the GazettE /// zakurogata no yuuutsu

Cela faisait quelques jours que je n'avais plus croisé personne de notable dans la prison de DearDeath. Ayame devait être enfermée dans son bureau à chaque fois que je passais devant, Luckas, le gardien allemand avec qui je venais de faire brièvement connaissance, n'avait sans doute pas pour habitude de traîner dans les couloirs aux heures où j'y déambulais, quant à Alice... La jeune Alice était une détenue, il était normal que je ne la croise pas plus souvent. J'étais tenté d'aller la trouver dans sa cellule, ou dans la cour aux heures où les détenus étaient sensés s'y trouver, mais j'avais la trouille. Pas d'elle, mais des autres. Les heures de repas présentaient une autre solution, mais également un problème similaire.
Si je m'inquiétais autant de cette jeune fille, ce n'était pas parce que j'éprouvais une affection paternaliste pour elle. Enfin, j'avais de la sympathie, mais elle n'était pas non plus très rassurante. Toutefois, son sort m'intriguais. J'avais envie d'en apprendre plus sur les raisons de son emprisonnement et pourquoi elle était si mal surveillée. Après tout, lorsqu'elle était venue chercher un livre à la bibliothèque, je n'avais décelé la présence d'aucun gardien. J'en avais déduis qu'elle n'était pas vraiment dangereuse, mais dans ce cas, pourquoi donc était elle à DearDeath ? Pourquoi pas dans un hôpital psychiatrique ? Je pensais aussi à elle parce qu'elle était la seule à être venue emprunter un ouvrage depuis que j'avais été affecté à ce poste et que la date inscrite sur les fichiers du vieil ordinateur de la bibliothèque approchait. Pas à grands pas, mais je n'avais pas grand chose de plus à faire, une fois le ménage terminé. Le classement des livres n'avait été ni long, ni complexe. Il fallait dire que le choix de lecture n'était pas très impressionnant.

Ce matin là, j'avais une bonne heure d'avance par rapport à mes habitudes. J'avais dormi d'une traite, si profondément, que mon corps s'était reposé en un temps record. Je commençais sans doute à m'habituer au lieu et à y trouver une forme de sécurité. Ou plutôt, je devais commencer à penser que l'endroit n'était pas aussi dangereux qu'il le paraissait. Aucun fou furieux ne s'était jeté sur moi avec un couteau jusqu'ici.
Je profitai de ce laps de temps pour prendre une douche vivifiante avant d'aller travailler, au lieu d'attendre ce soir. Armé d'une serviette éponge et de mon shampoing à l'amande, je traversai le couloir jusqu'aux douches.
Les douches. Un détail de plus qui m'avait foutu le bourdon lorsque j'étais arrivé à DearDeath. Au lieu de me laver, nu donc, bien en sécurité dans la petite salle de bien affiliée à ma chambre, je devais me coltiner les éventuels voisins de cabine. Au moins, il y avait des parois ! Les prisonniers n'avaient peut être pas ce luxe.

Je pris mon temps et lorsque je ressortis correctement habillé de la salle d'eau, j'étais tout rose et brillant de ce qui restait d'humidité sur ma peau. Mes cheveux étaient hérissés n'importe comment et j'étais décidé à attendre qu'ils sèchent d'eux mêmes avant de m'occuper de leur cas. La serviette sur l'épaule et la bouteille de shampoing en équilibre précaire dans la poche de mon pantalon, je m'apprêtais à rejoindre ma chambre pour déposer tout ça. Mais c'était sans compter sur l'apparition surprise d'une personne que je ne m'attendais absolument pas à voir à cet étage.

« Alice ? » lançais-je sans réfléchir, nullement alarmé.

Je m'approchai jusqu'à ce qu'une distance correcte de conversation nous sépare et lui demandais de plus amples explications. Je n'étais ni gardien, ni son père ou un tuteur, je le savais. Mais en tant qu'employé de cette prison, je ne pouvais pas m'empêcher d'éprouver une forme de responsabilité à sa rencontre. Bien sûr, j'étais prêt à parier qu'il n'en serait pas de même si Alice était un grand malabar musclé à l'air patibulaire.

« Qu'est ce que tu fiches ici ? C'est l'étage réservé au personnel. »

Mon ton avait sciemment été dénué de véritable reproche. Je l'avais déjà vue pleurer une fois et je ne tenais absolument pas à ce que ça se reproduise. Pas si j'en étais témoin. Et puis, je n'avais pas de mouchoir sur moi aujourd'hui.

« Personne ne te surveille ? »

Je fouillai le couloir des yeux rapidement, dans l'espoir un peu fou, sans doute, d'apercevoir un uniforme autoritaire.


[Si jamais ça ne va pas pour une quelconque raison, n'hésite pas à me le dire, ça ne me dérange pas de changer]

Que faire, que faire ? Ennuie, ennuie… Réfléchit, réfléchit. Aller !!!! Je sais ! Aller voir madame Ayame ! Bon, demandons !

« Hm…excusez-moi, vous pouvez m’accompagner au bureau de la psychologue ?
- Tu as pris un rendez-vous ?
- Hé bien…non mais…j’ai ceci, je sortais un papier signé par Madame Shizuka.
- Alors comme ça on est la petite chouchoute aux traitements de faveur. Aller suis-moi !
- …Euh… Bien monsieur ! »

Je suivais le gardien, d’un pas rapide pour qu’il ne me sème point. Soudain, il s’arrêta net et il commença à discuter avec un autre gardien. « Va tout droit et suis la pancarte ! Tu devrais arriver à son bureau ». « D’accord monsieur ! » dis-je d’un air sec. Je me dirigeais vers le fond du couloir. Un mur devant mes yeux, devant mon être. La petite pancarte indiquait la direction à suivre. Donc…c’est par là ! Arrivée à un autre croisement, j’hésitais. Peut-être que le panneau a été enlevé ? Hm…continuons.

Plusieurs minutes plus tard, je remarquais que les panneaux n’étaient pas absents par hasard. Attendez…je me serais trompée de direction ? Mais…ça veut dire que la flèche du début…était dans l’autre sens ?! Oh non !
En me retournant, je constatais que c’était un croisement à quatre chemins. Mince…d’où je viens déjà ?...  Raa !!! Non, pas encore ! Aidez-moi monsieur Corbeau !

"Navré Alice, mais tu dois apprendre à te débrouiller seule."

Mais…ce n’est pas juste ! Bon ! Continuons tout droit ! Nous verrons bien ! Je montais et descendais des escaliers et passais dans les étroits couloirs, sans jamais croise personne. Puis…une lumière.

« Alice ?
- Monsieur Gantley ?
- Qu'est-ce que tu fiches ici ? C'est l'étage réservé au personnel.
- Je recherche le bureau de madame Ayame, j’aimerais lui demander de me lire une histoire. Elle m’a dit qu’elle m’en lirait une si je voulais !
- Personne ne te surveille ?
- Hé bien le gardien m’a laissée à un croisement et il m’a dit de suite le panneau. Et je l’ai suivi ! Puis je me suis retrouvée dans un autre couloir ! Et j’ai voulu faire demi-tour quand je me suis rendue compte que j’avais regardé le panneau à l’envers, mais je me suis perdu et pouf vous êtes apparue ! »

Mon ton enfantin n'était pas très convainquant. Et je vis Monsieur Gantley pas très convaincu.

