A day to re:member

Invité

. A DAY TO RE:MEMBER .
♪ kiss the damage ♪

L. Gantley - A. Bone - Alice

Trois mois et cinq jours. Quatre vingt seize jours. Ouais, c'est un peu court pour penser à un nouveau plan. Oh c'est pas que les autres étaient foireux hein, entendons nous bien. C'est juste que HyuuKi prend un malin plaisir à me voir aux portes de la mort. Et le nouveau chef des gardiens a déjà commandé un cercueil. Nan mais sérieusement ? Ce mec prend un peu trop son boulot à cœur. On dirait qu'il veut personnellement me voir crever, sans déconner.
Mon stylo tombe mollement quand je le lâche et rebondit au bout de la corde auquel il est accroché. McDaven m'a fait la faveur de m'accorder un calendrier à accrocher sur mon mur quand est arrivé le centième jour avant mon exécution. Si je ne savais pas qu'elle n'avait jamais ressenti une émotion de ma vie, j'aurai pu jurer que ce cadeau était juste une pulsion sadique. Plus que trois mois... Comment est-ce que je vais faire ? Bon Dieu j'aime pas ça, j'aime pas ça. Je vais me retrouver avec du poison dans les veines avec ces conneries. Je dois trouver un moyen de ne pas me faire avoir, je dois trouver un moyen de ne pas mourir comme un con dans cette prison. Je dois sortir et protéger ma famille, le peu qu'il ne me reste. Au moins mon fils. Ulrick est adulte mais …
Un claquement de matraque contre les barreaux de ma cellule me sors de ma contemplation. Un petit sourire est affiché sur les lèvres de Caciope et j'ai encore une fois mon cœur qui s'envole. Je suis vraiment trop con. Depuis l'accident avec Harper, on l'a autorisé à me revoir puisque ma santé n'était plus trop vacillante. Le doc a fait un bon travail de couture et il m'a assuré que même avec une scie, on ne pourrait plus couper ce morceau d'intestin. C'est un mec bien, même si je pense qu'il a une petite dent contre moi. Sans doute à cause la révolte. Tout le monde a une dent contre moi à cause de révolte. Oh ! Mais c'est peut-être pour ça le calendrier du coup !
Je regarde mes camarades de chambres – un nordique qui a un fort accent et qui a mangé des humains et un mec des îles bronzé et un peu complètement azimutés – qui dorment encore et un frisson me traverse. Je me lève, repose mon livre sur la couverture rêche de mon lit et m'avance vers la porte des barreaux qui s'ouvre gentiment pour me laisser passer. Caciope referme doucement derrière moi et nous descendons au rez-de-chaussée en silence. Quand il referme la porte du réfectoire – encore vide de si bon matin – sur nous, je souris.

« Je t'ai apporté le journal et j'ai réussi à t'obtenir un porridge préparé par Henry. »

Henry est un jeune commis qui a complètement Caciope à la bonne. Sans doute parce que celui-ci lui a sauvé la vie lors d'une attaque de détenu fou. Le petit Henry devrait s'y habituer, c'est de plus en plus fréquent ici. Je regarde la une du journal en m'asseyant à la table où se trouve mon petit bol de porridge. Apparemment, les relations entre l'Irlande et les Etats-Unis sont de plus en plus tendus. C'est normal, vu que ces derniers pensent pouvoir mettre leur gros nez étoilé partout.

« Merci, Cac'.
-Oh et … la directrice insiste pour que tu sois à la Chapelle à neuf heures tapantes. Pour un séminaire ou je ne sais pas trop quoi. »

Peu soucieux, je mange tranquillement sans un mot, profitant du goût de la cannelle et de la texture si particulière de mon petit déjeuner préféré. Bon, avec une bonne bière ça aurait été mieux mais je ne vais pas me plaindre. Vu ma condition, c'est déjà une aubaine de pouvoir avoir ça.

