Une prison pas comme les autres ... Quel que soit votre crime, vous le paierez.
 
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 White daffodil

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Keila Van Landsitz
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Keila Van Landsitz

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MessageSujet: White daffodil   White daffodil Icon_minitimeDim 27 Avr - 22:20

E. Bergen – K. Van Landsitz
Une jonquille blanche. Qu'est-ce que ça peut bien signifier … ? Bon le blanc ça signifie la pureté ça okay mais les jonquilles … C'est un rond de fleurs avec un gros tube au milieu. Est-ce que c'est une invitation sexuelle ? Je comprends pas bien là. Est-ce que j'ai un admirateur secret qui veut me déflorer ? Parce que là, il arrive quatorze ans trop tard le petit chou. J'ai l'air assez frêle comme ça mais ça veut pas dire que je me suis jamais fait un mec ou un fille. Ou les deux en même temps.
Cette fleur a été déposée devant la porte de ma chambre. J'ai d'abord pensé que c'était pour Luckas mais le petit mot qui y était accroché, annoté ''Pour Keila Van Landsitz'' a bien vite démenti mes idées. Alors qui peut bien avoir déposé cette fleur là, si ce n'est l'ex mystérieux de Luckas dont il parle dans son sommeil ? Un admirateur secret ? Ombrage ? Non je ne crois pas qu'elle soit du genre à laisser des végétaux devant la porte des gens comme ça. Et puis en plus, je la vois tous les jours de huit heures à dix neuf heures à l'infirmerie.
Soupirant, je jette la fleur sur mon lit et me dit que de toute façon, j'ai autre chose à faire que de regarder une fleur dans le pistil. Je vais être en retard pour ma visite des bras cassées du matin. Un petit check up, pas grand chose, juste pour leur dire qu'ils ne sont pas prêts de guérir et que j'ai pas que ça à foutre de les plaindre. Ouais je sais, c'est assez contradictoire mais je suis en putain de manque de distraction depuis un moment. Je suis sur les dents en attendant lundi, nouvel épisode de ma série préférée.
Arrivée à la garderie pour malades, je réveille tout le monde d'un ''Bonjour bande de lamas'' tonitruant. J'adore faire ça, généralement ça les fait bien chier. Oh de toute façon, ils l'ont bien mérité. Ils avaient qu'à pas faire la révolte cette bande de petits connards. Et encore ils ont de la chance que je me sois pas faite casser une jambe sinon ce serait à coup de béquille dans le bide qu'ils se feraient réveiller ces malpropres. Ou dans les couilles. Non je suis pas quelqu'un de gentil, surtout quand je manque de sommeil.
Arrivée dans mon bureau, je lâche un soupire sonore suivi d'une flopée d'insulte. Encore tout ça de dossier à traiter bordel de chier. Allez, prochain clampin … Ah prochaine en fait. Ellie Bergen. Ah naaan, une aveugle. J'aime pas les aveugle, ça se plaint tout le temps que ça voit pas. Pire que les handicapés. Fais toi greffer des yeux et me fais pas chier ! Raah ce que je peux détester les gens avec les problèmes, je me sens toujours super coupable d'être friquée et bien portante après. Et pourtant je verse trois mille dollars par moi à diverses associations …
Bon okay, faut que je me calme … Elle a du venir au rendez vous fixé par ma secrétaire, dans l'ordre. Et pourtant elle n'est pas encore là. Ah oui .. neuf heures trente. Bon, j'ai le temps pour un petit café et une visite des malades. Arabica mon amour …
Quand elle frappe à ma porte, je suis en train de faire une pyramide avec des surligneurs. Je lui souris avant de lui dire bonjour sans vraiment me souvenir qu'elle ne peut pas me voir. Oh qu'il est mignon le chi-hiiiiiiiiiii ! Mais il est affreusement blessé à la patte le petit chou ! Qui a pu lui faire ça ? Ah oui … Les détenus de DearDeath.
Je me lève, brusquement, faisant crisser ma chaise contre le sol carrelé. M'agenouillant, je regarde de plus près la patte du pauvre chien.


« Une infirmière s'est occupé de votre chien n'est-ce pas ? Ah bordel je leur avait dit de pas toucher aux animaux... »

Il me semble qu'elle a été recousue vite fait mais pas par moi en tout cas. Les infirmières … Putain j'avais dit que c'était moi qui m'occupait des animaux merde ! Elles ont fait une formation vétérinaire ces connes ? Je suis en putain de pétard merde.

« Vous permettez que je l'examine de plus près ? Je vous … je m'occuperais de vous après. »

Il a vraiment l'air de souffrir le pauvre chien. Okay, j'aime pas trop les gros chiens parce que j'ai toujours peur de me faire dévorer vivante mais là c'est de la cruauté sans nom … J'ose à peine regarder dans les yeux de ce pauvre chien tellement sa souffrance est vibrante. Brave bête.
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: White daffodil   White daffodil Icon_minitimeLun 28 Avr - 22:55

Je patrouillais avec mon Roméo dans les couloirs, tranquillement. Cela faisait plusieurs semaines que je travaillais ici, à DearDeath, et je trouvais que depuis la rébellion, à laquelle j’avais survécu contre toute attente, c’était… étrangement calme. Le bruit de mes pas résonnait à mes oreilles, synchronisé sur celui des griffes de Roméo. Ce cliquetis parfaitement en accord avec mon rythme m’apaisait. J’en vins même à fredonner la chanson de mon enfance que m’avait apprise mon père. Roméo poussait un petit gémissement de temps en temps, quand j’arrivais à une note particulière de la chanson. En fait, nous étions plutôt bien, comme ça, tous les deux.

