Une prison pas comme les autres ... Quel que soit votre crime, vous le paierez.
 
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 La classe après l'heure ... [LIBRE]

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Blanche Raven
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Blanche Raven

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MessageSujet: La classe après l'heure ... [LIBRE]   La classe après l'heure ... [LIBRE] Icon_minitimeLun 3 Fév - 22:18


[...]
Ça a toujours été comme ça. Tu intervenais toujours quand on avait des ennuis. Moi, je suis toujours resté caché derrière toi. Je ne sais pas me défendre, je n'ai jamais eu assez de cran pour ça. Le courage ce n'est pas mon fort ... Je te l'ai jamais dit, mais des fois je me demande : comment tu peux me supporter ? Je suis tellement pleurnichard, un vrai boulet ! Mais tu m'en as jamais rien dit, sûrement pas égard pour moi.
Je veux dire, je savais que j'étais un poids mort pour toi, mais c'était toujours plus facile de faire comme si ce n'était pas grave. Là, je viens de me prendre la vérité en pleine figure et ça fait mal. Ça me fait souffrir parce que maintenant, je ne suis pas capable de t'aider. Est-ce que tu me pardonneras ?
Tu as revu le garçon de l'autre fois ? Je ne sais pas si je peux te dire de faire attention à toi, mais je m'inquiète. Il pourrait être dangereux, même si tu le trouves drôle. Et puis si tu penses qu'il cache son jeu, c'est peut-être qu'il veut te faire du mal.


Extrait de lettre, Innocent Raven



Assise en tailleurs, dans l'un des fauteuils à moitié défoncés de la bibliothèque. Les yeux rivés sur une bête feuille. Nan, c'est pas honnête de dire ça. C'est bien plus qu'une bête feuille : c'est une lettre de mon frère. On a un score de quatre à trois. C'est à moi de répondre. Mais je sais pas si c'est le bon jour, aujourd'hui ... J'ai passé une sale nuit.

Inno' a peur, je le sais bien. Et il est pas le seul. J'ai beau essayer de me détacher de ce que je lis, ma gorge est nouée. Et je sais pas comment lui dire ... Y'a rien à pardonner, frérot. T'as jamais été un poids, au contraire. Mais je voulais pas qu'il ait peur. Il aurait fallu que je fasse tout pour qu'il devienne un peu plus méchant, qu'il puisse se défendre quand je ne serais pas là. Mais quand j'étais dehors, j'aurais jamais pensé qu'un truc comme ça arriverait ... J'aurais jamais cru atterrir un jour en prison. J'aurais dû prévoir, et le rendre plus fort. Mon frère a pas compris que c'est pas sa faute. Ni la mienne, d'ailleurs, même si j'ai du mal à l'intégrer. Après, je sais qu'il aura tout le temps de s'endurcir ... j'ai encore neuf ans et onze mois à tirer. Et je sais aussi que même s'il change, je l'aimerais toujours.
Mes yeux poursuivent la lecture des lignes. Oh ... jalousie, frérot ? Tu sais, ce mec que j'ai croisé dans les douches était drôle, mais il ne t'arrive pas à la cheville ! T'es le seul qui soit vraiment capable de me faire sourire, capable de faire tomber les masques, d'autant que toi, t'es pas un assassin.

Avec un soupir, je tentais une brève analyse de ce que je ressentais vraiment. Un mois ... Un long mois passé seule. Si je ne disais pas que la solitude me pèse, je mentirais. Pour être honnête .. Même "peser" n'est pas un terme assez fort. La solitude me ... déchire. Parce que je n'ai jamais été seule. Jamais. Et je le ressens douloureusement, aujourd'hui. Cette nuit, je me suis même surprise ... c'est une crise d'angoisse qui m'a réveillée. Je suis restée discrète, je me suis contentée de tourner en rond dans la cellule le reste de la nuit. Et dès que l'ouverture des portes avait sonné, je m'étais précipitée en salle de muscu, et j'y avais passé la matinée entière. Besoin de me défouler, d'évacuer. Ça avait plutôt bien fonctionné, à priori. Ensuite, j'étais allée manger.

Encore une fois, je m'étais étonné de voir que personne ne descendait à la sonnerie. Visiblement, ils préféraient tous venir faire la queue à la dernière minute. En même temps, de ce que j'avais compris ... j'étais l'une des rares à finir mon assiette. En partant de là, je pouvais logiquement envisager que les autres détenus venaient en traînant les pieds. Ce qui m'arrangeait, quelque part, puisque comme ça, j'évitais la foule. Et finalement, quand tout le monde descendait enfin au réfectoire, j'étais généralement en train de prendre ma douche. Ouais, j'avais décidé d'en décaler l'horaire pour être à peu près sûre d'être seule.

Et finalement ... j'avais décidé d'aller à la bibliothèque. En fait, cette journée avait été ... Semblable à toutes les précédentes depuis mon arrivée. Oui, aussi surprenant que ce soit à dire, j'avais mis en place une routine. Spécialement calculée pour que mon esprit soit constamment occupé. Je crois bien que je suis la seule à venir ici tous les jours, d'ailleurs. Et du coup, je me demande ce que font les autres ... Ils doivent adorer se morfondre, s'ils estiment ne pas avoir besoin de s'occuper la tête.

En parlant de ça ... Je n'étais pas en état d'écrire. Si j'écrivais maintenant, alors que je me sentais plus seule que jamais, je risquais de trop écrire, de trop me dévoiler ... Alors que je devais faire attention à ne pas alarmer mon frère. Je pourrai peut-être essayer de lire, pour changer. D'ailleurs, ce serait la première fois que je ferais ça. Décidée, je pliais la feuille, la fourrant dans la poche de mon uniforme.

Puis je quittais le fauteuil, parcourant les allées ou étaient placés les bouquins. Ils avaient été rangés, depuis la première fois que j'étais venue, classés par genre. Du coup, ça me permettait de passer très vite certaines rangées, comme celles des romans à l'eau de rose. J'évitais aussi le genre policier, pas très approprié pour la tranquillité d'esprit.
Je finis par m'arrêter dans un rayonnage, regardant les titres d'abord, puis quelques résumés, sans vraiment comprendre ce que je faisais mine de lire. Et ... mon regard croisa la tranche d'un livre. Je rêve ! "Animal Farm" ... "La ferme des Animaux", non ?! Ouais, George Orwell. J'ai presque envie de sourire... Je sais qu'Inno' doit le lire, pour les cours. Il va sûrement le lire en français ... Et moi, je me demande ce que ça peut bien donner, en anglais.

Aller, décidé. Je récupère le livre, repère le siège le plus proche. De toute façon, c'est pas comme si la bibliothèque regorgeait de monde. Je me positionne en tailleurs, une nouvelle fois. J'ai jamais vraiment détesté lire, mais c'était pas mon activité favorite. Et vous voulez savoir, ce qui me surprend vraiment ? Je comprends pas ce que je lis.
Ok, c'est de l'anglais ! Alors y'a quelques semaines, j'aurais pas été étonnée de pas y arriver. Mais depuis peu, je me surprenais à comprendre la quasi-intégralité de ce que j'entendais. Comme quoi, finalement, ma mère avait raison : en cours, c'était pas que j'arrivais pas à comprendre l'anglais. C'est que je voulais pas. La preuve ; quand j'ai plus le choix, je suis vachement plus efficace. Mais j'ai beau essayer ... j'ai le plus grand mal à rapprocher les mots que je vois avec ceux que j'ai pu entendre.

Je devenais peut-être maso, mais pourtant, je m'échinais à regarder les phrases. Je suivais les lignes, mes lèvres formaient les mots, mais j'étais sûre qu'il ne se prononçait pas comme j'aimerais les dires. N'importe comment, il faudrait que j'apprenne ... Parce que même si je comprenais ce que j'entendais, je ne savais pas si je serais capable de prononcer une phrase correcte. En fait, ce fameux Neil était le dernier à qui j'avais parlé. Ça faisait plus de trois semaines que je n'avais pas entendu le son de ma propre voix. En même temps, on ne l'avait pas sollicité. Ou peut-être que si, et que j'avais fait mine de m'en foutre totalement, comme d'habitude. C'était plausible, aussi.
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Angélique Loiseau
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MessageSujet: Re: La classe après l'heure ... [LIBRE]   La classe après l'heure ... [LIBRE] Icon_minitimeSam 15 Mar - 13:24

[Tu me diras s’il y a des incohérences chronologiques, s’il te plaît ? Parce que je ne sais pas à quel moment tu veux que se déroule le rp, et puisque tu l’as écrit il y a un moment, j’ai peur de me planter dans l’ordre des événements ^^’]



Quand je m’éveillai ce matin, je crus mourir d’ennui. Bon sang, encore une journée longue et harassante en perspective, je parie. Je me redressai sur mon matelas, enfin… matelas, c’est un bien beau compliment pour ce truc. Un gardien ouvrit les cellules et l’autre française du groupe de quatre que nous formions, en cellule 3, fonça dehors comme si elle avait le feu aux fesses. Mais on n’a pas idée de partir en courant comme ça, de si bon matin ! Alors que je me frottai les yeux pour finir de me réveiller, je décidai que ce matin, ce serait grasse matinée. Je me laissai retomber sur mon lit (même réflexion que pour le matelas) et restai ainsi, à fixer le plafond d’un air las. Tiens ! Là, une fissure en forme de lune… je clignai des paupières, déçue par mon manque d’inventivité. Il fallait que je m’aère. Tant pis pour la grasse mat’. Je me levai et balançai mes jambes par-dessus bord, les faisant basculer dans le vide. Puis je m’aidai d’un coup de rein pour me propulser hors de ma couchette. Je me posai sur le sol dans un chuintement, et étouffai un bâillement. Un bâillement, suivi très vite d’un profond soupir.

En fait, cette prison ne me pesait que très peu. Elle ne m’intimidait pas, ne me plongeait pas dans une crainte viscérale, comme chez certains, mais elle m’ennuyait. Je réfléchis un instant à ce que je venais de penser. M’ennuyais-je réellement, ici ? Oui et non. Oui, parce que l’animation n’était pas au rendez-vous tous les jours, et que du coup, je passais de longues heures, voire journées, à attendre que quelque chose se passe. Et non parce que quand quelque chose bougeait, j’étais toujours au bon endroit au bon moment. Ma seule déception avait été de rater la bagarre d’hier. Deux détenus dont l’un avait fini à l’infirmerie, un bras cassé. L’autre, une espèce de brute épaisse m’avait-on dit, s’en était tiré en intimidant les gardiens. Voilà un gars que j’aurais bien aimé rencontrer, voire confronter. M’enfin, chaque chose en son temps, n’est-ce pas ?

