Texas Tea [lime]

Invité

.Texas Tea.

B. Ducros - D.Smith

Non mais oui j'aime bien les pêches c'est pas le problème mais merde on va pas manger que ça ! Je soupire doucement et dit sèchement aurevoir à McDaven avant de sortir en claquant la porte. Non, je ne suis pas franchement ravi, c'est le moins qu'on puisse dire. J'ai rie contre les pêches hein mais merde, je vais pas faire que des tartes aux pêches ou c'est moi que vais me prendre des tartes et des pêches.
Je suis rentré depuis trois jours et j'ai déjà envie de retourner en France. Ce mois de congé était le bienvenu. Je me suis beaucoup amusé avec Ulrick en vacances mais la reprise est dure, trop dure. Salaire réduit (bon ça à la limite je m'en fous) et budget réduit pour les cuisines. Je suis condamné à servir de la merde à des gens qui se cassent le cul pour gardienner les détenus de cette prison de fou, génial. Ulrick va super bien prendre la nouvelle, je le sens. Je vais me faire engueleeeeer...
Alors je suis allé voir McDaven et putain elle en a du culot ! Elle m'a dit qu'elle m'accordait le budget pour un truc : un pêcher. Ouais okay super on va avoir notre propre pêcher et après ? Déjà c'est saisonnier et en plus je sais pas m'occuper de ces trucs moi. Et je suis pas jardinier bordel de putain. Et voilà que j'apprends que le pêcher arrive aujourd'hui et que je dois me débrouiller avec. Génial².
De retour dans ma chambre, je prends des vieux jeans, un débardeur gris sale et des gros brodequins gris, autrefois blancs. La journée est chaude pour une fin d'été et je me vois mal faire un effort trop habillé. Un petit passage vite fait chez Aaron pour lui emprunter Pupuce et je suis parti pour jardiner pour la première fois de ma vie. Youpi, moi qui adore me salir. Et Ulrick qui est juste introuvable, je suis sûr qu'il a entendu parler du projet et qu'il m'évite pour que je ne demande pas son aide.
Quand les mecs de Jardiland arrivent, je les attend sagement dans la forêt, près du sentier. J'ai des mauvais souvenirs ici mais depuis je suis revenu et les loups étaient toujours là. Peu à peu, j'ai réussi à m'approcher d'eux et maintenant je leur donne des restes de temps en temps. Ça évite de gâcher et ils aiment bien ma cuisine. Je leur ai même donné des noms et ils ont dormi plusieurs fois en ma présence. Peut-être que Georges a raison, peut-être que les français ont un fluide avec les loups.
La chaleur ne fait qu'augmenter malgré les épais feuillages au dessus de ma tête et je soupire. Tout en moi me crie que c'est encore un coup fourré. Et j'ai raison.
Okay, de un, ils se cassent après avoir laissé l'arbre. De deux, l'arbre ne fait pas plus que ma taille. Il lui faudra un moment avant de donner des pêches. De trois, la notice d’instruction est en putain de coréen ! Direct, j'appelle McDaven et je lui demande si elle s'y connaît en coréen tout en l'insultant copieusement. Malgré ma rage évidente, elle me demande gentiment si quelque chose ne va pas puis elle m'informe qu'elle m'envoie quelqu'un. Putain !

Une heure plus tard, je suis en train de creuser un trou. Certains chiffres étaient sur la notice et comme j'en avais marre d'attendre, j'ai prit la décision de m'activer. Alors j'ai prit les gants en mousseline donnés dans la boite et j'ai commencé à creuser un trou approximatif. Je m'en fous si cet arbre crève, je veux juste me barrer. J'ai de la terre partout sur mes bottines, dans mes cheveux, sur mes habits et mes muscles - qui se sont bien développés durant ce mois de j'ai-rien-à-faire-alors-je-fais-du-sport- brillent de sueur.
Quand je ressens une présence à mes côtés, je relève la tête. Le nouveau psy est à côté de moi et je soupire en m'épongeant avec le gant. Il est asiatique mais je ne me serais jamais douté qu'il savait parler coréen. Ulrick m'en a un peu parlé et pour tout dire ce mec m'a l'air plus qu'ennuyeux. Un passé normal, un caractère effacé et un cursus on ne peut plus banal. J'aurais dû l’accueillir mais j'étais trop occupé.

« Salut. Dites moi que vous savez parler coréen. »

Je lui tend la notice cartonnée et je soupire, plantant la pelle dans le sol sans cérémonie. Je ne suis pas aussi respectueux envers Pupuce que mon colocataire. Je ne comprendrais jamais ça.

« Au fait je m'appelle Basile, je suis cuisinier. »

Je sais pas s'il en a quelque chose à foutre mais merde, j'ai besoin d'extérioriser un peu.

