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 Loïc à la cour de récré [Anja]

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Loïc Valois
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Loïc Valois

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MessageSujet: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeMer 30 Juil - 19:26

Il y a déjà une semaine que je suis à Deardeath. J’essaie de ne pas compter les jours, mais je le fais malgré moi. On est vendredi d’ailleurs. C’est la fin de semaine qui commence, pour ce que ça veut dire quand tu es dans une situation comme la mienne.

D’ailleurs quelle est ma situation? Qu’est-ce que ça veut dire pour un anarchiste, et donc par essence un anti-autoritaire, de se retrouver en prison, la quintessence des structures autoritaires? Comme devant toutes les grandes questions, je me suis tourné vers les livres. Bon, comme je m’y attendais, la bibliothèque de Deardeath ne contient pas grand-chose en matière d’anarchisme, ou de comment combattre la prison de l’intérieur. Je me suis donc arrêté sur une copie un peu abîmée de Les Justes, par Albert Camus.

Je ne vais pas vous donner un cours de littérature. Si vous ne connaissez pas Camus, les existentialistes et tout ça, Les Justes c’est grosso modo une bande de révolutionnaires qui décident de tuer des aristocrates russes, un aristocrate en particulier en fait. Et la fille aime le gars, mais le gars doit tuer l’aristo. Et ces révolutionnaires sont très versés dans la rectitude morale alors s’il tue l’aristo, il pense qu’il doit mourir lui aussi. Alors, il se laisse prendre par la police et finalement il est exécuté. Mais pas avant de nous avoir desservi quelques morales sur la valeur de la vie humaine, des convictions et tout ça. Et je vous sauve le bout sur la pureté suprême des enfants.

Bon, à m’écouter, on croirait vraiment que l’enfermement est en train de me rendre cynique, mais dans le fond je l’aime bien ce livre. Ça parle de faire des choix en connaissant les conséquences de ses actions, d’accepter ces conséquences et de ne pas se trahir une fois que tu as fini de lancer des bombes et que là ce n’est plus drôle. Quoique les justes n’ont jamais trouvé drôle de lancer des bombes en premier lieu. Ils sont trop occupés à être justes. Moi j’aimais ça. Ça fait Boum! et ce que tu n’aimais pas n’est plus là. C’est le passage de l’idée à l’action avec du feu et des explosifs en prime.

Mais bref pour retourner au sujet principal, je n’ai pas l’impression que ma relecture de Les Justes m’a vraiment avancé par rapport à mon problème actuel. Tout ce que je sais c’est que je ne compte pas pousser la rectitude morale jusqu’à mourir pour prouver mon point.

Et c’est comme ça que je me retrouve dans la cour, le livre posé à côté de moi. Je suis assis en indien par terre, décontracté, mon dos reposant sur le mur de pierre froide. J’ai fermé les yeux (mon œil, pour les amoureux de la précision) et je profite du soleil. J’ai conscience d’être au sud de ma terre natale. On dirait que l’air a une autre saveur, le temps est plus doux et le soleil a un éclat différent. Si je n’étais pas enfermé de force ici avec une ribambelle de personnages tous moins fréquentables les uns que les autres, je pourrais presque aimer ça.

Bon, là aussi je suis un peu méchant. Il faut me pardonner. Ne pas pouvoir bouger me rend amère. J’ai bien eu quelques discussions agréables depuis mon arrivée, mais je ne connais encore vraiment personne. Tout le monde se méfie de tout le monde ici. En même temps je les comprends…

Au milieu de ces réflexions, j’ouvre paresseusement les yeux, mon œil, je ne sais plus, et je regarde autour de moi. Il fait beau alors il y a beaucoup de gens dehors. Néanmoins, l’ambiance est calme et personne n’est assez proche de moi pour me déranger.

Au milieu de tous ces visages inconnus, j’aperçois alors Anja : sympathique européenne de l’est/probablement russe et connaissance de M. Le-Baraqué-qui-cherche-le conflit-dans-la-cafétéria. On s’est rencontré à ma première journée ici et alors je lui fais un demi-sourire par politesse. Je ne suis pas sûr qu’elle m’ait vu.
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeSam 2 Aoû - 12:43

Je me tiens devant la poubelle où je dois laisser la bombe de Victor. En la laissant tomber d’un air nonchalant dans la corbeille, je  pense un instant à Mikhail pour me noyer dans ma culpabilité. J’ai les mains qui tremblent et le teint pâle, et à chaque fois que je croise des gens dans rue, que ce soient des civils ou des flics, je baisse la tête d’un air coupable. Je finis par rejoindre l’immeuble d’où j’étais censée déclencher l’explosion. Je regarde le détonateur avec dégoût tandis que mon doigt hésite encore à appuyer.

-Et puis merde.

Je range le boîtier et quitte l’immeuble précipitamment. Je dévale les escaliers quatre à quatre et enfonce la porte pour déboucher dans la rue bondée. En fait de bondée, un cercle de personnes m’attendait et m’empêchait de quitter vraiment l’immeuble. Un policier qui possédait le visage de Victor s’approche et me parle, avec la voix de Mikhail.

-Tu allais appuyer sur ce détonateur dans ta poche ? Eh bien vas-y, fais-le.

Je recule, horrifiée, et me heurte à un deuxième Victor qui me retient. Je me retourne pour me débattre et sors le petit boîtier qu’il m’a donné pour l’effrayer. Je pose mon doigt sur le bouton et le menace de le presser.

-Vas-y, Anja. Appuie, sourit-il d’un air mauvais en s’approchant plus de moi.

J’essaie de lui échapper et balaie l’endroit du regard. Nous ne sommes plus dans la ville, c’est vide. Simplement vide. Un vide blanc et noir à la fois, chaud et froid, humide et sec en même temps. Un cercle d’une dizaine de Victor se resserre autour de moi et, prise de panique, décide d’en finir. De libérer mon fils de son père alcoolique et violent ainsi que de sa mère mercenaire. Je ferme fort les paupières et appuie sur le détonateur.


Je me réveille en sursaut, en sueur et le souffle court. Il me faut plusieurs minutes pour retrouver mon calme, durant lesquelles je halète de peur et d’épuisement. Je finis par me laisser retomber sur mon matelas rendu brûlant par ma terreur nocturne. Mes draps sont humides de sueur et froissés au fond de mon lit maintenant que je suis réveillée. Je me lève, et pose les pieds sur le sol frais. Cette température est délicieusement agréable en comparaison de celle de mon lit et de celle de l’extérieur. La saison estivale est chaude ici. Plus que chez moi. Je m’assieds contre le mur, les genoux relevés contre la poitrine. Je me passe une main sur le visage pour en ôter un fin filet de transpiration. Ce n’était pas le premier rêve de la sorte que je faisais depuis la bombe, mais jamais je n’avais entendu la voix de Mikhail. C’était comme le souiller… Mettre sa voix dans la bouche d’un des personnages présents pendant l’explosion me donnait envie de mourir. De mourir ou de me cacher quelque part, dans un trou tellement profond que plus personne ne me retrouverait jamais. J’appuie le front sur mes genoux et essaie de calmer la chamade de mon cœur, qui ne semble pas vouloir ralentir.

Une heure plus tard environ, l’habituel gardien qui ouvrait nos cellule vient tambouriner sur nos barreaux. J’ouvre des yeux un peu ensommeillés et me traîne dehors après avoir enfilé mes chaussures. Je passe par le self pour manger puis me rends à la bibliothèque pour bouquiner. 1984, Georges Orwell. Les gens épiés, jusqu’au moment où enfin quelqu’un se décide à enfreindre les règles. Mouais. Pour une fois, je ne suis pas motivée pour continuer à lire. Ne représentant pas une franche menace pour les autres vu mon gabarit et mon statut de mercenaire, on me laisse une toute relative tranquillité et le gardien censé m’accompagner ne me colle pas trop. Je balance mes jambes en avant pour descendre du fauteuil sur lequel j’étais avachie et sors prendre un peu l’air. Derrière moi, j’entends le bruit de pas de mon gardien. Il me laisse un peu de mou, mais faut pas exagérer non plus. Je lâche un soupir et suis un petit groupe de gens qui se rendait à l’extérieur. Je regarde tout autour de moi mais ne vois personne de ma connaissance. Feliks n’est pas là et de toutes manières, je ne me sentais pas d’aller lui parler. Je doute qu’il ait reçu des nouvelles de l’extérieur, mais on ne sait jamais. Certains détenus ont obtenu le droit de parler à leurs proches contre différents pots-de-vin aux gardiens, alors pourquoi pas Feliks ?

Je balaie la cour du regard et remarque, assis dans un coin, la seule personne avec qui j’aie vraiment discuté ici. Loïc, le Canadien rouquin borgne qui avait eu la malchance de ne pas plaire à Feliks. J’intercepte son sourire discret et poli, et le prends comme une invitation à le rejoindre. Je m’assieds à côté de lui, contre le mur également et relâche mon dos encore un peu raide. Je me suis à moitié rendormie tout à l’heure, quand je suis sortie de mon lit pour profiter de la fraîcheur du sol, et mon dos plié pendant tout ce temps me faisait maintenant bien ressentir ma bêtise.

-Qu’est-ce ce que tu lis ? demandé-je à mon voisin en désignant le livre.


Dernière édition par Anja Tchaïkovski le Mer 6 Aoû - 12:02, édité 1 fois
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Loïc Valois
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeMar 5 Aoû - 10:23

[Hors-jeux : Dans ce post, je parle plus en détail d’un des attentats commis par Loïc. Ses crimes sont étroitement liés au territoire et au contexte social du Canada/Québec, alors je n’ai pas pu faire ça d’une manière aisément compréhensible pour ceux qui vivent de l’autre côté de l’atlantique. Je vous joins donc ici, des liens wikipédia et un contexte historique.]

Spoiler:

Anja semble prendre mon sourire comme une invitation. Je la regarde s’assoir à côté de moi, l’air un peu tendue. Ce n’était pas vraiment prévu. J’avais plutôt envie de passer la journée en solo, histoire de pouvoir méditer sur mes idées noires. Au moins, elle a eu la gentillesse (ou alors c’est le hasard) de s’assoir du côté de mon bon œil, alors je n’ai pas à me tordre le cou pour la regarder.

- Qu’est-ce ce que tu lis ?

D’un geste un peu vague, elle indique le bouquin à mes côtés. Voilà que les Justes et mes questions existentielles de bombeur me poursuivent jusque dans les discussions mondaines que je ne veux pas avoir! Bon, j’ai quand même fait vœux de me créer des relations ici alors je ne laisse rien paraître de mon irritation. Avec air affable, je ramasse le livre pour le déposer entre ses mains.

- J’ai fini de le lire en fait. C’est Les Justes d’Albert Camus. Tu connais?


Sans trop attendre ça réponse, je lui donne une petite mise en contexte.

- C’est l’histoire d’un groupe de terroristes, des socialistes, qui assassinent le grand-duc de Russie à coup de bombes. C’est basé sur des faits réels. J’ai été un peu surpris de le trouver à la bibliothèque… Je croyais qu’on nous limiterait à une longue série de roman ennuyeux et surtout sans violence.

Pour lui laisser regarder le livre à sa guise, je me remets à observer le ciel. J’enrage silencieusement, comme un animal en cage. Si seulement il y avait autre chose dans cette maudite cour que du gravier et du gazon coupé court. Cancers de la civilisation! Je n’ai jamais aimé rester au même endroit bien longtemps, encore moins dans des lieux comme celui-là.

Je me souviens la fois où j’ai bombé la Manic-5, mon coup le plus médiatisé. C’était bien amusant pour l’effet symbolique. C’était comme bombé le barrage et la Révolution tranquille en même temps. Il y a une seule route qui mène au barrage, la 389. Et quelle route! Il y a trois heures à faire sur une mince bande d’asphalte sans croisé aucune autre route. J’avais pris soin de me faire déposer là deux semaines à l’avance pour ne pas qu’ils remarquent la voiture et je ne pouvais certainement pas revenir par la route sans me faire prendre. Alors, j’ai marché jusqu’à Sept-Îles en coupant à travers le bois. Ce fut un mois et demi merveilleux, du moins à partir du moment où j’ai été sûr que personne ne suivait ma trace. Avant cela, c’était assez angoissant.

J’aime vivre par moi-même. Ça me permet de me sentir en vie. Ça me rappelle que j’appartiens au territoire, que je fais partie de l’ensemble. Pour l’occasion, j’ai fait exception; j’ai chassé et j’ai pêché. La Côte-Nord a un climat trop sévère pour permettre les caprices en matière d’alimentation. C’est quelque chose que j’ai fait à plusieurs moments quand la situation le demandait. Je suis quelqu’un qui s’adapte. La chasse me permet aussi de retrouver les rituels et la spiritualité qui ont marqués mon enfance. Généralement les gens n’y pensent pas parce que j’ai les cheveux roux et le teint clair, mais je suis de descendances autochtones, un métis de la Rouge pour être précis.