Je quittai le rez-de-chaussée et montai à l’étage des détenus. Je marchai avec Roméo entre les cellules, me fiant aveuglément à mon fidèle guide. Je n’entendais aucun bruit qui trahirait l’éventuelle présence d’un détenu embusqué, et Roméo ne paraissait pas plus tendu que d’ordinaire. Je me sentais à peu près en confiance, même si ceci risquait de me coûter la vie à tout instant. Je poussai un petit soupir en détendant mes épaules. Si je ne me relaxais pas un peu, j’allais probablement me coincer un muscle.

C’est pendant mon expiration que le groupe de trois détenus décida de nous attaquer. L’un d’eux sortit de sa cellule et se jeta sur mon Roméo. Celui-ci grogna et mordit sauvagement son agresseur à la gorge. Me le prouvèrent le claquement de ses mâchoires, suivi d’un gargouillis répugnant. Puis deux autres personnes rejoignirent leur coéquipier. Visiblement, ils n’avaient pas prévu que celui-ci serait tué si vite. Il y avait une femme parmi ces deux combattants, ainsi que me le démontrait le son de sa voix.

-Allez, sois sympa et laisse-toi faire. On te voulait aucun mal, tout ce qu’on veut, c’est sortir de ce trou. Alors du donnes ton arme, et tu rappelles ton chien.

Roméo avait en effet tenu à distance les deux détenus, sans toutefois s’en approcher. En avoir tué un lui suffisait, et tant que personne n’essayait plus de me faire du mal, il redevenait un protecteur dissuasif. Il continuait de grogner tandis que je glissai ma main dans ma poche, rapidement. J’y trouvai mon taser, rangé là depuis la rébellion. Je répugnai à le toucher à nouveau, depuis l'incident avec Abel, mais cette fois, j’allais être obligée de m’en servir…

-Mon travail est d’empêcher les rebuts tels que vous de sortir avant la fin de leur peine. Vous avez mérité votre emprisonnement ici, et tricher serait vous rendre plus inutiles que vous ne l’étiez déjà. Purgez votre peine, comme le reste des prisonniers.

Bon sang, qu’est-ce que je détestais parler comme ça… Être aussi… méchante dans mes propos me blessait affreusement.

-J’t’avais dit qu’elle voudrait pas. Bute le clebs et cassons-nous avec son arme.

Oh mon Dieu… Une gangue de glace givra mon cœur. Roméo, mon gentil Roméo… Le bibliothécaire, Ulrick, m’avait pourtant prévenue que je risquais de vouloir repartir, et fissa. Je n’avais pas cru bon de l’écouter, me croyant investie d’une sorte de mission supérieure. Mon chien aussi avait senti que nous étions dans le pétrin, il se raidit sous ma main, posée sur son dos, et se mit à grogner. Ma respiration s’accéléra et je maudis ma cécité. Bon sang, qu’est-ce que j’aurais aimé, juste une fois, voir mes adversaires, graver leurs visages dans ma mémoire, et leur faire payer… Juste après avoir eu cette pensée, je me punis mentalement. On n’a pas idée de penser ce genre de choses…

Un pas. Juste un bruit de pas, en face de nous. Roméo gronda plus fort, sans effet notoire. Puis il quitta la paume de ma main et bondit en avant. Non ! Dépossédée de mon seul point de repère, j’étais perdue. Et quand un jappement lancinant déchira mes tympans, accompagné d’un cri de douleur, mon cœur manqua un battement. Ou plus. Je sortis mon taser de ma poche et le tins devant moi, prête à délivrer une décharge au premier venu, ami ou ennemi. La femme qui accompagnait les deux détenus poussa un gémissement strident qui m’informa sur la situation. Elle eut du mal à enchaîner, mais elle finit par me jeter ses mots au visage comme un giclée d’acide.

-Espèce de monstre, c’est ta faute ! Russel… Je vais tuer ce clébard, tu m’entends, l’aveugle ? Je vais te prendre ce que tu m’as pris !

Oh, merde… Et cette fois, Roméo ne me reprit pas sur mon vocabulaire. Il ne pouvait pas. Il se contentait de gémir doucement, de plus en plus doucement. Je fis abstraction de chacun des bruits autour de moi, et me concentrai sur les pas de la détenue. Elle s’immobilisa soudain, à environ deux mètres de moi, puis vint à mes oreilles le son d’un objet métallique qui raclait contre le sol. Je déglutis, attendis d’être absolument certaine de la position de mon ennemie, et finalement, lui sautai dessus. Elle eut l’air surprise parce qu’elle laissa tomber son outil métallique, et j’en profitai pour lui caler le taser contre les côtes. Elle tressauta sous le choc électrique avant de retomber, amorphe. J’avais dû lui coller une dose suffisamment importante pour l’endormir jusqu’à ce soir.

-Roméo… Où es-tu mon Roméo ? Réponds, mon tout beau… S’il te plaît…

Agenouillée par terre, je marchai à quatre pattes vers l’endroit où je supposais trouver mon chien. Quand ma main entra en contact avec une flaque de truc non identifié, je la retirai vivement, en retenant un cri de surprise. Je portai mes doigts à mon visage et humai l’odeur du machin. C’était du sang. Je formulai le vœu muet que ce soit celui des deux détenus, et pas celui de mon Roméo. Je finis par poser la paume sur une touffe de poils trempée d’un liquide poisseux et chaud, et me hâtai de trouver la tête de mon chien. Il chuintait, mon pauvre protecteur. Oui. Chuintait. Comme un souffle de vent. Des larmes vinrent mouiller mes joues tandis que je cherchais mon talkie à ma ceinture. Je ne m’étais jamais servie de ce machin, préférant largement m’aider de Roméo. Cette fois, j’allais devoir demander une aide extérieure.

