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 Arcadia's way

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Keila Van Landsitz
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MessageSujet: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeDim 18 Mai - 13:21

. Arcadia's way .
G. I. Joe – K. vLandsitz
Le souffle coupé, je m'arrête et je regarde le plafond de la salle de musculation, accrochée à ma barre comme un paresseux à sa branche. Mon sport matinal m'a plus épuisée que remise en forme. Il faut dire que ces derniers jours, je ne suis pas vraiment au meilleur de ma forme. Le manque de sommeil et le trop plein de travail me saisissent à la gorge. Je me laisse glisser doucement le long de la barre et me dit que je devrais diminuer ma dose de sport hebdomadaire. Un jogging plus frapper dans le sac de sable plus trente minutes de pole dance ça devient trop crevant en plus de mes abdos quotidiens. Je suis une fille sportive comme je l'ai toujours été mais j'ai quand même mes limites. Quand je repense à Ombrage, mon cœur s'emballe un peu plus. Est-ce qu'elle m'aimera plus si je suis mieux entretenue ? Je ne sais pas vraiment quels sont ses sentiments pour moi mais … j'espère bien le découvrir.
Une fois allongée sur le sol, je me relève mollement et sourit dans le vide. C'est cool quand même de faire ça, ça me fait me sentir bien après une bonne douche. D'ailleurs je ramasse mes affaires et me dirige vers la salle d'eau du troisième étage, en sweat et en jogging crasseux. Et puis la douche détend mes muscles endoloris. Ouais, je suis bien contente d'avoir forcé sur tout mon corps, de toute façon c'est pas moi qui conduit.
A ma sortie de la douche, je baille et regarde l'heure. Neuf heure trente six. Ouais, je suis large, j'ai donné rendez-vous à Georges à onze heures devant la prison. Ma voiture ne pouvant contenir un chien aussi massif que le chien loup de mademoiselle Bergen, j'ai demandé à mon collègue gardien de faire la route avec moi dans son énorme 4x4 américain. Heureusement, il a accepté et je n'ai pas eu à emprunter une camionnette. Je sais que je vais casquer quand il m'annoncera le prix de l'essence mais bon … Il vaut mieux ça qu'un voyage inconfortable pour moi et le chien. Je ne voudrais pas le blesser plus qu'il ne l'est déjà parce que franchement, il ne le mérite pas. Il a déjà une maîtresse à la limite de l'illégalité.
Aujourd'hui je m'habille fonctionnel. Un t shirt lâche, un sweat sans manche et un foulard autour du cou. J'ai un peu de mal à enfiler mon jean sur ma peau mouillée et je finis par enfiler des baskets montantes un peu trouées au niveau de la cheville. Me voilà parée à patauger dans la boue si nécessaire. Avant d'aller récupérer Roméo, je vérifie que j'ai bien tout: papiers d'identité, carte routière, itinéraire et rechange.
Nous emmenons Roméo à Arcadia. C'est un refuge d'un de mes amis de San Francisco qui est allé s'installer dans l'Etat de Washington. L'Arcadie était, dans la Grèce antique, une région où les estropiés avaient les mêmes droits que les citoyens normaux. Oh il y avait bien sur des esclaves et tout le bordel mais au moins c'était cool pour les handicapés. Roméo sera bien là bas, il se fera plein de copains plus petit que lui et pourra être un caïd
Quelques minutes plus tard, je rejoins le gardien sur le parking et lui sourit. Après une poignée de main virile, j'installe Roméo dans sa voiture. Le pauvre chien est plein de sédatif, il a déjà eu du mal à marcher jusqu'ici. Il dort déjà quand Blanchette démarre la voiture, son moteur grondant me faisant l'effet d'un tonnerre qui vient d'éclater au dessus de nos têtes.


« Merci encore de nous emmener si loin... »

Je regarde Roméo qui respire lourdement par le nez à l'arrière de la voiture et sort l'itinéraire que j'ai prévu. J'espère qu'il est de bonnes humeurs parce qu'on est bons pour passer huit heures ensemble dans cette boite de métal.
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Georges I. Joe
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeDim 18 Mai - 16:32

Ce matin, j'étais en congé. Pourtant, j'avais mis mon réveil. J'avais une mission un peu spéciale aujourd'hui. Le docteur Landsitz m'avait demandé de l'emmener dans l'état de Washington, à un refuge pour animaux situé sur la frontière canadienne. Je n'avais pas pu refuser. Voir ce pauvre chien dans cet état m'avait fendu le cœur. J'avais aussi eut l'autorisation de la directrice, à condition d'avoir une petite baisse de salaire pour ce mois ci. L'équivalent de deux jours de travail. Ce n'était pas non plus un problème, je gagnais assez pour ma famille. Aussi, quand je m'habillai pour descendre manger un bout, je n'étais absolument pas de sale humeur.
Ne sachant combien de temps exactement nous mettrions à faire l'aller-retour, j'avais demandé à la nounou de dormir à la maison cette nuit. Moyennement un petit extra de salaire, bien sûr. Finalement, j'étais un tantinet fâché. Mais c'était pour la bonne cause et ça ne durerait pas plus de deux jours. Le mois prochain, tout redeviendrait à la normale. Bien sûr, la normale, à DearDeath, était pleine de surprises. Mais c'étaient les risques du métier.

J'avalai un grand bol de céréales, un jus d'orange fraîchement pressé et m'occupai ensuite des affaires pour le voyage. Dans un sac de sport, je disposai proprement un t-shirt et un slip de rechange, puis un thermos contenant du café brûlant. Je rajoutai des pains au lait fourrés au chocolat et emballés individuellement, plusieurs CD de rock californien, de hardrock et d'électro pop actuelle, ainsi qu'un oreiller en mousse. J'espérais être paré pour seize heures de route.

Une fois dans le parking de DearDeath, j'allai attendre Keila devant les portes. Le médecin tenait Roméo, un beau et grand chien, en laisse. Il avait encore du mal à se faire à ses trois pattes, mais ne semblait pas souffrir. J'ouvris le coffre, immense, et le fis monter dans la grande cage. Je l'avais acheté pour Rex qui, si pour l'instant était tout petit, ne tarderait pas à atteindre une taille proche de celle de Roméo. Une fois que je fus certain que la cage était bien calée, je me mis au volant.

« De rien, » répondis je en sortant de ma place de parking.

J'empruntai alors la route qui allait à l'opposé du village où j'habitais. J'eus un petit pincement au cœur en pensant à mes enfants, que je laissais encore plus seuls que d'habitude. Mais je n'avais pas oublié de les embrasser avant de partir et puis, ils pouvaient toujours m'appeler sur mon téléphone portable, que j'avais rechargé en prévision du voyage.
A quelques minutes de DearDeath, un panneau nous indiquait la direction de Portland, que je savais devoir suivre. Il ne me serait pas compliqué d'atteindre Washington mais, pour la suite, je devrai me fier à Keila.

« Notre prochain arrêt est sur l'autoroute, dans deux heures. »

Je ne savais pas vraiment quel sujet aborder avec le médecin. En fait, je ne savais pas quel sujet aborder avec qui que ce soit, depuis que j'étais arrivé à DearDeath. C'était malheureux, mais quand il ne se passait rien, j'étais incapable de sociabiliser. Depuis quand étais je ainsi ? La réponse n'était pas bien difficile. Depuis la mort de Caroline, j'étais devenu un sans-joie, tristement sérieux. Seul le travail comptait, sauf avec mes enfants. Il n'y avait qu'avec eux que j'arrivais vraiment à me détendre.
Je suivis un panneau qui indiquait la direction de l'interstate 5. Est ce que Keila allait réussir à dégeler la conversation, elle ? Elle me semblait quelqu'un de plutôt bavard et énergique. C'était en tout cas l'impression que j'avais eue lors de la révolte des prisonniers. Elle avait tout pris en main, comme un chef. Et ça ne m'étonnait qu'à moitié que ce soit elle qui ait pris la décision d'emmener le chien dans un refuge adapté à ses besoins.

« Oh ! Tu veux mettre de la musique ? J'ai des CD dans mon sac, là. »

Je lui fis signe du pouce de regarder sur la banquette arrière. Mon sac de sport était derrière mon siège et si elle tendait le bras, Keila pouvait l'attraper.


>>>trajet approximatif via Google map<<<
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeMar 20 Mai - 23:11


Le soleil est déjà haut dans le ciel mais il ne tape pas trop fort. Nous sommes en route pour un long périple alors je suis bien content de ne pas avoir à subir les aléas de la météo. Il fait beau, mais pas trop, un temps idéal. Je ne doute pas que Blanchette ait eu la climatisation dans son gros 4x4 américain high-tech mais ce n'est pas très bon pour un chien. Même moi je la supporte mal. Apparemment un orage éclatera cette nuit dans l'état de Washington mais nous serons déjà à l'abri chez les Sadies qui doivent nous héberger pour la nuit. Quand nous repartirons demain matin, il fera un peu froid mais toujours aussi beau. Pile le bon week-end.
GI Joe m'avait l'air d'être de plutôt bonne humeur et je ne pense pas que nous ayons une dispute aujourd'hui. Pourtant, nous sommes deux caractères forts et nous avons failli nous accrocher la dernière fois à la bibliothèque. Bon, après la pression était extrême et je virais un peu parano mais quand même si ça avait dérapé, j'ose à peine imaginer notre gueulante commune. Ça m'aurait sans doute bien fait rire avec le recul.
Il m'a sauvé la mise ce jour là et j'espère bien un jour pouvoir lui rendre un service comme lui est en train de le faire. Je sais pas soigner son chien, ses gosses ou même sa grand mère sénile. En tout cas en réparation de main, maintenant je m'y connais. Et si c'est un problème neurologique alors là je suis carrément spécialiste. Bon, j'espère quand même ne jamais avoir les soigner. Je ne souhaite pas la maladie aux gens pour payer mes dettes quand même.
Le chien semble bien se porter malgré les quelques nids de poules qui jonchent les routes mal entretenues menant à DearDeath. Franchement, ils pourraient faire un effort cette bande de marioles de l'administration. Ils m'engueulent quand je me gare pas dans les bonnes petites lignes et après voilà ce qu'ils font pas eux !
Quand Blanco m'annonce notre prochain arrêt, je souris.


« Je pourrais conduire après si tu veux. J'ai apprit à conduire avec la Cherokee de mon père alors je maîtrise ce genre de gros bolides. »

Ce n'est pas exactement exact mais si je lui dis que mon père avait un monster truck, je pourrais passer pour une sacrée folle et mon père avec. Et je n'ai pas forcément envie d'endurer des regards insistants pendant seize heures de route, merci. Georges est tellement américain que je ne sais pas ce qui pourrait offenser son sens de la patrie. C'est trop imprévisible pour certains trucs.
La voix de Georges me fait sourire et je fouille ses quelques Cds. J'en choisis un que j'affectionne tout particulièrement au moment où nous rentrons sur l'autoroute. Bon timing qui me fait sourire. Après un instant de silence, je décide de briser la glace.


« J'ai entendu dire que tu avais des enfants ? »

Je fais la conversation, bien entendu. J'en ai rien à carrer de Junior et Timmy... Oh pitié dites moi que je me trompe et que ses gosses ne s'appellent pas comme ça.

« J'ai moi même un fils. Oh, ce n'est pas vraiment un fils, c'est un détenu que j'ai du adopter pour lui réparer la main et que je dois présenter au Comité Médical la semaine prochaine. Du coup je compte le virer de ma famille officiellement à sa majorité. »

Est-ce que je parle trop ? Parce que oui j'ai l'impression que je parle trop. Je reste à regarder la route par ma vitre latérale en me sentant bête. Nom de Dieu des fois je me dis que j'aurais du socialiser plus au lycée pour être parée dans ce genre de situations. Maintenant je sais pas quoi faire...
Je pose ma tête contre la vitre latérale en souriant bêtement. J'adore vraiment faire de la route.
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Georges I. Joe
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeMer 21 Mai - 15:00

Keila me proposa de me remplacer après un moment. Je me raidis à l'idée qu'une autre personne, une femme de surcroît, puisse conduire ma belle voiture. Non, ça non. Ce 4x4 était mon petit trésor et j'en prenais incroyablement soin. J'avais même préféré acheter une petite voiture d'occasion plutôt que de la laisser à Junior à ses seize ans.

