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 L'anarchie arrive en ville

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Loïc Valois
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MessageSujet: L'anarchie arrive en ville   L'anarchie  arrive en ville Icon_minitimeDim 20 Juil - 23:24

Si vous n’avez jamais essayé de traverser l’Amérique dans un camion blindé avec des menottes aux poignets et les pieds entravés, je vous le confirme, c’est long et vraiment pénible. Un gars de lasse de pisser entre deux gardes armés dans un arrêt routier à la propreté douteuse. Si au moins j’avais une fenêtre pour pouvoir regarder le paysage…

J’ai un peu perdu la notion du temps à force d’être coincé sans contact humain dans une petite boîte sous un éclairage artificiel blanchâtre et constant. Considérant le nombre de repas préemballés infects qu’ils m’ont donnés, je dirais néanmoins qu’il s’est passé 2 ou 3 jours. Je ne suis sorti qu’à certains arrêts routiers et à la douane américaine, toujours sous surveillance étroite de deux gardes. Ça l’aurait sans doute été plus facile de me faire voyager en avion, mais c’est apparemment assez pénible de trouver une compagnie aérienne qui accepte un terroriste et un bombeur sur un de ses vols internationaux. Cette réticence était peut-être aussi amplifiée par le fait que j’ai déjà réussi à crocheter mes menottes lors d’un transport entre la prison et le palais de justice, mais bon… il fallait pas me laisser une épingle en métal dans les mains.

Avec tout ça, je dirais que je suis quelque part dans le nord-ouest des États-Unis. Je sais qu’on m’envoi à Deardeath, mais personne n’a pris la peine de me donner l’adresse exacte de l’endroit.

Le véhicule s’arrête. Ils m’annoncent par un petit intercom qu’on vient d’arriver à la prison et qu’ils vont me faire descendre, que je ne dois pas résister, que je dois me tenir loin de la porte, qu’ils sont armés et on droit de me tirer, tout ce blabla… Je sais qu’ils sont légalement tenus de me sortir tout ça à chaque arrêt, mais ça devient pénible.

Finalement la porte s’ouvre. Je suis aveuglé par la lumière et ils en profitent pour me saisir en vitesse et m’entraîner vers ce que je devine être l’entrée de Deardeath. Avec mes pieds ankylosés par tout ce voyage entravé, j’ai de la difficulté à tenir le rythme et à vrai dire je souffre un peu.

Je n’ai même pas le temps de regarder les alentours que je suis déjà rendu à l’intérieur. Je suppose qu’il doit y avoir de la paperasse à remplir avant que je puisse rejoindre ma nouvelle cellule. Je ne sais pas si j’ai hâte d’en avoir fini avec ce maudit voyage ou si je devrais déjà regretter d’être ici.
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: L'anarchie arrive en ville   L'anarchie  arrive en ville Icon_minitimeMar 22 Juil - 11:55

Ce matin, j’ai eu un mal fou à me lever, malgré les gueulantes que poussait le gardien. Je m’étire, laisse passer ma coloc’, terroriste aussi. Enfin, aussi… je ne suis pas une terroriste, je n’arrête pas de le répéter à tous ces américains. J’ai posé une bombe, certes, mais c’était pour protéger mon fils, alors ça ne compte pas. Je sors de ma cellule sous le regard attentif et méprisant d’un autre gardien. Je fais le gros dos, pousse un soupir las et me dirige vers la cour avant d’aller manger. Je n’ai pas faim ce matin, et sûrement que l’apparence peu engageante des plats m’y aide. Les yeux encore un peu bouffis de sommeil, je me dirige vers la cour pour y prendre l’air. A l’est, le soleil se lève lentement, illuminant d’un éclat aveuglant le bitume et le sable de la cour. Ses rayons se réverbèrent se le gravier et le sable, m’éblouissant momentanément. Je profitai quelques minutes du soleil avant de rentrer pour aller manger. Même si je n’étais pas enchantée à l’idée d’avaler mon petit déjeuner, je ne tenais pas à devenir un lévrier décharné faiblard.

Je m’attablai en compagnie d’autres personnes, tout en évitant copieusement de provoquer l’agacement de mes voisins. Ma cuillère à la main, je songeai à ce qui m’était arrivé ces derniers jours. La bibliothèque, un peu, la mélancolie, beaucoup. Je m’attelai à penser à autre chose pendant que je portai à ma bouche une cuillérée de bouillie bizarre.

***
-Anja, papa t’a trouvé un endroit où tu pourras bosser tes arts martiaux, me lance Nicholaï en rentrant à la maison.

L’entendant, je me lève d’un coup et le rejoins dans la salle à manger. Il se débarrasse de son lourd manteau et me sourit. Du haut de mes seize ans, je parais pourtant bien frêle à côté de mon frère. Il me tend un papier pendant que de son autre main, il suspend son manteau à un clou.