A neuf heures moins cinq, j'entre dans la chapelle et un gardien, Chase, nous accueille. Ancien détenu de DearDeath pour meurtre multiple prémédité, Chase est un bon ami à moi. Il me sourit et me point la petite estrade improvisée du doigt.

« Vas t'installer là bas, entre les deux autres. »

Les deux autres : mon petit Abel et celle que j'espère être Eden. Mais non. C'est cette gamine avec qui je me suis accroché avant d'être emprisonné ici. Elle ne signifie plus grand chose pour moi à ce stade là de ma relation avec Ulrick.

« Chase … c'est quoi ce merdier ?
-C'est la directrice qui a eu l'idée. On vous amène ici en face de jeunes délinquants et on leur montre leur avenir plus ou moins s'ils prennent la mauvaise pente. Vu que tu es notre seul … tu sais …
-Condamné à mort. Tu peux le dire, ce n'est pas encore une grossièreté.
-Oui voilà. Bref, McDaven voulait que tu sois là. »

Je soupire et tape l'épaule du gardien en signe de remerciement puis je vais tranquillement m'asseoir entre mes deux co-détenus. Une démonstration de plus que je suis un monstre, trop bien. Je salue les deux en souriant et glisse ma main sur la cuisse d'Abel, en signe de réconfort. Sa muselière est de plus en plus ignoble à porter.
A neuf heures dix, les jeunes entrent dans la salle, accompagnés par deux gardiens qui viennent se poster dans le fond de la chapelle. Je me doute bien qu'ils ont choisi ce lieu parce que c'est le seul assez grand pour accueillir un événement tel que celui-ci mais recevoir la lumière divine directement sur moi par le vitrail derrière moi me réconforte. Et cela doit me donner un air d'élu de Dieu aussi. Chase commence à parler de sa voix chantante avec un accent sud-américain mais je n'écoute pas vraiment son message de bienvenue.

« Commençons tout de suite par le détenu L3606. Présente toi Alice s'il te plaît. »

J'adresse un sourire un peu moqueur à la jeune femme. Ce n'est jamais facile d'être le premier.

Une plaine... Elle est immense, voir infinie. Est-ce que je dois chercher d'aller au bout ? Elle a l'air vraiment vaste. Dois-je vraiment m'y aventurer ? Après tout, elle semble la même partout, de l'herbe et des fleurs. Rien d'autre. Le ciel est rouge, les nuages blancs, l'herbe noire, les fleurs rouges, et le soleil... Partit ? Pourtant, il était là il y a un instant !
L'herbe commença à pourrir ainsi que les fleurs, comme une vague qui tuait tout sur son passage. Maintenant, tout était boue et sang. Puis une ombre s'avança sur moi. Je ne pus même pas bouger. Je restais paralysée devant cette ombre, qui m'engloutit. Là, plus de ciel, plus de sol. Juste des yeux qui s'ouvrent partout. Partout. Ils me fixent, m'observent. Je tente d'hurler, de bouger. Je ne veux pas rester ici, c'est insupportable ! Arrêtez de me fixer ! Arrêtez de rire !!
Je tombe dans le vide. Une sensation immonde me remonte à l'estomac. C'est si réel. Je suis vraiment en train de tomber ? Non...je ne veux pas tomber ! Je ne veux pas ! Aidez-moi !!
Le sol ? Je serais au fond du gouffre ? Non...je ne veux pas rester là ! Je veux remonter !!
Je m'agrippe aux parois et tente de grimper. Je glisse et tombe. Je réessaie. Retombe. Réessaie. Retombe encore. Continuer. Sans m'arrêter. Jusqu'à ce que mes ongles soient en sang. Encore et encore. Puis quelque chose m'empêche de monter. Une main est sortie du sol pour m'attraper la jambe et me tire dans la boue. Je tire de toutes mes forces, mais rien n'y fait. Plus je tire, et plus la main serre fort. Je me mets à griffer et à hurler. Une autre main m'attrape la main, puis une autre sort et me prends l'autre jambe. Je m'enfonce petit à petit dans le sol. Lorsque mon corps est complètement invisible, je ressens comme une douleur à la poitrine. Comme si je ne pouvais plus respirer...
Petit à petit, je sors de mon sommeil, me réveille lentement. Mais une chose cloche, me dérange... C'est ça, je ne respire pas.
Par effroi, je me mets à inspirer d'un coup, puis à tousser, pour enfin respirer, rapidement certes, mais je respire. Je ne suis pas morte. Je respire, donc je vis. Je vis purée...