« Ca ira, merci, je me reposerai simplement une dizaine de minutes. »

Je ne voulais pas mettre une sale ambiance dans la voiture en lui dévoilant le fond de ma pensée. D'autant plus que je respectais beaucoup Keila, pour une femme. Elle me rappelait une de mes supérieures à l'armée. L'armée était un domaine où je pouvais considérer les femmes comme nos égales. Parce qu'elles étaient entraînées. Un militaire était un militaire. Dans le civil, c'était beaucoup plus compliqué. Quand bien même, je n'aurai pas laissé ma supérieure conduire ma Cherokee.
Le docteur fouilla dans mes CD et en glissa un dans le lecteur, sans que j'en vois la couleur. Pourtant, dès les premières notes, je souris. Quel excellent choix, l'un de mes groupes préférés. Je me mis à dodeliner légèrement de la tête en rythme, articulant les paroles en playback du bout des lèvres. Je n'allais tout de même pas faire comme quand j'étais seul dans la voiture et chanter à tue-tête.

Keila s'intéressa ensuite à mes enfants. Un sujet qui me passionnait. Je lui répondis aussitôt.

« Oui, trois. Junior, Tommy et Karen. Leur mère est décédée il y a treize ans. Mais on s'en sort plutôt bien. »

Je pouvais déjà m'estimer heureux qu'aucun des trois ne consomme de la drogue. Au début de sa période gothique, Junior m'avait un peu inquiété, jusqu'à ce que je me rende à l'évidence : il ne s'agissait que d'une histoire de fringues.
Je ne m'imaginais absolument pas Keila avec des enfants, ni maintenant, ni plus tard. Elle semblait être une femme d'action, pas le genre à s'enterrer dans un village avec des lardons. Mais l'horloge biologique la rattraperait peut être. En temps normal, j'aurai trouvé cette idée légitime et même obligatoire mais dans le cas du docteur, cela me décevrait. Aussi, quand elle m'annonça avoir un fils, je m'imaginai aussitôt qu'elle l'avait eu à quinze ou seize ans. Erreur de jeunesse. Pourtant, j'étais à des kilomètres de la vérité. Cette dernière était autrement plus étonnante et je ne pus m'empêcher de tourner la tête vers elle un petit instant. C'était absolument surréaliste ! Un détenu mineur était enfermé à DearDeath ! Mais je ne voyais pas bien à qui pouvait correspondre la description, à part la fille blonde aux airs de gamine. Et elle avait parlé d'un fils. Il devait avoir entre dix huit et vingt et un ans. Pas évident de finir en tôle à cet âge, qui plus était dans cette prison spécifiquement. Il devait en avoir pour un moment, si ce n'était la perpétuité. Comment gâcher sa vie...

« Et comment est ce qu'il s'appelle ? »

J'étais curieux du coup. Il y avait des chances que son nom ne me dise pas grand chose, cependant. J'avais mémorisé les visages avec les matricules, ne me souciant pas de leurs noms. Ca ne m'aurait pas été utile. Enfin, je pourrai toujours lui demander une description, à moins qu'elle connaisse son numéro.
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeDim 25 Mai - 0:31


Cette voiture est une très très belle pièce, je dois l'avouer. Elle a plein d'options et les sièges ne pourraient pas être plus confortable. L'odeur du cuir et du métal poli me rappelle mon père. Il a toujours été très impressionnant pour tous mes camarades de classe et le fait qu'il vienne me chercher après l'école dans une énorme voiture dont le pot d'échappement recrachait des flammes n'a pas vraiment aidé à m'intégrer. Mais j'ai toujours été extrêmement fière de mon papa. Le meilleur papa du monde. Le fait qu'il vienne me rendre visite dans deux semaines me rend un peu anxieuse mais bon, il a toujours encouragé tous mes choix de vie alors je ne pense pas qu'il fera grand cas de Neil ou qu'il rejettera ma relation avec Ombrage.
Le fait que Georges ne veuille pas que je reprenne le volant après lui me rassure autant qu'il me vexe. Quoi il me croit pas capable de conduire une voiture ce trou du cul ? Merde alors ! Si il n'était pas essentiel dans mon plan de sauvetage de Roméo, je lui aurais bien déballé mes quatre vérités. Au lieu de ça, je souris doucement. En plus, c'est vrai que je m'en serais voulu si j'avais abîmé une aussi belle voiture. J'ai mon permis mais maintenant que je suis habitué à la vitesse et au vent dans mes cheveux, me remettre au volant d'un monstre comme celui-ci m'aurait peut-être amené à casser un feu arrière dans ma panique.
La musique meuble la conversation pour nous. J'aime vraiment bien cet album. Mes yeux fixent le paysage qui défile à grande vitesse derrière et j'entends la respiration calme du chien à l'arrière. Adorable ce corniaud, les Sadies l'adoreront plus que de raison. Je le sens un peu triste de quitter sa maîtresse mais dans un mois il aura oublié sa peine. Je connais les chiens et croyez moi, entre un bon foyer à la campagne et une prison, quel que soit son maître, un chien choisira toujours la première option. Ils sentent la mort.
Quand Blanchette me répond, je me sens un peu mal. Treize ans. Il a des putains de guts pour avoir élevé trois gosses tout seul. Oh il doit bien avoir une nounou mais ça ne remplace pas une mère. Je suis bien placée pour le savoir. Aucune de mes nannies, aussi thaïlandaises soient elles, n'a pu remplacer ma mère quand mon père travaillait. Et j'ai toujours ce vide de savoir qui elle était.
Leurs noms me scotchent par contre. Ce que ça peut être stéréotypé... Et ça me fait quand même sourire. Ce mec est entier, complet. Il va vraiment au fond des choses, garde ses principes. C'est un mec bien. Pas tellement mon genre de mec mais un mec bien.
A sa question, je me mords la lèvre. Oh ouais, je vais avoir la honte maintenant.


« Neil. Neil Cian. Théoriquement il aurait du prendre mon nom mais comme il ne fait rien pour se repentir et tous ces trucs positifs, il restera Cian. Après tout, je n'ai fait ça que pour l'expérience et la science. »

Quelque chose dans mon regard dit que je mens honteusement pour me cacher que j'apprécie réellement Neil et que chacune de ses actions m'inquiète pour lui. C'est stupide. Je tire un peu sur mon sweater et remet la ceinture en place. Un peu gênée.

« J'ai entendu dire qu'il avait fait du grabuge ces derniers jours mais on a pas voulu me laisser voir son dossier sous prétexte que je ne suis pas son père adoptif depuis assez longtemps. »

Je ne sais pas pourquoi je dis, ça qu'est-ce qu'il en a à foutre de toute façon. Souriante, je repose mon regard sur la route.

« Au fait j'ai deux bouteilles de Mountain Dew dans mon sac si tu as besoin d'un petit remontant en route ! »

Je parle encore toute seule, trop nerveuse.
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeDim 25 Mai - 16:28

La réponse de Keila me scotche tellement que la réaction violente et logique qui s'en suivit mis du temps à se manifester. Neil Cian. Alors que ma passagère babillait des trucs sur les conneries de L1233 lui valant de garder son propre nom de famille au lieu d'emprunter celui du docteur Landsitz, qui, de toute façon, ne voyait en lui qu'une expérience ; je me repassais en tête tout ce qui s'était passé l'autre jour. Ca m'avait valu trois jours pleins de convalescence, une engueulade sévère, une régression de poste temporaire et une montagne de paperasse à remplir. Si la directrice découvrait en plus que j'avais caché des preuves, le renvoi m'attendait très certainement. Si ce n'était l'enfermement pour quelques mois. Je devais encore résoudre cette histoire d'arme à feu avec Sadwood.

Après avoir vérifié que personne ne nous collait au cul, je virai tout en freinant brutalement, pour m'arrêter sur le bas côté. Je me retournai alors vivement en direction de Keila et lançai sur un ton mêlant étonnement et reproche :

« Neil Cian est ton fils ?! »

Oui, j'en étais toujours là. Je ressentais une forme de colère. Je ne pouvais pas la reporter sur Neil, parce qu'il me faisait pitié et que je voulais l'aider à s'en sortir. Alors, Keila trinquait. Pourtant, je savais bien qu'elle n'y était pour rien. Elle ne l'avait pas élevé. Elle n'était pas vraiment sa mère !

« Tu sais ce que ce fils de... Cet enflure m'a fait ? Oui, en effet, il a causé un peu de grabuge. »

J'écartai le col de mon t-shirt, dévoilant un pansement qui recouvrait la blessure par balle. Le doc n'était pas au courant pour la simple raison que je m'étais fait opérer à l'hôpital de Portland. Et une infirmière, à DearDeath, avait été parfaitement capable de changer mon premier bandage, dont je ne pouvais alors pas m'occuper seul.

« Il a tué un infirmier à l'hôpital, a retenu une fille en otage et m'a valu une balle sous la clavicule. Ce type est ultra dangereux ! »

Ouais, ça m'aurait pas spécialement déplu qu'il ait une main en moins à ce moment là. Me rendant compte que je commençais à dépasser les bornes, je me laissai reposer contre le dossier de mon siège, la tête légèrement en arrière et les yeux fermés. Je soupirai longuement. Le cas de L1233 me posait un sérieux problème, je devais bien l'avouer. Si jeune... Même pas majeur.

« Désolé... Je suis encore remué par cette histoire. Les conséquences n'en finissent pas. »

Je m'en voulais de l'avoir laissé filer. J'estimais – comme la directrice apparemment – que c'était en grande partie de ma faute si cet infirmier était mort. Je méritais tout ce qui m'arrivait. D'ailleurs, c'était cette réduction d'heures qui m'avait permis d'accompagner Keila avec le chien. L'un dans l'autre, ma punition avait du bon.

Je redémarrai et repris la route. Nous arriverions bientôt au niveau de Portland.
Me souvenant de ce que Keila m'avait dit pendant que je ressassais les désagréables souvenirs de la tentative de fuite de Cian, je lui dis sur le ton le plus aimable dont j'étais capable à cet instant :

« Au fait, ça me dirait bien tes trucs, tes Mountain Dew, à notre prochaine escale. »

J'en avais bu une fois, dans ma folle jeunesse. Vu mon état de nerfs, ce n'était sans doute pas très bon. Mais ça m'apporterait un certain réconfort.
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeDim 25 Mai - 22:27


L'arrêt du véhicule est si brutal que ma tête cogne violemment contre l'appui tête derrière moi. Aussitôt, je m'assure que Roméo va bien. Il dort toujours confortablement à l'arrière, assommé par les cachets que je lui ai donné plus tôt. Et puis je panique un peu. Est-ce qu'on a rencontré un obstacle ? Je ne suis pas sûre que je m'en serais aperçue avec le pare-buffle et tout ça.
Les paroles de Georges me touchent au cœur comme un flèche perçante. Oh, alors il le connaît Il connaît Neil. Et sans doute ses frasques dont on a pas voulu m'informer. Me mordant la lèvre, je frémis. Okay, je suis mal barrée s'il veut plus m'escorter à bon port. Je suis bonne pour trouver un autre moyen ou obliger les Sadies à aller à DearDeath. En plus je me sens mal, si Neil a fait du mal à Georges ou quelqu'un d'autre, il en va de ma responsabilité. Pas légalement mais eh bordel, je suis son père maintenant.
Moralement, je me sens coupable de ce dont il est coupable et j'espère, pour ma propre conscience, qu'il n'est pas allé trop loin. J'ai rafistolé sa main et maintenant c'est de ma faute, quoiqu'il ait fait. Innocemment, je pensais qu'il ne pourrait faire de mal à personne même avec une toute nouvelle main. Je pensais à tort. Neil est un garçon intelligent et j'ai clairement eu tort de le sous estimer. Quoiqu'il ait fait, je ne me le pardonnerais pas si tôt.
Alors je reste là, comme une gosse qu'on engueule et qui ne sait pas quoi dire parce qu'elle a conscience de sa culpabilité. Je sais les larmes monter, la gorge me brûler mais j'ai plus l'âge de chialer comme une gamine. Si je suis aussi touchée c'est parce que Georges me rappelle mon père et que je sais que mon père m'engueulera comme lui le fait. Parce que je sais que je le déçois et que je suis nulle. Au fond, je joue les filles fortes mais je n'ai jamais été sûre de moi. Privée d'une mère que je n'ai pas connue, j'ai mon père pour seul repère. Il est le seul sur qui je peux compter alors j'ai toujours tout fait pour lui plaire. Je ne suis pas surdouée, j'ai toujours beaucoup trop travaillé …
Et puis Adrian est arrivé quand j'étais au collège. Un bébé déposé à notre porte. Je l'ai toujours aimé comme le fruit de l'amour de mon père et bien sûr, mon père l'adore. Il m'aime aussi mais me petit frère lui, est un surdoué. Doué en tout, en cours, en sport, capitaine de l'équipe de natation du lycée et il conduit déjà beaucoup mieux que moi. Et vous savez quoi le pire ? Le pire c'est que je ne suis même pas triste, que je ne lui en veux pas, que je suis fière d'avoir un frère aussi génial. Mais j'ai toujours cette pointe de tristesse quand mon père lui sourit. Parce qu'il ressemble à mon père et que moi je n'ai personne à qui ressembler. Parce que mon père a laissé partir ma mère …
Je couvre ma bouche de mes mains quand je vois son pansement et que Georges m'annonce ce que Neil a fait. Merde alors mais ce gosse est malade, je ne le pensais pas si … Merde. Un sanglot agite mon corps mais je le retiens de justesse et prend le sujet que Georges me lance au vol pour ne plus penser à Neil.
Il reprend la route en n'en parle plus. Je discute deux minutes avec lui puis je regarde la route sans décrocher un mot jusqu'à l'escale suivante. Environ deux heures après notre départ, je sors pour me dégourdir les jambes et vais voir Roméo, le caressant et le réconfortant un peu. Plus que six heures mon tout beau. Ensuite, je vais rejoindre Georges devant une poubelle un peu plus loin et, prise d'une pulsion, je l'attrape par le t shirt et l'enlace.
D'abord, je ne dis rien et puis, la voix cassée, je lui murmure que je suis désolée, juste assez fort pour qu'il entende. Et je pleure un peu. Pas un truc de tapette hein, juste quelques larmes, pour marquer le coup. Ensuite j’essuie mes joues et je retourne à la voiture. Quand il revient dans la voiture, je lui tends une bouteille de Mountain Dew.

