Une prison pas comme les autres ... Quel que soit votre crime, vous le paierez.
 
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 Vide.

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AuteurMessage
Neil Cian
L1233 - Tueur en série
Neil Cian

Date d'inscription : 23/12/2013

Mon personnage
Âge : 18 - 19 ans
Nationalité : Américain
Fréquentations :

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MessageSujet: Vide.   Vide. Icon_minitimeMar 8 Avr - 22:55



Depuis un bon quart d'heure, je m'applique à tailler un savon à l'aide d'une lime à ongle qu'un voisin m'a gentiment offert. C'est dingue, j'étais loin d'imaginer que les détenus étaient si attentionnés entre eux. Surtout après une putain de révolte aussi dévastatrice.
Au-delà de cela, j'ai réussi d'ailleurs à distinguer trois groupes distincts : les « respectés », se déplaçant souvent en gang et imposant leur respect par la violence et l'intimidation ; les « âmes perdues », vides, et qui ne sont plus que l'ombre d'eux-même – mais qui peuvent miraculeusement se réveiller durant une rébellion -. La plupart sont d'ailleurs drogués ou carrément tarés. Le dernier groupe renferme ceux qui ont acceptés leur sort en prison sans pour autant devenir comme les « âmes perdues ». On peut d'ailleurs remarquer qu'il y a des similitudes, notamment en ce qui concerne la drogue et la case en moins. Ces gens-là sont prêt à venir en aide à un arrivant paumé en lui expliquant un peu la vie, et parfois en lui offrant des biens obtenus via les gardiens corrompus. Savons, couvertures, brosses à dents, chocolat, toutes ces petites choses banales deviennent ici un véritable trésor.
Certains détenus, ayant sûrement pris à perpétuité, ont même droit à un instrument de musique, et, parfois, il m'arrive d'écouter avec envie la douce mélodie d'une guitare ou le rythme d'un djembé.
Ma figurine censée représenter un loup hurlant ressemble plus à une bougie usée qu'autre chose. J'aurai peut-être dû faire quelque chose de plus simple, genre une pièce d'échec.

L'après-midi entamée, l'orage aurait pu me déprimer. Et en effet, je me morfonds, mais parce que j'aurai aimé pouvoir aller prendre un peu l'eau dans une forêt, chose que je faisais souvent, avant. Je me morfonds parce que depuis que je suis ici, je prends trop cher, tant physiquement que mentalement. Mais mentalement, ce n'est plus un scoop. Je fais d'or et déjà parti du groupe des gens tarés.

Mon esprit vagabonde, et j'en viens à penser aux gens que j'ai rencontré. À commencer par Ombrage. Que veut-elle réellement ? Qu'est-ce que je ressens pour elle ? De l'amour ? De l'amitié ? Je n'en ai aucune idée. Je ne sais pas ce que je ressens, et ce, pour personne. Je n'ai pas revu Ulrick depuis un bon moment, et à vrai dire, ça ne me fait rien. Pourtant, je l'apprécie, c'est certain. Autant que Basile. Je pense. Non, je déconne. J'en sais rien, en fait. Putain.
Un gardien entre dans la cellule. Sa peau très mâte, son regard sombre et sa croix à l'oreille me fait reconnaître Isaac, ou l'un des surveillants les plus corrompus de la prison. Un indien trentenaire que je n'apprécie pas tellement. Sa cicatrice me rappelle un peu celle de D5087. D5087, mort par la faute d'Ombrage.

- Debout le mioche, ordonne-t-il.

Il me passe les menottes et me fait descendre du lit. Ça fait un moment que je n'ai pas été attaché, du coup, je suis tout de même surpris. Comme si je pouvais être dangereux avec mes blessures de partout. Mais, content d'avoir quelque chose à faire de cette triste journée, je lui demande où il m'emmène sans râler. Je vais vite le savoir, d'après lui.
L'indien m'entraîne au rez-de-chaussé, dans un coin où je n'ai jamais mis les pieds. Je l'interroge de nouveau, et voyant qu'il ne répond pas, insiste, au cas où il n'ait pas entendu.