D'espairsRay ♫ Progress

Ma très chère sœur,

J'ai tellement de choses à te raconter aujourd'hui. Tout d'abord, il faudrait que je te mette au courant de ce que j'ai réussi à faire hier soir. Un tour de force, comme on dit. Je n'aurai jamais cru que ce serait aussi facile d'appliquer mon plan. Dire que j'avais pensé devoir attendre longtemps après avoir conditionné Anja. Mais si, tu sais, Anja ! La Russe !
Je sortais de mon bureau après une harassante journée de travail passée à écouter des gardiens se plaindre de leurs conditions de travail. Apparemment, leur retour ici la veille avait été ponctué de désillusions. Je ne sais pas où ils ont été envoyés pendant tout le mois dernier, mais ça devait être un spa si j'en crois leurs témoignage. Il faut que DearDeath est loin d'être tendre, si j'ai bien compris. Après, je ne sais pas, je n'ai pas vraiment de comparatif.
Bref, j'étais fatigué et j'allais sortir quand, soudain, voilà que je tombe nez à nez avec le frère Gantley. Pas Liam, bien sûr, son frère. Le borgne. Et il me dit qu'il a besoin de faire le point si j'ai encore un peu de temps pour lui. Toujours prêt à rendre service, je l'invite à entrer, bien sûr. Et le voilà qui commence à palabrer sur sa relation avec son frère et le fait qu'il devrait définitivement se détacher de lui. Il sait que nous avons un passé commun et il veut que je lui donne de plus amples renseignements sur le passage en Corée de Liam. Il ne semble pas se souvenir de ma petite agression, la première fois où nous nous sommes croisés. Me considérant comme chanceux, je l'agresse alors et lui plante une aiguille dans le bras, étouffant ses cris avec un coup de poing dans la figure. Sonné, je l'attache ensuite solidement à mon radiateur. Et il y est toujours, un deuxième bandeau pour le rendre complètement aveugle. Oui, il est là, juste à mes pieds. Parfois, il gémit, mais il plane tellement qu'il ne doit même pas se rendre compte de son propre corps. Je prends bien mes précautions pour cela.
Maintenant que le décor est planté, sœurette, passons à ce que je voulais te raconter en premier lieu.

Il était un peu plus de midi lorsque ma secrétaire me contacta via mon interphone. J'avalai rapidement la bouché de mon sandwich au beurre de cacahuète avant d'enfoncer le bouton du microphone.

« Mindy ? »
#La directrice au téléphone, monsieur Smith.#
« Je prends tout de suite. »

J'avais plutôt intérêt de toute façon. En décrochant, je songeais que j'aimais bien la nouvelle secrétaire. Elle avait une voix très chaude, même à travers l'interphone. Du coup, nous étions bien accordés, même si elle ne m'intéresserait probablement jamais. Encore que... Je pouvais tenter.

« Allo ? … Hum bien entendu madame la directrice. … Aider ? C'est ma raison de vivre madame la directrice. … Immédiatement, bien sûr ! Au revoir madame la directrice. »

Je raccrochai le combiné en soupirant bruyamment. Pourquoi est ce que j'avais choisi une personnalité pareille pour Dale Smith ? Voilà que j'étais forcé d'aller aider un type à planter un arbre coréen ou je ne savais trop quoi. Soit ma compréhension de l'anglais avait pris un sacré coup le mois dernier, soit c'était cette femme qui n'avait rien pigé à ce qui se passait.
Oh, j'allais faire ce qu'elle me demandait. Aller dans la forêt à l'endroit indiqué et voir de quoi il retournait. Mais j'avais ma propre définition de « immédiatement ».

Près d'une heure plus tard, je mis le nez dehors. La chaleur me fit tout de suite regretter de devoir jouer le rôle d'un gentil petit psychologue. C'était vraiment étouffant ! Frôlant les murs, je pris la direction de la forêt. J'avais des indications plutôt précises, heureusement. J'étais également très heureux d'avoir choisi des vêtements plutôt décontractés pour une fois. Un t-shirt en coton vert foncé à manches courtes et par-dessus ma veste de costume noire, pour cacher mes tatouages. Je portais également un jean gris sombre et des tennis plates. Et quand je vis ce qui m'attendait, je m'en sentis encore plus heureux. Avant même qu'il me voit, je déboutonnai ma veste, laissant mes muscles légèrement visibles sous mon t-shirt.

Je me plaçai tout à côté de lui en attendant qu'il me remarque. Ce jeune homme blond, aux muscles saillants et luisants de sueur, fatigué par la chaleur et l'effort. Plutôt sexy, même si c'était cliché. Il creusait un trou, comme un véritable homme de série américaine. J'aurai presque pu être la jolie fille en mini-short et décolleté plongeant qui lui proposait une citronnade bien fraîche. A la différence près que c'était mes origines qui l'intéressaient.
Quand il me regarda, il ne sembla pas soulagé. Juste un peu hésitant. Lorsqu'il me demanda si je savais parler coréen, je compris que MacDaven ne s'était pas vraiment donné la peine de lui délivrer les détails.

« Je suis Coréen. A moitié. Mais tout de même. »

En l’occurrence, je savais beaucoup mieux parler coréen qu'anglais, mais c'était un secret. Je saisis alors la notice de l'arbre et comprends mieux ce que la directrice avait tenté de me dire au téléphone. Cette femme était beaucoup trop préoccupée dans la vie. Au moins, les instructions étaient d'une simplicité enfantine. En particulier pour quelqu'un habitué à démonter et remonter entièrement une arme à feu.