« On repart quand ? T'es sûr que tu veux pas que je conduise ? »

Je fais comme si de rien n'était mais ça m'a fait du bien quand même. Je me sens mieux après ça. Je prends une grande respiration et j'ouvre ma bouteille. Le pshiiit résonne un peu dans la voiture et je bois une gorgée. Bordel que ça fait du bien ! C'est moins agréable qu'un moka mais c'est quand même revitalisant.
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeDim 25 Mai - 23:10


Le silence s'installa rapidement dans la voiture. Je l'avais mise mal à l'aise. Génial. Vive moi ! Déjà que jusque là, la conversation n'était pas super animée... Enfin, elle commençait à le devenir avant que je vienne tout gâcher avec mes reproches à la con. Bon sang, j'avais vraiment du mal à assumer mes conneries sur ce coup.
Je vis une petite voiture de mémé me dépasser (la mémé incluse au volant) et me rendit compte que je roulais comme dans une voiture handicapée, avec trois roues valides. Je passai la cinquième et fonçai. Je dépassais mémé en un rien de temps et filai comme le vent, la fenêtre légèrement ouverte.

Je fis un arrêt devant une ligne de magasins d'autoroute, juste avant Portland. Inutile de remettre de l'essence, j'avais déjà fait le plein avant de partir. En revanche, pendant que le doc allait voir le chien, je rentrai dans le drugstore m'acheter un paquet de chewing gums à la menthe. Une fois ressorti, je jetai le plastique qui entourait le paquet dans la première poubelle venue, ce qui me valut une étreinte complètement inattendue. Surpris, je gardai les mains en l'air pendant toute la durée du câlin. J'étais extrêmement mal à l'aise, Keila me pleurait dessus. Elle murmura qu'elle était désolée et je mis un certain temps avant de comprendre qu'elle parlait de mon épaule blessée. Oh non, mon but n'était vraiment pas de la faire culpabiliser.

Quand elle s'en alla en direction de la voiture, je me dis que je devrais quand même m'estimer heureux. Au moment où elle avait agrippé mon t-shirt, j'avais cru qu'elle allait me coller un baiser. Un truc illogique, déshonorant et dégueulasse. Elle n'était pas de mon âge, même si j'avais de la sympathie et du respect pour elle. Je caressai mon alliance, toujours en place après treize ans. Non, je ne m'étais toujours pas résolu à la retirer. En fait, je comptais bien la garder jusqu'à ma mort. L'homme d'une seule femme. Pour toujours. Même dans la mort.

Quand je me rassis derrière le volant, je fis un effort pour afficher un beau sourire. Il nous restait au bas mot six heures de route à tracer et je ne tenais pas à ce que ça se fasse dans un silence morbide.
J'attrapai la boisson énergétique qu'elle me tendait et l'ouvris en hochant la tête à sa question.

« Ouais, je préfère. J'aime pas rester à côté. »

C'était vrai, même si la véritable raison de mon refus était toute autre.
Quand j'eus terminé ma canette, je remis ma ceinture de sécurité et allumai le moteur. Voilà qui répondait à son autre question. Je n'aimais pas trop traîner dans ces zones. Ca puait toujours le tueur en série, même si c'était dans les films. Je n'avais pas envie de jouer au héros là, maintenant.

Je fis faire un large demi tour à ma voiture sur les graviers, soulevant un nuage de poussière derrière nous. Je jetai ma canette par la fenêtre avant de sortir de la zone de parking. Dans mon rétroviseur, je la vis tomber dans la poubelle visée et, avec un petit sourire d'auto satisfaction, déboulai sur la route vide. Devant nous, il y avait pas mal de phares visibles. Portland, la civilisation. J'étais certain que le reste du voyage serait, en grande partie, beaucoup plus fréquenté qu'il ne l'avait été jusqu'ici.

« Au fait, c'est pas Neil qui m'a troué l'épaule. C'est Isaac. Un gardien. Il a essayé d'arrêter L12... Neil, qui l'a bousculé. Le coup est parti et je l'ai pris. J'ai eu de la chance. »

Voilà, j'espérais que ça réduirait un petit peu sa peine.
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeVen 30 Mai - 12:48

La première impression que je me fais de moi plus tôt c'est une espèce de pleurnicheuse. Je ne dois plus me laisser prendre par des émotions négatives comme ça sinon je vais me transformer en Cher à la remise des Grammys, du temps de sa célébrité internationale. Je peux pas dire qu'elle ne soit plus connu mais maintenant elle est plus une représentation de la vieillesse kitchouille et une représentante totale des méfaits de la chirurgie esthétique trop consommée.
Toute à mes pensées, je ne remarque même pas qu'on est en train de démarrer. Roméo va bien, encore six heures de route. Okay, je pense gérer pour le moment. A part si Georges m'annonce d'autres nouvelles catastrophiques. Mon frère aurait pu lui marcher sur le pied ou mon père aurait pu le renverser en Monster Truck que ça ne me surprendrait pas. Enfin non, de toute façon, ils sont à Liepzig. Et puis mon père est un très bon conducteur.
De toute façon, je ne suis pas responsable de la connerie de Neil. Il a beau être mon fils, il a beau avoir une main guérie grâce à moi, je ne suis que son médecin et son tuteur officiel. Je vais devoir lui parler de tout ça, avoir une discussion sérieuse avec lui. Je ne peux pas passer à coté de ça sans rien dire. Qui sait, peut-être que grâce à moi il ira mieux, peut-être que tout ce qui lui faut c'est une bonne baffe dans sa gueule. Ouais, de toute façon je suis son tuteur et un tuteur, ça redresse.
Finalement, je ne conduirais pas. Je savais bien qu'il allait dire non mais par politesse j'ai pas pu m'empêcher de demander. Bon, je n'aurais pas été trop à l'aise avec son énooorme volant dans les mains mais on ne sait jamais. Je suis douée pour la conduite en temps habituel même si je roule plus vite que la limite autorisée et que j'ai la fâcheuse habitude d'oublier les clignotants.
Quand Georges reprend la parole, c'est à nouveau au sujet de Neil. Bon. Je compte bien me montrer plus forte que tout à l'heure cette fois-ci. Souriante, je tourne la tête vers lui. Il a l'air de ne pas trop souffrir. Je suppose qu'il a été traité à Portland, c'est pour ça que je ne l'ai pas vu. En fait, depuis l'incident, je n'ai pas vu Neil non plus, confiné au mitard. Et ça m'énerve, maintenant j'ai envie de vomir toute ma colère à son visage apathique.


« J'ai quelque chose à l'infirmerie qui devrait t'effacer toute trace du coup de feu. Rassure toi rien de bien méchant juste une crème. »

L'autoroute défile sous les roues de Georges qui ne semble pas sentir passer le temps. Au deuxième arrêt, je prends un livre de mots croisés au drugstore et je me concentre dessus pendant le reste de la route qui nous sépare du troisième arrêt, badinant de politique, d'armes à feu et d'animaux de compagnie avec Georges. Finalement, on s'entend mieux que ce que je pensais.


« Emprisonné contre sa volonté en six lettres … »

Un instant de réflexion suit ma phrase et j'éclate de rire.

« Détenu. »

Je referme mon livre après avoir fini ma grille et baille. Le prochain arrêt est dans trente minutes et il ne nous restera plus que deux heures de voyage.

« Tu vas jamais aux toilettes ? »

Quand je saisis chaque occasion de me vider cette poche de souffrance qu'est ma vessie, lui ne va pas aux toilettes une seule fois alors que BORDEL il s'est enfilé une cannette de Mountain Dew et un café allongé.
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeSam 31 Mai - 20:09

La tension était un peu retombée dans la voiture. Je pensais avoir réussi à détendre l'atmosphère en disant la vérité au sujet de ma blessure. Pas qu'à un seul moment j'ai voulu tout foutre sur le dos de L1233, mais les détails me semblaient inutiles. Jusqu'à ce que le doc se mette à chialer. J'espérais avoir adouci un peu sa peine... Ou peut importait ce qui la tracassait.
Keila me proposa, une fois que nous serions de retour à DearDeath, de me prescrire une crème qui effacerait un peu la cicatrice. Je devrais sans doute attendre un peu avant de faire ça, car elle était fraîche. En tout cas, l'idée était bonne. Mon corps était déjà bien assez marqué par les diverses blessures subies tout au long de ma vie. Et j'étais certain que vu l'emplacement de celle là, elle n'échapperait pas à Tommy, qui s'inquiétait toujours beaucoup trop pour mon sort.

« Pourquoi pas ? Je connais ce genre de crème. Ma femme s'en badigeonnait les cuisses et les seins après la naissance des enfants. Pour les vergetures. »

Je me rendis compte que j'étais capable de badiner là dessus avec Keila, alors qu'il s'agissait d'un sujet plutôt intime. C'était sans doute parce qu'elle était elle même une femme que je n'avais pas peur de lui en parler. J'imaginais qu'il en aurait été de même avec un homme marié et père. Mais j'évitais ça avec mes collègues. Nous n'étions certainement pas assez proche pour que je prenne le risque de me décrédibiliser. Ma position, surtout en ce moment, était assez fragile comme ça niveau autorité.

Nous fîmes plusieurs arrêts, pendant lesquels Keila disparu aux toilettes un petit moment. Elle monta à un moment après avoir acheté un livre de mots croisés. Alors que m'échinais à dépasser un petit con qui faisait exprès d'accélérer quand j'étais à sa hauteur sur l'autre côté de la route (qui n'était pas à sens unique), elle me balança une définition. Je savais que j'avais la réponse quelque part dans ma tête, je n'avais simplement pas le temps d'aller la chercher. Je poussai un cri de joie en me rabattant devant le chieur, immatriculé NC-L1233... Quelle coïncidence ! Keila venait de trouver la réponse et peut être avait elle pris mon exclamation pour une ode à son intelligence.
Du coin de l’œil, je la vis fermer le livre. Est ce qu'elle l'avait déjà fini ? Elle ne me le précisa pas, mais s'enquit du bien être de ma vessie. J'ignorais que ça pouvait intéresser les gens...

« Bien sûr que si ! Je n'y vais pas aussi souvent que toi mais j'ai quand même inondé un buisson à la dernière station, pendant que tu étais occupée ailleurs. »

Une demi heure plus tard, je me garai sur le parking d'un Burger King. Le ciel commençait à s'assombrir et j'avais faim. Une vraie faim, je ne pouvais pas me contenter de quelques snacks avalés à la va-vite.