Après avoir communiqué ma position à mes collègues, je raccrochai la radio à son lien, prévu spécialement pour ça, et serrai mon chien meurtri contre moi. Il poussa un gémissement déchirant qui me glaça les sangs. Merde, merde, merde ! Roméo, me lâche pas maintenant ! T’as pas le droit ! Je tâtai doucement tout son corps, pour trouver l’endroit où il avait été blessé, et finis par le trouver, quand il grogna. Je venais d’effleurer sa patte avant gauche. Sa patte avant à laquelle il manquait une quinzaine de centimètres. Un haut-le-cœur me secoua et manqua de me faire rendre mon déjeuner. Je me débarrassai de ma veste de travail et m’en servis pour  presser la plaie et tenter d’endiguer l’hémorragie. Roméo jappa beaucoup, me grogna dessus, me mordilla plus ou moins fort. Quand les autres gardiens arrivèrent enfin, ils chargèrent Roméo sur leurs épaules, et m’aidèrent à le transporter à l’infirmerie. Une gardienne me serra contre elle, plus consciente que les autres de ce que j’endurais, puis me guida derrière ses collègues.

Arrivés à l’infirmerie, une infirmière blasée prit en charge mon Roméo et lui rafistola la patte rapidement. « J’ai autre chose à foutre que de m’occuper d’un chien. Qu’elle en change si celui-là meurt ». Monstre. Pendant toute l’opération, rapide au demeurant, j’étais restée près de lui, à lui caresser la tête et les oreilles, à le baigner de mon odeur, pour le rassurer. Car je sentais celle de sa peur.
Il savait comme moi que la douleur et la perte de sang pouvaient le tuer.
Il savait comme moi que s’il me laissait, je serais seule.
Il savait comme moi que je n’abandonnerais pas l’idée de travailler ici, même s’il mourrait.
Il savait comme moi que si c’était le cas, je me ferais tuer à mon tour avec une rapidité déconcertante.



Le soir même, j’avais pris un véritable rendez-vous avec le médecin de la prison, qui paraissait-il, avait suivi une formation vétérinaire. Aussi, le lendemain, je me présentai à la porte de son bureau. Je n’avais pas osé quitter l’infirmerie, sans mon chien, et je ne faisais suffisamment confiance à personne pour me guider. Alors j’avais abusé de leur hospitalité, et squatté une chaise raide dans un coin paumé, juste à côté du coussin improvisé de mon Roméo. Quand était arrivée l’heure du rendez-vous, je m’étais levée avec difficultés et avais aidé mon pauvre compagnon à faire de même, puis je l’avais supporté, le portant à moitié puisque sa patte ne lui servait plus à rien. Je toquai à la porte et en poussai le battant.

En entrant, je répondis machinalement à la salutation avant de sursauter en entendant une chaise -sûrement celle du médecin- crisser bruyamment sur le carrelage.

-Une infirmière s'est occupée de votre chien, n'est-ce pas ? Ah bordel, je leur avais dit de pas toucher aux animaux...

Je passai sur le juron. Mon esprit était en effet accaparé par autre chose, de bien plus important qu'un simple écart de langage. Je sentais mes lèvres trembler d’appréhension. Même si le pire était passé, je mourrais de trouille à l’idée qu’une infection se développe et tue mon ami. J’avais une peur monstrueuse qui couvait au fond de mon ventre, juste sous mon estomac. C’était horrible. Bien pire que lors de la révolte, où j’avais pourtant cru mourir une demi-douzaine de fois.

-Vous permettez que je l'examine de plus près ? Je vous… je m'occuperai de vous après.

Je me mordis la lèvre inférieure, celle qui n’arrêtait pas de vibrer. Arrête de trembler bon sang…

-Bien sûr… Il s’appelle Roméo. C’est lui qui a besoin de soins, moi… Je n’ai rien… répondis-je au médecin. Si seulement cela avait été moi à sa place… Il n’aurait pas dû… continuai-je dans un chuchotis.

J’aurais tellement aimé faire marche arrière, remonter dans le temps. Me jeter devant le truc coupant qui avait blessé mon cher Roméo… Être blessée à sa place. Je me sentais si coupable que cela en devenait douloureux physiquement. Je perdis un instant le contrôle de ma respiration et ma main se crispa sur une poignée de poils de bourre, sur son dos. Il battit de la queue pour me rassurer : « ça va aller, Ellie » me disait-il. Mais cela ne fit que renforcer mon sentiment de culpabilité. Pourquoi ? Pourquoi, mon Dieu, pourquoi est-ce que ces détenus avaient choisi de me tomber dessus ? Parce que tu es une proie à leurs yeux, c’est bien simple.

La présence rassurante de mon chien, contre ma jambe droite, sur laquelle il s’appuyait se tout son poids, m’envoyait des signaux qui m’appelaient au calme. Je poussai un profond soupir saccadé tandis que Roméo me donnait un petit coup de museau.

-Je sais ce que tu ressens, Ellie. Ne te pense pas coupable. Si je n’avais pas agi, que crois-tu qu’ils auraient fait une fois que tu aurais été maîtrisée ? Je les aurais attaqués, et à deux, ils m’auraient tué, et toi… Tu n’aurais plus eu de Roméo.

