Une prison pas comme les autres ... Quel que soit votre crime, vous le paierez.
 
AccueilPortailDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
-45%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go /1 To
1099.99 € 1999.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 Panic. No Panic. [Terminé]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité



Panic. No Panic. [Terminé] Empty
MessageSujet: Panic. No Panic. [Terminé]   Panic. No Panic. [Terminé] Icon_minitimeVen 7 Mar - 0:03


La lettre est posée sur mon bureau de puis trois jours. Je lui jette un coup d’œil terne, meurtri. On doute de ma santé mentale. Oh bien sur, on cache ça sous de jolis mots, sous de belles tournures de phrases, sous de soi-disant bonnes intentions. Le résultat reste le même. On veut vérifier que je ne devienne pas un foldingue et que je peux toujours manier des couteaux sans vouloir tout découper autour de moi. Ils ne savent pas pourquoi j'ai fait ça. Ils ne savent mais mais ils croient pouvoir me juger, estimer ma santé mentale.
Ma main se tend vers la lettre mais elle retombe mollement contre mon genou. Inutile, je ne sais déjà que trop ces mots blessants par cœur. La directrice y parle de mon ''petit incident'' et d'un ''suivi psychologique adapté face à cet événement choquant''. Mais bien sur. Tant de mensonge. J'ai ignoré la recommandation de la fin trop longtemps. ''Prenez rendez-vous aussitôt que possible avec notre psychologue qui saura répondre à vos questions et vous aider à traverser cette passe difficile. Passe difficile … Ce que j'ai fait était bon. Bien. Généreux. Adapté. Et je voudrais juste tourner à page. Pourquoi faut-il toujours en parler ?
J'ai prit rendez-vous ce matin, juste après le petit déjeuner. De la bouillie et une tranche de pain grillée. Cramée. Chef Louis était en rogne ce matin. On m'a mit en pause jusqu'à ce que je sois remit du coup il est seul en cuisine, avec les détenus. Oh … Le pauvre. Je le plains. Il était grand temps que j'agisse. On m'a dit que la psy serait libre vers seize heures, le jour même. Si tôt. J'avais envie qu'on me dise qu'elle s'était enfuie et qu'on aurait probablement pas d'autre psy avant un moment. Mais elle a l'air relativement peu occupée. En même temps, avec les cas sociaux déjà trop perdus et les gens sains et froids, elle ne doit pas avoir tant de travail que ça. Je crois même en avoir plus qu'elle. Surtout le service du vendredi soir. Il faut maîtriser les détenus mécontents et contenter les gardiens grognons de leur semaine.
Un coup d’œil à mon réveil en forme de cochon m'indique qu'il est déjà quinze heures quarante cinq. Je me lève et soupire. J'ai une barbe de trois jours, les cheveux un peu emmêlés et mes fringues sont toutes étirées. Je les porte déjà depuis une semaine. Je ne dois qu'à mon hygiène irréprochable qu'elles sentent encore le propre et non la sueur, comme mes draps. Je cauchemarde énormément en ce moment. Toujours la même pensée … Et si j'étais arrivé trop tard ?
Je repense à cette détenue que j'ai accueilli hier. Est-elle si différente d'Alice ou est-ce que je ne suis plus du tout objectif. Elle me rappelle tant ma sœur. Tellement que je suis prêt à tuer. Tuer pour elle. Je veux juste oublier. Laissez moi tranquille ! Laissez moi aller de l'avant. Je ne veux pas y penser. Plus y penser. J'ai tué un homme, ôté une vie. Le poids qui pèse sur ma conscience n'est-il pas suffisant ? Faut-il aussi que je doive avouer mon crime à plus de gens que ma langue ne pourra le supporter ? Laissez moi tranquille, ma tête va exploser. Je ne suis pas une attraction. Laissez moi tranquille.
Je me lève, presque sans vie et je sors de ma chambre après avoir mit ma vieille veste en cuir sur le dos. Il fait frisquet ces temps-ci, même dans la prison. L'humidité de l'hiver pénètre dans les os, les abîmes, les fait grincer. C'est désagréable. Je déteste cet hiver américain. J'ai envie de rentrer chez moi, de n'en être jamais parti.
Une fois devant le bureau de la psy, j'hésite. Est-ce que j'ai seulement envie d'entrer là dedans ? De m'en approcher, ne serait-ce qu'un peu ? Certainement pas. Qu'est-ce qui m’empêche de m'en aller comme un voleur et de ne plus jamais revenir ? Des visages tristes défilent devant mes yeux. Alice. Luckas. Ulrick. Des amis précieux que je ne peux pas me permettre de perdre. Poussant un long soupir, je me décide à taper trois grands coups pour m'annoncer puis à pousser le battant de la porte.
Voilà, on y est.


« Bonjour … Je suis là pour le rendez-vous de seize heures. »

Je m'avance vers elle et lui tend la main, souriant. Je joue toujours aussi bien la comédie.

« Basile, enchanté. »

Je n'ai aucune foutue idée de quel est son nom et pour être honnête je m'en fous. Je vais lui déblatérer la même version qu'aux gardiens ( ''Je l'ai tué par légitime défense, j'ignore ce qu'il me voulait, Alice nous a surprit alors qu'il était déjà mort.'') et sortir d'ici tout aussi coupable qu'avant. Mais au moins, on me laissera aller de l'avant.


Dernière édition par Basile Ducros le Dim 16 Mar - 0:43, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Ayame Shizuka
Psychologue
Psychologue
Ayame Shizuka

Date d'inscription : 13/07/2012

Mon personnage
Âge : 23
Nationalité : Américano - Japonaise
Fréquentations :

Panic. No Panic. [Terminé] Empty
MessageSujet: Re: Panic. No Panic. [Terminé]   Panic. No Panic. [Terminé] Icon_minitimeDim 9 Mar - 0:19


Je n'avais jamais été frileuse. Non, jamais. C'était l'une des – rares – choses que je tenais de mon père, d'ailleurs. Alors pourquoi est-ce que j'avais enfilé des collants noirs, et le long gilet de laine de ma mère ? Alors que ma tunique et mes bottes auraient amplement suffit à me tenir chaud ... Aucune idée. Peut-être parce qu'au fond, j'avais réellement froid. Un froid psychologique, en écho à mon incapacité à ressentir quoi que ce soit.

Quand l'idée de sortir, pour faire des rencontres ou m'amuser un peu, m'avait traversé l'esprit ... J'avais imaginé que je saurais me tenir à carreau, pour une fois. La soirée de la veille avait achevé de me prouver que ... me faire des promesses ne servait à rien. Je m'étais tout de même retrouvé dans le lit d'un inconnu. Il avait eu la gentillesse de ne pas relever l'existence de ma cicatrice, n'avait pas été brusque un seul instant. J'aurais pu passer un bon moment ... mais ... Ce n'était pas normal, pas logique. L'image, le visage d'Allesbury, ses mots n'avaient pas à se former dans mon esprit ... pas alors que j'étais avec une autre personne, totalement différente. Un ... un flash-back éveillé. Je ne savais pas vraiment ... Comment, ni pourquoi ... une angoisse qui m'avait poussé à me rhabiller en vitesse, à quitter la chambre sans un mot. Laissant planté là un homme charmant qui n'avait rien dû comprendre à mes réactions.

Le chauffeur de taxi qui m'avait ramené par la suite, vers trois heures du matin, avait sagement décidé de ne rien me demander de plus que ma destination. Il n'avait même pas protesté, à l'idée de m'y emmener. Mes larmes devaient être suffisamment dissuasives ...

Et finalement, toutes ces émotions trop fortes s'étaient anesthésiées, lorsque j'avais été de retour à ma chambre. Ombrage était absente. J'avais récupéré les poèmes d'Emily Dickinson sur sa table de chevet ... et j'avais lu en attendant de sentir on angoisse et ma culpabilité se tarir. En fait, ce genre de chose arrivait constamment depuis ... depuis. Je vivais une situation émotionnelle intense, et après coup ... je tentais de m'en détacher au point d'anesthésier mes ressentis. Il fallait que ça cesse. J'avais donc pris rendez-vous chez un thérapeute, le matin même.
Oui. Je m'étais fait la réflexion, au passage, que j'avais trop attendu ... J'avais suivi ma dernière thérapie au pays, et je l'avais arrêtée par obligation plus que par choix. On ne pouvait pas s'offrir un aller-retour USA-Kansai toutes les semaines, pas vrais ? Mais j'avais été stupide de ne pas chercher quelqu'un ici plus tôt ...

Et puis, l'existence de mon estomac c'était rappelée à mon esprit. Je mangeais également beaucoup moins, ces derniers temps. J'avais perdu deux kilos en moins d'une semaine, et je savais qu'il fallait que je me force à ... à retrouver la santé, dirons-nous. J'avais occupé mon temps restant à trier et organiser des dossiers, et je m'étais même fait la réflexion que je devrais demander à récupérer un coin des archives.

Mais finalement, l'heure fatidique était arrivée. Seize heures. Rendez-vous avec un membre du personnel.Un certain Basile, qui aurait apparemment tué un détenu en voulant se défendre ... En lisant ce qu'on lui reprochait, j'avais été prise d'un fou rire. Vraiment. Pourquoi ? Oh, parce que je ne voyais pas où était le problème ! Il avait été agressé, il s'était défendu, l'un des deux était mort ... soit. Et alors ? Il s'était défendu, et il allait bien. N'était-ce pas ce qui aurait dû compter, pour la directrice ? Qu'il soit toujours vivant, et sauf ?
Et puis, j'étais lentement revenue à la raison. Un cuisinier, avait tué quelqu'un. Au fond, le résultat était le même que s'il s'était laissé agresser. Il devait avoir des séquelles ... ou pas. J'étais sensé constater ça par moi-même. J'étais sensé me concentrer, alors que mes capacités de réflexion comme d'analyse étaient douloureusement altérées par le manque de sommeil et l'anxiété. J'avais ajouté aux cachets qui me tenaient éveillés d'autres médicaments sensés apaiser mon stress. Et j'avais battu mon record de temps passé devant la glace le matin, puisque le mettais plus d'une demi-heure à effacer au mieux mes signes de fatigue.

Finalement, je sursautais en entendant frapper à la porte. Et quand elle s'ouvrit ... le visage blond qui apparut me fit étrangement penser à celui d'Haru. Pourtant, il n'y avait pas de ressemblances flagrantes. Mais finalement, il n'y avait pas beaucoup de têtes blondes, par ici.

"Bonjour ... Je suis là pour le rendez-vous de seize heures."

Il s'agissait donc bien de Basile. Comme toujours, quelqu'un qui se trouvait être bien plus grand que moi. Un jour, je devrais faire une enquête. Me renseigner, histoire de savoir si la taille entrait dans les critères de sélection de McDaven. Si c'était le cas, je lui suggérerais peut-être également de revoir le chiffre à la baisse ... Peut-être qu'ainsi, je n'aurais plus à porter des talons de dix centimètres pour me sentir un peu ... dans la norme ?
Aller, Aya. Ce n'est pas le moment de te dire des idioties.
Du peu que je savais déjà, monsieur Ducros était quelqu'un d'obstiné et souriant. Pourtant, il y avait quelque chose de forcé dans ce sourire. En fait ... C'était comme s'il présentait un décalage avec son attitude. Il me paraissait légèrement sur la défensive, comme s'il ne voulait pas être là. Et en même temps, quand il s'agissait de sourire par politesse plutôt que par sincérité, je n'étais pas étrangère à la pratique. Je lui rendis donc son sourire, en me levant.