« Je t'invite ? On prendra un burger pour Roméo. »

J'éteignis le moteur et récupérai la clef dans le creux de ma main, avant de détacher ma ceinture. Tourné vers Keila, j'insistai :

« Ca te dit ? »
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeLun 2 Juin - 15:54

La tête appuyée contre la vitre, je vois la route qui défile devant mes yeux. L'autoroute, rien de bien folichon. Des arbres, des barrières blanches et des voiture. On arrête pas d'indiquer des traversées de cerfs mais je n'en ai jamais vu toutes les fois où j'ai prit l'autoroute. Je ne suis même pas sur qu'ils puissent survivre avec tous les gaz d'échappements qu'ils doivent inhaler. Pauvre bête … J'ai pitié pour eux. Ils n'ont rien demandé à personne et voilà qu'ils se font assaillir, confiner … Bon, je ne suis pas une fervente défenseure de la nature mais j'ai un attachement tout particulier envers les cerfs.
Quand j'étais petite, mon père et moi avions adopté un cerf qui avait perdu sa maman. Loin de l’appeler Bambi, mon père avait décidé que je choisirais son nom. Je l'ai appelé Wesley et j'ai passé mon enfance à traiter ce cerf comme mon meilleur ami. Je lui lisais les livres de contes d'Andrew Lang pour l'endormir et parfois je dormais dans la grange avec lui. Bien sur, il a fallu que cette histoire se termine un jour. Un matin, j'ai remarqué que Wesley était très malade. Le vétérinaire l'a soigné de sa grippe mais il nous a informé que nous ne pouvions pas le garder à cause des lois sur les animaux de compagnie. On a donc relâché mon meilleur ami dans la nature et je ne l'ai plus jamais revu. Il doit être mort maintenant.
Je pose à nouveau mon regard sur Georges et souris. Il est très gentil, de bonne compagnie … J'aurais aimé le voir avec sa femme. J'aurais aimé qu'elle vive parce qu'il mérite quand même vachement d'être heureux. Comme quoi, ce sont toujours les mêmes qui souffrent. Le sort s'acharne. Souriante, je mordille la pointe du bouchon de mon stylo, par reflex. J'ai toujours ces tics nerveux insupportables, bordel … Même avec quelqu'un avec qui je suis à l'aise.
Sa réponse me fait beaucoup, beaucoup rire. Il pisse dans les buissons, comme un homme, un vrai, un américain. Je me retiens néanmoins de lui rire au nez, dans l'espoir que notre relation ne se détériore pas. Et puis c'est quelqu'un de très entier au moins, ce n'est pas le genre de personne à trahir ses principes ou à se laisser aller. J'aime bien son principe de pensée, même si je n'approuve pas ses idées arrieristes. Il pourrait devenir un bon pote.
Quand Georges fait le dernier arrêt avant notre destination devant un Burger King, mon sourire s'élargit encore. Ouais, j'ai bien la dalle malgré tout ce que j'ai pu ingurgiter aujourd'hui. Et puis on ne peut pas dire que les sucres rapides remplissent l'énergie. Un bon burger bien gras avec des patates et du soda ultra sucré me fera le plus grand bien. Et puis je peux bien faire une entorse à mon régime. Oh j'oubliais... je fais pas de régime. J'ai la chance d'avoir les bons gênes thaïlandais de ma mère et ceux de viking de mon père : je suis une tringle à rideaux et je muscle vite.


« Ouais ça me dit mais pas de burger pour Roméo. J'ai pas envie de l'empoisonner alors que je l'amène dans un refuge. »

Je m'assure qu'il va bien et laisse Georges verrouiller la voiture alors que je me dirige vers le restaurant. Une fois la porte poussée, une douce odeur de friture et de graisse envahit mes sinus et j'avance vers la caisse. Je commande un Big King XXL avec des mozarrella sticks, des onions rings et du bacon en supplément dans un sachet à coté pour Roméo avant de laisser mon ami commander. Une fois que le payement est réclamé, je dégaine ma carte bleue avant Georges et paye sans contact.


« Je t'invite pour te remercier. C'est la moindre des choses ! »

Et puis nous allons nous asseoir et je mords dans mon burger en lâchant un gémissement de bonheur. Ça fait si longtemps que j'ai pas mangé de la junk food. Au moins un an !

« Ah ça fait du bien ! »

Je ne me lasse pas de mal manger, putain.

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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeDim 15 Juin - 14:49

Keila accepta, apparemment de très bon cœur, sauf pour ce qui était du chien. Je fis une petite moue, peu persuadé qu'un bon burger américain puisse lui faire le moindre mal, mais ce chien ne dépendait pas de moi après tout. Je n'avais pas mon mot à dire. Landsitz était le médecin dans l'affaire.

« Okay, allons y. »

A la suite de Keila, qui m'impressionna par le contenu de sa commande, je demandait pour moi un triple whopper, des frites et un grand soda. Je réservai aussi un frappé moka pour plus tard, car je les aimais bien frais. J'attendais avec impatience qu'ils sortent une version plus caféinée. Alors que m'apprêtais à sortir mon porte-feuille, Keila me devança d'un geste. Il y eut un petit bip et je fixai la carte du médecin avec déconfiture. Elle se justifia en avançant qu'elle voulait me remercier pour la balade. C'était certes un peu fatiguant, mais ça allait, ce n'était pas grand chose. J'espérais qu'elle n'allait pas en plus essayer de me rembourser les frais d'essence parce que si c'était le cas, je lui ferais un cadeau de même valeur.

« Okay. Merci. »

Pour le coup, je me sentais un peu coupable d'avoir craqué sur le dessert.
Une fois à table, je fus encore moins bavard que d'habitude. J'appréciais énormément mon repas. Je dégustai les frites, qui défilaient tout de même à une vitesse impressionnante entre mes doigts. Je n'eus aucun mal à avaler les trois steaks de mon burger et allai chercher mon moka. Une fois à la caisse, je mis un billet supplémentaire sur le comptoir. Lorsque je revins à table, je posai un sunday à la fraise devant Keila.

« J'espère que t'as encore de la place pour un rafraîchissement. »

Sinon, je le mangerai moi même. Ce n'était pas une petite glace qui allait m'arrêter.

Quand nous reprîmes la route, je n'avais pas terminé mon soda, que j'avais coincé dans l'un des trous prévus à cet effet, devant le frein à main.

« Plus que deux heures. On a bien roulé. »

Je m'étais bien reposé au fastfood, même si je ne dirai pas « non » à une bonne nuit de sommeil. J'étais pressé d'arriver.
J'allumai mes feux, car la nuit commençait à tomber. J'avais une excellente voiture, avec toutes les options. La révisions des phares avait été effectuée deux mois plus tôt. Heureusement, car sinon, il aurait été fort probable que je sois incapable d'éviter l'obstacle vivant planté au milieu de la route.
Je fis une violente embardée sur le côté gauche, traversai la chaussée en manquant de me faire emboutir le cul par une voiture venant en sens inverse et finit dans le fossé. J'entendais encore les coups de klaxon de l'autre bagnole, qui ne s'était pas arrêté pour autant. Les gens devenaient fous.
Je restai un moment crispé, fixe, les mains accrochées au volant. La voiture n'avait qu'une seule roue dans le petit fossé, celle de mon coin. Je me tournai vers Keila.

« Tu n'as rien ? »

Visiblement, elle allait bien. Il n'y avait pas eu d'impact, juste quelques cahots. Je détachai ma ceinture et lançai :

« Va vérifier le chien. Je vais voir la route. »

Je ne voulus pas dire à Keila que j'avais peut être renversé quelqu'un. Un peu tremblant à l'idée d'avoir tué un innocent, je remontai sur le bas côté et me précipitai de l'autre côté de la route. Mais il n'y avait personne. Pas de trace de sang non plus. Ca me soulagea, un peu. Mais je me demandais aussi si je n'avais pas rêvé.

« Y'a quelqu'un ? »

Seule un hibou me répondit, me faisant frissonner. Merde, ça foutait les jetons. On aurait dit une histoire de fantôme. Pour me rassurer et aussi m'assurer que le doc allait bien, je fis volte face et lançai d'une voix forte :

« Landsitz, tout va bien ? »
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeMar 17 Juin - 14:08

La malbouffe et moi ça a toujours été une grande histoire d'amour. La plus vieille expérience dont je me souvienne remonte à mes plus jeunes années. Je devais avoir cinq ou six ans. Mon père avait très envie de burgers et le cuisinier du petit pub écossais où nous allions habituellement était malade comme un chien. Alors nous étions allez au McDonald's. Quel choc ! Rien n'était vraiment bon mais tout était vraiment addictif. Et puis j'ai connu Burger King et Kentucky Fried Chicken plus tard. Coup de foudre.
Dans toute ma vie, je ne me souviens pas d'une semaine où je n'ai pas dégusté de McMuffin. Tout pour me plaire : une pâte à gâteau salée, un steak, un œuf et du bacon. Ma vie réunie dans un petit dej'. Et un café offert en plus. Le paradis. Je ferme les yeux en savourant mes onions rings pleins de graisse et je souris doucement. Jamais je ne m'en lasserais.
Apparemment, je ne suis pas la seule à apprécier largement la malbouffe et je suis bien content de ne pas avoir payé pour recevoir des critiques. Rien, j'ai bien dit rien, ne me comble plus que de voir quelqu'un savourer du manger que je lui ai acheté. Parce que le manger c'est la vie et que si c'est bon, c'est encore mieux. Je ne suis pas une fanatique de la bouffe mais quand même !
Une fois sortis du fast food, je baille doucement et je me dis que je serais bien contente d'arriver pour manger un bout et me coucher. Oui, j'ai encore faim. J'ai toujours faim. Surtout quand je sais qu'Eleanor a du nous faire une de ses légendaires tourtes aux pêches. Aucun doute, j'ai encore de la place pour ça, même après un dessert un peu calant. Même après avoir mangé à m'en faire péter le bide.
A la voiture, je sors un peu de bacon du sachet que j'ai fait préparer au restaurant pour Roméo et lui fait manger. Avec appétit, il dévore les quelques tranches que je lui tends et je suis bien contente de voir qu'il a retrouvé une envie de manger relative. Caressant son encolure touffue, je l'embrasse sur le front et referme le coffre sur son regard affectueux alors qu'il se recouche pour se rendormir, visiblement épuisé par les calmants.
Et puis , je me remets à ma place. Je boucle ma ceinture et je baille largement une nouvelle fois, me blottissant dans le plaid violet à carreaux verts que j'ai sorti de mon sac au dernier arrêt, qu'est-ce qu'il fait froid dans le coin, on se croirait en hiver. Et puis humide aussi. J'aime pas ça. Toute frémissante, je boucle ma ceinture et souris à mon chauffeur en lui annonçant qu'on peut y aller, que Roméo a mangé et qu'il va bien. Plus que deux heures de route, où je vais sans doute somnoler.

J'étais en train de somnoler quand le brusque coup de volant de Georges me réveille brutalement. Nous finissons dans un fossé et je regarde le chien, paniquée. J'assure rapidement à Georges que je vais bien et puis je détache ma ceinture. Du moins j'essaye. Roméo geint. Putain mais tu vas te détacher ? Tu peux pas me faire ça, on est pas dans un putain de film du dimanche ! Je sors une petite arme de la boite à gants pour la décoincer mais finalement, elle se décroche après un coup plus fort que les autres et je sors en trombe. Une branche cogne contre la vitre du coffre mais rien de bien méchant. Roméo va très bien.
Quand mon chauffeur me demande si tout va bien, je lui hurle à mon tour :


« Tout va bien, Roméo est-argh !
-Tu vas être une gentille fille et m'obéir, hein ? »

Quelqu'un – un psychopathe pédophile, taxidermiste et collectionneur de crottes de chats, vu sa voix- vient de m'attraper par derrière, maintenant un couteau de boucher assez impressionnant sous ma gorge. Okay, je suis dans la merde. Mon sang ne fait qu'un tour et je prends le lascar par les cheveux et je sens la lame m'entailler légèrement la gorge. Okay, mauvaise idée.
Et puis je me souviens que j'ai toujours le six-coups dans ma poche et je tire, sans vraiment vérifier où, tant que ça lui rentre dans le lard. La lame m'entaille un peu plus mais rien de bien grave, il ne sait pas viser les artères, ce débutant. Il lâche alors son couteau et commence à s'enfuir, se tenant les côtes.
Une main sur ma gorge pour ne pas perdre trop de sang, je m'appuie contre le coffre de la voiture et vois Georges un peu plus loin.

