- Luckas, votre dévouement pour l'établissement est louable, je ne peux que vous l'accorder. Mais vous n'êtes pas là pour juger de ce qui est bien ou non. Les détenus sont assez étroitement surveillés comme ça, et leur greffer un gardien personnel à chacun relève totalement de l'impossible.
- Je vous rappelle tout de même que deux gardiens ont été tué, le bibliothécaire agressé, et ce ne pas être la première fois que ce genre de choses arrivent.

Le gardien en chef lâche un long soupire d'exaspération et se masse les tempes. Je regarde distraitement l'absence de décoration de son bureau, agacé de cet odieux personnage qui ne comprends décidément rien.
Il continue sur sa lancée en ajoutant qu'après tout, nous être à DearDeath, et que même avec la plus grande sécurité du monde ça ne pas changer le niveau de dangerosité des détenus. Ce type m'exaspère. Finalement, il jette un coup d'oeil sur ses dossiers et me fais un grand sourire :

- Je peux vous charger de l'accueil de notre nouveaux cuistot ? Il arrive aujourd'hui de France, il ne parle pas très bien l'anglais, alors je compte sur vous pour faire bonne impression.

Je me retiens de lui jeter un regard noir et me contente de hocher la tête. Satisfait, il sourit plus largement et m'annonce que ce nouvel arrivant s'appelle Basile Ducros.

- N'oubliez pas qu'il s'agit d'un membre du personnel, et non d'un détenu. Pas de menottes et de menaces mon cher Luckas.


Je traverse la cour en surveillant automatiquement ce que font les détenus. La plupart se tiennent simplement là, en groupe ou seul, à discuter bruyamment ou au contraire en parlant doucement, se faisant le plus petit possible. Certains se tiennent là, debout, contre un mur, à réfléchir, d'autres assis, seul, sans faire le moindre geste. Ce sont ceux auxquels je me méfie le plus, car je avoir toujours l'impression qu'il prépare un coup terrible et n'attendent qu'un moment d’inattention pour le mettre en œuvre.
Un collègue que j'ai croisé quelque fois passe à côté de moi, et m'annonce qu'il est arrivé.

- Il a l'air vachement chiant, celui-là. C'est un français. Les français, c'est chiant.
- Peut-être bien.

Les tambourinements contre la porte en métal m'interpellent, et je reconnaître distinctement la langue française. Qu'a-t-il donc, cet homme ? Se fait-il agressé de l'autre côté ? Se serait fortement embêtant comme entrée en la matière. Sans le faire poireauté plus longtemps, je demande aux gardes d'ouvrir.
C'est devant un homme blond aux yeux clairs que je tombe, bien plus grand que moi. Il recule un peu, et je hausse un sourcil, surpris de tomber sur un cuisinier aussi jeune. À son âge, on est encore à l'école, non ? Je ne pas avoir eu le temps de lire son dossier, mais il paraît moins âgé que moi.

- Bonjour, vous être Basile Ducros ? Ich bin Luckas Faszler, je être chargé de vous accompagner à votre chambre. Il y avoir votre emploi du temps, avec horaires et tout ce qui va avec. La directrice ne pas être du genre à rencontrer ses employés, mais il y aura votre chef cuisinier qui vous expliquera tout en détail demain.

Je lui fais signe de me suivre et les gardes referment les portes derrières nous.

- Enfin, je pense.

Je pose mon regard sur lui, frustré de devoir lever la tête. D'habitude, se sont les autres qui être forcés de se dévisser le cou pour me regarder, alors j'avoue me sentir agacé.

Je le détaille, le visage fermé. D'accord, donc tutoiement. Tant mieux, car je avoir dû mal à vouvoyer les gens, je m'embrouille encore plus. Basile ne semble pas très rassuré, et je ne peux que le comprendre. Traverser une cour blindée de meurtriers en tout genre doit être impressionnant, la première fois. Et je mentirais si je disais que cela me fait le même effet que traverser un champs de blé en sautillant sous le soleil de mon pays natal.

- Non, je pas être sûr, je ne pas être cuisinier donc je pas savoir exactement comment ça se passe pour toi.

Nous passons les portes du hall d'entrée. Je ne pas lui laisser le temps d'observer un peu les joyeux décors que je reprends le chemin vers l'accueil.

