Une prison pas comme les autres ... Quel que soit votre crime, vous le paierez.
 
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 Death Point

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Ulrick Gantley
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Ulrick Gantley

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MessageSujet: Death Point    Death Point  Icon_minitimeLun 20 Jan - 15:06

C'était une blague. Forcément. Une erreur. Quelque chose.
L'air contrit, je me tournai vers le conducteur du taxi. Son regard était masqué par une paire de lunettes de soleil d'une marque populaire malgré le ciel gris et il tendait sa grosse paluche dans ma direction. Son haleine mentholée parvenait jusqu'à mes narines tandis qu'il jouait de sa mâchoire sur la pauvre boule de pâte décolorée bringuebalée entre ses dents jaunies. Je n'étais pas tombé sur le plus sexy des Américains, ça c'était certain.


« Vous êtes sûr que c'est ici ? Je suis bibliothécaire, vous comprenez...
-S'pas mon problème, dude. Z'avez demandé Dear Death, c'est ici. Maintenant grouillez vous de me payer, cette prison je file la chair de poule.
-Oh, allons, vous n'allez pas me dire qu'un grand gaillard comme vous a peur d'un établissement sous haute surveillance. Ce n'est pas comme si un prisonnier fou furieux allait surgir d'un trou du grillage, couteau en main, pour nous découper en menus morceaux. »

Je me mis à rire doucement mais le cri d'un corbeau m'interrompit. Le chauffeur abaissa ses lunettes sur son nez et me fixa de ses yeux noisette pleins de sous-entendus morbides.

« Mec, je m'en fous que cette prison soit d'une sécurité maximale. Savoir qu'il y a de tels malades à quelques mètres de moi, ça me fout les boules. »

Je déglutis et finis par payer. Il empocha rapidement mes billets et démarra sur les chapeaux de roues. C'est la boule au ventre que je regardai l'arrière train jaune vif de la voiture disparaître au virage dans un crissement de pneus. Bordel, où est ce que j'étais tombé ? Comment ? Pourquoi ?
Je me retournai lentement et pris une inspiration pour tenter de me donner du courage. Il faisait particulièrement moche aujourd'hui et ça semblait vouloir durer longtemps. Un orage menaçait mais sans vouloir éclater. J'étais donc encore plus sur les nerfs que d'habitude.
Je posai avec lenteur ma main sur la poignée du portail. Elle crissa doucement sous la pression de ma paume. Le bruit sembla avoir attiré un homme qui surgit de nulle part, en costume de gardien ou quelque chose du genre. Je sursautai et reculai, la main crispée sur la poignée de ma valise.
Il m'agressa vivement en me demandant ce que je voulais et je lui tendis en tremblant ma convocation. L'homme l'étudia rapidement et me fit un sourire édenté. Charmant.


Je suivis ensuite le chemin qui m'avait été indiqué. Je n'avais plus aucun doute sur le fait qu'il s'agissait d'une prison. On n'enfermait pas les livres entre quatre murs surmontés de fils barbelés.
Avant d'atteindre la porte du bâtiment, je consultai mon papier au reste de lumière de la fin d'après midi. Dear Death. Jail. Comment avais je pu louper ce détail ? Comment avais je pu me laisser embarquer dans cette fantastique aventure aux Etats Unis. Putain, ce doyen c'était bien foutu de moi ! Il m'avait bien caché les faits réels !
Dire que j'avais cru qu'il s'agissait d'une blague américaine lorsque j'avais découvert le nom de la bibliothèque où j'étais muté... Je me sentais incroyablement stupide !
Je tentai toutefois de me rassurer. Je savais que la prison avait déjà un bibliothécaire. S'il en fallait deux, c'était que les détenus lisaient beaucoup, qu'ils étaient cultivés. Donc, ils ne pouvaient pas être si dangereux, n'est ce pas ? Je tentai de me réconforter en tâchant de ne pas penser aux films d'horreurs avec des tueurs en série surdoués et aux paroles du chauffeur de taxi.

Un autre gardien m'ouvrit la porte du bâtiment, lui aussi après avoir vérifié ma convocation. J'étais attendu, c'était déjà ça.
Mais une fois à l'intérieur, je me retrouvai perdu. Je ne savais pas où aller et je ne voyais personne pour m'aider. Le gardien qui venait de m'ouvrir était... Autre part ? En tout cas je ne le distinguais plus. Bizarre... Ce n'était pas une de ces prisons hantées au moins ?!


« Wouhou... ? »

Je regrettai immédiatement mon audace lorsque ma timide voix rebondit dans tout le hall comme une balle en caoutchouc. Alors je restai planté là, en plein milieu, ma valise à la main. Je voulais faire demi tour. Partir. Loin. Même retourner à Dublin me semblait une excellente idée.
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Ayame Shizuka
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MessageSujet: Re: Death Point    Death Point  Icon_minitimeLun 20 Jan - 19:22


Ce matin-là, mon premier geste avait été de boire une tasse de thé. Mes dernières nuits avaient été infernales. Et comme je n'avais rien de particulier à faire, et aucune envie de m'enfermer dans mon bureau ... Je m'étais fixé comme objectif de fourrer mon nez un peu partout. Dans le registre d'entrée, par exemple.
Et ce que j'y avais lu m'avait surprise.
J'avais fini par croire que je pourrais être dispensée de faire les arrivées. Il y avait une espèce de regain de personnel, ces derniers mois. Logiquement, je m'étais attendue à ce que les surveillants se chargent des arrivées ; c'était quand même de loin la partie la plus simple de leur travail. Mais comme d'habitude, le destin prenait un malin plaisir à contredire chacun de mes avis. D'après le registre, la plupart des dernières entrées avaient été effectuées par Ombrage.
Dans un premier temps, je m'étais demandé pourquoi. Et dans un second, cela m'avait paru évident.