« Rattrapes moi ce fils de pute ou je m'en charge moi même et je lui arrache les yeux avec les dents ! »

Je me sens nulle de ne pas avoir senti sa présence, nulle de ne pas mieux m'être défendue, de ne pas l'avoir maîtrisé. Papa serait pas fier de moi.
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeJeu 19 Juin - 16:01

Je me sentis soulagé en entendant la voix claire et assurée du doc, mais ce sentiment fut de très courte durée. Mes muscles se tendirent à l'extrême quand je reconnus le bruit étranglé de quelqu'un qui se faisait attraper par surprise. Mes yeux se plissèrent pour tenter de percer l'obscurité et ma main, par réflexe, sorti le couteau que j'avais sous la ceinture. Mon arme de service était dans le coffre, dans une boîte cadenassée à l'aide d'un code. Mon arme de secours était dans la boîte à gants. J'avais des fourmis dans les jambes et l'adrénaline voulait me propulser en avant, mais je me maîtrisai. J'ignorais tout de la situation réelle et une conduite héroïque pouvait entraîner la mort pure et simple du doc.
Je n'eus pas le temps d'entamer des négociations que des bruits de lutte me parvinrent, suivis de près d'un coup de feu. Je reconnus le son émis par un petit calibre et priai pour que ce soit Landsitz qui ait tiré avec mon arme de secours. Une silhouette s'enfonça dans les arbres des bois qui bordaient la route et les muscles de mes jambes se détendirent comme un ressort. J'arrivai à la hauteur du doc en une seconde et demi et m'arrêtai, l'adrénaline continuant à me chauffer les cuisses. Elle saignait et maintenait sa main sur sa gorge, mais elle réussit à m'ordonner de poursuivre son agresseur. Je fis un rapide calcul de la situation. Elle était médecin et semblait aller assez bien pour se débrouiller. Je ne pourrais lui être d'aucune utilité réelle. Mieux valait que j'arrête ce malade.


Je m'enfonçai donc dans le bois au pas de course. Heureusement pour moi, l'agresseur avait la trouille et faisait un bruit du diable. J'entendais sa respiration affolée, ses bruits de pas lourds sur la terre dure. Le tonnerre gronda au loin.
Il ne me fallu que quelques petites minutes pour être en vue de l'homme. J'étais plus athlétique que lui, plus rapide. Je finirai par le rattraper. Au moment où je me retrouvai sur ses talons, une pluie glaciale se déversa sur mon dos et ma chevelure décolorée. Je n'y prêtai qu'une attention mineure et bondit. Nous nous écrasâmes dans ce qui était déjà de la boue et j'assenai un violent coup de manchette au poignet du forcené, ayant repéré l'arme qui avait blessé le doc. Il lâcha son couteau, je m'en emparai juste assez de temps pour le faire disparaître dans un buisson, hors de la porté du malade. J'appuyai sur le petit bouton qui permettait de déplier la lame de mon couteau et pressai cette dernière sur la gorge de l'homme. Il grogna et je le tirai par les cheveux tout en assurant la pression de mon genou sur le milieu de son dos. J'entendis une vertèbre craquer légèrement.

« Calme toi, c'est fini. T'es foutu. Te débattre ne ferait qu'aggraver ton cas. »

Une douleur à laquelle je ne m'attendais pas engourdit mon crâne. Ma vue se brouilla, mes doigts se détendirent et je m'effondrai sur le côté. Je vis mon couteau s'enfoncer dans la terre trempée. Une main aux doigts noueux s'en empara et la colla sur mon visage, la pointe près de mon œil.

« Laisse le putain, on n'a pas le temps.
-Mais il est à ma merci.
-L'autre pourrait nous retrouver. Il a peut être vu ton visage. Prenons pas de risque, faut filer avant que la police soit avertie. »

Le froid de la lame quitta ma joue. Je vis une branche se soulever du sol et s'abattre sur mon front. Je perdis alors connaissance, ayant pour dernier souvenir l'odeur du bois humide et le bruit de l'orage qui planait au dessus de ma tête.
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeJeu 26 Juin - 22:59

La première impression est souvent la bonne. Quand j'ai vu McDaven pour la première fois elle lisait le Seattle Times et ne portait presque aucune attention à ce que je lui disais. Pourtant, c'était elle qui m'avait convoquée dans son bureau ! Oh je vous jure les gens riches et pressés... Aucun respect des autres. Bon c'est vrai que si j'avais à diriger une prison je serais pas non plus super jouasse mais quand même y a des limites à être une connasse sans aucune notion de politesse. Quoiqu'il en soit, cette impression a été la bonne. Et c'est valable pour tous les gens que j'ai rencontré dans ma vie.
Autant vous dire que je ne porte pas ce fils de pute dans mon cœur et que s'il advient que je le recroise, je lui péterais sa jolie petite gueule de pisseuse. On ne s'attaque pas à moi comme ça. Je n'ai pas pour habitude de laisser s'en tirer des gens qui ont attenté à ma vie. Si Georges ne le retrouve pas, j'aurais les glandes. Pressant toujours ma gorge, je constate que la douleur a cessé. Les coupures n'étaient que minimes et je n'ai pas perdu énormément de sang. J'ouvre violemment la porte de la voiture et y prends un foulard que j'avais emporté au cas où j'ai un peu froid en mangeant mon bol d'Applejacks sur la terrasse des Sadies – mon péché mignon quand je vais les voir.
Le foulard prudemment serré autour de mon cou – il ne serait quand même pas question de m'étrangler – je décide de ne pas attendre Georges. Saisissant la clef laissée sur le contact, je ferme toutes les portes et promets à Roméo de revenir très vite. Au petit trot, je suis la piste de Georges. Au bout d'un moment, je repère des traces de pas dans la boue qui me guident jusqu'à lui seul, allongé dans la boue. A côté de lui, un sac percé dont le contenu s'étale par terre, sans doute abandonné là dans la hâte. Fixant la poudre blanche je soupire. Je suis prête à parier que ce n'est pas de la maïzena. Grognant, je soupire et le réveille à grands coups de baffe dans la tronche.


« Réveilles toi, bougre de con ! »

Comme il ne semble pas décidé à revenir à la vie, je le prends par une jambe et le traîne jusqu'à la voiture. J'ai de la chance que le sol est boueux et que je suis habituée à soulever des trucs lourds puisque personne veut jamais m'aider à décharger le matériel médical.
Je le hisse douloureusement à l'arrière de la voiture après l'avoir enrobé dans une couverture destinée à l'origine à Roméo pour éviter de tâcher les sièges de sa voiture – il me tuerait sinon. Et je prends le volant pour nous emmener chez les Sadies. Lorsque nous arrivons, il est à peine vingt heures mais le ciel est noir de nuages lourds. MacKenzie et Irvin nous accueillent sous la pluie et mon ami disparaît en emportant le corps inanimé de Georges à l'intérieur alors que Mac et moi allons mettre Roméo dans sa nouvelle maison.
La maison des chiens est une immense grange de plus de huit cent mètres carrés répartis sur trois étages. Chaque chien a droit à sa petite chambre ouverte et peut circuler comme il l'entend. J'ai toujours adoré ce concept vraiment trognon. Après l'avoir laissé dormir dans son panier douillet, nous rentrons et je vais prendre un long bain chaud. L'orage a cessé quand je sors de mon long bain brûlant, habillée d'un jean troué et d'une chemise à manche courte,et je constate que Georges est dans la cuisine à bavasser avec mes amis, lavé et habillé de fringues très campagnardes d'Irvin.
Aussitôt, je lui saute au cou et le serre contre moi. Ce mongole a bien failli me faire peur.


« Heureusement que j'étais là sinon les carottes étaient cuites pour toi ! Tu m'as fait peur à pas revenir. »

Il doit à présent être vingt deux heures et l'orage à cessé de déverser son courroux sur nous autres pauvres mortels. Je ne dirais pas non à un verre de vodka et une partie de Scrabble ou de Monopoly pour me détendre.
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeDim 29 Juin - 10:39


Je me réveillai dans le noir et une situation plutôt confortable. Des draps en coton doux caressaient ma peau à nue et le matelas sous moi était moelleux. Ma nuque appréciait aussi le confort des oreillers disposés sous ma tête. Je me redressai légèrement et distinguai la silhouette d'une lampe de chevet sur ma droite. Je tendis le bras pour chercher l'interrupteur et la pièce que j'avais deviné être une chambre s'éclaira doucement dans la lumière prodiguée par une vieille ampoule à économie d'énergie. Cela laissa le temps à mes yeux de s'habituer progressivement à la lumière.
Je repoussai les draps et m’inspectas. Je n'étais vêtu que d'un caleçon long noir qui ne m'appartenait pas. Je portai la main à mon crâne, là où j'avais été frappé, et sentis la présence un peu collante de crème contre les coup. Au moins, je n'avais pas de coupure. Mais j'allais avoir un bel œuf sur le front et à l'arrière du crâne.

Comme je me sentais bien, je sortis du lit et cherchai mes vêtements des yeux. Ils n'étaient pas là mais quelqu'un avait laissé un jean et une chemise à carreaux rouges, en coton épais, sur une chaise. Je supposai que ça avait été laissé là à mon intention et revêtis le tout. Le jean était légèrement trop serré pour mes cuisses musclées, mais la chemise me seyait parfaitement. Je devais avoir l'air d'un bûcheron canadien là dedans... Tant pis, on faisait avec ce qu'on avait.
J'allai ensuite écarter les rideaux pour jeter un coup d’œil dehors et compris immédiatement où je me trouvais. Le refuge. Ce qui signifiait que Keila avait conduit ma voiture ! Je la voyais garée un peu plus loin. Le 4x4 ne couperait pas à l'inspection approfondie avant que nous repartions.

Après avoir éteint la lampe de chevet, je sortis dans le couloir et rencontrai très vite quelqu'un. Je serrai la main de l'homme et nous échangeâmes nos prénoms. Lui s'appelait Irvin et je devinai à sa carrure et son style campagnard que c'étaient ses fringues que j'avais sur le dos.

Nous descendîmes dans un salon gigantesque, qui devait également faire office de salle à manger. Ils avaient apparemment l'habitude de recevoir beaucoup de monde, puisqu'une immense table occupait une partie de la pièce. Quatre bancs en bois verni permettaient de s'y asseoir de chaque côté. Quand j'aperçus la bouteille de sirop d'érable à l'une des extrémités, je compris à quel point nous étions proches de la frontière. Je ne serai même pas surpris de voir débarquer un vrai bûcheron par la porte d'entrée, sa hache sur l'épaule et des copeaux de bois dans sa barbe fournie.
Je pris place à la table, de façon à ce que mon dos soit réchauffé par le feu ronronnant dans l'impressionnante cheminée, et me retrouvai très vite avec un verre d'alcool entre les mains. Je n'avais pas pour habitude de boire, surtout pas quelque chose d'aussi fort, mais le temps était humide et j'avais un peu froid, sans doute à cause des coups que j'avais pris. Je m'enfilai donc mon verre, sûr de moi. Je n'étais presque jamais soûl.

Quelques minutes plus tard, je vis arriver Keila. Elle semblait aller bien et se soucia avant tout de moi. Le doc me sauta au cou et je lui tapotai l'épaule, autant pour l'assurer que j'allais bien que pour l'engager à me libérer. Je n'étais pas fan des étreintes.

« Merci, doc. Heureusement que vous étiez là. Ce fils de pute avait un complice, je l'ai pas entendu venir. Il m'a eu par derrière. Je les retrouverai tôt ou tard, faites moi confiance. »

Bon, cet alcool m'avait peut être tourné un peu la tête, finalement. Je demandai ce dont il s'agissait à Irvin et haussai les sourcils en apprenant que j'avais avalé du saké cul-sec. C'était dangereux les alcools asiatiques, ces types étaient des malades mentaux. Okay, grâce à eux je pouvais jouer à GTA, mais quand même. Y'avait quelques étages pas super bien éclairés là haut, ou peut être trop éclairés justement.


Quelques minutes plus tard, Keila et un autre mec, MacKenzie, étaient attablés en notre compagnie. Chacun avait son petit verre d'alcool, les bouteilles de vodka, tequila, saké et soju étaient alignés du côté prison-parc gratuit du plateau de Monopoly. Des chips taillées en triangle, goût barbecue, permettait d'éponger tout ça. Ca me rappelait mon week-end avec Basile, celui où nous avions failli nous faire dévorer par un loup. Personne n'était encore passé le chercher, à ma connaissance. Hier soir, j'avais même vu la louve à la lisière du bois, emportant le contenu d'une poubelle. Ca pouvait devenir dangereux, pour les gosses du village.

« Vous vous occupez des loups ? »

J'expliquai la situation à Irvin, me concentrant pour faire sortir les mots corrects de ma tête embrumée par l'alcool. Le temps que j'y arrive, j'avais perdu trois mille dollars en faveur de Keila.