- Deux ans, un truc comme ça. Disons que je pas avoir le choix, d'être 'rodé'.

À vrai dire, je n'avoir aucune idée de ce que veux dire ce mot, mais par déduction, ça doit vouloir dire que je être au point pour surveiller, ou pour imposer mon imposante imposition. Peut-être.
La secrétaire me tend quelques papiers, que je m’empresse de passer à Basile pour qu'il les signe. Paperasses chiantes.

- Je te prévenir, parce que je pas savoir si tu être au courant, que les détenus sont aussi en cuisine. Enfin, en général, ils sont chargés de servir, mais certains peuvent aussi être aux fourneaux. Pas de risque d'empoisonnement, tout est bien surveillé.

'Normalement', ai-je envie d'ajouter. Depuis que je être à DearDeath, en tout cas, la nourriture n'a jamais été modifiée par des prisonniers un peu trop audacieux. De toute manière, ils être prévenus : s'ils travaillent en cuisine, ils le faire sérieusement. Ils pouvoir même avoir un petit quelque chose en récompense. Donc ce qui sont choisis sont motivés et pas du genre à souhaiter la mort de tout le monde.

- Les détenus apprécient les cuistot, enfin pour la plupart. Il suffire que tu être sympathique avec eux, sans en faire trop. En tout cas, je espérer que tu ne pas être en cuisinier renommé, car ici, la bouffe ne pas être phénoménale.

Je ponctue ma phrase d'un petit mouvement de tête approbatif. De ce que je sais, tout ce que je dis est vrai. Après, je avoir peut-être fermé les yeux sur des détails importants.

A peine eu-je finis de parler qu'il m'agrippe le bras comme un noyé à une bouée. Je lève un sourcil en détaillant sa main, avant de remonter vers son visage, sceptique. Le cuisinier ? Un cuisinier a été tué ? Je pas être au courant. Je connaître le meurtres de deux gardiens, mais pas de cuisinier, ou alors, on ne m'en a rien dit. Ça être étonnant, en général, les détenus en cuisine restent sages. Une dispute qui a mal tournée serait envisageable, mais dans ce cas-là, l'auteur de ce crime doit se trouver en salle disciplinaire et ne risque pas de retourner en cuisine de sitôt.

Je retiens un soupir en voyant sa mine terrorisée. Un grand gaillard comme lui, effrayé ? Je lui avoir dis que les prisonniers apprécient les cuistot. D'ailleurs, le cuisinier en chef est aimé de presque tout le monde, et en général, il être très respecté. En même temps, son physique joue beaucoup. Il faire un peu penser aux cuisiniers italiens, dans les dessins animés. Assez grand, enveloppé et avec une voix qui porte bien.
Je tapote l'épaule de Basile, légèrement interpellé par le surnom qu'il m'a attribué. Des lasagnes ? Ça peut être intéressant. Néanmoins, mon poste n'est pas de protéger en échange de nourriture.

- Il y avoir gardiens en cuisine, tu ne pas avoir à t'en faire. Je être souvent à ce poste. Pour le cuisinier, je ne pas connaître cette histoire. Il faudra que tu demande à tes nouveaux collègues.

Nous reprenons la marche et je lui fais signe de prendre les escaliers en pierre. Escaliers qui m'avoir toujours fait penser à ceux des églises, froids et peu accueillants, avec les flambeaux en moins sur les murs. Étrangement, Basile me paraît trancher avec ce décor morbide. Dès son arrivée, rien qu'avec sa peur, il paraît 'vivant', et pas du tout apte à s'adapter. Il a l'air d'être quelqu'un plein de vie, et je craindre qu'il ne se transforme en personnage vidé de l'intérieur comme la plupart de ses détenus et des employés. Un peu comme moi.

- Si je pouvoir te donner un conseil, ce serait que tu te peigne un visage neutre. Si tu avoir l'air si effrayé des détenus, leur prochain repas, ce sera toi et pas tes lasagnes.

Je repense à Ulrick et à sa tête de cocker à son arrivée. Est-ce que je avais cet air aussi terrorisé à mon entrée à DearDeath ? Je crois que je étais plutôt désintéressé de mon sort. Je ne avais qu'un besoin, c'était de me vider la tête. Alors me retrouver ici, plutôt que me faire mourir de peur, cela me faisait du bien, et les détenus, je les prenais de haut, et de suite, j'avais plus ou moins imposé mon autorité. Plus ou moins.

