J'étais en plein milieu de la nuit pour ne pas exciter les détenus. Il s'agissait de sécurité intérieure, si j'ai bien compris. On m'avais accompagnée jusqu'à ma cellule, j'étais seule à l'intérieur. Je me mis sur une couchette, et ferma les yeux, avant de tomber dans les bras de Morphée.

Pour venir ici, on m'avait mit un sac su la tête durant tout le voyage, pour ne pas que je puisse voir la route qui pourrait éventuellement me ramener chez moi, si j'arrivais à m'évader. Je me demandais alors à quoi pouvais bien ressembler cette prison... DearDeath Jail... Lorsque le juge a prononcé ces mots, des frissons on parcouru tout mon corps... Je connaissais cette prison. C'était l'endroit de mes cauchemars depuis ma plus tendre enfance... C'était ''L'enfer avant l'enfer'', selon mon père.
Mon père, et tout le reste de ma famille étaient des criminels connus et reconnus, recherchés ou prisonniers. C'est comme un travail de famille, que l'on apprend à faire dès l'adolescence, pour reprendre l'entreprise familiale plus tard. DearDeath Jail, c'était le mauvais endroit des histoires que mon père me racontait avant de s'endormir. C'était un endroit que je pensais légendaire... Et que je savais horrible.

Sous mes airs de gamine à peine pubère (J'exagère un peu, mais il est vrai que j'ai un visage plutôt poupin, avec des fossettes lorsque je souris. Je ne suis pas très grande, ce qui ajoute au côté enfantin de ma silhouette. Autrement, j'ai un corps bien formé, un corps de femme, bien qu'il soit caché sous l'uniforme gris moche qui m'avait été fourni), j'ai 19 ans, je suis une redoutable tueuse, et maintenant, je suis une terroriste de renommée internationale, qui s'est faite pincée comme une bleue. Enfin bref, je ne dois pas m'apitoyer sur mon sort.

Je suis du genre lève tôt, je déteste traîner au lit. Je me lève de ma couchette (je ne peux me résoudre à appeler cela un lit), je sors de ma cellule qui n'était étonnamment pas verrouillée, et me dirige vers la cours. J'ai besoin d'air... De soleil, de semi liberté, et... De compagnie. Je trouverai surement une personne qui soit ni un colosse des montagne tatoué de la tête aux pieds, ni un psychopathe aux tendances meurtrières perverses et sadique.

J'arrive dans la cours et scanne un peu les alentours. Il n'y a pas grand monde à cette heure-ci, et ça me convient tout à fait. D'un côté, des hommes se battent... Ce qui ne m'étonne que très peu... La seule chose un peu étrange, c'est le fait qu'ils puissent penser à se battre aussi tôt le matin... En tournant le regard, j'aperçois un homme seul, assis à une table... Il ne semble ni psychopathe, ni sociopathe, ni fou, ni violent... La compagnie carcérale idéale à première vue. Je décide de m'approcher de lui.
Je fais quelques pas en sa direction... Puis rougis un peu... Comment dois-je aborder un détenu... ? Comment dois-je me comporter face à lui ?

Je m'arrête, regardant en sa direction. A vrai dire, j'ai le regard dans le vide, je suis perdue dans mes pensées... Trop de questions fourmillent dans ma tête.
Un fracas me fit me fit sortir de ma torpeur, je me retourne. L'un des types, massif, venait de s'étaler au sol. Sa masse avait claqué sur le sol avec une violence qui induisait celle avec laquelle il avait été frappé. Il ne bougeait plus. Les deux autres étaient plus bruyants, plus agités... L'auraient-ils tués ?

L'un d'eux se mit à me fixer... L'air en colère... Ou alors... Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu une fille encore fraîche...?
Je déglutis bruyamment... Son regard me tétanisait... Si seulement je pouvais m'enterrer, me cacher, disparaître, découvrir que je possède l’immense pouvoir de devenir invisible... Mais non... Ils étaient au nombre de trois... L'un au sol, l'autre tentant de le réveiller... Et le troisième... S'avançait vers moi, d'un pas inquiétant... Son regard se plantant dans le mien. Je ne compte pas baisser les yeux devant lui... Bien qu'il fasse plusieurs têtes de plus que moi, une centaine de kilos de plus que moi, je lui ferais face.
Mon cœur s’accélérait, mes mains étaient moites, ma respiration s’accélérait aussi... Mais je tentais de ne rien laisser paraître. Je pris une grande bouffée d'air, j'étais prête à affronter toute éventualités. J'étais redoutable au corps à corps, j'étais surentraînée, j'avais mis au tapis de types bien plus imposants... Mais celui là avait une haine dans le regard qui avait tendance à me déstabiliser.
Je ne laisse rien paraître. Je le laisse avancer dans ma direction, attendant de savoir ce qu'il me voulait.