« C'est toi Lady Alice ? »

Je sursautai. Je ne m'attendais pas à ce que quelqu'un me parle, voir qu'il y ait un bruit tout court. Remarque...est-ce qu'il ne devrait pas y avoir du bruit justement ? Tout le monde dort ? ...Bah...qu'est-ce que j'en ai à faire.

- Oui, c'est moi monsieur.
- Suis-moi, dit-il en sortant ces clefs de sa poche et ouvrant la « porte ».

Sans rechigner, je descendis de ma couchette en hauteur et passai la frontière. Puis je suivis le gardien.
Quelle heure il est ? Où on m'amène ? En temps normal, je me poserais pleins d'autres questions...mais là, pour je ne sais quelle raison, je n'avais pas envie d'y penser. Juste pas envie.
L'ambiance devient de plus en plus pesante. Je ne l'aime pas. Cette ambiance de religion, de confession...de règles. Aller jusqu'à plonger ma tête entière dans l'eau juste pour voir si mes cheveux deviendraient...normaux.
Je ne prête pas attention à ce qui se passe. Je suis, je m'arrête et j'attends. Attendre. Des images de mon cauchemar de cette nuit me reviennent. Je ne sais plus quoi penser. En fait...je n'ai pas envie de penser. Pas envie de repenser a cette plaine, ces yeux, ces mains, cette apnée...

« Commençons tout de suite par le détenu L3606. Présente-toi Alice s'il te plaît. »

Que ? Quoi ? Me présenter ? De quoi ? Pour quoi faire ? Qu'est-ce qui se passe ? Je dois ?...

- Dépêche-toi.
- O...oui...pardonnez-moi.

Je respirais à fond. Je ne vois pas pourquoi je devrais stresser...Je dois juste me présenter...juste ça...

« Je m'appelle Alice, et j'ai 16...17... »

Attendez...j'ai quel âge ?... T...tant pis passons !

« Et je...je suis anglaise...et j'ai grandi...en orphelinat...puis chez...des gens...voilà... »

Nulle...je me sentais juste nulle...

Que ce soit clair. Je déteste mes nouveaux compagnons de cellule ! Ils sont hautains et surtout, surtout... ! Ils ne sont pas Monsieur Gantley. J'ai bien sûr un peu forcé pour être sur la couchette proche du mur, celui qui me sépare de la cellule du Guide. De cette façon, je suis quand même un peu près de lui... Bien sûr, dès qu'on peut sortir, je me jette sur lui avec empressement. Nous discutons de choses hautement philosophiques auxquelles je ne pige rien, parce que je n'ai pas l'intelligence de Monsieur Gantley, mais c'est pas grave. Tant que je peux l'écouter.