D'abord, autant être honnête, le machisme dont faisaient preuve la plupart des gardiens était à peine voilé. Je crois que j'aurais dû prévenir Omby qu'être assignée à ce rôle n'allait pas lui faciliter la tâche. Et puis, elle était ici pour purger une peine ; automatiquement, elle allait être recalée aux tâches 'minimes'. Quoiqu'il en soit, elle était ce qui se rapprochait le plus d'une amie pour moi. Et entre femmes, autant se serrer les coudes. Comme je n'avais pas vraiment de rendez-vous, aujourd'hui, j'avais décidé de m'occuper de la nouvelle arrivée. Celle d'un membre du personnel, plus précisément d'un bibliothécaire. Au moins, il ne serait pas menotté, ou bourré de calmant en arrivant. Et ils ne seraient pas trop de deux, à la bibliothèque ...
Le nombre de lecteurs n'était pas astronomique. C'était plutôt le nombre de lectures, qui posait problème. La dernière fois que j'étais allée emprunter un livre, je m'étais fait la réflexion qu'un renouvellement des ouvrages serait à envisager. La plupart tombaient en lambeaux, ou dataient de cinquante bonnes années.

Pendant les minutes qui avaient suivies, j'avais erré dans le bâtiment. Et la fatigue avait fini par vaincre. Je m'étais allongée quelques minutes, le temps de me reposer. Le problème ? Deux heures plus tard, un gardien m'avait tiré d'un sommeil agité - Je n'avais jamais fait beaucoup de cauchemars, mais je sentais que cette fois-ci, j'étais bien partie pour une longue série.
Bref, ce surveillant était venu fumer sa cigarette "là où on lui ferait pas ch...", et il avait trouvé étrange que je dorme dans l'une des salles communes. Effectivement, ça l'était. Selon lui, je devrais faire attention à ça, parce que "voyez m'dame, moi ch'uis un type bien, mais on sait jamais ce qui peut se passer". Quand j'avais saisi le sous-entendu de cette phrase, les paroles de mon père m'étaient revenues à l'esprit ...

Au fond, pourquoi refuser cette idée de mariage ? J'aimais ma liberté, oui. Mais me ranger ne pouvait pas réellement me faire de mal ... Si ?
Foutaises, ma grande, tu n'en penses pas un mot. Quand bien même tu voudrais te marier, ce ne serait sûrement pas avec un avocat coincé. Et d'ailleurs, même si tu arrivais à planquer ta cicatrice sous de l'encre à tatouage, qu'est-ce qui empêcherai Allesbury de détruire tout ce que tu aurais hypothétiquement construit ? Pas les barreaux, en tout cas. Il te l'a déjà prouvé. Je me massais la tempe, comme pour chasser une migraine imaginaire. Oui, j'avais une capacité d'auto-flagellation assez stupéfiante. Le bon côté des choses, c'est que je ne me laissais pas sombrer pour autant. D'accord, je passais des nuits horribles. Mais j'avais réussi à obtenir la motivation pour me maquiller, ce matin. Et même si je n'avais pas encore trouvé le courage de remettre une jupe, j'avais ressorti mes talons et troqué ma chemise trop grande contre un joli pull à col bateau. De toute façon, il fallait que je cache les ecchymoses.
Le gardien était encore en train de parler quand mes yeux avaient croisés la pendule. Et m ... J'étais en retard pour accueillir le nouveau venu.

De là, j'avais planté mon interlocuteur et dévalé les escaliers. Juste à temps pour entendre une voix raisonner dans le hall. Comment s'appelait-il, déjà ? Je ne me souvenais que de son prénom, et je n'avais pas le temps de retourner chercher son dossier. En plus ... Ah. Il attendait, planté au milieu de la salle. Évidemment, puisque tu es en retard !
Oui, mais tu es fatiguée... Le problème, c'est que t'endormir pendant tes heures de boulot, ce n'est pas ce qui est prévu dans ton contrat de travail.

Quoiqu'il en soit, j'étais ... Surprise, d'une certaine manière. Cet homme n'était pas vraiment le stéréotype de l'irlandais. Plutôt bien bâti, séduisant. Bien vêtu. Même son cache-œil ne semblait pas déplacé. Il assombrissait son visage, mais lui donnait aussi un côté plus viril qui ne manquait pas de charme. Enfin, de toute façon, il n'est pas pour toi, Aya ...

"Ulrick ... Gantley, c'est ça ?"


J'espérais sincèrement ne pas m'être trompé de nom. J'aurais pu lui souhaiter la bienvenue, mais son expression me fit réaliser qu'il ne s'était sans doute même pas attendu à se retrouver là. Je m'inclinais légèrement, en guise de salutation.

"Veuillez excuser mon retard. Shizuka Ayame, je suis la psychologue de l'établissement."

Au moins, une chose était sûre. J'avais bien fait de me remettre aux talons. J'étais la plus petite, ici, c'était déjà un fait acquis. Mais je me serais réellement sentie minuscule si j'étais arrivée en ballerines.
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MessageSujet: Re: Death Point    Death Point  Icon_minitimeLun 20 Jan - 22:51

Je n'eus finalement pas à attendre bien longtemps. Un léger bruit attira mon attention en direction d'un côté du hall et une femme apparut. Elegante, son attitude laissait clairement entendre qu'elle venait pour moi. Je tâchai de me détendre un peu et d'effacer ma moue crispée. En vain.
Lorsqu'elle se posta devant moi, je m'attendais tellement à ce qu'elle me demande sèchement ce que je foutais ici que sa politesse me surprit. Indécis sur l'attitude à adopter, je ne lui répondis pas lorsqu'elle hésita sur mon nom et commençai à m'incliner, à sa suite. J'étais gauche et ce devait être la première fois que j'étais invité à la courbette, aussi j'abandonnai pour ne pas me rendre trop ridicule après un bref abaissement de la tête.


