Encore un ...

Et un de plus. Un certain ... Aleksey, 19 ans lui aussi. Déclaré comme un dangereux déséquilibré. Un fou furieux. Un assassin sordide. Un monstre sans cœur. D'après son dossier, c'est concrètement les insultes qui ont fusées à son procès.

Un psychopathe en plus. le dernier que j'ai accueillit, Kyle Winchester, était pourtant assez ... calme par rapport à la majorité. Ce russe était, au contraire, encore quelqu'un avec qui il allait falloir me méfier ... mais pas vraiment diagnostiqué. Et donc quelqu'un de probablement ... excitant, fascinant.

Argh, ces vieilles pulsions qui restaient encrées en moi. J'aimais la dangerosité, même si j'étais curieuse de ceux qui l'étaient moins.

Mais ce n'était pas l'important. En me voyant arriver, les gardes me saluèrent d'un hochement de tête. Ils commençaient à me connaître, depuis le temps que j'étais chargée à l'accueil des nouveaux.

Et voilà ... encore une fois, par cette belle journée d'été, un fourgon blindé allait retirer sa liberté à un homme. mais cette fois-ci, ce serait pour une raison plus valable que la dernière ... une raison, tout à fait justifiée.

Prisonnière de mes habitudes, j'allais m'appuyer sur la grille entrouverte de l'entrée, jouant avec mon omamori accroché au cou. J'attendis, une fois encore.

[HS :Assez court, mais comme j'ai déjà fait une admission hier soir ...]

Invité

<< Je compte sur mes doigts
Et puis je te mords
Ce sera toi le chat
Je t'attrape et te dévore
Prends tes jambes à ton cou
Et cours et cours
Ce ne changera rien du tout
Cette fois c'est ton tour >>

- Ca va faire 1h que tu chantes, tu pourrais peut être la boucler !

Je hausse un sourcil qui se veut autant moqueur qu'amusé, la boucler je voulais bien, mais pour cela il fallait que ce charmant policier assis face à moi dans cet horrible fourgon m'indique ce qu'il voulait que je boucle exactement. Bien que je ne sois pas vraiment sûr qu'il sage véritablement ce qu'il voulait, par bien des côtés il me semblait qu'il était pire que moi. C'est lui qui devait être assis les mains dans le dos encerclées par des menottes totalement inconfortable, ils devraient desserrer un peu les menottes ça ferait moins mal et ça serait un peu plus agréable. J'ai bien essayé de le leur dire, mais je me suis prit une baffe, je n'ai pas vraiment comprit pourquoi d'ailleurs, depuis quand on frappe les personnes qui posent des questions ? Surement depuis qu'ils n'aiment pas les questions et surtout qu'ils n'ont pas de réponse à donner. Si on ne connait pas la réponse il suffit simplement de le dire, pas de quoi en faire un drame... Et c'est moi le fou, quel drôle de monde à l'envers. Le temps de réfléchir je me suis fait silencieux, enfin presque j'ai juste arrêté de prononcer les paroles, mais la mélodie était toujours présente en un fin murmure. Tout le monde le sait, après avoir arrêté il est facile de recommencer ! Alors alors y pour poursuivre la chanson ! Ça serait bien si l'autre brailleurs me rejoignait au lieu de brailler.

<< Je suis un amour de créature
Un p'tit garçon
Qui te torture
Et si tu te caches
La tête je t'arrache >>

Amusant comme l'homme en face de moi semble avoir peur de ma chanson, pourtant ce ne sont que des paroles de simples paroles qui pourrait les prendre au sérieux ? Hormis lui naturellement, peut être l'homme qui conduit ou ceux qui m'ont tenu enfermé dans cette petite chambre. Heureusement que de temps en temps ils m'envoyaient cette femme pour que je puisse m'amuser avec quelqu'un, c'était quoi déjà son nom ? Miyoko ?