« Mais…c’est vrai ! J’ai un très mauvais sens de l’orientation et monsieur corbeau dit que je dois me débrouiller seule ! »

VIXX xxx Chaos

Son explication était valable. Elle venait voir Ayame. Même si le motif de sa visite était quelque peu surprenant. Par contre, le fait qu'elle se soit perdue m'intriguait un peu. J'avais du mal à la croire sur parole. N'avait elle pas plutôt fait exprès de perdre le gardien qui l'accompagnait ? Pourquoi faire dans ce cas ? Un mauvais coup ?
Elle me jeta un regard enfantin qui me fit presque craquer. J'hésitai alors sur l'attitude à adopter. J'étais tenté de la ramener de force jusqu'à l'homme qui l'avait amenée à cet étage et qui devait la chercher partout. Ca lui éviterait de faire des bêtises qui pouvaient aggraver son cas.
D'un autre côté, si elle disait la vérité, je m'en voudrai énormément. Avec un soupir appuyé, je me résignai à la meilleure solution qui se présentait à moi.

« Je t'emmène la voir. Suis moi Alice. »

Plein d'autorité parentale, je pris le chemin du bureau de la psychologue. J'avais une très légère avance sur la jeune fille, mais pas assez pour qu'elle échappe à la surveillance de mon œil. Bien sûr, si elle s'amusait à changer de côté, ce serait beaucoup moins drôle pour moi...

En chemin, nous croisâmes un gardien qui sourcilla sur mon passage. Pas celui d'Alice, le mien ! Hey, quoi ? Oh ! Je me souvins que j'avais encore les cheveux humides, une serviette éponge sur l'épaule et un shampoing dans la poche. Tant pis, je n'allais pas lui courir après pour me justifier. De toute façon, j'ignorais quelles hypothèses se battaient dans sa tête.
Nous arrivâmes finalement à la porte du bureau et je toquai doucement. Pas de réponse. Je donnai quelques coups un peu plus prononcés, mais ceux là ne donnèrent pas plus de résultat. J'appelai à travers le panneau, sans obtenir de réponse. Finalement, je testai la poignée. La pièce était fermée à clef.

« Pas de chance, on dirait qu'elle n'est pas là. »

Je fixai quelques secondes Alice. Qu'allais je faire d'elle ? La ramener dans sa cellule ? … J'avais le sentiment que ce n'était pas une bonne idée pour son bien être personnel, mais je n'étais pas habilité à la garder près de moi sans que l'on sache où elle se trouve.

« Je te ramène ? … A moins que tu ne veuilles que je te lise moi même quelque chose ? »

J'avais toujours des livres dans ma chambre et je me souvenais en avoir mis un, récemment, de contes. C'était un peu violent, mais toujours distrayant et enrichissant.

« Au fait, quand vas-tu me présenter monsieur Corbeau ? »

J'étais toujours curieux à ce sujet, persuadé qu'il était un détenu qui faisait office de père pour elle. Et si au début je craignais un peu de le croiser un jour, je m'étais fait à l'idée qu'il devait plutôt être assez calme et sage. Quelqu'un qui se repentait vraiment de ses conneries passées. Sinon, pourquoi Alice serait elle aussi charmante ?

« Je t'emmène la voir. Suis moi Alice. »

Hé pas si vite ! J’accélérais mes pas pour pouvoir le suivre. J’accélérais et ralentissais par à-coups. J’observais le coté de son visage de temps en temps. Je suis sûre qu’il y a des taches d’encre sur lui ! Il dit que ce n’est pas un stylo plume ou autre chose et que je divague…mais je ressens une douleur aigue. Ça ne peut pas être autre chose d’autre qu’un objet pointu, et l’ancre, lorsque l’on combine les deux je ne vois que ça comme objet.
Je callais mon livre contre moi lorsque nous arrivâmes devant la porte de grande sœur Ayame.

« Pas de chance, on dirait qu'elle n'est pas là. »

Pas là ?... Mais…je veux la voir moi…  Je baissais la tête en apprenant la nouvelle. Qu’est-ce que je vais faire en attendant ?

« Je te ramène ?»

« Je ne peux pas l’attendre ici ? Peut-être qu’elle a oublié quelque chose et qu’elle reviendra vite. J’ai vraiment envie de la voir ! »

« … A moins que tu ne veuilles que je te lise moi-même quelque chose ? »

"Là c’en est trop ! Encore pour la psy je veux bien faire une exception ! Mais je refuse qu'un homme me dépasse ! "

Qu’y a-t-il monsieur Corbeau ?...Quelque chose ne va pas ?...

"Je refuse qu’il me détrône et qu’il compte plus que moi aux yeux d’Alice. Je refuse qu'il me vole MON ange ! MON parfait ! "

…Monsieur…ne soyez pas jaloux… monsieur Gantley est une voix gentille…jamais il…

"ASSEZ !"

« Au fait, quand vas-tu me présenter monsieur Corbeau ? »

Le livre glissa des mains de l’enfant. Ses battements se firent de plus en plus rapide, et leur contrôle que des plus douloureux. Elle s’effondre, tombe sur les genoux. Tu tentes de résister Alice ?

« De un, Alice attendra le retour de madame Shizuka ici, et si tu veux ma présentation alors bonjour, je me présente, je suis le monsieur corbeau dont Alice parle. »

J’observais son regard ébahit comme si j’observais quelque chose à envier. Que croyais-tu ? Que j’étais un humain comme les autres ? Tu es ridicule. Encore plus ridicule que ce garçon qui m’a défié à la bibliothèque avant même ton arrivée.

« Amusons-nous un peu, tu veux ? , dis-je en me léchant les babines. Après tout c’est toi qui me demandes depuis ta dernière rencontre avec Alice. »

Born ++ Desire

Les réactions d'Alice me désarçonnèrent. Elle refusait tout bonnement de repartir, me suppliant presque pour attendre le retour d'Ayame. J'avais l'impression, à l'entendre, qu'elle éprouvait un besoin vital de la voir elle. Mais, il ne s'agissait que d'une histoire. Elle ne semblait même pas d'accord pour que ce soit moi qui me charge de la distraire.

« Mais enfin, Alice, soit raisonnable. Je n'ai pas la clef de son bureau et nous ne savons pas si elle reviendra. Nous n'allons tout de même pas attendre dans le couloir ! En plus, on va finir par te chercher. »

Elle ne répondait rien, semblait en proie à une souffrance intérieure atroce. La main sur son épaule et le dos courbé, je l'appelai d'une voix douce, sans effet.

« Alice ? Ca va ? »

Décontenancé, ne sachant qu'elle attitude adopter pour l'aider, je tentai de changer de sujet. Mais visiblement, monsieur Corbeau n'était vraiment pas le bon à aborder.