Toujours est-il que le plus drôle dans cette histoire, c’est que pendant que je faisais tout ça,  je ne savais même pas si le barrage avait sauté. Je suis arrivé à Sept-Îles presque deux mois après l’incident et je ne pouvais tout de même pas demander aux gens ce qui s’était passé. Ça l’aurait été louche que je ne le sache pas. J’ai pris le bus et c’est seulement rendu à Montréal que j’ai pu lire les nouvelles. Évidemment, le barrage n’a pas sauté au complet, mais il a été bien endommagé.

Je m’aperçois finalement que je me suis égaré dans mes pensées pour fuir cette cour horrible. Je reviens à Anja qui est assise à côté de moi et qui semble avoir fini de regarder le bouquin que je lui ai passé. Je la regarde en attendant patiemment qu’elle me dise ce qu’elle en pense.
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeVen 8 Aoû - 19:48

Le livre que me tend Loïc s’intitule Les Justes, d’un auteur nommé Albert Camus. Son nom me dit quelque chose, peut-être un français. En revanche, pour ce qui est de savoir de quelle époque il est… J’ai bien assez de mal à me souvenir des cours d’histoire de mon propre pays, pas besoin que je m’emmêle les pinceaux avec celle d’un autre pays ! Je feuillette rapidement le bouquin et remarque qu’il est constitué de cinq actes, et, grâce à mon voisin, je sais que les personnages sont des terroristes. Je déglutis en repensant à mon rêve. Dès que j’en trouverai le temps, j’irai demander au psychologue s’il pouvait m’aider.

-C’est l’histoire d’un groupe de terroristes, des socialistes, qui assassinent le grand-duc de Russie à coup de bombes. C’est basé sur des faits réels. J’ai été un peu surpris de le trouver à la bibliothèque… Je croyais qu’on nous limiterait à une longue série de romans ennuyeux et surtout sans violence.

Je hoche la tête. C’est vrai, moi-même j’ai été surprise en tombant notamment sur nombre de polars ou autres histoires pleines de sang et de morts. Je jette un coup d’œil à la date d’édition pour chercher un indice sur l’époque à laquelle s’étaient produits les évènements. Vingtième siècle, comme je m’y attendais, et je remarque une petite note dans la deuxième de couverture : inspiré de faits réels datés de 1905, et paru en 1949. Je referme le livre et le rends à Loïc. Il a l’air plongé dans ses pensées et je n’ose pas l’en sortir. Tout est utile à qui veut s’évader de DearDeath, même de simples pensées.

Je repense moi-même en tremblant à mon cauchemar de cette nuit. En secouant la tête, je pousse un profond soupir, avec dans l’idée de chasser l’image du policier à la voix de Mikhail en même temps que l’air de mes poumons. Au début, ça marche plutôt bien, j’imagine son visage (celui de Victor, soit dit en passant) filer sur mon souffle, accompagné par une bribe de conversation que j’ai eue avec mon fils, pour symboliser sa voix. Je respire mieux à présent, et je sens mon dos se décoincer un peu. Peut-être étais-je simplement un peu trop stressée en tendue. Loïc sort de ses pensées deux secondes après que je me suis étirée.

-Je ne suis pas une grande fan de pièces de théâtre, mais celle-ci pourrait m’intéresser. C’est drôle que tu me montres ça, je me sens bien plus concernée que tu pourrais l’imaginer.

Je fais craquer mes jointures et regarde les feuilles des arbres de la forêt, un peu plus loin derrière les murs infranchissables de la prison, s’agiter sous la brise. Elle souffle sur nous, sur le sol à moitié couvert de bitume et à moitié couvert de sable. Quelques grains volètent dans l’air et s’égarent vers nous. Je cligne des paupières à plusieurs reprises quand quelques uns d’entre eux ont l’audace d’aller se planquer dans mes yeux. Je frotte mes paupières jusqu’à ce que la sensation d’avoir un corps étranger et indésirable derrière mes globes oculaires se tarisse.

-En fait, si je me sens impliquée c’est à cause de cette histoire de bombes.

Je sais même pas pourquoi je dis ça. Peut-être à cause du fait que mes cauchemars refont surface et que j’imagine pouvoir m’en débarrasser en parlant à quelqu’un. Pourtant, la logique voudrait que je garde ça pour un psy, ou à défaut, pour quelqu’un de confiance. Pas pour une personne que j’avais rencontrée au début de la semaine ! Tant pis. Peut-être que ça m’éviterait de devoir demander un rendez-vous au bureau des psys. Toujours des mauvais souvenirs, notamment en rapport avec Mikhail et sa scolarité.

-Et aussi parce que je suis russe, terminé-je en riant.

Je détourne le regard pour ne pas affronter celui de Loïc. Qui sait ce qu’il pourrait penser de moi, et surtout, comment il pourrait réagir en apprenant ce que je vais dire ?

-Il y a environ deux ans, j’ai posé une bombe aux Etats-Unis, même si je n’ai pas été attrapée tout de suite. C’est autre chose qui m’a valu d’être enfermée, mais « terrorisme » était l’un des chefs d’accusation.

Je finis par me résoudre à porter le regard sur Loïc. Comment va-t-il réagir à ce que je lui ai dit ? Est-ce qu’il va tout de suite se lever et me laisser derrière ? Je le comprendrais si c’était le cas. A mes yeux, mon acte était impardonnable. Je ne me le pardonnerai d’ailleurs jamais. Pourtant quelque part, je savais que je n’avais pas eu le choix. C’était mon fils ou des gens dont j’ignorais jusqu’à l’existence. J’avais choisi la vie de mon fils et si je n’étais pas fière de mes actes, j’étais heureuse d’avoir réussi à protéger mon enfant, même si j’avais dû lui révéler mon travail quelques jours plus tard.


Dernière édition par Anja Tchaïkovski le Mar 12 Aoû - 18:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeDim 10 Aoû - 18:42

-Je ne suis pas une grande fan de pièces de théâtre, mais celle-ci pourrait m’intéresser. C’est drôle que tu me montres ça, je me sens bien plus concernée que tu pourrais l’imaginer.

Lorsqu’elle dit ça, je me tends immédiatement. Je me sens en terrain glissant. J’ai toujours l’impression de marché sur des œufs ici; de ne jamais savoir qui risque d’exploser au moindre petit mot de travers. Et là, je ne sais pas du tout ce que je viens de trouver sans m’en rendre compte.

-En fait, si je me sens impliquée c’est à cause de cette histoire de bombes.

Ah! Évidemment. Ça marque l’imagination les bombes. On dirait qu’elles collent à l’âme de ceux et celles qui les ont fabriquées. Anja semble très nerveuse depuis qu’elle a commencé à parler. Et moi aussi je le suis pour être honnête.

-Et aussi parce que je suis russe.

Elle rit, d’un rire faux et anxieux. Puis elle fuit mon regard. J’en suis presque soulagé.

-Il y a environ deux ans, j’ai posé une bombe aux États-Unis, même si je n’ai pas été attrapée tout de suite. C’est autre chose qui m’a valu d’être enfermée, mais « terrorisme » était l’un des chefs d’accusation.

Merde! Fuck! Criss! Loïc pis ta grande gueule désinvolte. Ça me suit depuis toujours. Je dois inspirer la confiance parce que tout le monde vient toujours me déballer ses petits et ses gros bobos. Sans me demander mon avis évidemment.

Je ne me sens pas prêt à gérer ça. C’est le sujet que j’évite avec tout le monde depuis que je suis arrivé ici. Je suis à Deardeath, ils sont à Deardeath. Je suis dangereux, ils sont dangereux. Et on en parle pas et on fait comme si personne n’était au courant parce que si on le reconnaissait probablement qu’on ne serait pas capable de vivre aussi entassés les uns sur les autres. Belle bande de tordus qu’on est!

Toujours est-il que pour l’instant Anja est devant moi l’âme visiblement en peine. Et j’ai un grand cœur alors je veux qu’elle arrête de souffrir, au moins pour un moment. Je suppose que ce n’est pas pour rien que je me ramasse avec les confidences de tout le monde.

Elle relève finalement les yeux vers moi. Elle a l’air d’un animal traqué. On dirait qu’elle attend juste que je la frappe, que je lui dise quel être horrible elle est.

Je passe ma langue sur mes lèvres et j’ai un rire qui se veut désinvolte, mais que je sens rempli de nervosité.

- Terrorisme était un de tes chefs d’accusation? Petite chanceuse! J’avais presque juste ça : "Actes terroristes", "Incitations à craindre le terrorisme"… Ils ont aussi essayé "Complot en vue de commettre un acte terroriste", mais ça n’a pas tenu, apparemment qu’on ne peut pas faire un complot quand on est tout seul.

Mouais, je ne sais vraiment pas pourquoi c’est à moi que les gens vont confier leur peine. Je suis pourri. Avec mes blagues plates, je n’ai pas du tout l’impression d’aider.

En parallèle de dire des conneries, j’évalue la situation. Une bombe aux États-Unis il y a environ deux ans, ça ne me dit rien. Probablement que j’étais déjà en attente de mon procès. Comme j’étais accusé de terrorisme, je n’avais pas le droit aux journaux ni aux nouvelles. Il suffit de poser quelques petites bombes et bam! tout le monde devient parano.

Je me demande si elle a tué des gens. Elle a dit que terrorisme était seulement un de ses chefs d’accusation. En même temps, je sais qu’il ne faut pas que j’y pense. Je suis à Deardeath et tout le monde est ici pour une sale histoire. Je ne veux pas vraiment en savoir plus. Sinon, ça s’additionne et à un moment c’est juste trop

Elle me regarde maintenant d’un air dont je ne suis pas sûr de connaître la signification et je me sens soudainement embarrassé. Comme si à la fois j’en avais trop dit et je n’en avais pas dit assez. Je me sens obligé de continuer sur ma lancée. Au moins pour occuper le silence.

- Une bombe. Ce n’est pas la fin du monde. On fait tous des choix questionnables. J’ai posé plus de bombes que j’ai pris la peine d’en compter… Bon, j’aurais probablement dû les compter parce que ça l’a été un facteur aggravant au procès. Apparemment que c’est indécent de faire exploser des trucs et de ne pas prendre la peine de le noter quelque part…

Je ris encore. Cette fois je suis franchement mal à l’aise. Peut-être que je n’aurais pas dû me révéler ainsi. Peut-être que je n’aurais pas dû rire ou faire semblant de prendre ça à la légère. Mais bon, je l’ai déjà dit. Je suis pourri pour les confidences alors je me cache dans une fasse légèreté. En même temps, peut-être que ça marche si tout le monde continue de venir me déballer leurs crottes sur le coeur...
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeMer 13 Aoû - 12:48

Quand je finis de parler, j’ai l’impression que j’ai mis Loïc très mal à l’aise, peut-être autant, voire plus, que moi. Lui aussi essaie de paraître plus détendu, mais puisque nous sommes deux dans la même situation, je vois tout de suite qu’il bluffe. Il se lèche les lèvres dans un geste qui me met plus encore mal à l’aise puis éclate d’un rire gêné.

-Terrorisme était un de tes chefs d’accusation ? Petite chanceuse ! J’avais presque juste ça : "Actes terroristes", "Incitations à craindre le terrorisme"… Ils ont aussi essayé "Complot en vue de commettre un acte terroriste", mais ça n’a pas tenu, apparemment qu’on ne peut pas faire un complot quand on est tout seul.

J’essaie de paraître amusée, d’adhérer à sa blague, mais en mon for intérieur, je suis un peu terrorisée. Cet homme sait faire exploser des choses, pas moi. Je n’ai fait que suivre la notice et appuyer sur un stupide bouton ! Je me sens soudainement extrêmement tendue et mon dos me fait mal à nouveau. Il est hors de question que je me laisse intimider par lui, mais c’est plus fort que moi. Mon passé avec Victor me pousse à craindre les hommes en général, mais plus encore ceux qui pourraient s’avérer dangereux pour moi. Je détourne le regard un instant pour tenter de garder mon calme, de retrouver ma sérénité de tout à l’heure. Qu’est-ce qui m’a pris de m’aventurer sur ce terrain miné ?

Je relève la tête vers Loïc, qui n’en mène pas large non plus. Il gigote et se tortille sur place, embarrassé, comme moi. Je m’apprête à présenter mes excuses, à demander qu’on change de sujet et qu’on enfouisse cette conversation profondément sous terre. C’est décidé, je vais aller voir le psy qui m’a fait visiter, Dale Smith. Il n’est plus question que je parle aux autres détenus, je pourrais apprendre trop de choses horribles. Peut-être que la femme avec qui j’ai mangé ce midi était une tueuse à gages spécialisée dans le meurtre d’enfants de politiques, peut-être que le type qui nous observe distraitement pour passer le temps est un kidnappeur de renommée mondiale. Je ne veux plus savoir…

-Une bombe. Ce n’est pas la fin du monde. On fait tous des choix questionnables.

Oui. Peut-être aurais-je dû attendre que Mikhail soit parti se coucher avant de tuer Victor, peut-être n’aurais-je jamais dû accepter tout ce qu’il m’ordonnait. Et sûrement aurais-je dû refuser son invitation à le suivre quand je l’ai rencontré.