- Tu connais Shrek ? Me demande-t-il subitement.

Je réponds positivement, étonné de sa question.

- Et bien, toi, tu es l'Âne. Lourd et pénible à la fois.
- C'est un peu la même chose, en fait.

Je lui souris, ce qui ne dois pas lui plaire puisqu'il me jette un regard noir avant d'ouvrir une porte blindée et de me jeter dedans.
Me voilà dans un minuscule hall, aussi grand qu'un ascenseur gardée par deux types qui me fouillent aussitôt. Je m'indigne de ses attouchements, mais ne me débat pas. Pas envie de me prendre un coup de matraque.

- Le Président est à l'intérieur, ou quoi ?

Nous ne sommes pas souvent fouillés, alors c'est plutôt étonnant.
L'un des deux hommes hoche finalement la tête, ouvre l'autre porte et m'ordonne d'entrer. Sans avancer, je refuse, soudainement peu en confiance devant les murs blancs que j'aperçois. Mes cours d'histoires me reviennent avec précision, et je m'imagine entrer dans l'une de ces chambres à gaz et mourir comme une merde.

- T'es sourd ou quoi ? Je t'ai dis d'entrer. Il n'est pas venu pour rien, tout de même !
- Qui donc ?

Pour toute réponse, il me pousse à l'intérieur et referme brutalement la porte derrière moi.
Le temps que mes yeux s'adaptent à la lumière de la pièce, et un homme s'est levé, contournant une petite table en métal posé au centre de la pièce. Très grand, il est également large d'épaules. Ses cheveux courts poivres et sel sont en accord avec sa peau extrêmement blanche, et ses yeux gris semblent prendre vie lorsqu'ils se posent sur moi. À mon tour, je mets une identité sur ce visage.
Et je me liquéfie sur place.

N'importe quel autre personne dans ma situation aurait aussitôt fondu en larme, ou se serait jeter dans les bras de son père. N'importe qui aurait laissé ses émotions éclater, automatiquement, même inconsciemment. Et moi, c'est comme si je viens de mourir. C'est comme si mon hoquet de surprise venait de me vider de tout ce que j'ai pu ressentir jusqu'à maintenant. Je sens un vent glacial me traverser de bas en haut, accentuant cette sensation de vide. Et quand mon père s'arrête devant moi, les larmes roulant sur son visage mal rasé, je ne peux qu'écarquiller davantage les yeux, la bouche entrouverte. Comme si je venais de voir un fantôme.

Il se racle la gorge et prend une inspiration entrecoupée de sanglots, et lorsque sa voix grave s'élève, je ne peux m'empêcher d'avoir un mouvement de recul.

- Neil … on pensait que tu étais mort !

Il me tire contre lui et me sert dans ses bras, fort, se mettant à pleurer franchement sur mes épaules. Je pourrai répondre à son étreinte, au moins par respect, mais ainsi enchaîné, je ne peux que voir ma mort par étouffement arriver.
Il finit par s'écarter de moi et pose ses mains sur mes épaules en me détaillant comme s'il me découvrait.

- Regarde ce qu'ils ont fait de toi …

Je déglutis péniblement, sentant les couleurs revenir peu à peu sur mon visage et les émotions reprendre le contrôle de mon corps. Et ce que je ressens en premier lieu, c'est clairement un profond malaise.
Depuis trois ans, peut-être plus, je n'ai pas daigné donner signe de vie à ma famille. Dans ma tête, c'était impensable que je les revois un jour, surtout après ce qu'il est arrivé à mon frère. Mon frère, c'est le passé. Ma famille, du passé. Point. Alors, voir mon père, ici, à DearDeath, alors que je suis au fond du gouffre – tellement au fond que je creuse -, c'est comme si je mettais en confrontation ce que je suis, et ce que j'étais.
J'étais persuadé que mes parents ne voudraient plus de nouvelles de moi. La mort de mon frère ayant été mise sur mon dos, et étant donné qu'il était chéri par dessus tout, je savais que pour ne pas subir leur rejet, il fallait que je disparaisse de moi-même. Dur, pour un gosse de quinze ans, de se faire à cette idée.