« Alice ! » m'écriais-je alors qu'elle s'effondrait après avoir laissé tomber le livre qu'elle tenait dans ses bras.

Je me laissai tomber à genoux à côté d'elle, n'osant la toucher de crainte de la choquer. J'ignorai de quoi elle souffrait, ne sachant même pas si son trouble était physique ou seulement psychologique.
Une voix dure heurta mes oreilles. Je redressai mon dos et regardai autour de moi, m'attendant à découvrir la présence de quelqu'un d'autre. Je devais pourtant me rendre à l'évidence. Ces mots si incisifs venaient de franchir les lèvres de la petite et inoffensive Alice.
Je la fixai et elle me fixait. Deux personnalités dans un seul corps alors ? Et l'une d'elle était ce « monsieur Corbeau » dont elle parlait souvent. Sauf qu'il n'était pas du tout comme je me l'étais finalement imaginé. Apparemment, il avait l'air d'être un peu psychopathe sur les bords. Dangereux. Meurtrier. Je commençais à entrevoir la raison de son internement à DearDeath. Et me demandais pourquoi elle n'était pas plus surveillée que ça. Et aussi pourquoi je n'avais pas filé m'acheter une arme dès que Luckas m'en avait donné l'idée.

Je me relevai suite au léchage de lèvre d'Alice/Monsieur Corbeau et reculai, espérant sans doute me réfugier quelque part. Un mur s'opposa à ma décision et j'y restai plaqué comme un benêt, devant ce qui représentait probablement l'une des créatures les plus dangereuses de DearDeath. Dire que je croyais m'être fait une sorte d'amie, innocente, avec un petit problème psychologique. Que j'étais stupide !

Prenant mon courage à deux mains, je tentai néanmoins d'outrepasser ma voix tremblante pour contrer Alice. Avec la bonne stratégie, je parviendrais peut être à m'en sortir. Le problème était que je n'avais qu'un essai, puisqu'une seule vie.

« C... C'est vrai. Je voulais te rencontrer. Parce que tu vois, j'aime bien Alice. Je ne veux pas qu'il lui soit fait du mal et... Je voulais te remercier pour prendre autant soin d'elle. … A quoi veux-tu jouer ? »

Je me décalai légèrement vers la porte du bureau d'Ayame. C'était la sortie la plus proche. Si je tentai de m'enfuir par le couloir, il était possible que je sois rattrapé. Après tout, je ne connaissais rien des capacités physiques de mon adversaire. Ma main testa à nouveau la poignée, sans plus de succès que précédemment. J'aurai aimé savoir crocheter les serrures les yeux fermés et avoir une épingle à cheveux. Mais je devrai me contenter, pour l'instant, de parler en espérant trouver les bonnes phrases. Et si la situation s'envenimait trop, je tenterai de courir. La bibliothèque n'était pas si loin. Avec un peu de chance, j'arriverai à ouvrir puis fermer la porte. Il me suffirait ensuite de téléphoner... Bien sûr, il me fallait de la chance.

Qu’as-tu petit homme ? Tu aurais peur de moi ? Dans le corps de cette enfant ? Tu es ridicule, mais en même temps, tu as raison d’avoir peur. Je n’ai point besoin de force pour tuer quelqu’un, et encore moins d’une arme.

« C... C'est vrai. Je voulais te rencontrer. Parce que tu vois, j'aime bien Alice. Je ne veux pas qu'il lui soit fait du mal et... Je voulais te remercier pour prendre autant soin d'elle. … A quoi veux-tu jouer ? »

Un rire discret m’échappa. Un rire sinistre et sombre, un des rires que j’apprécie faire. J'attendais patiemment sur le sol, ne relevant pas le corps parfait mais incomplet de mon ange.

« Tu me fais rire petit humain ! Et en même temps je te hais, parce que précisément tu peux aimer, avoir des sentiments, autres que la colère et la haine. Alors que toi, tu peux l’aimer, la protéger malgré tes angoisses. Alors que moi, ma seule fonction est d’éduquer Alice, ainsi que de l’empêcher d’oublier sa raison d’être. Remarque…je peux la protéger aussi, mais pas dans certaines situations. »

…Qu’est-ce qui se passe ?...Je suis au parc ?... Je ne veux pas jouer...je ne veux pas aller au parc… S’il vous plait…ne faites pas de mal à Ulrick… C’est une voix gentille… Monsieur Corbeau…s’il vous plait…

« Puisque tu le proposes, jouons au chat et à la souris ! Je suis le chat bien entendu. »

…Monsieur…non… Laissez-le…

Ne t’en fais pas Alice, je m’amuse avec lui, rien de plus. D’ailleurs, son visage est d’un pâle mortel. tu l'imagines ? Ton grand ami humain à peur d'une personne comme moi. Un simple marionnettiste, mais qui possède une formidable créature au grand cœur.

« Tu es tellement crédule et naïf. Si je te tue Alice en sera terriblement atteinte, et je ne le désire point. Donc, un jeu disais-tu ? Jouons à action ou vérité veux-tu ? Sans les actions bien entendu. »

Je levais le corps de mon petit ange, et me dirigeais contre ce cher humain. Délicatement, j’enlevais son cache œil. Tu as l’ai tout tétanisé, que vas-tu faire ? Fuir ? Cela serait d’une stupidité sans égal.

« Je commence. Dit moi petit humain, comment es-tu fais ceci ? »

BOOWY /// Cloudy heart

Alice riait. C'était tellement malsain que j'en avais froid dans le dos. Techniquement, je savais pertinemment que je n'aurai pas dû avoir d'elle. Honnêtement, elle n'était pas bien impressionnante. Mais l'esprit pouvait vous faire faire des choses extraordinaires. Il pouvait, par exemple, vous donner assez d'adrénaline pour vous donner l'illusion d'être puissant. Il pouvait vous faire oublier la douleur la plus insupportable. Il pouvait faire de vous quelqu'un d'autre, avec des capacités tellement au-delà de celles dont vous vous sentiez normalement capable.
Elle prit ensuite la peine de m'expliquer qu'elle ne ressentait rien. Enfin, sa personnalité en doublon, qui prenait soin de l'autre. C'était vraiment étrange. Alice veillait sur elle même, mais elle se mettait aussi en danger seule. C'était une fille qui se suffisait à elle même. Et qui repoussait les gens qu'elle aurait dû accepter, comme moi. Apparemment, la confiance n'était pas quelque chose que monsieur Corbeau accordait facilement. Un livre entier de psychologie semblait pouvoir être écrit sur son cas. Peut être qu'Ayame était en train de le rédiger d'ailleurs.