Le gros s'approchait de moi, pour enfin être face à moi. Son regard était toujours planté dans le mien. J'avais l'impression qu'il me bouffait de l'intérieur... Son regard me pénétrait... Au point, oui, de me faire perdre mes moyens... Ce qui était plutôt rare... Non, à vrai dire, je n'avais jamais perdu mes moyens devant un ennemi, un adversaire, quelque soit sa taille et son taux d'énervement. Il était différent... C'était... De la perversité que je pouvais voir dans son regard... Je n'avais jamais été confronté à un homme pervers... Me frapper l'importait peu, je l'avais bien compris...

''Et bien mademoiselle, on est nouvelle ? On veut faire une visite des lieux ?'' Dit King Kong, d'une voix rauque, et un poil essoufflé.

Je n'osais rien répondre... Et cet instant semblait durer des heures... D'autant plus qu'il avait posé sa main sur mon épaule... Là, je me sens vraiment menacée. Je suis prête à bondir, pervers ou no, montagne ou non, regard bizarre ou non. Il m'a touchée, c'est la pire chose qu'il ait pu faire, tant pis pour mon image de petite jeune fille mignonne que je comptais garder auprès du personnel... S'il faut, je le mets K.O.

Je le détaille à la vitesse de la lumière. Il boitait un tout petit peu en marchant, il avait une faiblesse au genoux gauche. Vu son poids, son foie devait travailler plus que la normale et devait être souvent douloureux, ce serait mon deuxième coup. De plus, sa nuque est raide, frapper un grand coup sur cette raideur devrait le sonner un moment, juste le temps que je lui échappe.

J'avais tout calculé, je pouvais passer à l'action. Mon regard se porta vers son genoux, quand j'entendis une voix étrangère à celle que j'avais pu entendre juste avant.

''Salut, mon gros ! Tu ne veux pas aller voir ton pote, je crois qu'il a besoin d'aide.''

C'était le détenu de la table, vers lequel je me dirigeais auparavant. Il lui parlait avec le sourire, il le provoquait. Pourquoi ? Il ne me connaissait pas... Pourquoi voulait-il m'aider ? Y aurait-il encore des gens... Bons dans cette prison ? Son aide, je l'acceptait avec grand plaisir... !

''Tu veux quoi, toi ?''
- écoute mon pote, pourquoi tu veux lui faire du mal ? Regarde elle est si faible, puis tu ne vas pas frapper une femme. Tu vaux mieux que ça, non ?''
- Qui a dit que je voulais la frapper ?''

J'avais raison... Il ne voulait pas me frapper... Il voulait faire bien pire... Le golgot des montagnes passa sa main dans mes cheveux... Je manquais de hurler comme une petite fille... J'avais une sainte horreur qu'un type qui ne me connaissait pas puisse toucher à mes cheveux... Je me sentais... Presque... Violée dans mon intimité. Je me retins alors de le gifler.
Le Yéti décocha alors une droite au détenu. Je sursauta, surprise par ce geste... Je ne m'attendais pas vraiment à ça... Je voulu aller voir comment il allait... Me précipiter vers lui mais je ne pouvais pas bouger... Ma tête le voulait mais mon corps n'avait pas envie de suivre.
Il allait bien, visiblement. Il ne tarda pas à se relever, en riant, ce qui m'étonna de plus belle. Il se jeta sur le Troll et le blessa à l’œil. Cela mit le gros en fuite.

''Ça va aller mademoiselle ?'' Me demanda le détenu ensanglanté.

Je devais m'habituer... Ça allait être comme ça à présent... Des combats incessants pour se protéger... Mais, j'avais pu voir qu'il n'y avait pas que du mauvais dans cette prison... J'allait... Peut-être pouvoir faire confiance à quelques personnes ici...

''O... Oui... Merci beaucoup...'' Lui répondis-je.

Je regardais le détenu et lui fit le plus beau sourire que je pouvais faire, afin de le remercier... Je ne savais, à vrai dire, pas du tout comment je pouvais le remercier, si ce n'est en lui renvoyant ascenseur un jour.

''Comment... Comment est-ce que je peux vous remercier ?''

