je me redresse avec un sourire. Le dessert ! Une glace, parfait dessert pour ce temps. J'aime beaucoup me rafraîchir avec de la crème glacée sous un parasol. Bon, elle ne doit pas être aussi bonne que la mienne mais je suis quand même un chef trois étoiles et c'est une des premières techniques que j'ai maîtrisé. Je suis un maestro des desserts maintenant et j'en suis plutôt fier.
Les mots de Georges me surprennent et j'écarquille les yeux de stupeur. Lui et moi en couple ? Il n'y a pas plus ridicule que cette idée. Enfin il n'est pas du tout le genre de personne avec qui je pourrais sortir quand même, nous sommes trop différents et puis je ne le vois pas du tout, DU TOUT, sortir avec un homme. Ce serait vraiment, vraiment trop bizarre, je préfère ne même pas y penser. Un petit rire m'échappe et j'entame le dessert.
La voix de la petite attire mon attention après quelques bouchées et je jette un regard terrifié à Georges qui semble bel et bien décidé à m'emmener dans les bois avec eux. Et ce n'est pas rassurant. Oh, bien sûr, j'ai toujours une once d'innocence en moi qui me dit que c'est peut-être pour cueillir des champignons mais je ne crois pas que Georges ait acquis ses muscles et son endurance en cueillant les champignons. Et je n'ai pas envie de bouger.
Une petite voix en moi me souffle que je n'aurais pas du emporter ce pantalon de jogging et que maintenant je n'ai plus aucun excuse pour me défiler.
Après avoir fini ma glace, j'aide à la vaisselle pendant que les enfants vont se changer. Je range les assiettes à leur place et en profite pour parler seul à seul à mon ami.


« Junior est déstabilisé, j'ai cru comprendre que tu ne fréquentais pas grand monde. Je ne pense pas que ça soit juste pour te faire chier, je pense qu'il a un véritable mal-être en lui. Je l'ai senti quand je lui ai parlé... »

En essuyant un verre, je souris largement et rajoute quelques mots.

« Et honnêtement, je suis désolé mais tu n'es pas du tout mon genre. »

J'entends des pas rapides dans l'escalier et je hausse un sourcil. Les enfants descendent un peu plus tard et je me dis que c'est Junior qui a du remonter précipitamment. Il a du m'entendre. Je n'ai rien dit de méchant pourtant …


Une fois habillé convenablement en pantalon de jogging gris et en débardeur noir loose oversize avec des brodequins rouge, je rejoins les autres dehors et j'ai la surprise de retrouver Junior, les bras croisés et faisant la moue dans le groupe. Il évite à tout prix de me regarder apparemment.
Je détache mes cheveux rapidement et les ébouriffe. En les attachant en queue de cheval basse sur le côté, je m'adresse à Georges.


« Alors on va où ? Je te préviens, si tu me fais faire un parcours du combattant, je risque de vomir mes tripes sur tes chaussures. »

C'est bien gentil de vouloir me faire me bouger le gras mais quand même, on vient de manger !
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeDim 15 Juin - 12:41

Basile répondit d'un petit rire à mes paroles au sujet de mon fils, ce qui me rassura. C'était, bien sûr, la seule réaction sensée à avoir dans ce cas. Considérant la conversation terminée, je me concentrai sur ma glace, plongeant ma cuillère dans la couche craquante de noisettes caramélisées. Après que Karen ait évoqué notre balade dans les bois dominicale, je sentis le regard insistant de mon invité sur moi et lui jettai un coup d’œil. Je ne comprenais pas vraiment d'où lui venait cette expression alarmée. Alors, pour le rassurer, je tendis le bras pour lui tapoter amicalement l'épaule et l'informa :

« Tu sais, ici, il n'y a pas de loups. C'est pas comme en France. »

Ouais, les Français étaient un peu des sauvages. Ils laissaient les bêtes proliférer partout sans se soucier de leur propre progéniture. On racontait que dans les Alpes, des loups énormes dévoraient les nourrissons régulièrement. J'ignorais si c'était la vérité, mais je commençais à y croire, vu la tête de Basile.


Lorsque nous en eûmes tous les quatre terminé avec leurs glaces, les enfants aidèrent docilement Basile à emporter la vaisselle dans la cuisine, tandis que je m'occupais de récurer le barbecue pour le ranger. Je rejoignis ensuite le Français, qui s'attelaient déjà à nettoyer les assiettes, et pris l'éponge. Hors de question que mon invité se mouille les mains avec ça.

« Notre lave-vaisselle est en panne. Faut que j'appelle le réparateur. »

Je poussai un petit soupir. J'oubliais sans arrêt. Je devrais peut être laisser un mot d'instruction à la nounou pour qu'elle le fasse à ma place. Il n'y avait que le samedi que je pouvais appeler, ou pendant le travail, mais j'avais toujours autre chose dans la tête à ces moments là.
Alors que je frottais les couverts, Basile, une assiette dans la main, remit le sujet « Junior » sur le tapis. Je pinçai les lèvres en l'écoutant, les yeux résolument rivés sur l'eau savonneuse.

« Un mal-être, pris-je néanmoins la peine de répondre. Mais je n'ai rencontré personne qui en vaille le coup. En treize ans, je sais que ça fait beaucoup, mais personne n'arrive jamais à la cheville de Caroline. En fait, je n'ai pas envie de fréquenter des femmes, ou quand c'est le cas, de les voir sous un angle romantique. … Je n'ai pas envie de remplacer mon épouse. »

J'avais bien conscience de la stupidité de mes mots, comme devait l'avoir aussi mon fils aîné. Mais je ne pouvais simplement pas me résoudre à sortir avec quelqu'un d'autre. Chaque fois que j'y pensais un peu, j'avais l'impression de déjà tromper Caroline. Pourtant, je savais que là où elle se trouvait, elle ne voulait que mon bonheur, ainsi que celui de nos enfants. Et elle ne serait certainement pas jalouse. Sans doute désirait elle ardemment que je me trouve quelqu'un. Une gentille femme, qui aimerait les enfants et leur plairait. Quelqu'un de doux, attentionné, compatissant et compréhensif. … Quelqu'un comme Caroline.
Je soupirai doucement, pour le compte de mes propres pensées. Puis retirai le bouchon de l'évier. Je m'attardai un peu sur le petit tourbillon d'eau, hypnotique. Jusqu'à ce que Basile me sorte de mes pensées.
Je tournai brusquement la tête dans sa direction, une expression alarmée sur le visage, un poids glacial dans la poitrine. Pourquoi est ce qu'il me disait ça ? Il était gay ? Vraiment ? … Mais non, il ne s'agissait que d'une plaisanterie ! Je me détendis et lui souris.