Cette fois, je ne pus plus retenir quelques larmes, qui allèrent se perdre dans sa fourrure quand je baissai la tête, peu encline à montrer ma faiblesse une fois de plus.

-Takk*, Roméo.

Il avait vraiment le don. Le don magique et divin de me réconforter, même dans les pires moments.




*Takk = merci     (norvégien)
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Keila Van Landsitz
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MessageSujet: Re: White daffodil   White daffodil Icon_minitimeMar 29 Avr - 15:21

La semaine a été rude pour tout le monde et pourtant certains semblent bien gérer la chose. Je suis une femme forte alors je n'ai pas versé une seule larme malgré la bibliothèque, malgré les membres que j'ai du amputer et tout le sang verser. Même Helga m'a traité de sans cœur. Helga Flent, une gardienne qui a eu un lourd passé. Le fait qu'elle doive marcher avec une canne fait penser aux détenus qu'elle est faible mais elle est sans doute la femme la plus solide qu'il m'ait été donné de rencontré.
A ce qu'il paraîtrait, elle aurait eu une partie du pied coupé à cause d'un détenu qui aurait eu un hachoir à disposition. Mais ça ne l'empêche pas de se servir de sa canne pour frapper les détenus récalcitrants. Et comble de la classe américaine, elle a une lame cachée dans sa canne. Un détenu qui l'attaque violemment ? Hop, embroché comme un kebab. Et bien fait pour sa gueule.
Ma main passe dans mes cheveux et je déglutis. Oui, la pauvre bête est dans un mauvais état. Quels bandes d'enfoirés...
Je relève la tête vers la femme et la secoue, pleine d'exaspération. Qu'est-ce qu'elle est venue foutre ici ? Pourquoi est-ce qu'elle est venue dans la pire prison du monde alors qu'elle a déjà un handicap à vie ? Faut franchement être maso. Ouais c'est ça, en fait elle est maso. Mais pauvre bête quand même, c'était pas une raison pour l'amener ici. Les cannes pour aveugles ça existe aussi. Un de ces jours, il va vraiment crever, si ce n'est pas maintenant des suites de ses blessures.
A ce moment là, mon chat qui dormait sur un sac en plastique sur mon bureau, se lève et s'étire. Il va voir le chien, lui tourne autour avant d'essayer de lécher sa blessure. Je le prends subitement et le repousse plus loin. Ça va pas non ? Ça doit être infecté ! Je voudrais pas que Fin' chope une saloperie à cause des imprudences de cette fille ! Un chat c'est fragile mine de rien. Celui ci retourne bouder sur le bureau.
Le chien couché sur la table d'auscultation est tendu comme un string taille trente deux le serait sur le fessier de Luckas. Je lui fais sentir de l'essence de pin pour le calmer un peu et constate que cela marche plutôt bien.
La patte est dans un sale état. Secouant la tête, j'indique à mademoiselle Bergen de s'asseoir et je prends moi même un tabouret roulant pour m'en occuper mieux, braquant une lampe puissante pour mieux voir.
Je passe dix longues minutes à examiner la patte de la pauvre bête en poussant de temps en temps des sons désapprobateurs. Même si je l'avais prit tout de suite en charge, je n'aurais pas pu faire grand chose. Ouais, son chien est bon pour la retraite et je ne pense pas qu'elle puisse rester ici sans lui. Elle n'a pas l'air très débrouillarde. La croix autour de son cou ne fait que renforcer mes soupçons.
Je fais glisser mon tabouret jusque devant la chaise de la femme et soupire. Il va bien falloir que je lui dise.


« Je ne vais pas vous mentir, Ellie. La blessure de votre chien est extrêmement grave. Elle a besoin d'être traitée immédiatement mais j'ai besoin de votre accord tout d'abord ... »

Je déglutis et soupire une nouvelle fois.

« Votre chien … Roméo … il a deux possibilités devant lui. C'est à vous de choisir laquelle. Je peux le piquer pour qu'il ne souffre plus et le faire enterrer décemment ou ... »

Je regarde le chien qui semble vouloir descendre de la table mais ne peut pas se redresser.

« Je peux lui couper la patte pour éviter la gangrène et les infections. J'ai un ami dans l'état de Washington qui pourrait le prendre dans sa ferme, il a plusieurs chiens qui ont des difformités et ils ont presque deux hectares de terrain pour courir. Vous savez, il serait bien là bas. »

Bien sur, elle peut aussi le garder avec elle, ici. Mais il serait tellement malheureux le pauvre petit … Au moins chez les Sadies, le pauvre Roméo pourrait continuer de vivre décemment et finir ses jours paisiblement.
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: White daffodil   White daffodil Icon_minitimeMar 29 Avr - 23:07

Le médecin nous fait entrer dans ce qui devait être une salle de consultation et couche mon Roméo sur une table. La pièce entière pue le désinfectant à plein nez. Cela me met horriblement mal à l’aise. J’ai l’impression d’être dans un hôpit… Tu es idiote, Ellie. Tu n’es peut-être pas dans un hôpital, mais au moins dans une infirmerie. Et c’est entièrement ta faute, quand bien même Roméo tente de te rassurer. Je déglutis avec difficultés et m’assieds sur une chaise qui traînait. Pendant tout le temps où le médecin/vétérinaire ausculta mon ami, il manifesta sa désapprobation par de petits grognements, à intervalles plus ou moins réguliers.