Pourquoi à chaque fois qu'il y a un nouveau membre du personnel, il cherche à m'impressionner, à me prouver leur force ? Ça devenir légèrement lassant. Ce Basile est plutôt exaspérant, et j'ai plus l'impression qu'il essaie de se rassurer lui-même en tentant de me convaincre que tout ira bien. C'est néanmoins une situation assez drôle, de voir qu'il y a quelques secondes il être en panique totale et qu'il récupère self-control si rapidement en s'auto-persuadant de sa force.

Je lève les yeux au ciel et lui tend les clé de sa chambre.

- N'oublies pas que l'étage du personnel est au troisième, que tu n'ailles pas te perdre chez les prisonniers. On perd régulièrement des collègues, de cette manière, ajoutai-je, mi-figue mi-raisin.

Juste pour voir s'il est capable de tenir face aux rumeurs. Bien sur, ça être en parti vrai. Mais ce n'être arrivé qu'une fois, je crois. Qui peut réellement savoir ? Certaines personnes partent du jour au lendemain sans donner de nouvelles, et il n'y a que la directrice capable de savoir ce qu'il est advenu de lui. Et encore. Disons que DearDeath pouvoir être considérée comme la transition entre la vie et la mort. Mais il ne faut pas voir ça comme cela, bien sur. Si je être de meilleure humeur, je lui dirais, tout cela, à Basile, histoire de lui faire peur. Mais je pas avoir envie d'avoir à répondre à d'autres questions.
Devant la chambre frappé du numéro cinq, je me tourne vers le nouveau cuistot et lui montre ma chambre prêt de la sienne :

- Je être là. Je n'y être pas souvent, mais on ne savoir jamais.

Je ne voir pas en quoi ça lui sert de savoir où je suis, mais on ne savoir jamais. Ça pouvoir toujours être rassurant. Quand je être arrivé, Hervé m'avait indiqué sa chambre, et je avoir automatiquement été plus à l'aise. Ça être totalement stupide, si on réfléchir bien. Ce n'est pas parce que Basile sait ça qu'il se sentira mieux accueilli, mais malheureusement pour lui, je ne pas être quelqu'un de jovial et attachant. Je aimerai bien, parfois, me montrer attentionné et rire de rien, mais ça n'être pas moi. Je n'étais comme cela qu'en présence de Tino, mais puisqu'il n'est plus là, je ne plus en voir l'utilité.

Basile entre, et, d'une façon étrange, son sourire franc me faire chaud au cœur, et l'espace d'une seconde, j'oublie un peu l'exaspération que ce jeune homme me inspire et je me prend à être attendri devant sa joie de découvrir sa chambre. Heureux d'un rien ? Il le falloir bien, ici. Mine de rien, les employés être un peu comme des détenus, et il nous faut nous satisfaire du peu que nous pouvoir avoir. Comme le fait de savoir que l'on possède une chambre individuelle, par exemple. D'ailleurs, son remerciement plein d'enthousiasme m'arrache un léger sourire.

- Aucun soucis, Basilic. Je ne pas savoir quel est ton emploi du temps, mais si un de ces quatre tu ne pas savoir quoi faire de tes soirées, on pourrait aller boire un verre, si ça te dis. Je pouvoir t'expliquer un peu mieux la vie à DearDeath.

Je faillir rajouter « et te raconter d'autres histoires qu'y traînent ici », mais ça faire carrément promesses de filles, là. Je n'avoir pas l'habitude de proposer des activités aux gens, alors je m'y prendre probablement assez mal. Mais Basile n'avoir pas l'air bien méchant, et je en avoir marre d'être si froid avec les gens. Pourquoi suis-je forcé d'agir ainsi ? Avant la guerre, je n'étais pas non plus l'homme le plus sociable du monde, mais je me soignais. Je pouvoir dire que ça être une sorte de contrecoup. J'ai tendance à oublier ma dépression, alors je la subir sans m'en rendre compte. Et là, je vouloir remonter la pente. Ça fait peur, c'est sur. Mais je ne pas me voir vivre toute ma vie comme un robot, même si ce rôle me complet, de façon la plus étrange que cela puisse paraître.
Ce nouveau cuisinier a plusieurs fois chercher à faire la conversation, et j'ai à peine répondu, assez pour être poli, tout de même, mais pas assez pour paraître réellement sympathique, alors je pense que être à moi de faire des efforts.