Je sortis de la cellule bien après le départ des autres détenus, même s’il en restait deux ou trois, qui dormaient encore. A moins qu’ils n’aient été plantés dans leur sommeil et qu’ils ne puissent plus se réveiller… Je suivis le couloir jusqu’aux escaliers, les descendis d’un pas lent et peu pressé, pour venir rejoindre la file des détenus qui attendaient pour manger. Il y avait peu de temps, juste avant de me retrouver en salle d’isolement, j’avais sauté le petit déjeuner, et voilà ce qu’il m’en avait coûté. Un séjour enfermée, et je l’avais commencé en balançant le premier repas qu’on m’avait offert. Du coup, maintenant, je faisais super attention. On pouvait m’avoir une fois, mais pas deux. Si je devais encore faire du grabuge, ce serait après avoir mangé. J’attrapai une assiette de bouillie étrange et blanchâtre. Pendant que deux gardiens m’encadraient et me retiraient la muselière, je me préparai éventuellement à leur sauter dessus. Que je n’aie pas mangé ne changeait rien à mon comportement, et s’ils étaient trop prêts, je les attaqueraient. Je tolérai seulement la proximité d’un des deux quand il déverrouilla le fermoir. Je pris mon courage à deux mains, ma fourchette, d’une seule, et portai à ma bouche une première bouchée. Arg, ça avait un drôle de goût. Comme du carton mouillé, recraché par un chat malade. Pourtant, je m’appliquai à tout finir. Il était hors de question que je fasse ma difficile. Pas après tout ce que j’avais vécu. Et puis… les gardiens avaient droit au même régime que nous, même si eux avaient tout le loisir de sortir s’acheter un truc convenable à manger. Je me réjouis de cette pensée et mangeai avec plus de conviction.

Quand j’eus fini, je m’aperçus des regards étranges qu’on portait sur moi. Ben quoi ? Personne d’autre ne finit son assiette ? J’osais espérer que si, parce que sinon, il aurait été de mon devoir de leur apprendre à tous à manger de la mousse et des racines en forêt, en priant tous les dieux possibles et imaginables pour ne pas s’empoisonner. Je me levai et ramenai mon assiette aux détenus commis en cuisine. Ils tiraient la gueule, mais au moins, ils bossaient avec tout plein de couteaux autour d’eux. Je les enviais beaucoup, mais je savais que personne n’aurait jamais l’idée saugrenue, au vu de mes antécédents, de me mettre en compagnie d’autant de lames. Je poussai un soupir de déception et sortis du réfectoire. Sortis tout court en fait. La cour me manquait, et je voulais savoir s’il avait suffisamment plu pour effacer les taches de sang de la dernière fois. Je m’approchai de l’endroit, une pensée typique dans la tête. Le coupable revient toujours sur le lieu du crime. Eh merde, moi qui aimais à dire que je ne faisais pas comme les autres… ben j’étais eue. Tant pis, j’étais curieuse. Comme tous les coupables, qui voulaient savoir s’ils avaient fait leur petit effet.

J’arrivai enfin sur le « lieu du crime ». Et malheureusement, oui, la pluie était tombée suffisamment fort pour faire s’effacer les traces de sang. Dommage. Je haussai les épaules, l’air de dire que ce n’était pas grave, mais en fait, ça me frustrait. Je grinçais des dents sous la muselière, qu’on m’avait remise dès que j’avais eu fini de manger. Bande de pleutres, incapables de me laisser sans ce machin. Je grondai, ce qui attira l’attention d’un surveillant de la cour. Il se sentait visé par mon attitude agressive. Je ne pouvais pas lui en vouloir, j’étais passée suffisamment près sans m’en rendre compte pour que mon grondement semble être dirigé contre lui. Il s’approcha de moi, d’un air menaçant, et cette fois, le grognement fut pour lui. Je me raidis et me ratatinai pour lui laisser moins de prises. Fort chanceuse, il se trouvait pour moi qu’il n’avait pas d’autre arme qu’un matraque. On a peur des trucs qui font boum ! monsieur ? Je le lui fis remarquer, et il s’arrêta, pris au dépourvu. J’en profitai pour tourner les talons. Cet homme n’avait pas l’étoffe de celui qu’il me fallait. Au combat, il ne valait rien, la preuve étant qu’il n’essayait même pas de me rattraper pour me faire payer mon insolence.

Le temps passa paresseusement ce matin, et je fis quelques tours du pénitencier, pour me dégourdir les jambes. La course en forêt me manquait horriblement, et si l’enfermement me déplaisait à cause de mon horreur des lieux clos, je crois bien que le fait de ne pas pouvoir courir tout mon soûl était pire encore. Pour me changer les idées, j’entonnai une chanson bien connue en France. Chanson que tous les enfants apprenaient en maternelle.

-Une souris vert-euh, qui courait dans l’herb-euh, je l’attrape par la queue, je la montre à ces messieurs. Ces messieurs me dise-euh, trempez-la dans l’huil-euh, trempez-la dans l’eau, ça fera un escargot, tout chaud.

J’aimais beaucoup cette comptine. C’était la première que m’avait apprise Anne. Comme pour tout un tas d’autres enfants probablement. Je soupirai et rentrai pour le déjeuner de midi. J’étais un peu en retard, et en plus, je n’avais pas faim. Du coup, la file d’attente monstrueuse qui semblait me hurler de venir y perdre mon temps, conjuguée à mon manque d’appétit, firent que je préférai plutôt me trouver une autre occupation. En plus, je n’avais aucune envie de revoir les deux gardiens de ce matin, dont l’un semblait tout à fait avoir la carrure nécessaire à mon souhait. C’était quelque chose que je me refusais. Je ne voulais pas trouver ce que je cherchais, tout comme je ne voulais pas aller manger. Cela régla la question, je marchai un peu au pif dans les couloirs, à la recherche d’un endroit en particulier. Que je trouvai rapidement : la bibliothèque.

Je n’y étais jamais venue auparavant, préférant nettement plus la cour et la salle de musculation à un endroit d’un calme plat où on ne faisait que lire. Je n’avais pas de difficultés à lire, comme on pourrait l’attendre de ce que les gens qualifient « d’enfant sauvage », mais simplement, je préférais courir plutôt que rester assise un bouquin sur les genoux. Je poussai la porte et humai profondément l’odeur de livres. C’était un parfum que j’aimais beaucoup, en dépit de ma difficulté à aimer lire. Je parcourus les rayonnages, à la recherche de quelque chose qui saurait susciter ma curiosité et finis par me rendre à l’évidence : je ne trouverai pas mon bonheur ici, mais dans une salle de sport. J’allais faire demi-tour quand mon regard de parano capta quelque chose à la lisière de mon champ de vision. Quoi ? Comment ça ce que j’entends par regard de parano ? Ben… c’est pas déjà clair ? En gros je regarde partout, mes yeux couvrent chaque endroit, même le mieux caché, même le plus reculé, d’un lieu pour que je sois sûre de repérer les sorties, les fenêtres, les issues, les cachettes, les extincteurs. Paraît que ça explose si on tire dessus… je serais très tentée de piquer son flingue à un garde, juste pour vérifier…

M’enfin bref, je m’approchai de ce qui avait retenu mon attention. C’était une très longue chevelure noire que je connaissais bien pour dormir à côté depuis quelques jours. C’était une française, comme moi. Particulièrement peu loquace d’ailleurs. Je sais qu’il lui arrivait d’échanger quelques mots, quelques phrases très courtes avec l’autre francophone de la cellule. Peut-être qu’elle se sentait seule. Un élan de compassion me secoua et j’en eus la respiration coupée. Moi qui avais pour habitude de ne me soucier que de moi, ça me faisait un choc. Peut-être qu’ici, la solidarité commencerait à me toucher… Je pris ma décision et m’approchai à pas de loup. Elle lisait, elle.

-Salut ! dis-je en français. Je t’ai reconnue parce qu’on est dans la même cellule. Comment tu t’appelles ?

J’étais curieuse. Un autre détenu français, c’était toujours intéressant, et puis, ça m’évitait de perdre totalement la maîtrise de ma « langue natale ».


[J'espère aussi que c'est pas trop compact et pénible à lire ^^]
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Blanche Raven
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MessageSujet: Re: La classe après l'heure ... [LIBRE]   La classe après l'heure ... [LIBRE] Icon_minitimeSam 15 Mar - 20:14


"Now, comrades, what is the nature of this life of ours? Let us face it: our lives are miserable, laborious, and short."

Mais p .. de bord ... de m ...
Il s'agissait d'une seule ligne, mais je butais dessus depuis près d'une demi-heure. Je m'étais connue beaucoup moins patiente. C'est maman, qui serait fière de voir que je fais des efforts ... et surtout, que je lutte contre l'envie de déchirer une à une les pages de ce bouquin. A la place, je garde les yeux obstinément rivé sur les mots. C'est quand même pas des lettres de m ... qui vont avoir raison de moi ! Hé, oh ! J'ai encore jamais perdu contre un bouquin, et j'ai aucune intention que ça se produise ! Il aura beau me faire mal au crâne, ça se passera pas comme ça !

Ou peut-être que si. Je finis par refermer le bouquin, levant les yeux au ciel. Je demanderais volontiers au bibliothécaire de m'aider, si à première vue, il parlait pas anglais comme je râle. C'est-à-dire facilement, et continuellement. Le pire ? C'est que ça veut dire que si je veux apprendre à lire cette foutue langue un jour, il faudra que je demande de l'aide à quelqu'un d'autre. Sauf que j'en ai pas envie. Raaaaah, quel casse-tête ...
Je me suis fixé pour but de me lier avec personne. Je veux dire, déjà à l'extérieur j'avais pas des amis tout le tour du ventre, et je faisais confiance qu'à Inno. Alors, c'est pas maintenant que je suis en tôle que ça va changer.

Sans compter que je parle à personne. 'Fin si, j'ai parlé à Neil. Je l'aime bien, d'ailleurs, ce mec. L'a l'air un peu spécial, mais il est plutôt marrant. A part ça, y'a que ce gardien-là ... le blond aux yeux bleus. Le gros cliché de l'allemand de base. Tiens, je vais l'appeler comme ça, maintenant : Cliché. De toute façon, je connais pas son nom et il parle pas un mot de ma langue natale, de ce que j'ai compris. En plus, il me rappelle trop mon père, l'humour en moins. Du coup, je me vois pas demander à Neil ou à Cliché de m'aider. Logique, non ? Vous me voyez en interpeller un, comme ça ? 'Hé, mec ! Je sais que je suis odieuse, mais j'aurais besoin d'un coup de main pour m'apprendre à lire. T'es dispo ?'
Nan, pas moyen que ça arrive.