« Ouais, encore heureux, hein. »


Nous nous retrouvâmes tous, Junior comprit, dehors, quelques minutes plus tard. Tout le monde avait sa tenue de sport, même Basile, qui avait tout prévu. Je dû à nouveau rassurer ce dernier, qui plaisantait sur son estomac.

« Ahah ! Un parcours du combattant ? Tu me prends pour un monstre ? »

Non, bien sûr que non, je ne faisais pas subir ça à mes enfants. Sauter par dessus des trous de trois mètres de longueur à une distance de cinq mètres de hauteur, c'était un peu suicidaire et surtout inutile. Ils n'allaient pas faire le SWAT, eux. Du moins, je l'espérais. Junior commençait à me faire douter.

Nous nous rendîmes à pieds jusqu'à la forêt. Ici, le terrain n'était pas préparé pour les joggeurs du dimanche et était plutôt accidenté. Le chemin était à peine visible et non balisé. Parfait. Même Karen n'aimait pas les parcours prédéfinis, ils étaient trop faciles, ennuyeux.

« Oookay ! Bon, pour commencer, on va s'échauffer avec une petite course tranquille. On fait un kilomètre au petit trot, jusqu'au gros arbre renversé là bas. »

L'arbre en question, un pin qui devait avoir pas mal d'années derrière lui, avait finalement été terrassé par un orage récent. C'était triste, mais fournissait un excellent point de repère.
Je donnai le départ d'un coup de sifflet et nous démarrâmes tous tranquillement. A l'aide de mon chronomètre, je calculai rapidement que nous allions environ à douze kilomètres à l'heure, une petite pointe. Basile n'aurait certainement pas de mal à suivre.

Junior était le plus rapide. Il parvint en premier à l'arbre mort en quatre minutes et cinq secondes, sauta lestement par dessus le tronc et se retourna pour nous offrir son visage satisfait. Il avait gagné, comme toujours.

« J'avais dit tranquillement, Junior. T'es incurable.
-Qu'est ce que tu veux Papa ? J'aime pas me plier aux handicapes de limaces dans votre genre. »

Karen, qui l'avait rejoint, lui flanqua un coup de basket sous la fesse. S'ensuivit les prémices d'une engueulade, jusqu'à ce que Tommy éclate de rire face aux insultes colorées de Karen. Je me sentis bien, rasséréné. Notre esprit de famille était revenu, dans la bonne humeur. Mais, que faisait Basile ? Je me retournai dans la direction du Français, à la traîne.
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeVen 20 Juin - 14:53

La fatigue a toujours été une notion relative pour moi. Je suis fatigué après une grosse journée de travail, je suis fatigué après une bonne séance de sport mais je n'ai jamais été rompu. Je n'ai jamais connu cette sensation d'épuisement que certains décrivent parfois comme la pire chose au monde. Je n'ai jamais été tiraillé au point de ne plus sentir que les muscles qui me font mal. Non, je n'ai jamais connu tout ça. Au contraire, ma vie a toujours été plutôt reposante. Je n'y peux rien, je suis du Sud, chez moi on ne force pas trop.
Alors non, ce qui me fait peur ce ne sont pas les loups, comme le pense Georges – d'ailleurs, non, il n'y a pas tant de loups que ça, je n'en ai jamais vu de ma vie – non ce qui me fait peur en réalité ce sont les conséquences de cette petite ballade champêtre que je sens être une véritable souffrance en devenir pour moi. Je vais me sentir mal, probablement me ramasser comme une crêpe sur le sol terreux. Génial.
Pas très chaud, je tire un peu sur mon débardeur en déglutissant bruyamment. J'espère ne pas trop me ridiculiser. Au moins, j'ai une tenue adaptée. Je ne pense pas pouvoir trop pleurer si mes fringues sont bonnes à brûler. Pourtant, mon ami m'annonce que nous allons commencer en douceur. Bon, tout va bien alors, on va juste trottiner. Je m'attendais à quoi ? Georges n'est pas sadique envers ses enfants, qui participent aussi à l'activité en extérieur.
Je dévisage d'autant plus Georges quand il annonce la couleur. Okay, je vais mourir ici. Dommage que je n'ai pas rédigé mon testament avant, je ne pourrais rien léguer à mon chat. Adieu, monde cruel, aujourd'hui, ma vie prend fin. Comment ça je dramatise ? Non je ne dramatise pas, je dis la vérité. Je vais mourir, étouffé dans mon triste vomi. Et le pire c'est que cela ne semble choquer personne ! Ces gens sont des malades.
Qui, au juste, pourrait être assez malade pour désirer faire ça ? Ah oui, la famille Joe. Dès que je commence à courir, je sens mes poumons me brûler. Nos notions de rapidité ne sont pas les mêmes et, même si j'essaye de maintenir la cadence pour ne pas trop me ridiculiser, je finis par abandonner, pantelant, à genoux.
Et puis je réalise. C'est ma chance de prouver à Georges que je vaux quelque chose et pas qu'en cuisine. Alors je mets la gomme et j'arrive au pin endommagé – le pauvre – environ une minute après le reste de la famille. Je me repose contre le tronc de l'arbre le plus proche de Georges, m'éventant avec le bas de mon débardeur beaucoup trop collé à mon torse. J'ai chaud, je saigne du nez et je suis couvert de sueur. Ce corps n'est pas fait pour ça. Mais au moins j'y suis arrivé ! Pourquoi je me suis imposé ça ? Je tourne la tête vers mon ami et essuie le sang qui coule de mon nez.


« T'es pas humain, vous êtes pas humains ... »

Je pose ma main sur son épaule, me décollant du tronc et toujours haletant comme un chien face au vent.

« Je peux pas faire ça, continuez sans moi, achevez moi, tout ça. Laissez moi mourir. »

Je suis sûr que mes yeux reflètent le profond désespoir qui m'habite. Je veux juste mourir. Et puis, je repère quelque chose du coin de l’œil. Un écureuil, éventré, sur le côté d'un arbre. Mes yeux s'écarquillent et je déglutis, pointant la bête.

« Hm … Par cette chaleur et dans cette saison, un seul animal a pu faire ça. Et ce n'est pas un renard, croyez moi. »

Un grognement non loin m'affole et je regarde derrière moi. Okay, maintenant j'ai vu un loup de mes propres yeux.
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeSam 21 Juin - 20:28

Basile réussit finalement à nous rejoindre, recouvert de sueur, haletant et visiblement à bout de forces. Au début, je ne compris pas. J'avais toujours vécu entouré de sportifs, voir de gens un peu extrêmes. Mais je devais me souvenir que la plupart des gens n'étaient pas notre petite famille. Une course à pieds avait tendance à épuiser l'humain moyen. Je me rapprochai de lui alors qu'ils s'éventait avec son t-shirt et plaisantait sur notre nature. Je lui souris et lui donnai une bonne tape amicale sur l'épaule.