-J’ai posé plus de bombes que j’ai pris la peine d’en compter… Bon, j’aurais probablement dû les compter parce que ça l’a été un facteur aggravant au procès. Apparemment que c’est indécent de faire exploser des trucs et de ne pas prendre la peine de le noter quelque part…

A nouveau ce rire gêné. Lui aussi sent que nous partageons peut-être trop d’informations pour des gens qui se sont rencontrés seulement quelques jours auparavant. Mon regard est attiré par le livre entre nous, Les Justes. Ce livre à cause duquel tout est parti en cacahuète. Je détourne encore le regard, de peur de croiser celui de Loïc et d’y voir des sentiments par rapport à ses exactions. Je ne veux pas savoir s’il a pris goût à faire exploser ces bombes. Non, je ne veux pas savoir, pourtant, j’ouvre la bouche.

-Est-ce que… Est-ce que des gens sont morts ou est-ce que c’était simplement pour la symbolique ? chuchoté-je juste assez fort pour qu’il m’entende.

Pourquoi est-ce que soudainement la vie des gens m’importe alors que j’en ai tué tant que j’ai arrêté de compter ? Parce qu’il y avait peut-être des innocents parmi les victimes collatérales. Des innocents comme des enfants rentrant de l’école ou des parents dont les enfants se retrouveraient orphelins. Qu’on m’engage pour mener une guerre qui n’est pas la mienne, d’accord, qu’on m’engage pour tuer telle ou telle personne, d’accord, qu’on m’engage pour une prise d’otages, d’accord. Mais je connais toujours la situation par cœur, je sais qui mériterait de mourir et qui devrait être sauvé au mépris de la vie d’un connard. Je me rends bien compte que tous ces mots, ces paroles me font passer pour une psychopathe, mais que feriez-vous dans une pareille situation ?

Prise d’otages, cinq personnes, tous des pontes. L’un des otages est père de deux enfants, un autre est alcoolique et un troisième tout ce qu’il y a de plus normal. Puis viennent les deux derniers, des femmes. La première est une manipulatrice qui ne recherche que le profit et la deuxième projette de faire assassiner son mari pour toucher l’assurance vie. Cet élément-là, je suis au courant parce qu’elle a demandé au père de Victor de lui fournir un assassin. Il se trouve que j’ai été choisie. Imaginez maintenant qu’une catastrophe quelconque s’abat sur le lieu de la prise d’otages. Même si ma mission est de surveiller les otages, j’aurais tendance à vouloir sauver le père de famille, quand bien même ses actions soient discutables. D’accord, ça foutrait en l’air la mission d’assassinat si la deuxième femme mourrait dans la catastrophe, mais tant pis. A mes yeux, j’aurais quand même accompli une bonne action en sauvant le père.

-C’est la raison pour laquelle moi, je m’en veux autant au sujet de ma propre bombe. J’ai dû la poser sur un lieu de passage… Elle a probablement tué des dizaines de personnes, dont sûrement quelques enfants et honnêtes gens. Je n’ai rien contre empoisonner un truand, mais tuer des innocents me file le cafard…
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeJeu 14 Aoû - 5:30

Soudainement, Anja semble me craindre. Il paraitrait donc que, contrairement à ce à quoi je m’attendais, même à Deardeath poser des bombes est jugé impressionnant. Ou peut-être que c’est juste Anja…

Toujours est-il qu’elle ne me regarde plus dans les yeux. Ça met toujours les gens mal à l’aise quand je parle de manière aussi inconséquente de ce que j’ai fait exploser. Mais bon, je ne vais pas prétendre que j’ai pris le risque de me faire enfermer pendant plus d’une décennie parce que ça me faisait chier de poser des bombes.

-Est-ce que… Est-ce que des gens sont morts ou est-ce que c’était simplement pour la symbolique? C’est la raison pour laquelle moi, je m’en veux autant au sujet de ma propre bombe. J’ai dû la poser sur un lieu de passage… Elle a probablement tué des dizaines de personnes, dont sûrement quelques enfants et honnêtes gens. Je n’ai rien contre empoisonner un truand, mais tuer des innocents me file le cafard…

Le chat sort du sac. Comme un mauvais punch qu’on attendait depuis trop longtemps. Anja est une meurtrière. Qui l’aurait deviné? Une meurtrière et une empoisonneuse ici même à Deardeath…

- Alors, c’est à ça qu’on joue? Qui a le plus les mains sales? Et quel sang est propre à avoir sur les mains et quel sang est sale ?

Je suis irrité, mais je ne saurais pas vraiment dire pourquoi ni comment c’est arrivé. Peut-être parce que je n’avais pas envie de me retrouver coincé dans cette conversation. Peut-être que c’est l’enfermement qui fait de moi un animal enragé.

Et puis merde! Je peux bien être fâché, cette prison c’est un enfer : un enfer du type ‘’L’enfer c’est les autres’’. Avec tous les pires tordus de la société pour me faire sentir mal d’être un tordu. Et je suis à la fois pire et mieux que les autres. Je ne suis pas un tueur ni un assoiffé de sang. Je ne suis pas non plus un manipulateur, un voleur, ou quoique ce soit d’autre même si je ne crache pas sur ces méthodes quand j’en ai besoin. Je suis un anarchiste. Je suis tordu intellectuellement. Je rationalise, je théorise, je glorifie ma perversion. En plus, tout ce que j’ai fait pour aboutir ici m’a énormément amusé.

Bon, ne vous y trompez pas. Je ne pense pas que je suis un tordu moi-même, mais je sais bien que c’est ce que les autres pensent.

Et me revoilà de bonne humeur, d’une manière aussi spontanée que quand je me suis fâché. La peur d’Anja, son malaise maintenant m’amusent. Pourquoi? Parce que je m’ennuie. Parce que je m’ennuie depuis le début du procès. Et effrayer des tueurs en série du haut de mes 6 pieds de terroriste trop maigre me semble soudainement amusant.

C’est quelque chose qui brûle en moi depuis que je suis arrivé. C’est un feu que je connais, mais que Deardeath exalte. Je change d’humeur en un claquement de doigts. Je suis instable. Je joue avec tout et tout le monde. L’inactivité, l’impuissance me rendent indifférent, me donnent une distance qui rend tout comme un simple divertissement sans conséquence.

Je ris. D’un rire franc cette fois.

- D’habitude les gens commencent par me demander pourquoi. Comme ça ils peuvent établir que je suis un tordu dès le départ. Mais bon, tu vas être déçue. On ne pourra pas compatir sur la base du meurtre des innocents. J’ai tué une seule personne et c’était un accident, un mauvais calcul que je m’étais préparé à accepter dès le départ. Sinon, il y a bien eu quelques blessés graves, mais je crois qu’ils se sont tous remis… Il n’y a que moi qui aie fini éclopé.
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeJeu 14 Aoû - 21:17

Le ton monte immédiatement et je m’écarte rapidement de Loïc. J’ai peur de lui, soudain. Il n’est pas particulièrement musclé ni impressionnant, si ce n’est par sa taille. Ma respiration s’accélère et je vois déjà comment va se terminer cette conversation. Je ferme les yeux pour éviter de voir venir les coups.

***
Je passe la porte d’entrée et referme à clef derrière moi. Nous n’avons plus rien à faire hors de la maison donc je ne crains rien à fermer. J’entends des éclats de voix venant du salon, comme souvent ces derniers temps, pourtant, je prends le risque de signaler à Victor que j’ai fini la mission que son père m’avait confiée, et qui avait duré plusieurs semaines.

-Putain, je vaux mille fois mieux que ces losers que tu as engagés ! crie-t-il au téléphone.

Je me fais toute petite et tente de passer discrètement derrière lui, entre le canapé et la table de la cuisine. Les cris se poursuivent et c’est la tête basse que je monte retrouver Mikhail dans sa chambre. Il est assis devant son bureau, et quand j’ouvre la porte, il se précipite sur ses devoirs, qu’il avait repoussés au bord de sa table. Je lui souris, un peu amusée par son comportement, avant de m’approcher de lui pour l’enlacer. Le chat dort sur le lit de Mikhail, paisiblement en train de se contorsionner dans son sommeil, parfait opposé de la situation actuelle sous notre toit.

-Je suis content que tu sois rentrée. Papa commençait à me faire peur. Tous les soirs il crie après Stepan.

Stepan, le père de Victor, que mon fils se refusait à appeler grand-père, ce qui était parfaitement compréhensible. Cet homme est un tyran intraitable qui refuse de laisser sa place à son fils, le rendant irritable. Je souris à Mikhail et écarte une mèche blonde de son visage.

-Tout va bien, je suis là. Ne t’inquiète pas, il va se calmer.

Disant cela, je me rends compte qu’il y a des chances pour qu’au contraire il s’énerve davantage. J’entends des insultes et je m’évertue à épargner à Mikhail de les écouter. Il doit devenir un honnête homme, et écouter son père engueuler son grand-père d’un ton aussi vindicatif n’est pas pour y aider. Je m’assure que la seule chose qu’il voit est mon sourire avant de le laisser pour retrouver son père.

-Fais bien tes devoirs, petit monstre, le taquiné-je.

Il acquiesce et se penche sur ses exercices de maths. Je sors de sa chambre et me dirige vers le salon. Quand j’y entre, je vois Victor pousser un dernier rugissement de rage et projeter son téléphone sur le sol, où il rebondit dans un bruit sec. J’ouvre la sacoche en bandoulière dans laquelle j’ai rangé le paiement de ma dernière mission et tends l’enveloppe pleine d’argent que m’a donné l’employeur une fois le travail accompli. J’en prélève dix pour cent, destinés à notre usage. Enfin, si j’avais été seule, il aurait été pour moi, cet argent, mais puisque Victor a totalement arrêté de bosser pour qu’on ne puisse pas faire le lien entre lui et le chef du groupe mercenaire (à savoir, son père), je dois partager. Je dois dire que ça ne m’aurait pas dérangée, mais il a commencé à picoler, et la majorité des sous partait dans l’alcool.

-Tiens, j’ai ramené ça, lui dis-je en lui donnant l’enveloppe. Stepan sera content de voir qu’une fois encore, le travail est bien fait.

On a un accord à la maison. On ne mentionne jamais le lien de parenté entre le chef et Victor. C’est un coup à prendre une raclée. Je me souviens encore du jour où Mikhail a demandé pourquoi on ne voyait jamais son grand-père à la maison… Aucun doute, il fait partie des plus mauvais moments de ma vie.

-Parfait.

Il fait quelques pas vers la télévision avant de m’ordonner fermement de lui rapporter un verre et la bouteille de whiskey. Oui, du whiskey, pas de vodka. Comment ça vous ne pensiez pas au cliché raté ? Je ne vous crois même pas. Je pose la bouteille sur la table basse où traînent de nombreux journaux et factures impayées. Une vraie misère, quand je pars, Victor ne s’occupe jamais des petites choses du quotidien et quand on reçoit des relances, il m’accuse de pas faire mon job. Je laisse échapper un soupir avant de récupérer d’un air agacé les lettres. Il me retient par le bras, ayant entendu ou senti mon souffle.

-T’es pas satisfaite ? gronde-t-il.

La panique, à nouveau. Je jette un regard en direction de la chambre de Mikhail, dans l’espoir que Victor n’en vienne pas à la violence, ce qui pourrait alerter notre fils. Il ricane, imprime une dernière pression sur mon avant bras avant de me repousser brutalement. Je m’écarte rapidement et vais me réfugier dans notre chambre pour remplir les papiers. Ma main tremble et le stylo bave un peu. Je dois m’y reprendre à trois fois avant de réussir à produire quelque chose de correct. Quand j’ai fini, je suis contrainte de ressortir de la chambre pour aller déposer les enveloppes prêtes à être envoyées sur la commode dans l’entrée. Victor est déjà en train de dormir, affalé sur le canapé. Dans le couloir qui mène à la chambre de mon fils, j’en profite pour reprendre mon souffle et calmer le rythme de mon cœur. C’est comme ça que me trouve Mikhail quand il ouvre sa porte pour aller se brosser les dents : adossée au mur, le teint pâle et le souffle haletant. Je m’occupe de lui les dernières minutes qu’il nous reste avant la nuit noire puis pars me coucher, en espérant de tout mon cœur que Victor passera la nuit sur la canapé, qu’il ne me rejoindra pas.

***
Je rouvre les yeux en ne sentant pas la moindre douleur. Le visage de Loïc n’exprime plus la moindre colère, il est à nouveau serein. Je douterais presque de sa rage passée. Pourquoi ne serait-ce d’ailleurs pas le cas, hein ? Peut-être que j’ai rêvé, encore.

-Ecoute, je suis désolée, c'est pas ce que je voulais dire… dis-je très vite, en n’étant même pas sûre d’avoir été intelligible.

J’ai vraiment eu peur, et ce n’est pas maintenant que je cesserai de craindre les représailles des autres. Le Canadien reprend ensuite la parole, sur un ton calme en opposition totale avec ce qui venait de se passer. Même son rire me semble tiré d’un conte de fées tant il est différent de… Je recommence à respirer, me rendant compte, en effet, que dans ma peur j’avais retenu ma respiration. En soi, c’est idiot n’est-ce pas ? En tant que mammifère, je me dois d’approvisionner mes poumons en oxygène, et si possible, de façon régulière. C’est pas plus mal, non ?