- Enfin, ça être une simple proposition, toi pas forcé d'accepter, me repris-je en haussant les épaules.

Et puis je pense qu'il falloir que je lui laisse le temps de s'habituer à son nouveau mode de vie et de prendre le rythme.
Je tente un dernier sourire, et finis par lui tourner le dos et retourner à mon poste de surveillance dans la cour.

- Bonne chance Basilic, lui lançai-je pour conclure.

Conclusion dit peut-être trop rapidement. À la seconde où je m'éloigne de sa chambre, l'un de mes collègues me tombe à moitié dans les bras, et en l'écartant de moi je le découvre ensanglanté et paniqué. Il me hurle des mots, s'embrouillant tout seul, parlant d'un chien qui se serait échappé.
À peine le temps de comprendre, et deux autres gardiens l'entraînent, m'expliquant en deux mots la situation. Nouveau détenu, 'taré', aurait tenté de s'échapper en attaquant plusieurs surveillants.
Je balaie le couloir du regard, et tombe sur Basile, qui m'a rejoins, l'air paniqué. Nous nous observons un instant, complètement paumés, et des grésillements du côté de mon talkie me tire de mes pensées embrouillées.

« Monsieur Faszler, situation délicate dans la cour, besoin de renforts. Ne tuez pas le détenu, immobilisez-le, calmez-le. Magnez-vous ! »

L'arme à feu de Basile n'échappe pas à mon attention.

- Tu reste ici, même avec ça, c'est risqué.

L'agitation résonne jusqu'ici. Sans perdre plus de temps, je me précipite à l'extérieur, ayant toujours autant de mal à ne pas tomber dans les escaliers. Et en me retrouvant dehors, j'écarquille les yeux de stupeur. Des bagarres ont éclaté de par et d'autres de la cour, pas forcément détenus contre gardiens, d'ailleurs. Les gangs se battent entre eux, et les autorités ont un mal fou à les calmer. Et, de l'autre côté, prêt de la porte, le visage couvert de sang, un espèce de gamin fait s'écarter deux de mes collègues, qui pourtant ont l'arme aux poings.
Pourquoi n'avons-nous pas le droit de tirer ? En temps normal, cela n'importe peu à personne qu'un détenu soit assassiné, bien au contraire. Ce doit sûrement être lui qui a attaqué l'autre surveillant, et pas une bête sauvage comme je l'ai pensé.

- Luckas ! Ce type est malade, il a mordu trois des nôtres, on a pourtant simplement voulu le calmer, mais rien à faire !
- Comment il s'appelle ?
- Abel, il vient tout juste d'arriver, il avait pourtant une muselière. On sait pas qui lui a enlevé, mais on va se faire bien engueuler par le patron.

Les combats autour de nous semblent se calmer. Je être totalement prie au dépourvu, à tel point que je n'avoir même pas le réflexe de prendre une arme au cas où.

- Que vous voulez que je fasse ? M'enquis-je sans quitter le détenu blond des yeux.
- N'importe quoi qui puisse le faire cesser sa crise d'hystérie.
- Je pas être mieux qualifier que l'un de vous !
- Si le boss t'as appelé, c'est pas pour rien, t'as peur ou quoi ?
- Moi avoir peur ? Je pas avoir peur, je demande juste ce que je avoir à faire !

On commence à s'engueuler entre nous, ponctuant nos phrases de noms d'oiseaux tout à fait imaginatifs. Ça être plus compliqué pour moi, alors je me mets à l'insulter en allemand. Qui pourrait croire qu'il y a un mec prêt à nous arracher la tête avec ses dents à quelques mètres de nous ? Je garde tout de même un œil sur lui, on ne sait jamais de quoi il est capable, mais ne peut m'empêcher de déblatérer toutes les vulgarités que je connais à l'égard de ce con de gardien.

Ce connard de collègue m'énerve réellement, et très vite, je songe à en venir aux mains. Lui aussi, apparemment, car il m'attrape par ma veste, sûrement pour me susurrer ses insultes à l'oreille. Ou me les hurler. Je faire de même, bien sûr. On allait réellement finir par se taper dessus, quand un bruit de détonation nous fit cesser notre sympathique étreinte. Abel s'écroule en gémissant. Comme un seul homme, on tourne la tête vers l'acteur de ce coup de feu.

