Est-ce que j'avais dormi cette nuit ? Oui, il me semble. Sinon je me rappellerais. Le rêve, c'est comme la vie. On ne souvient pas comment ça à commencer, ni les passages inutiles. Alors me voici, à errer comme un fantôme. Comment ? Je n'en sais rien, je suis toujours plongé dans mes pensées. Plonger, drôle de terme pour cette utilisation. Plonge-t-on dans son esprit comme l'on plonge dans l'eau glacée ? Possible, en imageant au maximum que l'esprit est la mer et que les tsunamis sont les tourments.

Où suis-je ? Au milieu d'une marée humaine dans un réfectoire gris. Un brouhaha infernal règne et je n'ai pas faim, alors qu'est-ce que je fais là ? J'ai dû suivre le mouvement tout simplement. Mais le bruit est insupportable et de plus comme dit, enfin pensé, précédemment, la faim n'était pas présente. Je me levai donc, ignorant au passage les murmures de mon voisin de table. Quittez cet endroit le plus vite possible. Depuis un moment je fuyais les relations avec les hommes, les femmes, enfin bref les humains. D'abord Neil, par ses mots et puis ensuite Abel. Abel...est étrange. Son être reflète la mort, mais avec tant...de chaleur vivante. La même qu'avait fait preuve Neil, mais plus forte encore. Je sens encore la glace fondre...Pourquoi?

J'erre dans les couloirs, comme la marionnette tueuse que je suis. J'ignore ceux qui me parlent quand je les croise. Je n'ai pas peur d'être seule contrairement à certain qui reste à l'abri des groupes de prisonniers. Tiens, je ne connais pas cette partie de la cage. Où est-ce que cela mène ? Un couloir gris, mais je dirais moins emprunté. Moins de griffures sur les murs, moins de traces étranges.

La chapelle. Moi qui n'allais jamais à l'église, c'est bien ma chance. Je n'ai jamais prié Dieu. Pourquoi faire ? Je n'y crois pas simplement, ce sont les humains qui ont ce genre de croyance. Enfin. Je m'assois sur un des bancs et contemple l'autel et l'édifice consacrer à l'être pur. Je ne comprendrais jamais le délire des hommes. Pourquoi accrocher un de leur semblable à une croix ? De mon point de vue, il ressemble à une marionnette. Peut-être qu'il en était une, après tout, nous ne sommes jamais sûrs du passé. Les détails qui disparaissent, comme dans les rêves. La vie est égale à un rêve. Pour certain, elle n'est que cauchemar.

" Les humains sont si..."

Ma voix avait raisonné. Froide, dure, sans aucune trace d'émotions. Elle n'avait pas changé. Mon cœur oui. Deviendrais-je humaine moi aussi ? Non, je ne veux pas et je ne le serais jamais. Tueuse. Je suis née pour tuer, on m'a appris à tuer et je suis ici pour meurtre. La mort est mon amie accompagnée de ses propres compagnons : solitude, douleur et sang.

Un homme plutôt grand, en même temps, j'étais assez petite, étais devant moi. Il avait des cheveux roux, sauf une mèche verte. Assez spécial, d'ailleurs. Enfin, je ne vais pas commencer à contredire les gouts des humains, je ne l'ai jamais fait jusqu'à présent. Des yeux verts, comme sa mèche, même si celle-ci était plus "gazon" et ses pupilles plus verts comme...une pomme? Une peau assez blanche. Tu viens du nord. Mais maintenant où ? Europe ? Russie ? Canada peut-être ? Mais en tout cas, je n'avais jamais entendu parler de toi. Qu'avais-tu fait pour te retrouver ici ? Tu souris, charmeur. Tu me sembles trop heureux de ton sort, pourquoi ?

"Tu sembles ... perdue. Je peux t'aider ? "

Perdue ? Oui, possible. J'en ai tellement l'air ? Je ne suis pas perdue, enfin si, mais non. Je suis perdue dans cette prison, peut-être aussi dans ma tête, enfin dans ma manière de pensée. Mais pas dans mon but. Oui, mon but initial est de survivre, mon but secondaire est de retrouver Abel pour lui demander de le tuer. Ce gardien immonde, il mourra. Et si ce n'est lui, cela sera un autre. Je n'aime pas la frustration. Enfin, là n'est pas la question.
Mes yeux sont dans les siens. Devrais-je lui répondre ? Oui, la question est un ordre indirect. Une question attend une réponse, à toi de la fournir. Mais que répondre ? PErdue sans l'être ? Perdue physiquement, mentalement peut-être aussi ? Mais pas dans les intentions. Hmm...cela devient compliquer.