Je ferme les yeux en lâchant un soupir, grattant ma nuque comme j'ai l'habitude de le faire quand je me prends la tête. Oui, parce que me prendre la tête, toute seule comme une grande, c'est aussi une de mes spécialités. Je suis un peu tarée, je crois. Ultra-protectrice et sur la défensive, d'après un des psys que j'ai envoyé chier. Pour moi, ça se résume à avoir un grain. Hé, je me suis quand même fait enfermer toute seule, comme une grande, parce que j'ai balancé des vacheries aux flics sans parler à mon avocat de la vérité.
En même temps, j'avais mes raisons. Si j'arrivais ici, dans ce bout pommé du monde, en clamant haut et fort mon innocence, je me serais fait emmerder, direct. Avec sept meurtres sur mon casier, ça passe mieux. Logique.

"Salut !"

Je pris grand soin de plaquer mon masque sur mon visage, avant de regarder la fille qui venait de me parler. Tiens ... première fois que j'entendais le son de sa voix. En même temps, elle, elle avait pas non plus beaucoup du entendre la mienne. Ces derniers jours, on s'était juste balancé quelques phrases, avec la blonde. Pourquoi ? Oh, souvent des trucs bêtes. 'Tu peux me passer mon bouquin ?' ou 'File-moi les feuilles'. Elle était pas contrariante, la Canadienne. Mais elle était tellement vide qu'elle aurait pu me filer les jetons.
Y'en avait une autre, qui avait les cheveux blancs. Ou alors blonds trop pâles, difficile de savoir vraiment. J'avais pas le nez dessus, je préférais garder mes distances. Quoi qu'il en soit, elle était discrète et avait l'air de s'être mit tout le personnel dans la poche. J'avais dans l'idée que certains détenus allaient pas la rater. 'Fin, c'était pas mon problème, hein.

Et puis y avait elle. Angélique, de ce que je croyais avoir comprit. Cheveux noirs, elle aussi. Et une muselière, comme on en aurait mit à un chien. J'avais jamais proposé de lui enlever ... J'avais pas encore complétement tourné la carte, hein. Je pensais bien que si elle en avait une, y'avait une bonne raison. Mais comme j'avais jamais entendu le son de sa voix, impossible de savoir d'où cette fille venait.
Et du peu que j'entendais maintenant, si elle était pas française, alors elle avait au moins vécu dans un pays francophone.

"Je t'ai reconnue parce qu'on est dans la même cellule. Comment tu t'appelles ?"

C'était quoi, ça ? Une tentative de rapprochement ?
Mouais. Pourquoi pas. Ça tuerait un peu le train-train. Je veux dire, j'étais pas une as de la conversation, et j'avais pas particulièrement envie de me lier à quelqu'un. Pourquoi ? Parce que pour tout ceux qui avait été mes amis, je n'étais qu'une pimbêche froide et distante au premier abord. Mais je devenais conciliante, aimante et protectrice ... au point d'en être dangereuse, dès que les sentiments s'imposaient. Ceux qui avaient pu voir cette phase de ma personnalité n'avaient plus jamais aperçu mes talents de comédienne. Un talent que je ne pouvais pas me permettre de perdre, pas ici. Je pouvais pas m'affaiblir, alors que je devais rester dans le rôle de bête noire qui m'avait été donné.

Cela dit, rien ne m'empêchait de discuter. J'avais juste à éviter d'y mêler les sentiments. En plus, elle parlait français ... rater l'occas', ça aurait été une bourde.

"Blanche Raven. C'est sûrement pour ça que la blonde m'appelle 'corbeau'. Toi c'est ... Angélique, c'est ça ?"

Ton désintéressé et froid, sourire glacé. Une conversation dénuée de chaleur. Je reposais le livre entre mes jambes, puisque j'étais assise en tailleur. Et j'en profitais pour la détailler. Même si elle est pas épaisse, elle a l'air solide ... hey, copine !
Nan, sérieux, ce qui me frappe, c'est ses yeux. J'ai l'impression de voir ceux de ma petite cousine, tous grands ouverts et naïfs, quand elle comprends pas comment j'ai fait disparaître son nez. Mais ce qui choque le plus, c'est leur couleur. Un gris pâle qui tranche sérieusement avec le cuir de sa muselière. Et du coup, pour rester sur le thème, je désigne cette dernière d'un signe de menton, me penchant en avant pour poser les coudes sur mes genoux.

"Classe, la muselière. C'est juste un effet de style ou t'es cannibale ?"

Ouais, y'a plus élégant comme façon de le demander. Mais bon, on sait jamais, hein. Avec les tarés qu'il y a ici ... Tenez, pas plus tard que ce matin, j'en ai vu un qui essayait de se bouffer le pied au milieu du couloir.
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Angélique Loiseau
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MessageSujet: Re: La classe après l'heure ... [LIBRE]   La classe après l'heure ... [LIBRE] Icon_minitimeDim 16 Mar - 18:49

Blanche Raven. Français et Anglais mêlés, étrange, mais ça rendait bien comme nom. Je me souvenais de quelques camarades de classe, quand je fréquentais encore un établissement scolaire, qui auraient bien eu besoin d’un nom si classe. Parce que des gens avec des noms étranges, mais qui ne faisaient pas un bon effet, ou qui permettaient des jeux de mots, ceux-là, personne les ratait.

-C'est sûrement pour ça que la blonde m'appelle 'corbeau'. Toi c'est ... Angélique, c'est ça ?

-Yep ! opinai-je.

Sa voix était drôlement froide, dis donc. Comme si elle s’était mis en tête de remballer tous ceux qui passeraient. Pourquoi pas, même si dans un tel endroit, je jugeais plus qu’approprié de se serrer les coudes. Encore que certains ne méritaient même pas la moindre attention. Je remarquai qu’elle me jaugeait du regard, et pour ma part, je me dis que c’était une bonne idée. Savoir à qui on a affaire, savoir si l’autre est un psychopathe refoulé ou pleinement accepté. Je l’observai aussi, quelques instants seulement. Oui, si peu de temps, parce que mon regard, incapable de s’arrêter sur tout ce qui n’était pas une proie dans l’immédiat, recommença à balayer la pièce. Je tournai la tête, cherchant à couvrir la moindre parcelle de terrain pour prévoir la moindre potentielle agression.

-Classe, la muselière. C'est juste un effet de style ou t'es cannibale ?

Hein ? Quoi ? Je lâchai des yeux le rayonnage des romans fantasy où j’avais cru voir quelque chose bouger pour reporter mon regard et mon attention sur mon interlocutrice. Je me fis la réflexion qu’avoir des cheveux si longs devait quand même être un sacré défi. Juste pour l’entretien, mais aussi et surtout pour les combats. Comment faisait-elle pour éviter de s’en faire arracher si on l’attrapait par les cheveux ?

-Nan, j’suis pas cannibale. J’ai juste une sévère propension à l’automutilation si on m’attache les poignets. Alors on m’a mis ça, répondis-je en désignant l’objet de sa question. M’enfin bon, il y pas que pour ça…

Pas folle la guêpe. Je la connais pas bien, moi, cette Blanche. C’était peut-être un agent au service des gardiens. Je me rappelai à cette phrase une série où il n’était pas question d’un seul agent au service de plusieurs gardiens, mais de tas et de tas d’agents au service d’un seul et unique Gardien. Oui, avec une majuscule. Je vais pas non plus lui raconter toute ma vie parce qu’elle est du même pays que moi.

-Et toi, pourquoi tu as des cheveux si longs ? C’est pas pratique, pratique, pourtant…

J’inclinai la tête sur le côté et me laissai brutalement tombée au sol, accroupie. Ah, mieux ! Nette amélioration. Dans cette position, je me sentais rassurée, et persuadée que rien ne pouvait m’arriver. En fait, maintenant, nous étions toutes deux dans d’étranges positions qui devaient bien foutre le dos en l’air. Dans une cinquantaine d’années, pour peu que je vive si longtemps sans me faire tuer par un gardien excédé, j’allais probablement me taper un mal de dos terrible, mais tant pis. Ma philosophie, c’était clairement et irrémédiablement le YOLO américain. Faire ce que je voulais sans me soucier des conséquences parce que je n’avais qu’une vie. Les uns pensaient qu’au contraire, n’avoir qu’une vie était difficile, qu’il ne fallait pas la gâcher. J’étais intimement convaincue que ce que je faisais n’était pas gâcher ma vie. Seulement, ma notion de gâchis était différente de celle des autres, point.

Mon regard parcourut une dernière fois tout ce que je pouvais voir sans me casser la nuque, pour m’assurer une énième fois que personne ne nous guettait. En apercevant un détenu qui cherchait également de quoi lire, je me mis à gronder doucement, par pur réflexe. Il croisa mon regard peu amène et détourna le sien. Pfff, encore un qui ne méritait pas mon attention. Je continuai à fureter des yeux les différents recoins de la bibliothèque, en me focalisant particulièrement sur les angles morts des caméras de vidéo surveillance. Puis je revins sur Blanche et la fixai à son tour, sans le même coup d’œil que pour l’autre détenu.




[pour le passage avec le Gardien, cf Legend of the Seeker, l’Epée de Vérité, de Terry Goodking ^^]

[C'est un peu court, dsl, j'espère t'avoir laissé assez de pistes ^^]
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Blanche Raven
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MessageSujet: Re: La classe après l'heure ... [LIBRE]   La classe après l'heure ... [LIBRE] Icon_minitimeMar 18 Mar - 11:40

[Et moi qui pensait que plus personne ne connaissait cette série ...]


"Nan, j'suis pas cannibale. J'ai juste une sévère propension à l'automutilation si on m'attache les poignets. Alors on m'a mis ça. M'enfin bon, il y pas que pour ça ..."

Propension à l'automutilation ? Ah ouaiiiiiis ...
Perso, j'avais établi depuis un bail que j'avais pas besoin de me faire mal. Y'avait suffisamment de gens près à lever la main sur vous pour un oui ou un non, dans ce monde de tarés. Par contre, j'comprenais tout à fait qu'elle aime pas être attachée. Autant être honnête : c'était comme mettre un panneau 'interdit' à l'entrée d'un chemin sans surveillance ... Sérieux, qui ne mourrais pas d'envie d'aller y voir ? Et ben les entraves, c'était le même principe. Plus on voulait m'empêcher de bouger, plus j'avais envie de faire des conneries.
C'est bête, l'esprit de contradiction, hein ?