« Mais bien sûr que si ! »

Je voulus partir dans un grand éclat de rire, mais Basile trébucha sous la force de mon geste et je dus le rattraper par le bras pour éviter qu'il ne s'affala au sol. Le Français proposa ensuite de nous laisser continuer tout seuls et je n'hésitai que quelques secondes avant d'acquiescer avec un air grave. Les enfants et moi avions besoin de nous défouler, pas seulement pour notre bien physique. Basile, lui, aurait bien du mal à nous suivre s'il était déjà dans cet état pour l'échauffement, qui était censé être un amusement sans conséquence. Je lui tendis donc les clefs de la maison.

« Tiens, tu n'as qu'à rentrer et te mettre à ton aise... »

Je m'interrompis devant son regard, soudain inquiet, et suivis ce dernier. Basile pointa l'index en direction de ce que j'avais déjà repéré. Un écureuil éventré. C'était répugnant. Encore un petit malin qui s'amusait à torturer les animaux. A cause de ce que le cuisinier avait dit, Karen se rapprocha pour voir. Quand elle eut la pauvre bête dans son champ de vision, elle poussa un cri strident, à la fois dégoûté et scandalisé. Je la pris par l'épaule et la collai à moi. Le visage masqué dans ses mains, elle se réfugia tout contre moi.
Un grognement nous interpella tous. Junior se précipita devant moi, pour protéger sa sœur sans doute. Un loup. Un vrai loup, comme à la télévision. Je déglutis, pas très rassuré et surtout trop étonné pour savoir quoi faire. Je n'avais pas été formé à réagir face à un loup sauvage. Du sang rougissait ses babines et les crocs qu'il dévoilait. Est ce qu'il avait faim au point de vouloir nous attaquer ? Ou bien voulait il simplement défendre son territoire sur lequel nous venions d'empiéter ?

Doucement, pour ne pas effrayer la bête, je repoussai Karen vers Basile, la lui confiant. Je rejoignis ensuite Junior, en position de défense, les jambes écartées et les mains en avant. Je l'imitai. Tommy devait être derrière, même si je n'avais pas vérifié. Il devait être derrière. J'avais un contact visuel avec la bête, que je ne devais briser sous aucun prétexte. Je devais le dominer par le regard.

« Basile, fis je d'une voix tranquille et pas trop forte. Qu'est ce qu'il faut faire pour se dépêtrer d'une telle situation ? »

Si possible, la réponse devait arriver vite. Je n'avais pas envie de me retrouver dans un combat au corps à corps avec cet animal. Ou que l'un de mes enfants se fasse agresser.
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeSam 28 Juin - 23:04

Malgré mes connaissances moyennes en faune locale, je ne pouvais pas me tromper. Un loup féroce était en face de nous et il grognait. Peut-être bien que ce qui nous attendait était un déchiquètement en règles après avoir supplié un loup qui, de toute façon, était incapable de nous comprendre. J'aurais tout donné pour que la façon de digérer des Joe soit juste un bon poker version texas hold'em ou une petite partie de Frogger sur une borne d'arcade d'origine. Mais Georges ne serait pas Georges s'il n'était pas extrême.
Déglutissant, je regarde le loup dans les yeux et recule doucement, me cognant au torse musclé de mon ami. Comment est-ce que diable nous en sommes arrivés là ? Un petit jogging n'a jamais tué personne, je me disais. Bon, relativisons. Il ne peut pas attaquer cinq personnes en même temps donc … Au moins trois d'entre nous ont une chance de s'en sortir, quatre avec du cul. Il a l'air affamé en tout cas ou au moins sur la défensive. Est-ce que nous serions proche de son terrier ? J'ai cru voir dans un reportage animalier très tard que les louves défendent leur territoire avec ferveur pour protéger leurs petits. Bon, okay, maintenant, comment reconnaître une louve ? Allez Basile, fais marcher ton cerveau, le peu de matière grise qui ne s'est pas fait la malle sous la panique intense qui s'est emparé de toi. Je ne vais quand même pas me la jouer Gladiator et essayer de me la faire à mains nues.
Des pis, des mamelles, des tétons, je sais pas comment ça s'appelle mais elle doit en avoir hm ? J'ai vu ça en cours de latin, la mère de Romulus et Remus. Déglutissant, je penche la tête légèrement avant d'être sorti de mes pensées par la voix de Georges qui me demande des conseils. Déglutissant, je tourne la tête vers lui, un regard d'incompréhension clairement affiché. Je ne suis pas un expert en loups, bon Dieu ! Je suppose que les Américains nous voient essentiellement par ça et la cuisine comme nous les voyons essentiellement par Thanksgiving et Star Wars.


« Tu es au courant que les loups sont en voie d'extinction chez moi et que je n'en avais jamais vu un de ma vie avant aujourd'hui ? Si survis aujourd'hui, tu devras remercier Chasse et Pèche. »

Je me penche tout doucement et remarque qu'en effet des petits louveteaux se cachent derrières les mamelles de leurs mère. Okay, maintenant je sais quoi faire. Je ramasse un oisillon tombé du nid non loin de là qui a du se rompre le cou sous le choc et je lui tends, le bras tendu au maximum.
La louve me jette un regard suspicieux et prend l'animal mort entre le bout de ses dents. Elle le donne ensuite à un de ses petits, un de ces qui n'ont presque pas de poils, qui le mange difficilement. Je passe ensuite ma main sur la tête de la louve, entre les deux oreilles, en gardant ma tête en dessous de la sienne. Et puis je recule doucement, chuchotant quelques mots à l'attention de la famille Joe.

« Reculez doucement et rentrez. Je vous suis de près. »


En effet, nous sommes rentrés quelque minutes plus tard et je prends un verre d'eau, après avoir lavé mes mains plus de huit fois maintenant. Souriant, je tremble un peu et je repose le verre après seulement quelques gorgées. Quelle aventure et tout ça à quelques mètres de chez mon ami.

« Elle voulait juste protéger ses petits … il faudrait appeler quelqu'un pour qu'elle soit transférée en parc naturel avec ses louveteaux. C'est déjà un sacré miracle qu'ils n'aient attaqué personne en forêt. »

J'évente à nouveau mon débardeur qui colle à ma peau. Je crois avoir plus sué par peur que par l'effort.