-Tiens, c’est un plan. En sortant de la maison, tu pars à droite et tu continues le long de l’avenue jusqu’au bâtiment indiqué sur le plan. A partir de là, tu peux te repérer au plan lui-même.

Je me dresse sur la pointe des pieds et l’embrasse sur la joue, puis m’empare du plan. Je file dans ma chambre où je peux l’étudier en paix. Allongée à plat ventre sur mon lit, je l’entend siffloter pendant qu’il prépare de quoi manger en attendant que les parents reviennent. Ce soir, on est tous ensemble et mon père ne repart en voyage que dans une semaine, alors on profite tous de ces moments en famille. Je m’assure d’avoir bien fini tous mes devoirs pour ne pas plomber l’ambiance et me plonge dans la lecture du bout de papier donné par mon frère. Je suis les routes du bout d’un doigt, regarde attentivement le point d’arrivée et me prépare un plan mental en trois dimensions avec ce que je savais déjà de l’extérieur.

***
Ma cuillère heurte l’assiette vide et je loue ma capacité à me vider l’esprit quand je devais manger ici. J’avale rapidement un verre d’eau et ramène mon assiette, puis quitte le self derrière un file de détenus. Parmi eux se trouve l’homme le plus grand que j’aie jamais vu, et pourtant croyez-moi, j’ai de l’expérience en matière de gorilles. Je me fais toute petite et engage la discussion avec une femme un peu moins âgée que moi qui a bientôt fini sa peine. Elle s’en va dans un mois, alors elle se tient sagement à carreau. Elle est sympa, ne manque pas de remarquer mon accent, en revanche. Pas que ce soit un problème, mais j’aime pas qu’on le note. On passe dans le hall quand j’aperçois une personne jamais vue avant. Un rouquin aux yeux remarquables, de grande taille et pas vraiment baraqué. Bien tiens !

Ça change de d’habitude ! pensé-je en ricanant.

Je le vois de profil, aussi quand, pour une raison ou pour une autre il bouge, je peux remarquer un bandeau qui couvre son œil droit. Inconsciemment, je fais la grimace. Borgne. Vu qu’il vient d’arriver ici, je suppose qu’il a été blessé d’une façon douloureuse. Evidemment, je ne veux pas dire que tous ceux qui sont à DearDeath et borgnes ont été éborgnés douloureusement, m’enfin y’avait plus de chances, non ? Je le regarde attentivement, essayant de deviner ce qu’un homme d’une… trentaine d’années ? faisait ici. Je ne sais pas s’il m’a vue, mais je lui souris, dans une vaine tentative de rendre DearDeath un tout petit peu plus accueillant.
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Loïc Valois
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MessageSujet: Re: L'anarchie arrive en ville   L'anarchie  arrive en ville Icon_minitimeMar 22 Juil - 21:25

Après un échange de paperasse, on me lit les règles de la prison (rien de très original) et on me retire finalement mes entraves. Nous sommes arrivés durant la nuit alors j’ai le droit à un tour rapide des installations avant qu’on m’envoie pour le déjeuner avec un papier dans mes poches spécifiant que ma cellule porte le numéro 6.

Ce n’est pas plus mal, je n’ai pas vraiment envie de dormir.

L’ambiance au réfectoire est assez morose. La bouffe est assez mauvaise aussi, mais ça ne se compare pas à ce à quoi j’ai eu droit durant le voyage. Je mange donc avec appétit. Le grand avantage du petit déj’ c’est qu’il ne comporte généralement pas de viande. Parce que Dieu seul sait ce que l’avenir me prépare en matière de tofu caoutchouteux et de légumineuses à moitié cuites. J’ai appris à la dure que les prisons ne sont généralement pas les meilleurs endroits en matière de cuisine végétarienne. Je suis d’ailleurs sensé me présenter à l’infirmerie une fois par semaine pour recevoir des suppléments alimentaires. Même eux ne se considèrent apparemment pas aptes à me garder en vie et en santé sans un coup de pouce de la science.

Tout en mangeant, j’observe les gens autour de moi. Je me demande combien de personnes dans la cafétéria seraient capables de me tuer de sang-froid. Beaucoup trop sans doute… L’endroit me fait un peu peur. Je ne me sens pas à ma place. Je suis un poseur de bombe, pas un tueur. Tiens, c’est fameux! J’aurais dû leur dire ça au procès, je suis sûr que ça les aurait attendris.

Les gens m’observent, mais fuient mon regard. C’est peut-être parce que je suis nouveau. J’ai l’impression qu’on me jauge. Pour une fois je regrette de ne pas être plus musclé que ça. Je devrais sans doute profiter de la prison pour me mettre à l’entraînement. Ce serait le summum du cliché! Au moins, je suis assez grand pour être intimidant et je ne suis pas non plus sans défense. Faire du terrorisme c’est plus demandant physiquement qu’on pourrait le croire.

Comme je vais pour me lever, je remarque une personne qui me regarde sans se défiler; une blondinette, peut-être un peu plus vieille que moi. Elle me fait un sourire qui se veut bienveillant. Je lui rends son sourire, un peu hésitant.