« Pourquoi je tombe toujours sur tes terrains ? »

J'avais fini par la tutoyer. Nous étions liés, maintenant. Nous avions affronté une révolte de prisonniers, une longue route, un burger, une agression sur la route et maintenant un combo alcool-Monopoly. Nous étions presque des camarades maintenant, comme au SWAT.
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeDim 29 Juin - 22:50

Un vieux tube des Bee Gees passe à la radio de la cuisine. Elle est en permanence branchée. Ça me rappelle un peu ma grand-mère allemande et ses petits déjeuners à base de saucisse et d’œufs pochés. Elle laissait toujours LiepRadio en marche et on pouvait entendre tous les tubes de la variété allemande dès le réveil. Un vrai délice. En tout cas, j'aime beaucoup cette ambiance de campagne un peu détendue, rustre et véritable.
La cuisine est décorée de façon très rigolote. Des grands panneaux récupérés dans divers établissements qui indiquent ''Café'', ''Restaurant'' ou ''Caisse fermée'' recouvrent une partie des murs et du bar américain qui sépare la cuisine de la partie salle à manger. Une vieille affiche cornée avec la tête de Dark Maul, sans doute récupérée dans un vieux cinéma, trône au dessus de la télé à écran plat. Le reste de la décoration est très chaleureux, plein de petites références. Sur le frigo, on peut voir une carte ''Joyeuse Saint Valentin'', représentant deux oiseaux qui se font des mamours. Elle est signée Billy, le nom de leur fils. Je sais qu'il est en classe de neige actuellement.
Lorsque Georges se défait de mon gros câlin de mère poule inquiète, je souris. Il me remercie et je lui donne une petite tape amicale dans le dos. Je secoue doucement la tête à ses derniers mots mais je ne vais pas le reprendre. S'il le retrouve tant mieux mais je ne voudrais pas non plus qu'il se fasse du mal. Ce couple de complices m'a l'air d'être plutôt imprévisible et sous l'effet des substances illicites. Autant dire, beaucoup trop dangereux. Mais si Georges a réussi à arrêter Neil, il réussira peut-être à botter le cul de ces deux enfoirés, on ne sait jamais.
Prenant le verre de Rumple Minze que me tend Mac, j'approuve lourdement de la tête. Je commence à fatiguer sérieusement mais je ne vais pas aller au lit tout de suite. Il ne manquerait plus que ça ! Je ne suis pas une vieille mémé non plus ! Pas encore ! Buvant mon verre cul sec, je sens tout mon corps se réchauffer. Une agréable chaleur qui glisse le long de mes muscles comme un médicament contre la fatigue et les courbature. Rien de mieux qu'un alcool allemand pour se remettre d'une attaque de bandits de grand chemin.

Un peu plus tard, nous sommes attablés autour d'un jeu de Monopoly très alcoolisé. Et pour moi, c'est Noël avant l'heure. Je suis la personne la plus riche du jeu, Mac ayant déjà été dépouillée de ses pauvres économies, je suis face à Irvin et Georges. Après un rire maléfique, j'empoche l'argent et réplique à Georges que ce n'est pas de ma faute s'il tire mal aux dés. Irvin lui dit quelque chose mais je n'y fais pas attention.
A présent c'est une chanson de Ratt – la seule que je connais – qui passe à la radio et me donne un peu envie de danser. Le heavy metal et l'alcool font de moi en général une bête de scène dans mon salon. Je me mets à bouger un peu du bassin en plaçant deux hôtels. Et puis mon téléphone émet un petit bip et je soupire. Il est l'heure pour moi d'aller donner son médicament à Roméo. Mac m'arrête tout de suite. Elle est la seule d'entre nous à n'avoir pas bu et elle met ses bottes de pluie.


« Je vais y aller. Ne trichez pas en mon absence !
-Boh, de toute façon, on va aller se coucher... je commence à fatiguer malgré l'alcool. »


Une demi heure plus tard, je somnole dans le même lit que Georges. Les autres chambres étant en rénovation et le lit de Billy étant trop petit, nous devons partager le même lit. Un lit king size aux draps confortables et au matelas moelleux. Je me sens dans un petit cocon mais, une fois la lumière éteinte, je ne me sens plus vraiment de dormir. Alors, je me tourne vers mon ami et sourit.

« Comment est-ce que tu es rentré dans les forces de l'ordre ? »

Je me demande depuis le début comment il a eu la vocation. Je ne sais d'ailleurs pas si c'est une vocation. Si ça se trouve il a juste suivi les pas de papa Joe qui l'a poussé sur le chemin de la police puis de l'armée. Je ne sais pas franchement quelle a été sa formation d'ailleurs. Les yeux pétillants de curiosité, je me tourne vers lui. Autour de nous flotte une odeur de menthe forte. Je me suis brossé quatre fois les dents pour être sûre de ne pas refouler du bec, peut-être que Georges a fait pareil.
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeVen 18 Juil - 18:04

Apparemment, mon problème de loup n'était pas insolvable. Irvin n'était pas super enchanté, vu sa tête, mais il me répondit par l'affirmative. Il lui faudrait quelques installations supplémentaires, des conseils de la part d'un professionnel, mais il devrait pouvoir le relâcher, si l'espèce le permet, dans les forêts canadiennes assez éloignées des habitations. A voir donc. Je réussis à me souvenir de mon numéro de téléphone et le lui inscrivit sur un bout de papier, qu'il plaqua soigneusement sur la porte de son réfrigérateur. Histoire qu'il ne lui arrive pas malheur au cours de la nuit.

Il ne se passa que peu de temps, ensuite, avant que Keila déclare que nous devions nous coucher, tous les deux. Je n'était pas d'accord, mais le passé m'avait appris à lui faire confiance. Je refoulai donc mon machisme et mon envie de poursuivre cette joyeuse soirée pour la suivre jusqu'à l'étage. Mes pas résonnaient lourdement sur le bois massif et quand je pénétrai dans la chambre, je m'aperçus que finalement, j'étais bien fatigué. J'avais été salement blessé à la tête et ne devais pas l'occulter.
Je retirai mes vêtements, conservant mon caleçon à carreaux bleus et verts, puis me glissai sous les couvertures. La température de la chambre était agréable, juste assez haute pour que l'on ne souffre pas du froid de l'extérieur. Je m'emmitouflai au milieu du lit et fermai les yeux. Une odeur de menthe m'enveloppa alors et une main bourrue me repoussa. Je me retournai, dégageant le milieu du matelas, et observai, incrédule, Keila qui me rejoignait. Quoi ? Mais c'était mon lit, non ? … Oh, ces gens ne devaient sans doute pas avoir la place de nous coucher tous les deux dans des chambres séparées. Je soupirai mais restai compréhensif. Bien que le domaine soit grand, il était réservé au confort des chiens. Je me déplaçai donc un peu plus vers l'extérieur et restai sur le dos. Je n'avais plus du tout envie de dormir, mal à l'aise à cause de la présence de Keila. Elle était une femme après tout, avec des attributs féminins. Mon malaise grandit quand elle se tourna vers moi. Heureusement, elle ne me demanda pas si j'avais envie d'elle, parce que ma réponse aurait été mitigée.

« Je suis d'abord allé dans l'armée. Après j'ai fait le SWAT. Et puis, j'ai eu des enfants, alors je suis devenu détective privé pour pouvoir passer du temps avec ma famille. Ensuite ma femme est morte. J'ai préféré prendre un emploi stable et peu risqué. »

La nostalgie, la douleur liée au souvenir, tout ça m'aida à dessoûler, d'un coup. Ce n'était pas agréable. Maintenant je ressentais tous les effets négatifs de l'alcool. J'avais envie d'être seul.
Je repoussai les couvertures et me mis debout, cherchant du regard ma chemise de bucheron.

« Je vais prendre l'air. »

Si j'arrivais à trouver cette foutue chemise.
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeLun 21 Juil - 21:52


Plein de choses se bousculent dans ma tête. L'alcool me trouble pas mal les sens et je ne suis même pas sûre de comprendre un traître mot des pauvres élucubrations de Georges. En fait, je dois avouer que je pense déjà à autre chose. C'est ça quand je bois, je suis pas totalement éveillée mais je réfléchis à dix choses en même temps ce qui peut, il faut bien l'avouer, perturber mes relations sociales avec mes compagnons de beuverie et  chaque objet de la pièce.
Mes sens sont en ébullition mais comme voilés par du papier bulle. Je me sens soudain bien indiscrète mais je ne saurais pas dire pourquoi ? Est-ce que c'est la voix de mon compagnon dans le noir qui me donne des frissons dans le dos ? Je ne sais pas trop ce que je dois penser de son histoire. J'ai envie de lui sauter au cou et de le consoler pour une raison inconnue. Sans doute la perte de sa femme, le fait qu'il ait dû élever ses enfants tout seul, la terrible déception dans sa voix.
Mes yeux s'ouvrent brusquement quand Georges annonce qu'il va prendre l'air. L'orage est passé mais la pluie continue de s'abattre impitoyablement sur le domaine des Sadies. En plus du danger de glisser sur de la boue, il y aussi le fait qu'il a bu et qu'il fait noir. Je voudrais le retenir mais je crois que je suis trop fatiguée. Mes yeux se ferment d'eux même et je plonge dans un sommeil dérangeant. Oh non, le sommeil en lui même n'est pas dérangeant, c'est plutôt mon cauchemar qui l'est.

Je suis seule dans une pièce entièrement peinte en rouge. Même le carrelage et le plafond sont rouges. Il y a un canapé rouge et noir sur lequel je suis assise. J'ai neuf ans et je porte une belle robe que ma tante m'a offerte. Non loin de moi, un de mes oncles joue au piano, vêtu élégamment de noir. Et puis, il se tourne vers moi et me sourit. Ses yeux ne sont que des trous sans fond qui cherchent à aspirer mon âme et je hurle, je crie et je pleure. La peinture des murs fond et je sens ce liquide chaud couler sur mes épaules et ma belle robe du dimanche.

Quand je me réveille en nage, il fait encore nuit. Les rideaux ne sont pas tirés et j'ai soudain très peur de me rapprocher de la fenêtre. Je me redresse et allume la lumière, mue d'une peur soudaine que mon oncle se matérialise dans le noir, sous mes yeux. Mais il n'y a personne. Ni mon oncle, ni Georges. Je regarde rapidement le réveil digital posé sur ma table de chevet et pousse un soupir. Nous nous sommes couchés il y a seulement une heure et demi.
Je sais parfaitement d'où vient ce rêve. Quand j'avais une dizaine d'années, j'ai apprit que mon oncle préféré et sa femme avaient été arrêté pour assassinat prémédités. Ils avaient été des tueurs à gages. Cette étape de ma vie m'a marquée à jamais et maintenant encore j'en ai des frissons, rien qu'à penser au fait qu'ils avaient payé ma robe avec l'argent du sang.C'est peut-être bien pour ça que je ne veux pas d'enfants, malgré le fait que j'ai atteint l'âge de déclencher mon horloge biologique. La peur du gène du tueur.
J'enfile un châle et je me lève. Mon pyjama est assez chaud pour que j'affronte la terrasse sans avoir peur de finir en bloc de glace. Je vais me préparer un café sans trop de bruit et je m'installe sur la table de la terrasse, regardant le chat de la famille dépecer une souris, vaguement caché par les ombres des arbres tout autour du domaine. Déglutissant, je porte ma tasse à mes lèvres et sourit en voyant une ombre revêtue d'une chemise de bûcheron sortir du bosquet.


« Il y a une cafetière fumante qui t'attend à l'intérieur si tu veux. Les tasses sont dans le placard au dessus du frigo. »

Je baille et regarde le ciel. Les étoiles se détachent si nettement dans ce coin si reculé de la frontière. Aucune lumière nocive ne les cache. Quand j'y pense, on les voit aussi bien de DearDeath mais ici elles me semblent plus … rassurantes.
Repensant à mon oncle, j'ai un frisson de terreur et je serre ma tasse un peu fort. Le chat des Sadies vient déposer sa proie étêtée aux pieds de Georges qui revient de la cuisine. Charmant. Je lui adresse un sourire.