« Je vais prendre une douche, je vous laisse retourner à votre sport de haut niveau. »


Une fois dans la douche, j'éclate en pleurs sous l'eau brûlante qui coule du pommeau. Comment je pourrais réagir autrement ? Je suis passé à nouveau à côté de la mort, bien trop près une nouvelle fois. Cette bête n'était pas méchante mais elle aurait pu me croquer la main et j'aurais du dire adieu à mon métier mais surtout, surtout, adieu à DearDeath. Et rien ne pourrait me rendre plus triste à l'heure actuelle que cette nouvelle. J'ai trouvé une nouvelle maison. Une maison qui n'est pas sûre, une maison où je risque la mort à n'importe quel moment mais surtout, une maison où je me sens bien. Je ne pourrais plus jamais retourner vivre définitivement en France, ce pays que j'aimais tellement pourtant. Maintenant, c'est ici que se fait ma vie, je ne peux plus m'échapper, je suis trop attaché à cet endroit sinistre et lugubre. Même si les dangers qui me menacent chaque jour me font l'effet d'une épée de Damoclès, je ne peux pas me résoudre à me dire que je devrais démissionner. J'ai déjà reçu plusieurs proposition de travail à Chicago, à la Blue Gallery de Seattle ou au Shakespeare Hall de Washington, je les ai toutes rejetées. Ma vie est ici, définitivement.
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeDim 29 Juin - 14:52

La révélation de Basile me donna l'impression qu'une partie de moi était détruite. Comment ça, les loups avaient presque entièrement disparu en France ? Et puis quoi encore ? Le fromage et le vin n'étaient pas si populaires là bas ? Les femmes se baladaient en jean et t-shirts au lieu de robes longues ? Les trois quarts de la population n'étaient pas homosexuels ? Tous les Français ne savaient pas bien cuisiner depuis leur plus jeune âge ? Et les escargots alors ?
Je n'avais pourtant pas le temps de m'affoler à ce sujet, encore moins de m'offusquer à voix haute. Mes enfants étaient toujours en danger. Je verrai plus tard ce qu'était « Chasse et Pêche ».
Basile, malgré tout ce qu'il avait pu dire jusque là, joua les héros. Ou plutôt, il agit en héros. Car ce n'était pas un jeu. Il réussit à calmer le loup en lui jetant un oiseau en pâture. Au moment où il nous commanda de rentrer à la maison, j'avais déjà fait un pas en arrière. Je saisis le t-shirt de Karen au niveau de l'épaule et reculai, suivis par Junior qui ne faisait pas sa tête brûlée. Bien, un soucis de moins. Nous récupérâmes Tommy un peu plus loin, pas tant effrayé que ravi de leur mésaventure. Je pris bien soin de nous faire décrire un large arc de cercle pour passer assez loin du territoire lupin. Tout ça sans céder à la tentation de courir.

Une fois hors des bois, nous nous laissâmes aller à la course. Les enfants défoncèrent presque la porte pour retrouver la fraîcheur de la maison. Quant à moi, j'attendis Basile devant la clôture blanche du jardin.
Quand tout ce petit monde se retrouva dans la cuisine, Junior distribua des verres d'eau. Basile était fébrile, mais je devais bien être le seul à l'avoir remarqué. Les enfants étaient occupés à se surveiller entre eux.

Basile partit prendre une douche et les deux plus jeunes enfants allèrent jouer dans le jardin. J'entendis Tommy dire qu'ils allaient peut être voir le loup s'ils scrutaient assez les arbres. Son ton était un peu trop jovial à mon goût, mais je savais aussi qu'il ne commettrait pas la folie de se rendre dans les bois.
Mon regard s'attarda sur le téléphone. Je devrai prendre du temps pour appeler quelqu'un, demain, au sujet de cette bête sauvage. Junior intervint en se plantant devant moi.

« Ecoute, p'pa, je suis désolé pour tout à l'heure. T'es pas... Un gay refoulé. Je sais que Maman compte toujours beaucoup pour toi. … Hum... Mais ça ne change rien. Je veux toujours faire l'armée, le SWAT et... Tout comme toi.
-Mais ce n'est pas ce que je veux pour toi, fils. Je ne serai jamais d'accord pour que tu mettes ta vie en danger.
-Ce qui est important, c'est ce que moi je veux, nan ? Et ce que je veux, c'est être utile, comme toi. »

Il m'avait cloué le bec. Qu'est ce que je pouvais répondre à ça ? Malgré mon avis tranché qui ne changerait très certainement jamais, je me sentais fier. Fier de moi, fier de lui. Nous finîmes de nous réconcilier dans les bras l'un de l'autre. Lorsque nous nous séparâmes, Basile était dans l'encadrement de la porte, plus propre qu'aucune autre personne présente dans cette maison. Et on disait que les Français étaient sales...
Junior s'éclipsa après avoir lancé un regard gêné à Basile. Normal, il devait être mal à l'aise à cause de notre dispute. Tommy débarqua en courant et porta son petit poing sur le bras de Basile, dans un geste amical.

« T'es trop fort, Basile ! Papa il a toujours des copains super cools ! »

Une fois les enfants à nouveau disparus, je me rapprochai de mon collègue.

« Un whisky ? Un coca ? Un whisky-coca ? »
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeMer 2 Juil - 17:39


Mon téléphone sonne. Un appel inconnu. Peut-être encore ce restaurant de Seattle qui veut me prendre comme chef en remplacement de l'un de leurs cuisinier qui s'est lancé dans l'écriture d'une série de roman de fantasy. Je ne peux pas dire que ce ne soit pas triste qu'ils travaillent en sous effectif mais je ne peux pas quitter DearDeath.
Le temps que je sorte de la douche et que je décroche, la personne à l'autre bout du fil a raccroché. Haussant les épaules, je sèche mes longs cheveux blonds et les laisse détachés pour qu'ils sèchent plus vite. J'enfile une chemise blanche sans manche avec une cravate que ne ne noue pas et un slim skinny gris et effilé à plusieurs endroits – dont les poches arrières- puis je me rends à la cuisine.
Je ne peux pas dire que ce week-end ne me fait pas du bien. En plus d'avoir profité d'une longue douche relaxante dans une salle de bain hi-tech, j'ai eu un super repas et une virée en forêt qui m'a entraîné à vivre avec la nature. En fait, je passe un bon week-end. Un peu dangereux pour mon cholestérol et ma survie mais un très bon week-end.
Un lourd soupir de soulagement m'échappe quand je remarque qu'ils ne sont pas retournés en forêt. Je ne voudrais pas avoir leur mort sur la conscience parce que je ne leur ai pas hurlé que ce serait de la folie de retourner en forêt. Et puis Georges est quelqu'un de sensé, pourquoi aurait-il voulu faire ça ? Ce serait stupide et dangereux pour lui et ses enfants et il le sait. Je n'ai pas besoin de lui faire comprendre.
Junior me jette un regard que je ne comprends pas et je hausse un sourcil. Est-ce qu'il apprécie de me voir ou pas ? Je ne saurais pas le dire. Je ne suis même pas sûr que ce regard veuille dire quoique ce soit. Je lui souris agréablement et il détourne les yeux, comme gêné. Est-ce qu'il vient encore de se disputer avec son père ? Je suppose que les américains ont une conception spéciale de l'après attaque de loup.
Je regarde distraitement la bague Dior que je porte au majeur en permanence. Un anneau simple orné d'un renfoncement en forme de croix. L'anneau d'or blanc est tout rayé puisque je ne le quitte jamais. C'est un cadeau de Jezabel et Pompon pour mes seize ans. Plus que le bijou, j'aime y voir un symbole que je compte pour eux. J'aimerais que Junior ait plus de famille qu'il aime plus tard qu'une tante féministe et un cousin exubérant.
Je me fais assaillir par Tommy sans même la musique des Dents de la Mer pour me préparer à un assaut imminent. Je souris doucement en me rétablissant et passe une main affectueuse dans ses cheveux.