-D’habitude les gens commencent par me demander pourquoi. Comme ça ils peuvent établir que je suis un tordu dès le départ. Mais bon, tu vas être déçue. On ne pourra pas compatir sur la base du meurtre des innocents. J’ai tué une seule personne et c’était un accident, un mauvais calcul que je m’étais préparé à accepter dès le départ. Sinon, il y a bien eu quelques blessés graves, mais je crois qu’ils se sont tous remis… Il n’y a que moi qui aie fini éclopé.

Ses paroles ne me font même pas réagir. Pourtant, je devrais être soulagée, ne pas le considérer comme un dangereux psychopathe. Il n’a tué que par accident. Par accident, ce n’est pas grave, si ? Dans le même élan, j’apprends la raison de sa semi-cécité. Quelque chose lui a pété au nez.

Je commence à me sentir bizarre, j’ai la tête qui tourne et des papillons noirs dansent devant mes yeux. Ma tête se fait lourde et je me sens tomber. Tomber sur quelque chose de mou. Le sable ou un corps ? Je me dis que je vais repartir pour quelques minutes de sommeil, mais je ne veux pas laisser mon nouvel ami terroriste sans réponse.

-Tu as de la chance. Pas pour la partie éborgnage, pour la partie pas de victime.

Je ferme encore les yeux et me sens tomber, comme dans un de ces rêves flippants. J’essaie de rouvrir les paupières, mais je sombre plus encore.
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeJeu 14 Aoû - 23:27

J’y ai probablement été trop fort. Anja semble complètement terrifiée. Elle s’éloigne de moi et me regarde encore avec ses yeux d’animal traqué. Je me sens mal. Je l’ai déjà dit, je ne suis pas capable de regarder quelqu’un souffrir sans réagir. Moi et mon grand cœur de terroriste à deux sous…

J’étends un bras pour la prendre par l’épaule et la forcer à me regarder. Son regard semble soudainement dans le vague, comme si elle était plongée dans son propre monde. Je cherche quelque chose à dire pour la rassurer, mais les mots m’échappent. Je ne sais pas quoi dire. Que j’y ai été trop fort? Que je ne voulais pas vraiment qu’elle ait peur de moi? Que je voulais juste rire? Que je suis un gros tordu?

Alors même que j’allais ouvrir la bouche pour dire quelque chose, n’importe quoi qui lui enlèverait cet air misérable du visage, elle me tombe dans les bras comme pour me faire un câlin. Mais quelque chose cloche. Elle est trop molle. Je la reprends, cette fois par les deux épaules et je la secoue gentiment. Son regard est flou et elle ne réagit pas. Je commence à paniquer.

- Tu as de la chance. Pas pour la partie éborgnage, pour la partie pas de victime.

Merde! Comme si c’était le moment de me donner cette espèce de compassion collante que j’évite comme la peste.

Toujours est-il que je n’ai pas vraiment le temps de m’enfoncer dans ma colère puisque par après Anja sombre définitivement. Son corps s’alourdit entre mes mains et ses yeux voilés de ferment pour de bon.

Gauchement, je l’allonge par terre. Une fois qu’elle est placée d’une façon qui semble presque confortable, je regarde autour. Un garde s’avance vers nous. Je me méfie de ces mini-dictateurs avec un bâton et un gun. Toujours accroupi par terre, je mets mes mains ouvertes bien en évidence de chaque côté de ma tête. Le type s’arrête à peut-être un mètre de nous.

- Elle vient de perde connaissance. Je crois qu’elle a fait un malaise…

Le garde m’ordonne de m’éloigner. Je me relève, toujours lentement et toujours les mains en évidence. Je ne lui donnerai aucune chance de me tabasser ou de m’accuser pour ce qui vient d’arriver à Anja. Une fois que je suis à distance satisfaisante, il s’accroupit à son tour au côté de la prisonnière et prend ses signes vitaux. Il grommèle quelque chose dans un émetteur accroché à son épaule puis se tourne de nouveau vers moi.

- Tu la connais? Elle a des problèmes de santé?

- Euuh… Je lui ai parlé quelques fois. Je sais qu’elle s’appelle Anja, mais rien de plus.

Mécontent, il se penche de nouveau sur Anja et me dit de m’éloigner, qu’ils vont la transporter à l’infirmerie.
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeVen 15 Aoû - 17:24

J’ai la vague sensation d’être étendue sur le sol, mais peut-être n’est-ce qu’une divagation de mon esprit.


Le vent souffle dans mes cheveux, et l’herbe de la prairie se courbe sous la brise. J’en cueille un brin et le déchire consciencieusement. Quelque chose me trouble mais je ne sais pas du tout de quoi il s’agit. Je regarde tout autour de moi, détaille mon environnement. Il n’y a rien à des kilomètres à la ronde. Rien à part de la prairie, de la prairie, de la prairie, à perte de vue. Je fais un tour complet sur moi-même et remarque au loin une zone peuplée. Je me mets en marche, convaincue que la source de mon malaise se trouve là-bas.

J’avance d’un pas résolu, avalant les dizaines de mètres comme si ç’avaient été seulement quelques pas. Je finis par arriver à la lisière de la place. Une place entourée de quelques immeubles, avec au centre, une petite fontaine. Quelques gamins courent autour et jouent à se jeter de l’eau dessus, surveillés attentivement par leurs mères. Derrière eux, j’aperçois un garçon qui ressemble beaucoup à mon fils, qui rejoint sa grande sœur. Ils se retournent et me regardent, comme les autres personnes présentes. Une main se pose sur mon épaule, lourde et oppressante. Je me dégage et me retourne, prête à me défendre.

Mes poings retombent en voyant Victor et son sourire malsain. Les regards de toutes les personnes sur la place me brûlent la nuque et j’ai peur de ce qu’il va me demander. Il me tend le détonateur. Le détonateur, celui à cause duquel mes nuits étaient si agitées. Dans un sursaut de lucidité, je m’aperçois que je suis en train de rêver. Ça me rassure un peu, mais mon malaise latent se refuse pour autant à se désagréger. Victor referme mes doigts sur le boîtier de force et intensifie son sourire. Son visage se tord et se distend, devient celui d’un véritable démon, puis il me fait appuyer sur le bouton rouge. Les yeux écarquillés, je comprends enfin ce qu’il compte faire. J’essaie de me dégager, de griffer sa main pour lui faire lâcher prise sur la mienne et sur le détonateur. Dans un dernier sourire gigantesque, Victor presse le bouton grâce à mes doigts, qu’il dirigeait.

Juste après, il disparaît dans un nuage de fumée, avant que j’aie eu le temps de l’étrangler de mes mains. Il n’y a pas d’explosion, rien, pas de bruit, pas de cris, pas de morts. Je guette l’élément qui allait tout détruire, sans succès. Tout mon corps se détend et un fantôme de sourire se dessine sur mes lèvres. Même si c’est seulement un rêve, j’ai réussi à en produire un où la bombe n’explose pas, où je ne ressens aucun remords, aucun malaise. Mes jambes me lâchent et je me retrouve assise par terre, au mépris de la saleté du sol.

Je croise le regard du garçon qui ressemblait trait pour trait à Mikhail, juste avant que l’explosion se déclenche. Un souffle brûlant fauche chaque personne présente, sauf moi. Non, pas moi. Je flotte au-dessus d’eux, bien à l’abri. Une fois l’apocalypse terminée, je me retrouve à nouveau sur les lieux du sinistre, agenouillée à côté du corps du garçon. Il relève son visage horriblement brûlé vers moi et me fixe d’un air apaisé jusqu’à son dernier souffle.


Je me réveille à l’infirmerie, en sueur, comme le matin précédent. Je suis allongée sur un lit, et je ne suis pas seule. D’autres personnes occupent des lits voisins au mien. Oh bon sang, mais qu’est-ce qui s’est passé ? Je prends une grande inspiration et me redresse sur mes oreillers. Une infirmière remarque que je ne suis plus endormie et s’approche de moi pour faire quelques tests. Mon air abattu lui met la puce à l’oreille.

-Vous vous sentez bien ?

Je secoue la tête en signe d’assentiment. Comme j’ai très moyennement apprécié la direction qu’a pris la discussion avec Loïc, je préfère ne pas céder au besoin que j’ai de parler et fais comprendre à l’infirmière qu’elle n’a pas besoin de savoir. Elle me dévisage d’un air dubitatif, se rendant parfaitement compte que rien ne va et que je n’ai pas la moindre envie de partager. J’ai chaud et soif, et en fais part à l’infirmière qui part me chercher un verre d’eau fraîche. Où est passé Loïc ? J’espère qu’il n’a pas eu d’ennuis à cause de moi. Ce serait tellement pitoyable de ma part… Je me recouche sur mon oreiller et cherche du regard dans l’infirmerie pour savoir s’il a voulu m’accompagner ou non. Après tout, on est parti sur une conversation tendue par ma faute, non ?
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeLun 18 Aoû - 20:06

Anxieux, je regarde Anja étendue sur le sol. Je n’ai pas compris ce qui s’est passé. J’ai quand même l’impression que c’est un peu de ma faute. Rapidement, deux employés arrivent avec une civière. Ils embarquent Anja et partent aussitôt vers ce que je suppose être l’infirmerie. J’essaie de demander au garde s’ils savent ce qu’elle a et si je peux l’accompagner à l’infirmerie. Je réussis seulement à me faire dire que ce n’est pas de mes affaires et que je devrais m’éloigner.

Désœuvré, je ramasse le livre qui traîne dans l’herbe et je vais le porter à la bibliothèque. C’était sensé me permettre de me changer les idées, mais c’est une distraction de courte durée et je me retrouve rapidement à mon point de départ. Durant mon absence, l’agitation laissée par l’évanouissement d’Anja est retombée; fini les regards curieux et les gardent qui s’activent. La cour est retombée dans sa torpeur habituelle.

Je me rassois au pied du mur à l’endroit exact où j’étais auparavant. Je me demande si Anja va rester longtemps à l’infirmerie. Je me demande aussi si elle cherchera à me parler lorsqu’elle sortira. Elle avait l’air terrifiée par moi, d’une manière que ma conduite, quoiqu’inappropriée, ne pouvait pas causer à elle seule. Je décide de rester assis ici pour le reste de l’après-midi, histoire qu’elle puisse me trouver facilement si elle le désire. Je ne veux pas qu’elle ait l’impression que je le fuis ou que je ne me soucie pas de sa santé. Après tout, si c’est seulement un malaise elle devrait être remise sur pied rapidement.

Le soleil tape un peu fort. Je n’en ai plus l’habitude après avoir passé autant de temps à l’intérieur. J’essaie de réfléchir, mais je finis par somnoler toujours appuyé contre le mur. Mes pensées tournoient paresseusement dans mon esprit. Je repense au fait qu’Anja aussi a posé une bombe. Et qu’elle est une meurtrière. Et qu’elle a des remords. Je repense au fait que j’ai posé des bombes. Que je suis un tueur. Que je devrais avoir des remords. Et je m’étonne que rien de ça ne me fasse chaud ou froid. Peut-être que je suis trop endormi. En parlant d’émotions inappropriées. Je pense à ma conduite avec Anja. Au fait que la prison me rend instable. Je me demande si ça va passer avec le temps ou si ça va empirer. Je pense que ça vient de l’inactivité et la hiérarchie. Je crois que ça vient du manque d’espace vert aussi. Alors pour compenser le manque de vert, je regarde le bleu du ciel. Et je me demande pendant un instant à quel point je suis loin de ma terre natale. Est-ce que je pourrais rentrer chez moi à pied?

Puis le soleil me brûle les yeux alors je les ferme encore. Cela aidant, mon esprit sombre définitivement et je m’endors.
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeJeu 21 Aoû - 16:10

Personne. Je me sens horriblement coupable et décide de me lever immédiatement. Je m’assieds sur le bord du lit, les jambes dans le vide et la tête dans les mains. La chute de pression occasionnée par mon activité réduit mon champ de vision à rien du tout. Rester allongée aussi longtemps et me lever si rapidement a eu pour conséquence de me sonner complètement. Une fois la phase de cécité passée, je pose les pieds par terre, récupère mes chaussures, qu’on m’avait retirées, et entreprends de sortir de l’infirmerie. La même infirmière que tout à l’heure m’en empêche en me retenant par le bras. Je m’arrête, un peu dépitée.

-Où croyez-vous aller, comme ça ? Manifestement, si vous avez eu ce malaise c’est qu’il y a une raison plus profonde. C’est la première fois que ça vous arrive ?

Je réfléchis une fraction de seconde, pressée de ressortir.

-Oui, c’est la première, et ce sera aussi la dernière. Laissez-moi partir, s’il vous plaît.