Il se présenta. Basile, cuisinier. Mon visage s'éclaira quand je compris de qui il s'agissait. L'ami d'Ulrick. Voilà qui était très intéressant. Le destin jouait en ma faveur. J'avais sans doute bien fait de prier avant de partir.
Je lui tendis alors ma main pour serrer la sienne, délicieusement sale et poisseuse de sueur.

« Dale Smith, psychologue. »

Je le fixai droit dans les yeux, un sourire un peu charmeur étirant mes lèvres. Puis, d'une voix ronronnante, je rajoutai :

« Enchanté. »

Oui, il m'intéressait en tant que pion, ou cible. Mais pas seulement. Il était sérieusement bien foutu et très mignon. En plus, il m'avait l'air plutôt sévère. J'adorerai le réduire à l'état d'esclave à mes pieds. A moins que je le laisse me montrer tous ses talents. Il était bien différent de ce que j'avais déjà pu entendre à son sujet. J'avais cru comprendre qu'il était une espèce de chiffe molle.

« Je vais vous aider. »

Je me mis à lui donner quelques instructions puis, quand le besoin s'en fit sentir, ôtai ma veste. Cela dévoilait plusieurs de mes tatouages : des morceaux de mon dragon pour commencer, mais aussi les nombreux dessins que j'avais sur les avants-bras, les poignets et les mains. Par endroits, ça fait un peu con, puisqu'ils sont cachés par du fond de teint là où les vêtements ne pouvaient plus rien. Mais on devine tout de même très facilement les divers rouages, chiffres et ronces qui ornent ma peau.

« Donnez moi ça, vous avez besoin de faire une pause. »

Je me mis à manier la pelle avec aisance. Jamais je n'aurai cru que nettoyer pour le compte de mon frère me serait un jour utile.

« Tenez bien l'arbre pendant que je recouvre les racines. »

Le travail terminé, je saisis mon t-shirt et épongeai mon front et mes joues, parfaitement conscient de mes abdominaux à découvert. Si seulement je n'avais pas à porter cette foutue perruque. On m'avait dit que les températures étaient plutôt basses dans ce coin. Où était la preuve ?!

« J'aurai bien besoin d'un rafraîchissement. Pas vous ? Y'aurait pas un ruisseau ou quelque chose dans cette forêt ? »

D'un geste du menton, je désignai les profondeurs forestières. Ce n'était pas impossible après tout et j'avais un assez bon sens de l'orientation pour nous éviter de nous perdre. J'aimais bien l'idée de m'enfoncer dans la forêt avec le fameux ami d'Ulrick également. Ruisseau, t-shirt mouillé, roulades dans l'humus, tortures contre un arbre... les possibilités étaient multiples.

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La chaleur m'engourdit les muscles et je soupire. Depuis l'incendie, la forêt a bien repoussé. Je suis content que les loups aient pu s'abriter assez longtemps pour s'en sortir même si le pelage de l'un d'entre eux est devenu blanc. Peut-être de peur, peut-être naturellement. Quoiqu'il en soit, ils vont bien et la forêt va mieux. J'en aurai sans doute voulu à Ulrick s'il y avait eu des morts à cause de ce qu'il avait fait.
J'ai comme l'impression qu'il va mieux aussi ! Il est devenu plus gentil, plus calme durant notre mois à Perpignan. Je pense qu'il est toujours obsédé par Luckas et son frère mais ces petites vacances n'auront pas été de trop. Il a pu décompresser et je lui ai apprit à pêcher et à faire des grillades de thon. Bien sûr, on a rien pêché d'autre que des petites sardines mais on s'est bien amusés, c'est l'essentiel.
Quand on est revenu, il me semblait mieux dans sa peau, plus à même d'affronter DearDeath. Je le suis moi aussi, je suis moins stressé. Bon okay, cette histoire de restriction budgétaire me gave à fond mais au moins j'aurai un pêcher d'ici deux ou trois ans. C'est déjà bien. Il faut positiver. Je remercie le dieu déodorant quand je donne un nouveau coup de pelle dans la terre beaucoup trop sèche. Heureusement que j'ai prévu un arrosoir.
Je m'évente avec ma main et m'étire un peu. Le soleil est de pire en pire et j'ai faim en plus. Je me croirais être un bagnard qui frappe des cailloux comme dans le dessin animé de Lucky Luke qui passait sur FR3 quand j'étais petit. Fort heureusement, Dale est un peu moins stéréotypé que les asiatiques dans ce dessin animé et un peu plus utile aussi. Au moins si j'ai une notice en coréen, je saurai à qui faire appel.
Quand j'étais étudiant, j'avais acheté un meuble avec une notice en coréen. Jamais armoire ne fut aussi mal montée. Elle a tenu environ deux mois avant que le chien de ma tante ne fonce dedans et que tout tombe. Depuis, j'emploie des gens pour me monter mes meubles, je suis trop nul pour ça. Je dois avouer que je serai pas fâcher de monter un meuble avec Dale, il est sympathique et très coopératif.
C'est bien la première personne dans cette prison qui m'a l'air d'être saine d'esprit. J'adore Ulrick et Luckas mais ils ont franchement un grain. Comme moi du reste. Le médecin m'a l'air plutôt sain mais le fait qu'il ait décidé d'adopter Neil a tout remit en cause. Sans déconner, je sais même pas s'il y a une personne qui n'a pas un passé trouble ici. A part peut-être l’aumônier mais je crois que c'est un ex-détenu.
Finalement, durant le processus, je laisse tomber le débardeur et je finit torse nu à creuser un trou. On se croirait dans une série américaine avec le jardinier sexy et la cougar qui l'attend au tournant. Je serais pas contre une citronnade mais je suis pas sûr pour le côté sexe, infidélité et en plus je suis pas doué pour jardiner. Dale sera sûrement un bon pote quand on sera sorti de cette forêt aride. Je commence à sérieusement essouffler.
Mon collègue de plantage était psy. Ma seule séance avec un psy ici avait été relativement ratée. Ayame m'avait déçue et au final je m'étais rendu compte qu'Alice n'avait plus rien à faire avec moi. Elle appartient à un autre monde, un monde de violence dans lequel je ne peux pas pénétrer. Dans lequel je ne veux pas pénétrer.