Et puis Alice décida de jouer au chat et à la souris. Je ne voyais pas d'arme sur elle pour me chasser, mais je ne devais pas écarter la possibilité qu'elle en cachait peut être une. … Je blêmis en pensant au sort hypothétique du garde qu'elle avait « perdu ».
Finalement, Alice sembla changer d'avis et me rejoignis. La peur accéléra légèrement mes battements de cœur, je m'attendais à ce qu'elle dévoile une matraque ou même un pistolet. Mais rien de tel. J'étais apparemment trop important aux yeux d'Alice version douce pour mourir. Mais je n'allais sans doute pas tester la patience de mister C.
Le nouveau jeu de ce dernier était Action ou Vérité. Mais seulement avec la Vérité. Pourquoi ? Alice était elle trop faible pour les activités physiques ? Ma porte de sortie était toute trouvée ! Il me suffisait de... Elle souleva mon cache-oeil et je me raidis, la laissant inspecter la cavité vidée sur laquelle se refermait ma paupière. Elle voulait savoir comment j'avais perdu mon œil. Pouvais je lui mentir ? Avais je seulement un intérêt à le faire ?

J'agrippai doucement le poignet d'Alice et abaissai sa main, avant de rabattre mon cache-oeil. Je détestais évoluer sans, particulièrement en présence d'autres personnes. La nuit, j'en avais un en tissu.

« Quelqu'un l'a crevé par accident. A mon tour. Crois tu vraiment pouvoir me retenir ici contre ma volonté ? »

Je poussai Alice et m'enfuis, direction la bibliothèque. Je n'avais pas la certitude absolue que je ne serai pas poursuivi, mais les dernières paroles de la jeune fille tendaient dans mon sens. Et puis, j'avais de grandes jambes et un excellent souffle.

« Tu la laisserais donc seul ? »

Ton arrêt dans ton élan était d’un prévisible démesuré. Si Alice était autant attachée à toi, tu devais l’être aussi, et tes responsabilités t’obligent surement à ne pas laisser une détenue seule. Tu me crois donc crédule à ce point petit humain ? Mais je ne le suis pas. En revanche, toi…

« Serais-tu lâche à ce point, Ulrick Gantley ? »

Lâche, c’est le bon mot. « Honte » n’aurait pas été assez fort, même si je voyais que ton œil te rappelait d’horribles choses. Tu renonces bien trop facilement, et ta tentative de fuite en est la preuve même.

« Tu me déçois énormément sur ce point, mais en même temps, c’était prévisible. Que faut-il te dire pour que tu comprennes que je ne te ferais aucun mal ? Mon petit ange tient beaucoup trop à toi. »

Je me relevais, frottant la tenue peu confortable, vérifiant au passage qu’aucune douleur ne traversait ma conscience. Si elle avait eu un seul bleu, humain, je t’aurais corrigé d’une façon mémorable. Bien, reprenons !

« Continuons le jeu veux-tu ?, j’ajoutais une légère pointe de rire dans ma phrase, combinant innocence et envie. Donc, est-ce que je crois vraiment pouvoir te retenir ici contre ta volonté ? Et bien je viens de le faire. A mon tour ! »

Je réfléchis un petit instant, cherchant les bons mots, la bonne formulation. Je ne cherche pas forcément à frapper en plein cœur…mais plus…à déstabiliser.

« Aimes-tu fuir, ignorer et...mentir ? »

...Les étoiles…elles ne sont pas présentes ici ?... C’est long…quand est-ce que je pourrais rentrer ?... Je m’inquiète pour Ulrick… J’espère que monsieur Corbeau ne fait pas trop de bêtises… J’aimerais pouvoir l’arrêter…mais je n’ai pas de force… Je n’arrive pas…à bouger de ce sol étrange comme un nuage… Tout ici…est fait pour que je me sente bien…mais encore une fois…je n’arrive pas à être alaise…je me soucie des gens que j’aime… J’ai des sentiments… Alors s’il te plait…

JYJ ~ be the one

Je courais sans surveiller Alice, si elle me suivait. Mais quelques mots suffirent à m'arrêter. Je me figeai, net, dans le couloir, les bras le long du corps. Mon cerveau prit peu à peu la mesure des mots et je levai la tête vers le plafond, les mains sur les hanches, dépité. Merde alors... Il me tenait par les couilles. Avec un sourire de découragement, je me retournai, un coin de ma lèvre inférieure pincée entre mes dents. Et lorsqu'il m'accusa de faire preuve de lâcheté, je relâchai mes bras tout en me rapprochant d'Alice, les poings doucement serrés. Je me refusai à la regarder, préférant contempler le sol qui se déroulait devant moi. Ce ne fut que lorsque je me retrouvai à une distance respectable de la jeune fille que j'osai lever l’œil sur elle.
Elle se redressa, après m'avoir asséné un nouveau coup de fouet sur mes responsabilités. Je ne répondis rien, mais encaissai lourd tout de même. Il me testai, ce monsieur Corbeau. C'était... Mes yeux se mirent à briller, durant un bref instant. C'était ça ! C'était comme ça qu'Alice s'assurait de la loyauté des gens qui l'entouraient ! Finalement, elle n'était pas si différente du commun des mortels, elle avait les mêmes besoins. Ses méthodes étaient juste plus radicales. L'avoir compris ne m'empêchait pas pour autant de craindre la jeune fille. Elle était internée (plus qu'enfermée) à DearDeath et avait dû aller à des extrémités effrayantes. Aussi, elle n'était certainement pas à l'abri d'un pétage de plomb ou de la déformation de sa logique psychologique. Je ne tenais pas vraiment à en faire les frais. Je me dis que j'allais devoir la jouer fine si je voulais que tout se finisse bien.

Je la laissai dire qu'elle avait répondu à ma question, ce qui était loin d'être faux. Qui savait si elle n'était pas capable de se faire du mal juste pour me punir ? Ne connaissant rien de la psychologie de la jeune fille, malgré ce que j'avais pu en comprendre, je ne pouvais pas tenter le diable. En tout cas, ma bonne conscience me l'interdisait.
Je pris donc une profonde inspiration en attendant la suite du jeu, les mains jointes dans le dos. J'étais prêt à tout entendre, du moins le croyais je jusqu'à l'arrivée de la question. Je me sentais désarçonné. Il s'agissait plutôt d'une affirmation et je n'avais apparemment même pas le droit de démentir. Mon regard vacilla, flancha et je détournai l’œil pour le fixer sur une plinthe.

« Fuir... Ignorer... Mentir... »

Je me fis violence pour regarder de nouveau Alice et cherchai une réponse convaincante.

« Je fuis, je mens, comme tout le monde. Mais je n'ignore personne. Je n'ai pas ignoré Alice. Et tu vois, finalement je ne l'ai pas fui. Comme tu l'as deviné, je tiens à elle. »

Je me tus, le temps de trouver quoi lui répondre. Et puis, l'inspiration me vint. Je ne savais vraiment pas comment j'avais eu une telle idée, peut être l'avais je lue dans un roman.
Je m'approchai doucement d'Alice et, alors que j'étais tout proche, je me penchai de façon à murmurer près de son oreille.