« C'est gentil Tommy. »

Une fois de nouveau seuls, Georges me propose un remontant et je souris.

« Oui, un whisky-coca. Avec plus de whisky que de coca, s'il te plait. »


Vous savez ce qui est cool avec des week-ends chez des amis ? Quand les enfants sont occupés et que vous pouvez discuter librement devant un bon verre, un peu éméchés. Les privilèges d'être adultes. On aime discuter calmement.

« Tu sais, je te respecte immensément pour tenir cette maison debout tout seul et continuer à travailler comme tu le fais. Tu peux être fier de tes gosses, comme ils sont fiers de toi. »

Après un instant et une gorgée de whisky-coca – mon deuxième mais je suis encore très sobre par rapport à vendredi- je regarde mon ami et lui souris un peu tristement.

« Eh … tu m'en voudrais si j'étais homosexuel ? Je veux dire, tu me parlerais plus ? »

Dans la foulée, je lui demande s'il connaît Rourke et j'en viens à vider mon sac. Sur ce que je pense avoir ressenti pour Neil, sur la demande de Rourke, sur la relation bancale entre Ulrick et Luckas, sur tout ce que je garde pour moi. Parce que j'ai confiance en lui et que je sens que je peux l'embêter un peu avec mes problèmes.

« Je suis pas normal ? »

Des yeux presque larmoyants relevés vers lui, j'attends sa réponse avec anxieté.
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeJeu 31 Juil - 21:46

Deux whisky-coca nous rejoignirent à table et détendirent l'atmosphère. La tension née de leur rencontre avec la louve était retombée, ne laissant qu'une vague impression d'aventure dans la nature sauvage. Ca semblait presque irréel, pourtant la légère odeur de sueur et de peur qui recouvraient ma peau témoignait de la véracité de la chose. Oui, ça c'était bien passé. Ca n'avait pas été un simple rêve.

Je servi un deuxième verre à mon ami Basile. Oui, mon ami, allez ! Les expériences fortes rapprochent les êtres humains. Il aimait mon burger américain, il n'était pas si français que ça. En plus, il m'avait complimenté sur ma façon d'élever mes enfants. Avec un discours digne d'un américain. Ouais, ce jeune blond était prometteur. Une fois qu'il aurait perdu son accent bizarre avec une accentuation étrange des « e », il pourrait se promener avec lui en plein New York sans honte.
Du moins, c'était ce que je croyais. Je faillis recracher l'alcool que j'avais dans la bouche en entendant parler d'homosexualité. Je me mis à tousser bruyamment et bus encore par dessus pour tenter de faire passer la crise. Je restai interdit devant Basile, la bouche entrouverte, le verre presque plein dans la main. Je n'en revenais pas. Il me demandait, à moi ! Des conseils sur sa sexualité éventuellement sodomite ? Pourtant, il me touchait. Je n'avais pas envie de lui dire ce que mon éducation et mon comportement de toute une vie m'enjoignait de répondre. S'il était gay, je ne devrai plus rien avoir à faire avec lui. S'il était gay, il serait mauvais ! Devant Dieu et... TOOOUUUUT !

« Naaaan ! Naaaaan ! Bien sûr que nan j'arrêterai pas de te parler enfin. On est potes maintenant hein ? »

Je secouai la tête un peu trop brutalement, réussissant à faire craquer quelques os dans ma nuque. Je grimaçai en les remettant en place et tentai de ne pas grincer des dents ou de me mettre à hurler tandis que Basile continuait sur sa lancée.
J'étais un peu perdu dans toutes ces relations façon feuilleton pour ménagère. Ulrick ? Luckas ? Luckas était gay ? Mais c'était pas possible, enfin ! Il était bien trop viril pour ça. Et comment ça Neil ? Il avait des vues sur Neil ? Mais Neil, c'était un détenu ! Et Rourke ? Nan, Rourke aussi était trop viril...
Je commençais à douter de mes certitudes. Tous ces gens qui étaient soit disant gays. Pourtant ils ne semblaient pas l'être. Est ce que Junior avait raison ? Est ce que j'étais homosexuel moi aussi ? Ce qui était la raison pour laquelle j'en connaissais pas mal au boulot et que je ne m'apercevais pas qu'ils en étaient ?
Basile me fixait avec un regard plein de détresse, mais je me sentais bien plus paumé que lui. C'était moi qui avait besoin de réconfort et de réponses. Je me levai donc en tentant de dissimuler mon malaise, me mettant soudain à baliser. Est ce qu'il me disait tout ça dans le but de me draguer ?

« Je heu... je sais pas. Non, je suppose que non. Mais tu devrais pas avoir des vues sur des hommes... CES hommes. Enfin Neil. C'est un détenu, un peu de sérieux, hein. Ce type est enfermé à DearDeath, c'est bien qu'il est pas fréquentable. En plus, il est capable de tuer de sang froid pour s'en sortir, j'ai été témoin d'un de ses crimes. Et puis je pense que pour Faszler, tu devrais lui dire de laisser tomber ce Ulrick. Sont pas fait pour être ensemble. »

C'était l'évidence même. Ils étaient tous les deux des hommes après tout.

