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 Assis, couché, donne la patte ! Gentil !

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Anja Tchaïkovski
T0151 - L'empoisonneuse maternelle
Anja Tchaïkovski

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MessageSujet: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeDim 2 Mar - 13:46

Quand je m’éveillai ce matin, l’air sentait l’humidité. A moins que ce ne soit la condensation de la salle de bain miniature d’à côté… Au pied de lit, Roméo ronflait comme un sonneur de cloches. Ne préférant pas le réveiller, j’essayai de me rendormir quelques minutes. J’y parvins, et peut-être même un  peu trop bien, parce que quand mes paupières se rouvrirent, ce fut à cause du boucan causé par un gardien. Il tambourinait comme un fou sur ma porte et réveilla Roméo, qui aboya d’un air agressif.

-Chut… Tout doux… lui murmurai-je.

-Lève-toi, l’aveugle ! Va surveiller la cour ce matin. Allez, debout ! beugla-t-il.

Je songeai distraitement qu’il était probablement en train de réveiller tout l’étage, à moins que mon sommeil n’ait été plus lourd que prévu et que je sois la dernière à roupiller. Je répondis rapidement que je me préparais, et me levai. Je me frottai les paupières en soupirant. Un bâillement m’échappa et Roméo fit de même. Il s’étira, faisant crisser ses griffes loin devant lui. Je m’aidai de mes bras pour me pousser hors de mon lit et marchai vers la salle de bain en priant pour que Roméo n’ait pas laissé traîner sa queue sous mes pas. Heureusement, ce n’était pas le cas et je pus me rendre dans la salle exiguë sans lui marcher dessus. Je me débarbouillai, me passai le visage sous l’eau à plusieurs reprises pour chasser le moindre signe de fatigue. J’essayai d’éviter les produits cosmétiques qui traînaient, et fis de mon mieux pour ignorer l’odeur permanente de barbe à papa et de fraise. En effet, ma nouvelle colocataire semblait particulièrement affectionner cette odeur.

Quand je fus presque sûre de paraître fraîche et dispos, je harnachai Roméo et sortis. Je refermai la porte à clef, galérai encore une fois pour trouver le trou de la serrure, et flattai l’encolure de mon chien adoré. Je descendis les escaliers une fois, deux fois, dépassant l’étage des détenus sans y faire plus attention que cela. Ils devaient être eux aussi en train de se rendre au réfectoire pour un petit déjeuner infâme ou dans la cour pour se dégourdir les jambes. Je sortis donc, en laissant toutefois une bonne distance de sécurité entre eux et Roméo, devant moi. Une fois dehors, je laissai le soleil caresser mon visage et le vent souffler dans mes cheveux. Je calai ceux-ci derrière mes oreilles et les rangeai tous dans mon dos, pour une fois. Ils me battaient le creux des reins, mais je savais qu’ils étaient un tout petit peu plus longs que ça, ne serait-ce que parce que le matin, en les brossant, ma main descendait quelques centimètres en dessous.

Surveiller la cour… Il en avait de bonnes ce gardien ! Surveiller quoi ? Des détenus encore ensommeillés qui essayaient péniblement de s’éveiller et de s’accrocher à leur vie ? J’étais presque sûre que celui qui avait décidé des tours de garde était un sadique qui voulait me voir peiner et me faire railler. Voire éliminer. Peut-être était-il simplement un sale type qui aimait voir les femmes en difficultés… Non ! Je ne devais pas penser ainsi ! Notre Père a créé le monde à son image, et tous les Hommes sont bons. Certains le cachent, tout simplement. Ils ont peur de passer pour faibles auprès des erreurs de conception. Ces erreurs de conception que je devais maintenant épier. Le truc, c’est que pour épier, il me faut des yeux, et que ceux-ci sont indisponibles. Dans toute fabrication, il y un pourcentage de retrouver une tare ou quelque chose qui empêche la machine de fonctionner correctement. Ces détenus sont la preuve de l’existence de ces tares.

Tout à coup, Roméo se mit à gronder sourdement. Quelque chose avait interpellé son attention de gardien vigilant. En général, personne ne s’approchait, à cause de lui justement, de sa taille de sa faculté d’intimidation malgré son tempérament de gentil toutou. Mais là, s’il réagissait de la sorte, c’était que non seulement quelqu’un approchait, mais qu’en plus, ce quelqu’un ne lui inspirait aucune confiance. Son dos se raidit sous ma main et sa cage thoracique vibra quand il grogna plus fort, en signe de dissuasion.




[dsl c'est un peu plus court que d'habitude u_u]
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Abel Bone
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeDim 2 Mar - 15:02

VIXX ♫ Only u

C'était l'heure de la sortie. Contrairement à mes compagnons de cellule qui roupillaient encore, j'étais sur les dents, agrippé des deux mains aux barreaux. Mes yeux scrutaient chaque mouvement du couloir avec la précision d'un chat en pleine chasse. Mes muscles étaient figés, maintenant mon corps dans une tension extrême alors que, d'apparence, j'étais juste calme et patient. Sauf que je n'étais pas du tout quelqu'un de patient.
La porte pivota et je me précipitai dans le couloir aussi vite qu'un chien de chasse libéré de sa chaîne. Mais au bout du couloir, de puissantes mains me saisirent par les épaules et me plaquèrent au sol. Je grognai sauvagement et battit des jambes, sans aucun effet sur les poids. Je sentis qu'on trifouillait mon cou, une fraîcheur brutale encercla ma gorge et j'entendis un petit clic. Et puis, il me lâchèrent. Je me relevai en quatrième vitesse et voulus m'enfuir pour examiner mon cou, mais une pression sèche attrapa ma gorge. Je lâchai un râle d'étranglement et glissai sur le sol, le bas de mon corps en avance par rapport au haut. Et je tombai à la renverse, une douleur violente ne manquant pas de parcourir tout mon dos. Un visage souriant apparut dans mon champ de vision. J'eus le réflexe de lancer mon bras dans la direction de cette bouche étirée, mais elle était hors de ma portée. Le gardien se mit à rire et fit se balancer un bout de chaîne au dessus de mon visage.

« Alors ? On fait moins le malin maintenant, hein le petit chien ? »

Je grognai sourdement, le fusillant du regard. Et puis, saisi d'un doute, comprenant soudain où cet homme voulait peut être en venir, je portai les mains à ma gorge. Mes doigts entrèrent en contact avec un cercle de métal poli, qui semblait solide. J'eus beau tirer dessus, tout ce que j'obtins comme résultat, ce fut de me faire mal. Ce bâtard y avait accroché une chaîne et bien sûr, une cadenas à clef verrouillait le tout. Je me débattis au sol, les jambes au-dessus du sol, comme un gamin piquant sa crise. PUTAIN !


Quelques minutes plus tard, j'étais conduis dans la cour. Comme je refusais de me soumettre à ces gens qui riaient de leur pathétique victoire sur ma personne, ils étaient obligés de me porter. Un gardien pour chacun de mes bras. J'avais beau balancer mes jambes dans tous les sens, je ne réussis ni à les ralentir, ni à les blesser (j'étais trop court sur pattes pour ça). Même mes grognements ne les impressionnaient plus. En même temps, ça faisait pas mal de temps que j'étais ici. On m'avait même enlevé mes points de suture. Malgré les nombreuses retouches que ma blessure avaient nécessité à cause de ma fougue inépuisable, la plaie par balle s'était finalement refermée.

Une fois dehors, le vent me fouetta violemment le visage. Je crus qu'ils allaient me poser au sol, mais non, ils poursuivirent leur route, jusqu'à ce que le grondement d'un chien (un vrai cette fois), parvienne à mes oreilles. Je cessai alors de me débattre, mon corps pendait mollement entre mes deux gardes, et je regardai droit devant moi. Il y avait un gros chien, que je jugeai alors très beau, accompagné par une fille.

« Hey, l'aveugle ! Du travail pour toi ! Mâtes nous ce cleb, il nous pompe vraiment l'air depuis qu'il est arrivé ici. »

Son compagnon précisa un peu plus le comportement que j'avais eu depuis que j'avais été transféré à DearDeath. Bagarres, agressions sur détenus et gardiens confondus, grognements incessants et une fois, aboiement. D'après eux, je ne cessai de me rebeller et de me débattre, refusant tout bonnement de me soumettre à l'autorité. C'était vrai, mais je ne voyais pas pourquoi je me serai soumis à leurs sales tronches de cakes. Je n'avais aucun remord au sujet des soit disant crimes dont on m'accusait. Je ne pouvais pas nier avoir fait toutes ces choses, mais je ne voyais pas en quoi cela méritait punition.

Finalement, après que les gardiens aient terminé leur topo à l'attention de la fille qui accompagnait le beau chien, ils me laissèrent tomber au sol. Je retombai, par un réflexe acquis ces dernières semaines, sur ma jambe qui n'avait jamais été blessée. Mes mains me retinrent de m'écraser la face dans la poussière et je me redressai pour être à genou, les fesses sur mes talons. Je fixai le chien, sans bouger. Bataille de regards. Qui soumettrait l'autre ?
Il était plus gros que moi, plus imposant, avait une plus belle fourrure. Et il n'avait pas de muselière. Je sentis chez lui que son humain méritait son respect. Sans doute pas le mien pour autant, mais je m'allongeai devant lui, sur le dos, les bras étirés dans sa direction.
Une fois que j'eus obtenu son approbation, je me redressai, accroupi, et avançai dans sa direction en m'aidant du bout de mes doigts pour ne pas tomber. Comme un peu plus tôt, un gardien me ramena brutalement en arrière en tirant sur ma laisse. Je m'étalai au sol, encore, et pus constater qu'ils avaient accroché la chaîne autour de l'anneau d'une espèce de borne en béton. Et ils riaient. Je me jetai sur le plus proche et le plaquai au sol. L'autre ne savait pas quoi faire apparemment.
Je me mis à grogner et si je n'avais pas eu de muselière, je lui aurai bavé dessus. Présentement, ma salive se glissait jusqu'à mon cou.
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeDim 2 Mar - 19:47

Je faisais tranquillement mon travail, me concentrant attentivement sur chacune des réactions de Roméo pour ne pas être prise par surprise. Mais voilà, son grognement de plus en plus long et menaçant me mit sur la voix, avant même d’entendre l’appel d’un gardien. Aux sons qui me parvenaient, j’en déduisis qu’il y avait au moins trois personnes. Dont l’une qui se débattait férocement en grognant comme un chien. Puis subitement, il se tut. Comme ça, sans signe avant coureur. Je me demandai un instant ce qui avait causé cela puis reportai mon attention sur ce que venait de dire l’un des gardiens.

-Hey, l'aveugle ! Du travail pour toi ! Mate nous ce clebs, il nous pompe vraiment l'air depuis qu'il est arrivé ici.

Quel clebs ? Roméo ? Mais… il est gentil, et il ne fait de mal à personne. A moins que… Me parlait-il de la personne qu’il trimballait ? Pourtant, ce devait être un humain, quand bien même il grognerait. C’était donc un détenu, qui semblait s’être calmé en me voyant. Moi, ou peut-être Roméo. S’il se comportait comme un chien, il y avait une certaine probabilité pour que le comportement des loups ne lui échappe pas, et qu’il se soit rasséréné face à mon chien à moi. Puis le gardien me fit un rapport rapide sur les méfaits du criminel. Ah oui, tant que ça ! Je me redressai, peu sûre de moi, mais sachant qu’il fallait en imposer aux chiens pour les tenir au moins en respect. C’était comme ça que s’était déroulée ma première rencontre avec Roméo. Il était encore jeune et désobéissant. J’avais dû persévérer pour le faire obéir à ma voix sans qu’il s’en aille, qu’il me respecte. Maintenant nous étions aussi proches que deux doigts de la main.

Il y eut un bruit sourd. Le détenu B3883, Abel Bone, de son vrai nom, venait de s’étendre par terre. Puis un long silence tendu. Roméo grondait sourdement, presque inaudible, mais son dos vibrait sous ma main. Il gonfla sous ma paume, me paraissant plus imposant, même à moi qui n’y voyais rien. Puis la tension retomba, Roméo se calma, mais garda la queue levée vers le ciel, en signe de domination. Il s’appliquait toujours à la tenir collée contre mes jambes, pour que je connaisse son humeur. C’était vraiment un chien adorable mon Roméo. Encore un drôle de bruit. De quoi s’agissait-il ? On aurait dit le froissement d’un vêtement sur le sol ou contre quelque chose, mais je n’aurais su dire quoi.