"Basile, enchanté."

Ah ... une main tendue. J’eus un instant d'hésitation, me demandant ce qu'il attendait de moi ...
Avant de réaliser qu'il attendait que je lui serre la main. Ce que je fis donc, d'un geste peu assuré. En réalité ... Je n'étais pas du tout habituée à cette pratique. Aussi, je le relâchais presque aussitôt, réajustant une mèche de cheveux d'un geste embarrassé. Ma poigne ne devait vraiment pas être convaincante. En même temps, quand on est élevé à coup de mokurei et de révérences, la poignée de main devient comme le 'Yo'. Il ne fait pas partie des premières choses qui vous traversent l'esprit lorsque vous faites la connaissance de quelqu'un ...

"Ayame. Je suis ravie de vous rencontrer, Basile. Je suppose que vous êtes ici sur demande de la directrice ?"

Pourquoi lui poser cette question, avant toutes les autres ? Parce que s'il ne décidait pas lui-même qu'il avait un intérêt à se trouver ici, je ne tirerais probablement rien de lui. Comme à mon habitude, je m'assis sur l'un des fauteuils de cuir, en lui désignant l'autre siège d'un léger signe de tête. Autant l'inviter à s'asseoir. Ne serait-ce que dans l’hypothèse où, par miracle, je le convaincrait qu'il pouvait parler.

"Je sais que le monde extérieur est ... différent ce qui se passe entre ces murs. Et puisque je ne vous ai jamais aperçu en cuisine, je suppose que vous êtes arrivé assez récemment. Je me demande comment vous ... vous adaptez."

En réalité, je savais que Basile remplaçait un cuisinier qui s'était récemment ... absenté. Et que le chef était en crise, en ce moment. C'était en parti pour cela que je ne descendais plus aussi souvent à la cuisine, pour faire mes propres petits plats – j'étais suffisamment angoissée sans avoir besoin d'entendre crier. Ça, et la diminution de mon appétit.

"Mais contrairement à McDaven, je ne prétendrais pas savoir si vous avez besoin de parler ce qu'il s'est passé à la laverie."

D'autant qu'il y avait autre chose, à propos de cet incident, qui me rendait bien plus soucieuse. Apparemment, Alice aurait été la première sur les lieux ... et cette idée m'inquiétait. J'aurais voulu aller la voir. J'aurais voulu ... beaucoup de choses, pour cette petite fille. Mais je ne pouvais pas, parce que la menace d'Allesbury planait toujours au-dessus du moindre de mes gestes.
Revenir en haut Aller en bas
https://deardeath.forumactif.fr
Invité
Invité



Panic. No Panic. [Terminé] Empty
MessageSujet: Re: Panic. No Panic. [Terminé]   Panic. No Panic. [Terminé] Icon_minitimeDim 9 Mar - 12:58


L'humidité est moins présente dans cette partie des bâtiments j'ai l'impression. Elle pénètre moins dans mes os, sous ma peau à m'en rendre malade. Ou alors c'est juste une illusion. Peut-être que j'ai juste un peu moins cette sensation parce que je ne suis plus seul. Je n'ai revu personne à part Ulrick depuis l'incident. J'évite Luckas comme la peste et je ne sais pas où est passée Alice. On ne doit pas se croiser. Luckas … Je ne veux pas l'inquiéter. Et je n'ai rien raconté à Ulrick. Je ne veux pas qu'on se fasse du souci pour moi parce que je vais bien. Je vous jure je vais bien … Je dois juste tourner la page. Une bonne fois pour toute. Je ne vais pas m'attarder ici, je veux juste qu'elle signe mon autorisation de reprendre le travail. D'ailleurs je dois sembler assez pressé.
Elle n'a pas l'air d'avoir passé une bonne nuit. Ou une bonne semaine. La psy a une peau affreuse, enfin je dois dire que moi aussi. Depuis le meurtre, je ne me suis plus appliqué de crème de jour ni de maquillage. Juste le minimum hygiénique. Douche, lavage de visage, déo. Même pas de lait de corps, moi qui adore pourtant embaumé le citron et le thé noir. J'ai même des cernes affreuses sur lesquelles je n'ai même pas pensé à appliquer de sachet de tisane. Je crois que je suis trop maniéré d'habitude. Au moins, sur ça Ulrick et moi nous rejoignons. Il ne correspond pas du tout à l'image que je me faisais d'un irlandais.
Je déteste me retrouver face à un psy qui ne me donne pas confiance. Je me souviens de Mademoiselle Julin, l'ancienne thérapeute de ma sœur. Elle se bourrait d'anti-dépresseurs et elle avait toujours des cernes de dix centimètres en dessous des yeux. Une fois, elle avait même éclaté en pleurs devant moi et ma sœur. Quand on a pas un coffre émotionnel puissant, on ne fait pas psy, c'est tout.
J'ai mal à la tête. Je revois sans cesse les images du crime devant mes yeux. Le sang, le visage affolé d'Alice... La senteur framboise bon marché.
La psy a l'air beaucoup trop maigre aussi. Toutes les filles ici ont l'air beaucoup trop maigres, que ce soit les détenues ou le personnel. Ma mère serait folle en voyant ça, déjà qu'elle me trouve trop sec et qu'elle trouvait notre dernière serveuse trop maigre alors qu'elle avait un poids tout à fait respectable selon moi... Je l'imagine d'ici hurler à tout le monde qu'il faut manger plus. Elle me manque. Je devrais poser un congé le mois prochain pour aller la voir. Je ne lui dirais jamais que j'ai tué quelqu'un.
Le bureau m'a l'air confortable en tout cas. Idéal pour piquer un somme entre deux clients. Elle se lève et me sourit en retour. Simple politesse, je me doute bien qu'elle n'est pas ravie de m'avoir dans son bureau. Mon sourire s'agrandit. Je constate par la même occasion qu'elle est petite. Enfin, qui, ici, n'est pas trop petit pour moi ? A part Luckas …
Elle semble hésiter à me serrer la main. Nan mais elle est propre, je vous jure ! Ou alors elle n'est pas habituée. Elle m'a l'air asiatique mais tous les typés asiatiques ne viennent pas d'Asie forcément. Après, nous sommes à DearDeath, une prison qui accueille des gens venus du monde entier.
Elle me serre finalement la main et j'apprends son nom. Ayame. C'est … japonais ça ? Thaïlandais ? A part en cuisine et un peu en musique, je ne m'y connais pas beaucoup en culture asiatique. Et j'ai envie de nouilles maintenant. Elle suppose et elle suppose bien. Je hoche la tête brièvement. Je ne veux pas m'étendre sur le sujet. J'obéis à son invitation muette et m’assoit sur un siège confortable. Pour le personnel, le confort ne manque pas à DearDeath. Sans doute pour nous faire oublier les murs lézardés et la cuisine dont j'ai nettement relevé le niveau ces dernières semaines.
Elle me demande comment je m'adapte. La blague. Je soupire imperceptiblement et baisse les yeux. Ma vie est un enfer. Satisfaite ? Enfin, au moins j'impose un minimum le respect aux détenus depuis que je me suis abaissé à leur niveau.
Elle ne veut pas savoir ce qui s'est passé à la laverie. Bien, parfait. Allons y, Alonzo.

« Je vais très bien. Je … J'ai un petit coup de mou mais dès que j'aurais reprit le travail ça ira mieux. »

Un ange passe. Je relève les yeux.

« D'ailleurs je suis là pour ça. J'ai besoin de vous pour reprendre le travail. »

Bien sur qu'elle sait de quoi je parle. McDaven a du lui envoyer un mémo.
Revenir en haut Aller en bas
Ayame Shizuka
Psychologue
Psychologue
Ayame Shizuka

Date d'inscription : 13/07/2012

Mon personnage
Âge : 23
Nationalité : Américano - Japonaise
Fréquentations :

Panic. No Panic. [Terminé] Empty
MessageSujet: Re: Panic. No Panic. [Terminé]   Panic. No Panic. [Terminé] Icon_minitimeLun 10 Mar - 18:34



Il soupire, baisse les yeux à ma question ... Mais ne lâche rien. Il se contente juste de me dire que tout ira mieux quand il aura repris le travail. Et moi, je devrais gober ça. Oh oui, après tout, ce n'est pas comme si j'étais familière des effets dévastateurs de la culpabilité et de l'angoisse. A cette pensée, mon sourire se fit même plus sincère.

"D'ailleurs je suis là pour ça. J'ai besoin de vous pour reprendre le travail."

Reprendre le travail ...
Bien sûr, chacun possédait une propension à la violence, qui si elle n'était pas limitée dès l'enfance par l'enseignement des lois et des règles sociales, ferait des humains une espèce prête à s'entre-déchirer pour un timbre. Je schématisais de façon très grossière, évidemment. Mais quoiqu'il en soit, l'homme était élevé dans l'idée qu'il devait contrôler ses pulsions violentes ... Et le jour où il ne le pouvait plus, le jour où il enfreignait les règles qu'il lui étaient dictées ... Il ne pouvait que se demander, plus ou moins consciemment, s'il n'était pas un monstre. Même lorsque ses raisons d'avoir dépassé les limites étaient les plus claires du monde, les plus valables de l'univers ... Il était difficile de transgresser d'un seul coup des règles martelées et édictées durant toute une vie.
Certains trouvaient du plaisir dans cette révolte, finissaient par l'apprécier au point de décider de la répéter, encore et encore ... C'était le cas d'un certain nombre de personnes, ici ... Cian, qui appréciait le frisson du meurtre. Anderson, qui aimait le challenge d'un braquage. Mais ces personnes se trouvaient d'avantage du côté des détenus. J'osais espérer que Basile serait de l'autre côté des barreaux, si son but était de s'amuser à transgresser les interdits de notre société.

"Juste un 'coup de mou' ... Donc, je dois déduire que vous ne faites aucun cauchemar, pas de montée d'angoisses, d'insomnies, de culpabilité ou de difficulté à réguler vos émotions ?"

Une fausse question. Au fond, ses vêtements froissés et ses cernes étaient une réponse presque claire.
Oui, je prétendais que je n'avais pas besoin qu'il me parle de cet incident. Sauf qu'en fait ... Ce n'était pas totalement vrai. Je n'étais pas étrangère à la tactique du "N'en parlons pas, tout ira bien." Le problème ? Je me rendais parfaitement compte qu'il ne s'agissait ni plus ni moins que d'une façon de fuir.

McDaven faisait partie des nombreuses personnes qui estimaient qu'avant d'être psy, il fallait soi-même être irréprochable, mentalement parlant. D'où le fait qu'elle ne juge absolument pas nécessaire de me mettre en arrêt, alors qu'elle savait que je m'étais faite agresser par un détenu. Perdu. Le dire ainsi paraitrait peut-être immature, mais ... Après tout, je n'étais qu'une gosse de riche à problème, qui s'était auto-élevée, et avait cherché à compenser son comportement défaillant en se classant dans les premières de la classe. J'avais décroché mon diplôme bien trop jeune pour savoir à quoi me préparer, alors il était plutôt logique que je me remette sans cesse en question ... et que je me fasse aider à ce sujet. Et à tous les autres.