Par contre, de ce qu'elle dit, la muselière sert pas qu'à ça. Alors quoi ? Elle mordait ? Mouais, possible ... C'était une méthode comme une autre, après tout. D'ailleurs, j'crois bien que j'en avais vu un autre pareil, une ou deux cellules en face. Mais lui, j'sais pas pourquoi, j'lui trouvais l'air un peu ahuri. Une caractéristique qu'avait pas ma chère coloc'.

"Et toi, pourquoi tu as des cheveux si longs ? C'est pas pratique, pratique, pourtant..."

Bonne question Angé'.
Je glisse une main dans ma couette. Ouais, je l'ai nouée de côté aujourd'hui. Pourquoi ? Je sais pas ... j'en pouvais plus de la porter à l'arrière. Mon visage me rappelait trop celui de mon frère. C'est douloureux, de le voir dans les miroirs en sachant que c'est rien d'autre que mon reflet.
Mais vu que je suis pas le genre à exprimer mes doutes, je ramène mes cheveux en piteux état sur mon épaule en faisant mine de réfléchir à leur existence. En fait, j'en prends pas soin. Pas du tout. S'ils ont pas plus de nœuds que de longueur, c'est seulement parce qu'il sont archi-trop raides pour s'emmêler.

'Pas pratique' ... tout dépend du point de vue. Il suffit que je les détache, et ils m'offrent une barrière agréable. Barrière entre le monde extérieur et mon monde intérieur, barrière entre mes sentiments et mon visage, barrière entre l'être et le paraître. Pour ce qui est de me battre ... Je crains pas qu'on me les tire, qu'on me les arrache. C'est pas le genre de chose qui me fait mal.

Mais du coup, je me souviens de cette 'camarade' de classe. Marina. L'avait essayé de les tirer, sans résultat. D'accord, se battre comme une fille quand on en est une, c'est peut-être logique ... mais elle, elle atteignait les sommets. Les sommets du ridicule. 'Fin, voyez ce que je veux dire.
Le plus dommage, c'est qu'Inno tenait vraiment à elle. Mais elle l'a blessé, parlant dans son dos et l'humiliant devant son groupe de sport. J'étais la gardienne, la protectrice, le seul rempart entre mon frère et le monde. Je pouvais pas la laisser s'en tirer gratuitement : logique.
Je suis incapable de contrôler ma force. Quand cette fille s'était retrouvée en larmes, vidant le contenu de son estomac sur le goudron devant le collège ... C'est ses frères qui étaient venus me demander des comptes. Je ne sais pas ce qui les a le plus énervés ; que je ne réagisse pas à leurs coups, ou que je m'en moque ? En tout cas, tout ce que je sais, c'est que certains de leurs poings ont laissé des cicatrices.

C'est ma nature. Être plus noire que Blanche, prendre les coups et en rire, les donner et en sourire. 'Fin, ce genre de chose arrive uniquement quand Inno' entre en jeu. Ce qui risque pas d'arriver ici, pas vrai ? Je peux bien parler de mon frère. Je pense pas qu'Angé' pourrait utiliser cette info contre moi. Surtout que maintenant, ma faiblesse est plus d'être près de lui. C'est d'en être loin.
Alors, je hausse les épaules d'un air détaché.

"Oh, y'a pas de raison spéciale. J'ai un jumeau, à l'extérieur ... Il se coupait jamais les cheveux, alors moi non plus."

Inutile de repréciser que nous jouions beaucoup sur notre ressemblance, tous les deux. D'ailleurs, ma garde-robe n'avait été composée que de vêtements masculins. De toute façon, je supportais pas les jupes, les décolletés, le genre de chose qu'a d'intérêt que pour les minettes.
Du coup, je me souviens des têtes ébahies des jurés quand ils ont vu Inno' s'avancer à la barre. On portait les mêmes vêtements, j'avais noué mes cheveux à sa manière pour l'occas' ... Évidemment, le juge a pas compris qui j'étais, qui nous étions, pas plus que mon avocat. La vérité, c'est que même si mon frère me tendait la main, je ne pourrais pas l'atteindre ... Il était la lumière, et moi les ténèbres. Nous étions nés dualité, nés divisés. Rivaux et inséparables, notre force autant que notre malédiction.

Et toi, Angélique, quelle est la tienne ? Pourquoi es-tu là ? Quand une fille blanche devient bête noire, qu'est-ce qui pousse un ange à devenir démon ? Tu me fais de plus en plus penser à ... un animal sauvage, indompté. Rien que ta façon de t'accroupir, de veiller les alentours comme pour guetter un danger. Ou ...

"T'attends quelqu'un ?"

Euh ... vu sa façon de grogner, en fait, je retire mentalement ma question. Marrant, comme méthode de communication. C'est quoi, ton but ? Provoquer les gardiens autant que les détenus ? Perso, je préférais attendre que les ennuis se manifestent, plutôt que de les provoquer. Je pouvais pas me le permettre, pas si je voulais quitter cet endroit au plus vite.
D'ailleurs, là où je serais sérieux dans la merde, c'est si y'avait un soulèvement ... Je suis tellement pressée de sortir que je serais foutue de me mettre du côté des gardiens, et du coup, d'avoir les autres détenus sur le dos. Quelle logique, direz-vous ? Ben, l'envie de sortir pour bonne conduite. Histoire d'être peinarde jusqu'à la fin de mes jours, et de revoir Inno'. Mais toi, Angé', t'avait plus l'air de quelqu'un qui aimait chercher les coups.
Alors pour sûr, je me lierais pas à toi. Je conserverais mon expression froide et mon sourire sec. Mais qui pouvait avoir envie, dans un tel lieu, de rester solitaire ? Pas moi, en tout cas. Je jetais un regard au livre resté entre mes jambes.

"Dis, Angé'. Tu te débrouilles en anglais ? Je veux dire, pour lire. Ce pays à une façon tellement ... spéciale de prononcer les mots ..."

Spéciale, pour pas dire casse-couilles. Tenez, hein ! Pourquoi ils prononçaient la moitié de leur 'e' comme des 'i', et la moitié de leurs 'a' comme des 'e' ? C'était vraiment pour faire tourner les purs produits du système éducatif français – comme moi – en bourrique !
Nan, je fais pas preuve d’intolérance. Au contraire, je soutiens que le pays de ma naissance est aussi pourri que celui où je me trouve, en ce moment. C'est pas du racisme, ni du patriotisme. Juste du négativisme ; l'une des disciplines dans laquelle j'excelle.
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MessageSujet: Re: La classe après l'heure ... [LIBRE]   La classe après l'heure ... [LIBRE] Icon_minitimeSam 22 Mar - 22:03

Blanche passa une main dans ses cheveux, cheveux attachés en une couette sur le côté. Intriguant. On a plus coutume d’attacher ses cheveux à l’arrière de la nuque, ou un peu plus haut que la nuque, mais faire une couette… Enfin, des couettes, c’est pas si inhabituel, là le truc, c’est qu’y en a qu’une seule. Ça lui fait une longue cascade aile de corbeau qui descend sur tout son flanc, qui se pose à côté de ses genoux. Assise en tailleur comme ça, elle aurait presque pu se servir de sa crinière pour se faire une couverture.

-Oh, y'a pas de raison spéciale. J'ai un jumeau, à l'extérieur ... Il se coupait jamais les cheveux, alors moi non plus.

Un jumeau. Un frère. Une famille. Une famille, quelle chance. Non ! Une famille est une faiblesse. Il suffit qu’on s’en prenne à elle pour qu’on devienne une espèce de chochotte. En fait, j’étais plutôt satisfaite d’avoir envoyé Anne sur les roses lors de notre dernière rencontre. Je fermai les yeux pour me laisser envahir par les souvenirs.

***

Les mains liées dans le dos, menottées. Deux flics, un à ma droite, un à ma gauche. Je regardais partout à la fois, détaillant le moindre truc, même inutile. Un poubelle en plastique cerclée de fer, suspendue au mur, avec un couvercle de métal. Des bancs, plein de bancs pour les jugés en attente de leur procès. Une porte, de l’autre côté du couloir. Deux flics par porte, plus des types de la sécurité. Je râlai sous la muselière. Non, en fait, j’écumais rage. Bon sang, mais laissez-moi tranquille, merde ! Enlevez-moi ce machin ! Je grognai et me débattis un instant, pour la forme. Je n’allais pas me laisser mener comme ça, sans chercher la merde, quand même !

Anne courut vers moi. Elle venait d’arriver, et passa la porte que je venais de quitter du regard. Son regard affolé montrait bien que personne ne l’avait mise au courant de mes faits. Elle se précipita sur nous et arrêta les deux flics d’une parole. A moitié essoufflée, elle leur demanda des explications, que le policier de droite lui donna d’une voix morne.

-Elle a tué l’un des nôtres, ainsi qu’un jeune homme. A tenté de tuer un deuxième représentant de l’ordre. Ah, et aussi, on a découvert qu’elle avait l’habitude de revendre des armes blanches.

-Non. Je ne vous crois pas… Ce n’est pas possible, Angélique est une gentille fille. Jamais elle n’aurait eu ce genre de comportement, et puis… pourquoi vous lui avez mis ce… cette chose immonde sur le visage ?

-C’est votre fille ?

-Quelque chose s’en approchant, dirais-je.

-Eh bien, sachez que votre fille est une saloperie de psychopathe, madame ! s’exclama le deuxième flic.

Son collègue lui tapa derrière la tête, un air furibond peint sur le visage. « Espèce de crétin ! » disait son regard. Anne les regarda comme s’il venait de leur pousser des ailes.

-Non, c’est faux. Vous mentez. Angélique a eu une période difficile, mais je ne peux pas croire ce que vous dites. Elle n’aurait jamais fait de mal à une mouche.


C’est là que j’ai craqué. Je m’étais accroupie, profitant de la querelle entre les trois adultes pour exécuter une méthode que j’avais déjà expérimentée. C’était vachement dur en vrai, n’empêche. J’avais déjà réussi à fait passer mes poignets liés de derrière à devant moi, mais avec de vraies menottes de vrais flics, c’était une autre paire de manches… Je parvins toutefois à faire ce que je voulais, à passer mes jambes dans la boucle que formaient mes bras, et à me retrouver les mains du bon côté. Je me relevai au bout de quelques dizaines de secondes, pour faire genre que j’étais fatiguée d’être accroupie. Personne ne fit attention à ma manœuvre.