Mon intonation n’est pas particulièrement intimidante, mais l’infirmière sait encore où elle travaille et elle sait aussi qu’il vaut mieux éviter de contrarier les détenus quels qu’ils soient. Bon, avec moi elle ne craint pas grand chose, mais ça elle ne le sait pas. Alors j’en profite. C’est honteux de profiter ainsi de la peur des autres, mais autant que je tire mon épingle du jeu dans cette histoire d’emprisonnement.

Elle finit par lâcher mon bras, une moue mi-agacée mi-craintive sur le visage. Je pousse la porte de l’infirmerie, encore un peu fatiguée et me retourne pour lui sourire. D’accord, j’ai tué, d’accord j’essaie de paraître plus dure que je ne suis, mais face à des gens comme elle, je ne peux tout simplement pas rester de marbre. C’est dommage, elle est déjà partie s’occuper des autres patients. Tant pis. Voyons voir, le jour de mon arrivée, le psy m’a montré l’infirmerie ; on est arrivés par quel chemin ? Je tourne en rond quelques minutes, me retrouve devant la porte de la chapelle, fais demi-tour, et finis par retrouver ma route. Enfin !

La grande porte du hall est ouverte sur la cour, bondée. Quelques gardiens pour une quantité bien supérieure de détenus. Quelque part, ça fait peur. En cas d’alliance durable entre prisonniers, ces quelques pauvres gardes seraient bien incapables de nous contenir. Peut-être profiterais-je de la cohue pour fuir cet endroit… Retrouver Mikhail avant l’heure, pour peu que je sois un jour autorisée à sortir. Où pourrait se trouver Loïc ? S’il a bougé, je suis eue, et je ne risque pas de le retrouver. Je fouille la cour du regard, réfléchissant à une manière de l’aborder et de m’excuser. Là-bas ! Un rouquin comme lui, ça ne passe pas exactement inaperçu, même si la majorité des détenus sont vêtus de combis oranges. Il est resté à peu près au même endroit que tout à l’heure, et ne bouge pas d’un pouce. Quand je m’approche, je me rends compte qu’il est endormi, et vu comme il a l’air paisible, je me dis qu’il dort comme ça depuis un moment. C’est pas très conseillé de dormir au milieu d’une cour de détenus, mais si personne ne s’en aperçoit, ça ne devrait pas poser trop de problèmes. Surtout s’il n’a rien de valeur sur lui qu’on pourrait lui voler.

Je jette un coup d’œil au ciel, et remarque que le soleil a bien avancé. C’est un peu archaïque comme méthode, mais au moins ça marche. Quant à savoir, en revanche, combien de temps je suis restée endormie/inconsciente précisément, c’est carrément une autre histoire. Je fouille dans une de mes poches et en sors une feuille de papier parmi celles que j’ai, ainsi qu’un crayon à papier minuscule. Pas question de nous donner des crayons qu’on serait en mesure de planter dans des gens, noooon, on préfère nous donner des crayons de trois centimètres de long… J’écris sur le bout de papier un petit message que je laisse sur les genoux de Loïc pour le prévenir que je suis passée, puis je fais demi-tour.

Je rentre dans le bâtiment, soupire de soulagement quand j’échappe aux rayons violents du soleil. Me rappelant un peu du chemin qui mène jusqu’au bureau des psys, je me dirige dans cette direction. Sur le papier, j’avais écrit un message concis au cas où le Canadien se réveillerait avant mon retour.
« J’espère que tu n’as pas eu d’ennuis avec les gardiens. Il faut que je parle à quelqu’un de cette histoire de bombe, je suis au bureau des psys si tu me cherches et que tu te réveilles avant que je sois revenue. Anja.
PS : je suis vraiment désolée pour la conversation qu’on a eue, j’espère que tu ne m’en veux pas trop. »

Certes, c’est pas génial comme billet, mais bon, je devais faire vite et j’avais pas vraiment le temps de lui rédiger un roman. Et puis il y avait tellement plus de chances que je revienne avant son réveil… Je m’avance et aborde la secrétaire.

-J’en parlerai à monsieur Smith. Je vous préviendrai si vous obtenez un rendez-vous dans la semaine.

Je hoche la tête en remerciement et ressors du bureau. En passant la porte, je croise la route d’un détenu qui regarde partout autour de lui et me fixe d’un air mauvais. Son regard fuyant semble craindre une attaque venant de n’importe où. Je ne m’y connais pas en psychopathologies, mais je dirais que celui-là est complètement parano. J’évite de me perdre au retour et emprunte à nouveau la grande porte du hall pour ressortir trouver Loïc.

Un doute m’assaille pourtant. Est-ce seulement une bonne idée ? Ne va-t-il pas me rejeter purement et simplement ? je m’arrête en chemin, incapable de faire ne serait-ce qu’un pas de plus.


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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeVen 22 Aoû - 6:36

Mes sens se réveillent les uns après les autres. Je commence par sentir le soleil et le vent sur ma peau. Puis j’attends le frottement distinctif d’un crayon sur une feuille de papier. Puis, quand j’ouvre enfin les yeux, je vois Anja qui s’éloigne déjà. Je la regarde partir, un peu hébété. Je ne pense même pas à la retenir.

Lorsqu’elle a disparu à l’intérieur du bâtiment, je baisse finalement les yeux sur le bout de papier qui repose sur mes jambes croisées.

« J’espère que tu n’as pas eu d’ennuis avec les gardiens. Il faut que je parle à quelqu’un de cette histoire de bombe, je suis au bureau des psys si tu me cherches et que tu te réveilles avant que je sois revenue. Anja.
PS : Je suis vraiment désolée pour la conversation qu’on a eue, j’espère que tu ne m’en veux pas trop. »


Cette note me trouble. J’ai l’impression que la situation m’échappe complètement. Pourquoi elle pense que je lui en veux? C’est elle qui devrait être fâchée. C’est moi qui devrais s’excuser d’avoir agi en brute et d’avoir fait exprès de lui faire peur.

Et pourquoi est-ce qu’elle est partie prendre un rendez-vous avec le psy d’une manière aussi précipitée? Est-ce que son évanouissement était causé par la nervosité? Est-ce que cette histoire de bombe la ronge à ce point? Est-ce que c’est vraiment pour ça qu’elle a souvent ce regard de chien battu?

J’attends patiemment son retour, toujours assis dans ce qui semble être devenu mon coin attitré dans la cour. Je n’essaie pas de la rejoindre comme son message me le suggère. Je n’ai pas très envie de faire connaissance du psy de Deardeath et je ne vois pas vraiment l’intérêt. Parler dans le calme de la cour sera le mieux. Pour l’instant, j’essaie de ne pas me monter des scénarios farfelus pour justifier les actions d’Anja. Je verrai lorsqu’elle sera là pour s’expliquer elle-même.

En parlant du loup, je la vois franchir la porte de la cour. Je reconnais sa petite silhouette et ses cheveux blonds. Elle avance vers moi, d’abord d’un pas sûr, puis elle se fige. J’attends qu’elle se remette en mouvement, mais elle reste immobile. Malgré qu’elle soit encore loin, j’ai l’impression de lire de l’angoisse sur son visage. Soudainement inquiet, je me lève et je vais la rejoindre.

Rendu à quelque pas, je me fige également. Je ne sais pas trop quoi dire, ni quoi faire de mon corps. Pendant un instant, je voudrais la serrée dans mes bras, la rassurer, mais je ne suis pas sûr qu’on soit assez intime pour qu’elle me laisse faire. On se regarde un moment, dans le silence. Puis pour briser la tension que je sens présente, je prends finalement la parole.

- Hey… content de voir que tu as l’air bien! Tu m’as fichu une belle peur tout à l’heure…

Mouais, en termes de banalité insipide on peut difficilement faire mieux.

- Tu veux venir t’assoir avec moi ? Est-ce que tu te sens encore fatiguée ?

D’un geste vague, sans oser la toucher, je la guide encore vers le même coin tranquille le long du mur.

- Je voulais dire que je suis désolé pour tout à l’heure. Je n’ai pas vraiment été correct avec toi. J’ai été dur pour rien dans ce que je disais. Je sais que ce n’est pas vraiment une excuse, mais l’enfermement me rend amer… J’ai l’impression que ça l’a touché quelque chose chez toi, mais tu n’es pas du tout obligée d’en parler.


Mentalement, je me jure de recommencer sur de nouvelles bases. Fini les paroles impulsives et méchantes, de retour au Loïc tout en patience et en respect des limites des autres. Pour éviter de devoir regarder Anja en attendant sa réaction, je m’assois en prenant soin de me mettre à sa droite. Mon geste est un peu maladroit. Avec un seul œil, il est dur de juger les distances et ma main rencontre le mur un centimètre plus loin que ce que j’avais prévu. Néanmoins, avec la grâce de l’habitué, je me reprends et atterri doucement sur l’herbe, assis en tailleur.


Dernière édition par Loïc Valois le Lun 25 Aoû - 7:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeSam 23 Aoû - 16:07

Je ressassais encore des idées noires quand Loïc s’approche, tout ce qu’il y a de plus amical. Je décide de balayer mes mauvaises pensées et de sourire. Même si c’est simplement pour le paraître, simplement la façade. J’ai beau être presque persuadée qu’il est gentil, j’ai toujours peur. C’est plus fort que moi, les hommes m’intimident et j’aimerais bien que ça cesse, ne serait-ce que pour pouvoir continuer à parler aux autres sans me méfier profondément. Il s’arrête à quelques pas de moi et paraît hésiter. Allons bon. Son malaise est évident, même pour moi, qui ai plutôt tendance à chercher des points faibles. Gêne, je crois que ça s’appelle comme ça quand on n’ose pas. Embarras.

-Hey… content de voir que tu as l’air bien ! Tu m’as fichu une belle peur tout à l’heure…

Je souris. Il n’est visiblement pas à l’aise pour ce genre de discussions. Lui-même semble trouver sa phrase plutôt moyenne. J’ai envie de repartir du début, d’oublier notre conversation sur nos forfaits, de reconstruire quelque chose de nouveau. Quand il me propose de le rejoindre, je suis à la fois soulagée et gênée. Je n’arrive pas à cerner ses intentions parfaitement, mais son attitude amicale et paisible me pousse à le suivre. Je ressens le besoin de m’excuser en face à face, pas par l’intermédiaire d’un vulgaire bout de papier, de lui demander d’oublier. Je n’ai besoin de rien de plus que quelqu’un à qui parler, pas de me faire un ennemi de quelqu’un que je considérais déjà comme une personne sympathique.

Nous nous asseyons à nouveau contre le mur, le même que tout à l’heure. Cela aussi me fait sourire. Un peu comme si ce coin de cour était une bulle où les autres nous laissaient en paix. J’en arrive à respirer plus librement que de toute la journée, savourant la douce chaleur des rayons du soleil. Oui, ça peut paraître niais, mais croyez-moi, il n’y a rien de mieux que lézarder au soleil en fin d’après-midi. La légère hausse de température par rapport à l’ombre ou l’intérieur des bâtiments a le don de me détendre et de me faire sentir en sécurité. Un peu comme quand j’étais petite et que je me blottissais contre le radiateur en hiver.

-Je voulais dire que je suis désolé pour tout à l’heure. Je n’ai pas vraiment été correct avec toi.

Je le regarde, surprise. C’était moi qui avais lancé le sujet. Sa réaction, si elle m’avait effrayée… d’accord, terrorisée, me paraissait justifiée. Peut-être un peu démesurée, mais dans l’énervement, tout le monde peut sortir de ses gonds.

-J’ai été dur pour rien dans ce que je disais. Je sais que ce n’est pas vraiment une excuse, mais l’enfermement me rend amer… J’ai l’impression que ça l’a touché quelque chose chez toi, mais tu n’es pas du tout obligée d’en parler.

Il s’assied à ma gauche et perd l’équilibre. Instinctivement, je me prépare à le rattraper, mais il se rattrape avec une grâce qui n’est pas sans lien avec l’habitude qu’il devait avoir. Il croise les jambes pour s’asseoir, se pose délicatement sur l’herbe qui recouvre cette portion de cour. Un peu plus loin, je remarque un début de bagarre. Par réflexe, j’y jette un coup d’œil. Ce n’est pas que je ne veuille pas répondre au Canadien, seulement… J’ai peur de trop en dire, de provoquer une nouvelle colère chez lui. Deux détenus se battent pour des cigarettes, monnaie très en vogue ici. Je laisse échapper un hoquet de peur en reconnaissant Feliks parmi les spectateurs. Je ne crois pas qu’il me fera du mal, mais je préfère qu’il ne me voie pas.

-C’est aussi un peu de ma faute, j’aurais pas dû lancer le sujet. On recommence à zéro ?

Je souris, me convainquant moi-même que je n’allais pas faire de nouvelle erreur. Je ne peux pas non plus laisser Loïc comme ça, en ignorant son invitation.

-Tu m’as fait… vraiment très peur tout à l’heure. Tu te souviens de Feliks, l’homme de la cafétéria ? Tous les deux étions collègues dans le même groupe de mercenaires. C’était un ami, et un vétéran. Il venait me voir souvent, et c’était lui mon meilleur ami, en quelque sorte.