Une heure plus tard, l'arbre est planté et on peut enfin se reposer. Je constate que Dale a des tatouages. Il doit aussi constater que j'en ai. En plus de la croix dans mon dos, ce mois-ci, je me suis fait ajouter une paire de ciseaux stylisés sur le bas du ventre et j'ai un X dans le cou que je partage maintenant avec Ulrick. Je m'éponge le front avec mon débardeur et je souris au psy.

« Il y a une rivière qui coule pas loin d'ici. »

Je suis beaucoup plus relaxé et souriant maintenant. Je l'amène près du ruisseau et constate de Romulus et Remus, les deux loups les plus âgés de la portée, sont là. Je m’assois calmement à côté d'eux et leur fait sentir ma main qu'ils lèchent pour me mettre en confiance.

« Ils ne sont pas méchant, je crois qu'ils me considèrent un peu comme leur maman. »

Je me penche ensuite au dessus de la rivière et m'asperge le visage. Ça fait du bien, putain.

Mes souhaits étaient exaucés. Non seulement il y avait bien un rivière pas loin, mais en plus Basile connaissait le chemin. Nous nous enfonçâmes donc dans la forêt, laissant derrière nous notre œuvre jardinière légèrement pitoyable. J'ignorais si cet arbre tiendrait l'hiver.
Pendant le trajet, j'inspectai le dos et le fessier du cuisinier. Oui, pas mal du tout. Je pourrais vraiment en faire mon quatre heures. Très vite, les murmures d'un ruisseau me parvinrent et l'air devint plus frais, plus humide. Lorsque nous fûmes en vue du cours d'eau qui roulait sur les pierres, un mouvement attira mon attention sur ma gauche. Deux loups surgirent de l'obscurité, gambadant comme s'ils ne nous avaient pas vus. L'un d'eux, blanc comme neige, me scruta pendant quelques secondes, alors que son frère, la langue pendant, fonçait calmement sur Basile. Puis tous les deux se ruèrent sur la main du cuisiner, à dessein d'obtenir quelques caresses. Quant à moi, je restai planté là, incrédule. Des loups ? Ce type élevait des loups ? Il était décidément beaucoup moins vulnérable que le Basile dont j'avais eu les échos. Il faudrait que je fasse gaffe à ne pas faire couler le sang devant lui. Pour ce qui était du reste...
J'opinai du chef lorsqu'il m'expliqua que ces deux bêtes sauvages n'étaient en fait que des gentils toutous qui le prenaient pour leur génitrice. Charmant. Je forçai un peu mon sourire, pas très rassuré, puis rejoignis moi aussi le ruisseau, en mettant une grande distance entre les animaux et moi.

Basile s'aspergea généreusement le visage et j'en profitai pour le reluquer sans qu'il me remarque, accroupis au bord de l'eau. Il avait des tâches sur la peau. J'ignorais d'où ça pouvait provenir, mais ça ressemblait à des tâches de naissance, sans en être. Je ne pensais pas pouvoir les effacer en frottant. Sa peau était également marquée de divers tatouages, dont un qui attira particulièrement mon attention. Une croix qui était presque l'exacte réplique de celle de Liam. Qu'est ce que ça voulait dire ?

Je me mouillai également allègrement, trempant mon visage, plusieurs longues mèches de ma perruque et mon cou. Lorsque j'en eus terminé, mon t-shirt était presque intégralement trempé. J'en étais heureux. Je me redressai et essorait mon vêtement.