- Basile ? m'étonnai-je

Mon collègue et maintenant ennemi me repousse brutalement, si bien que je titube et tombe sur les fesses. La voix de Basile nous hurlant de faire quelque chose me tire de mes idées de meurtres, et en me relevant, je passe à côté de mon agresseur, très proche, en le fusillant du regard, et entreprend de rejoindre Abel.
Je ne pas aimer faire cela, mais d'un coup sec, du tranchant de la main derrière le crâne, j'assomme le détenu, et le retient pour amortir sa chute. Je lui passe les menottes, le soulève et le passe à Hervé qui était là depuis le début.
La cour reprend peu à peu son 'calme' habituel. Les détenus ou gardiens blessés sont amenés à l'infirmerie, d'autres emportés en cellule disciplinaire.
Après un énième regard noir à l'autre type, je rejoins Basile, qui n'avoir pas bougé d'un pouce. Je l'attrape par le bras et le tire à l'intérieur, ne faisans pas attention aux regards insistants des autres. Mes joues chauffent et la moutarde me monte au nez, en partie à cause de ce con de gardien.

- Je t'avoir pourtant dis de rester dans ta chambre ! Éclatai-je une fois dans le hall. Je pas savoir ce que tu vas avoir maintenant, tu ne pas être un gardien que je sache, si ? Non ? Non ! Tu ne pas avoir à te mêler d'une situation comme celle-ci, on nous avoir dit de pas faire de mal à ce détenu, scheiße !

Je tourne en rond, tentant de calmer ma colère ridicule. Ça être totalement excessif, mais je pas pouvoir m'en empêcher. Il est trop facile de m'énerver, et ce gardien y parvient parfaitement bien. Malgré cela, je me félicite mentalement de ne pas avoir réagit à son attaque. Point positif. Maintenant, faire comprendre à Basile que ce ne pas être parce qu'il vient d'arriver que les gens vont êtres gentils avec lui.

Et Basile surenchérit, criant encore plus fort que moi, ce qui, bien évidemment, m'énerve encore plus, moi qui avoir l'habitude de faire taire les grandes gueules des détenus. Mais ce que Basile dit me calme quelque peu. Quelque peu, bien sûr. Assez pour que je ne me remette pas à lui beugler dessus. Je me contente de prendre une longue inspiration par le nez, les lèvres pincées et les yeux lançant des éclairs, pour qu'il comprenne que pour cette fois, je ne relève pas.

Je lâche tout de même un petit « pff » emplit de mépris pendant qu'il se recoiffe. Pour la forme. Même après ce qu'il me dit, je continuer de faire la gueule. Il avoir bien visé pour que ça guérisse vite ? Il être un tireur d'élite pour paraître aussi sûr ? Non, je ne pas croire. Un tireur d'élite reconvertit en cuisinier, la bonne blague. Enfin, ça ne vouloir rien dire. Mais si, un peu, quand même.
Je être la seule personne, mais en même temps il n'est ici que depuis aujourd'hui. Pour un peu, ça me ferait rire.
Quand il me rappelle la proposition que je lui avoir fais tout à l'heure, je lève un sourcil. On dirait que c'est sur moi qu'il a tiré une balle tant il paraît piteux.

- Ja, mais écoute-moi la prochaine fois. Je ne pas penser que tu avoir des problèmes à cause de ça, je espère juste que nous n'en avoir pas.

Je lâche un soupir et balaie le hall d'entrée du regard, maintenant vidée. Un vilain mal de tête me fit froncer les sourcils. Une chose est sûr : Basile ne sera pas le genre de mec à se laisser marcher sur les pieds, ce qui être plutôt une bonne chose.
En fin de compte, je avoir définitivement envie d'être sympathique avec lui, rien que parce qu'il être européens, et que ça me manque. Je consulte ma montre. La soirée ne va pas tarder à être entamer, et je pas travailler, ce soir. Ce serait une bonne idée pour Basile d'arrivée avec une bonne image de la prison en tête. Je reporte mon attention sur lui :

- Tu avoir quelque chose à faire ce soir ? À moins que tu avoir envie de te reposer de ton voyage. Ça être comme tu le souhaite.

En espérant que je ne sois pas appelé en catastrophe par le patron, bien évidemment.