Je n’ai pas encore exactement compris les codes sociaux en vigueur à Deardeath. D’ailleurs, je n’ai pas encore compris grand-chose. Que suis-je sensé faire après le repas? Glander jusqu’au prochain repas sans doute…

Sans trop réfléchir, je me lève pour aller m’assoir à une place qui vient se libérer juste à côté d’elle. Je m’introduis comment? « Bonjour, je m’appelle Loïc. J’espère que vous ne planifiez pas tuer des détenus un peu maigrelets prochainement. »… Il faut que j’arrête de penser comme ça. Je vais finir par me terrifier moi-même. Bon sang! Je suis un terroriste, pas un enfant de chœur. Je dois bien pouvoir me débrouiller dans cette prison.

Comme elle est à ma droite, je m’assois à califourchon sur le ban pour pouvoir la regarder en face. Je lui tends la main.

- Salut, moi c’est Loïc.


Dernière édition par Loïc Valois le Dim 27 Juil - 7:34, édité 2 fois
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: L'anarchie arrive en ville   L'anarchie  arrive en ville Icon_minitimeJeu 24 Juil - 15:37

Le rouquin remarque que je le regarde et, l’air hésitant, s’approche pour prendre une place à côté de moi. Il me tend la main, dans une invitation à la serrer. Je le dévisage, doutant de la conduite à adopter. Il n’a pas l’air bien méchant, peut-être un peu craintif, même.  Mais je ne suis pas moi-même hostile au premier coup d’œil, pourtant, je sais que je suis capable de planifier une approche calme et amicale tout en prévoyant mentalement d’empoisonner discrètement ma rencontre. Alors… pourquoi pas lui aussi ? Je l’observe un peu avant de laisser mon visage s’éclairer, devenir franchement sympathique et lui serre la main. Il ne sera pas dit que je resterai une vilaine fille impolie là où quelqu’un l’est en face de moi.

-Enchantée, Loïc. Moi c’est Anja.

Je lâche sa main et incline la tête sur le côté pour le regarder plus attentivement. C’est une manie chez moi, j’aime bien détailler les gens, m’assurer de leurs faiblesses, des petits riens qui pourraient m’aider à vaincre mon adversaire. Par exemple, lui avait un angle mort, du côté droit. Il me suffisait de m’approcher par là pour le mettre hors d’état de nuire si le besoin s’en faisait sentir. Je ne pense toutefois pas que je devrai en arriver à de telles extrémités… Loïc, c’est une consonance de nom qui m’est inconnue, probablement occidentale.

-Je ne suis pas ici depuis bien longtemps, mais il me semble ne jamais t’avoir vu ici. Tu es nouveau ? lui demandé-je en essayant de maîtriser mon magnifique accent russe tellement repérable.

J’’examine en même temps les rondes des gardiens, ceux qui vont manger, qui discute avec qui, qui s’attable avec qui. Mieux vaut être préparée à toute éventualité. Je ne prévois pas de m’enfuir, du moins pas avant quelques années minimum, pour ne plus éveiller les soupçons, mais j’aime bien savoir précisément ce qui m’entoure. Je repère deux gardiens qui fixent attentivement chaque détenu, assumant leur travail comme de bons employés, un autre qui reniflait copieusement et se frottait le nez très régulièrement. Lui avait dû profiter d’une certaine marchandise dans le genre de celle que j’avais aidé à transporter en escortant des mules au Mexique.

Je tourne mon regard vers l’autre côté et remarque au même instant un visage connu. Un homme grand et solidement charpenté qui m’avait aidée à de multiples reprises lors de certaines de mes missions. Feliks. Je n’ai jamais connu son nom de famille, mais je n’en avais pas besoin C’était Feliks, ou rien. C’était un brave gars, peut-être un mercenaire sans foi ni loi, mais il n’était pas foncièrement mauvais. Quelque part, il était comme moi, quelqu’un qui avait dû suivre par un concours de circonstances. Toutefois, je n’ose pas m’approcher. On ne sait jamais, il était parmi l’un des plus loyaux sbires de Victor et de son père avant lui.

***
Je frappe dans la main ouverte de mon entraîneur, qui frémit sous l’impact. Mes phalanges claquent, comme toujours, mais je suis satisfaite de ma performance.

-Bien, Anja. C’est assez pour aujourd’hui, on se revoit la semaine prochaine.

Je hoche la tête, serre la main qu’il me présente et m’en retourne au vestiaire où je me change rapidement. Je range mes affaires dans mon sac et ressors pour attendre Nicholaï. Je m’assieds sur les marches devant le bâtiment et regarde les gens s’activer pendant que je patiente. De l’autre côté de la rue, une famille se hâte de retourner chez elle, le soleil se couche et déjà, la luminosité baisse. Dans quelques minutes, il fera nuit et je ne tiens pas vraiment à devoir attendre Nicholaï de nuit. Il est en retard… Un peu effrayée par son absence, je rentre à nouveau pour pouvoir patienter à l’abri. Je pose mon sac dans un coin et me mets à taper dans un sac pour passer le temps.