C’est ma faute. A moi seule. Si je n’avais pas eu cette idée idiote, cette idée si déraisonnable, prise sur un coup de tête, avec la fougue de la jeunesse… C’était dans ce genre de situations que se révélaient nos défauts. J’avais péché par orgueil. Et c’était Roméo qui en avait pâti.  Mes mains tremblaient sur mes genoux. Je les fermai sur le tissu de mon pantalon et serrai. Fort. Puis je me mordis la lèvre, encore, jusqu’au sang. Jusqu’à ce que la douleur soit insupportable. Puis je continuai. Je m’en voulais tant. Mon pauvre Roméo… J’aurais dû le savoir… Ce n’était pas la première fois que j’avais une sorte de prémonition. La première fois, je l’avais ignorée, et j’avais été agressée dans la rue. Pour vingt couronnes dans mon porte-monnaie. La fois suivante, j’y avais fait plus attention, et cela m’avait permis de tendre un traquenard à l’assassin de mon père. J’avais su à l’avance où il irait. Le médecin de la famille avait simplement diagnostiqué que j’avais dû entendre quelque chose, ou qu’inconsciemment, j’avais dû recueillir un indice. Et à mon arrivée… Cela avait recommencé. Lors de ma discussion avec Ulrick le bibliothécaire, j’avais eu un flash quand il m’avait parlé. Et j’avais eu la prétention de l’ignorer ! Non mais quelle…

-Ellie…

Pardon, Roméo… Mais si tu savais à quel point je me sens mal… Si tu savais à quel point j’aimerais que ce soit moi à ta place…

Il poussa un petit gémissement sur la table quand l’auscultation fut un peu plus pointue, puis se calma. L’odeur de pin flottait encore dans la salle, tentant vainement de supplanter celle du désinfectant. Bientôt, plus rien de cette douce senteur ne resterait…

-Je ne vais pas vous mentir, Ellie. La blessure de votre chien est extrêmement grave. Elle a besoin d'être traitée immédiatement mais j'ai besoin de votre accord tout d'abord…

Je sursautai. Absorbée par mes réflexions, je n’avais pas perçu l’approche du docteur. Un accord ? Mon cœur accéléra insensiblement. Un accord pour quoi ? La peur envahit chacun de mes muscles et les raidit tous, les uns après les autres, du haut vers le bas. Le médecin a l’air vraiment embarrassé, lui aussi. S’il savait comment moi, je me trouvais…

-Votre chien… Roméo… il a deux possibilités devant lui. C'est à vous de choisir laquelle. Je peux le piquer pour qu'il ne souffre plus et le faire enterrer décemment ou…

Mon cœur manqua un battement. Tuer Roméo ? Mon Roméo ? Je lâchai ma lèvre, que je mâchonnais depuis tout à l’heure, et reportai ma peur sur l’intérieur de ma joue, que je mordis d’autant plus fort. Passé l’instant de peur panique, une sorte de calme morbide descendit sur moi. Si cela pouvait l’apaiser… Peut-être que…

-Je peux lui couper la patte pour éviter la gangrène et les infections. J'ai un ami dans l'état de Washington qui pourrait le prendre dans sa ferme, il a plusieurs chiens qui ont des difformités et ils ont presque deux hectares de terrain pour courir. Vous savez, il serait bien là bas.

Cette fois, j’eus un haut-le-cœur en pensant à la deuxième option. Cela me paraissait tellement pire… Dans les deux cas, j’aurais perdu mon Roméo. Le premier me l’enlèverait à jamais… ou du moins jusqu’à ma propre mort, et le deuxième m’en priverait, pour sa convalescence, et le reste de mon service ici. A moins que… Et si je quittais DearDeath, comme me l’avaient suggéré Ulrick et le chauffeur de taxi ? Rester avec mon Roméo était ce qui me tenait le plus à cœur, bien plus que ce job velléitaire.

-Il… Il faut que j’en discute avec lui…

Je me rendis compte qu’aux yeux d’autrui, ma phrase pouvait être considérée comme très étrange. Mais tant pis. La vie de mon Roméo était en jeu, et pour lui, je passerais volontiers pour une folle. Je m’approchai de lui à tâtons, craignant de trébucher sur quelque chose. Sans mon cher ami pour me guider, je risquais tout et n’importe quoi au quotidien. Je finis par le trouver -rapidement, au demeurant- et enroulai mes bras autour de son cou puissant. Il geignit un peu et se pressa plus contre moi. Sa pauvre patte devait lui faire souffrir le martyr. Je n’étais pas médecin, et encore moins vétérinaire, mais il me semblait qu’il était possible de poser une prothèse à un chien dans le cas de mon Roméo. Pourtant, je n’osai pas émettre cette idée. J’avais fauté, et ce châtiment que m’infligeait ce médecin, consciemment ou pas, je l’acceptais. C’était ma faute. A moi donc d’en subir les conséquences.

-Qu’est-ce que tu en penses, mon brave Roméo ? lui glissai-je à l’oreille.

Il pressa sa truffe sur ma joue.

-Je veux rester avec toi, Ellie. Ma seule raison d’être est de te protéger. Je refuse de te laisser… gémit-il en me léchant le nez.

J’étouffai un éclat de rire. Ce n’était vraiment pas le moment. Et même si Roméo voulait me donner l’espoir, cette fois, je n’y croyais plus. Son don échouait, pour la première fois depuis bien longtemps. Je m’étais promis de servir la Justice. J’avais décidé de venir m’enterrer ici. Et encore une fois, c’était moi qui avais condamné Roméo avec moi… Je ne me le répèterai jamais assez, tout était de ma faute.