« Bon... Bonjour. Oui, c'est moi. Ulrick. Ulrick Gantley. Ce n'est pas grave, pour le retard je veux dire. Mademoiselle. Madame... Heu... Pardon. »

Il fallait que je me calme ! J'avais vraiment les nerfs en pelote et le fait de ne pas être à l'aise face aux gens d'une manière générale ne m'aidait pas à assurer. Ajoutons à cela que j'avais toujours été plus mal en présence de femmes que d'hommes. Elles me foutaient les jetons. J'avais toujours l'impression qu'elles manigançaient quelque chose dans mon dos. Ceci expliquant sans doute d'autres choses...
Je pris une longue respiration et tendit ma main droite en avant, sans me souvenir immédiatement qu'elle m'avait déjà salué, à sa façon. Elle avait un nom japonais et je décelai dans son visage quelques traits asiatiques, bien que je n'étais pas un habitué de ces pays et de leurs cultures.


« Je suis le nouveau bibliothécaire. Enfin, j'imagine que vous le savez déjà. »

J'essayai de me faire plus petit et ramenai mes deux mains devant moi, mes dix doigts serrant la poignée de ma valise. Cette dernière était plutôt mince pour quelqu'un qui déménageait. Mais j'ignorai l'espace qui me serait loué, aussi avais je laissé beaucoup de choses en Irlande, dans la cave de mes parents. Je me fichai bien de ce qu'ils feraient de mes affaires, mais n'avais pas eu le cœur, ni le temps, de les revendre. Ainsi, je n'avais emporté avec moi que le strict minimum. De toute façon, m'étais je dit sur le moment, j'aurai accès à bien assez de magasins pour remplir ma garde robe ! Mais à présent je n'en étais plus si sûr. Le paysage environnant n'était pas des plus propices au shopping.

« Hum... Où pourrais je déposer ça ? »

Je remontai ma valise d'un effort de bras, sans réussir à esquisser un sourire malgré mes efforts. Le stress avait complètement envahi mes veines et paralysait nombre de mes muscles. J'ignorai si je réussirai à mettre un pied devant l'autre lorsque l'occasion se présenterait. Il me faudrait pourtant réussir cet exploit si je ne voulais pas passer pour un infini débile.

[…]

Lorsque vint le moment de bouger, je constatai avec soulagement que mes jambes m'obéissaient, bien qu'un peu raides. J'essayai alors de trouver un sujet de conversation et m'attachait à mes inquiétudes. Même si je ne pouvais faire autrement qu'accepter mon sort, je brûlais de savoir exactement quel style de vie j'allais devoir mener ici. J'avais mes petites habitudes après tout.

« J'aimerai faire un peu de sport, de manière régulière. Y'a-t-il un endroit prêt d'ici où je pourrai me procurer du matériel ? »

L'entretien de mon corps était plus préoccupant, pour moi en tout cas, que ma garde robe. Il ne s'agissait pas seulement d'avoir de beaux muscles et de se pavaner devant le miroir en slip de bain. Frapper un sac de boxe m'aidait à gérer mon stress et mes inquiétudes. Etrangement, cela m'amenait à réfléchir énormément, mais de manière sereine. Tout le contraire de ce qui se passait actuellement dans mon cerveau. Ce dernier était occupé par un méli-mélo d'idées contradictoires et tordues. Et ce, en face d'une psychologue. Une psy de prison.
Je commençais alors à m'inquiéter et espérai qu'elle n'allait pas déceler chez moi une pathologie mentale qui me condamnerait à passer le reste de ma vie derrière des barreaux. Juste au cas où je péterais un câble et me mettrais à commettre des horreurs.  


« Ca fait longtemps que vous travaillez ici ? »

On ne perdait rien à se renseigner. En plus, ça faisait poli.
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MessageSujet: Re: Death Point    Death Point  Icon_minitimeMar 21 Jan - 11:42


Il fallait vraiment que je perde cette habitude. Comment faisait-on, aux États-Unis ? On se serrait la main ? Peut-être ... Pas pour moi, cette idée-là. Je n'avais pas été élevée dans l'idée que toucher quelqu'un était une politesse. Au contraire. C'était soit un geste amical, soit un geste nécessaire. Si ce n'était ni l'un ni l'autre, alors le geste était à classer dans le manque de respect, tout simplement.

"Bon... Bonjour. Oui, c'est moi. Ulrick. Ulrick Gantley. Ce n'est pas grave, pour le retard, je veux dire. Mademoiselle. Madame... Heu... Pardon."

En tous les cas, il ne semblait vraiment pas à l'aise ... Je me mordis l'intérieur de la lèvre, discrètement. La "fille bizarre" était-elle de retour ? Vieux réflexe acquis dans l'enfance, je détournais le regard. La couleur aussi inhabituelle qu'inexpliquée de mes yeux en étonnaient beaucoup. Certains s'en montraient curieux, intrigués. D'autres, effrayés. Peut-être que je me méprenais sur la cause de son angoisse, mais si j'évitais de croiser son regard, ce serait toujours ça de prit ...

"Vous pouvez m'appeler Ayame."

Les "Madame" étaient pour mes patients, et encore. Quant aux "Mademoiselle", ils me rappelaient trop les éternelles réceptions auxquelles participaient mon père. Il tendit la main. Dans un premier temps, je ne compris pas. Avant de réaliser qu'il m'invitait à la lui serrer ... Et j'allais répondre à son geste quand il retira sa paume, l'avança à nouveau légèrement ... puis la retira définitivement. Comme s'il ne savait vraiment pas quelle attitude adopter.

"Je suis le nouveau bibliothécaire. Enfin, j'imagine que vous le savez déjà."

Son hésitation était presque comique, et je ne pus m'empêcher de sourire. Il me semblait presque trop timide pour cet endroit. Est-ce qu'il avait seulement eu conscience de ce qu'il signait, avant de venir ? Mais au-delà de l'amusement attendrit que me provoquait sa gêne, je sentais percer quelque chose que j'appréciais beaucoup moins ; Pendant mes consultations, j'avais appris à m'isoler de ce que ressentait le monde. Mais en-dehors, je restais une véritable éponge, absorbant la moindre émotion de mon interlocuteur, et selon les circonstances, cela pouvait être un atout autant qu'un problème. En l'occurrence ... c'était un problème. Son angoisse m'angoissait.

"Je ne vais pas vous manger, vous savez."