Mais il y avait une grande différence entre Basile et moi. Il était plus âgé, ne faisait pas mon travail, il était fraîchement arrivé et ... McDaven ne connaissait pas son père. Alors elle le soupçonnerait plus facilement de pouvoir, disons, péter les plombs. Et elle me payait pour empêcher que ça se produise. Moi, dans tout ça ?
Je n'avais aucune envie de le forcer à parler. Et je n'avais pas besoin d'être perspicace pour savoir ce que ma poignée de main, mon attitude, mes réflexes reflétaient en ce moment : une femme faible et peu sûre d'elle, qui ne devait pas inspirer confiance. Pourtant, une chose était évidente ... Il avait effectivement besoin de moi pour pouvoir reprendre son travail. C'était peut-être ce qui me poussa à me montrer plus brusque qu'à l'accoutumée. Un sourire de défi, presque provocateur, tandis que je croisais les jambes.

"Je suis contrariante, immature, et difficile à convaincre, Basile. Mon point de vue, c'est que vous risquez de vous épuiser, à retenir ce qu'il s'est passé sans jamais l'exprimer."

Soyons honnête avec nous-même. J'en avais assez de jouer la gentille jeune femme douce et compréhensive, qui finissait invariablement par payer sa méthode d'approche. Autant en tester une autre. Plus adaptée à ... Ma dépression naissante, dira-t-on. Plus drôle. Oui, au fond, c'était une sorte de défi que je lançais au cuisinier. Convainquez-moi. Un défi que je me lançais à moi-même, aussi. Soit capable d'être plus agressive que d'habitude. Malheureusement, Basile, il fallait que mon expérience tombe sur vous ...

"Si vous pensez que reprendre le travail est la meilleure chose que vous puissiez faire pour l'instant ... Je ne vous contredirais pas. Mais, je vais vous demander de m'expliquer pourquoi. Pourquoi vous refusez de profiter de votre arrêt pour vous ... reposer, et prendre soin de vous."

Et si Basile parvenait à me convaincre, alors je rédigerais une jolie lettre à l'intention de la directrice afin d'être sûre qu'il retournerait très vite en cuisine. Ce n'était pas forcément prudent ... Après tout, une cuisine était vraiment l'endroit où il pourrait se passer n'importe quoi. Cela dit, c'était sûrement une pièce plus sûre que mon bureau, en définitive ... Qu'est-ce que j'avais dit à Anderson déjà ? Que les médecins étaient les derniers à suivre leurs propres conseils ? Et bien oui. En voilà encore une preuve.

Mais ce ne fut qu'après lui avoir posé cette question, indirectement, que je réalisais que ... si je devais me concentrer, j'aurais peut-être dû commencer par autre chose. Parce que, j'avais beau essayer de parler calmement, d'un ton presque enjoué, je ne parvenais pas totalement à effacer la tension qui apparaissait à l'idée qu'Alice puisse souffrir. Je n'avais jamais été bonne comédienne. Je pouvais faire semblant d'aller bien, mais il y aurait toujours un détail pour signaler que je ne ressentais pas ce que j'aurais dû ressentir. En l'occurrence, malgré mon léger sourire, tous les efforts que je faisais pour paraître détendue ... Il y avait mon regard, un peu trop fuyant. Et ma main valide, trop crispée sur les attelles qui couvraient mes phalanges.
En réalité, j'étais bien plus préoccupée par Alice que par l'homme en face de moi.
Revenir en haut Aller en bas
https://deardeath.forumactif.fr
Invité
Invité



Panic. No Panic. [Terminé] Empty
MessageSujet: Re: Panic. No Panic. [Terminé]   Panic. No Panic. [Terminé] Icon_minitimeMar 11 Mar - 12:14

La psy aux yeux de biche ne semble pas convaincue. Je n'aime pas ça. Elle va me tenir la jambe comme elle le ferait avec n'importe quel patient. Elle va me poser des questions bateaux et essayer de me convaincre en me faisant croire que ça ne va pas, que je dois me confier, que ça ira mieux après. La meilleure thérapie c'est d'oublier. Oublier que ma sœur est loin, bien loin, oublier que ma mère est une catastrophe ambulante, oublier que j'ai tué un homme qui avait peut-être juste eu un coup de sang, oublier que je suis venu m'enterrer ici parce que j'ai peur d'avoir la même pathologie que ma sœur.
J'ai peur d'être malade comme elle, que ma maladie se soit juste endormie le temps que … Mais avec l'incident de l'année dernière je ne suis plus sur de rien. J'ai tellement peur de devenir fou et de passer de l'autre côté du grillage. J'aurais mieux fait de ne rien faire et de continuer ma petite vie, peut-être que tout serait allé mieux avec le temps. Mais ici … Regardez j'ai déjà fait un mort. Si je vais en dire un mot à la psy ? Certainement pas, je n'ai pas envie de finir en asile. Et oublier est la meilleure technique que j'ai expérimenté jusqu'à présent.
Ma vie a été plutôt saine dans l'ensemble. Je n'ai pas eu un premier mari violent comme ma mère ou un père qui me mettait la pression de façon malsaine pour que je gagne à tout prix dans le monde de la cuisine, comme ma sœur. Mais au final, est-ce que je ne suis pas aussi dangereux qu'elles ? Pour moi même et pour la société dans son ensemble.
Est-ce que je mettrais mes amis en danger rien que par ma présence et mes coups de sang ? Mon père me disait souvent qu'avoir le sang chaud est normal pour quelqu'un du Sud.
Les cauchemars, ça j'en fais, oui. Oui je me revois tuer ce mec chaque nuit. Parfois il y a des variantes, parfois il me supplie, parfois il me traite de lâche. Mais ça ne change jamais rien. Je le tue à chaque coup, sans faillir. Les montées d'angoisses et les insomnies, je ne connais pas. L'infirmière m'a prescrit des somnifères. Assez pour endormir un troupeau. J'en prends un chaque soir pour aller au pays des rêves et c'est la béatitude complète. Si je me sens coupable ?
Bien sur que oui. Chaque minute de la journée, je me sens sali, coupable, immonde, un monstre. Chaque seconde de chaque minute de la journée, je me sens immonde, injuste. J'ai demandé à Joe de me trouver le dossier du mec que j'ai envoyé en enfer -parce que s'il était à DearDeath, il devait bien être un enfoiré, non ? - et à ce moment je saurais si j'ai raison de m'en vouloir. Et s'il avait presque fini sa peine ? Et s'il avait une femme et des gosses ?
Je ne veux plus penser à ça. Ce soir à vingt heures j'aurais ma réponse, j'ai rendez-vous avec Joe. Je ne veux pas en parler. J'aurais mieux fait d'attendre demain pour ce rendez-vous avec la psy. Mais j'ai besoin de me remettre dans le bain. J'ai besoin d'être sur, d'être certain que mon monde ne s'est pas écroulé. Que les gens que j'aime sont toujours là, qu'ils m'aiment, qu'Ulrick vient toujours manger en cuisine, qu'on peut toujours boire un verre de vin de la cave de la vieille McDaven – elle nous doit bien ça vu le salaire minable qu'on gagne – et s'amuser en parlant de nos vieux souvenirs.
J'aimerais qu'on en finisse rapidement. Qu'elle signe ce papier, qu'elle ne me parle pas de thérapie et surtout, surtout, qu'elle n'essaye pas de lire dans mes pensées parce que je lui dis que je vois un singe avec des girafes quand elle me montre la tache de son café de ce matin sur un buvard quelconque. Je déteste qu'on essaye de lire en moi, ça me fait juste me refermer encore plus.
Et voilà, ça ne rate pas, elle essaye de lire en moi. Elle essaye de me faire croire que parler est la meilleure chose pour moi. Et en plus elle se qualifie elle même de gamine immature. Elle a quel âge pour croire que ça va marcher ? Trois ans ? Parce que se déprécier devant un patient n'est pas la meilleure chose à faire quand on est censé le mettre en confiance. Je ne veux ni d'une thérapeute, ni d'une amie. Je veux juste mon putain de papier. Passe ton chemin.
Elle semble tout à coup sure d'elle, plus avenante, prête à plus de choses. Elle joue mal la comédie. Au moins, je ne parlerais pas à un légume sur toute la consultation. Je n'ai pas franchement envie de faire un monologue sur moi-même et combien je me sens monstrueux. J'ai juste envie qu'on me laisse tranquille, juste un peu. Après, j'en parlerais sûrement. Mais pas à un inconnue parce qu'elle a un diplôme qui dit qu'elle sait faire ''hm hm'' en boucle.
Prendre soin de mon arrêt pour prendre soin de moi ? Nan mais la bonne blague.


« Si je continue à rester toute la journée à rien faire, je vais vraiment devenir fou. J'ai besoin d'action j'ai besoin de la pression du service du soir pour évacuer mon stress. Et en temps normal je sais parfaitement prendre soin de moi. Merci. »

J'ai dit ça sur un ton un peu plus amer que ce que j'aurais voulu. Elle va sûrement se sentir agressée et se replier sur elle même. J'espère qu'on ne va pas passer une heure dans le silence sinon je pourrais péter un câble et lui agrafer les cheveux à son bureau. Violence extrême.
Revenir en haut Aller en bas
Ayame Shizuka
Psychologue
Psychologue
Ayame Shizuka

Date d'inscription : 13/07/2012

Mon personnage
Âge : 23
Nationalité : Américano - Japonaise
Fréquentations :

Panic. No Panic. [Terminé] Empty
MessageSujet: Re: Panic. No Panic. [Terminé]   Panic. No Panic. [Terminé] Icon_minitimeMar 11 Mar - 18:55


"Si je continue à rester toute la journée à rien faire, je vais vraiment devenir fou. J'ai besoin d'action, j'ai besoin de la pression du service du soir pour évacuer mon stress. Et en temps normal, je sais parfaitement prendre soin de moi. Merci."

Bien sûr, je l'agaçais. En même temps, mes phrases n'avaient eu que ce but. L'agacer, le provoquer. But atteint. Alors qu'est-ce qui m'empêcha de poursuivre sur cette voie... ?
Aucune idée. Peut-être la violence que je sentais dans son ton, son attitude. Et visiblement, je l'avais offensé ... Ma réaction ne fut donc pas celle qu'elle aurait dû être, si j'avais poursuivi ma tentative. Je baissais les yeux, soupirant silencieusement. Je me sentais ... frustrée. En colère contre moi-même. Je n'avais pas besoin de le répéter. Qu'elle soit verbale, physique ou émotionnelle, je tenais la violence en horreur. La plupart du temps, je tentais sincèrement d'être douce, voire prévenante avec ceux qui m'entouraient. Malheureusement, un comportement violent de la part des autres pouvait facilement me pousser à bout ... avec des conséquences désastreuses. Et ma fatigue, mon manque de concentration actuel ne me facilitait pas la tâche.

Finalement, n'avais-je pas autre chose à faire ? M'obstiner à essuyer la violence contenue de Basile, alors qu'il ne réclamait rien d'autre qu'une signature ... ça ne me serait pas utile. Sauvegarde des apparences ou tentative désespérée de me raccrocher à la routine ? Pourquoi continuais-je à poser des questions, à demander des réponses, à provoquer et à discuter ? Sans jamais, le moindre résultat ?

Mon père avait raison. Je devrais ... Laisser tomber. Démissionner. Rencontrer cet avocat dont il m'avait parlé. Me marier, devenir la femme au foyer qu'il avait toujours voulu que je sois. Au moins, si j'agissais ainsi, ce serait la première fois que je ne décevrais pas l'ambassadeur. Et puis, peut-être serais-je plus douée pour faire le ménage, la cuisine, et élever des enfants que pour ce que je faisais actuellement. Mais ... Je savais très bien que je ne le pouvais pas. A supposer qu'à vingt-trois ans, j'aie déjà envie de m'enferrer dans un mariage, je connaissais une personne qui me le ferais payer. Ici ou ailleurs, dans vingt ou trente ans, il ne pourrait pas supporter que je lui échappe. Il était trop ... maladivement possessif. Fou ...? Non.