"Je suis perdue, dans cet endroit, comme dans ma pensée. Mais peut-être pas dans mes intentions, à moins que mon but soit perdu à jamais... Inaccessible."

Je m'avance dans l'église, enfin cette minuscule chapelle. Dieu m'ignore, je n'ai jamais cru en lui. Peut-être existe-t-il, mais il n'a jamais prouvé sa présence. Une idole fantôme, perçue par des écrits. De simple écrit idéalisant le monde, séparant le monde entre noir et blanc, bien et mal. Pourtant, le mal est dans chacun de nous, comme le bien. Une nuance, parfois évoquer, mais seulement effleuré. Aider quelqu'un est considéré comme un acte de bien, mais si celui-ci est frustré de cette aide, est-ce encore un acte de bien ? Une nuance incompréhensible.

"Et toi, que fais-tu ici, dans cet endroit qui vénère une idole effacée, dont l'existence ne survit qu'à travers le cœur de croyances humaines ?"

Être croyant ou non ? Est-ce que cela changer quelque chose a notre vie ? Une simple croyance envers un homme invisible rajoute une espérance à la vie ? Le fait que quelqu'un juge nos actes comme bien ou mal, nous envoyant en enfer ou au paradis, est-ce bien ? Est-ce une espérance valable ? En parlant d'Enfer et Paradis, les deux sont encore une vision manichéisme du monde, et même de l'au-delà. Ces deux mondes n'existe pas, ils sont un seul, unique. Une nuance, je l'ai déjà dit.

Mon visage reste impassible. Glacial, sans expression. Il s'approche en soupirant. Il est tendu. Aurait-il peur ? Peur d'un pauvre pantin comme moi ? Une marionnette cassée à qui on a coupé les fils ? Tu me fais rire humain. Enfin, je ne ris pas. Mon esprit rit. Encore une nuance...Je ne bouge pas quand tes doigts suivent la courbe de mes cheveux blonds, arrivant sur cette pointe de rouge. Du rouge. Mickaël avait voulu que je me teinte les pointes en rouge, me donnant comme argument, qu'étant petite, je faisais toujours tremper le bout de ma chevelure dans le sang des cadavres qu'il tué. Depuis, j'avais gardé cette habitude de les faire teindre en rouge, rouge sang.

Prier ? Quel est l'intérêt de prier une personne morte ? Elle est morte en faite ? Prier est un acte de perte de temps. Prier quoi ? Qui ? Un fantôme ? Un mort ? Une personne réelle qui n'entend même pas nos prières ? Sans transition. Mes cheveux sont magnifiques ? Ils sont blonds, simples. Aucune magnificence là-dedans. Ta voix est suave, voir mielleuse. Que cherches-tu à faire ? Et puis le ton n'est pas forcément adapté à la situation. Tes lèvres s'étirent en un sourire. Tu me sembles beaucoup apprécier cette expression. Peut-être que le sourire d'ange te sévirait à merveille. Oui, un joli sourire d'ange qui irait avec ton regard de démon.

Tu t'éloignes finalement. Pour quoi faire ? Allumer une de ces bougies ? Qui vénères-tu avec tant d'ardeur ? La flamme de la bougie nait de l'allumette que tu tiens. Tes yeux se tournèrent à nouveaux vers moi, maléfique. Tu lâches le cierge et t'exclames d'un mot vulgaire. Celui qui sert a dire excrément quand on n'est pas forcément très poli. Enfin, maintenant, on l'utilise pour un peu tout, surtout pour jurer lorsqu'un mauvais sort nous tombe dessus. Enfin "mauvais sort". S'il nous arrive quelque chose, c'est entièrement notre faute. Dieu n'existe pas, tu es seul maître de ton destin, sauf quand tu décides de le confier à quelqu'un. Par exemple, si tu es une marionnette.

Je le regarde. Tu t'es brulé ? C'est pour cela que tu t'exclames ainsi ? Mais que puis-je y faire? C'est ton problème, ta faute. Je ne bouge pas, et me contente de le regarder. Vide, seulement vide. Et toi, tu attends quelque chose. Que je réagisse peut-être ? Que je vienne sauvais le pauvre.... Quel est son nom en faite ? On se parle, on ne connait pas. De parfaits inconnus qui se regardent, se jugent, attendent de l'autre un acte qui restera une évocation dans l'esprit de l'un, et une simple pensée volatile dans l'âme de l'autre.