Des cannibales ? Oh, il y en avait quelques-uns, ici. Mais au dernier recensement, je n'en faisais pas partie. Il avait saisi sa valise à deux mains, s'y cramponnant comme s'il avait été sur le point de tomber dans un gouffre sans fond. Décidément. Quand il s'agissait de mettre quelqu'un en confiance, mes capacités étaient plutôt du genre stupéfiantes. Mais visiblement, elles ne suffiraient pas face à cet homme.
Tant pis. Après tout, il ne faisait pas partie de mes patients. Et s'il préférait rester sur la défensive, alors très bien. Chacun avait ses propres mécanismes de défenses. Même moi. Oui, personnellement, j'avais la capacité – stupéfiante, là encore – de me voiler la face à chaque fois que je sentais que les choses tourneraient mal. Et aussi celle de tendre la joue gauche quand on venait de me gifler la droite. Enfin, on n'était pas là pour ça, non plus.

"Hum... Où pourrais-je déposer ça ?"

Je fermais les yeux un instant, le temps de me maudire.Souviens-toi, Aya, Bon Dieu, souviens-toi ! Les règles de courtoisie ne sont pourtant pas les plus compliquées que tu aies apprises ! Premier point, s'adapter à la personnalité de ton interlocuteur. Second point, devancer ses besoins.

"Suivez-moi, je vais vous montrer."

Dans un premier temps, j'avais pensé aller jusqu'à lui montrer sa chambre. Mais le fait qu'il se sente mal à l'aise – et que par là même, il me mette mal à l'aise – me poussait à me dire que j'avais meilleur compte de lui montrer tout simplement les escaliers. A partir de là, il pourrait accéder à tous les étages sans se perdre. J'entrepris de le guider à travers les couloirs, et alors que je pensais qu'il éviterait de parler, il se mit à poser des questions. J'en vins même à me demander s'il ne craignait pas de rester seul dans le silence. Ou bien, est-ce qu'il essayait de paraître poli ? Possible.

"J'aimerais faire un peu de sport, de manière régulière. Y'a-t-il un endroit prêt d'ici où je pourrai me procurer du matériel ?"

Ah ... Oui, évidemment, il n'y avait que trois façons de conserver sa silhouette. S'exercer, avoir une alimentation stable, ou les deux. Et s'il mangeait au réfectoire, et bien ... il avait tout intérêt à se mettre au sport. Je baissais les yeux un instant, rangeant une mèche de cheveux particulièrement rebelle derrière mon oreille. Est-ce que j'arriverais à me rappeler ? La ville n'était pas toute proche, mais j'y étais allée récemment, en taxi. Pour m'acheter ce fichu baggy, que j'avais jeté dès la fin de la journée. Seulement, j'aurais été incapable de retrouver le nom de l'endroit où m'avait déposé le chauffeur, ni même l'itinéraire qu'il avait pris. Autant rester dans le vague, alors ...

"A environ cinq kilomètres, il y a un village où vous pouvez vous fournir en alimentation et en produits de base. Mais si vous demandez un taxi, il devrait pouvoir vous emmener en ville. Ensuite, si vous préférez la proximité, vous devez aussi savoir que nous avons une salle de musculation, ici. Je crois qu'elle est fermée aux détenus le jeudi, mais ce serait à vérifier."

Il me semblait effectivement qu'un jour par semaine, elle était ouverte au personnel uniquement. Après tout, il fallait bien que les gardiens se maintiennent en forme ... Au pire, je me trompais, et Gantley pourrait toujours vérifier mes dires en consultant le joli règlement intérieur affiché à l'intérieur de sa chambre.

"Le bâtiment est bâti sur trois étages. Le rez-de-chaussée est commun, le deuxième étage est réservé aux détenus, et le troisième aux employés. Si ma mémoire est bonne, vous dormirez dans la chambre numéro trois, avec monsieur Barras."

Diego Barras. Je n'avais pas encore vraiment eu l'occasion de le croiser, celui-ci. Et puisque je pensais à ce que je n'avais pas fait, je n'avais pas non plus mentionné l'existence des sous-sols au nouveau venu. De toute façon, la dite existence semblait être conditionnelle, et je n'avais aucune véritable idée de ce qu'ils faisaient là.
Au détour d'un couloir menant à une double-porte en bois, je répondis par un signe de tête à un gardien qui me saluait. Et m'arrêtais là, fouillant la poche de mon jean à la recherche d'un jeu de clé rouillé. Je finis par le tendre au bibliothécaire, tâchant de lui adresser mon sourire le plus rassurant :

"Je vous prie de m'excuser si je vous mets mal à l'aise. Je vais vous laisser poursuivre par vous-même, vous serez sans doute plus tranquille. La bibliothèque se trouve derrière ces portes. Et si vous prenez le couloir sur la droite, vous atteindrez les escaliers qui vous conduiront à votre chambre.
-Ça fait longtemps que vous travaillez ici ? "

Je m'attendais à ce qu'il hoche la tête sans un mot, mais sa question me prit de cours. D'abord, parce que je ne voyais aucun rapport, de près ou de loin, entre mes explications et sa question. Ou alors, est-ce qu'il craignait de rester seul ? Si c'était le cas, je pouvais le comprendre. Les marques d'ongles qui parsemaient certains murs n'étaient pas des plus rassurantes.
Je me surpris à me redemander quel pouvait être son âge. Pas très éloigné du mien, à mon avis. Un ou deux ans de plus que moi, au maximum. Et finalement, qu'il le veuille ou non, il était dans la même galère ... Alors d'accord, je le mettais mal à l'aise. Mais avec son apparente sensibilité, il me rappelait ma propre attitude. Et pas pour lui, mais pour moi, uniquement pour moi, je ressentais le besoin de le prévenir.

"Je suis là depuis deux ans. Je haussais légèrement les épaules, pour m'auto-persuader que la situation n'était pas si dramatique. Vous n'en voulez peut-être pas, mais si je peux vous donner un conseil ... Essayez d'avoir l'air plus sûr de vous. Si vous laissez paraître vos émotions, vous en paierez le prix."