« Est ce que tu n'as pas soif d'amour et d'affection ? Est ce que tu ne ressens vraiment rien ? Même pas si je fais ça ? »

Je déposai alors mes lèvres sur celles d'Alice, tout simplement. Je ne la maintenais pas, ne la forçais à rien. Mon baiser était juste doux, sans aucune appellation sexuelle. Aucun échange de salive. Juste un geste affectueux fort, intime, qui forçait à la vulnérabilité sécurisée.


[Comme expliqué dans mon post, il ne faut pas y voir quelque chose de sexuel mais si ça te pose le moindre problème, je pourrai modifier ça ]

Mais à quoi est-ce qu’il pense ? Je n’ai pas été assez clair ? Oh, tu réfléchis, je comprends. C’est le genre de l’humain de réfléchir à des questions simples et bêtes. Pff, ridicule.

« Je fuis, je mens, comme tout le monde. Mais je n'ignore personne. Je n'ai pas ignoré Alice. Et tu vois, finalement je ne l'ai pas fui. Comme tu l'as deviné, je tiens à elle. »

…Tu vois…je te l’avais dit…il n’est pas méchant… Alors calme-toi…s’il te plait…

"Je refuse de l’admettre !  S’il tient à toi… Il… Je…"

…S’il vous plait…

"Tss ! Reste avec lui si ça te chante…il est de confiance. Mais sache que je ne laisserais pas me doubler !"

…Personne ne peut vous doubler… Vous faites peur certes…mais je tiens beaucoup à vous… Vous êtes avec moi depuis bien trop longtemps pour que quelqu’un puisse vous doubler…

J’ai pu me détacher de ce sol et de ce ciel sans étoiles. En remontant j’avais croisé monsieur Corbeau, et lui avait fait un gros câlin. Il le méritait. Reprise de la réalité. Un peu brutale mais…au moins j’avais réussi à endormir monsieur corbeau.
P...Pourquoi monsieur Gantley est aussi près de moi ?...Qu’est-ce qui se passe ?...
Je commençais à trembler. De base, j’étais intimidée par tout ce qui était plus grand que moi. Et le monde en particulier, était plus grand que moi.

« Est ce que tu n'as pas soif d'amour et d'affection ? Est-ce que tu ne ressens vraiment rien ? Même pas si je fais ça ? »

Qu’est-ce que… C’est quoi ?... Pourquoi il… Si je ressens…quelque chose ?...
J’avais peur. Peur d’aimer tellement j’avais essayé. Maintenant que je sais que je ne suis plus rejetée par certaines personnes, ça m’effraie. Le monde, la vie, tout ce qui est plus grand que moi m’effraye. Et pourtant…j’arrive parfaitement à m’y intégrer quand je le veux et quand les autres le veulent aussi.

Lorsque ses lèvres se détachèrent, je m’effondrais, anéantie par cette sensation. Si j’avais soif d’amour et d’affection ? Je ne sais pas…je n’ai pas été aimée. Je n’ai jamais eu de vrais parents. Je n’ai pas d’envie…ou alors…

« Personne…ne m’a jamais aimée…personne à part lui… Les gens m’ont toujours traitée de sorcière… d’étrange et d’autres noms plus vulgaires… J’ai toujours été seule…et je n’ai presque jamais rencontré de voix gentille… Même mes familles d’adoption m’accusaient de tout à tort et à travers… Je veux aimer…mais il a peur que je tombe sur des mauvaises personnes… Rien de plus… Je veux juste avoir des amis… Mais je ne veux pas que ça recommence…je ne veux pas qu’on me fasse mal… »

J’avais porté mes mains sur ma tête. Mon cœur battait fort. Je n'avais jamais dit tout cela à qui que se soit. Je commençais soudainement à pleurer. Je déviais alors ma tête pour pas que monsieur Gantley me voit. Je lui ai promis d’être forte…alors je ne dois pas pleurer… Aller arrête de pleurer… Aller…

B.A.P \o/ Body & Soul (chanson de lover)

Lorsque je détachai mes lèvres de celles d'Alice, je savais que quelque chose avait changé. Il n'y avait plus cette tension morbide dans l'air, pleine d'angoisse et de défis. Alice était juste redevenue elle. Quand j'ouvris les yeux et vis son visage troublé, je sus que mon instinct ne m'avait pas trompé. En revanche, je ne m'attendais pas à ce qu'elle s'effondre comme elle le fit. Trop surpris, je ne parvins pas à la rattraper avant qu'elle ne soit par terre. Heureusement, elle ne semblait pas s'être fait mal. … J'en doutai lorsqu'elle se mit à pleurer, en tentant de se cacher. Je m'accroupis aussitôt devant elle, terrifié. Non, non ! Pas encore ! Et je n'avais pas de mouchoir cette fois ci !
Elle me balança tout ce qu'elle avait sur le cœur. Comment elle avait été maltraitée, la raison pour laquelle elle ne faisait plus que très difficilement confiance aux gens. J'étais tellement touché que j'en oubliai le danger qu'elle représentait et me penchai pour la prendre doucement contre moi, un genou à terre.
Je la laissai pleurer sur mon épaule, incroyablement ému, tout en caressant doucement ses cheveux. Je voulais surtout qu'elle se calme. J'étais toujours un peu désemparé devant quelqu'un en larmes.

Quand je sentis que ses pleurs étaient un peu passé, je me détachai d'elle et me tins simplement accroupis devant elle. J'avais l'air inquiet et la fixai, craignant qu'elle se mette soudain à éclater en sanglots. Je finis par me relever et lui offris ma main pour qu'elle fasse de même.

« Alice, si tu veux, tu peux rester à la bibliothèque toute la journée. Tu pourras lire ce que tu veux, tranquillement. »

De fait, il n'y avait jamais personne à la bibliothèque.

« Et je pourrai rester avec toi, si tu veux aussi. Mais on peut faire une toute autre chose. Qu'est ce qui te ferait plaisir ? »

Oh, elle ne pouvait pas me demander n'importe quoi et j'espérais qu'elle en avait bien conscience. Je ne pouvais, pas exemple, l'emmener dehors voir un film au cinéma.
Malgré la forme de résolution qui venait de se passer, je me posais tout de même une question. J'étais juste curieux et... Aussi, sans doute, avais je envie d'avoir accédé à une sorte d'importance.

« Est ce que monsieur Corbeau m'aime bien maintenant ? Où est ce qu'il veut encore tester ma loyauté ? »

Je souriais, essayant de rendre la conversation plus légère. Mais j'étais anxieux à l'idée qu'elle puisse prendre mal mes propos et replonger dans sa double personnalité.

« Alice, si tu veux, tu peux rester à la bibliothèque toute la journée. Tu pourras lire ce que tu veux, tranquillement. Et je pourrai rester avec toi, si tu veux aussi. Mais on peut faire une toute autre chose. Qu'est ce qui te ferait plaisir ? »

« Ce qui...me ferait...plaisir...?... »

Aucune question de ce type ne m'avait  été posée. Personne ne m’avait jamais vraiment demandé mon avis…Enfin si…mais pas dans ce genre de situations. Qu’est-ce qui me ferait plaisir... l'extérieur...voir le monde… Mais c'est impossible... Sinon...manger des bonnes choses... voir de belles choses... lire de belles choses... Lire…

« ...Je voudrais...rester...avec vous...et lire avec vous... »

« Est ce que monsieur Corbeau m'aime bien maintenant ? Où est ce qu'il veut encore tester ma loyauté ? »

Tester sa…loyauté ? Je fixais monsieur Corbeau. Il…le testait ? Ce n’était qu’un test ? Pourquoi ?... Il sait bien que les voix gentilles ne me font rien…alors pourquoi ?...