« C'est marrant tous ces tatouages. Qu'est ce qu'ils veulent dire ? »

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L'air est plus frais ici et la présence du cours d'eau allège considérablement l'air. C'est sans surprise que je me sens beaucoup mieux ici et que je sue moins. Je ne serais pas contre une douche mais je ne suis plus aussi pressé de rentrer. La présence des loups m'apaise aussi. Je ne sais pas si c'est parce que j'ai toujours aimé les animaux mais je me sens bien avec eux, je n'ai jamais très envie de les quitter. Est-ce que je vais finir ermite dans les bois ? Ah, je ne tiendrais pas deux jours sans vin et sans ma clef wi-fi.
La résidence secondaire de mon père, celle en bord de mer où nous passions tous les étés, était en bordure d'une forêt. Une grand forêt du sud de la France, humide, touffue et remplie de serpents. En revanche, je n'y ai jamais vu aucun loup. Une fois je crois avoir vu un marcassin de loin mais rien de bien dangereux. La forêt près de DearDeath est beaucoup plus dangereuse, en partie à cause de la prison. Je ne me remets toujours pas de l’incendie de la dernière fois … Je me sens tellement mal, j'ai l'impression de devoir quelque chose à la nature ou quelque chose du genre.
Alors quand j'ai apprit que les louveteaux avaient été séparés de leur mère, je n'ai pas pu me résoudre à ne rien faire. Je suis vraiment responsable, parce que je n'ai pas été là pour mon ami, parce qu'il a fait des bêtises à cause de mon absence. Ils m'apprécient vraiment et je les aime autant. Le psy n'a vraiment rien à craindre. Je suis assez confiant envers eux pour les laisser approcher d'un inconnu.
Un coup d'oeil en biais à Dale m'apprend qu'il est à côté de moi. Ce mec est super discret. C'est un ninja ou quoi ? … Un soupir de bien être m'échappe et je souris. Il est vraiment beau, plus que tout engoncé dans son costume. Et il me semble même qu'il est moins coincé que ce que je croyais. Oui, il m'a l'air sympa. Il pourrait être une potentielle relation si j'arrivais à me sortir Ulrick de la tête. Son sourire, ses yeux tristes et ses mains … douces et si longues …
Mais Dale est aussi sexy à sa façon. Son t-shirt trempé moule ses muscles et révèle le reste de ses tatouages jusque là invisible. On peut dire qu'il a un sens de l'esthétisme particulier. Seuls ses cheveux me semblent étranges et mal coupés, comme s'il se fichait bien de ce qui pouvait leur arriver. C'est étrange et un peu dérangeant mais si c'est sa façon d'être, qui suis-je pour en juger ? Me sentant un peu fatigué, je baille un bon coup et je m'étire de nouveau.
A la question du coréen, je relève la tête et plaque mes cheveux en arrière. Ma main va un peu trop loin, j'ai tellement l'habitude de les porter longs. Avec un sourire, je m'allonge dans l'herbe près de la rivière et laisse Remus venir poser sa tête sur ma cuisse.

« Celui dans mon dos est juste ce qu'il est, une croix barrée, un signe shinto. Celui là – je pointe la paire de ciseaux – c'est parce que ma famille a fait fortune dans la couture il y a un moment déjà et que c'est pour ça que nous avons tout ce que nous avons. Quant à celui là – je pointe le X à son tour – c'est en signe de soutien. Mon meilleur ami s'est fait tatoué ça quand il était bourré une fois et nous avons décidé que je me ferais le même pour … sceller notre amitié en quelque sorte. »

Mes yeux se ferment et Romulus vient soulever ma main de son museau pour quémander des caresses, je le gâte un peu trop je crois.

« Je prévois de m'en faire plus mais je ne sais pas quoi, pas encore. »

Quand mon tatoueur disait que dès qu'on commençait on ne pouvait pas s'arrêter, il avait raison. Tout à coup, je rouvre les yeux et me redresse, ce qui fait sursauter les loups.

« Et les vôtres ? Ils veulent dire quoi ? Vous en avez beaucoup, je trouve ça très beau. »

Avec James dans le coma et Ulrick pour toujours inaccessible, je devrais peut-être tenter de me trouver quelqu'un pour de bon. Draguer ne me ressemble pas mais je dos arrêter de repousser les autres sans arrêt et essayer de lier des liens. Dale ne sera peut-être qu'un ami mais s'il est déjà ça, ce sera bien.

Je restai attentif lorsqu'il me décrit la provenance de ses tatouages. Bien sûr, tu t'en doutes, j'avais déjà reconnu le symbole shinto, même si je n'étais pas tout à fait certain que ce soit de là qu'il l'avait tiré. Je me demandais alors quel était son rapport à l'Asie ? Avait il fait cela parce que c'était joli, ou bien pour la signification ? Ses ciseaux me firent sourire. Il était fidèle à sa famille et à ses valeurs, c'était adorable. Nous nous ressemblons beaucoup, finalement. Si je n'avais pas prévu, à ce moment là, de n'en faire qu'un coup d'un après midi en forêt, peut être aurais je pu le présenter à Séoul ? Et me faire déglinguer par notre frère, oui.
Le dernier tatouage, le X, me fit rager intérieurement. Je sentis mon sourire disparaître un peu et ressentis une vive jalousie. Alors c'était de là que venait le tatouage de Liam ? Il m'avait encore raconté des cracks. Je me demande s'il t'avait dit la vérité, à toi ma sœur ? Je bouillonnais intérieurement, parce que tout le monde n'en avait que pour Ulrick Gantley, jusqu'à reproduire une connerie qu'il avait commise en étant bourré. Est ce qu'on me faisait ce genre de fleur, moi, quand j'étais pété ? Non, jamais ! Jamais !
Rageur, je décidai que puisque tout le monde se foutait de ma gueule, j'allais semer un peu plus encore la zizanie dans tout ce foutoir. Et j'allais sortir avec Basile. Peut être. Ou au moins lui faire croire que je le voulais.