J'avais tenté de donner à ma voix un timbre rassurant et chaleureux ; je ne souhaitais pas le blesser, ni même l'inquiéter. Mais il fallait qu'il le sache ... A cause de mon attitude, j'avais trois doigts brisés, des ecchymoses sur tout le corps, et je m'en voulais douloureusement. Pourtant, j'avais résolu de laisser apparaître mes faiblesses, parce que j'acceptais l'idée de m'en ramasser une derrière. Dans le genre masochiste ... Quoiqu'il en soit, s'il n'était pas prêt à ça, alors mieux valait pour lui qu'il cache tout de suite ses failles.

"Et ... Je ne sais pas comment vous avez perdu votre œil. Mais il serait préférable que les détenus croient que vous vous êtes battu ou ... quelque chose de ce genre."

Il pourrait même faire croire que c'était déjà 'l'effet prison'. Mais n'importe comment, s'il se l'était fait en se plantant un stylo dans l'œil – ne riez pas, j'avais connu quelqu'un dans ce cas – il valait mieux qu'il le garde pour lui. Le fonctionnement de cet endroit n'était pas très compliqué : uniquement basé sur les apparences. Plus il aurait de "cicatrices de guerre", plus on le penserait fort, mieux cela vaudrait pour lui.
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MessageSujet: Re: Death Point    Death Point  Icon_minitimeMar 21 Jan - 14:45

Ayame était quelqu'un de très poli et serviable. Pas le genre de psychologue plus timbrée que ses patients qui rêvait de vous découper le crâne pour voir comment fonctionnait un cerveau. Bon sang, j'aurai dû arrêter de lire ces romans d'horreur après le premier. La jeune femme prit sur elle de me faire visiter, ou à tout le moins de me donner quelques indications utiles sur la géographie des lieux. Je lui en étais reconnaissant, car loin de moi l'envie de rendre une petite visite aux prisonniers. Même s'ils n'étaient probablement pas aussi dangereux que dans mon imagination, ils n'étaient pas enfermés ici pour rien.
La psy m'informa sur les moyens de me procurer du matériel de sport et je fis une moue à peine perceptible à travers mon rictus nerveux. Pour me rendre au village – un village ! - je devais faire venir un taxi jusque là. Et je n'étais pas certain d'y arriver, au vu de l'attitude du chauffeur qui m'avait amené. L'autre option, et certainement la plus simple, restait d'utiliser la salle de musculation. J'aurai dû y penser avant. Les prisons étaient forcément équipées de matériel sportif. Mais partager mon espace avec quelqu'un ne m'enchantait pas. Même pour une heure ou deux. Je craignais surtout les agressions, les deals de drogue ou les tentatives de corruption. Bien sûr, comme l'avait souligné Ayame, je pouvais m'y rendre le jour réservé aux gardiens. Des gardiens de prison, certainement bien rodés, qui ne rougiraient pas de le bousculer et de se moquer de lui.


« Merci. »

Je ravalai la bile qui m'était monté dans la gorge et tâchait de faire taire mon imagination pour le reste du trajet. Une tâche qui relevait presque de l'impossible.
La jeune femme me décrivit ensuite brièvement l'utilité de chacun des étages de l'établissement. Je hochai la tête lorsqu'elle évoqua les chambres du personnel et m'indiqua le numéro de la mienne. A la fin de sa phrase, je pilai, horrifié. Comment ça, « avec monsieur Barras » ? Je ne pouvais pas vivre seul ? C'était vraiment trop demandé ? Et puis c'était qui ce type ? Peut être le premier bibliothécaire, ce serait assez logique. Enfin, tout dépendait de la logique utilisée ici.
Je me forçai à reprendre mon chemin, en ruminant mon malheur. Je commençais à vraiment regretter d'être venu ici. Je n'avais plus qu'une envie : sauter entre les barreaux de la première fenêtre venue et me tirer. Bien entendu, je n'étais pas obligé de rester ici. Je pouvais donner ma démission et... Rejoindre un pays dans lequel ma réputation avait été joyeusement entachée par le doyen d'une université renommée. Youpi.
Ils croisèrent un gardien qui salua Ayame et ne me remarqua peut être pas. En tout cas, je pris soin de faire profil bas, la tête basse. L'homme n'avait pas eut l'air particulièrement agressif, juste... Professionnel. Pourtant je n'avais pas pu m'empêcher de me dire qu'il valait mieux que je m'en cache. Suite à cette rencontre, nous nous arrêtâmes et la jeune femme me tendit un trousseau de clefs en piteux état. Je serrai le métal tiède entre mes doigts crispés, alors qu'Ayame me fournissait quelques informations supplémentaires. Je rougis légèrement en me rendant compte qu'elle pensait être la cause de ma nervosité. Certes, son sexe ne m'aidait pas, mais elle ne faisait pas le poids face aux murs et aux solides barreaux. Franchement, c'était presque risible de penser qu'elle pouvait être à l'origine de mon mal-être. Cela ne m'empêcha pas de me sentir quelque peu coupable.

La jeune femme m'offrit quelques conseils avant que je ne disparaisse dans ma chambre. Des conseils qui me firent froid dans le dos. Vraiment ? En tant que simple bibliothécaire, j'étais obligé de me faire respecter ? Mais je n'avais pas fait de stage pour ça ! J'allais en voir tant que ça des prisonniers ? Au point de devoir leur faire croire que j'étais un mec costaud capable d'arracher la tête des punks d'un coup de dents et que la perte de mon œil n'était qu'une égratignure ?


« Je vois... Je ne sais pas si j'y arriverai mais je dois bien essayer. »

Après tout, j'étais parti pour travailler ici un temps indéfini. Je pouvais me barrer et retourner lâchement en Irlande, avoir un petit boulot tranquille dans une bibliothèque de campagne. Ou... Ou chercher à me dépasser. Au moins tenter le coup. Même si j'échouais comme une baleine sur la plage, j'en ressortirai meilleur. Je ne savais pas en quoi exactement, mais il y aurait forcément du mieux. Partant de là, je ne pouvais pas continuer à me cacher dans un trou de souris, y compris de mes collègues.