"Tu aurais oublié l’histoire de ta petite sœur ? Tu disais qu’elle était une gentille fille. Ou bien tentais-tu de te l’avouer ? Oui je n’ai aucune confiance. Les humains sont des acteurs de leur propre vie. La plus part se servent de toi, tu te fais écraser, dominer. Les humains ne savent pas tendre une main a une personne en détresse."

Mais…Ayame…et Ulrick ils…

"Eux se sont des exceptions. Certaines personnes  voient la lumière qui est en toi. Certaines personnes peuvent voir que tu es un ange. Et le jour où tu seras en sécurité pour de bon, alors je m’en irais. Enfin, il est de confiance point final."

...

Ai-je besoin de mots pour lui dire que monsieur Corbeau l’apprécie désormais, et qu’il lui fait confiance ? Je ne pense pas.

Je fixais la main tendue. … « Redresse-toi. Bats-toi. Vis. »…m…maman ?... Vivre ?... Vivre…je…dois vivre… J’essuyais mes restes de larmes et redressais un peu plus la tête, tentant de lever ma main vers la sienne. Tremblante, je la saisis, faisant une légère pression. A vrai dire…je n’arrivais pas à forcer d’avantage. Après ce pas de fait, je m’engageais sur un autre. Me lever. Je dois…me lever.

Kagerou ** Rasen kubi

Elle désirait rester à la bibliothèque pour lire. Bien. Un endroit où elle serait au calme. J'eus un léger frisson en pensant que cela me mettait peut être en danger, mais réprimai cette idée. Après tout, je venais de l'être, en danger. Et d'après moi, je m'en était sorti comme un chef.
En revanche, Alice ne prit pas la peine de répondre à mon autre question. Je déchantai un peu mais décidai de ne pas insister. Elle devait avoir ses raisons, peut être ne me faisait elle pas encore totalement confiance. J'ignorais si je tenais tant que cela à ce qu'elle le fasse. Après tout, je n'avais aucune obligation envers elle. Je suppose que quelque part, cela me flatterait.
Plutôt confiant, malgré tout, quant à la suite des choses, je laissai Alice saisir ma main et tenter de se redresser. Elle avait du mal aussi je la soulevai d'une traction du bras, presque sans effort. L'avantage quand on pratique la boxe...
Je pris ensuite la direction de la bibliothèque et récupérai en chemin la serviette éponge et le shampoing tombés lors de ma course. Enfin, de ma tentative de fuite face à mister C.

Une fois dans mon nouveau petit sanctuaire, je me sentis plus détendu. Je déposai mes affaires sur le coin de mon bureau et laissai Alice se rendre là où elle le désirait. Quant à moi, je me souvins de mon petit planning de bibliothécaire qui consistait à trier certains rayonnages.
Je disparus donc entre les étagères et commençai mon travail, sans vraiment me soucier de mon environnement. Pourquoi l'aurais je fait ? Pourtant, j'aurai dû.

« Salut, Ulrick. »

Je me retournai sur la droite, violemment. Cette voix... Je ne l'avais pas entendu depuis tellement longtemps.

« Liam... Qu'est ce que tu fous ici ? T'étais pas en tôle ?
-J'aurai dû... Alors, à ce que je vois, le petit bibliothécaire discret prend de l'assurance. On ne fait même plus attention aux monstres qui pourraient se cacher dans les ombres. »

Quelques minutes plus tard et suite à une discussion de plus en plus houleuse, je traversai tout un couloir de la bibliothèque sur le dos, avant de me cogner la tête sur une étagère. Liam me rejoignis avec sa démarche de prédateur et se tint au dessus de moi avant de se pencher pour me saisir par la cravate et me soulever légèrement du sol. Je le fusillai de l’œil alors qu'il me souriait avec son petit air supérieur habituel. Il allait encore me balancer une de ses phrases bien piquantes quand un bruit attira notre attention.

« Alors il y a quelqu'un d'autre ici ? Je pourrai m'amuser avec, qu'est ce que tu en dis.
-Laisse la tranquille putain !
- « Elle » ? On s'attache à ce que je vois... Tu as finalement changé de bord ? »

D'une pulsion du coude, je me projetai dans sa direction. Mon front heurta violemment sa mâchoire et il s'écroula en arrière. Un peu de sang coula à côté de mon œil, mais je m'en contre-foutais. »

« Alice ! » hurlais je comme un désespéré. « Dégage d'ici ! Monte dans ta cellule ! »

Je ne savais pas exactement où elle était, mais je priais pour la retrouver avant Liam. Manque de bol, ça ne se passa absolument pas comme je l'avais prévu. L'intrus me plaqua au sol et me tordit le bras, à califourchon sur moi. Je pensai un instant au bipper de Luckas, mais il était tombé de ma poche dans ma chute et se trouvait hors de portée.

« Tu n'es pas content que je te rendes visite ?
-Non. »

J'avais la rage. Liam allait tout gâcher ! Et si jamais il faisait du mal à Alice, ou même à Luckas... Je n'aurai d'autre envie que de le tuer. Je n'avais jamais fait ça, mais pour lui, j'étais prêt à tout.


[Tu fais ce que tu veux =3 L'idée c'est que Ulrick, pour une certaine raison que j'expliquerai plus tard, ne se souviendra pas de la visite de Liam, mais Alice si.]

Tirée vers le haut. Juste tirée. Ni trop violemment ni trop doucement. Juste assez pour me lever. … Oh mon dieu ça fait comme dans les films ! Je me mis à rougir rien qu’à y penser. Je regardais Monsieur Gantley de dos. « X » ? C’est un tatouage ? Il est…

"Il est ton genre Alice ?"

…PARDON ?! Monsieur !! Ces choses ne se disent pas !!! Surtout si c’est faux en plus et vous le savez mieux que moi !  Non mais ne faut pas se faire des idées comme ça ! Et puis tu sais très bien que mon cœur il bat pour quelqu’un d’autre…

---
- Hé ! Pourquoi tu restes dans un coin ? Viens !
- …Je n’ai pas le droit… Si je viens on va me frapper…
- Je te défendrais ! Alors viens avec moi ! On sera juste tous les deux. Hm…tu as déjà mangé des crêpes ?
- …Je ne crois pas…mais…pourquoi cette question ?
- Parce que je vais t’en faire manger. Tu as l’air toute maigre !
- Mais…je ne pense pas avoir…
- Je te défendrais je te dis ! D’ailleurs, je m’appelle Noah, Noah Winterhouse.
- Noah…Winterhouse ?...
---

"C’est vrai, pardonne moi petit ange. Tu ne l’as pas pris mal hein ?"