J’inclinai la tête sur le côté pour éviter que le vent ne me mette des cheveux sur le visage, chose gênante, car ils me chatouillaient et diminuait mon attention. Puis le détenu Abel chuta. Un son de chaîne qui tintait et des éclats de rire gras plus tard, je compris qu’il était attaché. Véritablement comme un chien dangereux. Après tout, il était à DearDeath, on ne rigolait pas avec ce genre de personnes. Voyons voir. Analysons ce personnage du mieux que nous le pouvons. Un humain, muselé, ainsi que me l’avait dit le gardien. Qui se comportait donc comme un chien. S’il s’était calmé en voyant Roméo, il devait le juger comme un dominant, ou du moins, comme un supérieur. Mon chien ayant toujours la queue dressée vers les cieux, j’en déduisis que ce n’était pas lui le soumis. Donc, logiquement et si je ne me plantais pas, Abel Bone était sujet à un complexe d’infériorité qui le menait à se battre pour un maître. Si ce maître était un humain, l’humain en question pouvait le pousser à toutes les basses besognes possibles et imaginables. La question se posait maintenant de savoir si, comme les chiens, il restait fidèle à son maître ou si, comme l’avait précisé le sempiternel même gardien, il était en mesure de décider si son maître avait encore ou non le droit de lui ordonner.

Mes réflexions furent interrompues par un cri de surprise. B3883 avait dû se jeter sur un gardien pour que ce dernier pousse un tel… truc étrange qui ressemblait au cri d’un cochon qu’on égorge. En même temps, avec une muselière, il y avait des chances que ce soit pour cela qu’il ait été condamné et enfermé. Le gardien m’avait seulement dit qu’il était dangereux de lui retirer cette entrave. Sa chaîne cliqueta et je m’accroupis au niveau de Roméo.

-Ecoute-moi bien, mon tout beau. Tu vois ce garçon ? Je pense qu’il te considère comme un chef. Tu comprends ? Oui, bien sûr que tu comprends. Tu es mon chien adoré, mon seul amour, rien qu’à moi.

Il me gratifia d’une léchouille affectueuse et se frotta contre ma joue. Je m’essuyai rapidement ladite joue d’un revers de la manche et repris, d’un ton solennel :

-Demande-lui d’arrêter et de revenir par ici. Tu es un brave chien, tu peux le faire. Et si jamais il ne t’obéis pas, tu peux grogner. Mais ne mords pas ! On ne mord les gens que s’ils sont méchants, tu t’en souviens, hein ?


Roméo jappa doucement et se dirigea vers Abel. Je le laissai partir à regret, me retrouvant totalement démunie sans lui. Absolument seule… Sans lui, sans ses yeux pour remplacer les miens… je n’étais plus rien du tout. Un frisson me secoua, puis je me souvins des leçons que m’avait prodiguées un maître-chien de la police. Rester stoïque, ne pas montrer ma faiblesse. Cet homme me manquait, indubitablement. En fait, c’était le seul homme qui avait compté autant que mon père, dans ma vie. Mais je ne l’avais pas vu longtemps et n’avais pas pu comprendre la nature des sentiments que j’éprouvais. Alors tant pis.
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Abel Bone
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeDim 2 Mar - 23:40

Je serrai le col de son uniforme entre mes doigts crispés, mon visage était au plus près que je le pouvais sans toucher celui du gardien mis à terre. Mon grognement s'amplifia. Je commençais à avoir mal à la gorge, mais je m'en foutais. Et cet homme inutile, qui glapissait, sous moi. J'étais excité.

« Merde, fais quelque chose ! Il bande ! Il va me violer ! »

Stupide merde. Comme si je...

« Hum ? »

J'avais cessé de grogner et je relâchai ma victime pour me retourner. Le chien, il me tirait par la combinaison, au niveau de la taille. Je me redressai, plus détendu, à califourchon sur le gardien. A nouveau, une bataille de regards. En fait, ce n'était pas tant une bataille qu'une conversation silencieuse. Le chien couina tout doucement, comme une supplication. Sa patte frôla mon bras à plusieurs reprises avant qu'il la repose au sol. Mais pourquoi ? Il m'avait jeté à terre comme un malpropre, m'avait fait du mal, m'avait maltraité.
Je levai la tête et découvris son collègue, la matraque, en l'air, immobile, l'air effrayé. A nouveau, le chien intervint, me poussant délicatement du museau. Un léger grondement montait de sa gorge. Un avertissement ? Alors, je me relevai et reculai de plusieurs pas incertains. Avant de m'asseoir sur la borne même qui me retenait dans un périmètre réduit. Le chien me rejoignit après avoir reniflé rapidement le gardien mis à terre et je le caressai, derrière les oreilles et au niveau du cou. Il sembla content, battis un peu de la queue, puis rejoignis sa maîtresse.

Le gardien se redressa sous mon regard inquisiteur et fixe. Une tâche mouillait son entrejambe. Sous ma muselière, je souris. Lâche. Son copain et lui s'en allèrent après un dernier ordre.

« Mâte nous cette enflure ! C'est ton boulot, de dresser les sales clébards dans son genre ! »

Une fois qu'ils furent hors de ma vue, je m'installai un peu plus confortablement et tentai de me défaire de ma chaîne en tirant dessus à l'aide de mes deux mains. Ce fut peine perdue, tout ce que je réussis à faire fut de faire souffrir ma nuque. Avec un soupir, je laissai retomber ma chaîne au sol.
L'humaine ne m'intéressait pas. J'avais bien compris qu'elle était sensé me calmer, même si je ne voyais pas bien en quoi exactement. Mais je n'allais certainement pas lui faciliter la tâche. Pour le moment, elle était simplement un élément du décors. J'avais plus de sympathie pour le chien, à qui je me soumettais volontiers, mais je n'allais pas non plus le suivre comme son serviteur.
Comme je l'avais dit à Rose Eden, je n'étais pas un homme, mais pas non plus un chien. J'étais juste Abel.

Le ciel explosa alors au dessus de nous. Une pluie glaciale s'abattit sur ma tête et je frissonnai violemment. Alors ? Est ce qu'on allait rentrer ? Est ce que j'allais être libéré de ce morceau de béton ? Ou bien l'averse serait elle trop courte ?
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeMer 5 Mar - 10:53

Mon gentil Roméo gagna la partie contre le détenu. Je soupirai doucement de soulagement et m’accroupis pour me mettre à nouveau au niveau de mon chien. Il vint se frotter contre moi en jappant.

-C’est bien, brave Roméo.

Je l’embrassai sur le dessus du crâne et le grattouillai derrière les oreilles. Mon Roméo. Mon chien, si affectueux. Je me rendis compte d’une chose. J’avais entendu parler d’un détenu quelque peu obsessionnel qui prenait la psy pour sa possession. Peut-être considérai-je ma peluche comme trop à moi ? Je décidai de mettre un peu de distance entre nous, pour éviter de plonger dans le même cercle que lui. Et quand Roméo me donna un coup de museau interrogatif dans la hanche (bon sang ce qu’il était grand !), je m’appliquai à ne pas trop réagir. Le gardien de tout à l’heure reprit la parole d’un ton tremblant. Il avait une peur manifeste de ce monsieur Bone, et l’odeur âcre de cette peur me prenait à la gorge violemment. Je déglutis pour tenter de la faire partir, en vain. D’autant plus qu’un autre effluve venait s’en mêler. Cette fois, je fronçai carrément les narines.

-Mate-nous cette enflure ! C’est ton boulot, de dresser les sales clébards dans son genre !

Il y eut un bruit de chaîne, qui suivit le départ précipité des deux gardiens. Le détenu dont je devais me charger était enchaîné et tentait de s’en détacher. Bon sang, mais on n’a pas idée d’attacher les gens comme ça ! S’il ne tentait pas de se jeter sur moi, je me ferai une joie de l’en libérer. Une relation de confiance devait s’installer entre le chien et le dresseur. Entre le dressé et le dresseur. Entre Abel et moi. Pour l’instant, je ne lui accordais pas ma confiance, et je me doutais bien que lui non plus. Surtout que vues les réactions des gardiens vis à vis des détenus, chacun devait penser que je profiterai de mes prérogatives pour soumettre un détenu. Je n’en ferai rien. La violence n’appelle que la violence. Si j’avais battu Roméo pour qu’il m’obéisse, jamais nous n’en serions arrivés à une telle relation.

-Tout d’abord, bonjour, monsieur Bone. Vous devez vous en doutez, grâce à ces gentilshommes de tout à l’heure, je suis en effet aveugle et maître-chien. Ils escomptent que je vais… m’occuper de votre cas et vous rendre docile. Ce ne pas sont des choses qui se font du jour au lendemain…


Puis tout à coup, la nue se déchira et libéra des trombes d’eau. En quelques secondes, tous les détenus présents dans la cour furent trempés jusqu’aux os, et nous aussi. Roméo se mit à trembler, sa fourrure se collait à sa peau, et il détestait ça. Je sentais moi-même mes longs cheveux se plaquer contre mes épaules et mon crâne. Et si je n’aimais pas particulièrement non plus, le son de la pluie qui tombait m’apaisait et me rappelait ma première rencontre avec Roméo. Je vous raconterai un jour, si vous êtes gentils. Je soupirai et repris mon monologue à l’attention du détenu. Instaurer un début de confiance, ou même juste d’assurance que je ne tenterai pas de lui faire de mal. Roméo geignit et me poussa doucement du bout du museau : «  je veux rentrer » me disait-il. Oui, moi aussi, mon tout beau, il pleut et c’est dommage, mais il faut s’y faire. Le Seigneur nous envoie ce message, il faut en prendre compte. Bien que n’étant pas fanatique, je prenais très au sérieux toute manifestation céleste, qui pourrait cacher un message caché.

-Je disais donc, avant que cette pluie ne m’interrompe, que je ne vais pas vous mentir. Apparemment, les deux aimables messieurs qui vous ont amené ici s’imaginaient que je vous « materai ». Le problème, c’est que ce terme sous-entend la violence. La violence est réprouvée et sanctionnée par notre Seigneur. Au fait, monsieur Bone, dites-moi si la façon dont je vous appelle vous convient ou si je dois en changer. Pour commencer, nous allons nous présenter. Vous êtes le détenu B3883, Abel Bone. Je suis le maître-chien Ellie Bergen. Cette… entrevue, séance, ou quoi que ce soit, n’est en rien une séance avec un psy. Elle a pour but de vous faire rentrer dans le rang. Chez certains, cette idée de soumission est révoltante et suscite des réactions de violence. Chez d’autres, elle procure un besoin impérieux de s’y plier. A vous de voir de quel côté vous vous placez.


Je me tus et en profitai pour reprendre mon souffle à plusieurs reprises. C’était rare que je parle autant en si peu de temps. J’allais me retrouver avec les effets secondaires… A savoir, un mutisme prolongé qui ne s’arrêtait qu’en compagnie de Roméo, auquel je pouvais parler librement des heures durant tout en le câlinant ou le brossant ou quoi ou qu’est-ce.
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Abel Bone
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeVen 7 Mar - 12:34

Non, nous n'allions pas rentrer apparemment. La fille resta plantée là, immobile, comme elle l'avait fait quasiment tout le temps depuis que je l'avais vue. Elle avait eut quelques gestes envers son chien, mais on aurait dit que lui seul formait son univers. Elle n'en avait rien eu à foutre des gardiens, ne prenant même pas la peine d'acquiescer ou pas à leurs ordres. Et moi... Je ne savais même pas si elle avait capté ma présence. Et elle était sensée me « mâter » ? Mais laissez moi rire ! Ou repartir dans ma cellule, histoire d'être au sec et avec des types qui valaient un peu plus le coup.

Je me rendis compte, finalement, que je m'étais trompé sur un point. Elle avait capté ma présence. Elle me parlait. Sans lui prêter plus d'attention que ça, je l'écoutai, la tête baissée pour éviter la pluie sur mon visage. Et je tripotai la jambe de ma combinaison orange, en attendant que ça passe. Un peu d'eau pénétra dans ma muselière, mouillant mes lèvres. Je passais ma langue. C'était dégoûtant. Cette pluie avait un arrière goût étrange de fumée.