-Tu as l’air en forme.

Je me retourne sur la voix et regarde le jeune homme, qui doit être à peine plus âgé que moi. Il est plus grand aussi, mais a les mêmes cheveux blonds, plus courts encore que les miens, et des yeux noirs qui luisaient parfois d’un éclat malveillant. Je ne lui réponds pas, ne me sentant pas en confiance du tout, ou alors seulement par un grognement vaguement courtois.

-Est-ce que ça te brancherait un travail pour moi ?

Je le dévisage longtemps en me demandant ce qu’il entendait par là. Je me redresse et laisse le sac tranquille en remarquant derrière lui un type gigantesque, plutôt baraqué, aux cheveux courts et bruns et aux sourcils broussailleux.

-Pourquoi pas. En quoi ça consiste ?

-Feliks va t’expliquer, me répond le jeune homme avec un sourire narquois.

L’homme derrière lui, vraisemblablement le Feliks dont il parlait, fait un pas en avant et me sourit gentiment, presque avec compassion. Puis m’apprend ce que je vais devoir faire.

***
Pour l’instant, Feliks ne m’a pas vue, et j’espère que ça va durer longtemps. Pas que je ne tienne pas à ce qu’il me reconnaisse, mais j’ai peur qu’il ne soit au courant, par quelque moyen que ce soit, de ma « trahison » auprès de Victor. Par conséquent, j’ai peur des représailles potentielles. Mais bon… Oublie, Anja, pour l’instant, tu as une discussion normale avec un autre prisonnier. Je respire longuement pour me calmer et m’applique à conserver une expression sereine.
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Loïc Valois
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MessageSujet: Re: L'anarchie arrive en ville   L'anarchie  arrive en ville Icon_minitimeVen 25 Juil - 4:15

- Enchantée, Loïc. Moi c’est Anja… Je ne suis pas ici depuis bien longtemps, mais il me semble ne jamais t’avoir vu ici. Tu es nouveau ?

Je peux distinguer dans sa voix un accent qui m’est étranger. Avec un prénom comme le sien et son accent, je serais porté à dire qu’elle vient de l’Europe de l’Est.

Elle me parle, mais je la sens distraite. Elle me regarde comme si elle me jaugeait elle aussi, qu’elle tentait de déterminer mon niveau de risque. Puis elle regarde tout autour d’elle comme pour trouver un danger potentiel. Je ne peux pas dire si c’est elle qui est réellement si anxieuse ou si c’est moi qui donne trop de signification aux actions des autres. C’est vrai que je suis un peu sur les nerfs ce matin. Le voyage m’a mis à cran et cette prison m’angoisse. Peut-être que c’est ça aussi la vie à Deardeath, essayer sans cesse de trouver qui parmi tes codétenus qui est dangereux puis tenir ces personnes le plus loin possible. J’ose espérer que non, mais je doute un peu… Je ne me sens vraiment pas à ma place.

- Je suis arrivé cette nuit même en fait. J’ai été transféré depuis le Canada.

Comment est-ce qu’on ouvre une conversation en prison? «Au fait, inquiète toi pas. J’ai tué une personne, mais c’était un accident. Ils ne m’ont pas crû au procès, mais je le jure.» ? Peut-être aussi que la stratégie à adopter c’est d’avoir l’air le plus dur possible pour être sûr de ne pas se faire emmerder. Dans ce cas, je suis Loïc Valois, jusqu’à récemment une des menaces terroristes les plus recherchées en Amérique du Nord.

Mais bon, jusqu’à ce que j’aie compris les codes sociaux qui régulent Deardeath, je décide d’y aller avec une approche neutre. Lorsque j’étais incarcéré à Montréal, je restais dans mon coin et ma réputation suffisait à tenir tout le monde éloigné. Ici, je ne suis plus le plus gros joueur, et je ferais probablement bien d’essayer de me faire des amis parce que je suis là pour longtemps.  

Je fais un sourire affable, j’essais de mon mieux d’être décontracté.

- On m’a fait faire un tour rapide de la prison, mais je n’ai pas tout retenu. On est sensé faire quoi durant le jour?
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MessageSujet: Re: L'anarchie arrive en ville   L'anarchie  arrive en ville Icon_minitimeVen 25 Juil - 16:43

-Je suis arrivé cette nuit même en fait. J’ai été transféré depuis le Canada.