Je m’approchai d’Anne. Juste un pas, mais cela suffit pour que les deux flics me retiennent chacun par une épaule. Mon visage ne reflétait aucune émotion, juste un vide froid et glacial. Le visage du prédateur avant de bondir sur sa proie. Puis, au moment de bondir, l’expression qui se transforme. Devient un sourire malsain que personne ne peut voir.

***

-Dis, Angé'. Tu te débrouilles en anglais ? Je veux dire, pour lire. Ce pays a une façon tellement... spéciale de prononcer les mots...

Hum ? Quoi ? J’avais été déconnectée pendant quelques minutes. Peut-être moins… De l’aide, tu veux de l’aide. Okay. Je poussai un profond soupir en essayant de me rappeler de ce que me disaient mes profs de langue au lycée. « Une aisance étrange, mais un sérieux problème conflictuel avec l’autorité, qui fait qu’elle refuse toute correction ». Bon, OK, maintenant j’accepte qu’on me corrige quand je fais une erreur.

-Je veux bien faire ce que je peux. Mais va y avoir un problème, parce que si je me débrouille pas trop mal, j’ai… Je suis arrivée ici avant la fin de ma classe de première. Alors… ben… j’ai pas mon bac d’anglais.

J’eus un instant de vide intersidéral. Classe de première. Dix-huit ans, classe de première. J’avais un an de retard, dis donc ! J’y avais jamais vraiment fait attention jusqu’à aujourd’hui. Mais là, ça me frappait violemment. En fait, ma scolarité adaptée à ma… réinsertion… dans le monde social m’avait coûté une différence d’âge avec ceux de ma classe. Au moins, ici j’étais pas la plus vieille. Cela me fit rire, doucement. Ah, les souvenirs… Soupir.
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MessageSujet: Re: La classe après l'heure ... [LIBRE]   La classe après l'heure ... [LIBRE] Icon_minitimeJeu 27 Mar - 19:35


Hé-oh, ma grande ! J'suis là. Okay, se perdre dans ses pensées, c'est vachement facile. Je suis plutôt bien placée pour le savoir. En règle générlale, faut le reconnaître, j'suis une championne de la prise de tête. Moins que des constatations inutiles, mais quand même. Ah oui, vous aviez remarqué ?

"Je veux bien faire ce que je peux. Mais va y avoir un problème, parce que si je me débrouille pas trop mal, j’ai… Je suis arrivée ici avant la fin de ma classe de première. Alors… ben… j’ai pas mon bac d’anglais."

Bah toi, même si tu l'as pas fini, t'as le mérite d'avoir voulu le passer. Nan, moi je passais le plus clair de mon temps à faire semblant d'écouter en cours. J'ai pas une capacité d'attention hors-norme, si vous voyez ce que je veux dire. Sauf, éventuellement, avec les gens qui m'intéressent. Et faut être honnête, les profs, c'est pas une catégorie de gens qui vous tiens super en haleine. Sérieux, j'ai été plus intéressé par les vieux James Bond que par mes contrôles d'histoires. Et pourtant, j'aime pas James Bond.

Qu'est-ce que j'aime, dans la vie, moi ? Nan, du coup, j'me pose sérieusement la question.
J'suis peut-être une éternelle blasée, remarque. Ca serait même pas étonnant. J'aime mon frère. Et le sport, particulièrement la gymnastique. Le truc, c'est qu'à part ça, j'aime pas grand-chose. J'aimais pas les cours, j'suis pas fan de lecture, et je suis quelqu'un de résolument ennuyeux. Ouais, en fait, je suis une sale gamine avec un fort esprit de contradiction, à la base. Alors, j'vois pas pourquoi je remettrais mon attitude en cause.

"T'en fais pas ! J'suis une tanche, c'est à peine si je comprends ce qui se dit ici. Je suis dans la merde, hein ? Jusqu'aux oreilles, et avec la bouche grande ouverte."

Ouais, tout à fait. Et je lui dis tout ça avec mon sourire le plus charmant, comme si ça me faisait plaisir de le constater. Je vais finir par passer pour une maso.

Mais bon, autant être honnête, hein. Même si j'allais en cours pour être avec mon frère, j'ai arrêté d'étudier sérieusement y'a deux ans. Trop de boulot à la maison. J'aurais pas pu compter sur les connards de mon village de ploucs pour aider ma mère. Ces culs-bénis étaient obsédés par l'idée qu'une femme pourrait jamais élever deux enfants, et s'occuper en plus d'une exploitation avec mon père absent. Tout ça parce qu'elle avait une santé fragile et que papa était pas souvent là. Il fallait bien quelqu'un pour leur faire fermer leur gueule, à ces débiles.

Et puis manque de motiv', hein, essentiellement. On a beau dire, ça joue aussi. Rester assise sur une chaise à longueur de temps, c'est pas mon truc. D'ailleurs, je me lève de la mienne pour m'accroupir en face de ma co-dét'. Ouais, je trouve que ça sonne bien, ça. "Co-dét'". Vu qu'on peut pas franchement appeler ce qu'on partage une colloc'.

"T'as une longueur d'avance, ma grande."

Pourquoi je lui dis ça ? D'un côté, parce que je la pense plus âgée. Bah ouais, à part celle qui a les cheveux de grand-mère, je vois personne qui ait l'air plus jeune que moi. Je suis presque sûre que si j'avais pas l'air si pimbêche, je me serais déjà fait emmerder. C'est que je suis même pas une meurtrière, moi ! Juste une comédienne.

La comédie, c'est super utile dans la vie. Ça vous sert à dissimuler vos pensées, vos intentions. Et surtout, dans mon cas, ma personnalité. Que ce soit auprès de ma mère, de mon père ou de mes enseignants. Je suis pas tout à fait du genre "normale", 'voyez. Y'avait qu'Inno qui connaissait ma face la plus terrible. Celle qui serait capable de tout, et surtout du pire, pour lui. Pour le protéger. Cette facette qui m'a conduit ici, dans cet endroit glauque.

Celle qui fait que je discute avec une personne, pour qui j'éprouverais pas le moindre intérêt en règle générale. Pourquoi ? Parce que j'me connais. Depuis que je suis arrivée, je suis en rogne. Contre les flics, contre les jurés, contre tous. Et je sais très bien que si je reste comme ça, je vais finir par craquer. Et ce sera beau à voir pour personne, surtout pas pour moi. Sauf qu'il faut pas que je craque. Je dois rester calme, si je veux sortir de là au plus vite.

Et si cette fille a tendance à l'automutilation, j'en déduis que la douleur la gêne pas plus que ça. 'Voyez où je veux en venir ? Si je veux vraiment me défouler un jour, que j'arrive plus ou moins à faire de cette fille une amie ... rien m'empêcherait de me défouler sur elle. Amicalement parlant. Ou comment faire d'une pierre trois coups : éviter de troubler l'ordre, rompre la solitude et avoir de quoi se mettre sur la gueule. Mais bon, j'en suis pas encore là. Pour le moment, je la connais même pas assez pour envisager la cogner. Ou lui confier des trucs.

Je récupère le bouquin, cherche la page qui m'occupe. Mon doigt se pose sur la phrase qui m'a retourné le crâne, et je la montre à Angé.

"En tout cas, si ça te dérange pas, ce serait sympa que tu m'aide à comprendre ça."

Et ... une illumination jaillit dans mon esprit. C'est peut-être pas conseillé de demander à quelqu'un ce qu'il fout là, où en tout cas pas à la première rencontre. Mais elle a au moins du tuer, pour atterrir ici. Là-dessus aussi, ça lui donne une longueur d'avance. Alors, je peux bien lui demander. Un type qui a une mort sur la conscience, il fait quoi pour s'occuper ?

Ben quoi ? On vous a jamais dit qu'un comédien doit toujours s'améliorer ? Et si je me suis pas fait choper pour l'instant, pas dit qu'un jour on devine pas que je suis pas un assassin. Alors, plutôt que de faire semblant dans l'ignorance, autant combler mes lacunes.

"Comment tu te débrouille pour pas t'emmerder, ici ?"


Wah. Joliment dit. En même temps, hein, on est pas en plein concours de poésie. Et puis, avec ces quelques phrases, je suis déjà plus bavarde que d'habitude ! C'est pas rien, quand même.
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MessageSujet: Re: La classe après l'heure ... [LIBRE]   La classe après l'heure ... [LIBRE] Icon_minitimeSam 29 Mar - 23:40

Sympa l’image. Vraiment. Pas des plus élégantes, mais ça fait son petit effet. Je m’autorisai un sourire invisible, en réponse au sien, absolument radieux. Elle faisait exprès ou quoi ? Oui, probablement… Enfin… j’espérais. Être dans les ennuis ou la galère, et s’en réjouir ? Ça me ressemblait tellement que j’en fus surprise. Ben ouais, ma grande, va falloir t’y faire. T’as eu l’habitude de te croire unique, parce qu’Anne te le répétait à longueur de journée, mais c’est pas vrai ! J’entendais presque le « nananananèreuh » derrière…

-T’as une longueur d’avance, ma grande.

Ah oui ? Vraiment ? Je vois pas trop en quoi. D’accord, je comprend ce qu’on me dit, mais butée comme je suis, je galère vraiment à discuter avec les gens. Bon, c’est vrai aussi que quand je m’y mets, je me débrouille bien. M’enfin, leurs mots sont compréhensibles. Sauf quand je les ignore. Oui, mais là c’est ta faute, Angie. Je sais, c’est pas la peine de me le rappeler. Mais bon, c’est tellement drôle de le entendre rager jusqu’à ce qu’ils en viennent aux mains.

-Une longueur d’avance… ça se discute.

Blanche a l’air de bouillir intérieurement. Oh, elle le cachait super bien, mais certaines choses ne trompaient pas. Notamment d’infimes mimiques que j’avais appris à identifier au lycée, quand je… faisais mon petit commerce, dirons-nous. Non, je ne suis pas gênée ni scrupuleuse quant à ce que j’ai fait, seulement… maintenant, je trouve ça… petit. Je trouvais que ça manquait d’envergure. Je fis la moue, mais me repris rapidement, car si ma bouche était cachée, ce genre d’expression faciale stimulait aussi le reste du visage, et je refusais qu’elle me trouve dans une position de faiblesse. C’était mon attitude revêche et supérieure qui me valait les coups, pas un air de chien battu.