La façon dont cette fille parlait me foutait le frisson. Pas comme mon colocataire de cellule. Elle me foutait les jetons en fait. J'avais l'impression qu'une encyclopédie parlante était en train de s'adresser à moi.
D'abord, elle dit que la pluie nous avait interrompus. Ouais... Okay. Dire qu'on n'arrêtait pas de me balancer que j'étais bizarre.
Et puis elle me balança carrément qu'elle n'allait pas utiliser la violence. Je levai alors la tête dans sa direction, soudainement intéressé. Légèrement. Tout dépendait de la suite. Ca pouvait être une preuve de force de caractère bien supérieure encore à celle de mon voisin de cellule. Ou de la faiblesse, de la lâcheté.
La suite me déçu énormément. Le Seigneur ?! Pour moi, c'était seulement de la pure connerie. D'où une quelconque puissance supérieure nous guiderait ? Ce n'était pas pour rien que je scrutai la population humaine. Car s'il y avait un dieu, je me serai simplement signé et soumis à un livre saint. Alors, finalement, elle était juste faible. Elle même soumise à quelqu'un. Qui n'existait pas en plus. Une vraie folledingue.
Et puis, elle se mit en tête de faire les présentations. … Une seconde ! Normalement, dans les présentations, il n'y avait pas un échange ? Là, je n'eus pas à prononcer quoique ce soit. Elle me présenta à elle-même à ma place. Par contre, elle omit le plus important : le chien. Qu'est ce que j'en avais à faire que cette fille s'appelle Elibeurgen ? C'était la fille qui allait m'empoisonner mon après midi. Et c'était tout.
Vint ensuite un blabla sur aujourd'hui. Que je n'étais pas chez le spy – merci j'avais remarqué, ici on était mouillé. Que j'allais devoir rentrer dans le rang, mais que je n'allais peut être pas bien le prendre.

A la fin de son discours, mes yeux écarquillés étaient fixés sur elle. Mais qui était cette fille bon sang ? Elle était vraiment... bizarre. Je n'arrivais même pas à la mépriser en fait. J'avais juste l'impression, pour une fois, de ne pas être le plus original. De mon point de vue, elle était complètement fêlée et elle se faisait pas mal d'illusions si elle s'imaginait me faire « rentrer dans le rang » en me disant que si je le faisais pas, ben tant pis.
Je décidai pourtant d'être honnête avec elle, pour voir. J'étais curieux de connaître ses réactions. Allait elle finalement se déchaîner ou continuer à rester de marbre ? Si c'était le cas, je n'allais pas m'emmerder à rester ici. Okay, je n'avais pas vraiment le choix, tout ça à cause de cette chaîne ! Mais... Je pouvais toujours... Faire semblant d'écouter et penser à autre chose. De toute façon, elle était aveugle, alors elle n'y verrait que du feu.

Je m'approchai d'elle, tenant ma chaîne dans une main. Tout, tout près. Je jetai un coup d’œil au chien. Il me guettait, sans doute prêt à intervenir si je menaçais son humaine. Okay. Je serai sage. Je n'avais pas de moyen de me défendre contre lui. Pas avec cette putain de muselière !
Mon visage colla presque à celui de la fille. Elle ne pouvait pas sentir mon souffle à cause de mes entrailles, mais ma frange blonde gouttait sur le bout de son nez.

« Je n'ai pas peur de la soumission. En fait, quand elle est bien présenté, j'aime bien. … Mais ça me paraît plutôt clair. Vous n'y arriverez jamais, vous. »

Si ce n'était son chien, je l'aurai déjà mise en pièces. Je ne supportais pas l'absence de personnalité. C'était encore pire que la niaiserie.
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeSam 8 Mar - 20:58

Roméo se serra contre moi tandis que le bruit de la chaîne résonna à mes oreilles. La pluie battante tambourinait de plus en plus fort et je mettais ma santé en danger juste pour être tranquille avec ce détenu. Les gouttes frappaient mon crâne et ma peau avec insistance. Puis une nouvelle salve de gouttes se fit sentir, au même moment que me parvint une odeur nouvelle. Celle de celui qui était en train de dégouliner sur moi. La pluie, qui l’atteignait aussi, détrempait ses cheveux, qu’il avait placés juste au dessus de mon nez. Après quelques gouttes supplémentaires, je me sentis réellement envahie et reculai doucement, lentement. Même sans le voir, je savais que ce détenu me méprisait. Son attitude et ses paroles le trahissaient.

-Je n'ai pas peur de la soumission. En fait, quand elle est bien présentée, j'aime bien. … Mais ça me paraît plutôt clair. Vous n'y arriverez jamais, vous.

« Vous n’y arriverez jamais, vous ». Sa phrase me blessa, sans que je sache pourquoi. Mon cœur se serra et Roméo me poussa légèrement, juste de quoi me signaler qu’il était auprès de moi. Ma main glissa d’elle-même jusqu’à son dos. Il était tendu, raide, prêt à se battre. Ne t’en fais pas, mon tout beau, ça va bien se passer. Je me permis de le gratouiller discrètement avant de me redresser. Beaucoup de chiens étaient comme lui au départ. Mais le respect mutuel ne se trouvait pas dans les coups. Frapper est un acte de faiblesse, un acte de lâcheté. Les mots frappent comme les gestes, et c’étaient eux que j’allais tenter de manier pour le plier aux règles. Je ne lui demandais pas de se repentir ni de devenir un type bien, non, je sentais bien qu’il ne le voulait pas. Pire encore, son caractère était implanté bien trop profondément en lui pour qu’il change en si peu de temps. Tant pis, l’espoir fait vivre. Je me rengorgeai, m’étirai de toute ma taille, sachant qu’une haute stature pouvait en impressionner certains. Je doutais qu’avec son caractère aussi trempé que nos vêtements il se soumettrait si facilement, mais au moins, j’aurais essayé.

-Vous pensez que je serai incapable de vous soumettre ? Vous pensez que ne pas utiliser la force est une marque de faiblesse ? Je crois le contraire.


Je portai instinctivement la main à mon médaillon, avec mon nom et la petite croix offerte par mon père quand j’avais dix ans.

-Dans un endroit où tout le monde cogne pour imposer sa volonté, je trouve au contraire que s’opposer à ces méthodes et se tenir à ses propres convictions est une marque de volonté plus puissante que n’importe quoi d’autre.


Roméo sentit mon agitation et mon début de colère. Il geignit et je le fis taire d’une délicate pression sur le dessus du dos, tout près de la base du cou, ainsi qu’à l’aide d’un « chuut… calme » qui eurent l’effet escompté. Mon chien se détendit juste ce qu’il faut, mais garda toute son attention rivée sur le détenu, qu’il jugeait encore un peu trop près de moi.

-Ne pas répliquer quand on vous frappe est la preuve d’une grande force de caractère. Là où la majorité des gens, pour ne pas dire presque tous, réagit en rendant les coups, ceux qui sont capables d’en faire abstraction, ceux-là sont forts. Les forts ne sont pas ceux qui dominent les faibles, mais ceux qui tiennent tête aux forts sans broncher.

J'expirai bruyamment, sentant mon souffle réchauffer le devant de mon visage avant de ses perdre dans l’air humide et glacé. La pluie continuait à tomber sans que j’y fasse plus attention. J’étais maintenant captivée par Abel. Abel. Rien que son nom me rappelait mes croyances, qu’il bafouait sans considération. Abel et Caïn, les deux frères ennemis. Sauf que dans le cas présent, c’était Abel qui tuait, et non plus son frère. Un frisson parcourut mon dos. Un tel prénom était… un signe de distinction, pas celui d’un assassin. Je déglutis et me préparai à encaisser une riposte de sa part quand il aurait suffisamment enragé, du fait de mes mots à son égard.


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Abel Bone
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeSam 8 Mar - 22:37

DASEIN ♫ Gekijo

Elle recula, lentement, précautionneusement. Comme si elle avait peur que dans la panique, je lui bouffe le nez. Oh, j'y avais bien songé, remarquez, mais je ne pouvais pas. Muselière, tout ça.
Je la vis caresser son chien et reculai de moi même, aussi lentement qu'elle l'avait fait, tenant toujours ma chaîne. Juste quelques pas. Pour avoir une vue d'ensemble du couple.
Elle blablata sur ses capacités, mais c'était inutile. Je ne croyais qu'aux actes, pas aux belles promesses. Et de préférence, des actes de puissance. Et là, son geste, fut de toucher un bijou qu'elle portait en pendentif, sur sa gorge. Un emblème religieux. Elle ne me soumettrait pas avec ce genre de choses en tout cas. Je croisai les bras et restai silencieux, attendant la suite. Son raisonnement m'intriguait. Quelqu'un, un jour, avait bien essayé de me tenir le même genre de propos mais... De toute évidence, ça n'avait eu aucun impact sur moi. J'avais dû mettre fin à ses jours.
Elle se mit alors à parler de volonté, ce qui stimula un peu plus mon intérêt. Ne pas suivre la tendance, c'était là son raisonnement. Hum... Pourquoi pas ? … Je n'avais jamais envisagé les choses sous cet angle. Après tout, la force brute n'avait jamais été un critère de sélection pour moi. Je m'attachais beaucoup plus à la volonté, la force de caractère et la ténacité qu'elle semblait évoquer à cet instant.
Je posai alors mes yeux sur le chien, qui s'agitait. Il était si grand, et moi si petit. Ces deux là étaient des géants comparé à moi. Enfin, l'animal m'arrivait à mi-torse tout de même. En tout cas, vu comment il geignait, je ne savais pas vraiment s'il m'appréciait. La fille le força à se taire d'un geste et d'un « shhh » qui me déplurent. Pourquoi donc la laissait il lui donner ce genre d'ordres ?

Elle poursuivit ensuite son petit discours. Elle parla cette fois de volonté et continua ainsi à capter mon attention. Je ne parvins quand même pas à tout comprendre. Il y avait un peu trop de « fort » et de « faible » dans sa phrase, j'étais complètement perdu. Mais elle m'avait donné une brillante idée pour la décider à se montrer un peu plus. Je n'avais pas l'intention de rester trois ans à bouillonner d'impatience sous une pluie glaciale, juste pour palabrer sur des notions qui m'étaient presque étrangères. J'avais besoin d'actes !

Le silence se fit. Quoi ? C'était tout ? Pas de passage à l'acte ? J'étais estomaqué. Elle... Attendait que je réagisse ? Bizarre... Je n'avais pas l'impression de devoir faire quoique ce soit pour elle.
Bon, tant pis, décidai je après quelques secondes. Elle semblait plutôt mal à l'aise en plus, je n'allais pas me priver d'un peu de rebondissements.

Je saisis ma chaîne dans mes deux mains, cette fois, et franchis la faible distance qui nous séparait. J'étais parfaitement calme, du moins par rapport à d'habitude. J'avais toujours une tension énorme dans les muscles, mais je n'étais pas excité.

« Alors vous pensez que vous êtes forte, parce que... Vous n'avez pas besoin de prouver votre puissance, c'est ça ? Désolé, mais je suis un peu simplet. »

On arrêterait pas de me le répéter dans l'autre prison. Que j'étais un peu concon et tout ça, qu'il était impossible de me faire entendre raison.
Je tournai autour de la fille, lentement, tout en continuant de parler, traînant ma chaîne qui émettait de petits cliquetis dans mon dos.

« Alors je suis pas sûr d'avoir tout bien compris. Enfin, je vois pas bien comment vous allez faire pour me prouver votre force en tout cas. Là, tout de suite. Heureusement, j'ai une idée. »

J'étais de retour devant elle, à deux pas de distance. Je fis glisser la chaîne contre le chien, qui décala instinctivement ses pattes au contact du métal froid. Maintenant, je n'avais plus qu'elle dans le petit cercle de chaînons que je venais de former.

« Est ce que vous êtes faible, ou bien forte ? Si vous êtes forte, vous ne devriez pas avoir peur de me libérer. »

Provocation. Mais j'étais certain que je soulevai un point crucial, là. Et comme j'étais décidé à semer le doute dans sa tête, parce que je détestais plus que tout les gens qui voyaient la vie comme un nuage de guimauve rose, tout plein de bons sentiments tous plus ridicule les uns que les autres, je tirai sur la chaîne d'un coup sec. Elle se souleva juste assez pour se prendre dans les mollets de la fille et pouvoir ainsi la projeter à terre.

Oui, le chien, le chien... Non, je ne l'avais pas oublié. Mais la tentation avait été trop forte.
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeLun 10 Mar - 16:25

[désolée de pas avoir répondu plus tôt, j’ai eu une petite phase de dépression ^^’ j’espère que ça convient]



Je me retrouvai être sa proie. Il me tournait autour, comme un fauve. Comme un prédateur. Je sentis mon cœur battre plus vite, tout excité, étrangement. Jamais je n’avais aimé être la cible d’une attaque, comme le commun des mortels. Pourtant aujourd’hui, quelque chose avait changé. Je me sentis coupable immédiatement et ne pus donc pas me concentrer sur ce qu’il faisait, bien que j’entende toujours sa chaîne cliqueter sur le sol. Il fit ainsi un tour complet autour de Roméo et moi. La pluie qui continuait à tomber, mais en moindre intensité cette fois, tentait de masquer le bruit qu’il faisait, en vain. Il termina son tour et s’arrêta devant moi. Sa voix calme, mais à la tonalité si dérangeante m’avait hérissé l’échine. Quand il se tut enfin, c’était une ultime provocation.

