Ah...Mon aspect...Je ne sais plus trop...il y a longtemps que j'évite les miroirs, ils ne reflètent jamais que des tromperies, des incantations...Pareil pour les paroles qui s'envolent des bouches menteuses...Ils disent que je suis pâle, je les crois puisque je peux voir ma peau, elle est blanche comme la lune et des milliers de veines bleus et violettes la parcours, tellement visible sous cette peau qui devient parfois presque transparente. Ils disent que j'ai les cheveux  blonds, blanc, un peu des deux, pas blond platine, pas cette jolie couleur, comme un blond délavé, sali, usé. Par dessus ça, ils racontent que je leur fais peur, avec mes yeux orange comme un ciel d'orage...je ne sais pas s'ils disent vrais, ils mentent si souvent...Ils disent en plus que mon visage à les traits dur, « coupé à la serpe » je cite. Ah, s'ils disent vrai, je dois paraître bien étrange, bien ailleurs...surtout quand je souris. Cela m'arrive parfois mais depuis longtemps mes dents sont limées, en pointes pour mieux me défendre, en pointe pour mieux attaquer. Par dessus ça, je suis haut, plus que beaucoup de gens, je les regarde en hauteur. Ils n'aiment pas ça. Personne n'aime jamais rien quand je viens.

Encore parler. De moi. Encore. Assez...Mais je n'ai pas le choix n'est-ce pas ? Non, en effet. Moi, je suis là et c'est tout. Cela me suffit, les autres, les gens, les Ils, mettent des mots sur moi, des milliers de définitions pesantes comme de la pierre pour mieux me noyer. L'eau n'est pas mon amie, ils le savent. Ils disent, ils palabrent, ils médisent, encore et toujours, contre moi. Ils racontent donc que je suis instable, tantôt doux comme le vent d'été, tantôt un monstre. Ils disent que je suis paranoïaque, mais c'est pour mieux être contre moi. Je n'aime pas juste pas qu'on aille contre mon gré, laissez moi donc aller le long de mes envies. Ils ne me comprennent pas, personne n'y arrive pourtant je ne suis pas méchant. J'aime la littérature, l'art et la musique classique. J'aime l'Art, oui c'est ça. Mais cela pose toujours problème quand il s'agit de feux, de sang et de meurtres. Pourtant, ils en font partit, ils recèlent une poésie morbide bien plus saisissante que n'importe quel poème de Byron ou de n'importe quelle peinture de Turner. Voilà, je ne suis pour eux qu'un être malade, paranoïaque, torturé...Pourtant, je suis un amateur d'art. Et j'ai lu la Bible vous savez ?

Mon histoire ? Encore ? Je l'ai déjà raconté avant vous savez, à mes pauvres amies, mes songes et mes rêves. Soit, encore, encore et encore retracer les mêmes paroles pour raconter la même histoire que personne ne comprend jamais. Je suis né au nord, loin très loin au nord et bien plus à l'Est, en Norvège, sur sa frontière avec la Finlande, précisément dans la ville, ou le village, de Honningsvåg. Cela fait longtemps que je ne l'ai pas vu et pourtant je ne suis guère vieux...Il a toujours fait froid là-bas mais l'une des nuits les plus froides fut celle de ma naissance, la seule personne à avoir eu chaud fut moi, tandis que ma mère mourrait en couche d'une césarienne ratée. Mon père ne m'a pas élevé. Il m'a donné son toit, sa nourriture mais ce fut tout, nous étions comme des étrangers et déjà sur mon front blanc comme la neige se traçait en lettre de sang sous son regard le mot assassin. Leiemorder. Je n'aime pas ce mot.
Il n'y avait rien à faire et la seule distraction que j'avais était de lire, encore et toujours. Et de faire danser les feux follets, le long des branches. Le feu est magnifique, une danseuse parée des couleurs les plus chaudes, avec une grâce infinie. Je me souviens de mes premiers émois. Tandis que certain courent la gueuse, moi je dansais avec mon amie. Hélas, on ne comprenait pas, déjà mon père murmurait que j'étais dérangé, un esprit malade. Alors, je lui ai ouvert mon cœur et mon âme, je lui ai montré comme le feu était doux et beau. J'ai brûlé sa maison, j'ai fait une piste de danse plus grande que jamais pour ma danseuse. Elle a dansé, toute la nuit et tout le matin, jusqu'à ce que des monstres la tue à coups d'eau. J'ai un souvenir très précis de ces moments. Les yeux me dévisageaient, se détournaient quand ils me croisaient et revenaient quand je tournais le dos. Des mains dures me saisirent, m’emmenèrent loin du cadavre de mon amie et me placèrent sur un banc froid et humide. Des voix me parlèrent, encore et encore, je n'écoutais que peu, cela ne m'intéressait pas de savoir que mon père était dedans, je le savais déjà. J'avais 12 ans et j'étais déjà un parricide.