Folie ... un mot en lequel je n'avais jamais cru. Pour moi, il n'y avait que maladie, ou raisonnement incompris. Pas de folie. Et pourtant ... Désespoir. Ce sentiment que quoi que l'on fasse, il n'y a aucune échappatoire. Comme si mon âme finissait par disparaître, lentement. Je la sentais se déformer ... Captivité. Une expression que mon esprit expérimentait un peu plus, jour après jour, en m'enfonçant dans les ténèbres qu'un malade avait créé à mon intention. Incapable de fuir.
Sans relever les yeux, sans même faire un seul geste, je me contentais de murmurer :

"Navrée de vous avoir offensée."

Ma voix était froide, bien plus que d'ordinaire. Pourtant, je n'étais pas contrariée, ou vexée. Simplement en écho à mon intérieur glacé, en écho à ce que j'étais en train de réaliser ...

Désespoir. Captivité.
Deux mots qui me conduisaient, peu à peu, à un état que je ne pouvais plus qualifier autrement que de ... de ce en quoi je n'avais jamais cru. La folie. Parce que je ne me sentais plus moi. Comme si j'étais quelqu'un d'autre, que mes comportements n'avaient ni logique ni réflexion. Comme si je faisais les choses ... Parce qu'elles devaient être faites, simplement. La fin, le début n'avaient plus de significations.

Ce n'était qu'une question de temps avant que mon esprit ne flanche définitivement. Une question de temps avant que les illusions que me faisait miroiter le Lord ne deviennent une réalité. Une question de temps avant que je ne perdre toute liberté. Une question de temps avant de sombrer dans la folie ... Et pendant ce temps qu'il me restait, il y avait Ombrage. Je voulais l'empêcher de détruire sa vie. Ou du moins, ce qu'il en restait. Elle voulait tuer Allesbury ... Mais si elle le faisait, elle risquait de basculer du statut de gardienne à celui de détenue. Sa vie risquait de devenir un enfer.
Pendant ce temps qu'il me restait, il y avait une dernière personne qui payerait la moindre de mes tentatives de fuite. Celle que j'aurais bien du mal à supporter de voir souffrir. Malgré l'accord diabolique que j'avais passé avec le Lord, une seule personne ne suffirait pas à garantir la sécurité d'une petite fille comme Alice. Pas ici.

Je me levais, contournant mon bureau pour récupérer une feuille vierge dans un tiroir. Au passage, j'aperçus un carnet et une trousse. Tout deux trouvés en ville. Le premier, le carnet, alternait feuilles blanches et feuilles lignées afin de pouvoir servir autant à écrire qu'à dessiner ; La trousse, elle, contenait tout un assortiment de crayons. Je me souvenais qu'à l'âge d'Alice, je passais le plus clair de mon temps libre à dessiner. Peut-être n'était-ce pas son cas, mais même dans ce cas ... papiers et crayon étaient toujours utiles. J'avais voulu lui donner ce matériel, mais je ne pouvais pas l'approcher ... Je n'osais pas le faire, pas avec Allesbury dans les parages.

Lentement, je vins me rasseoir derrière mon bureau. Aussi rapidement que me le permettait ma main gauche, je rédigeais quelques mots. Je n'avais pas besoin d'une longue tirade. Simplement quelques phrases signalant que le cuisinier pouvait reprendre son travail. J'avais ... le sentiment d'être ... Pas en colère. Pas même contrariée, ma nervosité s'était éclipsée. C'était comme si j'avais reçu ... Une illumination. Et au moment de la signer, ma main resta suspendue au-dessus de la feuille. Mes yeux se figèrent dans ceux de Basile. J'avais besoin de savoir.

"Vous reprendrez le travail ... mais j'y pose une condition. Je veux une réponse, à une question."


Une condition à ma signature. Étais-je en droit de le faire ? Pas du tout. Il y avait plusieurs dénominations à ce que j'étais en train de tenter. Un accord, du chantage, de l'extorsion. C'était du pareil au même. Mais au point où j'en étais ...
Je sombrais. Que fait-on, quand un bateau coule ? On sauve tout ce qui peut être sauvé ... Et on oublie le reste. En l’occurrence, j'avais besoin de cette réponse. Réellement. A tel point que je m'aperçus que ma main tremblait, et que je dû reposer mon stylo.

"Savez-vous si Ali-... la détenue qui vous a découvert se porte bien ?"

Je faillis ajouter que je m'inquiétais sincèrement pour elle ... Avant de me souvenir que de toute façon, le cuisinier n'en aurait probablement rien à carrer, qu'il ne la connaissait peut-être même pas. Et que j'avais déjà faillit mentionner son prénom, chose pour laquelle certains collègues m'auraient arraché la tête. Pourquoi ? Parce que cela signifiait tout simplement que j'étais encore moins professionnelle qu'à mon habitude. En plus, cette question risquait simplement d'énerver un peu plus l'homme en face de moi. Et dans mon état actuel ... je ne savais vraiment pas comment je réagirais. Captivité, désespoir, folie. Une seule chose comptait.
Sauver tout ce qu'il y avait à sauver.
Revenir en haut Aller en bas
https://deardeath.forumactif.fr
Invité
Invité



Panic. No Panic. [Terminé] Empty
MessageSujet: Re: Panic. No Panic. [Terminé]   Panic. No Panic. [Terminé] Icon_minitimeMer 12 Mar - 12:06

Pour être totalement franc, je ne suis ni énervé, ni fâché. Je suis juste fatigué que tout le monde me répète la même chose. ''Prends soin de toi.'' ou ''Reposes toi.'' sont des mots que je ne peux plus entendre. Je les ai trop entendu jusqu'à la nausée ces derniers temps.
Je regarde par la fenêtre et essaye de penser à ce qui m'a amené ici. Je ne m'ouvrirais pas à elle mais peut-être pourrais-je lui faire croire. Lui faire croire que je vais mieux. J'ai au moins apprit ça avec ma sœur. On ne se débarrasse pas comme ça d'un thérapeute qui croit tenir le bon bout. Elle a souvent été en ''cours de rémission'' selon des psys qui étaient satisfaits de leur travail. De leur magnifique travail constructif. Je déteste ça. Je déteste espérer … Enfin, je détestais.
Je ferme les yeux et pousse un long soupir, tapotant des doigts sur l'accoudoir de mon siège trop confortable pour être honnête. Je déteste ça, mentir, mais je ne vais pas avoir le choix. Je ne supporte pas de devoir mener les gens en bateau mais c'est déjà ce que j'ai du faire avec l'infirmière. Et avec la gardienne qui me draguait à la machine à café l'autre jour. ''Désolé mais je suis … uniquement intéressé par les hommes.'' Tu parles. Enfin la seule personne que j'ai embrassé est Ulrick. Alors peut-être que …
Mon regard se pose sur une agrafeuse alors que des souvenirs remontent en moi. ''Est-ce que tu m'aimes ?'' Si j'aime ma sœur ? Bien sur que j'aime ma sœur. Est-ce que si je lui avait plus dit, elle serait ailleurs que là où elle est aujourd'hui ? Bien au chaud dans notre maison de Perpignan, devant un feu. A seize ans on est pas censés affronter ça.
Je soupire, transporté de tristesse, de rage, envers moi même. Comment est-ce que j'ai pu être aussi bête ? Croire que me plonger dans ma misère humaine m'éloignerait de ma sœur alors que cela ne fait que me rapprocher un peu plus de la folie, d'elle en somme. Est-ce que ce n'est pas ce que je voulais en fait ? Me rapprocher d'elle, être avec elle. Je ne pense pas pouvoir l'oublier un jour alors autant me complaire dans mon désespoir.
Elle est immobile, comme un automate cassé, comme une poupée sans vie. Elle ressemble à un pantin dont on aurait coupé les fils. Tantôt provocante, tantôt soumise. Je ne la comprends pas. Est-ce qu'elle réfléchit à ses actes ?
Elle s'excuse et je fais une moue dégoûtée. Elle s'excuse d'avoir fait son job ? C'est stupide. C'est complètement stupide. Elle ne peut pas s'attendre à ce que tous ses patients soient aussi coopératifs que s'ils la voyaient comme la Sainte Vierge. Si ? Je n'aime pas les gens qui attendent que tout leur tombe tout cuit dans le bec. Parfait, je vais lui mentir, lui donner ce qu'elle veut, des fausses déclarations. De faux sombres secrets.
Elle semble vide. Vide comme certains détenus que j'ai pu croiser dans les couloirs. Elle a le même regard qu'eux, le regard de ceux qui n'ont plus d'âme. Jamais je ne deviendrais comme ça. Je ferais tout mon possible pour l'éviter. Je ne pourrais jamais être comme ça parce que ces gens me dégoûtent.
Déglutissant, j'attends que le silence passe. Je déteste le silence. Il m'oblige à réfléchir, à penser à ce que je voudrais oublier. Ma sœur, ma mère. Tout ça se mélange dans ma tête et me donne la nausée. Je voudrais oublier mais être assis dans ce fauteuil fait remonter tout ça à la surface.
Elle se lève et va chercher je ne sais quoi. Je déteste être laissé pour compte comme ça alors qu'on devrait s'occuper de moi. J'attends juste qu'elle me pose une question pour m'inventer une vie, des blessures. Bien sur, j'en ai déjà des blessures. Bien sur. Mais je refuse qu'elle ne les connaisse. Je refuse d'être vulnérable aux yeux d'une inconnue dans cette prison. D'après ce que j'ai comprit, personne n'est tout blanc dans cette prison. Même le personnel est là pour une raison. Joe est suspecté d'avoir tué sa femme par exemple mais on a jamais pu le prouver. Il était flic avant.
Elle écrit une lettre, sans doute pour que je reprenne le travail. C'est bien, c'est pile ce que j'attendais. Je n'aurais pas à invoquer ce faux prêtre qui m'a faussement violé à l'âge de dix ans alors c'est bien. Je me sens soulagé. Elle pose une condition à ma reprise et je grimace à nouveau. Je n'aime pas ça. Elle va me demander un service.
J'espère que ce ne sera rien de trop dangereux. Au pire je me plaindrais à la vieille. Elle est chiante mais au moins elle m'a plutôt à la botte. Même si je déteste ça.
Alice ? Comment va Alice ? Sa question me fait me crisper. Alice. Je la fusille presque du regard. Qu'est-ce qu'elle en a à carrer de toute façon ? Si elle s'en souciait vraiment, elle aurait mit une protection sur elle. Il reste qu'elle aurait été violé si je n'avais pas été là.


« Alice va très bien. Elle est allée à l'infirmerie et est retournée dans sa cellule le jour même. »

Détournant le regard, je serre les poings.