"Qu'attends-tu que je fasse ? Que je vienne à ton secours pour une simple brulure ? Je n'ai pas l'habitude d'aider les gens comme ça. Au fête, quel est ton nom ? À moins que tu veuilles que nous restions des inconnus."

Tu me testes, je le sens. Et pourtant, je n'en ai point de certitude. Aurais-tu l'esprit du marionnettiste que je recherche ? Recalé ?

Ces pointes rouges me perturbent. Elle ne correspondent tellement pas à l'image que je me fais du caractère de la jeune fille. Sans doute qu'avant elle était une fille pétillante, pleine de vie. Une jeune fille de riche un peu rebelle qui avait pour habitude de sortir en boite, d'écouter de la musique un peu rock et girl power et de dire à qui voulait l'entendre qu'elle ne respectait pas les codes de la société. Les jeunes femmes de nos jours sont si … Indépendantes. Je ne suis pas contre l'idée mais quand même, on ne peut pas être indépendantes et tenir un foyer.
Elle ne semble pas très réceptive à mes remarques, trop de réflexion peut-être. Sans doute. Je ne sais même pas si ça réfléchit là dedans. Elle s'est peut-être fait enlever un bout de cerveau au sous-sol, José, un détenu avec qui je mange ces temps-ci, m'a dit qu'ils faisaient tout et n'importe quoi au sous-sol. Et il m'a aussi dit de me méfier. Me méfier ? Moi ? Aucune chance pour que je finisse en légume. S'ils en veulent à mon précieux cerveau j'aurais tôt fait de les hypnotiser pour qu'ils s'en prennent à un autre. Par exemple … Neil, tiens. Ce sous-sol pourrait m'être très utile en fait …
Bien sur, je ne suis pas brûlé. Je fais juste semblant. Je suis toujours très attentif avec les longues allumettes depuis que mon frère m'a brûlé les cheveux par erreur alors qu'on allait poser un cierge pour grand-père. Je n'aime pas prier pour les morts. Qu'ils restent où ils sont. En bon chrétien, je les honore bien sur, en garnissant leur tombe de fleurs et en ne salissant jamais leur nom. Mais je n'aime pas prier pour eux. Je trouve ça vraiment glauque. On prie pour les vivants, pour qu'ils aillent bien, pour éloigner la mort … Mais les proches décédés, on prie pour quoi ? Pour que les vers ne mangent pas trop vite leur corps ? Pour qu'ils soient bien dans l'au-delà. S'il ont été de bon catholiques, s'ils ont bien honoré la trinité et qu'ils ont aimé leur prochain, ils iront bien au paradis. Mais je trouve ça stupide de se mettre une autre responsabilité sur les épaules. On a déjà assez à faire avec sa propre âme je trouve.
Elle ne réagit pas et s'exclame même qu'elle ne peut rien y faire. Elle semble toujours aussi vide. La pauvre, elle a réussi le test. Elle fait partie des gens que je peux manipuler, ceux dont je peux aisément me servir. Des bons petits pantins. Je me suce le doigt pour la forme et ramasse ma bougie. Avant de la rallumer, je sourit à la jeune femme.

« Liam. »

La flamme prend vite sur la mèche et je regarde avec une certaine fascination la flamme danser sur le sommet de la bougie que je tiens dans ma main. Je la pose à coté des autres et jette l'allumette sur le sol, négligemment. Je m'approche et passe à nouveau la main dans ses cheveux.

« Et toi, quel est ton nom, jolie poupée de porcelaine ? »

[désoler, c'est assez court et pas terrible. Si tu veux que je refasse une réponse dit le. J'attends juste ton avis. Encore désoler ><]


Il ramassa et ralluma son cierge. Il souriait toujours, comme si la brulure n'avait aucun impact sur lui. Ignorance totale qu'il s'était fait mal, la douleur ne le traversait pas. Ou alors, tu jouais la comédie. Tu étais revenu vers moi, passas à nouveau ta main dans mes cheveux. Qu'ont-il pour t'intéressait autant ? Je l'ai dit, ils sont blonds, simples. Rien de plus classique. Ou peut-être que tu n'as jamais vu de cheveux blonds et que cette couleur te semblait... Irréelle.