-Non. Non, mon tout beau. Pas cette fois. Moi non plus je ne veux pas te perdre, mais là… Si je ne fais rien, tu mourras peut-être. Moi non plus je ne veux pas te laisser…

Il grogna. Mon brave Roméo, si intelligent, qui comprenait si bien la moindre de mes pensées…

-Ecoute… Si tu n’obéis pas, je vais être obligée de te l’ordonner… Tu sais que je déteste ça.

-Alors tu devras faire plus que m’ordonner. Tu devras m’attacher et m’expédier dans cette ferme de force ! aboya-t-il.

Le son explosa dans mon oreille et je reculai vivement.

-Roméo. C’est moi qui décide quand il s’agit de ta santé. Tu crois peut-être mieux savoir que moi, et c’est probablement vrai… mais l’avis d’un vétérinaire est plus important que nos deux opinions réunies. Je veux que tu vives, parce que je t’aime. Je ne te laisserai pas te mettre en danger à cause de mes conneries !

-Ellie, ne jure pas !

-Je jure si je veux ! répliquai-je d’un ton cinglant, tout en portant néanmoins les doigts à la toute nouvelle croix suspendue à mon cou.

Nous restâmes un moment à nous affronter mentalement. Puis la tension retomba brutalement et je me rapprochai de Roméo, puis l’enlaçai et le serrai contre moi.

-Je t’en prie, mon tout beau. Ne fais pas de bêtise… Va là-bas… je viendrai te rendre visite, c’est promis.

Mon adorable ami canin geignit encore un peu, me brisant le cœur. Ma décision était horriblement difficile, mais comme le disait quelqu’un dont je ne me rappelait plus le nom : « la meilleure décision et la plus simple sont rarement la même chose ». Et si son nom m’avait échappé, cette phrase m’était restée en tête.

Je m’aperçus seulement maintenant que le vétérinaire n’avait pas quitté la pièce. Qu’il nous avait entendu nous disputer. Ou du moins… Qu’il m’avait entendue hurler sur mon chien, qui n’avait rien répondu d’audible… pour lui.

-Excusez-nous (on ne sait jamais, peut-être qu’en disant « nous », cela marcherait). Nous avons pris une décision.

Roméo gronda sourdement, mécontent de ce « consensus ». Lui, en effet, n’était pas d’accord, et il jugeait injuste que je dise tout haut ce qu’il rejetait en réalité.

-Faites… ce qui doit être fait pour qu’il vive… S’il mourrait, je ne vaudrais plus rien. Déjà que je ne suis même pas si utile que cela, je préfèrerais conserver le minimum de… d’utilité.

Je me tournait vers mon chien et posai ma main sur son pelage soyeux, mais encore collant de sang séché. Passant mes doigts entre deux touffes pour démêler un nœud, je repris la parole, à l’attention de mon Roméo, cette fois.

-Je t’en prie, mon tout beau, sois sage. C’est mieux pour toi. Tu sais que sans toi… je ne vivrai pas. J’ai fait une erreur en venant ici à la mort de papa. Et c’est toi qui en as fait les frais… Je suis vraiment désolée, Roméo…
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MessageSujet: Re: White daffodil   White daffodil Icon_minitimeVen 2 Mai - 21:04

Au final, je ne pense même pas à la personne qui accompagne le chien, juste à cette pauvre bête qui souffre comme un veau à l'abattoir. La plaie doit sans cesse le démanger et c'est déjà un miracle qu'il n'ait pas déchiqueté la chair autour de ses marques. Bien sur, un chien d'aveugle a pour but principal de se concentrer sur son humain et il a bien du sentir le danger ambiant. Je ne comprends pas bien pourquoi elle est venue s'enterrer ici alors que son chien doit carrément avoir le cœur qui bat la chamade à chaque coin de couloir. Elle est inconsciente.
Alors que j'attends sa réponse, je ne peux m'empêcher de presque prier pour qu'elle accepte que je le confie aux Sadies. Ce sont des gens doux, aimants, chez qui son chien sera beaucoup plus en sécurité qu'entre ces couloirs étroits et si pleins de dangers. Et puis, il doit avoir moins de dix ans. Il a encore beaucoup à vivre, beaucoup de bonheur. Je suis certain qu'il pourrait mourir heureux là bas, se faire des copains et peut-être même un petit ami ou une petite amie.
Je sens malgré tout qu'elle sera complètement vulnérable sans cet animal. Il est ses yeux, ses repères. Toute sa vie quotidienne ici. Elle ne peut pas compte que sur elle même si elle a vécu avec un chien comme aide toute sa vie. Elle est bien trop vieille pour s'adapter comme ça. Et puis, la prison n'est pas un terrain de jeu. C'est un coupe gorge permanent. Sans parler des gardiens mal intentionnés.
Secouant la tête, je ne peux que penser qu'elle a visé trop haut. Je me doute bien qu'elle voulait rendre service à la loi mais il y a autant de jobs qu'elle aurait pu faire dehors, même dans la police. Des jobs ou elle n'aurait pas été seule avec son chien – qui reste néanmoins qu'un animal impuissant devant un couteau.
Quand elle parle d'en parler avec son chien, je comprends qu'elle veut sans doute profiter du peu de moments qu'il leur reste à vivre.
Alors je vais me chercher un café. Bien sur, cela prend un moment vu que la cafetière est lente. J'entends néanmoins ce que la jeune femme aveugle dit puisque j'ai laissé les deux portes ouvertes. Et là, je comprends plus rien. Est-ce que … ? Est-ce qu'il serait possible qu'elle soit folle ? Elle semble parler à son chien réellement et quelques mots indiquent qu'elle dialogue avec lui comme avec un humain …
Quand je reviens dans la pièce avec ma tasse ''Lannincest love'', ils ont presque fini. Je sirote mon café, adossé à la porte et attend qu'elle s'adresse à moi. Ma décision est prise quant à ce que je ferais.
Je m’assois sur mon tabouret de service et fixe la fille. Est-ce qu'elle est vraiment folle ou est-ce qu'elle joue la comédie ?
Quand elle reprend la parole, j'ai du mal à me rappeler qu'elle peut me parler. Alors je me redresse sur mon tabouret et sourit doucement. Je roule jusqu'à mon bureau et rédige un papier rapidement pour une opération d'urgence.