Hein euh…bien sûr que non ! Et puis je sais que vous savez alors je ne m’inquiète pas plus que cela ! Mon petit cœur me dit que Monsieur Gantley est comme un grand frère. Alors pas de doute sur mes sentiments !

C'était...encore des souvenirs?… Bah peu importe... Ah ? Où est Ulrick ? Ah oui lire… Je pense que je vais le laisser seul… Il n’a pas l’air dans son assiette. Alors le rayon…A…B…C…D...
Soudain un bruit, comme si quelqu’un c’était cogner a quelque chose. Ou quelque chose à quelque chose… Ce bruit n’était tellement pas prévisible que je lançai un livre en l’air et qui retomba durement au sol. Intuition soudaine. Cette aura…un autre corbeau ?!

-Laisse la tranquille putain !
- « Elle » ? On s'attache à ce que je vois... Tu as finalement changé de bord ? »
Qu…qu’est-ce qui se passe ? J’allais dans la direction des voix, traversant les étroits rayons. Pas le temps de voir ce qu’il se passe que la voix gentille raisonne à nouveau et bien plus fort.

« Alice !  Dégage d'ici ! Monte dans ta cellule ! »

Je me stoppais net. Comment devais-je prendre ces mots ? Pourquoi voulait-il que je m’en aille ?
Je me penchai, analysant la scène que très peu de temps. Ce corbeau…c’est la première fois que j’en vois un aussi spécial. En même temps…qui a déjà vu un corbeau tenir des dés dans son bec ? Moi. Parce que je viens de le voir.
Avec autant de discrétion qu’un éléphant, je choppai un dictionnaire et frappai le détenteur du corbeau à dés à la tête, par derrière. J’eus un instant avec une tête…normale ? Mais elle passa rapidement au pâle. Je lâchai le livre rempli de mots en tout genre.

« Oh mon dieu j’ai frappé le frère de monsieur Gantley !! Olala olala ça ne va pas je vais me faire gronder… »

LIBEREEE DELIVREEEEEEEEEEEE

[J'espère t'avoir laissé assez d'ouverture =3]

Je me débattais contre Liam, mais rien à faire. C'était comme si j'étais dans l'impossibilité de développer mes forces. Sans doute agacé par mes gesticulations, il me tordit légèrement le bras. Je lâchai un grand cri de douleur et des larmes emplirent mon œil.

« Calme toi, Ulrick. Je ne te veux aucun mal. Enfin, sauf si tu insistes. »

Il me tordit cette fois le poignet et je me mordis la lèvre. Je ne voulais pas qu'Alice revienne, attirée par ma douleur, prise de pitié. Elle devait s'éloigner le plus possible de ce fou dangereux.
Alors que je retenais mon cri, la douleur se diffusa lentement dans mon corps, jusqu'à mon bas ventre. Je lâchai finalement un gémissement, mais pas le genre auquel je m'attendais. Heureusement, Liam ne sembla pas comprendre. Il se contentait de rigoler.
Un bruit de coup me parvint et la pression sur mes bras cessa, bientôt suivie de celle de mon dos. Lentement, je me retournai pour m'asseoir sur le sol. Mon dos craqua pendant l'opération.
Je levai la tête, vers Alice. Alice ?! Elle avait un dictionnaire dans les mains, qu'elle jeta très vite par terre. Pâle, elle semblait horrifiée par ce qu'elle venait de faire. Pas parce qu'elle avait frappé un homme, mettant la vie de ce dernier en danger. Mais parce qu'il était mon frère.
Je me relevai, me demandait bien comment elle savait cela, mais je devais d'abord me préoccuper d'elle. Même si Liam ne l'avait pas approchée, je voulais m'assurer qu'elle n'avait pas trop peur.

Je la pris doucement par l'épaule et lui parlai le plus gentiment possible, tâchant sans succès de faire taire les tremblements de ma voix.

« Tout va bien Alice, c'est terminé. Merci, merci. Tu as bien fait, très bien fait. »

Je ne pus m'empêcher de lui faire un câlin, plus pour moi que pour elle. J'espérais que ça calmerait un peu la tension qui habitait mon corps. J'étais encore sous l'emprise de la terreur.
Je jetai un coup d’œil au corps inanimé de Liam. Un peu de sang avait coulé sur le sol, mais sa vie ne devait pas être en danger. Dommage. J'étais vraiment tenté de le finir moi même. Mais pas devant Alice.

« Et si tu allais en cuisine demander un bon chocolat chaud, hein Alice ? Pour te récompenser. Et demande une montagne de chantilly et un biscuit. »

Je l'encourageai ainsi jusqu'à ce qu'elle accepte et me tournai face à Liam. Bon.
Mon couteau était dans ma chambre, mais... Je me hâtai vers mon bureau et ouvris tous les tiroirs, désespérant de trouver ce que je voulais, jusqu'à ce que je me rende compte que le coupe papier était dans le premier que j'avais ouvert. Je le saisis et repartis parmi les rayonnages, mon arme en main et bien décidé à en finir. Une fois pour toutes. Cet enfoiré ne s'échapperait pas de la prison où j'allais l'envoyer.

Mais lorsque j'arrivai à l'endroit où je croyais avoir laissé Liam, rien. Ou plutôt personne. Le dictionnaire ouvert à la lettre « L » me narguait. Non, je ne m'étais pas trompé d'endroit.
Liam m'attrapa par derrière, serrant ma gorge et tenant mon poignet pour m'empêcher de lui faire du mal.

« On voulait me blesser petit frère ?
-Te tuer, fis je d'une voix étranglée.
-Expéditif. C'est bien. Maintenant, finissons en. »

Je crus qu'il allait me poignarder avec mon propre coupe papier, mais une paire de dés arriva dans mon champ de vision.


J'étais à mon bureau lorsqu'Alice revint. J'avais trouvé la trousse à pharmacie de la bibliothèque et pressais un coton imbibé d'alcool à quatre vingt dix degrés contre ma blessure. Ca piquait un peu, mais c'était ce qu'il y avait de plus efficace. Je souris à ma nouvelle amie quand je la vis.

« Ca va ? Tu vois, c'est rien. J'ai été maladroit, c'est tout. Etre bibliothécaire dans une prison et se faire mal en se faisant tomber un dictionnaire sur le coin de la tronche, c'est débile, hein ? »

Je ris doucement de ma propre bêtise. Etrangement, je me sentais un peu béat. Comme si j'étais vraiment très heureux d'avoir réussi à vaincre monsieur Corbeau. Oui, c'était ça. J'étais super content d'être ami avec Alice. Enfin, je l'espérais.

« On est amis, maintenant, n'est ce pas ? Si tu as besoin de quoique ce soit, tu viendras me voir. Okay ? Et je te promets que dans pas longtemps, je ferai en sorte que tu puisses sortir. Et je te paierai une glace. »

Je m'assis sur mon bureau. La tête me tournait un peu, à cause de l'alcool directement appliqué sur la blessure.