-Est ce que vous êtes faible, ou bien forte ? Si vous êtes forte, vous ne devriez pas avoir peur de me libérer.


Sur ce, il tira brusquement sur sa chaîne, et je tombai à la renverse. Je m’étalai dans une flaque d’eau, qui éclaboussa copieusement mes vêtements. Je gonflai un peu, comme Roméo quand il s’énervait et que sa fourrure prenait subitement beaucoup plus de place que prévu. Ce détenu souhaitait me provoquer, me pousser à l’erreur. J’adressai une prière muette à mon père pour qu’il m’aide à rester de marbre. Je serrai les poings et me relevai péniblement. Roméo grognait. Fort. Eh bien, qu’y a-t-il, mon tout beau ? J’essayai de retrouver l’endroit où il se tenait la seconde d’avant et ne palpai que le vide. Je me fiai plus à mon ouïe, cette fois, et m’aperçus qu’il avait dû bondir en avant pour immobiliser Abel. Son grognement prenait de l’ampleur, et j’eus peur qu’il ne le morde.

-Roméo, laisse-le. Ce n’est pas grave, reviens… S’il te plaît, Roméo.

Mon chien gronda sauvagement une dernière fois et se retira pour venir se serrer contre moi. On aurait pu aller jusqu’à penser qu’il me parlait, qu’il me disait « ne t’inquiète pas, Ellie, c’est fini, le monsieur ne t’embêtera plus ». Dingue n’est-ce pas ?

-Je n’ai pas peur de vous libérer. Non, pas du tout, en réalité. Seulement, c’est idiot, et en plus, je suis prudente. Pourquoi voulez-vous que je vous relâche ?

Les mêmes gardiens de tout à l’heure s’étaient enfin décidés à intervenir en voyant Abel me mettre au tapis. Quelles andouilles. Bien trop lents. S’il n’avait pas eu cette chose qu’on appelait communément muselière, il aurait déjà eu le temps de me tuer vingt fois. Je me souviens de mes débuts avec Roméo, quand il refusait catégoriquement d’obéir à qui que ce soit d’autre que son formateur. Quand on me l’avait amené, pour notre première rencontre, il était adorable, joueur, mais rebelle à toute autre main que celle de son maître. Quand celui-ci m’avait incitée à lui donner mon premier ordre, Roméo avait grondé, et quand j’avais insisté, il m’avait mordue. Sur le coup, j’avais bondi en arrière, réduisant ma main à l’état de membre charcuté. Mon père avait voulu qu’on change de chien, mais j’avais refusé. Wilhelm n’avait pas compris la profonde anxiété que nourrissait le chien à l’idée de changer de « papa » pour une « maman ». Il était de mon devoir de le mettre en confiance. Alors j’étais revenue, de plus en plus près, jusqu’à ce qu’il me morde encore. Là, je n’avais plus de main encore en état. Et Roméo était reparti.

Le lendemain, quand son formateur nous avait à nouveau rendu visite, il avait mis à mon futur guide une muselière en cuir raide et rugueux. Roméo râlait sous le cuir et dès que j’avançais vers lui, il essayait de me repousser, mais avec cette entrave, il ne pouvait plus mordre pour m’éloigner. Je lui ai fait sentir les bandages autour de mes mains, qu’il sache qu’il m’avait blessée, puis je l’avais libéré de sa muselière. Vous me direz, ça fait très film tout ça, très « le monde est rose et pelucheux ». N’empêche que Roméo a compris qu’il avait fait du mal à quelqu’un qui ne lui voulait que du bien. Mon père et son formateur, autour de nous, étaient raides et tendus, prêts à intervenir si le chien redevenait agressif. Alors qu’en fait, il avait juste peur qu’on le sépare de son maître. Il avait peur d’être seul, comme moi. Sans me soucier de ses terribles mâchoires, déjà puissantes pour son jeune âge, je rapprochai ma main et le gratouillai sous le menton. Pas sur le dessus du crâne, geste qui pouvait être interprété comme un acte de domination.

L’après-midi même, nous ne voulions plus nous séparer, et c’est avec peine que son formateur et mon père me convainquirent de le laisser partir terminer son apprentissage. Il ne revint plus aussi souvent après cela, et quand je le revis pour la fin de sa formation, ce fut pour nous deux une grande joie. Il avait bien grandi, et du haut de ses cinq ans, il pouvait aisément me faire tomber s’il se jetait sur moi. Ce qu’il fit. Comme deux gamins, nous avions joué pour célébrer son diplôme de chien guide d’aveugle. J’en venais presque à oublier que notre rencontre n’était due qu’à ma cécité.

Aujourd’hui, sous cette pluie battante, je me retrouve avec un nouveau Roméo, qui lui, pouvait m’arracher la gorge sans scrupules. Aurai-je le cran et la folie de le libérer ? Aurai-je le temps de regretter mon geste quand il s’en prendrait à tout le monde autour de nous ? Aurai-je le poids de morts sur la conscience, parce que cet Abel me rappelait Roméo bébé ? Parce que je voulais qu’il ait confiance sans forcer son attention. A l’époque, quand j’avais rencontré Roméo, je n’avais rien à perdre, et s’il me tuait d’un coup de dents dans la gorge, je n’aurais fait que libérer mon père d’un poids inutile. Aujourd’hui, si Abel me tuait, je laisserais Roméo seul, et je refusais cela. J’allais devoir prendre une décision importante.

Je pris une grande inspiration et attendis que les gardiens soient près de moi et d’Abel pour m’approcher de lui à petits pas. La pluie commençait maintenant à se tarir, les gouttes s’espaçaient, et le vent retombait. Quand je posai mes mains de part et d’autre de son visage, à la recherche du mécanisme de fermeture, un gardien tenta de m’en empêcher, une main sur la mienne.

-Faites pas ça, m’dame. C’est une mauvaise idée.


-Roméo était dans le même cas que lui. Je crois… à peu de chose près, du moins. Et regardez maintenant notre relation. La confiance s’acquiert par un respect mutuel. Même si pour l’instant, je doute qu’il éprouve quelque forme de respect que ce soit pour moi. Tenez-le, je ne tiens pas pour autant à me faire tuer maintenant. Je ne veux pas laisser Roméo seul.


Le gardien retira sa main, comme s’il s’était brûlé, et dut probablement immobiliser B3883 avec ses comparses, parce que leurs grognements de difficultés me parvinrent d’en face de moi, là où se trouvait Abel. Par avance, on m’avait donné la combinaison de sa muselière, un truc à rallonge, particulièrement pénible à mémoriser. Sous la pulpe de mes doigts, les chiffres microscopiques imprimaient des motifs particuliers. Je m’appliquai particulièrement pour ne manquer aucun numéro. Quand j’arrivai enfin à la fin, au dernier chiffre, j’eus une hésitation. Je faisais n’importe quoi, j’allais libérer un détenu de ce qui l’empêchait de tuer tous ceux passant à sa portée. Penchée au-dessus de lui, du fait de sa petite taille, je bloquai ma respiration, incapable d’aller plus loin.

Puis je me redressai et Roméo se calma. Depuis que j’avais commencé à libérer Abel, il se tenait raide comme un piquet contre ma jambe. Il sentait bien mieux que moi qui était cet homme, mais pour une fois, j’étais seule à décider. Comme j’avais été seule le jour où j’avais rencontré mon chien pour la première fois.

-Dites-moi, monsieur Bone, si je vous retirais cette muselière, pour que nous puissions discuter librement, que feriez-vous ? Rassurez-vous, vous serez toujours lié à ce poteau, et pour la sécurité du plus grand nombre, je crois même que je vais réduire la longueur de votre chaîne. Vous aurez deux mètres de mou avant qu’elle vous retienne. Est-ce que ce marché vous conviendrait ? Ou préférez-vous garder votre liberté de mouvement au détriment de celle de votre mâchoire ?


Quelle que soit sa réponse, elle serait très intéressante.
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Abel Bone
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeLun 10 Mar - 18:51

[BORN] ♫ [-Think-]

Mon petit piège se referma sur la fille et fonctionna même à la perfection. Elle tomba à la renverse, s'écrasant sur le sol détrempé. Je commençai à rire joyeusement de ma réussite mais j'eus soudain le souffle coupé et je me retrouvai moi même couché sur le dos. La pression de deux pattes comprimait mon torse et m'empêchait de respirer à pleins poumons, alors qu'une haleine forte s'insinuait sous ma muselière et s'infiltrait dans mes narines. Le chien... Il avait pigé que c'était moi qui avait fait tomber son humaine. Il ne semblait plus aussi content que tout à l'heure vis à vis de moi. Je restai couché, sans bouger, détournant les yeux. Oui, il était le gagnant. Je me soumettais totalement à lui. Pas question de tester la solidité de mon crâne contre celle de ses puissantes mâchoires.
Finalement, la fille le rameuta à elle. Je tournai la tête et la vis se relever. Je l'imitai et sentis des os craquer dans mon dos. Ce chien... Il aurait presque pu me défoncer la cage thoracique. J'étais faible en temps normal.
Elle m'affirma alors qu'elle n'avait pas peur de me libérer. Ma tête se pencha sur le côté. Ce faisant, quelques mèches trempées s'abattirent en travers de mon visage. Par contre, elle voulait une bonne raison pour le faire. Mais ça me paraissait évident. Enfin... Je voulais être libre de mordre qui je voulais.

« Pour être à égalité avec le chien, » assénai-je d'une voix glaciale.

J'entendis des bruits de pas dans mon dos et me retournai légèrement pour regarder par dessus mon épaule. Le groupe des trois vainqueurs était de retour, l'air menaçant. Enfin... Sauf celui qui s'était pissé dessus, lui il n'avait pas l'air super ravi. Je remarquai aussi qu'il avait changé de pantalon.
Les gardiens étaient tout près de moi quand je fis volte face. Je sursautai alors en découvrant la fille et son compagnon à quatre pattes juste devant moi. Elle avait les mains tendues dans ma direction. J'eus un mouvement de recul instinctif, une mine dégoûtée invisible sur les lèvres. Qu'est ce qu'elle me voulait ? Deux mains solides empoignèrent mes bras et un dos me bloqua la retraite. Mon cœur se mit à battre violemment, alors qu'elle furetait à l'arrière de ma tête. Je me mis à trembloter, de fureur et de peur. MAIS PUTAIN QU'EST QU'ELLE... ?

« Faites pas ça, m’dame. C’est une mauvaise idée. »

Je me calmai immédiatement, comprenant soudain. Elle avait voulu me libérer. Vraiment ? C'était inespéré.
Elle contre-attaqua le gardien en parlant d'un Roméo. Je ne comprenais pas bien où elle voulait en venir avec ce type, mais ça avait l'air de pouvoir m'arranger. Elle parlait de respect mutuel. Grand bien lui fasse si elle y croyait. AH !
Ils s'y mirent ensuite à trois pour me maintenir, les lâches. En même temps, c'était vrai que je me débattais comme un diablotin pour sortir de sa boîte. Je ne supportais pas qu'on me touche comme ça ! L'un me maintint toujours solidement contre lui, un deuxième bloqua mes jambes l'une contre l'autre entre ses bras et le troisième appuya sur ma tête pour m'obliger à la pencher en avant, de façon à ce que les attaches de ma muselière soient accessibles facilement à la fille. Celle ci se mit à trifouiller mes cheveux et le cadenas à code. Je perçus des petits déclics successifs et les comptai, le cœur gonflé d'impatience. Un, deux... Et le dernier ? Pourquoi n'enlevait elle pas le dernier ?
Elle me posa un ultimatum. Soit je restais ainsi, soit j'étais libéré de ma muselière mais au prix d'un raccourci de chaîne. La réflexion ne fut pas longue. Je pouvais toujours trouver un moyen pour l'attirer dans mon espace d'action.
Je pris cependant mon temps avant de répondre. J'étais réticent à l'idée de capituler. … Le méritait elle ? … … AAAAH ! C'était agaçant, je n'arrivais pas à le déterminer. Si seulement Monsieur Gantley était là pour me guider. Que ferait Monsieur Gantley ? … Non, je ne pouvais pas le savoir. Je devais me débrouiller tout seul.