« Je me charge personnellement de sa protection. Mais si vous voulez des détails, allez la voir. »

On est dans une prison putain ! Un peu de courage.
Revenir en haut Aller en bas
Ayame Shizuka
Psychologue
Psychologue
Ayame Shizuka

Date d'inscription : 13/07/2012

Mon personnage
Âge : 23
Nationalité : Américano - Japonaise
Fréquentations :

Panic. No Panic. [Terminé] Empty
MessageSujet: Re: Panic. No Panic. [Terminé]   Panic. No Panic. [Terminé] Icon_minitimeMer 12 Mar - 20:14

[Et un nouveau pétage de plomb pour mon Aya, un !  Razz ]


Avez-vous déjà essayé de ne pas jauger les personnes qui vous font face ? Je peux vous assurer que c'est une ligne de conduite très difficile à suivre. Notamment quand vous rencontrer un certain type de personne. Le type de personne qui vous regarde de haut, plus ou moins consciemment, en jugeant le moindre de vos actes comme s'il s'agissait du leur. Sans prendre en compte que la personne qui leur fait face ne dispose pas forcément du même caractère, des mêmes résistances, des mêmes mécanismes et de la même éducation. S'était-il simplement demandé si mes réactions avaient un sens ? Possible. Moi-même, je peinais à le trouver. Je n'étais pas magicienne, et même avec toutes les bonnes intentions du monde, je n'arriverais pas à faire parler quelqu'un qui n'en avait aucune envie. Et visiblement, Basile était de ceux qui n'avaient aucune envie de se confier.
Il serrait les poings, comme s'il était prêt à se défendre.

Depuis quand n'avais-je pas été si tendue, si désorientée ?
Depuis ... la semaine passée, en fait. La dernière conversation à m'avoir mise dans cet état était celle que j'avais eu avec mon père. Oui, c'était tout à fait cela ... Cette façon que le cuisinier avait de me regarder, de parler. Son attitude, qui semblait contenir autant de jugements que de secrets ... Une attitude à laquelle je pouvais difficilement faire face en ce moment. Pourquoi ? Simplement parce que je me jugeais suffisamment durement sans avoir besoin de l'avis des autres.

La signature apposée, j'entrepris de plier la feuille. Ma voix était toujours aussi froide, mais cette fois-ci ... Ce n'était pas par vide, au contraire. Une sorte de détermination morbide, qui m'interdisait de faire preuve de la moindre douceur, c'était emparé de moi.

"Sincèrement, Basile ... Vous ne pensez pas que si je pouvais la voir sans la mettre en danger, je l'aurais déjà fait ?"

Les derniers mots avaient claqué un peu trop sèchement dans ma bouche, et je m'empressais de poser les mains à plats sur le bureau, de respirer calmement. Je m'aperçus au passage que mes mains n'avaient pas cessé de trembler. Pourtant ... je n'étais pas en colère. Non. Non, c'était autre chose.
Je baissais les yeux, réajustais une mèche de cheveux qui s'était toujours trouvée à la bonne place. Je cherchais à occuper mes mains, tout simplement. En réalité ... J'étais sur les nerfs. Basile me mettait sur les nerfs ... Il me rappelait quelque chose de désagréable. Quelque chose que je pouvais supporter, uniquement durant un nombre très limité de minutes. Un nombre qui avait visiblement été franchi.

J'avais besoin d'évacuer ma frustration. J'avais besoin de ... de violence. Et cette constatation me frappa, figeant mes gestes. Pas de doute ... Je perdais la tête, aussi sûrement que le soleil se couchait tous les soirs. Je ne comprenais plus ... En arrivant ici, je m'étais fait la promesse de ne pas me perdre. Je m'étais juré de ne pas finir comme tous ces gens froids, et vides, qui parcouraient le bâtiment. Pendant presque deux ans, j'y étais parvenu ...
Mais cette fois ...
Et mon éducation ... Cette foutue éducation, qui me conduisait à m'excuser sans cesse, de tout et de rien, parce que ... Parce que c'était sensé être honnête, respectueux. Non ... non, même si mon ton était un peu plus agressif que ce qu'il aurait dû être. Je ne m'excuserais pas. Pas cette fois.

"Si vous vous êtes donné comme but de la protéger ... Je vous en remercie, même si je sais pertinemment que vous ne le faites pas pour moi."

Peu m'importe ce que vous pouvez penser, Basile. Je ne suis pas faible. J'essaie de survivre, à ma manière, comme tous ceux qui sont emprisonnés dans cet endroit. Parce que, que je le veuille ou non, je suis moi aussi prisonnière. Et marquée. Comme un animal en cage.
Même si je suis morte, si je ne suis plus que le spectre de moi-même, je reste en vie. J'attends la solitude, pour me laisser aller au désespoir et aux larmes. Tant que je vivrais, je tenterais de me reconstruire. Et parce qu'il y avait Alice ... Parce que je ne savais que trop bien que si je résistais, Allesbury la ferait souffrir. Je refusais catégoriquement cette idée. Croyez-le où non, je m'étais posé la question ... Celle de savoir si ma mort éloignerait le Lord d'elle. Malheureusement, la réponse était négative. Il me l'avait suffisamment fait comprendre.
Il ne me restait alors que deux choix. Tuer ce dégénéré, mais j'en serais incapable. Ou obéir à ses ordres, à ses volontés. En échange de quoi ... il était allé jusqu'à promettre qu'il protégerait Alice. Une promesse qui pourrait paraître dangereuse pour la petite fille. En réalité, elle signifiait seulement que le Lord ne lèverait jamais la main sur elle ... Pas tant que je respecterais notre accord.

Et puisqu'il y avait désormais une autre personne qui jurait de protéger la fillette ...
Je saisis le dossier d'Allesbury, l'ouvrant à la première page, pour pousser la chemise près du cuisinier. Qu'il sache au moins à quoi il ressemblait. S'ils s'étaient tous les deux mis en tête de garder un œil sur la petite fille, ils finiraient obligatoirement par se croiser.

"Vous risquez de croiser ce détenu. Clay Allesbury. Il ne fera pas le moindre mal à Alice, mais ... Il a des réactions excessives. Faites attention à vos gestes. Et vos mots."

Et finalement, je lui tendis la lettre. D'une seule main, contrairement à ce que j'avais été habituée à faire. Et tous mes muscles étaient tendus, crispés au point d'en être douloureux. Je n'avais qu'une seule hâte : celle que le cuisinier s'en aille.
La première fois ...
La première fois que ce qui devait être un simple entretien devenait un tel fiasco. Cette fois-ci, en ce qui me concernait, les sommets avaient été atteints.
Revenir en haut Aller en bas
https://deardeath.forumactif.fr
Invité
Invité



Panic. No Panic. [Terminé] Empty
MessageSujet: Re: Panic. No Panic. [Terminé]   Panic. No Panic. [Terminé] Icon_minitimeJeu 13 Mar - 12:18


Cette psy me rend perplexe. Quelque part, je la respecte énormément. Elle s'est posé une barre à atteindre dans la vie certainement. Elle est ici, dans ce coupe-gorge et elle espère rendre les gens meilleurs. Ironiquement, elle me fait énormément penser à moi deux semaines en arrière. Depuis mon arrivée ici, j'ai abandonné toute idée d'améliorer les monstres qui séjournent ici. Je me suis plus fait à l'idée que de toute façon j'avais signé un contrat de travail de six ans et que je le respecterais. D'un autre coté, elle me fait pitié. Elle a peut-être fixé la barre trop haut. On dirait qu'elle est perdue. Qu'elle pense que sa vie est déjà fichue. Je soupire doucement. Elle doit avoir quoi ? Entre vingt-cinq et trente ans. Mon âge quoi. Et elle a déjà perdu espoir ?
J'ai l'impression d'être un monstre à ses yeux. Je dois me calmer. Elle n'y est pour rien dans mon malheur. Elle veut juste éventuellement m'aider. Elle doit juste faire son travail et préparer son entretien avec Alice je suppose. Mes yeux se baissent seuls, sans que je l'ai vraiment voulu. Qui suis-je devenu pour m'en prendre à une pauvre psy?Je me mords la lèvre. Sûrement pas un mec aussi dégoûtant que celui que j'ai tué.
Je regarde mes pieds, inconscient de ce que j'ai pu provoquer en cette psy. Je déteste agir comme un rustre à cause de mes coups de sang.
Je l'entends signer et me parler. Je relève la tête aussitôt pour poser sur elle un regard perplexe. Je ne comprends pas. Comment est-ce qu'elle pourrait la mettre en danger juste en lui parlant ? On est dans une maison de fous mais quand même, elle fait partie du personnel. Comment est-ce qu'il pourrait arriver quelque chose à Alice … ? Mes sourcils se froncent et je me mords la lèvre.
Ses mains tremblent. Elle a l'air d'être au bord du nervous breakdown. Qu'est-ce qu'il s'est passé dans cette foutue prison pour qu'elle soit dans un état pareil ? Je dois le savoir. Pour Alice, pour la protéger. Je dois faire de mon possible pour la garder en vie le temps que je trouve comment la sortir d'ici.
Elle semble nerveuse et remet une mèche en place. Est-ce que c'est moi qui l’énerve. Je n'en doute pas. Mais elle me semble trop fragile pour me faire du mal. Par contre, quand on parle de se faire du mal à soi-même, elle doit être assez forte. Elle a l'air de se torturer en ce moment même. Qu'est-ce que je dois faire ?
Mes yeux se posent sur le papier. Je ne le veux plus tant que ça.
Je jette un regard à ma main. Ma main est recouverte de griffures, de morsures. Des traces de chatons. Est-ce qu'elle aurait besoin d'un animal de compagnie pour canaliser sa colère, sa tristesse ?
Elle devrait sérieusement penser à avoir une thérapie. Je ne vous parle pas d'aller voir un psy pour parler de ses rêves. Je vous parle de s'amuser, de vivre quoi ! Il faut sérieusement qu'elle se reprenne en main. Et pas demain, maintenant. Elle devrait sérieusement prendre un congé et aller à la fête foraine avec des amis.
Elle me remercie de prendre Alice sous mon aile. Ben oui, c'est juste normal en fait. Pour qui elle me prend ? Un monstre. Même Ulrick a été touché par Alice alors moi, sensible comme je le suis de par ma situation, je ne peux que craquer. Et puis je l'aime vraiment bien. Elle est mignonne, rafraîchissante. Adorable.
Je le fixe. J'attends qu'elle sorte de sa réflexion. Je ne peux que penser qu'elle ne va pas tenir le choc. Est-ce que c'est de ma faute ? Est-ce que j'ai vraiment provoqué ça en elle. Elle doit de retenir de craquer. Si elle craque face à moi, qu'est-ce que ça doit être face à des détenus comme Neil ou le Gros Bobo. J'ose même pas imaginer.
Elle me tend un dossier que je regarde à peine. Je le balaye de la main et me lève. Attirant la psy vers moi par le col, je la prends contre moi. Vu sa taille, ça doit être confortable pour elle au moins. Le menton posé sur le dessus de sa tête, je fais le possible pour la réconforter. Putain de bordel de chier, pourquoi faut-il que je craque toujours quand quelqu'un est si fébrile devant moi. Est-ce que je suis un putain d'hypersensible ?

« Il ne faut pas se mettre dans des états pareils. Il faut vous calmer sinon vous allez faire une crise cardiaque. »


Je plonge mes yeux dans les siens après m'être reculé un peu.

« Il faut que vous vous calmiez. »

Et puis je souris, tendrement presque trop rayonnant.

« Vous êtes déjà allée à la fête foraine ? »
Revenir en haut Aller en bas
Ayame Shizuka
Psychologue
Psychologue
Ayame Shizuka

Date d'inscription : 13/07/2012

Mon personnage
Âge : 23
Nationalité : Américano - Japonaise
Fréquentations :

Panic. No Panic. [Terminé] Empty
MessageSujet: Re: Panic. No Panic. [Terminé]   Panic. No Panic. [Terminé] Icon_minitimeVen 14 Mar - 3:11


Je serrais les dents, sous le coup d'une rage sourde, plantant mes ongles dans la paume de ma main valide. Une rage dirigée uniquement contre moi-même, contre ma bêtise. Je ne comprenais pas. Non seulement, je ne parvenais plus à comprendre les gens qui m'entouraient, mais plus que tout, je ne me comprenais plus. Est-ce que j'étais au bord de la crise de nerf ? Sans aucun doute. En même temps, cela faisait près de deux semaines que je me tenais déjà au bord du gouffre.