Encore un. Personne ne sait poser une question. Mon nom est Rose, mon prénom est Eden. Enfin, pourtant, tu me sembles intéressant. Seras-tu marionnettiste ? Liam était donc ton nom. Et ton prénom ? Enfin, je suppose que tu ne dois pas être si bête. Si tu me demandes mon nom, c'est que tu veux mon nom et non mon prénom. Je te le donnerais si c'est que tu souhaites. De toutes les façons, je n'ai pas le choix. Tu m'avais posé une question, j'ai donc ordre d'y répondre.

"Rose. Je ne suis pas une poupée de porcelaine. La porcelaine est trop fragile et les poupées sont trop.... Inanimées. Je n'ai pas pour maitre un enfant. Mais quelqu'un qui aura des dons de marionnettiste."

Maintenant, est-ce que je vais te recaler ? Tu me sembles pourtant avoir quelques capacités inattendues ici, que d'autre n'ont pas, ou qu'ils n'ont pas l'air de comprendre. Ou peut-être...Oubliée? Je ne sais pas. Ton aura est différente de certain. Plus calme, plus sur de toi. Tu ne sembles pas vraiment craindre le danger. On est comme dans un prison remplit de plusieurs détenus fous furieux. Bon vu l'état dans lequel ils sont... C'est peut-être normal en faite. Des fantômes qui errent dans les couloirs. Ont-ils vraiment tué ? Volé ? Trafiqué ? J'en doute, ou alors ils n'assument aucun de leur actes.

"Dois-je te recaler ?"

Je voulais juste savoir la réponse que tu me donnerais, Monsieur Liam.

Tu as réagi au quart de tour. Un simple pantin ? Donne-moi l'ordre de te tuer, je le ferais. Je ne suis pas si faible. Je vis juste cette vie que l'on m'a offerte comme je dois la vivre. Une marionnette. Si je n'avais pas rencontré Mickaël, ma vie serait peut-être différente. Mais non, c'est sur la voie du meurtre, du sang, de la mort que je me suis engagé. Enfin, que mon maitre s'est engagé. Je l'ai simplement suivi sur le chemin qu'il a choisi. Je suis un pantin, certes. Mais contrairement à d'autre, je tue, et actuellement, un autre maitre, plus important que toi me souffles des ordres. L'environnement, mon cœur. Seras-tu les détrôner ? Seras-tu le marionnettiste que je recherche ? Tu es sur la bonne voie.

Tes yeux, comme ceux de Mickaël. Qui je pense être ? Ta main attrape le bas de mon visage et tes iris vert prairie se rapprochent. Oui, c'est cela. Comme ceux de mon ancien maitre. Pas de la même couleur, de la même intensité oui. La même profondeur. Le désir de contrôler brule en toi. Il brule comme cette flamme brule la mèche de cette bougie que tu as allumée. Maintenant, es-tu comme la cire? Fonds-tu à la première source de chaleur? Ou brules-tu éternellement jusqu'à que l'on éteigne ce feu par la force des choses?

Tu m'offres un but à atteindre? Montre moi que tu en es capable. Mon but est celui de mon marionnettiste. Celui que je considère comme mon maitre. Si je suis d'accord? Tu t'éloignes... Ce n'est pas la question à poser à une marionnette, sauf si...

Tu t'éloignes et la lumière t'éclaire. Une scène digne des meilleurs films d'animation. Tu me regardes, toujours avec cette intensité, cette flamme de désir de possession, de contrôle absolu. Voudrais-tu être dieu?

" Évidemment que tu es d'accord puisque je le suis. "

Bonne réponse. Tu t'approches, tu frôles le marionnettiste que je recherche depuis un moment. Marionnette, marionnettiste. Le pacte du diable. Le pacte de la mort. Quand ta mort sonnera, je serais à nouveaux libre, en recherche d'un nouveau maitre. Pour le moment, c'est toi qui as été choisi. Mais fais attention, tu pourras toujours être détrôné. Ne sois pas surpris, si je ne t'obéis plus. Cela voudra dire que quelqu'un t'aura devancé.

Tu es sûr de toi. Mais si tu apprenais que j'avais tué mon propre maitre, comment réagirais-tu ? Tu fuirais la vérité comme les autres? Pacte de mort, pacte de sang, pacte de folie. Drôle d'endroit pour un marionnettiste. Une église. Dieu n'a t-il pas dit? Tu ne contrôleras pas ton prochain ?

"J'ai tué mon dernier marionnettiste. Peut-être que son corps repose encore dans cette forêt épineuse"

Un sourire discret, mais un sourire comme même. T'enfuiras-tu? Auras-tu peur? J'ai toujours été comme ça, une marionnette, un pantin. Si tu fuis, quel dommage, tu as un talent complètement gâché. Peut-être que je demanderais à Abel de te tuer. Mais si tu ne fuis pas, bienvenue, Monsieur Liam. Je m'incline, marque de respect.