Le Canada. Hum… D’où le nom à consonance étrangère. Je ne serais pas surprise de voir Loïc bâiller d’ici peu de temps, puisqu’il a voyagé de nuit, quand bien même son pays soit plus proche de DearDeath que la Russie. La façon dont il parle, le ton employé me donne l’impression qu’il est un peu perdu. Il est amusant ce garçon, on dirait qu’il ne se sent pas à l’aise. Suis-je bête… pour se retrouver ici, il suffit pas de piquer sa sucette à un bébé, ce qui, soit dit en passant, est à mon goût l’un des crimes les plus impardonnables. Il n’est peut-être pas… pas à l’aise simplement parce que ce qui lui a valu son enfermement ne lui paraît pas assez conséquent pour faire peur aux autres. Bien qu’il me paraisse un peu anxieux et stressé, il me sourit. Les gens ne sont pas tous des monstres sans cœur, comme Victor.

-On m’a fait faire un tour rapide de la prison, mais je n’ai pas tout retenu. On est censé faire quoi durant le jour ?

Cette fois je lâche un petit rire franchement amusé. Je me calme rapidement, pour éviter d’attirer trop l’attention sur moi et pour ne pas froisser le Canadien. Qu’étions-nous censés faire en journée ? C’était une question qui méritait que l’on se penche dessus. Je jette un coup d’œil rapide à Feliks, pour m’assurer qu’il ne m’a toujours pas vue, puis reporte mon attention sur Loïc. Mon regard est très souvent attiré par son œil borgne et ça me dérange. Je trouve ça indiscret, intrusif alors je n’ai de cesse de tourner la tête, ce qui doit me donner un drôle de comportement.

-Eh bien… Pour ma part, je passe mes journées à lire, à la bibliothèque ou dans ma cellule. D’autres préfèrent fréquenter assidûment la salle de musculation, au rez-de-chaussée. J’en ai vu quelques autres qui restent dehors tout le temps, à courir, sauter, se bagarrer. Libre à toi de trouver ta voie.

Non loin, j’aperçois un gardien maîtriser un détenu un peu affectueux qui redemandait à manger armé d’un couteau. En effet, aujourd’hui nous avions eu droit à quelque chose d’un peu meilleur de d’habitude et ce type là-bas voulait en profiter au maximum. Je ne pus m’empêcher de sourire d’un air mauvais. Je n’étais pas sadique par nature, mais parfois, c’était plus fort que moi, je trouvais cela amusant. Comment c’est mal ? Le bien et le mal, c’est une question dont tout le monde a déjà fait le tour. C’est subjectif, ça dépend de l’éducation des gens, on s’en fiche puisque tout le monde a sa propre version de ce qui est bon ou mauvais.

-J’aurais juste quelques petits conseils à te donner…

Je surveille une énième fois que Feliks reste à sa place, et sursaute en voyant qu’il bouge. Je détourne le visage et reporte mon attention sur Loïc en  tentant vainement de calmer les battements de mon cœur. Malgré tout, ma voix chevrote et je sens mes mains se mettre à trembler.

-Evite de jouer au malin avec les gardiens, même si tu sais que as raison. Essaie d’éviter aussi les heures d’affluence au réfectoire ou aux douches, c’est toujours l’occasion de bagarres et de potentiels meurtres impunis. Tous ne sont pas de brutes assoiffées de sang, mais un certain nombre tout de même.

Toujours inquiète, je guette la progression de mon ex-collègue mercenaire. Il s’approche à grands pas, sans toutefois me remarquer, et s’arrête devant le Canadien. Il se dresse de toute sa taille et je remarque qu’il a bien changé puis que je l’ai vu pour la dernière fois. Il était déjà baraqué avant, mais là… j’ai l’impression qu’il a encore forci. Je baisse la tête et espère de tout mon cœur qu’il ne devienne pas agressif. J’envisage de prévenir Loïc, de lui dire de ne pas faire de geste qui puisse être mal interprété, mais si je parle, Feliks reconnaîtra ma voix.

-Alors jeune homme, on embête ces dames ? demande-t-il d’une voix grave à peine intimidante.

J’ai peur de comment pourrait dégénérer cette conversation, mais j’ai encore plus peur de ce qui se passerait si j’intervenais. Je serre les poings et croise le regard du Canadien. Je ne peux décemment pas aller plus avant contre mes convictions.

-Laisse-le, Feliks, lancé-je en russe.

Celui-ci sursaute et se tourne vers moi, surpris. Son air abasourdi valait tout l’or du monde, mais je ne tenais pas à ce qu’il réagisse trop vite. Comme nous avions fini de manger, j’attrape Loïc par le bras et le tire doucement.

-Suis-moi, je ne pense pas qu’il devienne agressif, mais on ne sait jamais, il serait même capable de nous suivre pour ce que je sais de lui…

Je m’arrête une fois que nous sommes sortis du réfectoire et m’informe de l’état du Canadien.

-Ça va ? Je ne t’ai pas fait mal au bras ?
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MessageSujet: Re: L'anarchie arrive en ville   L'anarchie  arrive en ville Icon_minitimeSam 26 Juil - 10:02

-Alors jeune homme, on embête ces dames?

Le ton est vaguement menaçant. Je me retourne pour trouver derrière moi un type bâti comme une armoire à glace. C’est drôle, mais je jurerais qu’il a le même accent qu’Anja.