« C'est Rico. Il a été trouvé en compagnie d'un chien dans une grange abandonnée et comme Irvin n'avait pas le cœur de les séparer, il l'a amené ici. Il était encore un tout petit chaton quand je l'ai connu. »

Le vent frais qui succède aux pluies de la nuit caresse mon visage et je bois une grande gorgée de mon nectar divin. Rien ne pourra jamais remplacer le café dans mon cœur.
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeMer 6 Aoû - 22:22

Je finis par mettre la main sur ma chemise et l'enfilai à la hâte avant de sortir à grands pas de la chambre. Une fois dans le couloir, l'odeur de menthe mit du temps avant de vraiment quitter l'intérieur de mes narines. Je jetai un petit coup d’œil par l'embrasure de la porte laissée entrouverte. Keila semblait s'être déjà endormie. J'esquissai un maigre sourire et partit en direction des escaliers. Mes pieds nus ne laissaient entendre qu'un léger chuintement quand ils frottaient le parquet. Je ne craignais pas de réveiller qui que ce soit, considérant la dose d'alcool avalée pendant la soirée.
Une fois au rez de chaussée, je trouvai facilement une paire de bottes en caoutchouc vert foncé et un parapluie jaune vif. J'étais paré pour affronter la météo peut clémente.

L'air était froid, mais il ne parvenait même pas à me provoquer la chair de poule. J'avais bien trop chaud à l'intérieur. Le parapluie déplié au dessus de ma tête, je déambulai au hasard dans le domaine. Sous mes pieds, la terre détrempée faisait « flotch flotch ». Ca ne me rappelait pas de bons souvenirs, mais je décidai de mettre ma mémoire en pause pour apprécier l'odeur qui m'enveloppait. J'aimais la pluie et les parfums qu'elle charriait, c'était apaisant. L'orage étant loin maintenant, la tension était complètement retombée.


Il se passa environ une heure avant que je prenne le chemin du retour. J'avais sciemment laissé la porte d'entrée entrouverte, pour que la lumière de l'entrée me guide vers la maison, si jamais je perdais mon chemin. La lueur était minuscule et je mis longtemps à la rejoindre. Alors que je grimpais les marches en bois menant à la terrasse, je reconnus la silhouette de Keila, attablée avec une tasse fumante entre les mains. Elle me proposa d'aller prendre un café, mais je déclinai d'un mouvement de tête. Inutile de m'exciter à la caféine quelques minutes avant de me recoucher.

« Non, merci. »

Alors que j'allais lui demander ce qui l'empêchait de dormir, un contact brutal me fit baisser la tête en direction de mon mollet droit. Un chat faisait le dos rond contre ma jambe et, devant mon pied, il y avait un petit cadavre privé de sa tête. Je fis la grimace. Les félins n'avaient jamais été mes animaux préférés. Pourtant, je me forçai à lui tapoter la tête pour le féliciter. Il me semblait que c'était la chose à faire dans une situation pareille, et puis il avait l'air si fier de lui...
Keila m'expliqua qui était cet animal et d'où il provenait. Je m'en fichais et je ne comprenais pas pourquoi elle me racontait tout ça. Ce n'était qu'un chat et je ne le reverrai jamais. Mais elle était aussi, sinon plus, bourrée que moi.

« Je vois... »

Je pris place en face du doc et l'étudiai un petit moment, plus pour ordonner mes pensées que pour la jauger.

« Tu ne peux pas dormir ? Un truc te tracasse ? Si c'est à cause des types qui nous ont agressés, faut pas te faire de bile. Ils sont peut être déjà sous les verrous. »
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeVen 8 Aoû - 18:05


Je me sens toujours un peu bête de m'être affolée comme ça, je ne voudrais pas qu'on me prenne pour une chiffe molle. Mais j'ai comme l'impression que je peux en parler à Georges sans qu'il ne se moque de moi. Il n'a pas l'air complètement méprisant comme la plupart des personnes à qui j'ai raconté ce rêve. Ma dernière petite copine m'a ri au nez la dernière fois et hm … je l'ai assez mal prit. Je dois être encore un peu immature sur ce sujet.
Comment en parler, c'est ça le problème. Je ne vais pas lui dire ''j'ai cauchemardé d'un épisode de ma vie en rapport avec du sang et je sais pas pourquoi j'en ai rêvé ce soir.''. Ou peut-être que je devrais juste me taire ? J'ai jamais trouvé personne que ça intéressait, c'est peut-être bien que c'est juste pas intéressant ou quelque chose du genre. Je suis pas du genre à m’épancher sur mes problèmes alors pourquoi est-ce que j'ai besoin de parler de ça ? Pourquoi est-ce que c'est si profond ?
Et surtout, pourquoi est-ce que je suis persuadée qu'il va m'arriver malheur si je revois mon oncle ? C'était un homme bien, profondément gentil mais il avait des dettes, ce qui l'a conduit à devenir tueur à gages avec sa femme. Quand ils ont fini de rembourser leurs dettes, ils étaient habitués à tuer et ils n'ont pas changé de travail. Est-ce qu'ils étaient pour autant mauvais, je n'en suis pas sûre. Ah je donnerais n'importe quoi pour être devant un feu réconfortant et avoir de nouveau neuf ans.
Je sens mon cœur se serrer alors que quelques gouttes tombent toujours dans le jardin. Le chat est parti et je ne sais pas franchement si cela m'importe. J'aime beaucoup l'histoire de Rico parce qu'elle me touche. Je rêve de ressentir un tel besoin de présence envers quelqu'un, je rêve de quelqu'un qui m'aime et je ne sais pas si Ombrage m'aime vraiment. Est-ce que je peux compter sur elle ?
Est-ce qu'au moins elle n'est pas indifférente à mon cas ? Je me mords la lèvre et secoue la tête devant mon ami afin de l'apaiser. Puis je garde le silence. Je suis incapable de parler, je réfléchis trop. L'alcool et le café se mélangent dans mes veines et je suis mi-excitée, mi-triste. Sans doute que j'ai l'alcool dépressif. Mon père a toujours été joyeux quand il buvait mais ça ne doit pas être génétique.
Je soupire et me mords la lèvre. Je suis nulle pour faire ça.


« Est-ce que tu t'es déjà réveillé d'un mauvais rêve avec la sensation que si tu n'allumes pas la lumière dans la seconde, quelque chose va surgir de l'ombre et te faire du mal. »

Je me suis penchée au dessus de la minuscule table de jardin et mon visage n'est plus très loin de celui de Georges. Je pourrais me pencher et l'embrasser juste comme ça. Si j'en ai envie ? Ouais, plutôt. Je ne vois jamais ma petite amie et j'ai quelque chose qui m'a lié avec Georges. Enfin, plusieurs choses, la révolte, le voyage et ce petit aparté dans la nuit. Un éclair se reflète dans les yeux de Georges alors que j'allais me pencher un peu plus et je déglutis. Je me lève en souriant et je ramasse ma tasse.

« On devrait aller dormir, l'orage revient. »


Le lendemain matin, je me réveille reposée et toute fraîche. Après un petit déjeuner où Georges nous raconte comment s'est passé la première fois qu'il a changé une couche et autres joies parentales, je fais un tour à la salle de bain et nous remontons dans la voiture vers dix heures du matin. Et c'est reparti pour huit heures de route. Les deux premières heures de trajet se passent relativement normalement. J'explique à Georges pourquoi je ne veux pas – JAMAIS – d'enfants et il me raconte combien il était heureux avec sa femme, entre autres badineries.
Nous nous arrêtons dans un bar un peu moisi pour prendre un café. Je dénombre un total de quatre cadavres de cafards sur le sol sous mon tabouret et me jure de touiller mon café avant de le boire. A la table derrière nous, un homme et une femme parlent en chuchotant. Ils semblent agités mais ne veulent pas s'exposer. Il me semble reconnaître la voix de l'homme mais je n'en suis pas sûr … De toute façon on s'en fout, ils m'ont juste l'air d'être défoncés au crack.
Je me lève et souris à Georges, lui annonçant que je vais aux toilettes avant que les cafés n'arrivent. Une fois dans les WC mal nettoyés, je soupire en me passant de l'eau sur le visage. Pourquoi je n'arrête pas de penser à hier soir ?
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeSam 9 Aoû - 12:50

J'attendis patiemment la réponse de Keila. Je n'étais pas vraiment pressé de retourner me coucher. La nuit était bonne, si on exceptait l'orage. Finalement, après une hésitation toute féminine, elle m'avoua avoir fait un rêve. Ou plutôt, c'est ce que je compris dans ce qu'elle me demanda. A cet instant, j'eus une absence. J'avais l'impression de voir défiler devant mes yeux des tas d'images. Elles étaient indistinctes, mais j'en percevais assez pour qu'une boule de peur me torde les tripes. Mes mains se serrèrent l'une dans l'autre et les muscles de mes bras se bandèrent. J'étais tendu. Oui, je savais ce que ça faisait. Je voulus le lui dire, mais elle se leva avant. Il fallait aller au lit. Je lui obéis sans piper mot et nous allâmes nous allonger. Si ça n'avait pas été pour être en forme afin de conduire en toute sécurité le lendemain, je crois que je me serais laissé allé à penser, les yeux grands ouverts rivés sur le plafond. A la place, je me chantonnai une berceuse ennuyeuse au possible jusqu'à ce que mon cerveau pense à des choses futiles et diverses. Je m'endormis en songeant que je ne voulais pas de chat.


Le lendemain, nous reprîmes la route et je ne lésinai pas sur le café. Pour autant, je n'étais pas particulièrement nerveux au volant. J'avais juste la pêche. Je pouvais dire merci aux nombreuses matinées passées au Starbuck.
Après deux heures de route, il était temps de s'arrêter. J'avais très envie de faire pipi. Je passai donc aux toilettes pendant que Keila prenait commande et lorsque je revins, allégé, une tasse fumante m'attendait. J'en avalai une longue gorgée aussitôt et recrachai tout en un mince filet, une mine dégoûtée sur le visage. Jamais je n'avais bu quelque chose qui ressemblait d'aussi peu à du café en prétendant en être. Mais ça n'arrêta pas Keila, qui avait peut être un meilleur jus de chaussettes que moi.
Je sentais que le moment était venu de poursuivre notre conversation d'hier soir mais, encore une fois, la trop active Keila m'empêcha d'aborder le sujet. Elle prit la direction des toilettes et je m'affalai contre le dossier de ma chaise inconfortable, les bras croisés sur mon torse. Je lorgnai sur les beignets recouverts d'une épaisse couche de glaçage au chocolat. Est ce que je tentais le coup ? Il y avait quand même de grande chances pour que le gâteau soit immangeable. Si seulement il y avait une loi qui interdisait que des donuts soient mal réussis aux Etats Unis... C'était un crime de les vendre dans le pays s'ils n'étaient pas excellents.
Mon regard se balada ensuite paresseusement sur la clientèle, plutôt mal famée. Je m'attardai sur un couple. L'homme ravivait un souvenir... Un souvenir de boue et de coups. Je fronçai les sourcils, le dévisageant en cherchant l'erreur. Mais plus les secondes passaient, plus j'étais sûr de moi. Il s'agissait de l'enfoiré qui nous avait agressés la nuit dernière !
Il tourna son visage dans ma direction. Nous nous scrutâmes mutuellement. Je vis un éclat de lucidité dans son regard. Il se leva en renversant sa chaise et sa compagne cria, ne comprenant pas. Je l'imitai – lui – et me mis à le courser. Je faillis le rattraper avant qu'il en franchisse la porte du café, mais la porte se referma sur mon nez, me retardant.

« KEILA ! »

Mon cri d'alerte lancé, je sortis et poursuivis la silhouette de plus en plus ténue de cet enfoiré. Il courait vite et j'étais usé par le voyage et le manque de sommeil. Mais j'avais de l'entraînement.
Il me fit traverser la route à fond de train et je glissai sur le capot d'une voiture qui avait freiné de justesse devant moi. De l'autre côté, il y avait un champ de blé, dont les brins m'arrivaient à la taille. Au moins, je pouvais le voir. Enfin, je le pus jusqu'à ce qu'il plonge. … L'enfant de salope ! Il devait ramper... Je rejoignis rapidement l'endroit où il avait disparu et cherchai la trace qui m'indiquerait par où il s'était enfui. Mais une main agrippa ma cheville et la tira violemment en arrière. Je m'écrasai face contre terre et me retournai pour me défendre. J'arrêtai de justesse une lame de couteau qui plongeait sur mon visage. Les paumes de mes mains saignèrent mais ça ne m'empêcha pas de resserrer ma prise sur la lame pour l'arracher aux doigts de mon agresseur. Je le retournai et lui enfonçai l'acier dans la gorge. Le sang m'aspergea généreusement le visage mais je ne repoussai pas l'homme tout de suite. Au contraire, j'appuyai sur sa tête pour le maintenir bien enfoncé sur la lame. Quand son corps retomba lourdement sur moi, je mis encore plusieurs secondes avant de lâcher prise à mon tour. Au prix de mes dernières forces, je le fis rouler à côté de moi. Et je restai là. Cette situation m'en rappelait une autre.
Je me roulai en boule, tournant le dos au cadavre. Le défilé des souvenirs horribles ne cessai pas. Je tremblais, les genoux ramenés contre mon torse, mes bras cachant mon visage poisseux de sang.