D'espairsRay ♪ Yami ni furu kiseki

Tout en parlant à Alice, je retirai le coton de mon front et l'examinai. Il était rose, le sang ayant été dilué dans l'alcool. Je collai ensuite un pansement à la place, me fiant au toucher pour trouver le bon emplacement. Ce n'était pas très évident, mais je ne disposais d'aucun miroir.

« Je réussirai bien, ne t'en fais pas. Après tout, tu es plutôt sage, comme détenue, n'est ce pas ? Si on est accompagnés d'un ou deux gardiens, ça ne devrait pas poser de problème. »

J'ignorais totalement si j'aurai effectivement le droit de l'emmener dehors, mais je voulais essayer. Alice était une bonne amie, je voulais la rencontrer ailleurs qu'entre les murs sordides de cette prison. Je voulais la voir porter autre chose que cette sale combinaison. Je voulais...
C'était idiot, mais je voulais qu'elle ait une adolescence, une meilleure que moi. Penser ainsi à Liam et son influence néfaste me firent hésiter et je me tournai pour fixer un coin d'ombre de la bibliothèque. Pourquoi ? Je ne savais pas. Je n'avais jamais remarqué tout spécialement cet emplacement...

Je secouai la tête et me mis de nouveau face à Alice. Je papillonnai des yeux une seconde et oubliai ce qui m'avait tant inquiété la minute précédente.

« Alors, comment tu me trouves ? » fis-je en désignant avec humour le pansement de l'index.

Par rapport à tout à l'heure, je sentais comme un regain d'énergie en moi. J'étais joyeux, vraiment de bonne humeur, comme si aucune ombre n'entachait mon existence pourtant parfois pénible. Comme si jamais je n'avais eu peur d'Alice.

« Ah, au fait, tu voulais peut être que je te lises quelque chose ? »

J'avais acquis pas mal de romans pour adolescents, un peu sombres, mais jamais vraiment effrayant. Après tout, j'aimais moi même lire ce genre de choses de temps en temps. Même si je préférais toujours mes petits romans d'angoisse.

Je réalisais alors à quel point j'avais chaud. Une bouffée de chaleur, en cette saison ? Curieux. Je songeai alors qu'il me faudrait vérifier le chauffage de la bibliothèque.
Pour me sentir plus à l'aise, je déboutonnai mon col et desserrai un peu ma cravate, avant de passer une main dans mon cou pour le libérer de la pression du tissu. J'avais oublié la présence de mon tatouage à cet endroit, du même côté que mon cache-oeil. Un « X » dont la provenance m'était inconnue, qui avait été là un matin, la douleur avec. D'ordinaire, je faisais toujours très attention à le cacher. Je ne voulais pas qu'on me pose de questions dessus, cela me mettait toujours extrêmement mal à l'aise.

« Ca va ? Si tu t'inquiètes pour moi, arrête. Je t'assure que je vais très bien. »

Je souriais, essayant de distraire Alice. Elle semblait vraiment nerveuse, ou perturbée. Je ne savais pas vraiment quoi penser de son expression. En tout cas, elle n'était pas aussi joyeuse que moi.

Ainsi donc, elle n'avait trouvé aucun livre qui l'intéressait un tant soit peu pour qu'il le lui lise ? Oh... Il aurait pu la conseiller, mais ce n'était peut être qu'une excuse pour y échapper. Après tout, elle était une adolescente, pas une petite fille. Et son comportement était légèrement différent de tout à l'heure. Elle semblait plus mûre, en quelque sorte.

« D'accord, ce n'est pas grave ! clamai-je joyeusement. Souviens toi que tu pourras toujours venir me voir pour ça si l'envie te reprend et qu'Ayame n'est pas disponible. »

Elle commença ensuite à me dire quelque chose. Quelque chose qui semblait important, grave. Mais une toux soudaine la coupa et je me tins prêt à intervenir si jamais elle s'étouffait. Pourtant, ce n'était rien de plus qu'une toux. Les pluies des jours précédents avaient peut être eu raison de ses défenses naturelles. Le vent n'avait pas été spécialement timide non plus, même si nous avions quelques agréables périodes de soleil.
Et puis, soudain, Alice cassa complètement l'image de la presque adulte qu'elle me renvoyait depuis tout à l'heure. Les bras croisés, la poitrine bombée à la manière de Batgirl, j'imaginais sans peine ses longs cheveux blancs pris dans le vent. Elle clama haut et fort qu'elle abattrait ses ennemis et poursuivrait ainsi son chemin, pour obtenir ce qu'elle désirait. Même si je ne voyais pas où elle voulait exactement en venir, je la trouvai terriblement attachante et drôle.
Je me mis alors à rire, bruyamment, jusqu'à tirer sur ma blessure mais pour autant réussir à m'arrêter. Quand je pus enfin me calmer, j'essuyai du bout du doigt les quelques larmes qui avaient jailli de mon œil. La pauvre, je m'en voulais terriblement. Ce n'était pas que je la prenais au sérieux, bien au contraire. Cette affirmation devait être importante pour elle. Mais sa posture me faisait tellement repenser aux bandes dessinées que je lisais enfant...

« Désolé, vraiment. Je ne me moquais pas de toi. Tu as raison. Il faut te battre pour ce que tu veux obtenir. »

Une leçon que je ferai tout aussi bien d'appliquer moi même. Le problème, c'était que je ne nourrissais plus de rêve. Tout ce que je voulais, c'était échapper à l'emprise des autres.
Je tournai alors le dos à Alice, pour ranger le matériel de soin qui s'étalait sur mon bureau. Un étourdissement s'empara alors de moi. Ma tête... Ca cognait dur dedans. Mes bras étaient tendus, en appui sur la table. Ils tremblaient, tenant difficilement. Bon sang... Pourquoi ? Pourquoi ?
J'avais déjà vécu ces épisodes d'attaque cérébrale. Surtout durant mon adolescence. Mais comme ils étaient pour la plupart liés aux ruptures amoureuses, j'avais pensé que c'était nerveux. Et puis, ça avait fini par disparaître une fois adulte, mises à part deux fois. Le lendemain de l'apparition de mon tatouage mystère et peu de temps après l'accident de mon œil.
Je fis un effort monumental pour me détendre et minimiser la douleur, par l'ignorance. Et je me tournai vers Alice, un sourire forcé aux lèvres, tâchant de ne pas trop penser à la sueur qui imprégnait mes tempes.

« Tu voudrais que je t'apprennes à boxer ? Ca pourrait t'aider... contre le loup. Même si je ne peux pas t'enseigner la façon de te battre, une bonne droite fait toujours de l'effet. Alors, qu'est ce que tu en penses ? »

Je conservai, bien que difficilement, mon sourire. Et tournai de l’œil. La migraine était revenue, si soudaine, si violente, que la douleur m'avait fait perdre connaissance. Je n'eus même pas le temps de sentir le sol heurter mon corps défaillant.

[Fin :3]