En un instant, je me réveille. Le Loïc écrasé par des mois de procédures légales laisse sa place. Je retrouve plutôt celui qui a traîné avec des radicaux plus ou moins excentriques à travers tout le Canada et qui a acheté des produits chimiques illégaux à une ribambelle de gens peu fréquentables. Je sais gérer cette situation. Du moins à peu près. Autant que gérer des gens dangereux et imprévisibles est possible.

Je me lève lentement, l’air sûr et calme. Je ne veux pas avoir l’air de chercher le combat, mais je veux également avoir l’air assez solide pour ne pas être une cible facile. Je jette un regard rapide autour de nous pour évaluer la proximité des gardiens et le niveau d’attention que les gens nous portent. En même temps, je cherche quelque chose à dire pour désamorcer la situation en vitesse.

Alors même que j’ouvre la bouche, Anja dit quelque chose dans une langue que je crois être du Russe. Le type a l’air éberlué et elle en profite pour me tirer par le bras, m’entraînant hors de la cafétéria. Je me laisse faire et nous nous arrêtons dans un couloir.

-Ça va? Je ne t’ai pas fait mal au bras?

Je ris. Dans quel enfer je me suis fourré?

- Moi ça va… mais toi tu sembles avoir des connaissances peu recommandables. Peut-être que tu devrais suivre tes propres conseils et te tenir loin des assoiffés de sang.

Et peut-être que je ne devrais pas me faire voir avec des gens qui ont de telles fréquentations. C’est bien moi ça. On dirait que l’aventure me coure après. Cette petite histoire aura au moins eu l’avantage de me réveiller. Ça va mieux. La première épreuve est passée et je ne me suis pas fait tabasser par le premier venu avec les idées un peu tordues. Je gère encore un minimum.

- Il me voulait quoi ?


Au même moment, Monsieur Le-baraqué-avec-son-accent-de-l’Europe-de-l’Est passe dans le couloir tout prêt de nous. Il nous dépasse en nous jetant un regard dans lequel je lis un avertissement. Je ne suis pas sûr si cette menace voilée s’adresse à Anja ou à moi. Les évènements prennent décidément une tournure rocambolesque. Cela me laisse un arrière-goût de mauvais film sur la guerre froide. Je m’attends presque à me faire traiter de chien occidental.
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MessageSujet: Re: L'anarchie arrive en ville   L'anarchie  arrive en ville Icon_minitimeSam 26 Juil - 18:24

Loïc me suit sagement sans se débattre, avant de s’arrêter en même temps que moi dans le couloir hors du réfectoire. A ma question il répond en riant, franchement amusé. Allons bon, qu’ai-je fait ?

-Moi ça va… mais toi tu sembles avoir des connaissances peu recommandables. Peut-être que tu devrais suivre tes propres conseils et te tenir loin des assoiffés de sang.

Cette fois, c’est à mon tour de laisser sortir un éclat de rire. S’il savait… Pourtant, Feliks n’est même pas quelqu’un d’agressif en temps normal. Il n’aurait pas dû venir s’impliquer dans notre conversation, sauf s’il avait plus changé à DearDeath que ce à quoi je m’attendais. Suivre mes propres conseils. Je le faisais depuis que j’étais arrivée, me tenais à l’écart des conversations animées, des disputes, même amicales.

-Tu aurais dû me dire ça il y a dix-sept ans. Maintenant c’est un peu tard, réponds-je avec un pauvre sourire mélancolique.

Je surveille la porte du self, de peur de voir Feliks en sortir. Il n’avait pas l’air de me vouloir du mal, tout à l’heure, mais on ne sait jamais. Il pourrait se reprendre et essayer de me tuer la prochaine fois. Je secoue la tête, écarte une mèche récalcitrante qui barrait mon front et ajuste mon uniforme gris froissé.

-Il me voulait quoi ?

Feliks sort de la cafétéria à ce moment, et nous regarde sans aménité. Il a l’air de nous menacer, ou du moins, de me menacer moi. Ou l’un d’entre nous. Il s’éloigne et je lâche un soupir de soulagement. Pas que je craigne Feliks, mais il m’avait aidée de nombreuses fois et je n’avais pas envie de devoir l’affronter. Vous savez, le conflit psychologique que ça engendrerait dans ma tête. Est-ce que je cogne sur Feliks alors qu’il m’a déjà sauvé la vie plusieurs fois, qu’il m’a assistée dans de nombreux travaux, que plus d’une fois il a pris ma défense quand Victor était saoul ? Je me sens vraiment mal à l’idée de devoir me battre avec lui, et plus encore à l’idée qu’il croie que j’ai trahi. Bon, quelque part il est vrai que j’ai changé de camp, mais je ne considère moi-même pas que ce que j’ai fait est une trahison. Je me mords la lèvre et cherche une réponse valable à offrir au Canadien.