"La solitude te va si bien, ma fille". Une phrase ironique, que mon père avait l'habitude de m'asséner chaque fois que mon attitude et mes fréquentations revenaient sur le tapis. Le pire ? C'est qu'il y avait une vérité blessante dans cette phrase.
La dernière fois que j'avais vraiment craqué, c'était en face d'Ombrage et Allesbury. Et j'étais tellement accablée par la solitude que finalement, je m'étais réfugiée dans les bras de ce dernier. Ironique, hein ? L'homme que j'aurais dû haïr était devenu mon unique point de repère. Et au fond, j'avais le sentiment qu'il en était parfaitement conscient et satisfait.

Basile, lui, aurait du partir. Il aurait dû me laisser, seule avec les imbécilités qui me servaient de cas de conscience. Il aurait dû faire ce que n'importe qui d'autre aurait fait. Mais ... il ne le fit pas. Quand la surprise laissa place à la compréhension, je du lutter. Lutter contre une envie farouche de le frapper. Je savais pertinemment que mes coups me faisaient bien plus mal qu'à ceux que je pourrais viser. Mais ma main se leva ... et ne s'abattit jamais sur le cuisinier. Ma gorge se nouait, mes yeux me brûlaient tandis que j'enfonçais mes ongles dans ma propre peau.

Personne ... Personne ne devrait me toucher. Plus maintenant. Ce qu'il s'était passé la veille n'avait servit qu'à me le confirmer ... je ne m'appartenais plus. Mon esprit habitait un corps qui n'était rien de plus qu'une enveloppe, un instrument des désirs de quelqu'un d'autre. Allesbury aurait dû être le seul ... Le seul à pouvoir porter la main sur moi. Parce que ... parce que quoi ?!
Tu divagues, Aya ! Tu flanches complétement !
Oui. Oui, je perdais l'esprit. J'avais déjà constaté plusieurs fois que ... que je n'étais plus capable de faire la part des choses. Je n'étais plus capable de différencier ce que je pensais de ce que le Lord voulait que je croie. Peut-être ... Peut-être parce qu'il était moins douloureux d'entrer dans son délire que de le réfuter.

Respire, Aya. Il fallait que je me calme. Ce n'était pas le moment ... Je ne pouvais pas fondre en larmes, pas maintenant. Et mes muscles, qui refusaient de se détendre ! Je me fatiguais à tenter de respirer calmement, à travers les pleurs et l'angoisse que je maintenais obstinément, enfermés dans ma gorge. La chaleur désagréable du corps du cuisinier ... Désagréable, parce que je ne la méritais pas.
Basile ... aurait du partir. Aucun doute là-dessus. J'avais horreur de me sentir ... prise au piège dans ses bras, ou prise en faute dans mon comportement. Pourquoi ? Pour une raison toute simple : je savais que c'était moi-même, et personne d'autre, qui détenait les torts dans cette histoire.

Si bien que quand il me relâcha, je sentis une partie de ma colère s'évanouir. Remplacée ... par une fatigue insondable. Je reculais d'un pas, cherchant l'appui de mon bureau dans mon dos. Chacun de mes gestes était douloureux, et ma tête tournait tellement que je fus soulagé d'avoir un support. C'était comme si la pièce dansait autour de moi.
Je réussis pourtant à porter une main moite à mon front, alors que je tentais peu à peu de calmer ma respiration. Je n'étais même pas sûre de bien comprendre ce que me disait le cuisinier.

"Il faut que vous vous calmiez."

Me calmer ... Bien sûr, c'était ce que je me répétais en boucle depuis deux semaines. Mais certains facteurs ne m'aidaient vraiment pas à reprendre pied. Je n'avais pas fait de nuit complète depuis une éternité. Le fait qu'Ombrage ait été blessée par ma faute. Le fait que j'avais beau essayer, je ne parvenais plus à mener une seule conversation correctement. Le fait que mon père me demande tous les deux jours pourquoi je n'avais pas encore rappelé cet avocat de m... Et le fait que McDaven me refuse mes congés. Tout ça, sans compter qu'il y avait plus d'une semaine que je n'avais pas revu le Lord. J'aurais peut-être dû en être soulagée, mais ce n'était pas du tout le cas ... Parce que ça ne pouvait que signifier qu'il préparait quelque chose. Et je n'avais aucune envie de savoir quoi.
Pourtant, je me contentais de hocher la tête. Au moins ... au moins le paysage semblait être en train de s'immobiliser. Et même si je tremblais encore, mes muscles se détendaient. Voilà au moins quelque chose de prit.

"Vous êtes déjà allée à la fête foraine ?"

Son sourire ... Le dernier à m'avoir donné cette impression, celle d'être une ado prise en faute, c'était Neil. Mes mains, un peu trop pâles, vinrent se poser au niveau de mes cuisses. Mes doigts valides se crispèrent sur la laine du gilet. Je peinais à dévisager le cuisinier, maintenant.
Je ne sais même pas comment je réussis à parler, d'une voix rendue rauque par les émotions qui restaient bloquées dans ma gorge. Mais au moins, m'entendre m'aida à reprendre pied.

"Jamais. Je ne peux ... pas vraiment."

Je fermais les yeux un moment, baissant la tête vers le sol froid.
Tu es ridicule, Ayame. Reprends-toi. Qu'est-ce que dirais ton père, hein ? Regarde ton interlocuteur. Je soupirais silencieusement, en me redressant. J'étais stupide. Me mettre dans des états pareils ... Je réussis à croiser le regard de Basile, avant de m'incliner. Et cette fois-ci, mes excuses étaient des plus sincères.

"Je vous prie d'excuser mon comportement inapproprié."

Voilà. C'était fait. Après tout, c'était ce que l'ambassadeur m'avait le mieux apprit à faire. M'excuser, de tout et de rien. Et le grand blond n'aurait pas eu à me serrer dans ses bras si j'avais été maître de mes émotions. Il n'aurait pas eu besoin de s'abaisser à me rassurer si j'avais su faire mon travail.
Je me redressais, me félicitant au passage d'avoir réussi à ne pas tomber. J'avais la sensation que la fatigue pouvait me faire perdre l'équilibre d'un moment à l'autre. Mais au moins, ma voix s'était dénouée. Sans vraiment réfléchir, je décidais que cette fois ... j'allais parler. Je réussis même à esquisser un début de sourire.

"Je ne suis pas libre de mes mouvements, monsieur Ducros. Je ne peux pas veiller sur Alice, pas plus que je ne peux circuler avec qui je le souhaite, et quand je le souhaite. Je suis tout autant prisonnière de cet endroit que n'importe quel détenu ... et je ne peux que vous conseiller de vous tenir éloigné de moi."

Sous-entendus : me serrer dans vos bras fais partie des plus mauvaises idées que vous pouvez avoir. Si cela parvenait aux oreilles du Lord, d'une façon ou d'une autre ... peu importait le fait que Basile soit effémine, et probablement gay. Le simple fait qu'il s'agisse d'un homme suffirait à Allesbury.
Takeshi Shizuka avait raison ... La solitude m'allait tellement bien, malheureusement ... En fait, je n'avais jamais été aussi sérieuse que quand je terminais, calmement :

"Je ne sais pas ce qui vous a poussé à l'irréparable, mais je crois que vous êtes quelqu'un ... de respectable. Pour votre propre sécurité, je pense que vous feriez mieux de quitter ce bureau."

... Avant que je ne vous entraîne définitivement dans mes ténèbres.
Revenir en haut Aller en bas
https://deardeath.forumactif.fr
Invité
Invité



Panic. No Panic. [Terminé] Empty
MessageSujet: Re: Panic. No Panic. [Terminé]   Panic. No Panic. [Terminé] Icon_minitimeVen 14 Mar - 12:26

C'est avec une certaine honte que je regarde la psy. Il faut toujours que je m'emporte.Il faut toujours que je sois trop tactile. J'espère qu'elle n'a pas cru que j'allais lui faire du mal. J'abhorre plus que tout les violeurs, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai réservé un si mauvais sort à celui d'Alice. J'ai la nausée rien que de repenser à ce vieux dégueulasse. Finalement, je suis plus que fier de moi. Je ne devrais pas avoir honte de ce que j'ai fait parce que je suis un héros. Un héros qui n'a rien à envier aux autres. Il ne faut surtout pas se plier aux conventions humaines dans cet endroit. Cette prison a son propre code de vie.
Je ne devrais pas m'en vouloir parce que j'ai rendu un service à la société. Et si les gardes sont là pour maintenir l'ordre, je le ferais à ma manière. Je ne tuerais plus. Mais parfois, une belle maladie gastrique peut donner à réfléchir. Je ne suis pas un monstre comme ceux qui dorment un étage au dessous. Mais je ne suis pas non plus sans défense. Je refuse de me laisser faire par des brutes et des manipulateurs parce que je suis du côté des gentils, du bon côté de la barrière. Je refuse d'être la bonne poire parce que je veux être honnête.
Mes yeux se posent sur mes mains. Elles seront à jamais tâchées de sang mais je ne peux pas me laisser aller à la déprime pour ça. Oui, j'ai tué un homme, mais il n'en était plus vraiment un. Oui, j'ai ôté une vie mais la sienne n'avait pas plus de valeur que celle d'un chien fou. Au final, il valait mieux pour tout le monde que je le tue. Pour Alice, pour moi et pour l'infime part d'humanité qui avait peut-être un jour résidé dans son cœur malade.
Je me souviens de ce jour où, en voiture avec mes parents, j'étais passé devant un énorme bâtiment gris béton. J'avais alors demandé à me mère ce que c'était. Je devais avoir six ou sept ans à l'époque. Elle m'avait dit que c'était là qu'on enfermait les gens qui avaient fait de mauvais choix et qu'il ne fallait pas être bien pour travailler là dedans. Pas bien. Personne ici n'est bien et certainement pas Ayame. Mais je crois que je ne m'en sors pas trop mal, par rapport à la moyenne du personnel désaxé.
Jamais, alors, je n'aurais penser travailler dans le milieu carcéral. Et regardez moi maintenant. Regardez moi consoler une psy. Regardez moi tuer un détenu. Regardez moi sauver une pauvre adolescente. Regardez moi me faire des amis et boire avec eux. Regardez moi... vivre. Je vis. Et je ne compte pas m’arrêter de si tôt. Ma joie de vivre a toujours éclairé les autres, elle doit continuer. Ce que ce soit avec mes amis ou avec les autres. Je ne veux pas finir comme Chef Louis à tout le temps râler après tout le monde. Je n'aime pas être quelqu'un qui se prend trop au sérieux.
Le sourire qui avait déserté mon visage réapparaît. Un sourire honnête. Un vrai sourire, comme j'ai l'habitude de porter depuis toujours.
La psy a l'air sur le point de craquer. Je ne suis pas sûr qu'elle puisse survivre encore longtemps dans cet enfer de béton. Mais qu'elle s'en aille ! Qu’elle s'en aille ! Je ne peux pas la laisser sacrifier sa vie, sa jeunesse ici. Elle doit bien avoir un quelque chose pour rester ici. Mais je ne peux pas la laisser tomber. On est liés par … Quelque chose non ? Au moins Alice. Et si Alice tient un minimum à elle, je ne peux pas la laisser sombrer dans les abysses comme ça. Je ne suis pas un monstre au point de me foutre du sort de tout le monde.
Quand elle se recule, elle se maintient au bureau. La tête lui tourne ? Elle devrait peut-être boire de l'eau. Je ne vois rien qui puisse faire l'affaire dans ce bureau et j'avise mon sac, de l'autre côté du bureau. Je n'aime pas le fait de la laisser seule comme ça. Et si elle tombait et qu'elle se faisait mal ? Je sais ce que le mental peut provoquer sur le physique. Regardez moi, je suis tellement … Sale. Je veux dire, je suis propre mais je suis laissé en friche, comme si j'étais mort à l'intérieur. C'est ridicule.
Je me rapproche, gardant une distance de sécurité. Je ne veux pas l'effrayer ou quelque chose du genre. Si elle a peur de moi, elle se renfermera sur elle même instantanément et là c'est foutu pour lui faire entendre raison. Je suis précautionneux, prudent. Je déteste me comporter comme un psy mais j'ai apprit pas mal de choses avec les thérapies de ma sœur. Et mes propres séances pour éviter que je ne devienne fou parce que j'étais le seul support de ma sœur. Parce que personne ne comprenait ma souffrance.
Elle n'est jamais allée à la fête foraine. Comment est-ce qu'on peut ne jamais être allé à la fête foraine. Ça m'échappe un peu je dois dire. Et puis elle s'excuse. Mais pourquoi ? Nous ne sommes plus dans un rapport psy-patient. Nous sommes bien au delà de ça maintenant. Comme si elle pensait qu'elle m'avait dérangé. C'est de ça dont j'avais besoin. De cette thérapie là. De la souffrance de l'autre pour oublier la mienne. C'est comme ça que j'ai été élevé. Dans l'oubli de moi même.
Je la regarde une nouvelle fois, de haut. C'est utile d'être grand pour ça. On peut mieux voir comment les gens réagissent. On se tient plus loin, on les voit dans leur ensemble. De mon point de vue elle ne va pas mieux. Elle n'ira jamais mieux si elle ne se décide pas à se bouger. Mais.... Est-ce qu'elle veut aller mieux ? Est-ce qu'elle veut au moins survivre ? Elle est typiquement le genre de personne que je vois se tailler les veines pour s'échapper. Je ne peux pas imaginer que quelqu'un que je connaisse fasse ça.
Il faut se serre les coudes ici. Il faut se soutenir. Quand elle se redresse, je me prépare à la rattraper mais elle ne tombe pas. Elle reste à peu près stable. C'est bien.
Elle se sent prisonnière. Je baisse les yeux. Une victime. Je ne peux que la comprendre. Longtemps, je me suis senti prisonnier de ma famille, de ma sœur. Mais au final, je n'étais qu'un sale gosse qui ne comprenait pas qu'il avait la force de s'en aller depuis longtemps.
Je n'entends même pas sa dernière phrase et détourne le regard.