Aujourd'hui, je suis réveillé brutalement par un gardien. Il est très grand, très musclé et très méchant. Il s'appelle Le Troll. Enfin, c'est comme ça qu'on l'appelle entre détenus en tout cas. Il est du genre implacable et alors que je suis encore endormi, il me tire par le col de mon débardeur et me jette dans le couloir, en dehors de ma cellule. Je glisse sur le sol carrelé, à plat ventre, étourdi. Il me remet sur pieds après avoir fait claquer la porte de ma cellule sur mes compagnons, me forçant à rester debout. Je chancelle et mes yeux ne sont toujours pas complètement ouverts, je suis trop aveuglé par la lumière artificielle trop vive du plafonnier. Il remonte ma combinaison orange sur mon dos, glisse mes bras dans les manches sans se soucier de me tordre les articulations, remonte la fermeture et me pousse en avant. Je titube en me frottant les yeux et comme je ne vais apparemment pas assez vite pour lui, il me fout un coup de pied aux fesses. Je manque de tomber en avant mais Le Troll me rattrape par l'arrière du col et me traîne à bout de bras. Direction : la salle d'eau. Mes yeux s'écarquillent et je proteste :

« Mais personne d'autre est réveillé ! »

Il s'en fout et poursuit son chemin. C'est pourtant vrai : tous les autres détenus sont encore en droit de dormir. Pourquoi pas moi ? Il ne fait même pas jour dehors !
Je finis dans une cabine de douche, tout habillé, assis au sol contre le mur carrelé. Le Troll active le jet d'eau froide et je crie, essayant de me protéger tant bien que mal. Mais c'est sans compter sur ce monstre. Il me saisit les cheveux et tourne mon visage de façon à ce que je ne puisse pas le mordre. Rien à faire, il est beaucoup trop fort pour moi ! Depuis ce petit interlude d'un mois, on m'a attribué ce type, presque exclusivement. Il me domine totalement. Et il aime ça.
Je me débats un peu trop à son goût et il me flanque un coup de pied dans l'estomac, avant de me frictionner la tignasse et le visage sans douceur. Si j'ai la moindre occasion de le tuer celui là !

Quelques heures plus tard, je suis assis dans la chapelle, sur une estrade, au milieu de deux chaises encore vides. Je suis mouillé mais Le Troll, il s'en fout. Ma muselière d'acier est solidement attachée autour de ma mâchoire et une laisse en cuir très épais me relie à mon gardien attitré. Il est juste derrière mon siège, dans l'ombre. Flippant, je n'ose pas bouger et je garde la tête basse. Mon estomac est là pour me rappeler que je n'ai pas intérêt à me rebeller.
Un peu plus tard, entre un autre gardien et une jeune fille, une détenue que j'ai déjà rencontrée, le jour où j'ai été par erreur enfermé dans la même cellule. Je ne connais pas son nom et je ne lui ai jamais adressé la parole, alors je ne lui dis rien quand elle prend place à côté de moi. Je lui jette juste un petit coup d’œil avant de retourner à mon affliction.
Le gardien repart, nous laissant tous les deux sous la surveillance du Troll. Il revient encore plus tard, avec... LE GUIDE !
Mon dos se redresse, ma tête aussi, je me sens tout émoustillé et me tortille sur ma chaise. Une traction de ma laisse me calme aussitôt et je lâche une petite toux. Plus serein, je souris à Monsieur Gantley quand il vient s'asseoir et pose une main sur ma cuisse, même s'il ne peut pas le voir. J'en frémis de bonheur !

« Commençons tout de suite par le détenu L3606. Présente toi Alice s'il te plaît. »

Commencer ? Commencer quoi ? Je remarque alors la présence de gens, des adolescents. Ils me ressemblent assez et beaucoup me montrent du doigt. Tout absorbé par le Guide, je n'avais pas noté leur arrivée.

La fille blonde se lève et parle à l'assistance, toute intimidée. J'écarquille les yeux de stupeur. Elle ne sait même pas son âge ?! Mais elle est nulle !
Elle se rassoit assez vite et le gardien (le normal) ne semble pas savoir quoi dire. Je penche la tête sur le côté. Tout le monde se tait. Silence gêné ou religieux ?

Le Troll s'avance sur l'estrade, dans la lumière, et me tire à sa suite. Je tombe sur les genoux et sa voix graveleuse (si, ça ressemble à des graviers qui roulent) résonne dans la chapelle.