« Je suis désolé de vous avoir insultée. C'était involontaire. Vous ne me mettez pas mal à l'aise. Vous avez très gentille au contraire. C'est cet endroit. Je ne m'attendais pas à ça. »

Mais alors pas du tout.

« Merci de votre aide. On se recroisera peut être à l'occasion... Ayame. »

Je franchis les doubles portes et cherchai la chambre numéro trois. La peinture du numéro était écaillée, mais il restait reconnaissable. Et puis entre le deux et le quatre, il était difficile de se tromper. Je cherchai la bonne clef et la fit jouer dans la serrure, espérant de toutes mes forces que la chambre en question serait vide. Gagné.
Je déposai ma valise au sol, dans un endroit qui ne gênerait pas mon colocataire s'il venait à rentrer. Et maintenant j'allais... Je ne savais pas. Je ne ressentais aucune envie de rencontrer ce Diego quelque chose ou même de rester enfermé là dedans.
Je devais tenter de faire bonne impression. Ou au moins de laisser une impression. Comme me l'avait dit Ayame, je devais me faire respecter. J'ignorais ce qui arrivait au personnel qui échouait et en y réfléchissant bien, je n'avais aucune envie de le découvrir. J'allais commencer petit.

Trente secondes plus tard je franchissais les portes du couloir à la course. J'espérais n'avoir pas trop attendu et que la psychologue n'avait pas disparue dans un couloir que je n'avais pas repéré. Heureusement pour moi, elle n'était pas allée bien loin et je la rattrapai en quelques petites minutes.


« Attendez ! »

Je m'arrêtai à côté d'elle et prit le temps de reprendre mon souffle.

« Je voulais juste vous demander autre chose. Est ce que vous savez qui est ce Diego... Barras ? Ce qu'il fait ici ? Est ce qu'il s'agit de mon collègue à la bibliothèque ? »

Je me tenais à une distance bien étudiée de la jeune femme. J'étais un peu plus éloigné que ne le faisait la plupart des gens, mais pas assez pour être impoli.

« Et au sujet de mon œil... Je l'ai perdu au cours d'une soirée trop arrosée. »

Si elle me demandait les détails, je les lui fournirai mais n'allais pas tendre la perche au ridicule. J'avais déjà bien entamé mon potentiel durant la dernière demi heure.
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MessageSujet: Re: Death Point    Death Point  Icon_minitimeMar 21 Jan - 21:52


"Je vois... Je ne sais pas si j'y arriverais, mais je dois bien essayer."

Essayer, oui ... Il fallait espérer pour lui qu'il était meilleur comédien que moi. Dans le cas contraire, sa prestation ne convaincrait personne. En revanche, sa phrase suivante me surprit ... En aucun cas je n'avais considéré que son comportement était insultant. Il m'avait simplement semblé que ma présence le mettait mal à l'aise, et si tel était le cas, je tenais à m'en excuser ... Après tout, il était le nouveau venu, ce qui lui donnait presque la qualité d'invité.

"C'est cet endroit. Je ne m'attendais pas à ça."


Il ne s'attendait pas à ça ... À quoi s'attendait-il, alors ? Deardeath Jail ... Le nom de l'endroit était tout de même suffisamment évocateur. Non ? Avait-il perdu un pari, oublié de lire son contrat ?
Au fond, peu importait. La seule chose à retenir était que s'il s'était attendu à autre chose, et si malgré tout, il décidait de rester ... Alors c'était plutôt courageux de sa part. Parce que cela équivalait à dire qu'il n'avait aucune véritable raison de rester. Contrairement à tous ceux qui étaient ici. Certains purgeaient une peine, d'autres pour oubliait leur passé, d'autres satisfaisaient des besoins plus ou moins avouables ... Mais rester ici sans raison ? Par là même, Gantley faisait déjà preuve d'un courage qui forçait le respect.

"Merci de votre aide. On se recroisera peut-être à l'occasion... Ayame.
-Ce serait avec plaisir."

Sitôt que je le vis franchir les portes, je tournais les talons. Je commençai à avoir un mauvais pressentiment, et je préférais presser le pas. Grosse erreur ... Je m'arrêtais presque aussitôt, et me fis toute petite lorsque j'aperçus Allesbury, escorté de deux gardiens, dans le couloir d'en face. Au moins, les nouvelles consignes avaient été prises en compte. 'D.P.S.', ou 'Détenu Particulièrement Surveillé' devant être escorté en toutes circonstances. Je restais sagement immobile, évitant simplement de me faire remarquer. Si je ne bougeais pas, que je ne faisais pas de bruit ... il ne me verrait peut-être pas.
Et, une fois n'est pas coutume, la chance sembla être de mon côté. Le prisonnier disparu de mon champ de vision sans me remarquer, et à cet instant seulement, je m'autorisais à respirer.

"Attendez !"

Sursaut. Qui de loin, dû passer pour un véritable bond. Gantley m'avait fait frôler la crise cardiaque, et quand je me retournais pour lui faire face, je devais avoir l'air de contempler un fantôme. Le temps qu'il lui fallut pour reprendre son souffle ne suffit même pas à me détendre. J'avais l'impression que quelque chose d'énorme allait me tomber dessus d'un moment à l'autre.

"Je voulais juste vous demander autre chose. Est-ce que vous savez qui est ce Diego... Barras ? Ce qu'il fait ici ? Est-ce qu'il s'agit de mon collègue à la bibliothèque ?"

Maladroitement, je tentais de suivre ses mots. Mais leur sens m'échappait ... Aller, Aya, réveille-toi ! Allesbury était parti, pas vrai ? Donc à priori, j'étais hors de danger. Il ne pouvait même pas me voir discuter avec Ulrick. Bon ... Concentre-toi ! Qu'est-ce qu'il voulait savoir, déjà ?
Ah oui, l'autre bibliothécaire. Et Diego Barras. Souviens-toi ...
D'après le dossier de ce dernier, ses motivations professionnelles étaient plutôt bien fondées. Si mes souvenirs étaient corrects, un accident lui avait prit ce qu'il avait de plus cher. Il avait décidé de postuler ici pour 'plus de justice'. Enfin, ça, le bibliothécaire n'avait pas à le savoir ...