« Tu pourrais peut être te faire tatouer ça. »

Je saisis un bâton et dessinai mon nom en coréen dans la terre. C'était plutôt joli. Bien sûr, il s'agissait de mon vrai nom, celui de Kim HyuuKi. Alors, même s'il avait pu le lire, comment aurait il deviné qu'il s'agissait de moi ?

Je retirai mon t-shirt et le jetai en boule dans un tas de feuilles mortes et desséchées. Puis je posai mon dos au sol. Il allait être recouvert de terre et de saloperies lorsque je me redresserai, mais ce n'était pas grave. Je savais que je serai occupé à une toute autre chose que me soucier de mon apparence.

Je pris ensuite le temps de lui expliquer que mes tatouages étaient tous de nature esthétique. C'était vrai pour la plupart. Sauf le dragon, mais je n'allais tout de même pas lui expliquer que je faisais partie d'une famille de la mafia, si ? Ca aurait fait bien mauvais genre pour Dale Smith.

« C'est gentil de trouver ça beau. Pas mal de monde trouve que ça fait justement trop. Je suis sûr qu'il y a plein d'endroits de votre corps qui seraient super une fois tatoués. Comme ici... »

Je me retournai sur un coude et posai mon index juste au dessus de son téton droit. Je soulevai ensuite très légèrement mon doigt pour le faire frôler ledit téton et descendre plus bas. Je m'arrêtai juste au dessus de la ceinture de son pantalon et pressai doucement la peau.

« Là aussi. »

Mes doigts se glissèrent sous le tissu, caressant la peau jusqu'à la cuisse.

« Toute cette zone... »

J'avais mes yeux noirs rivés dans les siens, tellement plus clairs. Je ne voulais pas qu'il m'échappe. Mes doigts glissèrent ensuite sur sa cuisse pour arriver à son entrejambe, complètement découverte. Pas de sous vêtement ? Oh, comme c'était intéressant ! Est ce que Basile Ducros se tenait prêt en toute circonstance à rencontrer un mec baisable, comme moi ? Bien que je sois en fait plus que baisable.
Je baissai encore ma main pour contenir tout son paquet dans ma paume et serrai tout doucement, petit à petit.

« Et pourquoi pas là aussi ? » minaudai-je en caressant l'extrémité de sa verge du pouce.

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♪ infection [live] ♪

L'odeur de l'herbe pénètre en moi comme un souvenir trop lointain pour que je puisse mettre une date dessus. J'aime la végétation de cet endroit, j'aime comme les loups sont proches de moi, j'aime comme tout est calme ici, on n'entend jamais rien à part les chants des oiseaux et le bruit de l'eau qui coule paisiblement sans jamais sortir de son lit. Toute ce calme me change tellement de DearDeath, si étouffant et bruyant. Des fois, j'ai la mauvaise impression que ma tête va exploser si je reste trop longtemps en cuisine ou même dans les couloirs. On se croirait dans un chenil avec des animaux sur-excités par les chaleurs. C'est si stressant. Au moins ici je peux me concentrer sur moi, chose que j'ai trop peu souvent l'occasion de faire.
Parfois, j'ai l'impression que personne n'est là pour moi. Parfois, j'ai l'impression que je suis seul et que je suis destiné à être seul pour un bon moment. Ulrick est adorable mais il ne se concentre que sur lui, malgré tous ses efforts pour me prêter attention, Luckas est trop prit par ses problèmes, Neil est un psychotique en puissance et James est dans le coma. Je pourrais ne plus être seul si le psy était intéressé par moi … je ne dois pas le rejeter s'il essaye de se rapprocher de moi.
Quand il attire mon attention avec sa voix douce et presque chantante, je souris. C'est du coréen qu'il écrit avec un bâton dans la terre je crois mais je ne saurais pas dire ce que c'est. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance hein mais je ne vais pas me faire tatouer quelque chose dont je ne connais pas le sens. D'un raclement de gorge, j'attire son attention pour lui poser une question mais il ne m'en laisse pas le temps. Clairement pas.
Il se déshabille violemment, me faisant presque rougir et je déglutis. Il est bien foutu et il a plein mais genre plein de tatouages. Tous sans signification à priori. Faisant la moue, je regarde le ciel bleu caché en partie par les arbres et je soupire. J'aurais aimé en savoir un peu sur lui via ses tatouages.
Maintenant que je me rends compte qu'il n'est plus si ennuyeux, je voudrais bien le connaître un peu plus. Connaître son passé, son parcours. Ce ne doit pas être facile d'avoir deux nationalités. Les coréens doivent le voir comme un américain et vice versa. Cependant, il doit tenir vraiment de son parent asiatique parce qu'il a vraiment une bonne tête de coréen et aucun signe d'américain. Avec un sourire intérieur, je souris doucement. Je saurai bientôt ce que ça fait d'avoir deux nationalités, mais jamais comme lui. Il est né avec une double culture et je trouve ça très … très intéressant. J'aurais aimé ne pas être qu'un stéréotype français de plus, comme Georges se plaît à me le rappeler souvent.
Je suis en train de sourire bêtement quand Dale reprend la parole puis me touche. Cette fois, je rougis clairement. Me raclant la gorge, je soupire. C'est un accident, forcément un accident. Ça ne peut être que ça. Pourquoi est-ce que quelqu'un voudrait … aussi vite … ça n'a pas de sens, c'est beaucoup trop troublant. Me mordant la lèvre, je le laisse poursuivre sans ciller. Je suis beaucoup trop choqué. Sa voix est beaucoup moins douce maintenant. J'ai presque autant de frissons que quand Ulrick me touchait, un peu avant notre mois de vacances forcées. J'ai envie de me laisser aller mais quelque chose me bloque, je ne sais pas quoi mais ça me paralyse. Je ne peux pas juste profiter, je suis crispé et je réfléchis à mille à l'heure.
Quand il se saisit de mon entrejambe, un éléctrochoc me traverse et je réalise ce qui me stoppe. Tout. Ulrick, James, le fait qu'on se connaisse à peine et le fait que ma seule expérience sexuelle soit complètement effacée de ma mémoire par l'alcool. Les yeux de Dale sont insistants et il me font frémir d'excitation mais je ne suis pas un animal. Je ne peux pas me permettre de me laisser aller. Pas maintenant. Pas ici. Pas avec un inconnu. Alors je saisis ses épaules et le fait reculer, quitte à avoir mal. Peu m'importe, tant que je peux mettre de la distance entre lui et moi. Déglutissant bruyamment, je ne me résous à rompre la connexion entre nos deux regards qu'au moment de me lever. Je récupère mes affaires en me morigénant intérieurement d'être déjà dur de ces caresses inappropriées.