-Je ne sais pas trop… Il n’aime pas qu’on cherche des noises aux femmes. Disons que…

Je détourne le regard, embarrassée à l’idée de parler de moi.

-C’est pas un mec méchant, mais il réagit un peu vite parfois. Je veux bien croire qu’à vue d’œil comme ça, on puisse penser que c’est une des brutes dont je parlais à l’instant. Enfin… c’est peut-être un autre criminel, mais je lui dois beaucoup. Il ne devrait pas te causer de problèmes, normalement. Si jamais c’est quand même le cas, pense à m’en parler.

Je me rends compte que je peux passer pour une prétentieuse, à vouloir me mesurer à ce gigantesque russe, du haut de mon mètre soixante-dix, soixante-et-onze. Seulement, je crois savoir que Feliks ne me fera pas de mal, sinon il aurait déjà profité de la présence d’autres détenus pour me rectifier le portrait tout à l’heure dans le self. Du coup, je me sens un peu plus en confiance que si j’avais dû parier sur l’amitié d’un autre acolyte de Victor ou de Victor senior.
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Loïc Valois
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Loïc Valois

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MessageSujet: Re: L'anarchie arrive en ville   L'anarchie  arrive en ville Icon_minitimeLun 28 Juil - 8:08

-Tu aurais dû me dire ça il y a dix-sept ans. Maintenant c’est un peu tard.

Merde, elle me regarde avec un tel air de mélancolie. J’ai soudainement l’impression d’avoir mis le doigt au mauvais endroit sans même avoir à essayer. J’en suis soulagé lorsqu’elle change de sujet et se met à me parler de Monsieur Le-Baraqué.

Apparemment que M. Le-Baraqué serait presque un gentil garçon, aussi gentil garçon qu’on peut en trouver à DearDeath, et une ancienne connaissance d’Anja. Il est juste un peu trop protecteur de la gent féminine. Ben tiens! Me voilà rassuré. Et le regard qu’il nous a lancé en passant dans le couloir, c’était aussi pour s’assurer que je n’embête pas ‘’les dames’’ ?

Au moins, selon Anja il devrait me laisser tranquille. Et si ce n’est pas le cas, je pourrai toujours aller me plaindre à elle dans l’espoir que je sois encore capable de le faire, et qu’elle puisse changer quelque chose à l’humeur de M. Le-Baraqué.

Pendant qu’on parle, ma soudaine montée d’adrénaline prend fin et avec elle part le Loïc assuré qui sait gérer toutes les situations périlleuses avec un demi-sourire sur le visage. (Zut. Reviens Loïc assuré! Je t’aime bien.) Me voilà maintenant avec une petite faiblesse dans le genou et une vive envie de bâiller. Je me souviens alors du petit papier dans ma poche portant le numéro de ma cellule.

Probablement que je devrais aller dormir un peu. Histoire de me remettre du voyage et de pouvoir rencontrer les sans doute charmants personnages qui partageront leur cellule avec moi. De toute manière, ce n’est pas comme si j’étais pressé de faire le tour complet de la prison. J’ai tout mon temps devant moi et il vaut probablement mieux me laisser des surprises pour les prochains jours. Sinon, je vais rapidement mourir d’ennui.

Je me passe distraitement la main dans les cheveux pour enlever les mèches rebelles de devant mes yeux. Bon, mon œil en fait. Je ne m’y habitue pas. Puis je m’adresse à Anja sur le ton le plus courtois que je puisse trouver. Je ne veux pas la froisser. J’espère toujours me faire des amis dans cette prison, et j’ai déjà peut-être un ennemi, alors je ferais mieux de me dépêcher.

- Tu me pardonneras, mais je crois qu’après quelques jours de mauvais sommeil sur la route j’ai besoin d’aller me reposer. Merci pour l’accueil et pour tes conseils. Je n’ai aucun doute qu’on se reverra.

J’attends alors ses salutations pour pouvoir me retirer.
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Anja Tchaïkovski
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MessageSujet: Re: L'anarchie arrive en ville   L'anarchie  arrive en ville Icon_minitimeMar 29 Juil - 20:16

Quelques personnes sortent maintenant du réfectoire, détenus et gardiens confondus, les uns en traînant des pieds, et les autres… en traînant des pieds aussi. Cet endroit vous détruit le moral, que vous soyez du bon ou du mauvais côté des barreaux. En face de moi, Loïc semble commencer à fatiguer, son regard s’éteint petit à petit et je sens bien qu’il dort debout. Alors quand il passe une main devant son visage pour se débarrasser de mèches rebelles et m’annonce qu’il s’en allait pour rattraper son sommeil en retard, je ne suis que peu surprise.

-Tu me pardonneras, mais je crois qu’après quelques jours de mauvais sommeil sur la route j’ai besoin d’aller me reposer. Merci pour l’accueil et pour tes conseils. Je n’ai aucun doute qu’on se reverra.

Je lui souris et réponds.

-Dors bien, Loïc. Fais attention sur la route, ce serait trop bête de se faire des ennemis dans sa propre cellule, plaisanté-je.