"Non, votre collègue est un certain Akio Aizumi. un homme plutôt sérieux. Pour sa part, monsieur Barras est quelqu'un de discret ... Et s'il est en service de nuit, vous ne le verrez peut-être même pas. Vous n'avez aucune inquiétude à avoir à son sujet."

En tout cas, du peu que je savais. Et ... Ah, une soirée trop arrosée ? Je voyais tout à fait ce qu'il voulait dire. Pour ma part, je n'avais jamais vraiment aimé l'alcool. Non, en soirée, j'avais eu tendance à piocher dans les substances encore moins licites. On aurait pu ne pas le croire en voyant celle que j'étais devenue, mais auparavant, il y avait eu une autre Ayame. Celle de tous les excès. Et je ne serais peut-être pas là aujourd'hui si une soirée en particulier n'avait pas mal tourné ...

Je me souviens qu'un mois avant celle qui avait coûté la vie à Takeda, mon père avait reçu une lettre de l'infirmerie scolaire. Une lettre à la suite de laquelle il avait menacé de me renier si je ne rentrais pas dans le droit chemin. Je n'avais pas eu d'autre choix que d'obéir, et il m'avait fallu un certain temps pour comprendre que j'aurais pu flanquer ma vie en l'air sans l'autorité de mon géniteur. Mais je savais aussi pourquoi j'avais agi de cette façon ...

"Soirée arrosée, dites-vous ? Je n'aime pas particulièrement l'alcool, mais je comprends tout à fait ce que vous voulez dire ..."

Et cette idée me détendait, me faisait même sourire. Quelque part, elle me rassurait. Je n'étais pas la seule qui avait dû perdre quelque chose pour se réveiller. Et peut-être qu'il éprouvait des regrets à l'idée de s'être laissé sombrer, tout comme moi. Ou peut-être pas. De toute manière, l'idée y était : je n'étais sans doute pas la seule à avoir poussé la stupidité jusqu'à l'irréparable.

"Prenez soin de vous, Gantley. Et si vous avez besoin de quoi que ce soit ... N'hésitez pas à venir me trouver."

Ayame Shizuka, fille de Takeshi et Emily Shizuka. Ou l'art de passer d'une stupidité affligeante à une gentillesse qui frôlait la stupidité affligeante.
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MessageSujet: Re: Death Point    Death Point  Icon_minitimeMar 21 Jan - 23:04

Je fronçai légèrement le sourcil apparent en attendant la réponse d'Ayame. Elle semblait un peu troublé. Il me semblait. Je n'étais vraiment pas un expert en étude du comportement, mais j'avais l'impression que son esprit s'était enfui loin d'ici. Un instant. Enfin, je me faisais probablement des idées.

Ainsi donc, mon camarade de chambre n'était pas bibliothécaire mais bien gardien. La brève description que m'en fit la psychologue me rasséréna un peu et je hochai la tête, plus détendu. Je parvins même à esquisser un sourire, pas trop imposant, mais un sourire tout de même. Il n'y avait pas que le fait que mon collègue soit quelqu'un de discret. En parler le rendait plus réel et dès lors moins dangereusement fantasque. J'avais de nouveau les deux pieds dans la vraie réalité et elle était beaucoup moins effrayante que celle de mon imagination morbide.

Ils en vinrent ensuite au sujet qui rapprochait les peuples : l'alcool. Ou alors peut être que c'était une toute autre chose qui rapprochait les gens dans la formule officielle, mais cette version me plaisait bien assez.


« Ah, vous croyez ? Vous êtes vraiment en train d'imaginer une fille assise au bar qui me poignarde malencontreusement l’œil droit avec la pointe de son stylo à bille ? »

Mon sourire se fit plus franc. Je n'avais jamais eu l'occasion de raconter ça de cette manière et n'avais pas réalisé le potentiel comique de l'histoire. Pourtant, ce potentiel existait bel et bien.
Comme mon reflet dans un miroir, le visage d'Ayame se détendit lui aussi et me renvoya mon sourire. L'alcool et son pouvoir.

Ayame clôt le sujet avec une formule polie de bienvenue. Elle n'était peut être pas sincère en le disant, mais cela suffit à me remonter sérieusement le moral. En espérant que les choses ne s'envenimeraient pas dès que j'aurai retrouvé ma solitude.


« Merci beaucoup, Ayame. Et appelez moi Ulrick. Si jamais vous voulez boire un coup, faites moi signe. Je suis Irlandais, je connais les meilleurs alcools. »

Je n'étais pas le meilleur buveur de mon pays, loin s'en fallait. J'étais même un piètre consommateur en comparaison de la moyenne nationale. Il restait que c'était toujours impressionnant pour les étrangers. Je me souvenais de cette fois où, tout à fait par accident, j'avais choqué une Française en engloutissant ma chope de bière en deux gorgées. J'étais déjà bien atteint à ce moment là et ce n'était pas un exploit que je renouvellerai de sitôt. Il restait que, sur l'instant, personne n'avait compris l'attitude de cette femme.
Je restai ensuite quelques secondes planté devant la jeune femme, sans savoir quoi dire. J'avais bien l'impression que sa dernière phrase était un au revoir. Elle devait avoir mille choses à faire, peut être avait elle un rendez vous avec un patient. Je ne pouvais pas la retenir, quand bien même désirait elle simplement être seule. Je savais être d'une piètre compagnie.


« Et bien, je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Vous êtes sûrement quelqu'un de très occupé. Et moi je dois défaire ma valise. »

Peut être allais je visiter la bibliothèque avant qu'il fasse complètement noir. Peut être y trouverais je mon collègue de travail et avec un peu de chance, il serait aussi avenant et sympathique que ma première rencontre.
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MessageSujet: Re: Death Point    Death Point  Icon_minitimeLun 10 Fév - 2:22


"Non, votre collègue est un certain Akio Aizumi. Un homme plutôt sérieux. Pour sa part, monsieur Barras est quelqu'un de discret ... Et s'il est en service de nuit, vous ne le verrez peut-être même pas. Vous n'avez aucune inquiétude à avoir à son sujet."