Il me pose un tas de questions pendant que nous rejoignons la table. Je remarque un miroir sans teint au fond de la petite pièce, et ai la désagréable impression de subir un énième interrogatoire.
Je n'ai encore soufflé mot, le laissant parler seul, trop occupé à me demander pourquoi est-ce qu'il a fait tout ce chemin juste pour me voir.

- Ça fait des années que l'on est à ta recherche. La mort d'Aden nous a bouleversé, et nous ne pouvions pas nous faire à l'idée que tu sois l'auteur de son meurtre.

Assis en face de lui, je garde mes yeux ancrés dans les siens, avec l'irrémédiable envie de fuir. Aden. J'avais oublié son prénom, ne cherchant même pas à le retrouver. Mes lèvres ne tardent pas à être en sang, et les mains de mon père serrant fébrilement la mienne se mettent à ressentir son tremblement frénétique.

- Peu importe ce qu'il s'est passé, ce que tu ais fais. Nous savons que tu n'as pas pu tuer ton frère. Nous savons que tu es ici par erreur. Oh mon dieu mais tu n'es vraiment pas apte à vivre en prison ...

Sa détresse me gêne, mes joues chauffent. Je me mets à bafouiller sans réellement parler, incapable d'aligner deux mots. Il prend mon embarras pour de l'émotion et essuie ses larmes d'un revers de main. Et sans que je lui demande, il se met à parler de ma mère, restée à la maison car elle ne se sent pas prête à 'affronter la douleur', qu'elle m'aime de tout son cœur et qu'elle ne me lâche pas car elle sait que je ne suis pas ce que les médias disent de moi.

- Nous avons fais tout ce que nous pouvons pour te sortir de là, mais rien à faire. Au moins, si Aden avait été là, il aurait pu te soulager, un minimum, il était très doué pour ça.
- Arrête de me parler de lui, putain !

Je viens enfin d'ouvrir la bouche, et la violence de mes mots raisonnent dans la petite pièce. Ma voix est glaciale, un peu cassée, et il n'est pas difficile d'y discerner de la pure folie. Un pur dérangement mental qui me répugne plus que tout.
L'homme se tait aussitôt et me lâche la main. Puis, il hoche la tête, comme s'il encaissait mon changement brutal de comportement. Quand à moi, je continue de le fixer, sans sentiment. Ma brusque montée de colère s'est envolée comme elle est arrivée.

- Je comprends, je suis désolé. Nous ne pouvons pas te faire sortir, mais nous allons tout faire pour que ta peine soit raccourcie. Et en attendant, nous t'enverrons de l'argent, tout les mois, pour que ta vie soit plus agréable. Nous ne t'oublions pas.

Ça pour être touché, je le suis. Pourquoi prend-il autant soin de moi ? Après ce que j'ai fais, la manière dont je les ai lâché, ma vraie vie, ils ne peuvent décemment pas croire que je suis réellement innocent … si ?
Il recommence à parler, de son quotidien, de ce qu'ils ont fait à notre disparition, quand ils ont appris la mort de mon frère, tout ça, tout ça, rempli d'émotions, et je me sens pas à ma place. Normalement, les visites ne durent que quelques minutes à peine, et se font à travers une vitre, via téléphone. Je suis sûr que mon père a payé une fortune pour avoir un entretien comme cela.

En sortant de la pièce, toujours escortée par Isaac pour me ramener à ma cellule, mon attitude est différente qu'à mon arrivée. Je suis muet, le regard hagard, bouleversé. Même le gardien s'étonne, mais ne pose pas de question. Je me sens bizarre. Vide. Mon père est venu me rendre visite des états-unis, il était là, juste devant moi, et ça ne m'a rien fait. Je n'étais même pas content de le voir. Même pas ému.
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Vide.

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