« Vous avez fait le bon choix ... »

Et puis je la regarde après ma signature et pousse un long soupir.

« Mademoiselle Bergen, je préfère que vous l’appreniez de ma bouche mais … je vais vous déclarer physiquement inapte à remplir votre rôle à DearDeath et exiger une expertise psychologique dans le but de vous démettre de vos fonctions. Ce n'est pas contre vous, au contraire, vous devriez vous en aller, loin. Vous êtes un danger pour vous, pour votre chien et pour vos collègues en restant ici. »


Je me lève et mon tabouret claque contre les casiers derrière moi.

« Je vais prendre Roméo en salle d'opération de suite. Vous devriez attendre dans la salle principale. »

Je prends ensuite le papier et vais en salle d'opération préparer l'intervention, lui laissant quelques instants avec son chien.
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: White daffodil   White daffodil Icon_minitimeMer 7 Mai - 10:59

-Vous avez fait le bon choix.

Je l’espère… pensai-je.
Je fermai les yeux, en toute inutilité. Je sentais sur moi le regard pesant et accusateur de Roméo. Je savais que je l’avais déçu. Je savais que ma décision ne lui plaisait pas. Mais je savais aussi que c’était la seule solution pour qu’il puisse vivre une vie tranquille. Loin de cet endroit.

-Mademoiselle Bergen, je préfère que vous l’appreniez de ma bouche mais… je vais vous déclarer physiquement inapte à remplir votre rôle à DearDeath et exiger une expertise psychologique dans le but de vous démettre de vos fonctions.

Quoi ? Mais…

-Ce n'est pas contre vous, au contraire, vous devriez vous en aller, loin. Vous êtes un danger pour vous, pour votre chien et pour vos collègues en restant ici.

Une vague de colère me submergea. Un danger pour Roméo ? Comment pouvait-il oser ?! Je serrai les dents et rouvris les yeux. Mais je me calmai tout de suite. Le médecin avait raison. J’étais… mauvaise. Quand à représenter un danger pour moi-même… J’en doutais. Et pour mes collègues ? Aucune idée. S’ils essayaient de me séparer de Roméo, oui, je serais un danger pour eux, en effet. Une expertise psychologique, avait-il dit aussi. Estimait-il que j’étais… instable ? Que je risquais de faire… une bêtise ? Je me triturais les mains en m’inquiétant pour l’avenir de mon Roméo. Moi, je ne m’en préoccupais pas tant que celui de mon ami.

Je devrais partir. Loin, comme l’avait dit le médecin. D’ailleurs, peut-être aurais-je dû faire plus attention, mais concentrée sur Roméo, j’avais méprisé tout ce qui m’entourait. Et là, alors que j’étais un peu plus rassurée sur l’avenir immédiat de mon chien, je pouvais me remettre à écouter et sentir ce qui m’entourait. Du coup, je m’aperçus que la voix du médecin, si elle était grave et agréable à l’oreille, avait un timbre trop féminin pour que je parle à un homme. Je sentis mes joues s’enflammer. Si j’avais dit ou fait quelque chose qui l’avait vexé(e)… Oh non… Je me souvenais toutefois qu’une femme était moins susceptible qu’un homme sur ce sujet-là. C’est-à-dire qu’un homme qu’on appelle madame par mégarde le prend beaucoup moins bien qu’une femme qu’on appelle monsieur.

-Je… Je ne suis pas dangereuse… Pour personne. Je veux bien partir, je me rends bien compte de mon inutilité, surtout sans mon Roméo, mais…

-Ne dis pas ça, Ellie.

Mon cœur se serra. Tant pis. Même si mon ami essayait de me remonter le moral, je savais que j’avais raison. Sans Roméo, ne servais à rien, et sans lui, j’étais persuadée de perdre goût à toute vie. Mon père me paraissait être en train de me sermonner, quelque part depuis les cieux. Mon chien laissait échapper parfois un gémissement de douleur ou un grognement, sûrement parce que sa patte le démangeait. Puis il y eut un bruit, comme tout à l’heure, probablement le siège du médecin qui était allé rouler contre le mur. Même s’il me paraissait plutôt étrange le fait que le mur émette un bruit métallique…

-Je vais prendre Roméo en salle d'opération de suite. Vous devriez attendre dans la salle principale.

Je déglutis. Mon Roméo, mon si cher Roméo… C’était ma faute. Je me mordis les lèvres et me souvins d’une chose que me demandaient chacun des vétérinaires avant une intervention sur mon chien.