« Je … je dois y aller, retourner travailler, en cuisine, parce que je suis cuisinier. Voilà. »

Un frisson traverse ma nuque quand je lui tourne le dos et que je remets mon débardeur. Les loups semblent déconcertés mais je ne peux pas m'arrêter. Je dois m'éloigner de ces yeux noirs transperçant et de ces mains si … douces.

Je pensais ma victoire déjà acquise. J'en étais si persuadé que j'y allais de bon cœur sur l'anatomie réceptive de Basile. Malheureusement, le cuisinier n'était pas un de ces mecs qui pensaient avec leur bite. J'étais à la fois déçu et... impressionné. Ce n'était pas facile de me résister.
Choqué, je le laissai s'en aller tout en se rhabillant. Ce n'était pas grave, me dis je d'abord. Il ne m'intéressait pas plus que ça. J'avais juste voulu tirer mon coup. Mais était ce bien vrai ? J'avais aussi vu un avantage certain à me le taper. Parce qu'il était l'ami d'Ulrick, assez proche de lui pour se faire faire un tatouage. Ulrick était le frère trop aimé de Liam. Et Liam était mon obsession. Si je pouvais l'atteindre par cette voie, je ne devais pas hésiter. Mais il fallait que je la joue fine, parce que ce Basile Ducros n'était pas un type facile. Heureusement pour moi, il n'était pas non plus très sûr de lui.
Je déplorai de ne pas pouvoir le plaquer juste contre un arbre pour en faire ce que je voulais. Il y avait des loups, deux, adultes, qui l'aimaient et le défendraient probablement si je tentais quoi que ce soit. Basile devait être parfaitement consentant.

Je me levai, abandonnant mon t-shirt par manque de temps, puis le rattrapai à grandes enjambées, avant d'attraper son poignet pour le stopper. Je jetai un rapide coup d’œil par dessus mon épaule. Les loups nous regardaient mais je n'étais pas menaçant à leurs yeux. Bien.
Reportant mon attention sur Basile, je pris ma meilleure expression désolée.

« Je suis désolé... Je voulais montrer un peu d'assurance pour une fois mais... C'était pas une bonne idée. »

Je baissai la tête et relâchai ma prise sur son poignet.

« Je ne suis pas très qualifié pour les relations sociales de ce genre... J'ai été seul très longtemps dans ma vie et... Voilà. Je ressentais un feeling avec toi, je sais pas pourquoi j'ai voulu tenté un truc que j'avais vu à la télé. J'ai pensé que si... – gros soupir – si je faisais ça, tu te rendrais pas compte que j'étais puceau. Voilà. »

J'eus la bonne idée de baisser assez la tête pour qu'il croit que je veuille cacher mes joues rougies derrière mes longues mèches brunes. Je fis ensuite volte face précipitamment et allai récupérer mon t-shirt, pas très loin des animaux qui me jaugeaient avec curiosité. Je leur tirai discrètement la langue et me rhabillai.

De retour près de Basile, je lui fis un sourire timide. Je trouvais mon idée géniale. Prétendre que j'étais vierge. Le cuistot ne pourrait plus me voir comme une menace. Et même si Ulrick lui racontait de trucs sur moi, je pourrai bien tout démentir en bloc. Après tout, si j'avais bien suivi l'histoire, le plus jeune des Gantley n'avait pas exactement toute sa tête.