Puis la brunette aux cheveux super longs tourne son bouquin vers moi et me montre une phrase du doigt. Je me redressai et fis quelques pas vers elle avant de m’accroupir à nouveau, cette fois juste à côté de son fauteuil. Fauteuil, fauteuil, c’était vite dit, en fait… M’enfin bref. “Now, comrades, what is the nature of this life of ours ? Let us face it : our lives are miserable, laborious, and short”. Je réfléchis deux ou trois secondes sur la façon dont j’allais dire ça, pour que ça reste correct, grammaticalement parlant. Cependant, ma voisine de chambre, ou voisine de cellule plutôt, me posa une question intéressante.

-Comment tu te débrouilles pour pas t’emmerder, ici ?

-Euh…

Elle m’avait carrément prise au dépourvue, là. Comment je m’occupais ? Je détournai la tête et me plongeai dans mes réflexions. Voyons voir…

-J’ai plusieurs solutions contre l’ennui. D’habitude je vais courir dans la cour. En général ça suffit, mais sinon je vais taper dans des trucs en salle de musculation.

Je me rendis compte que ce n’était que la partie émergée de l’iceberg. Je lui mentais en partie. Et je détestais mentir. C’était tellement plus simple de dire la vérité. Alors je me corrigeai.

-Mais bon, je m’ennuie rarement ici, alors mes conseils ne valent pas grand chose. En fait, je m'amuse bien, contrairement à ce qu'on pourrait croire !

J’éclatai de rire, et me calmai rapidement, pour ne pas trop attirer l’attention sur nous. Pour ma part, je savais que me faire cogner avait plus tendance à me réjouir qu’à m’effrayer, mais étant tout de même dotée d’un cœur, je préférais éviter de mettre Blanche dans les ennuis.

-Sinon, il y a toujours moyen de taper sur les gens, il font d’excellents défouloirs… ajoutai-je avec un sourire malsain.

Sourire, qui comme toujours, était invisible des autres. A la limite, quand il s’agissait simplement de montrer mes sentiments, de rire à une blague, je m’en fichais que personne ne voie mes lèvres. Mais quand il s’agissait de faire partager aux autres mes changements d’attitude, là, ça me tapait sur le système. Je refusais catégoriquement que cette saloperie de muselière de merde à la con m’empêche de faire ce que je voulais ! Je poussai un grognement et crispai mes mains sur les sangles. Je voulais à tout prix les enlever, les arracher, quitte à m’arracher à moi aussi de la peau. Le grondement prit de l’intensité tandis que je tirais violemment et en continu sur le cuir. Je devais sûrement avoir l’air complètement aliénée, mais tant pis, je ne supportais pas qu’on m’entrave ! Enfin… si, mais seulement dans le but de me faire du mal. Du mal physique. Pas ce mal, cette douleur inexistante qui ne résidait que dans ma tête. J’étais quelqu’un de purement… physique. La torture mentale m’échappait, et le fait que quelqu’un en use sur moi me rendait folle.

Je tirai une dernière fois, brutalement, et ne réussis qu’à me faire mal. Dans un grognement rageur, j’abandonnai l’idée de me libérer de cette façon, et reportai mon regard sur Blanche. Il allait vraiment falloir que je me contrôle parce que sinon, Luckas n’allait pas être le seul à me voir sous mon air sauvage. Je pris une profonde inspiration, expirai, et fermai les yeux. On. Se. Calme. Inspire, expire. Voilà, mieux. Je rouvris les yeux et les plantai dans ceux de Blanche. Puis je mes rapprochai doucement d’elle, pour ne pas donner l’impression de l’agresser, et lui montrai la phrase pour laquelle elle avait sollicité mon aide.

-Je pense que la traduction doit s’approcher de « camarades, quelle est la nature de notre vie ? Faisons-y face : nos vies sont misérables, difficiles, et courtes ». Voilà. Après, c’est sûrement pas excellent, et je suis sûre qu’il y aurait des dizaines de manières différentes de traduire cette phrase. Probablement de façon plus élégante que moi. Mais bon, j’ai toujours eu une préférence pour le mot à mot. Le tout, c’est de comprendre l’idée. Si c’est pas clair… Je recommencerai.

Je lui adressai un nouveau sourire, sincère et amical. Un sourire de ceux qui faisait aussi sourire les yeux.
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MessageSujet: Re: La classe après l'heure ... [LIBRE]   La classe après l'heure ... [LIBRE] Icon_minitimeMer 23 Avr - 21:08

"J'ai plusieurs solutions contre l'ennui. D'habitude, je vais courir dans la cour. En général, ça suffit, mais sinon je vais taper dans des trucs en salle de musculation."

Taper des trucs et courir. Ouais, classique. J'aimerais bien taper plus de trucs, moi. Le problème, c'est que je risquais de me blesser. Quoi ? Ouais, ouais, je sais ce que vous vous dites. C'est pas possible, j'ai pas la carrure, c'est que de la gueule.
Ben oui, et non.
Oui parce que je passais pas mal de temps à me dire que je peux faire ci ou ça, seulement pour me convaincre que je pouvais le faire. Hé ouais, ça craint à dire, mais ça fait deux ans que la Blanche elle est en pleine crise d'ado. Elle se cherche, elle pensait s'être trouvée, mais maintenant que son frère et plus là, l'équilibre bascule et ça part en vrille. C'est con la vie, hein ? Suffit de pas grand-chose pour tout faire péter.
Et pour finir, non. Parce que sous le coup de l'émotion, ma putain de maladie se chargeait de moi. Je contrôlais plus du tout ma force, et le – ou les – coup partaient presque tout seuls. Comme j'étais tout le temps en colère depuis un bout, ça m'aidais pas. Tenez, ce matin encore. J'avais un morceau de pain dans la main, mon con de bras a décidé de se prendre un spasme, et hop ! P'us bout de pain ! Pourtant, j'étais bien obligée de bouger, sinon ledit bras allait devenir raide, ça allait encore me faire p ... de mal et j'allais râler – plus que je le faisais déjà, je veux dire. Si-si, c'était possible. Et évidemment, c'était le genre de truc que j'avais pas forcément envie de gueuler sur tous les toits, voyez ? Pas envie d'être obligée de passer à l'infirmerie pour un truc que je gérais très bien toute seule. Ou en tout cas, que je me persuadais vachement bien de gérer.

Comment ça, je le gère pas ? Mais si, très bien. Bande de nuls. Pourquoi est-ce que j'ai l'air d'une anorexique, à votre avis, p'tits génies ?! Je savais juste très bien que si je mangeais trop, je m'endormais. Quand j'étais fatiguée, j'étais plus émotive. Du coup, mon bras faisait plus facilement des siennes et j'avais du mal à le gérer. Alors ouais, à choisir, je préfère finir mon assiette et pas retoucher à la bouffe, même si j'adore ça et que je suis un peu trop fil-de-fer.

Ça y est, je me repaye un coup de gueule mental. C'est pas le moment, là, sérieux ...
Je veux dire qu'il y a un sérieux décalage entre mon ego et moi, voyez ? Je savais très bien que je disais des conneries, que j'en faisais aussi, mais mon ego voulait pas l'entendre. Je savais très bien que j'avais un caractère exécrable, que je valait pas grand-chose et que j'étais utile qu'à Inno, mais mon ego refusais de me le faire dire. C'est quand même con, hein ?

"Mais bon, je m'ennuie rarement ici, alors mes conseils ne valent pas grand chose. En fait, je m'amuse bien, contrairement à ce qu'on pourrait croire !"

Elle s'ennuyait rarement, qu'elle disait. Faudra qu'elle m'explique comment elle fait, là. Mais bon. Quand elle éclata de rire derrière sa muselière, je souris. Sois sympa, Blanche, ça te changera.

"Sinon, il y a toujours moyen de taper sur les gens, ils font d'excellents défouloirs... "

Les gens, d'excellents défouloirs ? Ok. Donc Angie avait de vagues tendances masochistes, ça ça avait l'air plutôt clair. Par contre, je devais aussi en déduire qu'elle aimait probablement se comporter comme une chieuse, du moins assez pour se mettre du monde à dos. C'était tout à son honneur, cela dit, si elle était sûre de pas se faire massacrer ... Pour ma part, c'était pas le cas.
Je veux dire, honnêtement, entre nous. Quand je me prenais les coups, j'évitais de broncher parce que ce serait faire plaisir à celui qui me les donnait. Ça voulait pas dire que je prenais pas cher et que je douillais pas un max. Alors j'étais assez d'accord : se défouler sur les gens, ça pouvait vachement faire du bien ...

"Et rares sont ceux qui le reconnaissent."

... mais moi, j'étais pas maso. Je faisais 'avec' la douleur, pas 'pour' elle. J'étais quelqu'un d'impulsif, et même si je faisais de mon mieux pour le cacher, j'étais assez vite grillée de ce côté-là, généralement. Ici, ça faisait un mois sans incident. Mon record. En même temps, il y avait personne pour s'en prendre au petit frère, ça facilitait le truc. Mais quand même.
Ah, elle se défoulait sur ses sangles. Wah ... Bizarrement, je l'imaginais très bien en train de s'auto-déchiqueter le poignet, là. Bête réflexe – j'suis pas maso, je l'ai dit – je reculais pour laisser de l'espace à ma co-dét'. Si elle voulait se battre avec son morceau de cuir, je préférais éviter de faire l'arbitre et de me prendre son coude dans la gueule. Je veux dire, je lui aurais bien proposé de l'aider si ladite muselière se fermait pas visiblement avec un code. Seulement, je ne tenais pas forcément à faire une connerie qui la forcerait à rester coincée là-dedans, vous voyez.

Elle arrêta de tirer, me dévisagea un moment. J'avais retrouvé mon sourire froid, croisé les mains sur mes genoux et j'attendais. Je voyais qu'elle fermait les yeux, qu'elle essayait de se calmer.
Bonne idée. Va pas t'arracher la mâchoire devant moi, ça m'embêterait de devoir expliquer ça aux gardiens. Un truc de ce genre. 'Fin, je vois pas trop comment elle pourrait s'y prendre pour ça, mais l'idée y est.

"Ça va la vie, sinon ?"