Tu sembles perdue dans tes pensées. À quoi réfléchis-tu ? À ce Dieu inexistant ? Je ne crois pas en dieu. Je crois seulement en mes capacités d'accomplir les ordres. La manipulation des émotions, des sentiments. C'est comme un jeu, sauf que perdre revient à mourir. Mourir... Suis-je morte ? Non, en revanche, l'on me l'a souvent dit. Cette fille est morte, elle ne ressent rien ! Ce n'est pas possible ! Je suis navrée Monsieur, je ressens des choses. Mais je ne les montre pas, car je n'en ai pas l'autorisation. Enfin, si seulement pour jouer la comédie. Mais maintenant, cet ordre n'est plus valable. Je m'accorde quelque expression, même si mon visage reste de marbre.

Je ne suis pas vide. Zéro émotion ne rime pas avec néant, ou absence de personnalité. Tu as du talent Liam, mais n'oublies pas cela, je ne suis pas si faible. Certes, j'ai une apparence assez... Fragile et mon mentale semble... Inexistant. Mais je peux me réveiller n'importe quand. Garde ça à l'esprit. Pour le moment, tu es mon maître, ton but est le mien. Mais l'air du changement pour se mettre à souffler n'importe quand. Mon cœur se dégèle, et à ce moment-là, peut-être que ce n'est un quelconque autre marionnettiste qui te tuera, mais moi.

Oublier qui ? De qui me parles-tu ? De celui qui m'apprit à obéir ? Mon ancien maitre ? Mais je l'ai déjà oublié. Tu es mon unique réalité. Mais j'ai une réalité parallèle. Abel. Enfin, peut-être l'as-tu déjà soumis à l'instant où je pense. Je garde alors pour cela, une rancœur pour le futur qui m'attend. Ne crois pas que je suis une simple marionnette. Beaucoup, on tentait de prendre la place de Mickaël, ils sont morts, mais pas forcément de ma main. Je protège ta place, mais au-delà d'une certaine limite, à toi de te défendre.

Ne pensons pas déjà à ta mort. Cela serait être pessimiste envers l'avenir. Mais ne soyons pas non plus optimiste. Ta place en tant que maitre est fragile, autant que la marionnette que je suis. Fait attention. Je reste légèrement incliné, quels sont tes ordres, ton but. Dis-le-moi. JE te confie ma vie. Mais ma confiance n'est pas celle que j'avais envers mon ancien maitre, la preuve, je l'ai tué par son ordre. Son seul ordre...

"Que dois-je faire pour votre but, Monsieur ?"

J'attends la réponse. Une simple réponse. Enfin, mes mots ne sont pas des ordres. Les vôtres si, en revanche. Ordonnais, j'exécute.

Ton sourire est encore présent. Encore et toujours. S'effacera-t-il un jour ? Surement. Le sourire est éphémère. Un simple élément de l'expression de l'émotion. Manipulable facilement. Tu dois le savoir non ? Toi qui à l'air de manipuler à ta guise l'esprit des gens. Comment fais-tu ? Quel est ton secret ? ... Enfin bref, je le découvrirais en temps voulus. Mais ce mystère m'intrigue. Pour obéir, il faut connaitre, et je ne te connais pas encore assez. Enfin, et si j'en apprenais plus sur toi en t'obéissant ? Paradoxe. La deuxième option me semble plausible, et puis je suis une marionnette, je me dois donc de me plier aux ordres et à la volonté du manipulateur.

Quel est ton ordre ? Je l'attends toujours. Tu me sembles réfléchir, à toute allure. Trouver quelque chose à faire est si compliquer ? Tu me décevrais dans ce cas. Un bruit à travers la porte de la chapelle. Qui est-ce ? Tu serais surveillé Liam ? J'avais donc peut-être désobéi à l'ordre = survivre. CAr j'vais peut-être jouer ma vie. Enfin, cela n'a plus d'importance. Actuellement, je n'ai pas d'ordre. Tu t'assois puis me prend mon bras et me forces à m'assoir aussi. Est-ce que cela change quelque chose à la situation ? Arrête de réfléchir Eden, c'est lui le maitre. Il sait ce qu'il fait. SA voix s'éleva enfin.