J’en profite pour jeter un coup d’œil furtif à la bagarre. Toujours pas d’avancement, simplement quelques insultes qui fusaient. Et Feliks qui se contentait de regarder.

-J’ai un fils, là-bas en Russie. Son père…

Je me mords la lèvre, un peu angoissée à l’idée de me livrer comme ça. Loïc ne m’a pas fait l’impression d’être un connard qui profiterait de ma faiblesse, mais j’ai toujours le réflexe de me méfier. C’est dommage, d’ailleurs.

-Son père était un mec violent qui… se servait de l’affection que j’ai pour mon fils pour me faire faire toutes les missions les plus dangereuses. Pour s’assurer que je ne me rebellerais pas, tu vois ? C’est lui qui m’a demandé de pose cette saloperie de bombe. Quand je suis rentrée à la maison, il était en train de dire à mon fils que j’étais morte.

Sans que je m’en aperçoive, mon débit s’était accéléré. Je m’arrête pour reprendre mon souffle et accessoirement virer de ma tête certaines images déplaisantes.

-Même si je ne suis pas morte là-bas, s’il parlait de ma mort, c’est qu’il comptait me faire tuer. Je voulais quitter le groupe et emmener Mikhail avec moi, l’éloigner de son père. Alors je l’ai empoisonné, et j’ai sauvé mon fils.

Je baisse les yeux. Personne ne savait cela, à part le psy qui m’avait reçue juste avant mon expatriation. Même Feliks, qui pourtant était le type en lequel j’avais le plus confiance après mon frère, ignorait tout ça. Lui savait seulement que Victor me frappait et que j’avais été enfermée à DearDeath.

-Malgré tout ça, je garde une peur bleue des hommes. Enfin, surtout de ce dont ils sont capables quand ils sont en colère, et encore plus quand ils ont bu. Alors quand… tout à l’heure, tu m’as vraiment fait revivre un cauchemar.

Je lâche un éclat de rire très embarrassé et essaie de détendre mes muscles crispés par l’appréhension. Calme-toi, Anja, calme-toi…
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeLun 25 Aoû - 12:07

[Hors-Rp: J’ai fait une erreur dans mon post précédent en disant que Loïc s’assoit à la gauche d’Anja alors qu’il devrait logiquement s’assoir à sa droite. Je m’autoflagelle donc publiquement pour mon incohérence et j’annonce que j’ai changé ce détail.]

Dès que j’ai fini de parler, Anja hoquète de terreur. Elle fixe un point à ma droite. Je me retourne aussitôt, prêt à réagir. À une bonne distance de nous, il y a de l’agitation. Deux détenus se disputent un paquet de cigarettes. Je m’étonne qu’Anja s’énerve pour si peu, elle me semble assez endurcie. Puis, je remarque parmi les observateurs Monsieur-Le-Baraqué-De-La-Cafétéria.

Anja parait encore terrorisée à l’idée que M. La-Brute puisse la voir. Histoire de me rendre utile, je me déplace de manière à être entre eux. Comme elle est plus petite que moi, probablement que je la cache complètement. Ce n’est pas très judicieux d’ainsi tourner le dos au conflit, mais ils étaient déjà hors de mon champ de vision au départ alors ça ne change pas grand chose. Anja ne semble que partiellement rassurée, car je la surprendrai plusieurs fois par la suite à jeter des regards inquiets par-dessus mon épaule.

-C’est aussi un peu de ma faute, j’aurais pas dû lancer le sujet. On recommence à zéro ?

Pour peu, je pousserais un soupir soulagé. Mentalement, je me prépare déjà des sujets légers, histoire qu’on puisse faire connaissance comme deux individus normaux qui se rencontrent dans un contexte tout à fait normal, le tout sans bombe, sans meurtres et sans prison de haute sécurité. J’envisage lui parler de mon enfance au Manitoba, histoire qu’on puisse sympathiser sur la base des hivers trop durs.

Mon soulagement est néanmoins de très courte durée, car apparemment repartir à zéro ne veut pas dire la même chose pour elle que pour moi. Elle enchaîne sur une longue suite de confidences qui font tout sauf détendre l’atmosphère. Elle me parle de M. La-Brute, Féliks de son petit nom, un autre mercenaire et apparemment son meilleur ami. Leur relation me semble tout sauf amicale, mais je dois avouer que je ne connais rien des relations interpersonnelles chez les tueurs à gages. Elle m’avoue aussi avoir un fils, resté en Russie.

Puis le chat sort du sac. Elle me parle du père dudit enfant, un alcoolo et une belle ordure selon ce que je comprends. Elle finit son histoire en m’avouant :

-Malgré tout ça, je garde une peur bleue des hommes. Enfin, surtout de ce dont ils sont capables quand ils sont en colère, et encore plus quand ils ont bu. Alors quand… tout à l’heure, tu m’as vraiment fait revivre un cauchemar.

Et je me sens comme un parfait salaud. Même si j’ai agi dans l’ignorance de son passé, je n’ai pas d’excuse pour ce que j’ai fait.

- Encore une fois, je suis vraiment désolé… s’il y a quelque chose que je peux faire pour me faire pardonner ou pour faciliter les choses pour toi tu n’as qu’à me le dire.

Comme j’allais rajouter quelque chose, le bruit derrière moi augmente. Je n’ai pas le temps de me retourner que quelque chose, quelqu’un en fait, me tombe sur le dos. Nous roulons un instant sur le sol dans un emmêlement confus de membres avant que je puisse me redresser. Pendant que je me relève, un peu sonné, l’autre toujours au sol se confond en excuses :

- Désolé man... je voulais pas, je me suis fait poussé, c’est un accident… je ne veux pas me battre moi… je ne cherche pas la merde.  

Je le dévisage un peu. Ce n’est pas un de ceux qui se battaient tout à l’heure et ce n’est pas Féliks non plus. Je conclus donc à sa bonne volonté.

- Ça va, je te crois…

Derrière lui, un attroupement plutôt agité entoure ce qui semble être un combat en bonne et due forme. Des gardes accourent pour essayer de disperser tout le monde. Tout en frottant mon épaule endolorie par la chute, je continue de surveiller ce qui se passe dans la cour. L’action semble désormais se dérouler à distance sécuritaire.

Je me tourne finalement vers Anja qui semble avoir été épargnée par les dernières péripéties.

- Tu es correcte? Tu veux qu’on aille ailleurs?

J’ai l’impression qu’avec mes fautes passées et les confidences qu’elle vient de me faire, la moindre des choses que je puisse faire c’est l’éloigner du groupe d’hommes qui se battent comme des chiens.

Comme je me rapproche d’elle, je passe ma main dans mes cheveux pour replacer les mèches qui me sont tombée dans les yeux durant la mêlée. Pétrifié, je remarque alors que mon cache-œil s’est détaché et pend à mon oreille. Ça s’est sûrement produit quand je me suis fait renverser. Prestement, je me détourne et le remet en place. Je suis un peu gêné de ne pas m’en être aperçu avant, car ma cicatrice met habituellement les gens mal à l’aise. Je comprends maintenant pourquoi le type qui m’est tombé dessus me dévisageait autant et semblait s’attendre à ce que je prenne ce qu’il avait fait pour une provocation en duel.

[Hors-Rp: Pour l'information, j'imagine l’œil de Loïc comme étant identique à celle du personnage de son avatar, donc comme ça]
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeMer 27 Aoû - 18:31

Loïc me présente des excuses que je ne peux qu’accepter, même si je juge qu’il n’avait pas à les présenter. Il ignorait mon passé et ne pouvait pas savoir que son attitude me toucherait autant. J’essaie de lui sourire, de calmer les battements de mon cœur, de retrouver la sérénité. C’est assez difficile parce que je comprends bien qu’encore une fois, j’ai gaffé en parlant. Plus d’erreur maintenant, OK, plus d’erreur. Tu t’en tiens au silence et aux sourires. J’ai été trop loin, mais expliquer la raison de ma terreur me paraissait sur le coup une chose appropriée. Je retiens la leçon, pour de bon cette fois, je l’espère. Quelque chose pour le faire pardonner ? Rien du tout, il est déjà bien aimable de m’écouter sans péter une durite à nouveau !

L’un des types qui se battaient, ou qui regardaient, j’en sais rien, s’écroule sur Loïc. Il dit avoir été bousculé, il ne cherche pas les ennuis. Ben tiens, y’a deux secondes tu avait l’air de sacrément chercher la merde, justement. Il ne se battait pas, mais la façon dont il encourageait les combattants laissait penser que quelque chose chez Loïc l’effrayait assez pour qu’il la mette en veilleuse. Il recule précipitamment, semblant vouloir mettre le plus de distance possible entre le Canadien et lui.

Je comprends pourquoi quand, en se retournant vers moi, Loïc me montre bien involontairement la cause de la peur de l’autre détenu. Son cache-œil s’est fait la malle pendant la bousculade, et j’en arrive à ignorer complètement la horde de sauvages qui en venaient aux mains derrière lui pour ne plus fixer que la balafre sur son œil droit. Waw, ça a dû être douloureux. J’en oublie même qu’il vient de me parler. Ou plutôt non, mais seulement j’entends sa voix un peu atténuée. Je papillonne des paupières pour me réveiller, parce que c’est indiscret de fixer quelqu’un comme ça, et aussi pour me concentrer sur ce que Loïc vient de me dire. Je crois qu’il voulait s’éloigner de l’affrontement. Logique, surtout quand des gardiens commençaient à s’intéresser à la bagarre et que nous ne devions pas avoir très envie d’être mis dans le même panier que les perturbateurs.

Il s’approche un peu de moi et je dois faire un effort conséquent pour ne pas reculer instinctivement, et finit par s’apercevoir qu’il avait un petit problème. Il tourne un peu la tête sur le côté comme pour échapper à mon regard et remet le cache-œil en place. Je me fais la réflexion que ce ne devait pas être pratique tous les jours ce machin, quand bien même ça avait l’air efficace contre les mecs en mal d’affrontements. Encore que je doute qu’un type de la carrure du Gros Bobo, la mascotte de DearDeath en quelque sorte, se laisse intimider par si peu. Je dis « si peu », mais Loïc a quand même perdu un œil dans l’histoire. On n’y pense pas souvent, mais c’est la vision binoculaire qui donne à l’homme la faculté de bien percevoir les perspectives… Attends… Percevoir les perspectives, c’est pas un peu redondant, ça ? Bah, tant pis ! Bref, les borgnes doivent réapprendre le sens des perspectives, savoir de combien leur score a diminué, de combien de centimètres il faut qu’ils allongent le bras pour toucher leur cible, et je parle même pas de viser correctement quand l’œil touché est celui avec lequel on vise habituellement…

Je me lève de l’herbe jaunie par le soleil estival et accompagne Loïc à l’intérieur. Il devait être aux alentours de dix-neuf heures et le soleil n’était pas près de se coucher. Si j’en croyais le tableau affiché à l’entrée, me repas du soir ne serait servi que dans une demi-heure, et encore, quand il était à l’heure prévue. La fraîcheur de l’intérieur me fait frissonner un instant avant de ma paraître douce et rassurante. Je ne cherche pas à m’attirer des ennuis, et encore moins à en apporter à Loïc, mais je n’ai pas envie de discuter au milieu d’autres personnes dont une majorité sont des hommes. En jetant un coup d’œil autour de nous, je m’approche de la porte du réfectoire et la pousse doucement, laisse passer le Canadien en premier puis le rejoins après avoir vérifié une dernière fois que personne ne nous a vus.

Pas très fan des chaises du réfectoire, je préfère m’asseoir contre le mur, cachée à la vue de personnes debout. Je sors ma bague à poison de ma poche pour jouer avec. Mes doigts dessinent les contours de l’anneau pendant que mes yeux fixent la moindre diffraction de lumière sur l’émeraude qui la serti. Un soupir plus tard, je me décide à parler.

-Comment tu t’en sors, ici ? Je vois que tu en imposes à certains détenus, mais si jamais ce n’était pas suffisant ?

Pas besoin de préciser la nature du « ce » que j’ai employé. Ma question était un moyen à la fois de changer de sujet par rapport à celui qui avait jeté un froid entre nous et à la fois de me renseigner. Et aussi de savoir comment je pourrais pallier à l’absence de ma bague à poison si jamais j’en arrivais à en être séparée pour quelque raison que ce soit. Je me sais capable de casser le nez à un adversaire pour l’incapaciter, mais de là à tuer à mains nues, ça ne m’est pas arrivé depuis une éternité et… comment dire… je ne tiens pas à réitérer la chose. C’est long, c’est éprouvant, c’est épuisant physiquement aussi, il faut avoir les tripes de continuer à cogner en sachant que chaque coup rapproche l’autre de la mort. Résister à l’envie de vomir quand un os craque, quand le sang gicle, résister à la peur, et après, il faut assumer. Rentrer chez soi, regarder son enfant en se disant qu’aujourd’hui on a retiré une vie de l’une des façons les plus sales possibles… Et on essaie de survivre.
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeJeu 28 Aoû - 0:43

Je regarde Anja se lever et je la suis docilement jusqu’à l’intérieur. Tout le temps qu’on marchait, je ne faisais que repenser à l’expression de son visage lorsqu’elle a vu mon œil. Elle était horrifiée, évidemment. Tout le monde est horrifié. C’est instinctif. Nous sommes des êtres mortels. Nous fuyons les mutilations, la mort et la maladie.