Soudain, la vague cessa. Le visage de ma femme s'imposa.

« Caroline... » murmurai je.
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeSam 23 Aoû - 15:05


Le dégoût que m'inspirent ces toilettes me donne envie de dégobiller mes tripes. Heureusement que mon petit déjeuner n'a pas été trop consistant parce que sinon j'aurais sans doute repeint l'intérieur de cette cuvette avec mes organes internes. Je vois des bestioles, des traces de sang, de matières fécales et de rejets buccaux un peu partout. Je ne suis pas sûre que ce soit aux normes et j'ai comme l'impression d'être plus sale en sortant qu'en entrant. Quoiqu'il en soit, je veux juste prendre un café et repartir. Plus tôt je serais à la maison, plus tôt je pourrais oublier hier soir.
De toute façon, il ne s'est rien passé hier soir, hm. Rien. C'est vrai, pas de baiser, pas de chatouillis dans le ventre, rien de transcendant. Mais pourquoi est-ce que j'avais envie de l'embrasser à ce point ? Qu'est-ce qu'il se serait passé si cet orage n'était pas revenu à ce moment là ? Je n'en ai aucune foutue idée mais si bordel de putain je pouvais le savoir, ça soulagerait peut-être ma conscience alourdie d'un fardeau bien trop lourd à porter. Je sors avec Ombrage bordel à cul, je peux pas d'un jour à l'autre décider qu'elle est pas assez bien pour moi. Qu'est-ce qui cloche avec moi ? Je ne suis pas comme ça …
Pendant un cours instant, je regarde mon reflet en cherchant la réponse. Quand je remarque que mes rides aux coins des yeux sont plus creusées que la dernière fois que j'ai regardé, je souris. Ça me donne un petit air plus mature et personne ne peut résister à mon côté médecin trentenaire sexy. Trentenaire, déjà.... Je fêterais bientôt mon trente-deuxième anniversaire et … oh mais putain c'est ça ! C'est mon horloge biologique.
Blanche-Neige est un mec attirant, assez intelligent, avec trois gosses, une baraque, un chien, un 4x4 et il a tout juste dix ans de plus que moi. La femme qui veut avoir une portée de bébés Keila en moi a décidé qu'il était parfait pour me féconder mais eh merde ! Je suis encore maîtresse de mon corps. C'est un pote, un très bon pote avec qui je peux manger un triple whooper en rigolant à propos de sujets sans intérêt et je vais pas te laisser gâcher ça, ni mon couple, horloge biologique. T'as intérêt à te calmer sinon je coupe tout et tu te déclencheras plus quelques jours avant mes règles.
Déglutissant, je m'apprête à sortir de la salle de bain quand je vois que la coupure à ma gorge saigne un peu. Heureusement, j'ai apporté de quoi changer le pansement au cas où. Rapidement, je change les bandages et l'adhésif puis sors en coup de vent, laissant derrière moi ce qui pourrait être le berceau du virus Ebola. Un cri me fait tourner la tête alors que la porte battante se referme derrière moi. Georges a besoin de moi.
Il vient de passer la porte en précipitation. Je mets mon sac sur mon épaule et je regarde la fille. Elle déglutit en me regardant et je comprends que la voix du mec m'était familière à cause d'hier. Saisissant une paire de menottes attachées à ma ceinture, j'attache la fille au bar et annonce au barman que si elle bouge trop, il a le droit de lui exploser la tête au fusil à pompe. Aucune raison d'être clémente. Ensuite, je laisse un pourboire au barman et je sors, cherchant Georges du regard.
Quand je le vois faire une cascade sur le nez d'une voiture, je pousse un cri de terreur. Il va m'entendre. Merde, la sécurité avant tout bordel de putain de chier ! On est pas chez Jackass ici, il risque de se casser je ne sais quoi. Il est plus tout jeune non plus, le bestiau et je ne sais même pas comment il peut réussir ça. Sans doute l'adrénaline … Soupirant, je me jette à sa poursuite. Je l'ai perdu de vue mais il ne doit pas être si loin...
Quand je le trouve, il est à côté d'un cadavre, les yeux grands ouverts, une lame enfoncée dans la gorge. Déglutissant, je me rapproche du corps et ferme ses yeux. Tout doucement, je m'approche de Georges et passe une main dans ses cheveux. Il a l'air comme … traumatisé. Souriant comme je peux, je l'appelle par son nom. Il me répond par un nom féminin, sans doute celui de sa femme ou de sa mère.


« Non, moi c'est Keila. Georges tu as fait la bonne chose, tu t'es juste défendu. »

Je pose un baiser rapide sur sa tempe et soupire contre sa peau humide de sueur, sans doute le choc.

« Allez, on doit repartir. Tu es capable de conduire ? Tu veux que je le fasse ? »

Je pense à la fille qui m'attend au bar … Peut-être veuve, au moins endeuillée. Je touche mon bandage et soupire une nouvelle fois. Comment on en est arrivés là ?
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeMer 27 Aoû - 22:20

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Caroline. Caroline. Non, il ne s'agissait pas de Caroline. L'image s'éclaircit et je découvris Keila, penchée sur moi. Elle déposa un baiser que je sentis à peine sur ma tempe mais qui suffit à m'apaiser un peu. Sa présence me faisait du bien, me permettait de remettre un pied dans la réalité. Je n'étais plus dans le SWAT. Les situations extrêmes au quotidien, c'était terminé. Je devais me calmer. Hors de question de reprendre ces foutus cachets et de revoir un psy.

« Je vais bien, ça va, ça va aller. »

Tremblant, je me redressai et titubai de quelques pas en avant. Mon visage était en nage et j'essuyai mon front d'un revers de main. Le corps était là. A quelques mètres. Mais je n'étais coupable de rien. C'était de la légitime défense.
Je réfléchis à la proposition de Keila. Je ne voulais pas qu'elle conduise ma voiture, ni elle ni personne d'autre. Mais elle l'avait déjà fait sans encombre et je ne pouvais de toute évidence pas prendre le volant sans risquer de nous faire tuer. Alors, je fouillai ma poche pour en sortir les clefs que je lui lançai.

« Conduis. J'ai besoin de faire une pause. »

Je sortis mon téléphone, presque miraculeusement intact, et appelai la police. Ils avaient un corps à récupérer. Je me contentai de donner mon ancien matricule et mon nom avant de leur expliquer brièvement la situation. Ils ne nous ennuieraient pas avec des questions. Un des privilèges quand on avait aussi bien servi son pays que moi – et qu'on continuait à le faire.
Une fois sur le siège passager, je contemplai la lumière des gyrophares près du champ, désormais scène de crime. Le visage fermé, je réfléchissais à ce que je pourrai dire à Keila. Elle n'était pas de ce monde, c'était un médecin. Même si elle avait été remarquable lors de la révolte.
Finalement, j'attendis que la voiture se soit assez éloignée pour ne plus voir les lumières de la police dans le rétroviseur latéral avant de parler. Après m'être éclairci la gorge, je me lançai courageusement :

« Il a essayé de m'enfoncer son couteau dans la gorge. Je l'ai retourné contre lui. C'était de la légitime défense. »

Pourtant je me disais que ça aurait pu finir autrement. J'aurai pu simplement lui confisquer son arme et le neutraliser. Mais je m'étais de nouveau retrouvé dans cette période de ma vie où c'était tuer ou être tuer. Où on avait le permis de tuer.

« Je comprends ce que tu voulais me dire hier soir. J'ai fait l'armée, j'ai tué des gens, j'ai lutté contre le terrorisme. Et avec une arme, pas de l'argent. J'ai été dans ce merdier, Keila. Mes mains sont couvertes de sang. Du sang d'enfoiré, mais du sang quand même. Alors oui, j'ai peur quand je me réveille parfois. J'ai peur de retrouver cette époque. Ce que je faisais, c'était juste et je n'avais pas à hésiter. Mais quand même... Je suis un meurtrier. Un meurtrier légal. »

Je fixai mes mains, toutes deux crispées sur mes cuisses. Voilà que je replongeais dans cette période de ma vie où je remettais en question tout ce que j'avais pu faire, malgré le soutien de Caroline. Je pensais en être définitivement sorti, mais je suppose qu'on ne se débarrasse jamais tout à fait de ses démons intérieurs.
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Keila Van Landsitz
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MessageSujet: Re: Arcadia's way   Arcadia's way Icon_minitimeJeu 28 Aoû - 15:59

Okay, j'ai connu des journées meilleures et tout mais je dois avouer que ça aurait pu être pire. Le cadavre à un mètre de nous pourrait être celui de Georges et je me vois mal annoncer à ses enfants que leur père est mort parce que je lui ai demandé de m'amener dans l'état de Washington pour y déposer un chien dont je ne suis même pas la responsable légale. Un soupir m'échappe. J'en ai tellement marre de ces conneries. J'ai plus l'âge de faire ma fière et de poursuivre des criminels.
Il va bien … et mon cul c'est du téflon ? Bien sûr que non il ne va pas bien et il n'ira jamais bien. Comme moi je n'irais jamais bien après cette opération où j'ai perdu un collègue ou cette révolte à DearDeath. Des fois je me demande si la vie vaut la peine d'être vécue. Ouais, je suis médecin et tout mais est-ce que je sauve vraiment des vies ? Des vies qui en valent la peine je veux dire. Au moins, si je retournais en Allemagne je pourrais peut-être être vraiment utile, aider les gens au quotidien et tout … Au final, je ne sers pas à grand chose ici. Mon pansement à la gorge me démange et je soupire doucement de nouveau.
Je suis soulagée quand il accepte que je conduise. Je sais bien qu'il a des préjugés – faux et honteux – sur les femmes mais je sais aussi qu'il est raisonnable et qu'il n'est pas qu'un gros tas de muscles. Il pense trop bien pour savoir qu'il ne pourrait que nous faire avoir un accident dans cet état de nerf. En plus, je commence à bien connaître les Etats-Unis et je sais que les routes sont des vrais dangers. Tout le monde ici est un danger public.

Un peu plus tard, nous laissons le bar comme ça. La fille est emmenée par la police et le corps est examiné. Ouais, aucune procédure trop chiante. Je conduis lentement et sûrement. Je ne maîtrise pas très bien les 4x4, plus habituée à des voitures de sport. Le regard fixé sur le bitume, je me mords la lèvre. Est-ce qu'il va vouloir en parler ? Parce que je saurais pas quoi dire moi ! Je suis ni psy, ni quoique ce soit du genre.
Sans doute qu'Ayame saurait quoi dire elle. Elle a fait des études pour réconforter les gens nan ? Je sais pas, moi je suis pas douée. A chaque fois que j'essaye de consoler quelqu'un ça finit en drame, je ne fais qu'empirer la situation. Alors quand Georges ouvre la bouche, j'ai un vieux sentiment de culpabilité qui remonte en moi. Ouais, j'ai toujours été un désastre. Je suis là pour faire la fête mais je dois avouer que je suis la pire épaule sur laquelle s'épancher.


« Je sais, Georges, tu n'es pas un assassin. »

J'ai dit ça d'une toute petite voix, en espérant qu'il n'y fasse pas trop gaffe. Et voilà qu'il se met à tempêter sur le fait d'avoir été traumatisé et tout et moi je sais pas quoi dire et je vais pleurer et je sais pas quoi dire ! Alors je m'arrête sur la bande d'arrêt d'urgence, je défais ma ceinture et je le prends dans mes bras. Mon horloge interne me fait des chatouillis dans le ventre mais je la remets à sa place, je suis pas là pour draguer mais pour réconforter un pote.

« Georgie, t'es quelqu'un de bien. Je sais ce que tu as fait mais tu as sauvé plein de vie aussi. Il en faut des hommes comme toi pour punir ceux qui outrepassent les lois. Et maintenant c'est fini. T'es juste un gardien qui fait son job, t'es plus obligé de tuer qui que ce soit. Je saurais jamais ce que tu peux ressentir mais je sais que tu es un mec bien, que tu es un père exemplaire et que tu as été un mari exceptionnel. »

Je le regarde ensuite dans les yeux.

« Tes enfants sont fiers de toi et ta femme le serait aussi. »

Après un petit silence, je me détache de lui et raccroche ma ceinture.

« Si t'as besoin de parler, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, je suis là. »

Je pose ma main sur la sienne.

« C'est mon remerciement pour m'avoir sauvé la peau trois fois. »

Et aussi parce que je l'aime bien.
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