« Bon ! On va regarder la télé ? Y'a un match de foot qui commence bientôt. »

Un truc d'homme. Ca devrait lui sortir de la tête ces histoires homosexuelles.
Je pris la direction du salon quand j'entendis le moteur d'une vieille camionnette qui entrait dans l'allée. Je connaissais assez ce véhicule pour le reconnaître à l'oreille et je n'étais pas le seul. Les enfants cavalèrent jusqu'au rez de chaussée et Tommy se mit à hurler :

« PAPI ET MAMIE SONT LA ! »

Il alla ouvrir la porte d'entrée alors qu'on entendais déjà les voix de mes parents.

« Abraham, remets ton pantalon.
-Foutaises ! Il fait bien trop chaud.
-Abraham, voyons ! On ne va pas rendre visite à sa famille en caleçon. Mets ton pantalon. »

Je jetai un coup d’œil mi-inquiet, mi-anxieux à Basile. Je sentais que cette visite surprise n'allait pas être de tout repos.
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeVen 1 Aoû - 17:36


Si mon père avait été parmi nous, il m'aurait sûrement déshérité sans hésitation. Le calme qui règne dans cette cuisine n'est pas plus rassurant mais au moins je ne me prends pas de plein fouet un désaccord cinglant et froid. Je ne suis pas prêt. Je ne suis pas prêt à faire mon coming out – sans doute parce que je ne sais même pas si je suis gay ou juste métrosexuel. Comment est-ce que je pourrais savoir ? Je suis trop souvent étouffé par les problèmes des autres, je ne vois même pas le bout du tunnel de l'histoire entre Luckas et Ulrick. Je viens passer un week-end chez mon ami Georges et je dois résoudre ses problèmes de communication avec son fils. Est-ce que je suis juste une bonne poire ? Et si un jour je disais non ? Oh je n'en aurais jamais la force …
Je ne sais pas si c'est l'effet de l'alcool mais un air de piano un peu triste me revient en tête. Un air que ma mère jouait pour nous calmer le soir, juste avant d'aller au lit. Un air qu'elle a arrêté de jouer quand Emily est entrée dans l'adolescence. J'avais toujours les larmes aux yeux quand elle jouait à ce piano, le soir juste avant de nous coucher, et je n'ai jamais su pourquoi. Peut-être parce que je savais que cette période de nos vies ne seraient pas éternelle, peut-être parce que mon père détestait le piano et qu'elle attendait toujours qu'il soit parti boire un coup au bar du coin pour s'asseoir face aux touches noires et blanches.
Alors j'ai juste envie de me blottir dans les bras de mon ami et de pleurer. Rien de sexuel, rien de gay, juste un câlin réconfortant parce que je ne peux plus supporter toute cette pression sur mes épaules, parce que je ne peux pas ne rien dire sur mes doutes. J'ai besoin d'être soutenu moi aussi, pour une fois, j'ai besoin qu'on s'occupe de moi, j'ai besoin qu'on m'aime, qu'on me rassure et qu'on me dise que tout ira bien, que je serai soutenu quoique je fasse. Je ne peux plus contenir ces vingt sept ans de larmes contenues en moi, je dois me livrer.
Quand Georges ouvre enfin la bouche, je devrais pousser un soupir de soulagement mais tout ce qui sort de moi, c'est un hoquet de larmes. J'essaye de me retenir de pleurer pour ne pas paraître déplacé et, les cheveux rabattus devant les yeux, je hoche gravement la tête à la question de Georges. Oui, on est potes, mais jusqu'à quand ?
Je ne peux malgré tout retenir un reniflement triste et mouillé qui me donne envie de me cacher dans un trou de souris tellement il est honteux. Je voudrais juste disparaître, ne pas avoir posé la question, ne plus ressentir, ne plus être qu'une personne transparente qu'on ne remarque pas et qui ne compte pas. Je voudrais n'être qu'une bulle de poussière, une particule dans l'univers, presque ne plus exister.
Et puis Georges reprend la parole et je me sens un peu mieux. Je ne dirais pas que je pète la forme mais je vais mieux qu'il y a une minute. Je me sens un peu plus apaisé. Il a raison, je devrais laisser tomber Neil et Luckas et Ulrick ne vont pas ensemble. J’essuie mes larmes avec un sourire et relève la tête vers mon ami.


« Tu sais que tu ferais un bon courrier du cœur ? »

A sa proposition, j'hoche la tête distraitement. Oui, me laver le cerveau devant la télé ne me fera pas de mal. J'ai beau essayer de me détendre, je n'y arrive jamais. Peut-être que le football américain est la solution à mes tergiversions.
Cependant, l'arrivée des parents de Georges -je suppose, à moins que ce ne soit ceux de Caroline- interrompt notre chemin jusqu'au salon. Au premier dialogue, je frémis d' 'effroi. Est-ce qu'ils sont séniles ? Déjà ? Et comment est-ce qu'ils vont prendre la présence d'un français qui ressemble à un gay chez leur (beau ?)fils ? Je pourrais essayer de me cacher mais je n'ai pas le temps de réfléchir à une bonne cachette que le couple de personnes âgées entre dans la cuisine.
Je n'aime pas les vieux. Attention, je ne suis pas gérontophobe et je n'ai pas un cœur de glace mais bordel de putain, ils sont chiants, séniles, ils sentent mauvais et ils peuvent mourir à N'IMPORTE QUEL MOMENT. Est-ce que ça ne vous donne pas des frissons dans le dos ça ? Franchement ?
Le vieux monsieur, Abraham de ce que j'ai pu comprendre, me regarde en biais dès qu'il a posé une pantoufle dans la cuisine et je déglutis. Il se tourne alors vers son fils et s'exclame, sans doute assez fort pour faire tomber ses dents.


« Junior, pourquoi est-ce qu'il y a un homosexuel dans ta cuisine ?
-Papy, il est français et il s'appelle Basile. »

L'expression d'horreur qui se peint sur les traits du grand père à ces mots de Karen me ferait presque rire si je n'étais pas l'objet de son effroi. J'ai un sourire gêné et je déglutis. Junior (Georges Junior, d'ailleurs je ne vois même pas pourquoi Abraham appelle son fils comme ça) me sort de mon embarras en clamant quelques mots salvateurs.

« Il est pas gay, c'est un collègue de papa qui est venu passer le week-end avec nous. Regarde il est musclé et tout. »

Ma chemise blanche sans manches révèle mes bras finement musclés par la cuisine et laisse entre-apercevoir les tablettes de chocolat que je m'évertue à former depuis des mois. Je me sens soudain très, très observé et me décide à parler.