"Tu vois qui est le bibliothécaire ? Il a quelque chose qui compte beaucoup pour moi. Il faut que tu ailles le voir, demain, et que tu lui demandes de me donner ce quelque chose."

Qui est le bibliothécaire ? Celui à qui il manque un œil ? Oui, je vois. Tu le connais ? Comment dois-je le récupérer ? Force brute ou douceur ? Dois-je l'éliminé à la fin ? Peut-être. Mon regard est attiré par la poignée de porte. Elle bouge, mais s'arrête. Quelqu'un hésite à rentrer. Donc, reprenons. Tu veux que j'aille voir se Monsieur bibliothèque, et que j'obtienne quelque chose de lui, qui t'appartient ?

"Tu devras lui dire que tu viens de ma part et que tu veux qu'il ouvre son œil droit. Il ne comprendra peut-être pas mais insiste, dis-lui qu'il recèle quelque chose que je veux. Dis-lui que j'y ai placé mon plus grand trésor. "

Dans son œil? C'est pour ça qu'il porte un cache-oeil? Pourquoi ne comprendrait-il pas, tu lui as demandé de le garder non ? Il devrait donc être au courant. Enfin, arrête de te poser des questions Eden. Obéi, c'est tout ce qu'on te demande. Mais dois-je l'éliminer ? Ou le garder en vie? La poignée de porte tourne un peu plus. Il va bientôt entrer. Mais qui est-ce qui hésite à rentrer dans une chapelle ? Tu crois en dieu ou non. Tu profanes un lieu sacré ou non. Tu choisis. Il n'y à pas trente-six solutions possibles. Seulement deux. Ce n'est pas si dur de choisir ? Si ? Je ne savais pas, j'ai jamais choisi.

"Est-ce que je dois le tuer après avoir récupéré l'objet ?"

Il va rentrer.

Elle ne réagit pas. Du moins, pas physiquement. Bien. Très bien. Je n'avais pas le temps pour m'occuper d'émotifs. Elle ferait son travail et c'était tout. Elle me rapporterait ce que j'avais caché sous la paupière droite d'Ulrick. Celle qu'il n'osait jamais ouvrir. En fait, ça ne lui venait jamais à l'esprit. Comment est ce que je peux savoir un truc pareil ? Vous êtes tous tellement stupides... Je l'y force, bien entendu. La seule idée qu'il puisse éventuellement soulever ses cils le révulse. Je n'allais tout de même pas risquer de compromettre mon plan de secours. Ma clef de sécurité.
Je fixe Rose en attendant qu'elle acquiesce. Quelque chose. Qu'elle dise n'importe quoi. Pour que je sache qu'elle a compris. Elle n'est quand même pas complètement dénuée de cervelle, si ? Heureusement non. Mais il devient urgent que je lui apprenne les bonnes manières. Enfin, les règles à respecter avec moi.
Je sens une vague de violence monter en moi quand elle parle de l'éventualité de tuer Ulrick. Mais je me calme et souris. Non, ce n'est pas de sa faute. Elle ne sait pas. Elle ne sait pas. Elle ne sait pas. Je pose une main un peu lourde sur son épaule et penche la tête de façon à la regarder un peu par en dessous, les mèches rousses de ma frange tombant artistiquement devant mon doux regard.

« Non. Tu ne lui fais aucun mal. Rien qui ne se guérisse rapidement en tout cas. Je veux le retrouver en entier. »

Mon ton est incroyablement doux et posé, mais au fond, je bouillonne presque. Je m'imagine déjà triomphant devant le cadavre de cette fille qui a osé poser la main sur Ulrick. Comme je l'ai fait avec ses anciennes prétendantes. Les entendre ne serait ce que jacasser à son sujet m'était insupportable.
Je me lève, pour mettre fin au supplice de mon gardien attitré. Mais avant de quitter le banc, je lâche de la voix la plus aimable au monde :

« Et si jamais tu blesses Ulrick malgré tout, je te forcerai à te nourrir de lombrics jusqu'à ce que ton estomac explose. Bonne journée ! »

Je lui présente un sourire brillant et partis d'un bon pas, presque sautillant, jusqu'à la porte de la chapelle. Quand je l'ouvre, je découvre un garde un peu perturbé.

« J'ai terminé. On peut y aller. »

Je le laisse dans sa perplexité et prend le chemin du premier étage, en tête. Je ne peux m'empêcher de sourire largement à tout ce qui croise mon chemin. Je n'arrête pas de penser que je vais sans doute bientôt voir mon frère.