« … D'accord. »

J'avais déjà expérimenté la longe et la muselière. Changer un peu les choses pimenterait peut être la situation. Et puis, j'avais un peu décidé au hasard aussi.

--- Quelques minutes plus tard ---

J'étais assis sur mon plot, une jambe en équerre reposant sur mon autre cuisse et les mains en appui sur le béton rugueux. Il ne pleuvait plus et un soleil presque éclatant illuminait la cour, à présent. Un arc-en-ciel colorait l'horizon et je commençais à sécher. Le temps était capricieux. J'aimais bien.
Même si je ne pouvais pas en faire grand usage, j'étais content que ma bouche soit libérée de cette foutue muselière. L'objet était hors de ma portée, suspendu à la branche d'un arbre desséché, malgré l'averse qui venait de tremper tout DearDeath. Et malheureusement, la fille aussi.
Les gardiens étaient alignés comme des petits soldats contre le mur du bâtiment principal. Ils nous observaient. Je me disais qu'ils finiraient par se lasser.

« Et maintenant ? »

C'était bien beau, mais ce n'était pas avec deux mètres de chaîne que j'allais pouvoir me dépenser. C'était bien pour ça qu'elle était prévue la cour, pourtant, se dépenser. J'avais envie de faire mes petits tours de course habituels et de caillasser les quelques rares oiseaux qui osaient encore s'aventurer dans l'enceinte.
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeMer 12 Mar - 13:17

Il accepta. Mais avec une sorte de résignation. Ah, on dirait que cet obstacle lui avait posé problème. Je l’avais mis devant un choix, qu’il avait dû faire rapidement. Je l’avais forcé à faire quelque chose qui dépendait de moi. Cela me tira un sourire mental, il avait beau dire que j’étais incapable de le pousser à cette soumission, les faits prouvaient le contraire.

-Et maintenant ?

Oui, et maintenant. Cette question me taraudait aussi. Abel ne voulait pas se plier aux ordres, d’accord. Il me pensait incapable de le faire obéir, d’accord. N’empêche qu’à l’instant, j’y étais parvenue. Je réfléchis à un moyen de le faire courber l’échine sans utiliser la violence. Je lui avais dit que ma force résidais dans ma capacité à faire abstraction des railleries et des coups. Je ne voulais en aucun cas m’éloigner de ma parole, sans quoi, les bases de ce que j’étais ne seraient plus fiables, et je m’effondrerais. Avant de lui retirer sa muselière, j’avais hésité. Cèderait-il à mes demandes si je le faisais ? Serait-il obéissant ? Au moment d’entrer le dernier chiffre du code du cadenas, j’avais suspendu mon geste et choisi plutôt de raccourcir sa chaîne avant de déverrouiller la muselière. Quand je reculai, aidée de Roméo pour ne pas trébucher, je repensai aux doutes qui m’avaient assaillie. J’avais voulu réduire sa longe et ne pas le libérer, mais ç’aurait été mentir. J’aurais été en conflit avec  le précepte « tu ne mentiras point ». Quelque chose que je refusais. Et si ce détenu se fichait royalement de mes croyances, j’y restais pour ma part très attachée, étant l’une des rares choses me restant de mon père.

Une fois que je me fus éloignée d’un peu plus de deux mètres, par précaution, je m’immobilisai et concentrai mon ouïe sur ce qui m’entourait. Les gardiens qui m’avaient aidée chuchotaient quelques mots, certains au sujet d’Abel et d’autres, réjouis, au sujet de la pluie qui avait cessé. Ce ne fut que maintenant que je m’en aperçus. Mais bon, trempée comme j’étais, je ne ressentais pas vraiment la différence, si ce n’était les rayons de soleil qui réchauffaient doucement mon dos. Roméo s’ébroua, à mes pieds et me donna un coup de museau plein d’entrain. Oui, moi aussi je suis contente qu’il fasse beau, même si je doute que ça tienne longtemps. J’étais habituée à ce genre d’intempéries. En Norvège, on pouvait passer de la pluie au beau temps quatre fois en l’espace d’une heure. Très pénible quand il fallait promener Roméo. Mais bon, revenons-en à sa question : et maintenant ? Maintenant, cher Abel, nous allons discuter. Même si je ne suis pas psychologue, il faut en avoir certaines compétences, ou habitudes, comme vous le souhaitez, pour cerner le comportement d’un chien. Savoir s’il a peur, s’il vous respecte, s’il est prêt à mordre. S’il est réceptif. Je pris une longue inspiration, m’imprégnai de la pression ambiante, qui me remonta le moral, et pris la parole.

-Maintenant, monsieur Bone, nous allons parler. Je ne tiens pas vraiment à m’approcher plus que cela, vous vous en doutez. Surtout que maintenant, sans votre muselière, vous êtes d’autant plus dangereux. Je crains pour la vie de Roméo, car un combat entre lui et vous serait inégal. Il est peut-être plus grand et ses mâchoires, plus adaptées, mais vous êtes un humain et vous possédez des bras. Bras qui peuvent aisément enlacer mon chien et l’empêcher de se débattre.


Je me demandais, tout en déclarant cela, si B3883 n’utiliserait pas mes paroles pour prendre l’avantage. Un humain face à un chien. L’un avait l’avantage de la force et de l’allonge, l’autre avait sa puissance naturelle. Saviez-vous que la puissance de la mâchoire d’un chien comme mon Roméo est de 150kg/cm² alors que celle d’un humain n’est que de 15 à 20kg/cm² ? Non, oui, peut-être ? Quoi qu’il en soit, j’ai l’impression que vous vous en fichez. Bref, tout ça pour dire que face à Roméo, les mains liées, Abel n’a pas la moindre chance, mais libéré de sa muselière, et les mains détachées, il aurait tout le loisir de se battre fort convenablement. Or, je refusais qu’un affrontement ait lie, pour deux raison. La première, évidente, me retournait l’estomac : pour sauver mon Roméo. La deuxième, qui aurait dû venir la première, et qui me faisait culpabiliser du fait de mes convictions religieuses : parce que « tu ne feras point de mal à ton prochain », « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

-Alors répondez-moi, dites-moi pourquoi vous ne souffrez aucun ordre de qui que ce soit ? Est-ce un problème d’ordre psychique ? Oui, probablement. J’ai déjà vu d’autres cas comme le vôtre. Rarement, mais cela m’est arrivé. Tous ont fini par se plier à l’autorité plutôt rapidement, mais vous, non. Vous, vous continuez à résister. La soumission dont vous parliez tout à l’heure, celle qui vous tentait quand elle était « bien présentée », est-ce cela que vous recherchez ? Quelqu’un de fort qui vous imposera sa volonté par la force ?


Dernière édition par Ellie Bergen le Jeu 13 Mar - 11:44, édité 1 fois
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Abel Bone
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeMer 12 Mar - 14:33

Et maintenant... Nous allions parler. Voilà ce que déclara la fille. Ca tombait mal. Jusqu'ici je n'avais pas compris la moitié des mots qu'elle avait employés. Enfin, ce n'était pas moi que ça dérangeais. Personnellement je me sentais très bien comme j'étais. Pas besoin d'être dressé par une fille. Même si elle m'avait plutôt agréablement surpris avec le coup de la muselière, ça ne prouvait pas qu'elle avait ce que je recherchais : les qualités qui m'empêcheraient de la tuer à la première occasion. Non, on avait juste conclu un deal.
Je penchai la tête contre mon épaule quand elle évoqua son chien et le dessus que je pouvais éventuellement prendre dans un combat contre lui. Sauf que je ne comprenais pas la raison de cette réflexion. Pourquoi est ce que je me battrai avec lui ? Enfin... Oh... Roméo c'était lui. Et elle, elle s’appelait Juliette ? Non... Elle m'avait dit son nom. Mais impossible de m'en souvenir. Peu importait. En tout cas, j'étais déjà soumis à Roméo. Beau, fort, je n'avais aucune chance contre lui. Et quand j'avais dit que je voulais être libéré pour être à égalité avec lui, ça avait été simplement une sorte de mensonge. Oui, parce que je me doutais que si je lui avais annoncé la vérité, jamais elle ne m'aurait ôté ma muselière. … Hmmm... Du coup, était ce grâce à elle ou à moi que j'étais libre ? … Non, je n'avais pas envie d'y réfléchir. Trop compliqué.

La suite m'embrouilla considérablement l'esprit. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Des suppositions... Je ne savais pas quoi répondre. Ses mots étaient ils anglais au moins ? Je me pris la tête entre les mains et courbai l'échine, fixant le sol. Je pris du temps pour tenter de tout analyser. Si je prenais cette peine, c'était parce que je ne voulais pas louper une occasion qu'elle me donnerait de lui arracher la langue avec les dents. Ca lui passerait l'envie de me torturer le cerveau.
Une fois cet exercice terminé, je relevai la tête et lui répondit. Enfin... A ma manière. J'avais été trop submergé de questions, maintenant je devais rendre la pareille.

« Je ne souffre pas et je n'ai pas de problème. Pour commencer. Et puis ça vous arrive souvent de poser des questions sans même attendre la réponse de l'autre ? Enfin... Vous vous en foutez de ce que je peux bien vous dire. Vous avez juste décrété que j'avais un problème psychotruc et voilà. Wouhou, je suis là ! Vous êtes bien comme mon ancien psy. Toujours à répondre à ses propres questions comme si j'étais même pas là, ou que j'étais sourds, ou un objet. C'est con, mais je suis pas un objet. Je peux tuer par moi même. Et en plus vous croyez que je vais gentiment vous donner les clefs de ma soumission ? Vous êtes fortiche vous, vous avez de l'espoir. »

Sans que je m'en sois vraiment aperçu jusque là, au fur et à mesure que je parlais, ma voix avait grimpé en décibels et des larmes avaient humidifié mes yeux. Surtout au passage sur « je suis pas un objet ». Les gens passaient leur temps à me sous estimer et quand ils s'apercevaient que j'étais bien plus intelligent qu'ils le croyaient, ils m'éloignaient d'eux. Le seul être dans ma vie qui avait vraiment osé m'affronter était mon guide actuel. Lui, c'était un vrai dieu.
En colère, je me levai de mon plot et ramassai un caillou pointu pour le lancer, rageur. Il atterrit à côté de la fille, sans que je l'ai vraiment visé. PUTAIN ! Je saisis d'autres cailloux, dans mes deux mains, et les jetai encore. Sans viser. Ils atterrirent ça et là autour de moi. Et puis, épuisé par mon bond d'adrénaline, je m'affalai au sol.
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeJeu 13 Mar - 12:54

Ce détenu m’a l’air un peu… particulier. Pas stupide, comme il pourrait le laisser croire, mais en réalité, il cachait bien son jeu. Sous ses devants enfantins, sa manière de parler puérile et impulsive, se cachait quelqu’un d’intelligent. Je ne pouvais le détromper, il m’avait surprise, je l’avoue. Ma tactique était en place, et rien ne devait m’en éloigner, pas même un élan de compassion pour cet homme. Il prit un temps qui me parut infini pour me répondre. Mais il devait avoir eu la même idée que moi : me bombarder de phrases et de questions pour me submerger. Ah oui, tu veux jouer ? On va jouer. Tu veux peut-être te faire passer pour plus raide que tu n’est, mais mon travail consiste à te dresser. Un sourire mental se dessina dans mon esprit. Un sourire vil et mesquin. Je fus saisie d’un long frisson désagréable. Bon sang, mais qu’ai-je failli faire ? Je secouai la tête, faisant voler mes longs cheveux en une large corolle autour de ma tête.

-Je ne souffre pas et je n'ai pas de problème. Pour commencer. Et puis ça vous arrive souvent de poser des questions sans même attendre la réponse de l'autre ? Enfin... Vous vous en foutez de ce que je peux bien vous dire. Vous avez juste décrété que j'avais un problème psychotruc et voilà. Wouhou, je suis là ! Vous êtes bien comme mon ancien psy. Toujours à répondre à ses propres questions comme si j'étais même pas là, ou que j'étais sourd, ou un objet. C'est con, mais je suis pas un objet. Je peux tuer par moi-même. Et en plus vous croyez que je vais gentiment vous donner les clefs de ma soumission ? Vous êtes fortiche vous, vous avez de l'espoir.