« Si tu veux bien, j'aimerai t'inviter à dîner au restaurant. Mais je ne t'oblige à rien, bien sûr. »

A nouveau, je lui souris, mais plus franchement. Bon sang, si ce mec croyait que j'étais vraiment puceau, jusqu'au bout, je... Et bien je devais faire un pari au plus vite ! Il fallait que j'aille rendre une petite visite à Liam après cette histoire.

Invité

Le vent qui souffle entre les arbres se fait plus fort alors que je remets mon débardeur et que je me dirige vers la prison. Après cette journée beaucoup trop chaude, un brin de vent me fait beaucoup d bien. Je donnerai n'importe quoi pour prendre une douche dans la cascade qui se trouve à l'extrémité de cette rivière mais je ne suis pas sûr que ça soit légal. Qui plus est, tout le monde pourrait me voir … et ce serait fâcheux, voir très gênant. Surtout si Dale me voyait.
J'ai pensé, bien sûr, à éventuellement sortir avec lui, même si c'était un projet fou. J'ai pensé à me montrer séducteur, même si c'était incorrect. Parce qu'au final je sors presque avec Rourke. Mais d'après les médecins, il ne se réveillera pas avant un moment. Et Ulrick ne me verra jamais comme un petit ami potentiel. Je suis son pote Basile, à la pointe de la mode, je suis … Je ne suis pas le genre de mecs avec quoi on sort. Vraiment pas. Et que Dale puisse me considérer comme ça, ça me réchauffe le cœur. Je suis un mec avec qui il pourrait sortir. Je suis le genre de mecs qu'il pourrait se taper. Et il est plutôt enthousiaste à cette idée d'après ce que j'ai pu comprendre.
Remus me suit de loin, plutôt abasourdi, sans doute parce que je ne lui ai pas donné à manger. Je leur donne toujours à manger. Je me demande s'ils ne m'aiment bien que pour ça, comme la plupart des gens dans ce foutu pays.
Quand je sens mon poignet être attrapé, je ne réagis pas de suite, trop choqué. Je ne m'y attendais pas. Je ne m'attendais pas à ce que je compte assez à ses yeux pour qu'il ne me rattrape. Je me retourne, mes yeux bleus agrandis par la surprise, et je rougis un peu en constatant que Dale est toujours torse nu. Je dois être raisonnable mais dans une telle configuration des choses, ça s'avère plus difficile que ce que je pensais.
Et puis Dale ouvre la bouche -sa si jolie bouche – et il commence à me parler, à s'excuser. Aussitôt, je secoue la tête mais il ne me laisse pas le temps de lui expliquer que ce n'est pas de sa faute. Je me sens coupable de lui faire du mal, de lui faire subir ça alors qu'il m'a l'air du genre timide et pas du tout sûr de lui. Un nouveau frisson fait vibrer mon entrejambe et je me sens encore plus bête de ne pas l'avoir laissé faire. Même si je dois être sérieux, responsable … c'est si dur cette fois. J'ai envie de me laisser aller. J'ai envie de le faire tomber par terre et de le toucher. Mais je ne suis pas une bête !
Quand il m'avoue être puceau, j'ai un sourire compatissant. Ou presque. J'ai comme un doute au fond de moi qui me dit que ce n'est pas vrai.
Tandis qu'il se rhabille, j'y réfléchis et fais la moue. Il m'a touché de façon instinctive et douée, comme s'il faisait souvent ça. Aucun maladresse, aucune hésitation. Et son sourire à ce moment ne faisait que confirmer mes pensées. Et il serait puceau ? Je suis très gentil, mais pas naïf. Pas trop. Mais pourquoi est-ce qu'il me mentirait ? C'est stupide de s'excuser en inventant ça. Non, je ne sais pas quoi penser. Il n'a aucune raison de me mentir sauf si … sauf s'il voulait rattraper le coup en inventant une excuse au hasard. Est-ce que je compte déjà autant à ses yeux ? C'est impensable. Impensable et stupide de ma part. Je ne dois pas le remettre en cause, il a peut-être juste beaucoup vu de pornos et s'est entraîné sur des peluches.
Malgré ma honte de le repousser, je dois bien me résigner à le faire. Mais ses lèvres m'obsèdent. Plus je les regarde et plus j'ai envie de les embrasser. C'est sans doute pour ça que je me penche vers lui et que je pose doucement mes lèvres mouillées sur les siennes. Un frisson parcoure tout mon corps et me fait la sensation d'une douche agréablement brûlante. Quand nos langues se rencontrent, la sensation ne se fait que plus présente.
Et puis je m'éloigne de lui, rougissant. Me raclant la gorge, je regarde ailleurs, n'ayant pas la force de regarder son visage.

« Je suis désolé, je ne sais pas ce qu'il m'a prit. Je ne peux pas sortir avec vous Dale, désolé. Je dois vraiment y aller. »

Je me hâte hors du sentier et regagne mon pêcher, planté avec très peu de soins. Un soupir m'échappe quand je sors de la forêt. Je dois prendre une douche.