Je sais pas pourquoi je fais ça, pourquoi je balance cette phrase quand elle rouvre les yeux. C'était soit de la provocation, soit de la sympathie ... En fait, je crois même que c'était un peu des deux.
Oh ! Scoop, là dis ! C'est que je deviendrais presque sociable !
'Fin, elle finit par me faire la traduction. Et c'était nerveux, je rigolais. Je savais pas pourquoi, mais je rigolais. La simple idée qu'Inno allait devoir lire ça me rendait hystérique. Je savais pas si c'était parce que j'accumulais la tension depuis trop longtemps, ou si c'était que j'avais tourné la carte, mais l'idée y était. J'étais hystérique, pliée de rire au point d'en pleurer, et ça me gênais même pas plus que ça. Je perdis même l'équilibre, me retrouvais assise.
J'imaginais d'ici la tête du frangin ! "Mais c'est quoi, cette daube ? Dis, on lit un chapitre chacun et on se copiera dessus ?" ... Ah, ah ah ...
Ouais, ça se serait passé comme ça.
Mais ça se passera pas comme ça.

La Blanche, elle avait plus envie de rire, là. Au contraire. C'est qu'elle te regardait le sol comme si elle voulait le faire exploser par l'esprit ! Je serrais la mâchoire, les poings. Fallait ... que je sorte. Faudrait que je fume, même. Ouais, ça me détendrait.
Au lieu de ça, je me relevais et lissais mon pantalon en faisant gaffe à pas croiser le regard de la co-dét. Ça loupe pas, mon bras se prit à faire un écart pour percuter l'étagère proche, en me faisant grimacer de douleur au passage. Rien à foutre. Je ramassais le bouquin, le balançais sur le siège. Trop loin, il tomba par terre ... fais chier. Flemme de le ranger, dans l'immédiat. Juste envie de me défouler, piquer une crise contre n'importe quoi. Un moment, je dévisageais même Angé' en me demandant sérieusement si j'allais la frapper ou non. J'avais bien envie là, comme ça. Juste parce qu'elle était au mauvais endroit au mauvais moment, en fait. En plus, si elle aimait vraiment s'en prendre plein la gueule, ça devrait pas la déranger. Si ?

Merde, qu'est-ce que j'en avais à foutre de toute façon ?! Je flanquais mes mains dans mes poches, ras-le-bol. 'Fin, s'agissait quand même d'être honnête.

"Merci. Sympa, de discuter avec toi."

Vu mon ton, on devait s'imaginer que c'était de l'ironie. Même pas. J'avais juste les nerfs grave en pelote, là. Et merde, rien à foutre, rien à foutre ! Je m'en balance. J'avais oublié que c'était pour ça qu'il faut pas que je discute avec les gens, aussi.
Tes putains de réactions à la con.

La sortie, vite.
Me faut de l'air.
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Angélique Loiseau
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MessageSujet: Re: La classe après l'heure ... [LIBRE]   La classe après l'heure ... [LIBRE] Icon_minitimeMar 29 Avr - 17:50

Et elle éclate de rire. Waouh. Si je m’attendais à ce genre de réaction… Elle s’en retrouva pliée, à se bidonner sur son fauteuil. Ben là, j’étais dépassée. Je pensais pas m’être foirée sur mon ébauche de traduction, ni que mon sourire des yeux pouvait entraîner pareille… crise. Et pis elle changea. Re-waouh. Elle bouillait de rage. Une rage sourde et profonde, qui devait au moins couver depuis des jours, voire des semaines. La façon dont elle regardait le sol me donnait des frissons partout dans le dos. Si seulement elle pouvait criser et s’en prendre à moi… Vue la façon dont elle se contenait, elle ne tiendrait probablement pas bien plus longtemps, et il valait mieux qu’elle extériorise. Et vite.

Elle se leva finalement, lissa son pantalon, et son bras partit de lui même taper dans une étagère. Oulà… Me semble qu’il y a quelques pitis problèmes dans son corps… Puis elle tenta de se débarrasser du bouquin, qui alla malheureusement s’étaler par terre, un peu plus loin, dans un claquement qui dut alerter le bibliothécaire ou du moins, quelques visiteurs. Blanche finit par croiser mon regard, et j’y lus un besoin intense de se défouler, de se vider de sa colère. Ses poings tremblaient un peu. Signe d’un autre pétage de câble comme à l’instant, ou qu’elle se retenait de toutes ses forces ? Pourquoi ne frappait-elle pas, d’ailleurs ? Disons que mon côté maso était éminemment mis en avant, donc ce devait être pour une autre raison. Quand la tension fut à son comble en moi, que je me sentis sur le point de bondir pour être le déclencheur qui embraserait sa rage, elle fourra ses mains dans ses poches et sortit.

-Merci. Sympa de discuter avec toi.

Son ton était un chouïa trop furieux pour exprimer une haine pure, pourtant, il était sacrément incisif. Juste ce qu’il fallait pour me motiver davantage. Un long frisson d’excitation courut tout le long de mon échine et mon sourire se fit carnassier. Pendant que je faisais tout mon possible pour retenir un rire monstrueux, Blanche s’empressa de me quitter. Je décidai de me raccrocher à tout ce qui pouvait m’empêcher de péter un boulon et me levai pour ranger le livre. Enfin, ranger… J’avais pas la moindre idée de l’endroit où ma coloc’ l’avait déniché, du coup, je me contentai de le poser sur le bureau du bibliothécaire avant de me ruer dehors.

Merde. Et si elle ne voulait pas que je la suive ? Pourrait-elle, comme une grande partie des détenus, me tuer si je poussais trop loin ? Taillée comme elle était, elle ne me tuerait pas si vite. Cela signifiait que j’avais une forte chance de pouvoir me débattre avant de mourir. J’avais beau retourner la situation dans tous les sens, j’en arrivais toujours au résultat suivant : elle allait craquer, et il vaudrait mieux pour tout le monde qu’elle ne le fasse pas n’importe où. Je la rejoignis et l’attrapai par le bras, puis plantai mon regard dans le sien.

-Attends, attends, Blanche. Tu m’as l’air à deux doigts de faire une bêtise. Si jamais tu… Enfin…

J’étais pas très à l’aise avec les gens. Trop solitaire, selon certains psys. M’enfin, j’avais pas grandi dans une famille aimante, ni entourée de tas de gens avec qui discuter, alors j’avais du mal, forcément.

-J’ai pas l’habitude de dire ce genre de choses, mais… Si jamais tu as besoin d’un punching ball ou de quelqu’un sur qui hurler pour passer tes nerfs… Tu peux compter sur moi. Disons que ça vaudra toujours mieux que d’être repérée par les gardiens en tant que rebelle. Autant profiter de cette… combinaison de comportements…

Je rougis. J’étais vraiment nulle en matière de discussion. Je détournai le regard et lâchai son bras, dont les muscles tendus me démontraient qu’elle était encore à deux doigts de lâcher la bonde à sa colère.

-Après… libre à toi de m’envoyer chier.

Je reculai d’un pas et me triturai les mains pour me donner une contenance. Nom de Dieu ce que j’étais mal à l’aise ! Et mon cœur qui battait la chamade ne m’aidait vraiment pas. J’avais… peur de sa réaction. C’était d’une crétinerie à toute épreuve, mais c’était plus fort que moi. J’avais peur de me mettre à dos ma coloc’, qui dormait dans la même cellule que moi. Remarquez que ç’aurait été vraiment con, ça. On se frite, et après, au moment de se retrouver, le soir, incapable de fermer l’œil en cas de représailles. Là, y a pas photo, pour moi, ce serait l’insomnie assurée. L’attente et la prédation était pour moi deux choses que je tenais pour innées. J’avais, de plus, pris l’habitude de chasser au couchant et un peu à l’aube, en même temps que les autres chasseurs, heure à laquelle sortaient toutes les bestioles appétissantes. Si nous nous battions là, maintenant, et qu’il n’en résultait pas une relation solide, mais une haine viscérale, et que nous restions à nous guetter en chien de faïence, je ne lâcherai pas l’affaire trop facilement. Pas dit que je gagnerais, mais au moins… je me serais battue.
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MessageSujet: Re: La classe après l'heure ... [LIBRE]   La classe après l'heure ... [LIBRE] Icon_minitimeVen 16 Mai - 15:35


Je m'en voulais sérieusement, là. Pas parce que je gueulais presque, que j'étais en rogne où parce que je me faisais remarquer ; je m'en voulais parce que j'étais la personne la plus conne que je connaisse. Inno' me manquait. Sérieux. Je tuerais pour avoir un portable, pour l'appeler. De ce que je croyais avoir comprit, certains détenus passaient plus où moins des accords avec des gardiens pour obtenir des trucs. J'y songeais de plus en plus sérieusement, mais le problème restait le même : je baragouinais quelques mots d'Anglais, maintenant, mais ça restait une bouillie de son que j'étais pas sûre que quelqu'un puise comprendre.

Fallait que je frappe quelque chose. N'importe quoi. Pas un mur, de préférence. J'avais pas été dans cet état depuis un bail. Le regard fixe, droit devant moi, les mains au fond des poches. Il me faut de l'air, vite. Je déteste être enfermée. Je supporte, mais là, je ressens clairement que ça va pas le faire.
Si j'allais dans la cour, l'air m'aiderait à me calmer. Parce qu'ouais, la cour était aussi laide que l'intérieur, mais au moins je pouvais avoir du vent sur la figure. Et même de la pluie, avec de la chance. J'avais aucune envie de retourner en cellule, si je le faisais je ferais une connerie. Mon mot d'ordre, c'était de pas me faire remarquer. Surtout pas. Je voulais sortir d'ici le plus vite possible. Et merde !
Je donnerais mon âme pour une cigarette. J'avais jamais beaucoup fumé, mais j'avais déjà constaté que ça me détendait. Inno' détestait l'odeur de ces trucs. Je haussais les sourcils. J'aimerais mieux le revoir que de fumer, c'était clair. Mais fallait rester calme ...

Rester calme, rester calme ...
Là, c'était vachement mal parti.

Je me retournais vivement, le visage crispé, quand Angé' me rattrapa par le bras. Qu'est-ce qu'elle voulait ?! C'était pas le moment, bordel ! Mon gros but, là, c'est de pas me mettre les gens à dos. Sauf que quand je suis sur les nerfs, j'suis sur les nerfs avec tout le monde. Mais elle parle, et j'ai envie de la faire taire. En gueulant ou en l'étranglant, en faisant n'importe quoi pourvu qu'elle la ferme. À deux doigts de faire une connerie, sans déc' ?! C'est qu'elle était perspicace !