J’étouffai un ricanement. J’étais sur la bonne voie. Gagner sa confiance ayant manifestement échoué, je devais me raccrocher à une autre méthode. Une vicieuse qui touchait l’âme, une qui me révulsait. Une qui me vaudrait de me confesser le plus tôt possible. Je pris une grande inspiration. Contrairement à lui, qui voyait depuis sa naissance, mes yeux à moi me faisaient défaut. Certains jugeaient cela comme un net désavantage, pas moi. J’avais Roméo, après tout. C’était lui mon univers. S’il mourrait, et ce par ma faute, je ne sais pas ce qu’il adviendrait de moi…

Reprends-toi, Ellie ! Roméo se frotta un peu plus contre ma jambe en jappant doucement. Tout va bien, mon grand, tout va bien. La voix d’Abel avait pris quelques décibels et était montée dans les aigus. Très intéressant. Je me sentais l’âme d’un chercheur en comportement humain. Ou animal, allez savoir… Sur la phrase « je suis pas un objet », particulièrement. Pas un objet, je peux tuer par moi-même. Hum. Prouve-le. Fais quelque chose que personne ne t’aura demandé. Fais quelque chose que tu auras réellement décidé de faire.

-Tu dis pouvoir faire quelque chose par toi-même. Soit, je ne demande qu’à te croire. Tu me prouverais que tout n’est pas perdu.

Je bénis plusieurs fois ma cécité, juste dans ces quelques mots. Oh, merci mon Dieu, merci ! Là où mon visage restait de marbre, sous mon crâne, de multiples pensées faisaient rage. Et entre toutes dominait une expression presque perverse de domination. Un nouveau frisson me parcourut. Arrête ça, Ellie. Tout de suite. Oui, tu as raison. Je calmai ma respiration et me concentrai sur ce qu’il m’avait dit auparavant.

-Je ne désire pas non plus ces… « clefs » dont vous me parlez. Je m’en fiche. Totalement.

Voilà, avec ça, je l’avais poussé à se révéler sans lui montrer que ce qu’il m’avait offert m’aidait bien plus que ce que je laissais paraître. Je m’en voulus toutefois. J’en serai bonne pour un bon passage à la chapelle de la prison. Ma culpabilité me pesait de plus en plus. Vivement que cet « entretien » soit terminé.

A nouveau, je portai la main à ma petite croix, incapable de me retenir. J'avais tellement péché en l'espace de quelques minutes que je me sentais presque sale physiquement.
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Abel Bone
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeJeu 13 Mar - 14:39

TVXQ ♪ Break out !

J'étais abattu. Assis sur le sol, les jambes écartées, la tête basse, le dos contre le plot de béton qui retenait ma liberté en laisse. Et je pleurai. Vraiment. Les vannes avaient lâché. Je ne sanglotais pas, mais les larmes dévalaient les rondeurs trop prononcées de mes joues. J'en avais marre d'être ici. Je voulais rentrer, ou m'enterrer quelque part. Cette fille n'était pas drôle. Je ne pouvais pas jouer et elle ne m'apprenait rien du tout. Tout ce qu'elle faisait, c'était me faire souffrir. Elle me piétinait l'intérieur. Je ne voulais pas penser à toutes ces choses... Mes soit disant problèmes. J'étais bien comme ça. J'étais même à l'aise en prison, contrairement à ce que pouvaient s'imaginer beaucoup de gens. Je ne voulais pas en partir. Je voulais juste... Juste... Je ne savais pas en fait.
J'entendis le chien et tournai la tête vers le couple. La fille me demanda de faire quelque chose par moi même. Et là, mes yeux s'écarquillèrent. Mes pleurs cessèrent. Mes larmes sécheraient toutes seules sur mes joues. Enfin, un sourire mauvais étira mes lèvres. Par moi même ?
Je me tournai pleinement dans sa direction, la tête levée, et croisai les jambes. Je savais ce que je voulais. Je voulais la tuer.

« J'en n'ai pas fait assez ? répliquai-je calmement. Sauter sur un gardien, vous faire tomber au sol, tout ça devant vos... Ah oui, c'est vrai, vous êtes diminuée. Mais j'ai rien à vous prouvez. C'est vous qui devez me prouver quelque chose. En plus, mon dernier psy a dit que y'avait aucun espoir pour moi et qu'il fallait m'envoyer ici. Je vois pas pourquoi je ferai des efforts. »

Je me redressai, alors qu'elle m'assurait ne pas avoir besoin des clés de mon psychisme. Ah oui ? Je n'avais pourtant pas rêvé quand elle m'avait demandé des précisions sur la personne que je recherchais, celle qui pourrait asseoir sa domination sur moi. Sauf que j'en avais déjà une, en ce moment. Oh, je pouvais partager, mais pour l'instant la balance ne penchait pas vraiment en la faveur de cette fille.

« Ouais... C'est ça. Si tu veux. »

Autant la laisser parler. De toute façon, elle était cinglée, non ? Elle toucha encore son bijou. Je fronçai les sourcils devant cette soumission iconodoule. Je frémis. Plus le temps passait, moins je comprenais cette personne. D'ordinaire, je ne cherchais pas non plus à comprendre, mais il y avait un minimum dans la perception. Et elle... Tantôt stupide, tantôt cruelle. Tantôt faible, tantôt puissante. Et ça me fatiguait. Je décidai de tenter le tout pour le tout. De toute façon, qu'avais je d'autre à faire ? A part balancer des cailloux et tracer des dessins dans la terre ?

« Si tu veux quelque chose de moi, approche toi. »

Je la fixai, menaçant, même si elle ne pouvait pas le voir. Je n'avais pas pour habitude de fuir les gens. Je les confrontais, souvent violemment. Et je n'acceptai tout simplement pas qu'ils soient à distance comme ça. C'était tellement facile de fanfaronner à l'abri de toute morsure.
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeVen 14 Mar - 19:20

Les trucs qu’il avait lancés tout à l’heure, probablement des cailloux, crissèrent sous les pas d’un gardien qui s’approchait de moi. Je ne sourcillai pas, et attendis qu’il prenne la parole. Malgré ce que j’avais fait, les blessures que j’avais infligée à Abel, je me sentais étonnement sereine maintenant. L’élan de méchanceté était retombé. D’un autre côté, c’était peut-être quelque chose à utiliser comme une arme, cette étrange bipolarité très atténuée. Pourtant, je me devais de la faire disparaître, ne serait-ce que pour éviter de blesser d’autres personnes. Je me mordis la lèvre pour m’empêcher de céder à une nouvelle vague.

-Si tu veux quelque chose de moi, approche-toi.

Que veux-tu Abel ? Non… Qu’est-ce que je veux, moi. Là est la question, ce n’est pas de toi qu’on parle, mais de moi. Le gardien qui s’était avancé finit par prendre la parole, en se penchant près de mon oreille. Je m’écartai un peu, pour éviter qu’il ne nuise à mon ouïe déjà bien affinée.

-C’est pas bien raisonnable, m’dame, de rester là. Ni même de faire ce qu’il vient de dire. Vous approchez pas, sans son truc, là, il s’rait bien capable de vous buter. Juste pour le plaisir.

Je lui répondis un quelque chose incompréhensible pour accuser réception de ses paroles. Puis je fis un pas en avant, puis un autre, et encore un, jusqu’à me trouver à la limite que pouvait atteindre Abel avec sa chaîne. Roméo se posta devant moi, par prévention, même si de fait, il était plus près encore du détenu. Je posai ma main sur son dos, pour le caresser doucement, pour faire retomber sa fourrure hérissée par son attitude hostile.

-Je ne m’approcherai pas plus que cela, monsieur Bone. C’est déjà largement assez près. D’ailleurs, si vous tentez quoi que ce soit, ces gardiens (je fis un signe de tête dans leur direction approximative) sont prêts à intervenir, sans parler de Roméo.

Je marmonnai une énième prière pour demander le pardon pour mes paroles de tout à l’heure, la main posée sur mon pendentif. J’en profitai pour repasser les doigts sur chacune des breloques suspendues à mon collier. Une perle grossière taillée dans du bois, un petit ruban doux et qui commençait à s’effilocher, un caillou miraculeusement percé en son centre que j’avais ramassé étant petite, le prenant pour une couronne. Ah, oui, aux Etats-Unis, vous ne pensez pas à la même chose que moi quand je dis couronne. Non, je vous parle de la monnaie de Norvège, la couronne, crown. Quand j’arrivai à ma médaille, où étaient gravés mon prénom et mon numéro, mon cœur se serra. Puis je continuai, jusqu’à ma croix, formulai encore une prière, puis recommençai mon énumération mentale. Ici, la première médaille que j’avais offerte à Roméo, avant qu’il n’en brise le fermoir, là, le machin qui servait à ouvrir les cannettes de soda. Tellement de souvenirs affiliés à ses babioles sans valeurs… Je soupirai et revins au présent. Abel. Voilà ma seule réalité dans l’immédiat. Abel, et Roméo. Non, Roméo puis Abel, pas l’inverse.

-Si je veux quelque chose de vous ? Moi personnellement, non, je ne veux rien venant de vous. Mais les autres gardiens seraient bien satisfaits si vous cessiez de vous débattre quand ils vous ordonnent quelque chose.

Sous mon crâne, deux partis s’opposaient. L’un prônait l’abolition de mes principes, juste pour les moments de dressage, et l’autre préférait si accrocher. N’avais-je pas dit quelles étaient mes opinions en matière de violence ? Si, et je me devais de m’y tenir. Abel avait pleuré quand mes mots l’avaient touché. Je m’en voulais énormément, moi qui ne demandais qu’à vivre tranquillement. Mais à quoi m’attendais-je en venant ici ? A vivre chez les bisounours ? Je soupirai. Mais quelle idiote… Roméo me donna un coup de museau.

-Il faut savoir faire face aux événements présents, Ellie. Affronte-les. Quel que soit ton choix, je te soutiens.

-Merci, Roméo.

J’avais fini par identifier à qui appartenait cette voix mentale qui me remontait le moral à chaque fois que j’envisageais de baisser les bras. Et si je me refusais à répondre dans ma tête, je m’appliquais toutefois à ne remuer les lèvres que très doucement, en ne produisant presque aucun bruit. Pour éviter qu’on me prenne pour une folle, vous voyez ? Oui, bien sûr que vous comprenez. Personne ne désire sciemment être traité de fou, ni même considéré comme tel.

-Abel, je vous ai dit que je n’emploierai pas la violence contre vous pour vous soumettre. Pourtant, vous avez beau m’assurer que vous n’êtes pas un objet, il n’y a que contre eux que l’on s’énerve pour leur faire entendre raison. Contre les objets, et contre ceux qui refusent l’obéissance, soit parce qu’ils y sont simplement réfractaires, soit parce qu’ils ont trouvé leur maître. Et là, je ne parle pas d’un type simplement plus fort qui impose sa volonté, je parle d’une personne qui vous inspire le respect et peut-être la crainte. Je sais que vous êtes dans le deuxième cas. Vous êtes couché aux pieds de quelqu’un, quelqu’un qui vous tient en laisse. Vous êtes un instrument de sa volonté. Vous n’êtes pas ce que vous dites, vous n’êtes pas libre de tuer par vous-même.

J’avais assené cela avec le plus profond dégoût dont j’étais capable. Oh, mon Dieu, pardonnez-moi, je vous en prie… Je ne pensais même pas ce que j’avais dit, je ne voulais que le toucher dans son orgueil, le blesser, le faire réagir, le faire sortir de ses gonds. Pourtant, les larmes me piquaient les yeux, et je devais lutter de toutes mes forces pour les retenir. Ne pas pleurer, ne pas pleurer, ne pas pleurer… Pour le provoquer d’avantage, je fis un pas dans le cercle des deux mètres, sans exposer plus de parties de moi que mes bras, qui n’étaient pas exactement ce que je qualifierais de vitaux.

Je me dégoûtais moi-même.
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Abel Bone
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeSam 15 Mar - 16:21

BAP ♫ Unbreakable

Un gardien l'avait rejointe quand je lui fis ma proposition. Elle l'écouta, enfin il me semblait du moins. Je penchai la tête sur le côté, l'ongle cassé de mon index passant doucement sous la lèvre inférieure de ma bouche entrouverte. Qu'est ce qu'il lui racontait ? Ce fut intrigué que je vis la fille faire quelques pas dans ma direction. Je me levai et la rejoignis, m'arrêtant lorsque la chaîne commença à tirer un peu sur le collier de chien qui me sciait la gorge. Le chien, d'ailleurs, était tout près de moi. Je lui jetai un coup d’œil. Il me surveillait. Si jamais je faisais le moindre faux pas en direction de sa putain d'humaine, il me le ferait sûrement payer. Et je ne pourrai pas me défendre. J'avais déjà tué des animaux, dont des chiens, mais des petites merdes qui passaient leur temps à aboyer pour rien. Lui... Je n'avais qu'une envie. Me rouler au sol devant lui et lécher ses poils salis par la poussière. Mais bon... A la réflexion, si ma vie était vraiment en danger, je ne savais pas comment je réagirais. Mon instinct prendrait sans doute le dessus.
La fille m'avertit qu'elle ne s'approcherait pas plus. Ben... Okay. C'était pas grave. … Si en fait, ça me faisait chier. Parce que j'avais envie de lui arracher les yeux avec les dents. Non, c'était nulle comme idée. Elle était aveugle, ses yeux ne devaient pas être très bons. Ben alors... Ah oui, la langue, c'était vrai, la langue. Je voulais bouffer sa langue. Ca lui éviterait de me dire des trucs débiles, ou sans queue ni tête, ou encore méchants.