<< Je compte sur mes doigts
Et puis je te mords
Ce sera toi le chat
Je t'attrape et te dévore
Sang dessus sang dessous
Et tu peux toujours
Appeler au secours
Moi je te savoure >>

Non, ce n'est pas ça. Moyoko peut être ? Ha tiens, le fourgon s'arrête et d'après les quelques bruits le conducteur c'est garé, je vais enfin pouvoir descendre de ce fichu véhicule absolument pas confortable. Je me demande s'ils m'ont reconduis vers ma minuscule chambre... Enfin peut importe où ils me conduise du moment que ce n'est pas dans ce lieu. Ayako peut être... Non ce n'est pas ça... Bon le véhicule est arrêté, lui il vient de me détacher de cette fichue barre, donc je peut descendre. Ha tiens non il semblerait qu'il ne voulait pas que je descende seul d'après l'énorme coup qu'il m'a envoyé dans les côtes... Je me demande s'il sait que ça fait mal. Je suis obligé de le suivre à moitié plié en deux tellement c'est douloureux... Et c'est moi que l'on dit stupide. Ha ! Minayoko ! Non... Ce n'est toujours pas ça. Tiens des grilles, marrants comme elles sont noires on pourrait croire qu'ils viennent de les peindre, sauf que si elles venaient d'être peintes la statue appuyée contre serait tout aussi noire. Ho ?! Marrant ce n'est pas une statue, mais une humaine tout comme moi ! Enfin, je pense qu'elle est humaine... Je me demande si elle serait d'accord pour me montrer son sang. Plus on s'approche d'elle et moins je la quitte du regard, ses yeux sont violet ! Je n'ai jamais vue qui que se soit avec de tel yeux... Madame es-tu vraiment humaine ?

<< Et le petit chat et mort...
Dites les yeux Baioretto... Ça vous gênerait de krovotochitʹ ? Aller juste un peu... >>
(Baioretto=violet ; krovotochitʹ=saigner je sais tu ne parles pas russe, mais pas grave ça peut être marrant xD)

Aller montre moi ton sang, non ! Laisse moi te faire saigner, juste un peu, juste pour être sûre que tu soit humaine. Après tout les humains n'ont pas les yeux violet ! D'ailleurs c'est quoi un humain au juste ? Haaa.... Ce policier vient encore de me frapper, pourquoi il me frappe tout le temps celui-là, ce n'est vraiment pas marrant en plus je n'ai rien fait cette fois...

- Voici le détenu S1408, faites attention on dit qu'il est un peu fou. Enfin bon, vu où vous êtes vous devez avoir l'habitude de ce genre de type.

Détenus S1408, c'est moi ça ? Vraiment ? Amusant, plus on me déplace et plus j'apprends de nouvelles choses sur mon identité ! Non vraiment je ne peux pas m'empêcher de sourire largement, mais au moins je parvient à ne pas rire c'est déjà ça non ?

<< Yoko ! C'est Yoko Minayoshi ! J'ai enfin retrouvé son prénom... Comment elle va ? >>

Où force règne raison n'a pas lieu.
Proverbe français - Manuscrit de 1456

Dès que je l'aperçois descendre de ce véhicule, je n'ai aucun doute. Il n'est pas comme Kyle ... non, celui-ci est réellement dangereux. Sur les lèvres un sourire ... dément, je n'ai pas d'autres qualificatif. Sa démarche me fait penser à celle d'un enfant, ignorant, mais aussi à celle, bien plus raisonnable, d'un assassin;
Comme s'il n'avait pas conscience de qui il est, de ce qu'il a fait. Autiste, peut-être ? Ou simplement fou à lier ? Je mettrais ma main au feu que je ne suis pas la première à me poser la question.

Il fait gigoter ses mains, comme mal à l'aise dans ses menottes. Et le garde le conduit vers moi ...

"Et le petit chat et mort..." Le ... petit chat est mort ? Se rend-t-il même compte de ce qu'il dit ?
"Dites les yeux Baioretto... Ça vous gênerait de krovotochitʹ ? Aller juste un peu..."