-Vous…

Mais il/elle avait déjà quitté la pièce, me laissant seule avec Roméo et mes pensées noires. Je serrai les dents et caressai la tête de mon ami d’un geste affectueux en soupirant profondément. Mon pauvre Roméo, puni par ma faute… Il bougea la tête et me lécha la main.

-Je suis désolée, mon Roméo. Encore une fois, pardonne-moi.

J’eus l’impression qu’il me souriait. C’était vraiment très étrange. Je ne le voyais pas, mais je savais que d’une certaine façon, il me souriait. Autant qu’un chien puisse sourire. Normalement, ça n’aurait pas dû être possible, mais tant pis. Mon Roméo était plus fort que les préjugés. Mon Roméo était plus fort que moi. Lui affrontait les épreuves sans frémir, et voilà que moi, je m’effondrais directement. Sans même me battre.

-Je ne suis pas satisfait de la façon dont tu as expédié cette histoire, je ne veux pas te quitter, mais… Je comprends ta décision. Je ne suis pas d’accord, mais je comprends. Je t’aime, Ellie, et je ne laisserai pas un simple différend nous séparer.

-Moi aussi je t’aime, mon Roméo. Je suis vraiment désolée. Dès que… Dès que ce sera fini, je te promets qu’on ira dans cette ferme dont a parlé le médecin, et tu pourras y être tranquille.

Je fourrageai dans sa fourrure épaisse et soyeuse d’une main tandis que de l’autre, j’essuyai une larme qui avait fini par se glisser entre mes paupières. Puis je me retournai et cherchai à tâtons la porte qui menait à la salle d’opération. Puis je lançai, d’une voix étrange, à moitié assurée et à moitié timide :

-Excusez-moi… Hum… Est-ce que le médecin est ici, ou est-ce que je me suis trompée de porte ? Parce que… J’aimerais savoir s’il a besoin du carnet de santé de mon chien avant de… de l’opérer.
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Keila Van Landsitz
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MessageSujet: Re: White daffodil   White daffodil Icon_minitimeMer 7 Mai - 16:19

La vie ne lui sera pas facile sans son chien et je ne pense pas qu'elle puisse en avoir un autre après que celui-là ait été blessé à ce point … par sa faute. Oui par sa faute ! Ce chien est un animal, pas un objet. Elle n'a pas le droit d'en disposer à sa convenance ou de le mettre en danger par pur orgueil ou stupidité. Parce que oui, mettons nous d'accord, venir ici c'était de la stupidité.
Elle est déjà aveugle, ce qui, en soi, est un défi de chaque jour. Dans notre société d'égocentriques les mal voyants et les non voyants doivent se battre tous les jours pour avoir une vie normale. Avoir un chien peut faire partie de ces améliorations de la vie et vivre dans un village simple et agréable aussi, loin de la ville et de ses soucis.
Alors venir vivre ici alors qu'elle savait que c'était le pire repère de criminels du monde, c'était franchement la pire, la pire des idées. Par quelle impulsion idiote le fait d'exercer une fonction dans un endroit aussi dangereux lui est passé par la tête ? Par quelle magie est-ce qu'elle a pu penser qu'elle pouvait s'en sortir et par quelle cruauté est-ce qu'elle a décidé d'imposer ça à son chien, qui ne pouvait pas protester, de toute évidence ? Elle me dégoûte du plus profond de mon être.
Heureusement, elle a eu l'intelligence de prendre un rendez vous avant que son chien n'ait la patte tellement pourrie qu'elle aurait pu tomber toute seule. Je vais pouvoir le sauver, en lui enlevant une partie de lui. Je sais bien que oui, les prothèses existent et qu'il pourrait s'en faire mettre une. Je sais aussi que les Sadies lui en mettront sûrement une. Est-ce que je le dirais à sa maîtresse ? Non, il ne mérite pas de rester dans cet enfer.
Parce qu'elle s'estime non dangereuse. Alors qu'elle l'est, pas sa bêtise et son inattention. Un calme glacial me saisit soudain quand je me rends compte que je vais devoir opérer un chien. Oui, je dois me calmer, je dois me concentrer sur ma tâche prochaine.
Retirant mes mains pleines de bétadine de sous le lavabo, je rumine mes pensées noires qui s'effacent peu à peu. Je devrais être plus coulante avec les gens. Mon père me dit tout le temps que ma mère était une femme douce, calme et adorable. Soit il me ment, soit sa présence m'a tellement manqué que j'en suis devenue hyperactive, acariâtre et intolérante aux gens en général.
Une infirmière m'amène la maîtresse du chien, qui semble un peu perdue et me demande si j'ai besoin de son carnet de santé. Non, j'ai déjà consulté son dossier rentré dans l'ordinateur. Je lui dis sèchement que ce n'est pas la peine et m'avance dans la salle d'opération où l'animal a déjà été emmené.

Trois heures plus tard, je ressors de la salle, éclaboussée de sang. Le morceau de patte a fini aux déchets organiques et le chien a été pansé. Ça s'est mieux passé que ce que je pensais, je n'ai eu à lui enlever que la partie manuelle de la patte et il pourra garder sa jambe. La prothèse sera moins lourde et moins chère. Tout ira pour le mieux.
Une fois le chien en salle de réveil, je vais voir mademoiselle Bergen et je soupire.


« Tout s'est bien passé. Il va bien. Vous pouvez aller le voir et rester avec lui cette nuit. Je l’emmènerais demain matin chez mes amis. »

Mes mots ne la consoleront pas mais au moins, tout ira bien. Oui, demain matin j'irais déposer ce pauvre chien chez les Sadies.
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