Classé dérangé, fou, gal, je fus conduit dans des centres où mes compagnons n'étaient pas plus comprit que moi. L'un deux me regardait avec envie quand je lui parlais de ma danseuse. Je lui montrais comment danser avec elle. Mais il était plus vieux, plus vicieux, plus avide. Il mentait lui aussi et quand il décida de lui faire l'amour à ma danseuse, il en paya le prix. Ce n'était cette fois pas ma faute, mais je n'arrêtais pas le feu quand il recouvrit le corps du garçon. Je regardais fasciné, découvrant une amie aussi belle que ma danseuse. Je découvris mon amante éternelle, la Mort. Je l'ai regardé brûler jusqu'à ce que les mains et les voix arrivent, m'arrache du spectacle et m'emmènent ailleurs encore.
Cette fois-ci, je n'eu aucun ami, ceux qui étaient là n'était rien. Des fous. Moi je ne l'étais pas. J'avais 15 ans à ce moment. A cet âge, on a souvent des pulsions, hormonales, et je me languissais du corps de ma belle. Alors j'ai regardé pour voir le plus beau visage, d'une jeune fille. Elle avait de long cheveux noir comme l'ébène et des yeux comme des puits sans fonds. Je lui parlais, elle ne comprenait pas mais écoutait. Elle me suivit, plusieurs jours, jusqu'à sa chambre. Puisqu'elle ne disait non, je lui ôtais ses vêtements et lui fit l'amour. Quelle déception ! Il n'y avait rien dans la reproduction qui provoqua les mêmes sensations qu'avec mes amies. J'étais si déçue. Mais en regardant ce corps nu, sans défense, je vis le visage de ma vraie partenaire. Délicatement, du bout des dents, je coupais mes ongles longs en griffes et les plongeaient dans son cou. Le sang jaillit, doux et chaud, rouge comme le soleil couchant. Là, elle était belle et superbe. La passion m'envahit et je lui fis l'amour une seconde, plus avec ce corps mais avec ma belle Mort. Quand ce fut fait je me penchais à son coup et lapait le sang à sa source ; Le goût n'était pas bon, mais il avait des saveurs interdites et délicates qui hérissèrent mon palais. Je remis le corps dans son lit, pris les clefs qu'elle avait et partis à la douche. Il était curieux de voir que les surveillants étaient parfois aussi malade que les patients. Il me suffit d'attendre la nuit pour partir. Les portes étant fermée à clefs, il n'y avait que peu de surveillance.
La nuit me passa dans les cheveux, m'enveloppa et je disparus. Mon visage était désormais connu, ils cherchaient à m'enfermer de nouveau, à me soustraire à mes amies, ils ne comprenaient rien à l'art. Il me fallait donc vivre de nuit, me balader dans la ville lors des jours sombres...Cela m'allait. J'étais misérable mais mes amantes étaient à ma disposition. De nombreuses fois encore je tuais. Toujours les plus belles. Je traçais sur leurs corps les peintures de la mort avec leurs sang. Et puis, je leurs mettais le feu. Elles étaient belles ainsi. Tellement belle...
Mais cela ne dura pas, j'étais partis à 19 ans, et maintenant, j'en avait 24. Je réussis néanmoins à mener un train de vie correct, toujours de  nuit bien sur, tandis que les journaux commençaient à me donner un nom. Eux sont les pries menteurs, ils transforment, recréent, et mentent toujours ! A cause d'eux, on me retrouva vite ! Pas de patience, pas de compréhension, juste du dégoût à cause des mensonges dit sur mon compte ! Ne parlez pas de ce qui vous est inconnu ! Laissez la mort et le feux vous montrer leurs merveilles avant de m'envoyer comme un dingue dans cet endroit sordide ! Je ne faisais que rendre hommages aux plus belles comme vous offrez des fleurs à votre élue. Je suis un grand romantique au fond...