Je revois encore la manière dont elle a presque reculé de dégoût quand je me suis avancé vers elle. Il faut dire que ma cicatrice est impressionnante. Dans l’explosion, une pièce de métal déchirée s’est enfoncée complètement dans mon globe oculaire, sectionnant ma paupière en deux et laissant une balafre au contour irrégulier. Mon œil fut retiré chirurgicalement par la suite et cela crée un affaissement étrange de la paupière, que les gens trouvent peut-être encore plus malsain que la cicatrice. Les médecins ont bien essayé de tout arrangé proprement pour que je puisse porter un œil de verre et possiblement passer inaperçu, mais la zone était tout simplement trop abimée. J’ai aussi gardé plusieurs cicatrices de brûlure sur mes avant-bras, mais ça les gens le voient moins.

Sans l’avoir remarqué, je suis entré dans la cafétéria avec Anja. Elle dédaigne les bancs pour plutôt s’assoir sur le plancher. Un peu surpris, je fais comme elle. Être assis par terre dans la cafétéria ne me semble pas très réglementaire, mais au moins cela nous cache des regards des curieux. Elle ne me regarde pas et se contente de jouer avec une bague sertie d’une pierre verte et brillante. Je n’ai pas l’impression qu’elle a amené cet objet dans la prison d’une manière légale, mais je ne dis rien.

-Comment tu t’en sors, ici ? Je vois que tu en imposes à certains détenus, mais si jamais ce n’était pas suffisant ?


La question me prend au dépourvu, autant parce qu’elle brise le silence d’une manière soudaine que parce que je ne suis pas sûr de la comprendre.

- Si quoi n’était pas suffisant ? Mon look de dur balafré et ma cicatrice ?

Je prends une courte pause et le silence d’Anja m’indique que je suis sur la bonne voie.

- Je ne sais pas trop. Je ne savais même pas que j’étais jugé comme impressionnant ici. Bon, je suis grand, mais mis à part ça je n’ai pas grand-chose…

Nonchalant, j’étends mes jambes devant moi avant de continuer.

- Quand j’étais emprisonné au Canada, ma réputation me précédait. Presque personne n’osait me parler. Ici les gens ne me connaissent pas. C’est un plus et un moins. Je ne fais pas autant peur aux autres, mais en même temps personne n’essaie de me péter la yeule pour prouver qu’il est le plus dur de la prison.

Je ris un peu

- C’est quoi ? Tu ne me trouves pas assez endurci pour Deardeath ? Tu as probablement raison… Je suis principalement ici pour des raisons politiques. Mais je sais me défendre. Je connais ce genre de gens. Il suffit de jouer le jeu et d’avoir l’air assez sûr de soi. 90 pourcents du temps, ils ne veulent pas vraiment en venir aux coups. Le reste du temps, j’improvise.

Bon, j’improvise avec plus ou moins de succès, mais ça je ne vais pas le dire. Je me souviens bien de deux ou trois fois où j’ai eu le temps de me faire rentrer dans le mur et d’entendre des menaces peu réjouissantes avant qu’un gardien se pointe finalement. Je me suis également déjà mangé un point sur la gueule, mais ça aussi ce fut une aventure de courte durée qui a fini avec un gardien arrivé pour disperser tout le monde.

- Toi, tu t’en tires comment ? La petite mercenaire…

Dès que les mots quittent mes lèvres, je me maudis mentalement. Ce n’était probablement pas une blague approprié de l’appeler la petite mercenaire, mais c’est sorti comme ça sans que j’y pense.
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeJeu 28 Aoû - 15:02

J’ai l’impression que la manière dont j’ai présenté son « avantage » a encore été un peu maladroite. Bon sang, mais quand est-ce qu’enfin je réussirai à dire les choses sans provoquer un malaise ? Je m’enferme dans un mutisme plus fort que moi. Quand il reprend la parole après un temps de silence, je dois avouer que je suis soulagée. C’est vrai qu’il est grand, et c’est vrai aussi que face à des mecs plus épais que lui, il ne risquait pas d’en mener large. Je me rends compte que là où lui se met à l’aise, étendant ses longues jambes devant lui, je me contente de garder un genou contre moi pendant que ma jambe droite, elle, reste inerte sur le sol. Je ne suis pas trop mal, posée comme ça, et je compte bien ne pas trop faire monter la tension, ne pas faire de bêtise.

Pas impressionnant ? Ben quand même, faut pas se sous-estimer autant, Loïc, c’est pas cool. Puis il commence à me raconter un peu de sa vie à lui, enfin… surtout son passé récent en rapport à l’enfermement. D’abord au Canada où on le craignait surtout à cause des échos qu’on avait de lui. Arg, ça doit pas être drôle tous les jours, et comme il le dit si bien, c’est à la fois un plus et un moins à la fois. Peu de gens cherchent la merde, puisqu’ils se basent sur les rumeurs, mais du coup, ceux qui pourraient s’avérer sympathiques évitaient aussi de s’approcher. Quelque part, c’est con, on a besoin d’amis pour survivre en prison. On tient pas longtemps quand on est seul.

-C’est quoi ? Tu ne me trouves pas assez endurci pour Deardeath ?

Je déglutis, un peu angoissée. Non, c’est pas ce que…

-Tu as probablement raison…

Je laisse échappe un soupir discret. J’ai failli croire que j’avais encore réussi à foutre en l’air la discussion. J’apprends ensuite qu’il est là à cause de ses opinions politiques. Au moins, lui se battait pour ses convictions, il faisait entendre sa voix, là où moi, je me contentais d’être le bras armé.

Oui, il est vrai aussi que la plupart du temps, les velléités d’affrontement pouvaient être étouffées dans l’œuf, en montrant qu’on n’a pas peur. J’admire vraiment Loïc d’oser se dresser de la sorte devant ceux qui lui cherchent des noises, même si d’après ce qu’il me paraît, il n’est pas homme à vouloir tout le temps en découdre. Moi, avec mon gabarit, la seule chose raisonnable à faire c’est de courir. Et si on me rattrape, je n’ai qu’à prier pour tenir le coup assez longtemps pour qu’un gardien intervienne. Je sais me battre, mais pendant des années et des années, les gens les plus dangereux que j’ai affrontés étaient des… pas des amis, mais du moins des collègues, pour nous entraîner. Les autres étaient des cibles, et je ne leur laissais pas le temps de se défendre. Une bousculade dans la rue et une piqûre à la strychnine plus tard, j’étais à l’abri et la cible, morte. Pas d’affrontement direct, jamais. Sauf cette fois où j’ai dû continuer à frapper parce que je n’avais pas prévu que le petit ami de la cible rentrerait plus tôt. Heureusement que je l’ai surpris, sinon je n’aurais pas donné cher de ma peau…

-Toi, tu t’en tires comment ? La petite mercenaire…

N’accordant aucune importance à la potentielle présence de gens dans le réfectoire, je me laisse aller à éclater de rire. Je prends sa phrase comme une plaisanterie, incapable d’y voir une provocation ou une insulte. Amusée, je me tourne vers Loïc et lui donne un  petit coup d’épaule, toujours en souriant.

-C’est pas parce que tu es plus grand que moi qu’il faut te foutre de ma gueule !

Je m’adosse à nouveau au mur de la cafétéria en poussant un long soupir pour chasser les mauvaises pensées de ma tête.

-Comment je m’en sors ? C’est très simple. Avec une bonne motivation, je cours vite !

Je le prends sur le ton de la plaisanterie, mais je sais à quel point c’est inquiétant d’être poursuivie. J’en frissonne, tentant par tous les moyens possibles d’oublier la fois où c’était arrivé. Et je finis par y arriver.

J’hésite à parler à Loïc de la bague. Il pourrait y voir un danger permanent, refuser de trop s’approcher alors que je ne lui ferai pas de mal. La bouche tordue par une grimace sceptique, je jette un coup d’œil panoramique pour m’assurer que personne n’est en vue et risquerait de nous remarquer. De l’autre côté de la pièce, j’aperçois la haute silhouette d’un homme, qui se déplace entre les tables. Il ne sera proche de nous que d’ici cinq minutes, mais je crains déjà sa réaction quand il nous découvrira…
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeVen 29 Aoû - 11:35

-Toi, tu t’en tires comment ? La petite mercenaire…

À mon grand soulagement, Anja rit de ma mauvaise blague et me donne un coup  d’épaule joueur.

-C’est pas parce que tu es plus grand que moi qu’il faut te foutre de ma gueule !


Avant que je puisse lui redonner sa bourrade, elle se remet à parler.

-Comment je m’en sors ? C’est très simple. Avec une bonne motivation, je cours vite !

Cette fois son rire sonne faux. Je me sens mal à l’aise. Encore une fois, je voudrais pouvoir l’aider ou la réconforter mais je ne trouve rien à faire. Je me dis que ce n’est peut-être pas à moi de faire quelque chose. Après tout, je connais Anja que depuis peu de temps même si nous nous sommes fait beaucoup de confidences.

Est-ce que c’est le contexte de la prison qui pousse notre amitié à se développer si rapidement? Est-ce que Anja et moi sommes ce que l’on peu considérer des amis? Je ne sais pas…

Alors que je réfléchis, Anja se remet à jouer avec sa bague. Pendant un instant, j’ai envie de lui dire qu’elle va finir par se la faire voler à la trimballer comme ça, mais je me tais. J’ai l’impression que ça sonnerait horriblement paternaliste. Je ne pense pas qu’elle a besoin de moi qui arrive sur mon grand cheval blanc pour lui dire quoi faire et ne pas faire dans cette prison. Elle sait probablement beaucoup plus que moi les codes qui régissent les lieux de ce genre.

Un silence s’est installé. Anja scrute encore et toujours les environs, comme si elle s’attendait à être attaquée à tout moment. Moi, après mon élan de colère de tantôt, je suis maintenant totalement écrasé par mon impuissance. J’ai de l’empathie pour Anja, pour moi aussi d’ailleurs.  Mais nous sommes pathétiques. Nous sommes deux poupées de chiffons tombées dans un système beaucoup trop gros et trop brutal pour nous.

Je me laisse un peu glissé contre le mur. Je pense aux forêts et à la neige. Je me demande s’il y aura de la neige ici cet hiver. Si seulement je savais vraiment où j’étais…

- Dis… tu crois qu’on a encore un avenir?

Je me mors la lèvre. C’est sorti comme ça, sans trop que j’y pense, parce que je voulais briser le silence.

- Je veux dire… Est-ce que tu pense qu’il y a quelque chose à faire à Deardeath mis à part attendre que les jours passent?

Un désespoir noir, que je n’ai pas vu arriver, me ronge le cœur. Je veux savoir si je reverrai un jour le Canada et si oui si je serrai toujours derrière les barreaux. Je veux revoir ma terre natale. Et je veux avoir autre chose à faire que de suivre les ordres des gardiens en regardant le temps s’écouler. Ça me manque de me battre, de me rebeller, de me sentir utile et vivant.
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeSam 30 Aoû - 20:50

Loïc a l’air calme et apaisé, à côté de moi, comme si rien de grave ne pouvait arriver. Pourtant, la silhouette de la personne qui explorait les rangées de tables se rapprochait, même s’il ne semblait pas l’avoir remarqué. Puis l’attitude du Canadien change,  progressivement il perd sa sérénité apparente et semble diffuser un sentiment de malheur. Je frémis, incapable de comprendre ce qui avait suscité cette brusque perte de motivation. Quand il me pose sa question, je me sens pâlir brutalement.

-Dis… Tu crois qu’on a encore un avenir ?

Je cherche quoi dire, comment présenter les choses, puis je comprends que ses mots sont sortis tous seuls de sa bouche. Presque d’eux-mêmes, en fait. Je m’apprête à le rassurer, lui promettre que oui, nous pouvons toujours nous en sortir, que quelque chose nous attend, là devant, mais il reprend déjà, précisant sa pensée.

-Je veux dire… Est-ce que tu penses qu’il y a quelque chose à faire à Deardeath mis à part attendre que les jours passent ?

Son désespoir me frappe de plein fouet, comme une eau lourde et poisseuse, qui s’accroche à moi comme une sombre créature dotées de milliers de pattes crochues. L’éclat dans son œil se ternit et je le sens presque sombrer. Il va déprimer si je ne fais rien, et c’est pas bon de déprimer. Tout perd sa saveur, les couleurs paraissent fades, insipides, les aliments ont goût de cendre et les odeurs paraissent toutes les mêmes, froides et qui nous font sentir mal. Tout le temps. Je ne veux pas que Loïc se retrouve dans pareille situation. C’est bien trop dur à affronter, surtout quand on se trouve dans un endroit comme celui-ci, fermé et où tout ton entourage te fait bien sentir que tu n’es pas le seul à être dépressif. Et surtout, que les gardiens ne te veulent aucun bien, n’ont pas le moindre égard pour toi.