« Je suis ravi de vous rencontrer, monsieur Joe. »

Un crachat atterri dans ma main tendue et elle est vite rejointe par le main ridée du vieux Joe dans une poignée de main virile ponctuée de ''ouaip''. J'essaye de ne pas trop paraître effaré et, aussitôt qu'il a le dos tourné pour pincer les joues de Tommy, je m’essuie sur un torchon pendu à la porte du four. Abracadabra, ni vu ni connu.
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeJeu 7 Aoû - 14:44

D'espairsRay ♫ Redeemer

Je ne m'attendais pas à ce que cette rencontre se passe bien, mais je me retrouvai quand même choqué face à la réaction de mon père quand il posa les yeux sur Basile pour la première fois. Depuis, son comportement à bien changé, mais ce jour là, je ne pensais pas qu'il puisse une seule minute ne pas lui lancer une phrase insultante. C'était vrai, quelque part. Basile avait un air gay. Ou plutôt précieux. Mais ça, c'était son côté français. Les Américains étaient plus épais, que ce soit en muscles ou en gras. Pourtant, mon père lui fit l'honneur de son crachat dans la poignée de main. Je vis bien la mine dégoûtée de Basile et ne pouvait pas le blâmer pour s'être essuyé la main sur un torchon. Mon père suivait une coutume désuète qui n'avait plus cours que dans son coin du Texas, où tous les fermiers, à partir de cinquante ans, pratiquaient ce salut d'un autre âge.
Je ne répondis rien aux accusations de mon père, préférant laisser les enfants se charger de l'apaiser par leurs mots innocents et francs. Eux, on les écoutait sans critique. Quant à moi, il ne se passait pas une heure, à leur contact, sans que je reçoive une phrase cinglante en plein visage. Mais je supposais que c'était le lot de tous les hommes dans ma situation.

« Où est Caroline ? » lança alors ma mère d'une voix chevrotante.

Un petit silence s'installa. Mais les enfants étaient habitués. C'était à chaque fois la même chose. Pour éviter de rejouer le drame de la dernière fois, je pris ma mère par l'épaule et lui murmurai :

« Elle est partie loin. Elle ne reviendra pas avant longtemps. »

Elle avait vraiment du mal à accepter ma situation de père célibataire. Mais je supposais que si je me trouvais une nouvelle femme – ce à quoi je n'arriverai probablement jamais à me résoudre – elle se souviendrait très bien de ce qui s'était passé. Il était juste inconcevable pour elle que je puisse vivre sans une femme.


Un peu plus tard, nous étions tous rassemblés dans le salon, devant le grand écran qui diffusait un match de football américain. Ca occupait tout le monde et éviterait bien des mots déplacés.
A la dérobée, je jetais parfois des coups d’œil anxieux à Basile. Je craignais qu'il se remette à pleurer comme tout à l'heure. Et puis, ce qu'il m'avait dit me perturbait. D'après lui, j'étais un bon conseiller du cœur. Ah ouais ? Alors pourquoi on n'arrêtait pas de critiquer ma vie amoureuse si c'était le cas ?
J'apportai ensuite à tout le monde du café (et du chocolat pour les enfants). Les températures étaient clémentes, mais il s'agissait surtout de s'occuper les mains.

« Ton café est affreux, Junior ! » clama alors mon père.

Je haussai les épaules, décidant d'ignorer le reproche. Ce n'était pas le premier du genre et ce ne serait certainement pas le dernier.

« Et ton ami le français, là, il pourrait pas nous en faire du mieux ? Paraît qu'en France, ils sont fortiches pour le café et la bouffe en générale ? »

Il chercha Basile du regard pendant quelques secondes et une fois trouvé, il vissa ses yeux clairs sur lui. Il ne changerait pas de position tant que le cuisinier ne lui aurait pas répondu.
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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeJeu 14 Aoû - 17:04


Quand je pense aux Etats-Unis, je pense au drapeau étoilé, aux burgers et à Obama qui défonce une porte en sortant d'une conférence de presse. Maintenant je penserais pour toujours à Abraham Joe, son crachat dans la main et sa femme qui semble venir d'une autre époque. Tout en ce couple me fait hurler au fashion crime et au manque de progrès évident des campagnes américaines. Allô, on est en 2014, on paye par carte bleue et fait du café au micro ondes !
J'étouffe un hoquet indigné quand la mère de Georges lui demande où est Caroline et lui jette un regard assassin. La réponse de son fils me fait mal au cœur. Merde putain de putain de merde ! Elle a aucun tact ou quoi ? Il a perdu sa femme que, de toute évidence, il aimait plus que sa vie même et elle … elle … espèce de vieille peau de vache. Mes lèvres se tordent en une moue plus que dégoûtée. Je crois que je déteste les parents de Georges. Le nez retroussé de dégoût, je décide de ne pas adresser la parole à ces personnes sans aucune empathie.
Malgré mon envie tout à fait normale de leur encastrer la cafetière dans la tronche, je reste calme et je prends une tasse de café comme tout le monde. Oh, ce n'est pas le meilleur café que j'ai pu goûter mais je m'en fiche bien. J'ai ma dose de caféine, plus ou moins agréable et voilà ce qui compte. En fait, je m'en fiche bien du goût tant que ça me détend un peu. Et peu importe ce que Papy Brossard et Mamie Nova pourront en penser.
Nous étions censés passer un week-end agréable, je ne sais pas si c'est ma faute ou juste celle à pas de chance mais bordel, tout va de travers. J'espère sérieusement, oui … sérieusement que les parents infernaux de mon ami ne vont pas rester pour la nuit. Qu'est-ce qu'ils diront quand ils verront le repas que je compte proposer à Georges pour ce soir ? Et puis je ne veux pas que des enfoirés comme ça ne touche à ma cuisine … Ah, à quoi je pense ? Ils sont les parents de Georges, je devrais faire un effort.
Le match n'est pas passionnant mais comme Junior (le vrai) est assez occupé à m'enseigner les règles du football américain, je ne m'ennuie pas. La tension redescend un peu et mon plus gros souci du moment est de savoir où caser mes grandes jambes entre celles de Karen et celle de Junior. Heureusement je suis le seul dans cette pièce à dépasser le mètre quatre vingt dix sinon ce serait l'anarchie.
Je lève les yeux au ciel aux remarques d'Abraham et tâche de l'ignorer, comme une grosse verrue sur le nez de mon interlocuteur. Mais comme il ne détache pas son regard de mon visage impassible, je finis par lui répondre d'une voix très calme, trop calme. Et même glaciale.


« Je suis cuisinier, pas barista.
-Baquoi ?
-Barista, celui qui fait du café. Vivez avec votre temps Abraham.
-De mon temps- »

Sans lui laisser le temps de continuer, je me lève et annonce que je sors prendre l'air. Souriant doucement, je sors dans le jardin par la porte vitrée. Je vais au fond du petit bout de terrain, hors de portée des regards des ancêtres. Quand j'entends des pas derrière moi, je serre un peu les poings. Je ne sais pas qui c'est, mais je prends le parti que c'est Georges qui est venu voir si ça va. Sans me retourner, je commence à me justifier avec une voix toute radoucie.