« Tu sais pas mettre l'ambiance, Alice. Allez, le clébard, montre nous un peu ce que ça fait, d'être condamné à DearDeath Jail. »

Je me relève sous la menace d'un étranglement et me racle la gorge. Les ados ont l'air plutôt effrayés. Ouais, je fais trop peur ! Une fille se cache même les yeux devant mon charisme sauvage. J'essaie de me souvenir de ce qu'a dit la fille pour faire pareil.

« J'mappelle Abel Bone, j'ai... … … Je suis vieux, mais pas trop. Je suis Australien et j'ai grandi chez mon oncle. »

Je me tourne vers Le Troll, qui a un sourire immense et effrayant. Il donne une petite impulsion à ma laisse et ordonne :

« Raconte pourquoi t'es là, microbe. Et comment tu vis ici. »

Facile.

« J'ai tué des gens et des animaux. Ils le méritaient. Comme on aime pas que je morde, on me fout une muselière. Heureusement y'a le Guide qui me l'enlève des fois. Enfin, maintenant il peut plus, c'est trop difficile. Et puis sinon on mange bien, y'a Basile. Par contre les douches froides c'est nul, comme quand on me frappe pour que j'obéisse. … Mais bon, c'est normal, faut bien montrer qu'on est le boss. Les faibles méritent que de mourir. … Ce qui est cool, c'est de pouvoir sortir tous les jours dans la cour et puis avec Rose on... »

Une nouvelle traction sur ma laisse me fait taire.

« Ouais, ça va, on aura compris. »

Le Troll me fait me rasseoir et me donne une grande claque sur la tête.

« Hum... Bien... Liam, à toi maintenant. »

Le Guide va parler ! Je tend l'oreille et le fixe, attentif à l'extrême. J'adore quand Monsieur Gantley prend la parole. Ce qu'il dit, c'est toujours génial.

Invité

Tous les regards sont sur nous. Oh oui, je les vois bien leurs regards un peu affolés. Oh mais ça c'est à cause de mon petit Abel, mon tout petit Abel, enchaîné, brimé, le pauvre ange. Il ne mérite pas ça. Mais nous verrons ça plus tard. Dans le fond, les deux gardiens sont attentifs à ce qu'il n'y ait aucun débordement dans les rangs. Ils scannent notre public de façon méthodique, parfaitement organisée. Ils ne me semblent pas déjà blasés du métier.
Je ne connais pas le nom du premier mais tout le monde l'appelle Treebeast, rapports à ses cheveux verts touffus et sa grand taille. Il n'a pas l'air fort comme ça mais je sais qu'il a déjà décroché la mâchoire de l'un de mes camarades de chambre d'une tarte, d'une seule. Le deuxième, Ivan, est saoul du matin au soir, sans interruption. Son haleine chargée nous le rappelle souvent.
Chase est patient et bienveillant et il semble être maître de la situation. Il n'a jamais voulu me dire pourquoi il a plongé ni pourquoi il est sorti. Il n'a jamais voulu me dire non plus si sa vie ici avait été aussi infernale que l'est la mienne. Oh non, je n'ai pas une vie toute rose, malgré mon intelligence supérieure. Je subis les même brimades que les autres, je prends aussi des douches froides et je dois me coucher à heure fixe.
Mes poumons s'emplissent d'air quand la fille commence à parler et j'ai du mal à ne pas avoir une crise de rire. Elle est mignonne, embarrassée et complètement hors limites. Comment est-ce que j'ai pu croire un jour qu'elle ruinerai ma relation avec Ulrick ? Elle est juste aussi stupide qu'Abel. Sauf qu'Abel est dangereux. Abel est une menace et c'est pour ça qu'il est là. Elle, elle est juste … on dirait qu'elle a été piégée.
C'est une blague n'est-ce pas ? C'est une caméra cachée ? Elle n'est pas capable de s'être présentée correctement et Chase a l'air un peu embarrassé. Il était évident qu'elle devait leur faire peur sur les conditions de vie ici mais j'ai juste entendu quelques ''aww'' dans le public. Espérons que mon animal de compagnie fasse mieux. Sinon je devrais faire tout le boulot tout seul...
Okay, je vais devoir faire le boulot tout seul. Abel est très euh … convainquant, dans sa tête je suppose. Il fait peur à certains mais la plupart son amusés. En même temps le fait qu'il soit tenu en laisse n'aide pas franchement, hein. Crédibilité au minimum. Je lève les yeux au ciel et croise une peinture de Jésus.
Est-ce que c'est mon destin, mon devoir de guider ces âmes en perdition dans le droit chemin ? Pour éviter qu'il ne prennent des douches froides et ne mangent la bonne cuisine de Basile je suppose. Ah, bordel, pourquoi toujours moi ?
Je suppose que c'est justement parce que je suis supérieurement intelligent que la directrice a voulu que je sois là. Pour que les enfants apprennent que s'ils travaillent bien à l'école, ils pourraient finir comme moi : condamnés à mort.
Oh c'mon ! Quand vient mon tour, je me lève et je me place dans la lumière de Dieu, qui s'est un peu déplacée pour être juste devant ma chaise. Parfaitement à temps. Maintenant, j'ai vraiment l'air d'un putain d'élu de Dieu. Je passe ma main dans mes cheveux et me stoppe devant le bord de l'estrade avec un sourire si caractéristique à ma personne. Caciope entre à ce moment là, avec un sourire. Il a ce que je voulais dans la main. Nous verrons plus tard. Je brandis mes dés devant le public et m'assure que tout le monde me regarde.