« Est-ce que vous voulez au moins vous en sortir ? »

Je plonge mon regard azuré dans le sien et sourit, tristement.

« Parce que si c'est le cas, cela ne dépend que de vous. Je suis sûre que vous pouvez être une femme forte, déterminée. Et vous êtes jeune. Si vous décidiez de vous en aller, les détenus ne pourraient pas vous suivre et même votre famille ne pourrait pas vous retrouver. »

Je regarde ensuite la porte derrière moi.

« Et si vous décidez de rester, je vous protégerais. »

Pas seulement parce que Alice tient à elle. Aussi parce qu'elle est une femme et que personne ne devrait jamais brutaliser une femme.
Revenir en haut Aller en bas
Ayame Shizuka
Psychologue
Psychologue
Ayame Shizuka

Date d'inscription : 13/07/2012

Mon personnage
Âge : 23
Nationalité : Américano - Japonaise
Fréquentations :

Panic. No Panic. [Terminé] Empty
MessageSujet: Re: Panic. No Panic. [Terminé]   Panic. No Panic. [Terminé] Icon_minitimeVen 14 Mar - 20:29


Je ne comprends pas comment tout a basculé, aussi vite. Je ne sais pas ce qui a changé, dans son attitude, mais ... j'étais bien partie pour le mettre dehors, s'il ne sortait pas de lui-même. Mais à présent ... Il y avait quelque chose dans son regard, dans son sourire, que je parvenais à trouver réconfortant. Pas de doute, Aya. Tu as besoin de repos.

M'en sortir ... Est-ce que je le voulais ? Spontanément, j'étais tentée de dire que oui. Mais c'était sans compter cette autre voix, cette minuscule voix au fond de mon esprit ... Celle qui avait déjà décidé, depuis bien longtemps, qu'obéir était la meilleure façon d'éviter les coups.

Non ... Non, il fallait retourner le problème. Si je m'en sortais ... Cela signifierait plus de coups. Plus de cicatrices, ou d'ecchymoses. Plus de menaces. Comme ... Comme avant l'arrivée d'Allesbury, en fait. Finalement, il était l'unique chose qui me retenait ici ... c'était sa menace à l'encontre d'Alice. C'était lui qu'Ombrage voulait tuer, au risque de gâcher sa vie. C'était lui qui provoquait la plupart de mes cauchemars, lui qui me hantait ... c'était lui qui ... me faisait perdre la raison. Qui parvenait,à force de répétitions et d'angoisses, à me convaincre qu'il détenait la vérité. A me convaincre que j'étais son objet, et que je ne pourrais pas survivre sans sa présence. Mais ... était-ce ses actes qui m'en persuadait, ou les miens ? Au fond ... c'était moi, et moi seule, qui avait accepté de ... de coucher avec lui. J'étais aussi celle qui avait élevé la voix. Si je ne l'avais pas rabaissé ... il ne m'aurait peut-être pas frappée.

Et voilà. On y revenait. En fait ... Je devais ... parler. Pour tenter d'établir comment, pourquoi les choses avaient dérapé. Et ce que j'aurais pu faire ou non pour m'en tirer. Oui ... je devais commencer par là.

Basile avait raison. Il fallait que je trouve le moyen de m'en sortir ... sans fuir. J'étais encore retenue ici, sinon par Alice, au moins par Ombrage. Seulement, si je voulais pouvoir régler ce problème, il fallait que je commence par m'avouer ... Ce qu'il s'était passé. Que j'arrête d'essayer vainement, encore et toujours, d'enterrer ça au fond de ma mémoire. Pourquoi ? Parce que visiblement, ça ne marchait pas. Je n'arrivais pas à oublier, loin de là.
Et quand l'oubli est éliminé, l'unique solution restante ... c'est l'affrontement. La seule question qui demeurait en suspend ... Comment l'affronter ? Alors que j'étais presque ... certaine que je ne parviendrai pas à en dire un mot ? Même à Rika. Même à ma sœur, mon amie, celle qui avait toujours observé tous mes choix sans les désapprouver. Peur ... de son jugement, de son comportement. Ou de la ... la salir, elle aussi, d'une façon qui m'échappait encore. Et par-dessus tout, honte de mes propres réactions.

Non, non Aya ! Ferme-la ! Si tu te mets à penser à ce genre de choses, tu sais que tu ne remonteras jamais la pente. Alors que tu dois croire que tu peux le faire, si tu veux y parvenir. Après tout, est-ce que ce n'est pas ce que tu as toujours fait ?

Tel père, telle fille. Takeshi Shizuka avait tout perdu. Sa femme, son fils. Ça ne l'avait pas empêché de se remarier, et de me concevoir. Même s'il s'était révélé très déçu que je ne puisse pas remplacer mon demi-frère, il avait fait face. Et moi aussi.
Après la mort de ma mère, après celle de Takeda, après Sae ... J'avais toujours survécu. Je survivrais encore. Finalement, peut-être étais-je l'un de ces insectes que décrivait le Lord. J'étais ... un cafard. Écrasez-moi, je prendrais brièvement la forme de vos semelles. Et je me redresserais, encore et encore, qu'il pleuve, vente ou neige. Je me nourrirais de la moisissure de vos biscuits, et je reviendrais.

Toute ma vie, il en avait été ainsi.
J'étais de nature à m'autodétruire, et à me laisser détruite. J'étais de nature à me reconstruire, différemment, et à m'écrouler à nouveau. Il en était ainsi depuis ma naissance. Construire, détruire, et rebâtir. J'étais née et j'avais toujours vécu de cette manière. J'avais peut-être plus de mal à me relever cette fois-ci que les précédentes ... Mais j'y parviendrais. Je ne savais pas dans combien de temps, ni comment. J'y parviendrais.

"Et si vous décidez de rester, je vous protégerai."

Surprise, je tâchais d'étudier les traits de son visage, sa posture. Était-il sérieux ? Je veux dire, sa proposition partait d'un bon sentiment, mais ... Même si mes agissements, autant que mes pensées, peuvent laisser planer un doute, je sais. Je suis parfaitement consciente que j'ai passé l'âge de me pendre à quelqu'un. De dépendre de quelqu'un. Et puis ... J'avais servi de soutien et de protection à ma mère, à Rika. Mais je n'avais jamais demandé à être protégée. Et cette inversion des rôles me paraissait ... Totalement contre-nature. Même si la solitude m'était lourde ... Je ne voulais pas peser sur cet homme, que je ne connaissais pas.
Et ma fierté ... Celle qui ressurgissait sans cesse au mauvais moment ... ou pas. Après tout, c'était aussi elle qui me poussait à retenir mes larmes. Elle qui luttait contre ma douceur. Parce que ... je ne voulais pas qu'on me protège. Je préférais sombrer, que de dépendre.

"Votre proposition est ..."

Quel qualificatif donner à ça ? J'étais à cours d'adjectifs. Et de pensée, tout simplement. Besoin de dormir, de réfléchir. N'importe comment ... il fallait que je fasse le tri. Dans mon esprit.

"... aimable. Mais je ne veux pas accepter."

Parce que je ne voulais pas être l'esclave de mes faiblesses, plus que je ne l'étais déjà. Sans compter que Basile aurait probablement d'autres problèmes à régler ... S'il comptait protéger Alice, se protéger lui-même. Je refusais qu'il s'affaiblisse pour moi. Jamais.
Mais il y avait une chose que je pouvais demander, même sans attendre de réponse. Par réflexe, je saisissais l'omamori accroché à mon cou. Un geste récurrent, lorsque je me sentais vulnérable.

"Comment êtes-vous parvenu à faire preuve de violence ?"