Légèrement interloquée, je resserre ma prise sur mon omamori. Et, rapidement, je passe en revue mon répertoire de langues étrangères ... japonais, allemands, italien, espagnol, français ... non. C'est une autre langue ...
Du russe, évidemment ! Mais, les yeux ... mes yeux ne passent pas inaperçus. En toute logique, il doit vouloir parler de leur couleur. "Krovotochit'" ? Aucune idée de ce que ça veut dire. Mais j'ai lu son dossier, et il ne faut pas nécessairement être psy pour comprendre la pensée qui l'obsède.
Le gardien le frappe. Oh, je connais ce gardien, un certain Teddy, une masse de muscle sur patte ... et même lui semble avoir peur de ce fou. il me recommande d'ailleurs vivement la prudence. Ce n'est donc pas lui qui va l'escorter jusqu'à sa cellule ?
Non, évidemment. ce Teddy est un peu le leader au sein des gardiens, et doit avoir d'autres chats à fouetter. Métaphoriquement, bien sûr - on ne sait jamais, ici.

Aussitôt, il me tourne le dos, retournant à la camionnette ... et me laissant seule avec le malade. Ce n'est pas comme si je n'étais pas habituée non, mais généralement, je connais leur maladie alors les choses sont moins ... disons ... flippantes ?

Yoko ! C'est Yoko Minayoshi ! J'ai enfin retrouvé son prénom... Comment elle va ?

Quoi ? Que vient faire ici le nom de sa victime ? Reprenant mon sang-froid, j'esquisse un faible sourire. D'après son dossier, il a vécu au Japon ... voyons s'il a encore les racines. M'inclinant légèrement, je lui réponds:

"Konnichiwa."

Je marque une pose, cherchant quelque chose à ajouter. Je m'apprête à poursuivre en japonais, mais me rappelle où nous sommes. Aux USA. Le japonais n'est plus de mise. Me redressant, j'explique, me disant que ce détenu ne doit pas avoir réellement saisi la portée de ses actes :

"Mademoiselle Minayoshi est morte. Je suis Shizuka Ayame, et j'assurerais probablement votre suivi psychologique, Adamovitch."

Enfin, façon de parler ... Yoko était psychologue, et morte dans l'exercice de ses fonctions par sa faute. D'où le "probablement". Je ne tien pas à me faire descendre moi non plus, même si je brûle de l'examiner. Toujours cette ambivalence, dans ma tête.
Puis je repense à ce qui, d'après ce que j'ai compris, l'obsède en permanence ... et comme je dois trouver le moyen de le calmer, j'ajoute d'une voix plus basse :

"Mon sang est comme le comme le vôtre ... si vous tenez absolument à le voir, peut-être une autre fois. Pour le moment, je dois vous conduire à votre cellule."

Sans vraiment réfléchir, obéissant plutôt à une sorte d'instinct, je pose la main sur l'épaule du jeune homme. Pas comme on le ferait avec un détenu, plutôt comme on le ferait avec un enfant. Et tout en restant sur mes gardes, j'entreprends de le ramener à l'intérieur, faisant signe aux gardes de refermer la grille derrière moi.

Viens la partie la plus ardue ... J'essaie de le guider à travers les couloirs de la prison, jusqu'au deuxième étage, jusqu'à sa cellule ... évitant de préférence qu'il me morde en chemin. ce faisant, j'explique :

Le lever habituel est à 7h30, le déjeuner à 12h30 et le dîner à 19h30. A 22h30, les prisonniers sont sensés être dans leurs cellules. Une cloche sonne à chaque horaire clé. L'exercice physique est obligatoire pour tous les nouveaux, en salle de musculation, de 15h à 18h. Les séances avec moi seront programmées selon vos besoins, sur votre demande, mais mon bureau est ouvert à toute heure de la journée."