« Bonjour les enfants, je suis monsieur Gantley. Liam Gantley. Je suis hypnotiseur. J'ai tué environ une quarantaine de gens, toujours dans un schéma logique menant à un but précis : la libération de l'Irlande ou l'aide de mon Clan dans mafia coréenne. Oui, parce que j'ai été assez longtemps le bras droit du parrain de la Famille qui dirige tout Gangnam-gu. Bien sûr, je ne peux pas donner de noms, vous le comprendrez. »

En bon showman, j'attends qu'ils soient pendus à mes lèvres ici pour continuer.

« La vie ici n'est pas facile, je vous le confie. Oh et, le fait que je sois condamné à mort n'aide pas vraiment j'avoue. Mon exécution est programmée pour le jour de Noël, ce qui est assez ironique pour quelqu'un d'aussi catholique que moi. La juge à dit que ce serait un cadeau pour tout le monde mais j'en doute fort. Je vais vous passer le refrain sur les douches glacées, les repas dégoûtants- ce qui n'est pas si vrai – et les gardiens terrifiants. Non, je vais plutôt vous montrer ce dont je suis capable. »

Je me saisis de l'arme du Troll et lui tire dans la tête. Un silence suivi d'une panique suit mon coup de feu. Avec un sourire, je laisse tomber mes dés.
L'illusion se rompt, le Troll est toujours vivant et tout le monde est médusé. Je retourne m'asseoir après avoir ramassé mes dés et caresse la tête d'Abel

« Depuis le début, je vous ai hypnotisé. Laissez moi vous donner un conseil, ne faites jamais confiance au gens comme moi. Je pourrais prendre chacun d'entre vous, vous exploiter et vous jeter comme une chaussette trouée. Parce que vous n'êtes rien pour les gens comme moi. Bien sûr, il y a des gens irremplaçable comme Abel mais si vous m'êtes irremplaçable, c'est que vous êtes déjà allés trop loin. Retournez chez vos mères et tenez vous à carreau. Oh, et pour l'amour de Dieu, arrêtez de suivre la mode. Non, montrer son string ou son boxer n'est pas cool, vous avez juste l'air de neuneus. »

Je range mes dés dans ma poche et regarde les ados être passionnés par moi. Oh oui, je sais me faire respecter.