« Désolé, c'est juste que ça me met en pétard de voir comment ils te traitent alors que tu as perdu ta femme et que tu as beaucoup de mérite d'élever tes gosses tout seul. J'aurais pas du m'emporter comme ça, sans doute. »

Mon portable sonne à ce moment et je le décroche par automatisme. J'écoute la voix au bout du fil et quand je raccroche, à peine trente secondes plus tard, j'ai les larmes aux yeux et le regard dans le vide.

« Je dois repartir. Tout de suite. En France. »

Vraiment. Pourquoi maintenant ?
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Georges I. Joe
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Georges I. Joe

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MessageSujet: Re: Un dimanche chez GI Joe   Un dimanche chez GI Joe Icon_minitimeDim 17 Aoû - 17:03

Je m'attendais vraiment à ce que Basile fasse profil bas, ou qu'il rembarre mon père bien gentiment, de façon à ce qu'il ne le prenne pas mal. Parce que c'est ce que moi je faisais et que Basile était beaucoup moins charismatique que moi. Du moins, c'était l'idée que je m'étais faite de lui jusqu'à présent. Oui, jusqu'à présent.
Mon ami tenta de donner la leçon à mon père, ce qui était une très mauvaise idée. Lui suggérer de vivre avec son temps en étant une plus grosse encore, du moins si on voulait éviter la tempête de vieux. Evidemment, le paternel ne manqua pas le coche. Il était reparti pour expliquer en long, en large et en travers comment ça se passait de son temps à lui. Comment il fallait traiter les aînés, les femmes et éduquer les enfants à coups de semelles dans la tronche. Il était devenu plus dur avec l'âge, puisqu'il ne m'avait jamais frappé de cette manière. Mais je n'avais pas échappé au ceinturon de mes sept à quatorze ans. J'avais toujours estimé ça normal et m'étais reposé sur Caroline pour Junior. Habitué à la façon de faire de ma femme, j'avais poursuivi dans sa voie féminine sans penser un seul instant à imiter mon père. Au vu de la réaction de Basile, j'avais sans doute bien fait de ne jamais écouter les conseils de mes parents à chaque fois qu'ils avaient essayé de gérer notre vie.

Le Français sortit sans masquer sa fureur du salon et alla s'isoler à l'extérieur. Je fusillai mon père du regard, qui maugréait contre Basile et l'impolitesse des jeunes de nos jours. J'entamai un mouvement pour me lever mais Junior me devança. D'un pas rapide qui exprimait sa colère, il passa à côté de moi et rejoignit Basile. Je fronçai les sourcils, surprit et étrangement inquiété par cette initiative, mais me renfonçai dans mon siège. J'allais devoir subir les paroles vides de sens de mes parents en compagnie de mes deux autres enfants qui se cachaient dans leur chocolat tiède.


Un dimanche chez GI Joe 2yvorauUne boule de chaleur explosive naquit dans mon ventre quand j'entendis papy parler de cette façon à Basile. Je l'aimais beaucoup et il avait enjolivé notre journée de bien des manières. Comment osait il simplement débarquer ici en espérant faire sa loi, alors qu'il avait refusé de nous aider à la mort de maman ? Je détestais ce vioc depuis longtemps, même avant le décès de notre mère il ne m'inspirait rien de bon. J'étais simplement trop jeune pour le comprendre. Mais à force de voir papa de moins en moins coulant avec lui, j'avais fini par comprendre que mes grands parents étaient mauvais. Mais c'était la famille et ils n'en avaient plus pour très longtemps. On n'avait qu'à les supporter le temps qu'il faudrait en fermant notre gueule et en tirant des sourires factices. Mais un étranger au sang Joe n'avait pas à subir tout ça.

Je ne sais pas ce qui m'a pris à ce moment là. D'habitude je me maîtrisais parfaitement, mais aujourd'hui tout allait de travers. La matinée avait commencé avec un texto super sympa de ma petite amie, pour me dire qu'elle me quittait. Un peu avant midi, la page Facebook de mon ancien meilleur pote affichait clairement sa nouvelle relation avec mon ex petite amie. Depuis un mois. J'aurai probablement dû y faire plus attention avant. Et puis, Basile était arrivé. J'avais fait le con et n'avait pas supporté les interdictions de papa. J'aurai bientôt dix huit ans. J'allai bientôt travailler à DearDeath. Au même endroit que Basile. Nous serions égaux. C'était peut être ça qui m'avait donné des ailes.

Basile entendit la porte claquer derrière lui et me parla comme si j'étais mon père. D'abord blessé, je compris que c'était parfaitement logique. Alors je le laissai parler. J'aurai dû lui signaler ma véritable identité, soit d'un raclement de gorge, soit en me mettant dans son champ de vision. Au lieu de ça, je restai lâchement dans son dos, contemplant son ombre qui venait se perdre dans celle de l'avant toit. Il avait l'air bouleversé, nerveux. Et le coup de fil qu'il reçut juste après n'arrangea absolument pas les choses.
Je sentis un déchirement à l'intérieur quand il annonça qu'il devait partir en France. Et puis je me dis que ce n'était pas pour toujours. Qu'il reviendrait. J'avais pu entendre les mots « décès » et « famille ». Je peinais en français, mais je l'étudiais depuis plusieurs années. J'en savais assez pour comprendre qu'il avait quelque chose de très important à faire là bas.
Je saisis son bras avec raideur et le forçai d'un mouvement à la fois doux et sec à se tourner vers moi. Il était plus grand que moi, mais à peine. Sans lui laisser le temps de réagir, je saisis son visage entre mes mains et l'embrassai.
Ce n'était pas exactement fougueux et il en avait probablement connu des bien meilleurs. D'abord, j'étais tout raide, mon visage était incroyablement crispé, comme si j'étais dans une colère monstre. En plus, mon cœur tambourinant affreusement me donnait des suées pas très sexy sous les bras et dans le dos. J'espérais que ça ne se verrait pas trop. Pour finir, je me contentai de plaquer fermement mes lèvres contre les siennes, comme si je voulais me fondre en lui. Pas de langue, pas d'ouverture de bouche. Comme si j'avais treize ans.

Je le lâchai, tremblant comme une feuille morte sur le point de se faire arracher de sa branche par un violent vent d'automne. Ma voix, en revanche, ne vacilla pas.

« Je le dirai à papa. »

Et puis, je rajoutai dans sa langue : « Bon courage. »
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