Mue par une pulsion incompréhensible, je me rapproche de lui et le prends dans mes bras. Je ne sais pas si c’est le bon choix, mais je me souviens de la façon qui me permettait de réconforter Mikhail quand il était triste. Je serre le Canadien contre moi, fort. Je ne sais pas s’il est d’accord, si je l’ai surpris, s’il va me pousser violemment pour que je le lâche, aussi, je m’écarte de lui tout en gardant les mains posées sur ses bras. Je suis déterminée, et j’espère de tout cœur qu’il ne va pas abandonner comme ça, si facilement, alors qu’il vient à peine d’arriver.

-Ecoute-moi bien, Loïc. On a toujours un avenir. Je veux sortir d’ici, revoir mon fils, le voir grandir, le voir trouver l’amour, le voir se marier, avoir des enfants, je veux voir ses enfants, je veux qu’il soit heureux. Et si je ne peux pas voir ce vœu se réaliser dans l’immédiat, je veux qu’un jour, quand je sortirai, je voie le progrès faits par mon fils. Je veux voir combien il est différent de son père.

Je reprends mon souffle avant de continuer, pour lui cette fois.

-Et toi, toi aussi tu dois avoir des rêves, des projets pour l’avenir, pour quand tu sortiras.

Je plante mon regard dans le sien, tentant de lui insuffler ma volonté de vivre, de le motiver pour qu’il se dresse contre l’adversité et tienne le coup. Je veux voir dans son œil se ranimer cette petite flamme de motivation et d’espoir. Je sais que j’ai l’air d’être une femme chiante qui exige beaucoup de choses, certes, mais sans une puissante volonté, on n’obtient rien. Or, je tiens absolument à ce que Loïc garde le moral, qu’il survive jusqu’à sa sortie, qui sera probablement avant la mienne.

-Tu dois garder espoir, dis-je tout doucement en le regardant dans le blanc de l’œil. Pour ta famille, pour ceux qui tiennent à toi, pour toi, aussi. Ne t’oublie pas, toi.

Je le lâche et me rassieds lentement contre le mur, un peu abattue. Je me rends compte alors presque immédiatement que je suis en train de tomber dans le piège que je disais à Loïc d’éviter. A mon tour je manquais de sombrer dans le désespoir, et pour Mikhail, je ne devais pas. Non, jamais. Jamais, et quoi qu’il arrive, quoi qu’il m’arrive également. Je dois rester forte, affronter chaque jour qui passe avec la rage de vaincre, affronter l’adversité pour mon fils, qui a besoin de moi, bine plus que je ne voulais me le dire.
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeMer 3 Sep - 7:30

Anja me sert dans ses bras, d’une poigne forte et maternelle. Comme vidé de toute force vitale, je me laisse faire. Lorsqu’elle me relâche, elle me fait un discours sur le fait qu’elle garde espoir parce qu’elle veut revoir son fils, et qu’il sera un homme merveilleux, et tout le tralala. Aigre, j’ai envie de lui dire qu’elle n’en sait rien, que son fils sera peut-être un parfait salaud et qu’il sera certainement un parfait étranger quand elle sortira.

Elle finit en disant :

- Tu dois garder espoir. Pour ta famille, pour ceux qui tiennent à toi, pour toi, aussi. Ne t’oublie pas, toi.


Elle s’est maintenant éloignée de moi et je lui jette un regard mauvais en reprenant ma position initiale, avachi contre le mur.

- Ma famille se fout bien de moi. Ils ne veulent même plus entendre mon nom depuis que ça s’est su que j’avais posé des bombes…

C’est une réponse à moitié sincère. Je joue la carte de la famille brisée, mais ce n’est pas comme si moi et mes parents avions déjà été proches. Je n’ai pas de frères et sœurs non plus et je ne connais pas vraiment ma famille éloignée.

J’ai bien quelques amis, mais je n’ai pas osé les contacter. Au procès, ils ont tellement essayé de me faire dénoncer des supposés complices que j’ai eu peur d’incriminer tous ceux qui seraient identifiés comme mes amis.

S’ils savaient que j’étais ici, ils traverseraient le Canada et les États-Unis sur le pouce pour venir me voir, mais ils ne le savent pas et c’est probablement mieux pour eux comme ça.

Cela me laisse donc avec moi. Garder espoir pour moi. Ne pas m’oublier. Ça sonne comme des conneries tirées d’un livre de psycho-pop. Je n’existe pas comme une entité autosuffisante. J’ai besoin d’une communauté que Deardeath ne semble pas apte à me fournir. J’ai aussi besoin d’un but. Des buts j’en ai plusieurs, mais en ce moment ils me paraissent tous inatteignables. Je me retrouve donc comme un animal en cage. Quelle formulation à la fois affreusement et merveilleusement bien choisie! Je piétine. Je suis imprévisible. Je mords sans avertissement.

Je ne sais plus quoi faire de ma peau.

Je me passe la main dans les cheveux, exaspéré. Je n’arrive même pas à mettre des mots sur à quel point tout ici me fait chier. J’ai envie de me lever et de partir, histoire de ne pas encore rejeter ma colère et mon impuissance sur Anja, mais je reste assis. J’ai peur d’exploser si je bouge. J’ai aussi peur de la froisser en partant sans explication.
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeMer 3 Sep - 19:54

Visiblement, ma tentative pour le galvaniser a échoué. L’amertume dans ses mots me touche dans mon cœur, et jette un froid. Je détourne la tête en grimaçant. J’aurai essayé, au moins. Peut-être que ce dont il a besoin dans l’immédiat c’est d’un coup de fouet, au sens figuré évidemment. Il est hors de question que je le frappe, même si la bile qu’il me jetai au visage m’en donnait l’envie. Une bonne gifle pour lui remettre les idée en place, parfois ça aide. Non, je ne peux pas faire ça, ce serait trop moche de lui faire un coup pareil.

Au moment où j’allais me lever pour le laisser, ne désirant pas m’attarder dans cette ambiance défaitiste, une cloche retentit, signalant l’heure du repas du soir, le dîner que ça s’appelle, je crois, en anglais. J’essaie de m’habituer à penser dans une autre langue, c’est assez perturbant dans un premier temps, ne serait-ce que pour les choses du quotidien. L’homme qui patrouillait dans le réfectoire tourne la tête vers la porte, qui bientôt s’ouvrira sur des centaines de personnes affamées, dont des détenus dangereux. Il a juste le temps de nous remarquer, assis contre le mur, qu’une marrée de gens entre, calmement au demeurant mais toutefois nombreux, et nous cache à son regard. Je profite de la cohue pour me lever et m’éloigner discrètement de la zone où marchait le garde. Je m’écarte aussi de Loïc, ne sachant pas si ma compagnie saurait l’apaiser ou s’il avait simplement besoin d’un peu de temps seul, à réfléchir.

Je vais m’asseoir sur un banc, une assiette de raviolis noyés de sauce fade posée devant moi. Je repousse les pâtes du bout de ma fourchette en plastique, un peu déprimée. Comment est-ce que je pourrais réparer la situation ? En présentant encore des excuses ? En souriant comme une conne ? En l’invitant à aller voir un psy ? En… j’en sais rien moi, merde ! Je plante mes coudes sur la table et me tiens la tête comme pour l’empêcher de tomber. Je suis encore fatiguée par mes cauchemars et m’acharner à rassurer un presqu’ami dépressif n’entre pas dans mes attributions immédiates. Je me dépêche de finir mon assiette, la tête ailleurs pour ne pas goûter pleinement la saveur délicate des raviolis. En effet, je me passerais bien d’avoir ce goût bizarre sur la langue, comme… non, j’ai même pas de mot pour le qualifier.

Je me lève de mon banc, range mon assiette et quitte rapidement le self, ne sachant pas si je devais attendre Loïc ou le laisser derrière. En sortant, je remarque le regard insistant du gardien qui patrouillait tout à l’heure. J’essaie de faire comme si je ne l’avais pas vu, mais il a dû s’en apercevoir, parce qu’il me suit. Je referme la porte derrière moi et essaie de m’esquiver discrètement. Je ne pense plus à Loïc, ma seule préoccupation tient en deux mots : gardien, fuir. Dès que j’ai claqué la porte, j’accélère le pas et avance vers les escaliers, en espérant fort atteindre l’étage des détenus avant que le gardien me rattrape. Dans mon dos, j’entends le son de la double porte, puis des bruits de pas. Je réussis à me mettre hors d’atteinte en traversant un groupe de détenus qui discutaient, mais ce répit ne durera pas.

Vite, il me faut une planque.

***

Je trotte dans la rue, il fait presque nuit, et je suis suivie. C’est le garde du corps de la cible que je viens d’éliminer. Il sait qu’il n’y a déjà plus rien à faire pour son boss, à l’heure actuelle, il doit être en train de convulser, la bave aux lèvres. Je presse le pas, et derrière moi j’entends le son de ses semelles sur le trottoir qui gagne en intensité. Je dois me faire passer pour une simple passante au cas où il serait trop proche et me rattraperait. Je fais mine de regarder ma montre, histoire de faire croire que je suis simplement un femme pressée, pas un coupable qui fuirait les lieux de son crime.

-Mademoiselle, excusez-moi ! Mademoiselle !

Je fais comme si je ne savais pas que c’était à moi qu’il parlait. Il est hors de question que je me retourne, il pourrait voir la culpabilité dans mes yeux. Il réussit à se mettre à mon niveau, et nous sommes déjà loin du lieu du meurtre, ce qui signifie pas de flics dans ce coin-là, et s’il y avait combat, les échos des coups ne risquaient pas de les alerter tout de suite. Il pose sa main sur mon bras et je me retourne enfin, le jaugeant d’un rapide coup d’œil. Sous son bras gauche, un renflement m’indique qu’il est armé, et donc dangereux. Je me peins un masque amical et un sourire se dessine sur mes lèvres, même si mes mains tremblent. J’ai peur, ce type est bâti comme une armoire à glace, et moi j’ai l’air d’une crevette, mais je compte sur la répugnance naturelle d’un type comme ça à cogner sur une femme dès le premier coup d’œil.

-Je vous ai vue passer dans la rue juste au moment où… où un crime a été commis. Auriez-vous vu quelque chose ?

Son regard inquisiteur me fait l’effet d’une douche froide, j’ai de plus en plus peur, et je sais que mes genoux tremblent. J’ouvre la bouche, mais ma voix déraille dès le premier mot. Je suis poussée en avant par une vague de peur qui me galvanise. J’ai la chance de m’être trouvée dans une zone d’ombre relative quand le malabar m’a rattrapée, du coup il n’a pas pu bien voir mon visage. Alors je fais volte-face et je fuis. Là, je tourne à gauche, encore, là à droite. Je ne sais pas où je vais, tout ce que je sais, c’est que j’essaie de le semer.

Sur le côté, j’avise une porte ouverte, qui se referme doucement, je me jette dessus, entre dans la maison et referme. Il y a une petite fille, qui devait être en train de sortir les poubelles, et qui me regarde d’un air effrayée. Elle hésite à appeler à l’aide, je dois faire vite. Je me précipite sur elle et lui plaque ma main sur la bouche : elle ne doit surtout pas faire de bruit.

-Je joue à cache-cache, tu veux bien que je reste une minute ?

Elle comprend et hoche la tête sans essayer de trahir ma position. Je la lâche et lui souris pour la rassurer. J’espère simplement que ses parents ne feront pas irruption…

***

Je jette un coup d’œil derrière moi, le gardien est bloqué par le groupe de détenus de tout à l’heure. Tant mieux. Je remarque un agent d’entretien qui referme la porte d’un placard à balai. Magnifique ! Je me précipite et entre le plus discrètement possible dedans. Je vais m’asseoir dans un coin, les genoux contre la poitrine, un peu anxieuse. Je n’ai plus à craindre d’être arrêtée puisque je suis déjà en prison, mais ça m’embêterait d’être retrouvée.
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitimeDim 7 Sep - 7:08

Anja se lève pour partir et je reste là sans réagir. Je ne la regarde même pas. J’ai l’impression que je devrais dire quelque chose, mais je suis trop amer pour trouver quoi que ce soit. C’est définitif. Elle va penser que je suis un beau salaud.

La cloche du souper sonne et la cafétéria est rapidement envahie par un flot de détenus venus prendre leur repas. Je me relève pour éviter d’être piétiné et je m’assois à la table la plus proche. La nourriture est fade et je ne m’en soucis pas. Je ne revois pas Anja durant le repas, mais ça fait mon affaire. Je n’ai pas envie de la croiser en ce moment. J’ai envie de croiser personne d’ailleurs. Choses difficiles à faire dans une prison.

Dès que j’ai fini d’ingurgiter mon repas, je vais dans ma cellule en priant que mes codétenus n’y soit pas pour que je puisse ressasser mes idées noires en paix

[Hors-Rp : C’est horriblement court. C’est plate. J’avais rien d’autre à dire. Ça conclut ce rp pour moi ]
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MessageSujet: Re: Loïc à la cour de récré [Anja]   Loïc à la cour de récré [Anja] Icon_minitime

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