Une fois seule, je m’en retourne à la bibliothèque, tout en réfléchissant à cette rencontre. Le rouquin, s’il paraissait un peu frêle au premier abord, avait fait montre de courage en faisant mine de s’opposer à Feliks dans le réfectoire, tout à l’heure. Tout le monde n’a pas ce cran, et, il faut le dire, cette naïveté. Feliks est une armoire à glace. Pas bien méchant, mais le contrarier et s’attirer ses foudres n’est jamais bon pour la santé de la personne qui l’aura mis en rogne. Je me plonge dans mes souvenirs à cette évocation, véritable bond dans le temps.

***

Je passe la porte du salon et trouve Victor, une bouteille d’alcool dans une main et le téléphone dans l’autre, en train de hurler des insultes à peine compréhensibles. J’essaie de me glisser discrètement derrière lui pour rejoindre Mikhail qui doit être mort de trouille dans sa chambre. C’est pas bien compliqué, jusqu’à ce que Victor raccroche. Là, il cherche à se rendre à la cuisine pour avaler une nouvelle bouteille, ayant fini la première. Il me bouscule d’un coup d’épaule et titube jusqu’au réfrigérateur contre lequel il s’effondre dans un grand bruit. J’essaie de l’aider, mais sa réaction est différente de tout ce à quoi je m’attendais. Je lui tends la main, qu’il repousse violemment d’un revers de bras.

-Dégage… me grogne-t-il.

C’est la première fois qu’il est aussi saoul, alors je ne réagis pas trop. Je lui tends la main à nouveau et cette fois il s’y accroche. Je suis soulagée et souris, quoiqu’un peu inquiète pour lui. Il se tient à mon épaule, ses doigts refermés autour d’elle comme les serres d’un aigle. Il me fait mal mais je ne me plains pas, après tout, il n’est plus très lucide et peut-être qu’il s’en voudra si je lui fais remarquer. Je me mets en tête de l’accompagner à notre chambre pour qu’il se repose mais ses mouvements erratiques m’entravent énormément. Je l’attrape par le bras et le fais passer en travers de mes épaules pour le traîner à ma seule force. Victor retombe lourdement sur le carrelage en grognant. Un peu dépitée, j’appelle Feliks à la rescousse pour mettre sa force à mon service.

Une vingtaine de minutes plus tard, il arrive et m’aide à relever Victor. Un Victor qui entre temps s’est un peu calmé et semble à peine plus lucide. Il ne tient pas bien sur ses jambes mais réussit quand même à me repousser brutalement d’un coup imprécis pourtant douloureux. Un bleu apparaîtra sûrement sur ma pommette demain, mais dans l’immédiat, je dois envoyer Victor se coucher si je veux protéger Mikhail de la vue de son père complètement ivre. C’est pas des choses qu’on montre à un gosse de huit ans.

-Fous-moi la paix ! C’est ta faute si mon père veut pas me laisser les rênes ! crie Victor dans un borborygme difficilement compréhensible.

Je le regarde, interloquée, quand il lève à nouveau le bras pour me frapper. Je ferme les yeux en attendant la douleur, qui ne vient pas, bizarrement. Feliks a retenu Victor avant et le pousse vers la chambre, en me regardant avec compassion. Quand il revient après s’être assuré que le père de mon fils dormait et ne risquait pas de se réveiller pour me battre, il engage la discussion.

-Si jamais il recommence, préviens-moi. Je ne veux pas qu’on te fasse du mal, entendu ? Je ne veux pas vivre encore une fois le même drame.

Cependant, quelques jours plus tard, il se fait coincer par les flics, informés par un anonyme. Je soupçonne d’ailleurs Victor d’être à l’origine de cette indication… Pour se venger de son employé qui l’avait empêcher de me passer à tabac. Au cours de la semaine qui a suivi, il m’avait gardée à l’œil, me regardant d’un air mauvais, comme s’il craignait à tout instant que Feliks allait sortir de cellule pour venir me venger. Jusqu’au jour où il a appris qu’il venait d’être expatrié et transféré aux Etats-Unis. Je me souviens du jour où il a reçu la nouvelle, de son sourire rayonnant, de son regard sadique et de la peur que j’ai ressentie chaque fois que Mikhail était susceptible de nous voir.

***

Je secoue la tête une fois arrivée à la bibliothèque pour me débarrasser de mes idées noires. J’attrape un livre au hasard et vais m’asseoir dans un coin pour bouquiner. Pour me changer les idées, me vider la tête de ces souvenirs. Le personnage principal est roux, comme ma rencontre d’aujourd’hui. Je me surprends à sourire toute seule. Cet homme est vraiment sympathique, bien plus que la plupart des autres détenus en tous cas. Tout en lisant avidement chaque ligne qui me permet de m’évader de cette prison, je fredonne une chanson agaçante, du type de celles qui se gravent à jamais dans votre esprit.
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