Ma voix n'était pas tout à fait un murmure, mais elle était si basse qu'elle ne pouvait que s'en rapprocher. Je craignais qu'il ne voit ma question comme une tentative de comprendre les évènements de la laverie. Alors qu'en réalité ... Je n'avais pas grand-monde à qui la poser. Et si je voulais cesser d'avoir peur d'Allesbury ... Je ne voyais pas comment faire autrement. Autrement que par la violence. Même si cette simple pensée me suffisait à m'effrayer ... il faudrait que je brise les barrières que je m'étais construites. Et que je me défende, à mon tour ... quitte à me montrer violente.
Basile ravivait l'espoir que je pouvais ne pas être un jouet, pas éternellement. Et pour cela ... il avait toute ma reconnaissance.
Revenir en haut Aller en bas
https://deardeath.forumactif.fr
Invité
Invité



Panic. No Panic. [Terminé] Empty
MessageSujet: Re: Panic. No Panic. [Terminé]   Panic. No Panic. [Terminé] Icon_minitimeSam 15 Mar - 14:27

Mes mains se rejoignent et je triture mes doigts comme si ma vie en dépendait. Je suis anxieux, énervé, frustré. Tout ça à la fois. Il est évident que mes tentatives de réconfort échoueront mais je ne sais faire que ça, réconforter et protéger. Je déteste ça, être un pacifiste. Un pacifiste … je ne peux plus vraiment me considérer comme ça maintenant. J'ai tué quelqu'un. Je ne suis plus qu'un mec normal.
Je ferme les yeux un instant pour chasser la nausée qui monte encore une fois. Je dois faire un travail sur moi. Retrouver le moi d'avant, déterminé, souriant, gentil. Je le suis encore, je dois juste creuser un peu. Non. Enlever cette couche de crasse culpabilisantes et souffler sur la poussière de questions existentielles. Je ne dois plus me morfondre sinon je risque de finir … Comme … Comme la jeune femme brisée qui se tient en face de moi.
Elle me semble tellement vide. Son regard supplie à l'aide quand sa bouche la refuse. Je ne sais pas comment je dois prendre ça. Mal ou bien ? Est-ce qu'elle veut me protéger ou est-ce qu'elle me trouve juste minable, mou et faible ? Est-ce que je protège bien Alice au moins ? Je dois me débrouiller pour qu'elle aille bien, même quand je ne peux pas avoir un œil sur elle. Je dois me débrouiller pour lui assigner un … garde du corps.
Est-ce que je connais quelqu'un qui pourrait me servir ? Je ne connais aucun détenu que j'ai pu impressionner. Je … Je … Si ! Le premier jour, ce mec que j'ai atteint à la cuisse. Il était à l'infirmerie il n'y a pas si longtemps il me semble. Abel, Abel Bone je crois. Il pourrait peut-être m'obéir si je me montre un peu … Cruel. Est-ce que je suis capable d'être cruel ? De toute façon, ici, on bouffe ou on est bouffé.
Ma façon de penser importe peu, ce qui compte c'est le résultat. Ce qui compte c'est que cette jeune fille sorte d'ici vivante. Et que, d'ici là, je sois sur et certain qu'elle va bien. Ce qui compte, c'est que je ne me laisse pas avoir par la fausse gentillesse de certain. Je suis presque sur que ce mec qui a failli violé Alice s'était montré très poli avec moi au réfectoire peu avant. Personne n'est un allié permanent. Sauf … Quelques élus.
Je ne suis pas un mauvais homme et je ne le deviendrais pas ici. Mais je ne serais pas non plus le pigeon de la farce. Non … C'est pas ça … Peu importe, je ne serais pas celui qu'on manipule, parce que j'ai jamais eu l'habitude de me laisser marcher sur les pieds et ça va pas commencer ici, nom d'un petit bonhomme en mousse !
Je ne supporte pas cette tension dans ce bureau. Elle m'étrangle. J'ai juste envie de m'en aller, de me perdre dans les couloirs et de recommencer ma vie. Je ne peux pas me laisser gâcher la vie comme ça, nom de Dieu !
Je suis fort, je l'ai toujours été. Et je ne peux pas imaginer une seconde que cette prison me brise. Pas moi.
Elle hésite, commence une phrase et se ravise. Elle ne m'en croit pas capable. Je soupire et baisse les yeux sur mes mains que je mêle toujours de façon incertaine. Nom de putaing  de merde. Pourquoi personne ne me prend jamais au sérieux ? Je suis toujours le mec qui fait rire, qui est mignon mais un peu trop faible. Je ne suis pas un personnage, je suis un humain ! Je ne veux pas me cantonner à un rôle. Je ne veux pas être un putain de personnage de sitcom !
Bien sur, elle refuse, comme si je n'étais pas capable de comprendre. Elle a une voix douce comme si elle parlait à un enfant. Elle ne veut ni me vexer, ni me dire ce qu'elle pense réellement de moi. J'ai besoin de frapper un truc.
Ma voix tremble quand je prends la parole.

« Pour protéger un être cher. Parce que je n'avais pas le choix. »

Son omamori attire mon regard. Quand j'ai comprit que Dieu avait abandonné notre foyer je me suis tourné vers d'autres alternatives, pour finalement ne plus croire qu'en moi même. Il est rouge. Le rouge de la réussite dans les études, dans le travail, de la prospérité financière. Tellement terre à terre...

« Je vais vous laisser. Je ne veux pas vous déranger plus longtemps. »

Alors je prends le papier et ma veste avant de me tourner vers la sortie.

« Si un jour vous voulez vraiment vous en sortir, vous savez où me trouver. »

Je glisse un double de mes clefs que j'avais fait faire au cas où je paume les miennes et les jette sur son bureau.

« Chambre cinq. »

Puis je m'en vais, claquant la porte. Je ne sais pas si elle viendra mais je ne veux pas rater une occasion d'aider quelqu'un. Mon papier en main, je me dirige vers le réfectoire.
Revenir en haut Aller en bas
Ayame Shizuka
Psychologue
Psychologue
Ayame Shizuka

Date d'inscription : 13/07/2012

Mon personnage
Âge : 23
Nationalité : Américano - Japonaise
Fréquentations :

Panic. No Panic. [Terminé] Empty
MessageSujet: Re: Panic. No Panic. [Terminé]   Panic. No Panic. [Terminé] Icon_minitimeSam 15 Mar - 18:05

Ses gestes ... il a l'air mal à l'aise, comme si finalement, il ne savait pas quoi faire.
Les montagnes russes. Savait-il mieux que moi ce qu'il ressentait, finalement ? Était-ce le propre de ma présence, de mettre les gens mal à l'aise ? J'étais parfaitement consciente que ... Cette folie, quelque part dans ma raison, était ... une part de ténèbres. J'étais parfaitement consciente que cette noirceur n'attendait qu'un prétexte, un simple prétexte pour exploser, contaminer la partie encore lucide de mon esprit.
Et j'étais maintenant déterminée à ne pas la laisser faire.

Quand ai-je cessé de lutter contre ma douceur, quand ai-je commencé à être esclave de mes faiblesses ? Quand ai-je commencé à espérer de la compréhension, du pardon de la part des autres ? Quand ai-je commencé à me laisser sombrer ... ?

Quand j'ai compris que Clay serait toujours là. Qu'il tenterait, encore et encore, de me réduire à néant. Qu'il userait de tous les moyens de pression possibles et imaginables, qu'ils soient physiques ou psychiques. Et que par ces manœuvres, je lui céderais toujours. Qu'il exigerait que je lui appartienne. Alors que je le savais. Je ne pouvais pas appartenir à quelqu'un ... Ce n'était tout simplement pas dans ma nature. Et encore moins avec un homme tel que lui, qui utilisait les autres comme des instruments à manipuler selon ses volontés.
C'était le spectre des souvenirs qu'il implantait en moi, qui me torturait. Ses ténèbres devenaient les miennes, et j'étais incapable d'en protéger les autres. C'était en partie pour cette raison que je refusais la proposition de Basile.

J'avais protégé Rika, j'avais protégé et soutenu ma mère. Mais je n'avais jamais été capable de le faire sans ... me détruire. En accumulant la drogue, les aventures sans lendemain. Je n'avais jamais été capable de faire face sans lâcher prise. Ou plutôt, si. Une fois. A la naissance de Sae ... Mais j'avais fini par échouer.

Le cuisinier était différent. Sans doute plus courageux, capable de protéger ceux qu'il aimait autant que lui-même. Je ne le pensais pas faible. Derrière son sourire, il y avait quelque chose de lourd. Quelque chose qui, quelque part, me prouvait qu'il savait faire face. Se défendre, en gardant la tête haute.
Si je refusais son aide, ce n'était pas pour le protéger. J'en serais bien incapable. Bien sûr, je refusais d'être un poids ... Simplement parce que je ne le connaissais pas assez pour dépendre de lui. Mais si je refusais, c'était essentiellement ... pour moi. Parce que je devais me débarrasser de mes ténèbres, seule. Sans quoi, elle me rattraperait. Je devais ... retrouver ce que mon père m'avait enseigné. Le respect de mon nom, des valeurs comme l'honneur ou la fierté. Je devais rendre mes ténèbres à leur propriétaire. Balayer les cendres de ma culpabilité, pour faire brûler un nouveau feu.

"Pour protéger un être cher. Parce que je n'avais pas le choix."

Comment ... ? Pour protéger ... un être cher.
En un instant, la surprise remplaça mes doutes. Devais-je comprendre ... qu'il avait protégé quelqu'un ? La première personne sur les lieux ... Alice. Dans un premier temps, je sentis une angoisse nouvelle s'emparer de moi. Alice avait été ... en danger ? Et Basile ...

Et ... Et je dû de nouveau retenir mes larmes. Parce que l'information venait de se frayer un chemin, jusqu'à mon esprit. En imposant une seule, une unique possibilité. Lentement, mes doigts glissèrent du porte-bonheur ... En fait, tout ce qui comptait ... que je venais seulement de réaliser ...
Quelqu'un veillait sur Alice. Et cette constatation, à elle seule, m'était une telle délivrance ... J'avais l'impression de sentir mon cœur se gonfler, un mélange de joie et de reconnaissance. Ma tête devenait douloureuse, à force de réprimer ces nouvelles larmes. Des larmes de soulagement, presque de ... délivrance.
Alice n'était pas en sécurité, mais ... Mais elle était protégée. Réellement. Les promesses du cuisinier n'étaient pas faites en l'air ...

Mon Dieu, Basile ... Comment est-ce que je pouvais ... seulement essayer de le remercier ?
S'il n'avait pas semblé ... contrarié, ou vexé. Je pense que j'aurais eu le plus grand mal à me retenir de le serrer dans mes bras. Pour la première fois depuis plusieurs jours, mon sourire était sincère, à peine déformé par les larmes que je retenais. Mes lèvres s'entrouvrirent ... Je voulais lui dire quelque chose, n'importe quoi.

Mais je n'en eus pas le temps. Il avait déjà récupéré sa veste, et la clé émit un tintement en percutant le bureau. Quant à ses mots ... Ils auraient peut-être dû me blesser, me faire souffrir. Mais ce n'était pas le cas. Leur effet était ... Atténué par tout ce que je ressentais. Cette gratitude, ce soulagement. Alice n'était pas seule. Elle n'était pas seule avec elle-même, où avec une narcisse pour gardien.

Quand la porte claqua, je fus incapable de résister. Je me laissais tomber sur l'un des fauteuils de cuir, enfouissant mes yeux clos dans mes mains trop pâles ... pour libérer mes larmes, enfin, laissant les perles salées rouler sur mon visage.

Pour la première fois depuis de nombreuses années, je pleurais de soulagement. Pour la première fois depuis des semaines, je me sentais ... délivrée. Et pour la première fois depuis des jours, mes larmes m'étaient bénéfiques.



[OFF TOPIC]
Revenir en haut Aller en bas
https://deardeath.forumactif.fr
Contenu sponsorisé




Panic. No Panic. [Terminé] Empty
MessageSujet: Re: Panic. No Panic. [Terminé]   Panic. No Panic. [Terminé] Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 

Panic. No Panic. [Terminé]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» DLN [Terminé]
» Demure guy [TERMINE]
» Caffeine [Terminé]
» Come light my fire [Terminé]
» SHOW TIME [Terminé]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Deardeath Jail ::  :: Rez-de-chaussé :: Bureau de la psychologue: Ayame et Haru :: RP's terminés-