Je le regardai, j'avais beaucoup de sympathie à son égard, même si je je ne le connaissais pas.

« O...Oui... Merci beaucoup... »

Sa voix était frêle et faible, elle semblait avoir peur. Si elle a peur de cela, je me demande ce qu'elle ressentirai lorsqu'elle entendrait les cris de certains détenus qu'on frappe, martyrise ou je ne sais quoi d'autre. Pauvre enfant, livré à elle-même sur un territoire peuplé de sauvage... Que fait-elle ici ? Cache-t-elle son jeu ou est-elle vraiment apeurée ?

« Comment...Comment est-ce que je peux vous remercier ? »

« Ne me remerciez pas, tout simplement. Lui dis-je en souriant. Je n'ai agi que parce que ça me répugne de voir ce genre de choses de bon matin. Et puis, ce serait dommage que vous ayez une mauvaise impression dès le départ. Vous êtes nouvelle, me trompe-je ? »

Elle semble à la fois honteuse et compatissante à mon égard, étonnant. Je n'ai pas l'habitude qu'on m'apprécie dès la première rencontre. Je n'aurais peut-être pas dû être aussi hautain avec elle, comme si je connaissais cette prison mieux que quiconque, presque puéril de penser cela. Je ne connais que très peu de salle et elles sont communes au reste des détenus. Depuis que je suis ici, je ne suis jamais monté au troisième étage, j'aurais pu. Mais rien ne m'intéresse là haut. Mon regard c'était jeté sur l'immense bâtisse qui m'abrite quelques mois déjà. Quelques mois... Je ne sais même plus jour nous sommes et quel moment de l'année. Le froid n'est pas encore arrivé, serait-on en été ? Non, la brise n'est pas assez sèche, le printemps. Ma saison préférée, le moment où les fleurs fleurissent.

Ceci dit cela fait des mois que je suis ici et je suis toujours seul, assis à la même table et les seuls amis que j'ai sont mes bouquins et mes altères à la salle de gym.
Après tout avoir une amie dans ces murs pourraient rendre cela plus attrayant.

« Je suis désolé, si je t'ai un peu offusqué. Ce n'était pas mon intention. Donc, tu es nouvelle ? »

Elle ne m'avait pas quitté des yeux durant tout le temps où j'étais plongé dans mes pensées, que pouvait-elle se dire pendant ce temps ? Était-elle véritablement offusqué par mes paroles ? Ou simplement timide pour me répondre ? Aurait-elle peur de moi ? Pourquoi je me pose autant de questions ? J'ai juste à attendre qu'elle me réponde... Parfois je me dis qu'il faut que je cesse cette manie de me poser des questions sans arrêt. Un jour cela me jouera des tours, c'est certain.
Et bien fille aux cheveux rouges, tu as perdue ta langue ?...

Je devais faire attention. Je devais me faire des amis ici... Car je savais que seule, cet endroit serait très dangereux, même si j'était calée en combat.
Il m'avait offensée, en effet, mais je devais faire attention à ne pas le montrer. J'aurais pu démolir cette armoire, ce gros tas aux allures de trolls, mais il fallait que je me forge un personnage faible et fragile, afin de m'attirer les bonnes grâces du personnel, et des prisonniers naïfs à mon sujet.

« Ne me remerciez pas, tout simplement. Me dit-il en souriant. Je n'ai agi que parce que ça me répugne de voir ce genre de choses de bon matin. Et puis, ce serait dommage que vous ayez une mauvaise impression dès le départ. Vous êtes nouvelle, me trompe-je ? Je suis désolé, si je t'ai un peu offusqué. Ce n'était pas mon intention. Donc, tu es nouvelle ?

-Non, vous ne vous trompez pas, je suis arrivée hier soir. Lui dis-je ne lui rendant un sourire. Ma voix s'était affirmée, elle était moins frêle, et mon regard semblait déterminé. Tu ne m'as pas offusquée, rassures toi, j'ai trouvé ça... Gentil de ta part."

Pourquoi avais-je du mal à mentir avec lui ? Je sentais... Que je n'étais pas bien convaincante lorsque je lui avais dit qu'il ne m'avait pas offusquée. Il m'avait un peu touchée dans mon orgueil, à vrai dire. Mais ce type ne me déplaisait pas pour autant. Peut-être pouvais-je bien m'entendre avec lui ?

"Qu'est-ce que vous avez fait pour atterrir ici ?" Lui demandais-je curieuse.