Même s'il me manquait quelques centimètres pour pouvoir la toucher, je me satisfaisait d'être capable de lui cracher à la figure quand je le voulais. J'observai attentivement la danse de ses doigts quand elle toucha les bijoux multiples accrochés à son cou. Il y avait de ces merdes... Je ne m'étais jamais attaché aux objets, au souvenirs. Enfin, pas que je me souvienne. Quelque part, j'avais le profond sentiment que je me trompais. Mais cela faisait partie des zones d'ombre de mes souvenirs. Ceux que je refusais de faire jaillir. Ils appartenaient à un autre moi, un moi qui ne pouvait pas exister ici. Il était mort ce moi. Il me parasitait juste de temps à autre, comme avec cette fille, Rose Eden. Mais je n'y pouvais rien. Et puis, au fond, ça ne me dérangeait pas tant. Pas cet aspect là en tout cas.

Elle ne voulait rien de moi. Mais les gardiens si. Ils voulaient que je leur facilite le travail. Et bien ils n'avaient qu'à cesser de m'entraver sans arrêt. Toujours à vouloir me coller au train, me dire quand manger, quand rentrer dans ma cellule, quand prendre l'air... Et bientôt ils me diraient quand chier. Je ne me soumettrais pas à ces règles stupides sans broncher juste pour leur faire plaisir. C'était tout le sel dans une situation comme la mienne. J'obéissais à ceux qui le méritaient. Et pour mériter, il fallait faire des efforts. On n'obtenait rien en suppliant. Pas avec moi en tout cas. Parce que la gentillesse était une faiblesse dont je ne me rendrai pas coupable.

« Ah. Donc tu n'as rien à foutre ici, avec moi. Fous moi la paix alors et laisse moi aller jouer dans la cour. »

Elle eut ensuite un bref échange avec le chien. Roméo. Je n'en compris pas une miette, mais ça m'importait peu. Elle m'ignorait, de nouveau de retour dans sa petite bulle. J'attendis sagement qu'elle veuille bien reporter son attention sur moi, sans cesser de fixer son collier.
Ce fut avec un profond dégoût dans la voix qu'elle m'adressa de nouveau la parole. Je l'écoutai, la bouche entrouverte, attentif, les yeux plissés. J'étais concentré, tentant de comprendre un truc ou deux ce qu'elle me racontait. Les objets... Je n'étais pas un objet, c'était ce que j'avais dit, alors pourquoi... ? Ou alors peut être qu'elle évoquait le contraire ? Oh j'étais perdu. Et puis elle parla de moi et de Liam. J'étais fier d'avoir pu lire entre les lignes. Mais connaissait elle Liam ? Comment savait elle que j'étais attaché à lui ? Je ne lui avais rien dit moi et je n'avais pipé mot à propos de ça à personne d'ailleurs. Peut être Monsieur Gantley l'avait il fait alors. Mais pourquoi... ? Il devait avoir une raison. Il était mon guide après tout.
Alors comme ça j'étais enchaîné à sa volonté et pas libre ? Sauf que ça, c'était de ma propre volonté. Je m'étais moi même assujetti à un méritant pour me décharger de quelques pesantes responsabilités, pour être plus libre dans ma tête. Avoir la vie plus facile en somme.
Elle se rapprocha et mes yeux s'écarquillèrent, se mirent à briller d'envie. Si je tendais la main, je pourrai frôler son bras. Juste et simplement le frôler. Sauf que...

Je fis un demi-pas en avant et tendis le bras pour attraper le sien entre mes doigts. Mon collier m'étranglais un peu, mais ce n'était pas grave. Je la tirai et la ramenai avec moi plus loin dans le cercle. Juste le temps de lui arracher son collier et de fuir jusqu'au plot de béton. Je me juchai dessus et observai toutes ces breloques.

« C'est vrai que je suis enchaîné à quelqu'un. Mais est ce que tu l'as vu au moins avant de critiquer ? Il est tellement beau. Et si juste. »

Son sourire continuait à me foutre les boules, mais il savait tellement bien compenser par ailleurs. Mes dents s'en souvenaient encore. Ou plutôt non, vu que celles qui avaient subi étaient parties. Mais sans doute que mes autres dents flippaient à l'idée de subir le même sort.

« En tout cas, il vaut bien mieux que ces trucs hideux auxquels tu tiens mystérieusement. »

Je tint le collier par un bout et regardai les pendentifs tomber un à un au sol. Certains roulèrent plus loin, d'autres s'enfoncèrent immédiatement dans la terre sablonneuse. Quand il ne me resta plus qu'un fil entre les doigts, je me mis à jouer avec et m'assis en tailleur sur mon perchoir.

« Tu vas pouvoir les retrouver ? Toute seule ? Je te préviens, si tu demandes de l'aide à qui que ce soit, même à Roméo, j'égorgerais la personne. »
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeVen 21 Mar - 20:20

Je sentis soudain sa main sur mon bras. J’avais attendu sa réaction, après tout, je m’étais volontairement approchée dans cette idée. Je perçus son pouls, qui pulsait dans sa paume. Son cœur battait la chamade, mais il ne m’avait pas l’air inquiet. Enthousiaste, peut-être ? Roméo se mit à gronder. Sous la main que n’avait pas prise Abel, sa fourrure se hérissa. Lui aussi trouvait que le détenu était trop près. Celui-ci me tira à lui et je lâchai le dos de Roméo pour laisser ma main glisser à ma seule défense qui ne fut pas canine. Elle s’arrêta toutefois en effleurant l’arme, incapable de s’en saisir, d’abord, et ensuite, parce qu’Abel m’avait lâchée.

Ou pas. Il avait simplement tiré sur mon bras pour rendre mon cou accessible. J’eus un instant de frayeur atroce quand ses doigts frôlèrent ma gorge. Et si ç’avaient été des dents ? Ses crocs ? Puis je ressentis une vive douleur à l’arrière de la nuque quand il m’arracha mon collier. Je portai ma main à mon cou dans l’espoir de retenir l’un des bibelots. Seul me resta le petit ruban effiloché… Je serrai les poings, envahie par un vague de violence. Roméo mordit dans la jambe de mon pantalon et m’empêcha de faire un pas en avant. De me mettre en danger. Je me calmai aussitôt et me détendis. Mon si gentil et si protecteur Roméo. La colère me quitta et je sortis la main de ma poche. Cette main qui caressai l’arme que je mourrais d’envie d’utiliser. Je la posai à nouveau sur le dos de Roméo.

Puis j’entendis un bruit étrange, comme si… comme si quelque chose tombait, morceau par morceau. Puis plus rien. Et Abel reprit la parole.

-Tu vas pouvoir les retrouver ? Toute seule ? Je te préviens, si tu demandes de l'aide à qui que ce soit, même à Roméo, j'égorgerais la personne.

Ne demander d’aide à personne, pas même à Roméo. Ou il égorgerait mon auxiliaire. Sympathique, ce Abel. Vraiment. Je grinçai des dents et fis un pas en avant. Roméo resta collé à moi, et je dus lui intimer fermement de ne pas bouger.

-Je ne peux pas, Ellie. Ce type est malade, il va te tuer ! m’aboya-t-il, rageur.

-Non, rassure-toi. Et puis, si c’est toi qui meurs, comment pourrais-je encore penser à avancer ? lui répondis-je dans un murmure.

Roméo jappa d’angoisse mais ne fit pas un pas de plus quand j’avançai dans le cercle des deux mètres. Bien, brave Roméo. Ne t’inquiète pas, je te promets que je te reviendrai entière. Cette phrase en aurait fait tiquer plus d’un. Je me souvenais de gens qui voyaient d’un très mauvais œil ma relation avec mon chien. Toutes les idées malsaines qui traînaient dans leur tête quant à se qui se passait entre Roméo et moi m’étaient égales. Ils pouvaient bien imaginer tous les trucs possibles, ce qui nous unissait était un amour platonique. Platonique, mais si fort…

J’avançai vers Abel, poussée en avant par l’affection de Roméo. Je ne voyais pas où je mettais les pieds, mais j’étais sûre d’avoir écrasé au moins deux ou trois colifichets. Abel, tu me pousses presque à te maudire, à blasphémer. Tu es le premier dans ce cas. Pour cela, je te tire mon chapeau. Mais sache que me pousser dans mes retranchements ne t’apportera rien. Menacer indirectement mon Roméo était en effet le meilleur moyen de me rendre hostile, voire de me faire enfreindre les règles. Une fois suffisamment près du détenu, je lui fis face, baissai la tête vers lui. Je savais précisément à quelle distance de l’ex muselé et de Roméo je me trouvais. En bondissant en arrière, au risque de mal me réceptionner, je serais assez proche de mon chien pour qu’il me défende contre Abel s’il m’attaquait. J’étais donc à trois pas de lui.

-Voilà. Je suis devant toi, sans personne. Satisfait ?

Instaurer un sentiment de confiance. Lui faire croire qu’il est en sécurité. Ou alors, il flairerait (oh, c’te blague…) un piège, et je serais dans les ennuis bien profond…

-Ellie ! me fustigea Roméo.

-Oui, c’est bon, je peux bien penser ça, ce n’est pas un blasphème ! lui répliquai-je en tournant la tête dans sa direction.

Je reportai mon attention sur Abel, mes deux sens focalisés sur lui. Il avait une odeur musquée et prégnante. Il sentait le chien enragé, j’en étais presque sûre. De telles phéromones étaient typiques, pour peu qu’un humain puisse en sécréter. Le moindre tintement de sa chaîne m’informait de chacun de ses mouvements ou tentatives de mouvement, même infimes.

-Tu parlais de ton maître, celui qui tire les ficelles. Si beau, si fort, disais-tu. Je ne l’ai jamais vu, disais-tu, pour que je me permette de critiquer.

Je m’aperçus que j’avais commencé à le tutoyer. Peut-être encore avant, qui sait.

-Mais… ce maître que tu sembles tenir en si haute estime, qui t’a choisi toi, pourquoi ne vient-il pas à ton secours ? Pourquoi ne te tire-t-il pas de mes griffes ?

-Ellie…

J’ignorai l’avertissement/conseil de Roméo. Il émettait un drôle de son. Un peu comme un grognement, mais plus doux. On aurait dit un gémissement, par moments. Oui, je sais que tu as peur, mais souviens-toi. Je t’ai fait une promesse. Je la tiendrai.

Ma main plongea dans ma poche dans un geste tout à fait naturel, comme si je cherchais un mouchoir. Sauf que ce ne serait pas moi qui éternuerais. Je guettais le bruit de la respiration d’Abel, pour pouvoir le surprendre quand ses poumons seraient vides.

Enfin ! Le signal. Ma main fusa hors de ma veste et plaqua le taser contre ses côtes. Je ne me posai pas de questions et pressai détente. Le choc électrique sonna le détenu et il tomba de son plot. Cela fit tinter sa chaîne, et son corps produisit un bruit mou quand il toucha terre.

-Saucissonnez-le. Suffisamment serré pour qu’il comprenne son erreur, mais attention de ne pas lui couper la circulation sanguine. Allez !


J’entendis le bruit des pas d’au moins deux gardiens, dont un qui remit sa muselière à B3883. Un autre resserra le rayon du cercle de chaîne. J’appelai Roméo pour qu’il m’aide à récupérer le maximum possible de mes pendentifs. Je retrouvai la perle de bois brisée en deux moitiés, ainsi que le petit caillou percé au milieu. Mais je ne parvins pas à mettre la main sur ma médaille. Un frisson désagréable courut le long de mon dos. Je m’accroupis à côté d’Abel, et le saisis au col.

-Ecoute-moi bien, Bone. Si je ne retrouve pas ce « truc hideux » auquel je tiens, je te jure que tu le regretteras.