'Ttendez ...
Elle me propose de faire punching-ball ? Ok, dans le genre surréaliste, je croyais avoir tout vu avec les série débiles que je regardais dehors. Mais elle se fout de moi ?! Merde, j'en sais rien, moi !
Y'a un truc qui me gêne. J'ai toujours respecté une règle : jamais frapper la première. Je ne sais pas ce qui me prend. Une pulsion, sûrement. Dans cet état, je réfléchis plus. C'est plus moi. Je passe de froide et hautaine à conne et impulsive, ça vous brosse le portrait. Je dois avoir envie de me battre, j'imagine ! J'ai envie de me battre dès que j'ai les nerfs de toute façon. J'ai un caractère de merde – et j'suis pas poète.

"Après... libre à toi de m'envoyer chier."

Je la dévisage pendant quelques secondes. Immobile, les traits crispés, campée sur mes pieds. Mes mains tremblantes de rage enfoncées dans mes poches, en la fusillant du regard sans raison.

Je lui balance mon poing sur la gueule.
Pourquoi? Sais pas. Je plains presque la fille, elle m'a rien fait. Je la fixe sans rien dire, ça n'a pas du faire du bien en fait. Non, sûrement pas. Mais je vais pas m'excuser. Ça impliquerait de donner des explications sur ce geste idiot et j'en ai pas. "Tu l'as demandé", "Mauvais endroit au mauvais moment" ... ce serait des conneries. Je fais que chercher un coup inutile, point final.

Je suis sur les nerfs, je contrôle pas ma force, et la douleur remonte le long de mon bras jusqu'à mon épaule. Ça me fait un bien fou, au point même de m'arracher un sourire. J'aime pas avoir mal ... mais dans le cas présent, c'est nécessaire. Ça me rappelle qui je suis.
Un seul truc me freine. Je sais pas jusqu'où je peux aller avec Angé', j'ai déjà pas l'habitude de donner le premier coup. Je recule un peu, dans le doute. Je me prépare pas à la frapper une deuxième fois et je fais pas mine de vouloir me protéger. Peut-être qu'un bon coup sur la mâchoire me ferait un bien fou ? Pas que je veux me faire défoncer, mais j'ai l'impression de m'être un peu perdue. Angé' semble pas bien forte, elle est sûrement réduite par sa muselière. Je dois pas la sous-estimer, mais j'sais que je le fais quand même. Un peu comme si je cherchais à m'en prendre une.
C'est peut-être le cas, en fait. Peut-être que ça me stimulerait, un coup.

Je la fixe et j'attends. Sa réaction ou je ne sais quoi. Je ne sais pas ce que je veux, ce n'est pourtant pas compliqué ! En vrai, j'en sais rien. Y'a qu'un truc dont je suis sûre ; je suis conne. J'ai toujours cru qu'Inno' aurait besoin de moi ...
Mais c'est moi qui ai besoin de lui. Je le prouve encore. Il est ce que j'ai plus de cher, mais surtout un prétexte pour m'en prendre plein la gueule.
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MessageSujet: Re: La classe après l'heure ... [LIBRE]   La classe après l'heure ... [LIBRE] Icon_minitimeDim 18 Mai - 0:52

Son visage trahissait une intense colère. Elle n’arrivait décidément pas à se calmer. Oui, j’étais presque sûre d’avoir fait le bon choix en me proposant pour lui servir d’exutoire. J’avais un très mauvais sens de ce qui pouvait être bien ou mal, mais je savais ce qui était juste pour la communauté. Enfin… je crois… Debout face à moi, elle a beau ne pas être bien plus grande que moi, elle paraît impressionnante. Je déglutis et la regarde dans les yeux. Elle accaparait toute mon attention. Pas comme une proie, plus comme un prédateur plus ou moins létal dans l’immédiat.

Elle avait les mains dans les poches, du coup, j’ai eu du mal à comprendre comment son poing s’était retrouvé en contact avec ma figure… Aïe. Mine de rien, ça faisait mal. Elle avait dû y aller vachement fort, parce que je crois bien que ma lèvre s’est fendue, même si elle avait frappé un peu à côté. Pour confirmer ma pensée, une goutte acide coula, et je m’empressai de la lécher. Je gardai la tête baissée un instant, pour retrouver mes esprits, et éventuellement attendre le prochain coup. Quand je fus certaine qu’il ne viendrait pas, je m’autorisai à relever la tête. Un merveilleux sourire rayonnait sous la muselière, mais je ne m’en tins pas là. Je m’attelai à retenir un fou rire montant. Il secouait mes épaules et me faisait tousser tant je m’efforçais de l’empêcher de sortir.

Blanche paraissait dans l’expectative. Quoi ? Vraiment ? Mais… qu’est-ce que tu veux ? Que… que je te cogne en retour ?! Mais… Comment dire… Je préfère me faire taper dessus, pas trop le contraire. M’enfin, si, mais quand je tape sur quelqu’un, c’est… définitif. Y’avait plus de retour possible après. Et elle… je voulais pas la tuer. Cela calma un instant mes envies de rire. Je fichai mon regard dans le sien et souris, puis me frottai la joue de la paume de la main. Cela raviva un peu la douleur ainsi que mon désir précédent. Je me laissai aller à un léger éclat de rire. Pas celui irrépressible qui me rendait folle de joie, juste un petit rire amusé. J’étais heureuse. Heureuse d’avoir pu faire quelque chose de bien, au moins une fois dans ma vie.

-Alors ? Tu te sens mieux ?

Ma joue me faisait encore mal, mais je tolérai la douleur. Parce qu’elle était douce et tendre comme une caresse. Par contre, Blanche avait dû morfler un peu aussi, ne serait-ce qu’à cause des sangles et des boucles en métal sur la muselière. Je lui souhaitais d’ailleurs qu’elle n’ait pas eu trop mal aux articulations. Celles des mains étaient particulièrement fragiles et douloureuses en cas de blessure. Je me mordis la lèvre pour y faire perler une nouvelle goutte de sang, que je léchai encore une fois, avidement. Ce goût acide et ferreux ne me déplaisait pas, et je savais que pour certains, c’était considéré comme foncièrement mauvais. Qu’est-ce que j’en avais à foutre des autres, hein ? D’abord.

Je jetai un coup d’œil panoramique autour de nous, vérifier que des gardiens n’avaient pas vu Blanche me frapper, m’assurer qu’elle ne serait pas punie. Personne. Personne à part un chat qui avait eu la sale idée de passer dans les couloirs. Il est con, c’chat. Il sait pas que c’est dangereux ? Bon, d’un autre côté, même si mes instincts de prédation se réveillaient, je préférais les réfréner. Ce chat était sûrement à un membre du personnel, les détenus n’ayant pas de tels privilèges. Ce qui signifiait que si je le tuais pour le plaisir de la chasse, j’allais être punie. Ma seule hantise avec cette histoire de punition, c’était la salle d’isolement. Hors de question que je retourne dans ce trou. D’ailleurs… il me manquait… un… truc. Un trou de mémoire. Un bête trou de mémoire qui me frustrait. Je m’étais endormie et puis… Le noir total. Un vide désespérant. Je grognai un peu mais m’appliquai à oublier cet oubli. Je ne voulais pas me pourrir le reste de la journée pour si peu. Pour ce que j’en savais, j’avais probablement dormi jusqu’au lever du jour… Je relevai mon regard vers Blanche.

-J’espère pouvoir servir de sac de frappe plus souvent si tu tapes toujours aussi fort. C’était pas désagréable. Enfin… sauf au début, mais ça c’est normal !

C’était après, quand le coup était passé, que la douleur elle-même s’installait. Et c’était uniquement à ce moment-là que c’était plaisant. Avant, juste avant le coup et à l’instant de l’impact, c’était pas fun du tout. J’avais beau savoir ce qui se passerait après, j’avais beau savoir que j’allais aimer, j’appréhendais toujours le moment où l’on me cognait. J’avais peur d’avoir changé et de ne plus goûter la souffrance comme d’autre le vin. Tant qu’à faire, je préférais qu’on me tape dessus rapidement, sans me laisser le temps d’anticiper ce qui se passerait. Tant qu’on se dépêchait de me faire du mal, j’étais heureuse, mais dès lors que l’on s’attardait… hum… Pas cool.

Encore une fois, je me sentis horriblement mal à l’aise, debout et dépliée. Je commençai d’abord par me recroqueviller un peu, voûter les épaules et baisser la tête, regardant les alentours par-dessous mes cils. Puis, voyant que, comme d’habitude, ça ne suffisait pas à m’apaiser, je me laissai tomber accroupie, sur la pointe des pieds. Je posai les paumes de mes mains sur mes genoux et levai la tête vers ma colloc’. S’était-elle calmée définitivement, ou était-elle encore prête à me mettre sur la gueule ? Dans un cas comme dans l’autre, je serais heureuse d’avoir fait ce que je jugeais juste. Vous allez me dire que de la part d’une fille en taule, c’est pas super évident de parler de Justice, mais là n’était pas la question. La Justice n’avait rien à voir avec la prison. Enfin si. Mais non. Pas dans ce cas-là.

La Justice, c’est… un concept complexe. A mes yeux, c’est ce qui m’a envoyée ici. C’est ce qui fait que je suis punie en conséquences de mes actes. En revanche, quand, en me crachant des injures, la famille d’une victime parle d’injustice, que la mort de leur fils/copain/neveu/mari est injuste, ça c’est des conneries. La mort n’est ni juste ni injuste. La punition pour avoir transgressé la loi, elle, est censée être juste. Pour avoir volé un œuf, je rends un œuf. Pour avoir tué quelqu’un, dans certains pays, on condamne à mort. Dans d’autres… on enferme plus ou moins longtemps. En France, la peine de mort ayant été abolie, j’ai survécu. Mais pour avoir tué, j’aurais dû mourir. Je n’ai pas peur de la mort. La mort n’est qu’un grand vide. Un reflet d’existence, une pâle imitation de la vie. On subsiste dans l’esprit de ceux qui pensent encore à nous, mais dès lors qu’ils nous effacent, on meurt tout à fait. Alors on passe dans le Néant. Et là… plus d’existence… plus de pâle copie… Simplement… rien.

Et ceci non plus ne me faisait pas peur. On était issu du Néant, on retournait au Néant. Ceux qui croient en la réincarnation sont peut-être dans le vrai, je ne suis pas qualifiée pour parler religions ou croyances, mais… Si tout le monde se réincarnait, comment expliquer l’augmentation du nombre de vivants sur Terre ? A mon goût, on suit quatre phases, tous. Néant, vie (naissance), vide (mort), Néant. Un sourire apaisé se déposa sur mes lèvres, sous ma muselière. J’avais encore divagué, incapable de rester concentrée plus de deux secondes quand il ne s’agissait pas de traquer. Un nouvel éclat de rire secoua mes épaules quand je me moquai de moi-même.
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