Un sourire. Léger, mais qui me rassura un peu, étrangement. Parce que, j'avais beau chercher, je ne voyais pas beaucoup de sourires rassurants, par ici ... En tout cas, pas suffisamment pour effacer celui qui me hantait. Mais encore une fois, je devais passer au-dessus de ça ...

"Ah, vous croyez ? Vous êtes vraiment en train d'imaginer une fille assise au bar qui me poignarde malencontreusement l'œil droit avec la pointe de son stylo à bille ?"

Quoi ? Sérieusement ? D'accord, j'avais connu quelqu'un qui avait trouvé le moyen de planter la pointe d'un stylo dans son propre œil, mais là ...
Les nerfs aidaient sans doute, vu mon degré de nervosité. Mais je fus incapable de retenir un éclat de rire, et je m'en mordit aussitôt les doigts. Métaphoriquement parlant, bien sûr. Enfin, ce n'était pas du tout drôle ! Il avait perdu un œil, tout de même ! Non, pas drôle.
Si.
J'avais beau essayer de m'en convaincre, cette histoire restait assez comique. Je n'aurais juste pas dû montrer qu'elle me surprenait autant qu'elle m'amusait. Cela pourrait réellement être mal prit. En même temps, je n'avais jamais été douée pour dissimuler mes réactions et mes sentiments. Je faisais preuve d'une incapacité stupéfiante lorsqu'il s'agissait de jouer la comédie. Et hypersensible, avec ça.

"Excusez-moi, ce n'est pas drôle. Mais j'avoue que je ne serais pas allée jusqu'à imaginer une telle scène."

En même temps, pourquoi avais-je des difficultés à me l'imaginer ? Je ne sais pas. Sans doute parce qu'en le voyant ainsi, devant moi, je me disais que son attitude, son apparence ne correspondait pas avec un souvenir pareil ... D'ailleurs, quelques minutes plus tôt, je n'aurais même pas imaginé qu'il pourrait être porté sur l'alcool.
En même temps, c'était comme ces personnes qui apprenaient qu'un meurtrier vivaient à côté de chez eux. Combien de fois avais-je lu cette phrase, dans des comptes-rendus de procès ? 'Je ne me suis rendu compte de rien/pas méfié parce qu'il ne correspondais pas à l'idée qu'on se faisait d'un monstre'. Une phrase qui avait le don de m’agacer. Il n'y avait pas de monstres, pas plus qu'il n'y avait de Mal. Il y avait seulement des personnes qui préféraient la noirceur de l'âme à sa lumière ...
En même temps ... De haillons est sa vêture, mais de brocart sa texture. Regarde-toi ! Qui t'imaginerais prendre du speed, aujourd'hui ? Hormis ton père, personne.

"Prenez soin de vous, Gantley. Et si vous avez besoin de quoi que ce soit ... N'hésitez pas à venir me trouver.
-Merci beaucoup, Ayame. Et appelez moi Ulrick. Si jamais vous voulez boire un coup, faites-moi signe. Je suis Irlandais, je connais les meilleurs alcools."

Était-il sérieux ? L'espace d'une minute, je me posais très sincèrement la question. 'Je suis Irlandais, je connais les meilleurs alcools'. Une phrase qui pourrait presque faire cliché. Mais après tout, pourquoi pas ? Je n'avais jamais vraiment bu ... Ou plutôt si, quelques gorgées de Schnaps ou de whisky, dans des circonstances difficiles et exceptionnelles - en essayant d'oublier Allesbury, par exemple. A part ça, un peu d'alcool de riz par politesse, durant les interminables réceptions auxquelles était convié l'ambassadeur.

"Si je ne vous mets pas mal à l'aise, pourquoi pas ?"

Parce que je n'oubliais pas son angoisse visible, au début de notre conversation. Et je détestais produire cet effet sur les gens, simplement parce qu'en général, je cherchais désespérément à être agréable.
Malgré cela, ce nouveau bibliothécaire ... m'attendrissait, d'une certaine manière. Au contraire d'Akizumi, qui lui, me mettait mal à l'aise. Oh, ce n'était pas sa faute s'il ressemblait à mon défunt demi-frère, s'il semblait aussi droit que mon père avait toujours voulu que je le sois ... Mais cela me dérangeait, quelque part.
Ulrick faisait un contraste étonnant, en comparaison.

Je me mordis légèrement la lèvre inférieure un moment, cherchant quelque chose à ajouter. Je ne sais pas pourquoi, je me sentais coupable de laisser le nouveau venu partir comme ça.
Quand mon père m'avait reprise en main, il avait longuement insisté sur les règles de l'hospitalité. Par là même, je savais que j'aurais du tout faire pour mettre le bibliothécaire à l'aise. Depuis le début de notre conversation, j'avais la sinistre impression de manquer à mon devoir d'accueil. Mais ... Mais à la réflexion, je savais pourquoi.
Parce que tu n'es pas encore totalement redevenue toi-même.

J'étais en train de décider qu'une petite séance de méditation me ferait le plus grand bien, quand il m'adressa à nouveau la parole, m'indiquant que j'étais sûrement très occupée - ce qui était faux - et qu'il devait défaire ses bagages - ce qui était vrai.

"Je vous remercie, Ulrick. Je suis sûre que tout se passera bien pour vous."

Mensonge, Ayame ... Tu n'en étais pas sûre, tu l'espérais seulement. Mais c'était déjà ça.
Je m'inclinai légèrement et tournais les talons, une nouvelle fois. Retourner dans ma chambre, et méditer ... Au moins pour essayer de me défaire de l'impression que j'avais de tout faire de travers. Avec un peu de chance, j'arriverai peut-être même à m'endormir ...
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