Je l’avais menacé d’une voix atone, presque calme. C’était avec cette voix que le lieutenant qui avait arrêté le meurtrier de mon père intimidait ses suspects. C’était le genre de voix qu’on détestait naturellement, parce qu’elle ne criait pas. Cette voix en imposait juste comme ça, sans effort. J’admirais vraiment ce lieutenant. Malheureusement, Abel était encore un peu sonné par mon coup de sang, et il ne put me répondre dans l’immédiat. Je m’énervai encore, et m’apprêtai à enfreindre toutes mes règles, quand il se passa quelque chose de nouveau.

Roméo se jeta sur moi et me tira en arrière. Comme je lui résistais, il me mordit, doucement d’abord, puis plus fort, pour me réveiller. D’ordinaire, c’était moi qui devais calmer ses ardeurs, l’empêcher de sauter sur les gens qui me raillaient ou s’approchaient trop. Aujourd’hui, c’était l’inverse. Aujourd’hui, c’était moi qui devenait incontrôlable. Alors je lui obéis et m’assis par terre, à côté de lui, en le serrant dans mes bras. Merci, mon Roméo… Vraiment. L’un des gardiens vint me trouver et me rendit ce qu’il avait trouvé. Seulement deux autres choses. Un sachet contenant de la lavande séchée, et, Dieu soit loué, ma médaille. Elle était toute cabossée, cependant. Vraiment cabossée, en fait. Je dus forcer, en vain, puis la porter à mes dents pour la redresser. Mais au moins, je l’avais récupérée. Ainsi, j’étais sûre de ne plus perdre mon sang-froid. J’avais retrouvé mon moi.
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Abel Bone
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeSam 22 Mar - 12:32

Il y eut un long moment d'hésitation, du moins long pour ma nature empressée, et puis la fille entra pleinement dans le cercle. Elle s'approcha de moi, si près que j'avais beaucoup de mal à refréner mes pulsions meurtrières. J'étais accroupi sur mon plot, la tête levée dans la direction de la fille. Elle se présentait à moi, mais qu'attendait-elle ? Je voulais la voir chercher, m'amuser à la voir galérer. Me rendre compte à quel point elle était un insecte inutile. Allez, fille, fais mentir mes impressions précédentes. Celles qui m'insufflaient de te laisser le bénéfice du doute. Mais tu ne peux pas être comme ça réellement, tu es trop faible.
S'il n'y avait pas Roméo, je lui sauterai à la gorge, à cette femelle stupide. Mais je tenais quand même un peu à la vie. Et puis, je ne voulais pas le contrarier non plus. Il était si beau et fort, ça aurait été un manque de respect total envers celui que je pouvais considérer comme une sorte de chef. Pas comme le guide, non. Mais je lui devais une certaine retenue.

« A moitié seulement, » répondis je lorsque la fille me demanda si j'étais satisfait de sa présence.

Elle tourna alors la tête en direction de Roméo et lui cria dessus. Mais pourquoi ? Je ne comprenais pas pourquoi. Mes yeux s'écarquillèrent. Oh oui, elle était bel et bien complètement folle.
Mais j'oubliai ce détail aussitôt qu'elle m'adressa à nouveau la parole. Et pour me parler de mon maître. Au début de son discours, mes yeux étaient lumineux et mon sourire radieux. J'avais son image dans la tête, une image que j'avais choisie, où il ne souriait pas. Qu'est ce que j'aimais son visage dans ces moments là ! Oh oui, je l'adorais vraiment Monsieur Gantley.
Cependant, sur sa dernière phrase, mon visage se décomposa. Elle insultait Monsieur Gantley ? Elle sous entendait qu'il ne s'occupait pas de moi ? Mais... Mais non ! C'était juste qu'il ne voyait pas d'intérêt à m'aider, qu'il pensait – forcément à juste titre – que j'étais parfaitement capable de me débrouiller seule avec une telle crevette ! Monsieur Gantley ne m'abandonnerait pas ! Je me mis à pleurer, la bouche tordue et le regard rempli d'inquiétude. Non ! Non non non ! Elle ne pouvait pas dire une chose pareille !
Mon pleurs se transformèrent en larmes de rage ! Comment osait elle ? J'allais lui faire ravaler son discours de merde ! On n'insultait pas Mon... !

Une décharge électrique me stoppa net. J'eus l'impression de rester en suspens quelques secondes, avant de tomber de mon perchoir. Je sentis mon corps s'écraser au sol et mes muscles s'agiter désespéramment, ne sachant comment réagir à la stimulation. Je ne voyais plus rien d'autre que mes paupières tant mes yeux étaient révulsés vers le haut. Une poigne solide me redressa assez pour m'entraver. J'avais retrouvé ma bonne vieille muselière et comme apparemment ça ne suffisait pas, on menotta mes mains dans le dos. J'étais hagard, un peu de bave incontrôlable coulait au coin de ma bouche et ma tête dodelinait. Mon cœur avait bien du mal à se remettre.
Alors que j'étais assis par terre, les jambes en un cercle approximatif, je l'entendis, la fille. Elle me parlait, enfin il me semblait. Elle m'informa que je pourrai regretter qu'elle ne retrouve pas une de ses babioles. Mais qu'est ce que j'en avais à foutre ? Je ne pouvais même plus parler tellement ma langue était toute engourdie.

Finalement, quand le gardien qui était dans mon dos me lâcha l'épaule, je m'écroulai sur le côté. Mon épaule s'enfonça un peu dans la terre humide et je laissai ma tête y reposer. Mes yeux se fermèrent. Ca faisait du bien. Douce terre. Silencieuse, fraîche. Tranquille.
Des larmes se mirent à dévaler mes joues. Pourquoi Monsieur Gantley ne venait pas me chercher ?
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeVen 28 Mar - 20:45

J’étais toujours assise sur le sol de la cour, serrant mon Roméo contre moi. Oh, mon Dieu, mais qu’avais-je donc fait ? Je déglutis et poussai un long soupir, le visage enfoui dans la fourrure de mon fidèle ami canin. Je la humai doucement, pour me raccrocher à cette odeur familière. Roméo se serra contre moi d’autant plus. Je nous berçai un moment, pour me calmer. Mon chien m’avait arrachée à mon envie de violence, il avait rempli son rôle de protecteur, il avait rempli également le rôle confié par mon père. Un rôle implicite, qui concernait les limites que je ne devais pas franchir. Je resserrai un peu mon étreinte, pour sentir mieux les muscles puissants du cou de Roméo, pour le rendre encore plus réel, pour rester ancrée dans la réalité. Un gardien posa sa main sur mon épaule, dans une tentative bourrue de me consoler. Roméo gronda, mais vit que l’homme n’était pas chargé de mauvaises intentions. Il le laissa faire. C’était étrange, d’habitude, les gens ne m’approchaient pas. Ou alors, seulement pour me railler. Là, c’était en plus un gardien, qui venait pour m’aider.

Sa fourrure était encore humide de la pluie de tout à l’heure, et il sentait le chien mouillé. C’était une odeur relativement désagréable en temps normal. Et aujourd’hui… elle revêtait le parfum de mon échec. Je fus secouée par un profond soupir saccadé. La queue de Roméo s’enroula autour de ses pattes et me chatouilla un peu. Un vent léger commença à souffler. A ce rythme, nous serions secs dans trois jours !

Les jambes tremblantes, je me levai en prenant appui sur Roméo. Il raidit ses muscles pour me soutenir. Une fois sur pieds, je le gratifiai d’une caresse entre les oreilles qui le fit remuer la queue. Je tendis tous mes sens pour guetter le moment où Abel se réveillerait. J’avais peut-être un peu forcé la dose… En tous cas, vue l’ampleur de ma réaction à sa provocation, je doutais qu’il me suive, maintenant. C’était seulement mon deuxième dressage, je n’avais pas l’expérience du lieutenant qui m’avait adressée à cette prison. Lui traînait derrière lui de nombreuses années d’exercice. Je crus entendre Abel grogner. De douleur ? Quelque part, une instinct barbare tirait satisfaction de cette vengeance. Je fis taire cette voix d’une gifle mentale, et portai la main à mon cou. Ne touchai que ma peau. Je serrai les dent set m’incitai au calme en me sentant m’énerver. Ma croix… Celle que mon père m’avait offerte… Sûrement perdue, enfouie juste là, sous mes yeux. Cela faisait longtemps que je n’avais pas pesté contre ma cécité… Mais cette fois… Cette fois, ça en valait la peine.

Je reportai mon attention sur Abel, sentit l’odeur de sa douleur portée par le vent, rehaussée d’une pointe d’inquiétude. Lui avais-je fait peur ? Moi ? Incrédule, j’écoutai plus attentivement, mes sens aux aguets. Il avait une respiration sifflante, et l’air souffrant. Il m’inspira soudain une grande pitié. Je tâtonnai dans ma poche à la recherche du taser, que j’avais rangé après l’avoir utilisé. Je fus tentée de m’en donner une décharge, pour en évaluer l’efficacité. Roméo, qui avait perçu mon intention, me donna un coup de museau. Oui, tu as raison, comme toujours… Je lâchai l’arme et sortis la main de ma poche. L’élan de pitié qui m’avait prise tout à l’heure ne m’abandonnait pas. Je m’éclaircis la voix et ordonnai fermement aux gardiens :

-Détachez-le et portez-le jusqu’à l’infirmerie. Il ne sera pas dit que j’aurai laissé un détenu dormir sur le bitume. Ou la terre. Ou le sable, ou quoi que ce soit d’autre qu’un lit.

J’entendis des soupirs excédés à côté de moi. Aucun des gardiens ne voulait aider Bone.

-Il faut savoir pardonner, quand bien même cela va à l’encontre de la nature belliqueuse de l’humain. Même si cela me fait mal, sûrement autant qu’à vous, d’ailleurs.

-Ça, ma grande, je crois pas. C’t’animal a déjà buté l’un des nôtres, et vous avez une chance incroyable qu’il vous ait pas arraché la gorge et se soit contenté de vot’collier.

Il avait déjà tué un gardien ? Waw… En effet, je pouvais saluer ma bonne étoile. J’adressai une prière muette de remerciement à mon père et caressai à nouveau Roméo entre les oreilles. Cela me rasséréna et je me campai plus solidement sur mes jambes et mes convictions.

-Faites ce que je vous dis. De toutes manières, il ne sera pas en état d’obéir… Je ne peux plus lui apprendre quoi que ce soit tant qu'il sera... sonné. Je crois que j’ai un peu sous-estimé la force du taser…

-Inconsciente… entendis-je murmurer à deux mètres de moi.

Roméo gronda, mais je n’en voulais pas au gardien. Il avait peur, et le repli sur soi-même et la menace étaient les deux moyens les plus utilisés pour combattre la peur. Avec un sourire mental, j’attendis que mes protecteurs/collègues humains soient sortis de mon champ d’audition pour me permettre de me rasseoir et de souffler longuement. J’allais avoir besoin d’une bonne séance de mutisme…


[tu l'as peut-être remarqué, je commence à avoir du mal avec Ellie ^^ si tu as de supers idées, n'hésite pas pcq je commence vraiment à sécher ><]
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Abel Bone
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitimeSam 29 Mar - 23:53

Il y avait des voix, qui parlaient autour de moi. Mais je ne les écoutais pas. Je préférais rester à l'écoute de la terre, laissant des larmes dévaler mes joues et mon nez. Des larmes, non pas de douleur, mais de peine. Je me sentais si seul en cet instant, personne pour prendre soin de moi. Personne pour me féliciter, personne même qui mérite ma simple attention. Cette fille était une lâche. Elle m'avait grillé après m'avoir insulté sans raison, non elle avait insulté Monsieur Gantley. Mais c'était encore pire. Ceux qui se révélaient incapables de reconnaître ma valeur et mon utilité ne méritaient pas plus la vie que tous ces neuneux constamment en train de lui sourire.
On me redressa de force mais je n'opposai aucune résistance. J'étais mou. Sans plus aucune volonté. Je me rendis bien compte que la chaîne qui m'avait retenu à un plot avait été retirée. Mais je ne fis aucun mouvement pour m'enfuir, ni aucun mouvement du tout d'ailleurs. On me hissa sur une épaule solide et je me laissai faire, sans broncher, sans grogner. Sans bouger.


[Ceci n'est pas un vrai post, parce que la suite directe est <<<ici>>> ]
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MessageSujet: Re: Assis, couché, donne la patte ! Gentil !   Assis, couché, donne la patte ! Gentil ! Icon_minitime

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